Au sortir de là, Rohan, bien qu’il eût titre toujours de général de l’armée du roi, se retira à Genève et refusa de ramener son armée par la Franche-Comté ; il se méfiait du cardinal, dont il n’avait pas suivi les ordres, et qui le lui rendait bien : Il est donc certain, dit ce redoutable ministre, ou que ledit sieur duc, qui était habile homme et connu pour tel, avait l’esprit troublé, ou qu’il y eut trop de timidité en son fait, ou beaucoup de malice ; et ce qui le condamne, c’est de s’être retiré du service du roi, de n’être point venu commander l’armée en la Franche-Comté, et d’être demeuré à Genève ; car, s’il n’avait point failli, et qu’il n’eût pu mieux faire ainsi qu’il disait, pourquoi feindre d’être malade à Genève, puis dire que l’armée qu’on lui donnait à commander était trop faible ? […] D’alléguer qu’on lui avait mandé de Paris qu’on le voulait arrêter, c’était un dire, lequel, s’il était public, n’était pas vrai ; s’il était secret, il ne l’avait pu savoir… Bref, c’était lui-même qui se jugeait coupable ; ce que nous avons marqué pour fautes passaient pour crimes d’État en son opinion, qui, ayant de très grandes lumières des choses du monde, savait assez connaître ce qui était bien ou mal. […] [NdA] Ces mémoires manuscrits furent naturellement connus de Sully, beau-père du duc de Rohan, et qui lui survécut ; ce qui explique que, dans les pièces trouvées dans le cabinet de Sully, et imprimées à la suite de ses Mémoires ou œconomies royales, on rencontre un Précis de la régence de Marie de Médicis et du règne de Louis XIII jusqu’en 1628, qui est en grande partie fait et compilé sur les mémoires de Rohan et dans les mêmes termes.
Voltaire se mit aussitôt à l’œuvre avec une activité que quelques lettres de sa correspondance connue faisaient déjà soupçonner, et que d’autres lettres récemment publiées viennent de mettre en pleine lumière66. […] Non, ma divine sœur, je ne vous cacherai aucune de mes démarches, je vous avertirai de tout ; mes pensées, le fond de mon cœur, toutes mes résolutions, tout vous sera ouvert et connu à temps. […] Il faut que toute l’Europe pleure avec moi une vertu trop peu connue.
La plupart des premières et des plus anciennes, qui remontent jusqu’à 1818, sont écrites à de bonnes et pieuses demoiselles, Mlle de Lucinière, Mlle de Tremereuc, que Lamennais avait connues aux Feuillantines, dans une espèce de petit couvent dirigé par le respectable abbé Carron : il avait inspiré à ces dignes personnes une vive amitié, qu’il leur garda de son côté très-fidèlement, au milieu de toutes ses traverses et de ses vicissitudes. […] Nous ouvrons le livre, et dès l’abord ceux qui ne connaissent que le Lamennais des derniers temps sont comme transportés aux antipodes : on a un Lamennais tendre, gai, enfant, innocent, tout occupé du petit troupeau spirituel qui se rangeait autour de l’abbé Carron, et badinant avec un peu moins de légèreté que Saint-François de Sales, mais avec la même allégresse ; un Lamennais parlant du bon Dieu, de la sainte Vierge, et disant en toute naïveté : « Les Feuillantines sont ma pensée habituelle. — Mon cœur, ma vie est aux Feuillantines ; je me trouve partout ailleurs étranger. » Qu’il y a loin de là au Lamennais qu’on a vu siéger, silencieux et le front plissé, à la Montagne ! […] Mais bientôt, jusque dans le Lamennais de ce temps-là, nous allons retrouver celui que nous avons connu en dernier lieu, le même caractère exactement, la même âme, une âme excessive, inquiète, haletante, appelant sans cesse et repoussant le repos, enviant la mort etactivant la vie, se croyant une mission d’en haut, unevocation, et tenu d’y obéir : car qui a résisté à Dieu et a eu la paix ?
