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1144. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Sa sensibilité devait d’ailleurs, pour s’aiguiser toujours plus et se rajeunir, s’exercer sur des objets aussi divers que possible. […] je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là  « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.

1145. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’est à expliquer, sinon à concilier des jugements si divers, que veut s’employer cette étude, sorte de mise au point impartiale du débat. […] N’est-ce pas miracle que Mallarmé ait réussi à s’imposer à des esprits si divers, qu’il ait pu fournir de quoi séduire à la fois le réaliste Huysmans et le mystique Le Cardonnel, des partisans de l’art social comme Gustave Kahn et des dilettantes comme Henri de Régnier, des ironistes de la trempe de Laurent Tailhade et des moralistes de la nature d’un Remy de Gourmont ou d’un André Gide et qu’il ait pu retenir l’attention ensemble des outranciers du « symbolisme », et d’un esprit aussi lucide que Moréas ?

1146. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

II « Le sentiment, dit-il, comprend tous nos plaisirs et peines et certains modes d’excitation d’un caractère neutre, qu’on définira plus tard. » Le sentiment (feeling) comprend à la fois les diverses sensations précédemment examinées et les émotions179. […] Un troisième pouvoir qui implique l’obligation, c’est la conscience, qui est une ressemblance idéale de l’autorité publique, se développant dans l’esprit de l’individu et travaillant à la même fin. » Les divers systèmes moraux fondés sur la loi positive, la volonté divine, la droite raison, le sens moral, l’intérêt personnel, l’intérêt général sont successivement examinés et rejetés par l’auteur.

1147. (1886) De la littérature comparée

Mais avec la méthode historique et psychologique, le problème est tout autre : il s’agit de rattacher le cours à quelque idée générale, de s’en servir pour arriver à la démonstration de quelqu’une de ces lois que la pensée moderne s’efforce de préciser, ou tout au moins pour suivre dans ses diverses phases un grand mouvement intellectuel. […] Ce retour à l’antiquité qui, du xvie  siècle à la fin du xviiie , marque l’orientation de la pensée moderne, n’a pas eu les mêmes caractères de force et de généralité dans les divers pays.

1148. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Commynes, dans ses Mémoires, n’est pas seulement un narrateur, c’est un philosophe politique, embrassant, comme Machiavel et comme Montesquieu, l’étendue des temps, les formes diverses de gouvernements, leurs principes et les conséquences éloignées qui en découlent. […] En un mot, Commynes est tellement moderne par les idées et par les vues, qu’on pourrait assigner en le lisant (ce qui est bien rare pour les auteurs d’une autre époque) la place qu’il aurait tenue à coup sûr dans notre ordre social actuel, et sous les divers régimes que nous avons traversés depuis 89.

1149. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Tous ces goûts, tous ces talents divers, tous ces arts d’agrément, tous ces métiers (car elle n’omettait pas même les métiers), faisaient d’elle une Encyclopédie vivante qui se piquait d’être la rivale et l’antagoniste de l’autre Encyclopédie ; mais ce qui donnait l’âme et le mouvement à cette multitude d’emplois, c’était une vocation qui les embrassait, les ordonnait et les appliquait dans un certain sens déterminé. […] Elle lui avait fait apprendre, en effet, et manipuler dès l’enfance tant de choses diverses, qu’il n’était presque aucune branche des connaissances ni des arts sur laquelle il ne pût se croire du métier, de manière à en remontrer à chacun dans l’occasion : il le laissait peut-être trop voir étant roi.

1150. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Voici ce qui en résulte : Pour toute la partie positive et les textes des pièces politiques que d’ordinaire les historiens vont chercher dans les sources mêmes, qu’ils empruntent au Moniteur ou aux diverses publications, et dont ils ne font des extraits qu’après avoir lu le tout, M. de Lamartine s’est contenté de prendre ces extraits purement et simplement, tels qu’ils ont déjà été faits par M.  […] Ce n’est pourtant que vers 1818 que ces diverses richesses intellectuelles, qui devaient honorer la période des quinze ans, commencèrent à se dessiner la plupart dans la personne de leurs jeunes représentants.

1151. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Nul n’a mieux saisi et noté que Mallet du Pan les diverses étapes et les temps d’arrêt de la Révolution : à Paris dans le Mercure, et à Bruxelles dans sa brochure publiée en 1793, il n’avait cessé de l’étudier, de la caractériser dans sa marche d’invasion et dans sa période croissante : après le 9 Thermidor et depuis la chute de Robespierre, il va la suivre pas à pas dans sa période de décours, absolument comme un savant médecin qui suit et distingue toutes les phases d’une maladie. […] Ce qui frappe Mallet aux diverses époques de notre Révolution, surtout pendant la période qui suit la Terreur, et au lendemain des nouvelles rechutes (telles que le 13 Vendémiaire, le 18 Fructidor), c’est l’absence complète d’opinion et d’esprit public, dans le sens où on l’entend dans les États libres : L’esprit public proprement dit, écrit-il le 28 janvier 1796, est un esprit de résignation et d’obéissance ; chacun cherche à se tirer, coûte que coûte, c’est-à-dire par mille bassesses infâmes, de la détresse générale.

