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236. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

L’Esthétique considérée comme Science sacrée « Au culte des dieux et des guerriers, il est utile de substituer le respect magnifique des sages. […] Soucieux d’accroître la beauté de la race dont nous nous sentons les gardiens, convaincus de l’importance de l’esthétique considérée comme science vivante, ayant pris conscience de nos droits qui sont ceux de tous les hommes, nous nous sommes imposé une grande et haute mission. […] Qui sait si nos ouvrages fervents ne seront pas considérés comme des recueils d’hymnes domestiques et religieuses ?

237. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Il les considère objectivement, sans en saisir la raison d’art cachée ; la forme à ce moment quitte l’esprit, s’isole, et désormais le poète déchu se borne à la remplir ainsi qu’une forme étrangère. […]   La production effrénée de Balzac, empêcha nombre de critiques de considérer son œuvre sous le point de vue de l’art. […] Comme en outre il faisait vrai, on ne considéra que la vérité de son œuvre, et l’on s’efforça à sa suite, de faire vrai, mais autrement : chez ceux-là qui s’en réclamèrent, sa large compréhension devint mesquine exactitude, sa sûre intuition, douteuse expérience.

238. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Tous ces travaux marquent une tendance croissante à considérer l’étude des œuvres littéraires comme un département des sciences morales. […] Il considère l’œuvre d’art non en soi, mais comme le signe de l’homme ou du peuple qu’il veut connaîtrece. […] Les premiers travaux de cette science ont consisté à déterminer les caractères des œuvres d’art, sans les apprécier, et à en déduire l’existence d’une certaine constitution psychologique chez leurs auteurs et chez ceux dont, pour certaines raisons, ces auteurs pouvaient être considérés comme les types.

239. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

On a beaucoup trop calomnié jusqu’à présent la nature humaine : les intérêts doivent être considérés comme effets ou comme signes, et non point comme causes. […] Cependant, si l’on m’a bien compris, on a pu voir déjà que cette théorie de la séparation de la pensée et de la parole, admise par moi comme moyen d’explication de plusieurs phénomènes, et surtout comme moyen de conciliation entre les partis, on a pu voir, dis-je, que je considère cette théorie comme fausse, si on veut l’appliquer aux faits qui tiennent à l’origine des sociétés, et comme vraie si on ne veut l’appliquer qu’aux faits qui tiennent à l’existence actuelle de la société. […] Ainsi, de ce que les langues sont considérées comme les signes de nos pensées, et comme des méthodes, il ne faut pas croire que l’homme ait eu le pouvoir de faire sa langue dans l’origine.

240. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

c’est qu’il n’y a guère que les gens de. campagne, fermiers ou petits propriétaires-laboureurs, qui poussent quelqu’un de leurs fils au petit séminaire, où il est élevé le plus souvent gratis ; ils considèrent cette prêtrise comme un avancement social relativement à leur obscure condition. […] Il aurait trop réussi, si l’on venait à considérer ces jeunes égoïstes de vingt ans qui, sans aucune ferveur, sans même aucun des défauts de leur âge, ne songent qu’à se pousser dans le monde et à y faire leur chemin.

241. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples. […] Il considérerait que, si des iniquités ont été commises contre ses pères il y a quatre-vingts ans, Dieu ne permet plus d’en tirer vengeance, justement parce que l’humanité a quatre-vingts ans de plus, et que, du reste, les événements les avaient déjà réparées.

242. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Voilà pourquoi plusieurs d’entre nous s’effraient de la vérité ; ils la considèrent comme une cause de faiblesse. […] Cette conquête de la Loi, c’est à l’Astronomie que nous la devons, et c’est ce qui fait la grandeur de cette Science, plus encore que la grandeur matérielle des objets qu’elle considère.

243. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Le vulgaire des courtisans comprend les hommes dénués de mérite et pétris de vanité, qui, tourmentés du besoin d’importance à défaut de considérai ion, sollicitent, et se contentent de recevoir à genoux quelques reflets de la puissance suprême. […] Ils peuvent être considérés comme les notables les plus éminents d’une république souveraine et puissante, dont les rois ont besoin ; la république des lettres, Voltaire fut courtisan de Frédéric, mais Frédéric le fut de Voltaire.

244. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je ne le crois pas, et je considère ces horreurs comme une grâce spéciale attribuée à la race française. […] J’ignore ce que vous pensez, mon cher M***, de la peinture militaire considérée comme métier et spécialité. […] Considérez cela, mon cher ami, et dites-moi ensuite si vous croyez que M.  […] Voulez-vous reconnaître l’énergie dans la jeunesse, la grâce dans la santé, la candeur dans une physionomie frémissante de vie, considérez le portrait de Mlle L. […] Si l’ennui et le mépris peuvent être considérés comme des passions, pour eux aussi le mépris et l’ennui ont été les passions les plus difficilement rejetables, les plus fatales, les plus sous la main.

245. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Son but est de définir le beau considéré d’abord d’une manière abstraite générale. […] Considérez un croyant appartenant à une religion quelconque. […] Le forum est ici considéré comme le lieu des conversations. […] Mais ces mêmes phénomènes ne peuvent être considérés à leur origine comme signes. […] Considérons un plaisir ou une peine.

246. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Nous pouvons donc considérer que notre corps est composé par des millions de milliards de petits êtres ou individus vivants et d’espèce différente. […] Toutefois la cause prochaine à laquelle nous devons nous arrêter ne peut jamais être considérée comme la limite absolue de nos connaissances ; elle n’est sourde qu’à nos trop faibles moyens actuels d’investigation. […] Relativement à la texture du cerveau, nous n’en sommes plus au temps de Buffon, qui considérait la cervelle, ainsi qu’il l’appelait avec dédain, comme une substance muqueuse sans importance. […] Plus tard, le poumon fut considéré comme une sorte de calorifère dans lequel la masse du sang venait tour à tour puiser la chaleur que la circulation était chargée de distribuer à tout le corps. […] Comme eux, il considère que la vie est une lutte entre des actions opposées ; il admet que les propriétés vitales conservent le corps vivant en entravant les propriétés physiques qui tendent à le détruire.

247. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Il n’y avait donc plus moyen de considérer la maladie qui nous occupe comme une altération des fonctions digestives, et force fut alors de faire d’autres théories sur ce sujet. […] Ces diverses circonstances seront très importantes à considérer plus tard, quand nous parlerons de la destruction du sucre dans l’organisme animal. […] Il est clair que l’on ne peut pas considérer cela comme un cas de diabète, ni caractériser la maladie par ce seul symptôme. […] Toutes ces circonstances, en apparence accessoires, sont donc très importantes à considérer, quand on veut faire des expériences précises. […] Vous avez vu que le foie doit être considéré comme un véritable laboratoire vital qui change profondément toutes les substances qui lui sont apportées par le sang.

248. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Ce qui reste c’est une certaine tendance de chaque système considéré en lui-même et de chaque système de systèmes à conserver son organisation, à la fortifier, même à l’agrandir en y employant de nouveaux éléments. […] Si, au lieu de considérer l’ensemble du monde, nous prenons garde à la société, nous pourrons sans doute déduire de la nature de la société en général et de la société dont il fait partie, en particulier, les devoirs sociaux de l’homme. […] En partant du monde ou de la société, nous en arrivons à ne considérer dans l’individu que sa qualité d’élément cosmique ou d’élément social. […] Par là sa domination sur l’individu peut être considérée comme désirable. […] Je veux dire par là que les manières d’être et les actions que nous considérons comme des défauts, des vices ou des crimes ne sont guère que des qualités, des vertus employées mal à propos, ou le résultat de ces tendances, ou encore des vertus possibles.

249. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

À son aise et c’est le moins qu’il se donne pour exploit ingénu d’avoir considéré, seul, dans l’orgueilleux repli des conséquences, le Monstre, Qui ne peut Etre ! […] Quelque singulier bonheur neuf et barbare l’asseoit à considérer, se mouvant d’après toute la subtilité savante de l’orchestration, la figure solennelle d’idées qui ont présidé à sa genèse. […] Longtemps, avec, d’abord, un profond saisissement, ensuite avec une mélancolie presque accablante, elle considère la figure de Siegfried. […] … »   Elle fait signe aux hommes qu’ils enlèvent le cadavre et le portent sur le bûcher ; en même temps, elle prend l’Anneau du doigt de Siegfried, et, l’ayant considéré, elle le met à sa main. […] On voit par ce compte-rendu que le wagnérisme est rapidement considéré comme un lien fort avec le romantisme allemand et que les théories du compositeur sont vues comme l’aboutissement d’une longue réflexion théorique sur l’art en Allemagne.

250. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Saint-Georges de Bouhélier, parler du « sublime grand homme », qu’il considère comme notre écrivain national : « Son œuvre est égale au monde même. […] Ce dernier avait dit : « Je me propose d’établir que la science des phénomènes de la vie ne peut avoir d’autres bases que la science des phénomènes des corps bruts, et qu’il n’y a, sous ce rapport, aucune différence entre les principes des sciences biologiques et ceux des sciences physico-chimiques… Dans l’expérimentation sur les corps bruts, il n’y a à tenir compte que d’un seul milieu, c’est le milieu cosmique extérieur ; tandis que, chez les êtres vivants élevés, il y a au moins deux milieux à considérer : le milieu extérieur ou extra-organique, et le milieu intérieur ou intra-organique. […]   Si l’on se reporte à l’époque où Zola entreprit simultanément la campagne naturaliste et son œuvre, c’est-à-dire vers 1865 — année de la Confession de Claude et de la polémique inaugurée au Salut public de Lyon — la grandeur de cette œuvre ne peut manquer d’apparaître au spectateur qui la considère par-delà le tiers de siècle révolu.‌ […] Il considère le tout du même œil impartialement humain. […] II A considérer le fond du débat, les multiples assauts qu’eut à subir le naturalisme sont de peu d’importance.

251. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Si la philosophie proclame si facilement l’égalité des hommes, c’est qu’à vrai dire elle ne les connaît pas ; on ne conçoit si aisément leur égalité que parce qu’on n’a pas senti leur hétérogénéité. » Devons-nous donc conclure de tout ceci que l’homogénéité absolue des groupements est la condition nécessaire et suffisante de leurs tendances égalitaires, et que ceux où les individus comptent le plus de ressemblances, tant extérieures qu’intérieures, sont aussi ceux, où il y a le plus de chances pour qu’ils se considèrent comme égaux en droit ? […] L’étude des croyances propres aux sociétés primitives, que leur grande homogénéité distingue des civilisées, tendrait à prouver que leurs membres se considèrent comme faisant en quelque sorte partie d’une seule chair108. […] La communauté y perd, l’individu y gagne110. » Il semble que, par cela même que nous voyons se multiplier les différences individuelles, nous considérions chaque individu comme un être original, nous respections en lui « ce que jamais on ne verra deux fois », nous lui reconnaissions enfin une valeur incomparable et en ce sens égale à celle des autres. […] Devons-nous donc conclure de tout ceci que l’hétérogénéité absolue des sociétés est la condition nécessaire et suffisante de leur égalitarisme, et que celles, où les individus n’ont plus rien de commun sont aussi celles où il y a le plus de chances pour qu’ils se considèrent comme égaux en droit ? […] « Il n’y a proprement société, ajoute-t-il, que là où les hommes considèrent un grand nombre d’objets sous le même aspect. » « La première condition du droit, dit de son côté M. 

252. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

On pourrait considérer Stendhal comme le premier des Nietzschéens, si le premier des Nietzschéens n’était pas Voltaire Stendhal croit à la force comme d’autres croient au droit et n’est pas éloigné de considérer l’énergie, même criminelle, comme la seule vertu de l’homme. […] Ce sont là des causes historiques, et ce sont celles que Tocqueville considère naturellement moins que les autres. […] Une dernière réflexion seulement sur Proudhon considéré comme critique. […] Ces confidences au public, et un peu ridicules considérées comme telles, étaient surtout des comptes rendus de soi qu’il se faisait à lui-même. […] Considérée comme recueil de faits, elle l’intéressait prodigieusement ; considérée comme explication des faits, c’est-à-dire comme science, il n’y adhérait d’aucune façon.

253. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

On se sert aussi de cette préposition pour marquer le tems : c’est encore par extension, par imitation ; on considère le tems come un lieu, (…). […] On peut considérer le corps en général sans penser à la figure ni à toutes les autres propriétés particulières du corps physique : c’est considérer le corps dans un sens abstrait, c’est considérer la chose sans le mode, come parlent les philosophes, (…). On peut au contraire considérer les propriétés des objets sans faire atention à aucun sujet particulier auquel elles soient atachées, (…). […] Mais c’est plutot diviser qu’abstraire ; on apèle plus particulièrement faire abstraction, lorsque l’on considère quelque propriété des objets sans faire atention ni à l’objet, ni aux autres propriétés, ou lorsque l’on considère l’objet sans les propriétés. […] On considère alors par abstraction le nombre en lui même, ou plutot l’idée de nombre que nous avons aquise par l’usage de la vie.

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