. — Mme de Sévigné nous a montré également la marquise de Villars dans sa vieillesse, et jouissant discrètement de la renommée victorieuse de son fils : « Sa mère est charmante par ses mines, et par les petits discours qu’elle commence et qui ne sont entendus que des personnes qui la connaissent. » On possède donc maintenant les doubles Relations du marquis et de la marquise de Villars, de l’ambassadeur et de l’ambassadrice de France à Madrid en 1679 ; toutes deux se complètent et nous offrent de cette monarchie en décadence et en ruine le plus curieux, le plus instructif tableau. […] Il n’aidait pas peu à là conversation… » Ce nain est très-essentiel ; quelquefois il y en a deux, car le roi ne disant rien et la reine ne disant pas grand chose en présence du roi, il faut bien des instruments de conversation. à quelque temps de là, à l’occasion de visites que le roi et la reine font dans des couvents et dans lesquelles la reine a voulu absolument que Mme de Villars l’accompagnât, celle-ci nous fait la petite description suivante : « Comme je n’y connais personne, je m’y suis beaucoup ennuyée, et je crois qu’elle ne voulait que j’y fusse qu’afin de lui tenir compagnie. […] Le marquis de Grana, homme de grand mérite, qui connaissait l’Espagne de longue main, et qui y revint alors en qualité d’ambassadeur de l’Empereur, était d’avance tout persuadé de la misère et de l’accablement de la monarchie ; mais, quand il vit les choses de près, il en fut épouvanté : il ne souhaitait plus que repartir au plus vite.
Parmi ceux qui la soutiennent avec le plus d’honneur, je trouve des noms connus, des noms amis auxquels je ne puis échapper avant d’en venir à mon sujet principal, et que je me ferais scrupule de passer entièrement sous silence, puisqu’ils ont publié de nouveaux recueils, pas plus tard qu’hier. […] Après l’apothéose, après les gémonies, Pour le vorace oubli marqués du même sceau, Multitudes sans voix, vains noms, races finies, Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ; Vous dont nul n’a connu les mornes agonies, Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau, Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies, Ajoutés au fumier des siècles par monceau ; Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie, Si quand l’immense espace est en proie à la vie, Léguant votre misère à de vils héritiers, Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère, L’irrévocable paix inconnue à la terre, Et si la grande nuit vous garde tout entiers ! […] Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes, Il est un lieu sauvage au rêve hospitalier, Qui, dès le premier jour, n’a connu que peu d’hôtes ; Le bruit n’y monte pas de la mer sur les côtes, Ni la rumeur de l’homme : on y peut oublier.
Ils sont donc connus aujourd’hui, ne sont plus employés, et la Coalition ne les aura plus pour l’appeler et l’instruire de l’état de la France. […] Vous connaissez mon exactitude, ma vérité, my dear sir ; que l’Angleterre ne se laisse pas tromper par les émigrés. […] Craufurd, il est impossible d’admettre qu’il n’ait pas reçu de Mme de Staël nombre de missives et de communications qui passaient au moins par elle, et que de loin elle n’ait pas été un moment active, à l’instigation de je ne sais quel de ses amis, ou de Benjamin Constant qui avait bien gardé quelque prise sur elle, ou du prince Joseph, ou de ce diable de Fouché que de tout temps elle connaissait.
Renan le sait aussi bien que nous, et lui, si sérieux, mais si fin, il connaît la grâce, celle qui est la compagne de l’ironie, et il en use à propos. […] Mais je parle là de ce que j’ai le tort peut-être de ne pas assez aimer et surtout de ne pas assez connaître. […] Les plus connus, les plus célèbres de ses adversaires eux-mêmes, ceux qu’il accepterait le plus volontiers comme rivaux publics et antagonistes réguliers.
L’abbé de La Roque dédie son livre, qu’il appelle un « monument de famille », à sa mère, la baronne de La Roque, encore existante et qui est assez âgée elle-même pour avoir connu dans son enfance et sa première jeunesse la veuve de Louis Racine, sa bisaïeule. […] Malgré cela, elle pourra bien, auprès de beaucoup de personnes, ne pas tant briller que sa cadette : mais d’autres sauront bien connaître son mérite. » Il faut, en vérité, qu’il y ait bien peu de chose dans une Correspondance pour qu’on en soit réduit à y relever un pareil trait comme saillant. […] J’ai connu dans ma jeunesse un aimable et vieux professeur de l’Université dont le fils, militaire brillant et déjà colonel, fut tué à Waterloo.
J’aime mieux, après tout, connaître la politique de Carthage que toutes les mosaïques et les verroteries de Carthage. […] Le talent lui-même y pousse : on veut sortir à tout prix du connu et du commun. […] Il en sort avec l’estime des doctes archéologues et des savants sémitisans, flattés dans l’objet de leurs études, avec l’estime encore, et mieux que cela, de quelques esprits éminents qui aiment la force jusqu’à ne pas en détester l’abus, et qui, rien qu’à lui voir cette vigueur héroïquement déployée, ont désiré de le connaître.
Lorsque les passions intestines mettent le désordre dans toutes les idées morales, il reste encore des vérités dont la route est connue et la méthode fixée. […] Néanmoins M. de Condorcet, dans son ouvrage sur les probabilités, a très bien fait sentir comment il serait possible de connaître à l’avance, avec une presque certitude, quelle serait l’opinion d’une assemblée sur un sujet quelconque. […] Les philosophes doivent donc, en politique, se proposer de soumettre à des combinaisons positives tous les faits qui leur sont connus, pour en tirer des résultats certains d’après le nombre et la nature des chances.