1152. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Dans nos entretiens, il me parlait de diverses choses ; mais, pour moi, je ne lui parlais que de son Astrée. […] En aucune occasion, le contraste et l’opposition entre les deux Patru, entre le Patru solennel et le Patru homme d’esprit sans cérémonie, ne se fait mieux sentir que dans ce qui se passa à l’Académie lors des divers voyages de la reine Christine de Suède.

1153. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Louis XIV l’avait retenu exprès sous divers prétextes jusqu’à ce qu’il eût aperçu par la fenêtre de son cabinet d’Artagnan à son poste, dans la cour du château. […] On a la gazette et le compte rendu du procès par Mme de Sévigné pendant les cinq semaines que dura l’interrogatoire et que l’accusé fut sur la sellette (14 novembre — 20 décembre 1664) ; elle rend compte jour par jour des moindres incidents et des diverses émotions à M. de Pomponne, cet ami de Fouquet, et enveloppé alors dans sa disgrâce : Aujourd’hui (18 novembre), notre cher ami est encore allé sur la sellette.

1154. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Dans un certain nombre de niches sépulcrales qui ont été ouvertes à diverses époques, on peut suivre, en quelque sorte pas à pas, les formes successives, de plus en plus éloignées de la vie, par lesquelles ce qui est là arrive à toucher d’aussi près qu’il est possible au pur néant. […] Des divers écrits de l’abbé Gerbet, je ne citerai plus qu’un seul, et c’est peut-être son chef-d’œuvre : il se rattache à une circonstance touchante, que les personnes pratiquement religieuses sentiront mieux que d’autres, mais qu’elles ne seront pas seules à apprécier.

1155. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] C’est ici que se place un des plus curieux épisodes littéraires d’alors, un de ces accidents qui caractérisent le mieux et l’esprit de l’époque en particulier et l’éternel esprit de cette race parisienne, qui survit à toutes les époques et que les régimes les plus divers n’ont point changé.

1156. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Est-ce ainsi qu’autrefois, dans ma noire soupente, À la sombre lueur d’une lampe pliante, Feuilletant les replis de cent bouquins divers, J’appris pour mes péchés l’art de forger des vers ? […] À la distance où nous sommes, il nous est impossible de nous décider entre ces diverses suppositions, dont aucune n’est contraire à l’idée qu’on peut se faire du régime ou même des principes de Regnard.

1157. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

De nos jours, on a fort abusé des idées et des considérations générales, des influences diverses qu’on a fait jouer à volonté à travers les siècles ; M.  […] Ce talent, à l’origine, et dans les directions diverses où il s’est si heureusement porté, a été en inaction contre le faux goût établi, contre le convenu en tout genre, contre la phrase, contre l’idée vague et abstraite, contre les séductions pittoresques ou déclamatoires.

1158. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Peu d’esprits ont su concilier avec une semblable impartialité les idées les plus diverses et en apparence même les plus opposées. […] Toutes ces causes diverses exercent une action fâcheuse sur le gouvernement de la démocratie.

1159. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Pour nous, qui considérons, non la finale rimée, mais les divers éléments assonancés et allitérés qui constituent le vers, nous n’avons aucune raison de ne pas le considérer comme finale de chaque élément et de le scander alors, comme à la fin d’un vers régulier. […] On peut déduire la métaphore, la détailler, l’expliquer tout entière, ou la faire apparaître sous des aspects divers, sur des plans variés.

1160. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Au fond, bien des lecteurs ne pardonnent d’écrire qu’aux rédacteurs des faits divers dans les journaux. […] Amour-propre, passions diverses, timidité, esprit de mécontentement, tels sont les principaux ennemis de la lecture, à ne compter que ceux que nous portons en nous.

1161. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

L’opinion, qui souvent allie tous les contraires, veut, d’une part, le libre exercice des cultes, et, d’une autre part, une dépendance excessive des ministres des divers cultes. […] En généralisant cette idée, nous trouverons que les divers peuples continueront de différer entre eux par les mœurs, parce que c’est par les mœurs que doivent se conserver les individualités nationales ; mais qu’ils tendront continuellement à se rapprocher et à se ressembler par les opinions : cette demi-sympathie doit atténuer, par la suite, ce qu’il y a de trop exclusif dans le patriotisme, et multiplier par conséquent les liens de la bienveillance parmi les hommes.

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