Comme les amoureux qui croient tenir des divinités dans leurs bras, il a cru tenir un homme de génie sous les caresses de sa plume. […] Germond de Lavigne n’aura ressuscité ce livre, qu’il croit immortel, que pour que la postérité qui l’avait condamné ratifie sa sentence et l’exécute… une seconde fois.
On multiplia tout ce qui en impose au peuple, et trop d’empereurs se crurent dispensés d’avoir une grandeur réelle. […] Il est difficile, je crois, de porter plus loin la démence de l’adulation. […] Il eût mieux fait, je crois, de célébrer les vertus de Constance-Chlore, car il en avait.
L’enfant accompagne les jeunes filles ; mais, on ne peut croire que l’amour soit au repos, tant qu’il porte ses flèches. […] La mère de l’enfant ailé a ordonné la présence de toutes : et elle ordonne aussi aux jeunes filles de ne croire en rien l’Amour. […] Loin de ce tumulte impur des fêtes de Néron, si l’âme poétique palpitait encore, c’était dans quelques vers obscurs et mélancoliques de Perse, mort à trente ans, ou dans quelques indiscrets élans de Lucain, tué, plus jeune encore, par la tyrannie qu’il avait cru pouvoir impunément flatter.
On croit aux bienfaits de la souffrance, tout au moins pour les autres. […] Cependant je ne me résignerai jamais à croire que celui qui a apporté le Feu aux hommes ne peut pas être libéré de ses chaînes, de son rocher et du vautour vorace qui lui ronge le foie. […] C’est là une pensée de résigné, d’impuissant, d’esclave, une pensée de traître qui ne croit pas à cette terre, à cette civilisation, à cette vie. […] Et tout le monde le croira nouveau. […] Ce qui si souvent empêche de les attraper, c’est qu’on croit les avoir déjà vues dans les livres.
Non pas qu’ils l’aient toujours elle-même très bien comprise, ni surtout que le Moyen Âge, comme on l’a cru trop longtemps, l’eût tout à fait ignorée. […] Personne, moins que lui, n’a cru qu’il nous fût permis de nous abandonner à la liberté de nos instincts, et de borner à la joie de les rassasier l’unique ambition de notre destinée. Personne, moins que lui, n’a cru que la liberté même nous eût été donnée pour en user, et, au contraire, il en a vu le véritable emploi dans son abdication. […] Ils éprouvent en même temps le besoin d’égaler à la perfection de la forme, qu’ils croient avoir atteinte [Cf. […] On ne croit plus que l’objet de chacun soit le libre développement des puissances que la nature peut avoir mises en lui ; et on ne croit pas davantage, avec l’auteur des Essais, que, comme des noix dans un sac, ainsi les hommes finissent toujours par « s’appiler » et se tasser dans une espèce d’inertie coutumière qui ressemble à de l’ordre.
Une souris amasse, calcule, souffre comme un homme. « Je crois bien que par-ci par-là elle vole ; eh bien ! […] Je crois même qu’il était religieux foncièrement. […] Béranger, qui se croyait ou se disait le poëte du peuple, en a fait autant. […] Il se croyait perdu, il s’était cru perdu toute sa vie. […] Charles Lamb écrivait une tragédie d’archéologue qu’on eût pu croire contemporaine du règne d’Élisabeth.
Miranda apercevant Fernando croit voir une créature céleste. […] Il croit le voir. […] Il a cru le frapper le jour où il a frappé Polonius. […] Je n’essaye pas de vous tromper et de vous faire croire au monde où je vous mène. Il faut n’y pas croire pour en jouir.
Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours. […] Pagès (de l’Ariège) en est, je crois, chargé.
L’héroïne du roman, Française de vingt-quatre ans, blonde au visage noble et animé, qui a quelque chose d’élégant, de modeste et de naturel dans toute sa personne, d’un abord parfois sévère, mais qui s’adoucit avec de la grâce et de la cordialité, telle enfin qu’on croit sentir en elle une âme à la fois aimable et forte, capable de grandes choses, mais sensible aux petites ; Thérèse de Longueville, au milieu des hommages dont elle est l’objet, et auxquels elle reste assez indifférente, ne tarde pas à distinguer Sextus, à le craindre d’abord (car d’anciens chagrins l’ont rendue prudente), puis à désirer de le revoir et de lui plaire. […] Pourtant il nous semble que, dans ce genre de roman austère, comme elle l’appelle, je crois, madame Allart se pourrait créer une véritable originalité ; mais il lui faudrait se souvenir que si, dans le genre tendre et aventureux, il est permis, en composant, de laisser courir sa plume, qui va d’elle-même alors aux digressions faciles, aux grâces variées et abondantes, il devient indispensable, en abordant un ordre de sentiments plus contenu et plus réservé, de nourrir son expression et de marquer ses effets.
