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517. (1864) Le roman contemporain

Tout le monde était sur le pont, comme il arrive dans un navire battu par la tempête et où une voie d’eau s’est déclarée. […] ils n’ont bu que de l’eau rougie et ils sont ivres ! […] On pourrait, comme vous allez le voir, appeler la seconde épreuve, « l’épreuve de l’eau », pour emprunter un souvenir au moyen âge. […] Or, dans le doute, qu’est-ce que cette goutte d’eau que vous appelez la vie contre l’océan de l’éternité ? […] Elle reçut un nom comme elle recevait l’eau des nuées sur son front quand il pleuvait.

518. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

— Au contraire, dis-je, quand je suis si près de la nature que ses parfums viennent jusqu’à moi, et que cependant je ne peux vraiment me plonger en elle, alors l’impatience me saisit, et je suis comme un canard que l’on met près de l’eau en l’empêchant de s’y baigner. […] C’était jeter l’enfant que l’on baigne avec l’eau de la baignoire. […] Je trempe mon arc dans l’eau bouillante à six ou huit pouces de profondeur, et après une heure, quand il est bien chaud, je l’introduis entre deux morceaux de bois qui ont à leur intérieur une ligne creusée suivant la forme que je veux donner à l’arc. […] Si un oiseau pendant la mue est maladif, c’est qu’on le nourrit mal, que son eau est mauvaise, ou qu’il manque d’air. […] Tout cela passe, et s’en va, car moi aussi je ne suis plus aujourd’hui celui que j’étais alors ; mais pour cette vieille terre, elle tient bon, et l’air, l’eau, le sol, tout cela est resté comme autrefois !

519. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

A la moindre secousse cérébrale, leurs précaires architectures s’écroulent, comme le morceau de sucre qui se désagrège en ruines bizarres au fond d’un verre d’eau. […] XXI), d’abord le fleuve se personnifie pour parler d’une voix humaine, puis il se liquéfie en quelque sorte et n’est plus qu’un torrent débordé dont les eaux grondent et mugissent. […] « Il y a autant de poésie, dit-il, dans le Parthénon que dans le rocher qui le porte ; une digue puissante, repoussant l’assaut des vagues, est aussi poétique que les masses d’eau dont elle est frappée. […] Pour que cette scène de la nature à laquelle nous nous souvenons d’avoir assisté nous fût rendue dans sa réalité, il nous faudrait encore le dernier appel des oiseaux de rivage, le froissement des roseaux qu’écartait quelque bête invisible, l’eau qui clapotait sous un bond brusque, la brise du soir qui s’élevait et faisait passer des moires sur cette nappe grise ; la senteur de l’eau stagnante, la fraîcheur humide qui peu à peu nous pénétrait, la descente lente de la nuit, et ce sentiment de solitude qui commençait à nous serrer le cœur. […] Une phrase nette, claire comme eau de roche, qui dit avec une netteté parfaite ce qu’elle veut dire, et rien d’autre, aura toujours peine à nous donner une impression de poésie.

520. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Sur le quai Voltaire, une odeur de poudre, apportée par le vent, et remontant la Seine sur le cours de l’eau. […] Je retrouve la canonnade — elle est terrible aujourd’hui — sur la terrasse des Tuileries, au bord de l’eau. […] Puis ce sont, dans les cartons, des barbouillages de papier, des fantasmagories de ciel et d’eau, le feu d’artifice des colorations de l’éther. […] Au banc d’œuvre, entre deux lampes est un verre d’eau sucré, entouré de quatre ou cinq silhouettes d’avocats. […] , des débris et des scories de toutes sortes, au milieu desquelles sourcillent, comme des sources, les eaux des conduites d’eau coupées.

521. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Adossée à la montagne du Bernica, cette propriété conserve encore un petit bois étagé sur les flancs de la montée, ses plates-formes en amphithéâtre, quelques restes de canaux et de petits jets d’eau, curiosités de l’époque ; elle domine fort agréablement la plaine dite de l’Étang, couverte de rizières et coupée d’irrigations ; ces filets d’irrigation, après avoir fait leurs tours et détours, se rejoignent en nappe étendue à l’entrée de la ville (du côté de la Possession), et vont se jeter à la mer, à une lieue et demie environ de la ravine du Bernica. […] Après les trois premiers petits bassins qu’on rencontre à l’entrée de la colline, si l’on persiste et qu’on pénètre à travers les plis de plus en plus étroits de la montagne, on arrive à un bassin parfaitement circulaire, bien plus vaste, d’une eau claire et profonde, réservoir alimenté sans doute par des sources cachées et de toutes parts entouré de rochers escarpés et nus, du haut desquels tombe la cascade dite du Bernica. […] « ÉVte Parny, « Rue de Provence, 32. » « Paris, le 30 messidor190. » Cette lettre ne put être publiée du vivant de Français (de Nantes) ; un sentiment de délicatesse, que l’on conçoit de sa part, répugnait à la livrer ; « et puis il ne faut pas, répondait-il agréablement, qu’en parodiant le vers de Boileau on puisse dire : « Parny buvait de l’eau quand il chantait les Dieux !  […] Voici quelques vers dont on me garantit l’exactitude et qui ont l’avantage d’être nés sur les lieux ; on y reconnaît tout d’abord, à l’accent, l’école qui a succédé à celle de Parny : Ondes du Bernica, roc dressé qui surplombes, Lac vierge où le cœur rêve à de vierges amours, Pics où les bleus ramiers et les blanches colombes Ont suspendu leur nid comme aux créneaux des tours ; Roches que dans son cours lava le flot des âges, Lit d’un cratère éteint où dort une eau sans voix, Blocs nus, ondes sans fond, site âpre, lieux sauvages, Salut !

522. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Aux broussailles et aux forêts qui hérissaient le front de la planète comme une chevelure sauvage, succède une douce et ondoyante chevelure de moissons et de prairies ; les fleuves obéissent à la voix et reçoivent de nouveaux lits ; les torrents vagabonds dans la plaine se resserrent entre des rivages escarpés comme une digue de rochers ; de nouvelles lignes d’eau se dessinent, et sillonnent la terre de leurs bassins et de leurs canaux ; les montagnes s’aplanissent ; les rochers, frappés par la verge des sondeurs, laissent jaillir des fontaines ; et l’homme, devenu créateur de lumière, éclaire dans la nuit la face de sa planète, qui, parée de ses lanternes, se promène silencieuse parmi les ténèbres de l’espace. […] Quand les nuages promènent leurs mouvants bataillons autour d’une montagne, ou plongent en se courbant entre ses cimes ; qu’on suit l’ombre et la lumière illuminant ou obscurcissant ses vallées, et qu’on entend les eaux sourdre de ses flancs, que de proportions, d’harmonies, de beauté dans cette portion de la nature promenant autour du mont immobile son éternelle mobilité ! […] La vie du monde extérieur coule sans cesse, et l’industrie humaine la gouverne comme nous poussons de l’eau avec une rame. […] L’un recherchera dans l’Univers tout ce qui, pour ainsi dire, n’a pas de parties, c’est-à-dire les fluides impalpables ou tangibles dans lesquels les parties tendent sans cesse à se rejoindre et à se réunir en un tout : l’air, les eaux, les sons, les nuages.

523. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

ajoute-t-il, ils ne sont pas sentimentaux, les insulaires… Je me rappelle, un jour de pluie, par une de ces pluies, comme il en fait à Londres, et où la chaussée, est un lac — c’était le soir — un lac répétant le flamboiement du gaz des boutiques… Dans cette eau, un malheureux épileptique, tombé en travers de la chaussée, la face contre terre, et qui se noyait au milieu des gens le regardant, sans lui porter de secours… J’allais quelque part, à un spectacle ou à un concert. […] Samedi 15 juillet Au milieu de la conversation des grandes personnes, j’entends un gamin dire à un autre gamin qui dîne à côté de lui : « Mais la densité de l’eau ?  […] Jeudi 17 août Je déjeune, ce matin, avec un individu, ayant le teint d’un homme, qui ne met jamais d’eau dans son vin, ayant l’œil de braise allumée d’un chien de berger, et le plus bel ensemble de traits finauds et madrés, qu’il se puisse voir sur un facies de paysan. […] Et je reste des heures en contemplation devant le noir de l’eau-forte de Seymour Haden intitulée : (A sunset in Ireland) Coucher de soleil en Irlande ; — en contemplation devant le noir de ce bois, au bord de l’eau, sous le crépuscule, devant ce noir de Rembrandt que lui seul de tous les aquafortistes modernes a retrouvé, devant ce noir qui a quelque chose de la grasse nuit d’un dessin exécuté au suif.

524. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Ainsi, en montant le pic du Midi, le voyageur arrivé à une certaine élévation se trouve avoir atteint à un beau réservoir d’eau appelé le lac d’Oncet, et où la nature commence à prendre un grand caractère ; il en fait voir en peu de mots l’encadrement, et en quoi ce nouveau genre de beauté consiste : C’est un beau désert que ce lieu : les montagnes s’enchaînent bien, les rochers sont d’une grande forme ; les contours sont fiers, les sommets hérissés, les précipices profonds ; et quiconque n’a pas la force de chercher dans le centre des montagnes une nature plus sublime et des solitudes plus étranges prendra ici, à peu de frais, une idée suffisante des aspects que présentent les monts du premier ordre. Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots.

525. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Je laisse donc aller l’eau sous le pont. […] ) Nous souffrons tous les maux, couchés sur la paille, buvant de l’eau, très souvent réduits à 12 ou 14 onces de pain rempli de pierres et noir comme du temps de Robespierre.

526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Gabriel Moureybq L’or du Rhin Les fluides enfants du fleuve qui ruisselle, Chairs à peine, déjà femmes, ondes encor, Wellgunde avec Woglinde et Flosshilde, vers l’Or Lèvent leurs yeux d’eau verte où le rire étincelle. […]   Mais, près de l’Or ouvrant son radieux halo, Wellgunde rit, Woglinde fuit, Flosshilde chante, Innocence mêlée à la candeur de l’eau,   Et tout l’obscur destin — l’âme au gouffre penchante Les héros morts, les deux déchus, la fin, la nuit — Pour les folles enfants est un jouet qui luit !

527. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

On a trois méthodes pour mesurer la capacité des crânes : la première consiste à les remplir de grains de millet, et à peser la masse de grains que chacun peut contenir ; la seconde consiste à introduire de l’eau dans le crâne soigneusement bouché, et à peser également l’eau.

528. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Je ne troublais point son eau. […] MARION J’étais allé quérir de l’eau,       Mon Dieu, mon ami. J’étais allé quérir de l’eau. […] Il ne dormait qu’un petit nombre d’heures, jeûnait jusqu’au coucher du soleil et ne prenait pour toute nourriture qu’un peu de pain avec du sel et de l’eau. […] Cependant, comme aux jours de son enfance, il descendait dans l’eau et, malgré le froid, y passait toute la nuit en prières.

529. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

« Tange Chloen semel arrogantem… » Mais encore une fois, il ne s’agit pas de cela ni de compliments ; j’ai plutôt envie de gronder, et si je me promenais avec vous au bord de la mer, le long d’une falaise, sans prétendre à faire le Mentor, je tâcherais de vous donner un croc-en-jambe, mon cher ami, et de vous jeter brusquement à l’eau, pour que vous, qui savez nager, vous alliez désormais sous le soleil et en plein courant.

530. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

J’ai rencontré la phrase triste et sans raison de Maeterlinck, moins sa profondeur d’eau verte ; le trait à l’Oscar Wilde, moins l’esprit ; la naïveté de Dujardin, moins sa fraîcheur ; la joaillerie de Jean Lorrain, mais bien plus fausse ; les subtilités de Catulle Mendès, mais moins subtiles ; jusqu’à des aphorismes de Victor Hugo, furieusement posthumes, par exemple !

531. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Vignier met aussi un peu d’eau claire dans le vin mystérieux de l’école.

532. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — III »

Ce flux du mouvement vient-il à s’arrêter, voici l’univers phénoménal figé dans l’espace : ainsi de quelque fleuve immense dont la surface se serait glacée et qui serait devenu soudain impuissant à faire mouvoir les bateaux lourds de denrées et les barques chargées de messages que ses eaux agiles portaient vers les contrées les plus distantes.

533. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Je vous ai dit dans le temps ce que j’en pensais, et ce soldat renversé sur son cheval abattu, percé d’un dard, et dont le sang descendant le long de la crinière du cheval allait teindre les eaux du Xante, m’est encore présent.

534. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Elles informent d’autres personnes de leur découverte, et la piece que je veux bien supposer avoir été noïée, revient ainsi sur l’eau. c’est le terme.

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