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676. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il avait la plus belle tête du monde, et dont on ne conçoit les cheveux que fouettés par le vent. […] Et comment a-t-il conçu le sujet de cette nouvelle ? […] La foi implicite est celle qui ne conçoit ni ne connaît ce qu’elle croit, — ce qu’elle croit sans le connaître ou sans le concevoir étant impliqué et latent dans une affirmation qu’elle accepte en pleine connaissance. […] Même alors, je conçois mal que l’intérêt qu’on peut prendre aille jusqu’à l’émotion et jusqu’aux larmes. […] Il ne se concevait plus que premier ministre ou président du conseil.

677. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Telle qu’il la concevait dès le temps même de l’Essai sur l’Indifférence, la religion était pour lui, la religion des humbles. […] Tel qu’il l’a conçu, je ne dis pas d’ailleurs qu’il en soit moins piquant, ni même moins utile. […] En vérité, je ne vois pas les avantages qu’on en attend, si d’ailleurs je conçois le plaisir inintelligent qu’on y trouve ! […] On peut différer d’avis avec lui sur ce point, et au lieu de concevoir la religion comme une politique il suffît de la concevoir comme une philosophie. […] Gumplowicz essaie, pour compléter son œuvre, de tirer maintenant une manière nouvelle de concevoir et d’écrire l’histoire.

678. (1914) Une année de critique

La tâche lui eût pourtant semblé digne de tous ses efforts, et rude, si elle en avait pu mesurer l’étendue et concevoir la beauté. […] Des dieux obscurs en conçurent-ils de la jalousie ? […] On songe à un roman conçu par un disciple de Paul Adam, et exécuté par un disciple de Mérimée. […] Car c’est la grandeur du cerveau humain de concevoir l’infini, où l’univers ne montre que le néant. […] Marcel Boulenger y songe même fréquemment, mais il le conçoit d’une façon très spéciale.

679. (1902) La poésie nouvelle

Les romanciers conçoivent leur art, non plus comme une œuvre plaisante d’imagination, mais comme une reproduction très documentée du réel. […] Le Parnassien conçoit, en effet, le vers comme « l’assemblage d’un certain nombre régulier de syllabes ». […] Laforgue a conçu l’Art comme un moyen d’expression. […] Néanmoins, la difficulté des Palais Nomades résulte du caractère même de la poésie telle que Kahn la concevait.‌ […] Il y a quelque chose d’analogue dans la poésie telle que l’a conçue Gustave Kahn.

680. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Concevez, si vous en êtes capable, un système plus harmonique au fond de la nature humaine, qui s’en empare à la fois par ses deux pôles, la satisfaisant pleinement d’une part, la ramenant à Dieu de l’autre. […] On conçoit même que, dans cet état de choses, quelques-uns aient douté s’il y a une loi de nature. […] Un seul de nos devoirs conçu dans sa spiritualité, dans toute sa sainteté, conduirait à tous les autres ; mais on ne peut concevoir la sainteté sur un point particulier à moins de la concevoir sur tous les autres ; et l’on ne saurait la concevoir sur tous ensemble sans avoir l’idée de la sainteté en général, et cette idée ne peut être isolée de celle de Dieu. […] Aussi ce système n’a-t-il jamais été conçu par des philosophes ; je n’en connais aucun qui l’ait enseigné. […] Dans le germe caché et fécond contemplé ou conçu par le génie poétique, celui-ci saisit l’individualité riche, puissante, variée, toujours concrète, des êtres qu’il met en scène.

681. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Le premier conçoit les deux systèmes dans une sorte de conflit et de lutte réciproques. […] Il y a dans Proust beaucoup de passages qui peuvent donner l’impression qu’il conçoit de la même façon que Freud les rapports du conscient et de l’inconscient. […] Je ne fais pas allusion ici spécialement à la façon dont Freud ne cesse de souligner d’un bout à l’autre de son œuvre les rapports entre l’instinct sexuel et la cruauté, conçue tantôt comme cruauté envers soi-même, masochisme, tantôt comme cruauté envers autrui, sadisme. […] Et Proust n’a même pas eu à choisir ; il s’est trouvé sinon de naissance, du moins de fatalité, si j’ose dire, et à cause de la forme même de son intelligence, tourné face à la conscience ; et il n’a pas conçu d’autre mouvement possible que de s’y enfoncer, tournant le dos à l’action. […] Le psychique a été conçu jusqu’ici, à peu près sans exception, tout au moins en France, sous le signe du volontaire.

