« Il ne prétend à rien moins, disait La Harpe, qu’à remplacer Turenne, Corneille et Bossuet. » Il serait trop aisé après coup et peu juste de venir faire une caricature de M. de Guibert, de cet homme que tout le monde, à commencer par Voltaire, considéra d’emblée comme voué à la grandeur et à la gloire, et qui a tenu si médiocrement la gageure. […] Tout en admirant une nature capable d’une si forte manière de sentir, on est tenté, en lisant, de supplier le ciel de détourner de nous, et de ce que nous aimons, une telle fatalité invincible, un tel coup de tonnerre. […] Le mérite inappréciable des lettres de Mlle de Lespinasse, c’est qu’on n’y trouve point ce qu’on trouve dans les livres ni dans les romans ; on y a le drame pur au naturel, tel qu’il se révèle çà et là chez quelques êtres doués : la surface de la vie tout à coup se déchire, et on lit à nu.
On est en avril 1711, et la famille royale est encore au complet, lorsque tout à coup on apprend que le fils de Louis XIV, Monseigneur, gros homme d’une cinquantaine d’années, et à qui le trône semblait destiné prochainement selon l’ordre naturel, vient de tomber dangereusement malade à Meudon. […] Deux ou trois incidents burlesques, tels que le bras du gros Suisse endormi, qu’on voit s’allonger tout à coup près du canapé, ou l’apparition de Madame, en grand habit de cour, pleurant et hurlant de douleur à tue-tête sans savoir pourquoi, viennent se joindre à ces différentes formes de deuil pour les varier et les égayer ; car Saint-Simon n’oublie rien de ce qui est dans la nature. […] Dans cette seconde scène toute dramatique, notez-le bien, il est le conseiller, l’instigateur ; il a monté la machine, et il jouit de la voir jouer, se déployer graduellement, et frapper les coups aux yeux de tous ceux qui sont moins informés à l’avance et qui s’en étonnent, ou qui en gémissent.
La grossièreté, l’injure ordurière, les coups, étaient son procédé ordinaire dans le ménage, et ne cessèrent pas durant près de quatorze ans. […] Un second coup d’un autre genre qu’il éprouva et qui acheva de rompre ses projets de poèmes et de longs travaux, fut la banqueroute du prince de Guémené, chez qui il avait placé sa modique fortune (1783). […] Combien ce coup heureux eût épargné de crimes !
Une nuit, un coup de canon vint donner contre l’endroit où il était appuyé, et le couvrit de terre : « On crut que j’étais tué, mais j’en fus quitte pour la peur. » Ainsi Gourville n’est pas une nature héroïque ; il a même de légères ironies sur les braves et sur les terreurs paniques dont ils ne sont pas exempts. […] M. de Sillery et M. de La Mothe jetèrent les yeux sur huit personnes pour faire ce coup, tant officiers que cavaliers, de ceux-là mêmes que j’avais fait venir de Paris pour l’affaire de M. le coadjuteur. […] Mais l’affaire manque, et Gourville parvient au camp de M. de Turenne sans coup férir.
Le coup d’État avait d’abord été fixé pour le 17. […] Mais, dans quelque sens qu’on le prenne, ce sont des épigrammes excellentes que Le Riche et le Pauvre, que Les Cygnes et les Dindons, que Le Chien enragé, que Le Coup de fusil, que Les Taches et les Paillettes, et surtout Le Colimaçon. […] Il contribua aux journaux de Bruxelles, comme plus tard, après sa rentrée en France, au Miroir, et distribua des coups de lancette en s’amusant.
Dans le désert pas une goutte d’eau, soif horrible, la misérable file des pèlerins en marche se traîne accablée ; tout à coup, à l’horizon, au-dessus d’un pli des sables, on aperçoit un gypaète qui plane, et toute la caravane crie : Il y a là une source ! […] Entrer en passion pour le bon, pour le vrai, pour le juste ; souffrir dans les souffrants ; tous les coups frappés par tous les bourreaux sur la chair humaine, les sentir sur son âme ; être flagellé dans le Christ et fustigé dans le nègre ; s’affermir et se lamenter ; escalader, titan, cette cime farouche où Pierre et César font fraterniser leurs glaives, gladium gladio copulemus ; entasser dans cette escalade l’Ossa de l’idéal sur le Pélion du réel ; faire une vaste répartition d’espérance ; profiter de l’ubiquité du livre pour être partout à la fois avec une pensée de consolation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux, tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, prolétaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l’avenir, précipice aux uns, délivrance aux autres ; aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser, vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien. […] J’aime Stésichore indigné, empêchant l’alliance de la Grèce avec Phalaris, et combattant à coups de lyre le taureau d’airain.