Franc-Nohain, enfant perdu du vers libre, qu’il manie de toutes façons picaresques, et non, je le crois, sans par-ci par-là quelques parodies de ses contemporains. […] Je crois que M.
Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime. […] D’ailleurs, puisque l’auteur, si peu de place qu’il tienne en littérature, a subi la loi commune à tout écrivain grand ou petit, de voir rehausser ses premiers ouvrages aux dépens des derniers et d’entendre déclarer qu’il était fort loin d’avoir tenu le peu que ses commencements promettaient, sans opposer à une critique peut-être judicieuse et fondée des objections qui seraient suspectes dans sa bouche, il croit devoir réimprimer purement et simplement ses premiers ouvrages tels qu’il les a écrits, afin de mettre les lecteurs à même de décider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des pas en arrière qui séparent Han d’Islande de Notre-Dame de Paris.
L’office des morts est un chef-d’œuvre ; on croit entendre les sourds retentissements du tombeau. Si l’on en croit une ancienne tradition, le chant qui délivre les morts, comme l’appelle un de nos meilleurs poètes, est celui-là même que l’on chantait aux pompes funèbres des Athéniens, vers le temps de Périclès.
La patrie n’est plus dans ses foyers, elle est dans un camp sur le Rhin, comme au temps de la race de Mérovée ; on croit voir le peuple Juif chassé de la terre de Gessen, et domptant les nations barbares dans le désert. […] Ajoutez qu’on sent dans l’historien de foi un ton, nous dirions presque un goût d’honnête homme, qui fait qu’on est disposé à croire ce qu’il raconte.
Croiriez-vous qu’un tel écrivain fait le joli, qu’il veut nous égayer, qu’il prétend être agréable ? […] Les beaux gentilshommes prennent comme l’écrivain le parti du galant, s’intéressent à ses progrès, et se croient avec lui en bonne fortune. […] » Puis viennent des plaisanteries trop anglaises : « Ne nous croyez pas infidèles si nous ne vous écrivons point à chaque poste. […] Est-ce que vous croyez que je l’aime, nourrice ? […] Si la juiverie pouvait élire, je crois que Charles serait alderman ; parole d’honneur, personne n’est plus populaire en cet endroit-là.
. — Je crois pourtant, malgré les présomptions, que le gros des articles, ceux du milieu de la querelle, sont de Sacy16. […] Imaginez Jouy ou Jay qui croient bonnement que c’est là leur langue qu’on vient de retrouver tout exprès pour leur faire plaisir.
Aimé Martin, dans les détails de laquelle nous voudrions plus longuement entrer, est, comme toutes les philosophies individuelles qui se croient évidentes, des plus sujettes à contestation. […] Nous croyons qu’il y a dans la nature un reste de mal qu’il faut attaquer par le sacrifice, et contre lequel la nature elle-même est infirme sans une sorte de grâce. — Et puis, quand on aurait trouvé théoriquement quelle devrait être l’éducation des mères de famille, ne faudrait-il pas que cette éducation pût matériellement s’adresser à toutes ?
Tout le monde croit avoir eu de l’amour, et presque tout le monde se trompe en le croyant ; les autres passions sont beaucoup plus naturelles, et par conséquent moins rares que celle-là ; car elle est celle où il entre le moins d’égoïsme. […] On admire la conception du rôle de Phèdre, on se croit dans la situation d’Aménaïde.
Strada est d’une autre époque : travailleur acharné, comme Zola, il n’a pas, comme ce dernier, l’intuition de l’humanité future, il se contente de croire en la science, divinité de l’Erreur ; il est naturaliste métaphysique ! […] Voyez-vous, je crois à un interrègne.