682. (1932) Les idées politiques de la France

Concevons-le comme un plafond du Parlement réel, un plafond posé là-haut par le peintre immanent au génie de la France. […] On conçoit que la question religieuse, vue du château vaudois des Necker, comporte une idée de la séparation des Églises et de l’État. […] Laïque ne se conçoit en effet que comme corrélatif de clérical (au sens non polémique : ce qui concerne le clerc). […] Clemenceau a bien conçu la victoire comme celle de la Révolution et des Droits de l’Homme. […] Les sociétés de pensée se conçoivent en fonction de l’Église.

683. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Tu crois avoir conçu, tu voudrais être mère ;       À l’œuvre ! […] Non, certes, ce n’était pas un artiste, un poète de métier qui avait conçu le Midi rouge ! […] Il m’apportait son livre sur les poètes vivants, un mince petit livre écrit avec finesse, peut-être trop sèchement, et conçu sans grand effort critique. […] Ses deux premiers livres, Sous l’œil des barbares et un Homme libre, étaient conçus dans cette manière. […] Mais on ne conçoit pas comment un culte de ce genre aurait pu être instauré en quelques mois.

684. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Dans un mode cruel de concevoir la vie, s’il n’a ni une forme encore personnelle, ni le haut sang-froid de M.  […] Les poèmes qu’on nous donne sont conçus à la façon des poèmes occidentaux, des poèmes allemands surtout. […] Comment cet effort fut-il conçu ? […] Dans Jadis et Naguère les deux façons d’écrire et de concevoir l’unité de la pièce alternent. […] La littérature, il la concevait non pas comme une chose par elle-même existante, mais comme un reflet, une traduction d’une philosophie.

685. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

« La Montagne est inattaquable par le côté droit et le Marais, s’écrie Camille ; elle n’est prenable, comme les Thermopyles, que par les hauteurs. » Effrayé enfin de cette sombre licence dont il a été le promoteur imprudent, il ne se lasse pas de présenter la liberté sous la forme aimable et sage dont il l’a toujours conçue ; il revient à chaque instant à cette idée, on dirait qu’elle l’obsède, et qu’il sent que ce rêve brillant couvrira seul dans l’avenir les taches de sa mémoire.

686. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

Ils ne conçoivent guère en effet et ne sentent que ce qui intéresse leur esprit et leur cœur.

687. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

D’ailleurs, toute la partie naturiste de l’œuvre de Rollinat est absolument conçue en dehors de l’inspiration du grand poète des Fleurs du mal , qui ne vit pas la nature et rêva d’artificiels jardins où croîtraient des flores métalliques.

688. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

En cela semblable à beaucoup d’artistes, il concevait et rédigeait son œuvre sans autre souci que de satisfaire sa conscience artistique ; mais, sitôt le livre édité, il se préoccupait infiniment de l’effet produit.

689. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Il faut bon gré mal gré qu’il se prononce, qu’il prenne parti, qu’il choisisse entre les diverses façons de concevoir l’art et la vie, sous peine de se décerner à lui-même un brevet de parfaite insignifiance.

690. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

En 1757, il lui en accorda une, secrete, de trois mille livres ; en 1760, une, publique, de deux mille livres sur son Trésor Royal ; & le premier Avril 1766, une autre, secrete, de douze mille livres sur sa cassette, dont la formule, conçue dans les termes suivans, est signée & écrite en entier de sa main : « En conséquence des services que le sieur d’Eon m’a rendus, tant en Russie que dans mes armées, & d’autres commissions que je lui ai données, je veux bien lui assurer un Traitement annuel de douze mille livres, que je lui ferai payer exactement tous les six mois, dans quelque pays qu’il soit [hormis en temps de guerre chez mes ennemis], & ce, jusqu’à ce que je juge à propos de lui donner quelque poste dont les appointemens soient plus considérables que le présent Traitement.

691. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Ces défauts de la scène étoient inséparables de l’imagination étonnante du poëte, de l’élévation & de la fierté de son ame, de sa manière de concevoir & de rendre fortement & vivement les choses.

692. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

On conçoit les transports de ces hommes saints, qui, retirés sur le sommet des montagnes, mettaient toute leur vie aux pieds de Dieu, perçaient à force d’amour les voûtes de l’éternité, et parvenaient à contempler la lumière primitive.

693. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

On conçoit que Voltaire n’ait vu dans les feux d’un enfer chrétien que des objets burlesques ; cependant ne vaut-il pas mieux pour le poète y trouver le comte Ugolin, et matière à des vers aussi beaux, à des épisodes aussi tragiques ?

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