Inattendue, et quand on pouvait en désespérer, la voici tout à coup ! […] … Vous faites des coups d’État a la Richelieu, et vous voulez, comme lui, vous montrer évêque par des pièces qui, en ce genre, seraient enviées des maîtres… C’est un trait, que la manière dont vous parlez à votre troupeau de votre absence ; mais, il faut vous le dire, vous savez trop, à la fin, et vous ajoutez à la brutalité de l’étonnement ! […] Il y avait le hardi faquin, le coquin héroïque, qui, avant d’être prêtre, n’eut que la seule qualité d’être brave au feu du canon comme il l’était au feu des filles ; mais prêtre et cardinal, et cardinal pour son argent, pour que cela fût plus miraculeux, le faquin et le coquin disparurent, et le ministre qui se mit alors à pousser sous cette majestueuse barrette que Richelieu avait portée, le ministre aurait été grand, s’il avait vécu, — si la mort n’avait coupé l’herbe sous le pied à sa gloire naissante, avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner.
Mais quand Diderot attaquait l’église, il frappait bravement, par devant, à grands coups avec l’abominable héroïsme de son sacrilège. […] Taine, dont nous parlerons plus loin, a donnée de la Science et qui permettrait à toutes les deux de faire leur travail de destruction dans la plus complète sécurité et sans s’inquiéter de savoir s’il y a une morale, une société, des gouvernements, un foyer domestique, tout un ensemble de choses organisées autour de soi, à respecter, cette définition, qu’il est si important de faire admettre à tout le monde, est la grande affaire et le coup d’État actuel des philosophes. […] Inconséquent d’ailleurs autant qu’hypothétique, le fait qu’il érige en fondement de son système, c’est que le langage s’est formé d’un coup, et voilà qu’à la page 175 de son Essai il dit qu’aux époques primitives chacun parlait à sa façon, ce qui était Babel avant Babel, Babel dès la création du monde, mais toutefois sans la confusion et la destinée de Babel.
La 45e division, formée à Oran de réservistes et de territoriaux, est celle qui a traversé Paris dans les premiers jours de septembre et qui a tout de suite été expédiée par Galliéni dans les environs de Meaux, pour y porter le coup qui fut décisif. » 13. […] » Tout à coup arrive en 1914 la période de tension, puis la mobilisation. […] Tout à coup on ne le vit plus parce que Dieu l’avait pris. » Et encore : « Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant et qu’il me ressuscitera de la terre, et que lorsque ma chair aura été détruite, je verrai Dieu.
Voltaire, qui, selon notre savant ami, le traducteur de Théocrite, avait beaucoup travaillé sur Pindare et chargé de notes un texte grec du grand lyrique, ne voit en lui qu’ un chantre de combats à coups de poing, le premier violon du roi de Sicile . […] Comment, sous un seul coup, s’est abattue cette immense grandeur ! […] « La terre d’Asie, ô roi, demeure sous ce coup désastreux tristement agenouillée.
Davout et les divisions Morand, Friant, Gudin, qui formaient le noyau de ce 3e corps invincible, sont comme un seul nom indissolublement enchaîné dans la mémoire quand on a lu une fois dans un récit rapide les opérations de ces guerres ; c’est comme un seul homme inséparable qui frappe et agit sans cesse, et dont le triple coup retentit. — Friant est une des principales articulations dans ce grand corps appelé la Grande Armée. […] Il les guidait dans ces coups de collier de plus en plus fréquents, auxquels cette réserve d’élite ne se ménageait plus désormais pour arracher des résultats de plus en plus difficiles. « Vous demandez le général Friant, monsieur, disait l’empereur à un officier qui croyait apercevoir ce général dans un groupe et qui s’approchait pour le demander ?