Et par là Rabelais est en plein dans la pure tradition du génie français, qui jusqu’au milieu du xviie siècle ne connaît guère la femme et cette vie tout affective dont elle nous semble être essentiellement source et sujet. […] En même temps que Rabelais veut tout connaître, et demande aux sciences encore balbutiantes de son temps l’explication de « tous les faits de nature », il retient soigneusement les formes de toutes choses et tous les accidents joyeux de l’individualité. […] Valet de chambre de la reine de Navarre (1536), poète et conteur, il fut lié avec Marot et connut Rabelais.
Ce ne sont ni les vocables curieux ni les expressions outrées qui donnent la sensation des objets : c’est, le plus souvent, un certain arrangement de mots fort simples et très connus. […] Ce sera le virtuose du rut, de l’athéisme nu, du matérialisme cru, et ce prestigieux versificateur sera de plus en plus comme ce personnage de Rabagas qui, s’il connaissait un mot plus cochon que « cochon », l’emploierait avec allégresse. […] Mais voulez-vous connaître le châtiment ?
Émile Boutroux : « Il n’y a pas d’autre inconnaissable que l’inconnu, c’est-à-dire ce qu’aujourd’hui nous ne connaissons pas, mais que peut-être nous connaîtrons demain » et celui de M. […] Ils connaissaient pourtant les visées ambitieuses et cette violence d’appétits de Rastignac qui lui fait dire, contemplant Paris du haut d’une éminence, le poing tendu dans une sorte d’héroïque défi : « Et maintenant, à nous deux !
Le style primitif ne connaissait ni division de phrase, ni division de mots. […] Les conditions de la science sont pour l’humanité les mêmes que pour l’individu : l’individu ne sait bien que l’ensemble dont il connaît séparément les éléments divers, en même temps qu’il perçoit le rôle de ces éléments dans le tout. […] Voilà le seul tempérament politique que l’on y connaisse.
L’âme, comme le corps, a des mystères que les initiés peuvent connaître, mais qu’il ne faut pas montrer au public. […] Tout d’abord, Cygneroi ne veut rien en croire, il déclare connaître la rubrique des aveux qu’on a laissé échapper, dans un accès de franchise, et qu’on essaie ensuite de rattraper en les rétractant. […] Ce gentilhomme faux et froid, dont nous ne connaissions jusqu’ici que la dissimulation correctement boutonnée, se débraille tout à coup et devient cynique.
Que ceux qui connaissent les charmes de l’amitié se peignent le réveil de Gessner, sa surprise, et leurs embrassements ; que l’on se représente enfin, au milieu d’un désert, cette scène touchante et si digne d’avoir des admirateurs ! […] À propos de Pinel, par exemple, l’un de ceux qu’il a le mieux connus, et qui était tout l’opposé de lui, qui manquait essentiellement d’élocution et de faconde, Pariset caractérise en termes excellents ce style coupé, sans liaisons, sans cohérence, dépourvu de grâce et de souplesse. […] Dans l’éloge de Portal, voulant faire allusion au charlatanisme si connu dont ce médecin avait usé d’abord pour se mettre en renom, Pariset, après l’avoir couronné de tous les éloges, ajoute à la fin que « son seul tort, peut-être, a été, dans ses premières années, de prendre l’avenir en défiance, de ne pas croire à l’effet naturel de ses talents, et d’avoir voulu attacher des ailes à sa fortune ».
C’est dans ce temps qu’il connut M. de Lamennais. […] Ici, toutefois, ils avaient affaire dans l’abbé Gerbet à un homme qui connaissait les Pères, qui les lisait et les possédait à fond selon l’esprit, et ne manquait pas à son tour de textes puisés aux sources pour appuyer cette méthode plus libre et plus généreuse. […] C’est une chose étonnante qu’un petit livre de mysticité, que le génie de Leibnitz méditait, et qui a fait connaître au froid Fontenelle presque de l’enthousiasme.
Ce Desfontaines, abbé aussi, mourut d’hydropisie, et ses goûts très connus lui valurent cette épitaphe : Periit aqua qui meruit igné. […] Vous vous sentez aimé par eux ; c’est à s’en croire connu personnellement. […] Ces grands vieux monts horribles sont de merveilleux faiseurs de roses et de violettes ; ils se servent de l’aube et de la rosée, mieux que toutes vos prairies et que toutes vos collines, dont c’est l’état pourtant ; l’avril de la plaine est plat et vulgaire à côté du leur, et ils ont, ces vieillards immenses, dans leur ravin le plus farouche, un charmant petit printemps à eux, bien connu des abeilles.