Mais vient la philosophie de l’histoire qui arrange et raccommode tout cela après coup… e sempre benel ! […] Toute cette troisième lettre ne serait guère qu’un résumé sérieux et lumineux des objections de Montaigne, si de doute en doute, de conjecture en conjecture, elle ne se terminait tout d’un coup par la supposition toute spiritualiste d’une infinité d’intelligences de mille ordres différents, répandues à tous les étages de l’univers, espèces d’anges que Cicéron et le plus sage des Scipions ne désavoueraient pas, « éternels admirateurs du jeu de la nature et spectateurs invisibles des actions des hommes. » Non, Rousseau a beau user de la méthode des sceptiques, il n’est pas sceptique lui-même, et la méthode se rompt brusquement entre ses mains, au moment où il la poussait à bout : il en jaillit au contraire l’illumination la plus imprévue, et faite à souhait pour ravir un idéaliste.
Il nous montre ce qui a converti tout d’un coup ces succès et une victoire qu’on était tout près d’arracher, en un immense désastre, deuil éternel de notre histoire. […] Il crut qu’on lui demandait un suprême effort aux Quatre-Bras contre les Anglais, pour pouvoir ensuite, apparemment, se porter sur les derrières de l’autre ennemi, les Prussiens, et, au lieu de ralentir son action et de se borner, comme il le fit plus tard à la fin de la journée et après des prodiges de valeur perdue, à une solide défensive, il songea à ramasser ses forces pour porter un rude coup devant lui ; dans cette préoccupation unique et absolue, il envoya dire à d’Erlon, à ce même chef qu’un ordre de l’Empereur remis par Labédoyère dirigeait en ce moment vers le moulin de Bry, à dos de l’armée prussienne, de revenir en toute hâte aux Quatre-Bras : c’était un contresens.
Le grand art de Béranger, son coup de maître et à la fois de citoyen, a été de rallier tant de fines, d’éternelles observations, héritage de Molière et de La Fontaine, autour des sentiments actuels les plus enflammés, d’appeler les qualités permanentes de la nation au foyer des émotions nouvelles, de lier les unes et les autres en faisceau indissoluble, de grouper les Gueux, même Frétillon, ou Madame Grégoire, sous les plis du glorieux Drapeau, la Sainte Alliance des Peuples formant la chaîne aux collines d’alentour, et le Dieu des Bonnes Gens bénissant le tout. […] Un tel à-propos et un tel bonheur, exploités par un génie qui a su si complètement s’en rendre compte, sont un coup unique dans une littérature .
Il ne répond pas aux objections par des coups de tonnerre. […] La vache Io donne son lait pour un fromage, le dieu Faune le fait, et le renard invite le loup son compère à s’en régaler. « Les tout-puissants Amours que nul ne peut fuir des immortels ni des hommes éphémères, qui veillent sur les joues délicates de la jeune fille, et cheminent sur les mers et dans les campagnes », se font tout d’un coup rustiques, « volent en bande, délogent ou reviennent au colombier » ; et, dans le Styx par qui jurent les dieux, les grenouilles vont coasser après leur mort.
Certaines pastourelles qui parfois ne gardent même pas le thème fondamental de la rencontre d’un chevalier et d’une bergère, sont de charmants tableaux de genre avec leurs rythmes alertes et leurs refrains joyeux ou goguenards ; elles nous montrent tout un côté de la vie rurale : les jeux, les danses, la gaieté bruyante du village, les coquetteries et les jalousies, les cadeaux idylliques de gâteaux et de fromages, la séduction des souliers à la mode et des fines cottes neuves, les gros rires et les lourds ébats terminés en rixes, coups de poing, musettes crevées, dents cassées. […] Donc vous allez grands coups donner Sur le Soudan et sur sa gent : Fortement les endommagez : Quand vous vous levez au matin, Avez changé votre latin : Car guéris sont tous les blessés, Et les abattus redressés.
Il y a, comme cela, des moments d’illumination intellectuelle, de sagesse absolue, où nous concevons tout à coup la grandeur du monde et l’inutilité ridicule de certaines manifestations de l’activité humaine. […] Les médiocres seuls cultivent le ressentiment éternel ; entre hommes intelligents on ne se brouille pas à jamais pour un coup d’épingle.
Mais Carmenta surgissant frappe Casca d’un coup de poignard au cœur. […] C’est qu’il a cru autrefois, d’une foi entière et absolue à des dogmes dont il s’est détaché depuis, et que cette aventure l’a rendu prudent. — Au milieu d’une effusion mystique et lyrique, s’arrête-t-il tout à coup pour nous jeter quelque impitoyable réflexion sur le train brutal et fatal des choses humaines ?