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504. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Le public ne sçait pas si le general n’a pas amené lui-même en resserrant l’ennemi ou bien en lui donnant des occasions de tomber dans une confiance témeraire, le hazard qui semble avoir été l’unique cause du succès de ce general, et si l’avantage qu’il tire de ce hazard n’est pas dû aux précautions que sa prévoïance avoit prises d’avance pour en profiter. […] Véritablement les personnes qui ne sçavent point l’art, ne sont pas capables de remonter jusques aux causes qui rendent un mauvais poëme ennuïeux.

505. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

Autant vaudrait prétendre que la partie égale le tout, que l’effet peut résorber en lui sa cause, ou que le galet laissé sur la plage dessine la forme de la vague qui l’apporta. […] L’intelligence se trouve ainsi replacée dans sa cause génératrice, qu’il s’agirait alors de saisir en elle-même et de suivre dans son mouvement.

506. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Si, pourtant, nous en venons à rechercher quelles causes ont pu amener ce fléchissement des maîtrises dirigeantes, nous en découvrirons de singulièrement diverses. […] Mais nous estimons très exactes les causes que M.  […] Il rattache les événements à leurs causes les plus lointaines, il recherche leur prolongement probable dans le temps et extrait de la vie de chaque jour ses éléments substantiels et significatifs. […] Marcel Prévost dans les Vierges fortes, ont voulu défendre la cause du féminisme. […] Quelle peut bien être la cause déterminante de cette levée de plumes soyeuses ?

507. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Henri IV, au contraire, en accordant franchement et trêve et prolongation de trêve, tandis que Mayenne refusait d’en profiter pour traiter de la paix, se gagna les cœurs et les villes de son royaume ; il y eut en trois mois plus de conversions à sa cause qu’on n’en eût pu espérer autrement en des années. […] L’ambassadeur d’Espagne (le duc de Feria), dans une dépêche à Philippe II qui fut interceptée, donnant la liste des députés qui assistaient à la conférence de Suresnes, et ajoutant au nom de chacun une note et un signalement distinct, disait de tel et tel : « Celui-ci est neutre. — Celui-là agira dans son intérêt. » Et du président Jeannin il disait : « Il fera tout ce qui lui paraîtra avantageux au duc de Mayenne. » Les auteurs d’éloges et de discours académiques, Saumaise, plus tard Guyton de Morveau, ont couru un peu rapidement sur ce point, et se sont trop attachés à montrer dans le président Jeannin un ligueur qui avait hâte de sortir de la faction où il avait été jeté, et qui, « sans trahir son parti, en défaisait la cause ». […] Nous verrons le président dans son ambassade de Hollande se prononcer bien noblement au nom de son maître pour la cause de la tolérance et d’une juste liberté religieuse, et le continuateur de De Thou l’a grandement loué à ce sujet, comme l’eût fait de Thou lui-même s’il eût poussé jusque-là son Histoire.

508. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

On croit influer dans les révolutions, on croit agir, être cause, et l’on n’est jamais qu’une pierre de plus lancée par le mouvement de la grande roue ; un autre aurait pris votre place, un moyen différent eut amené le même résultat ; le nom de chef signifie le premier précipité par la troupe qui marche derrière, et pousse en avant. […] Des crimes de tout genre, des crimes inutiles aux succès de la cause, sont commandés par le féroce enthousiasme de la populace ; elle craint la pitié, quel que soit le degré de sa force, c’est par de la fureur, et non de la clémence qu’elle sent son pouvoir. […] Mais quand la cause des révolutions est l’exaltation de toutes les idées de liberté, il ne se peut pas que les premiers chefs de l’insurrection conservent de la puissance ; il faut qu’ils excitent le mouvement qui les renversera les premiers ; il faut qu’ils développent les principes qui servent à les juger : enfin, ils peuvent servie leur opinion, mais jamais leur intérêt, et dans une révolution le fanatisme est plus sensé que l’ambition.

509. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Pour ma part (puisque je me suis mis en cause), j’aime les livres, je vis entre eux, c’est mon métier, parce que c’est mon agrément. […] Oui, des préventions demeureront : la signature nous attire ou nous met en défiance ; on peut s’entraîner assez pour que ces causes d’erreur disparaissent après une page de lecture. […] Or si, après, analytiquement, l’œuvre littéraire obéit à une explication sociale, si elle se définit, comme toute chose, résultat et cause, répercussion et action, il ne s’ensuit pas que, avant, synthétiquement, elle ne soit commandée par les lois d’une création tout à fait sui generis, autonome.

510. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Mais ce même Gacon, si connu pour avoir été à la tête de cette association, appellée le régiment des fous & de la calotte, pensa gâter entièrement la cause qu’il défendoit. […] Il faudroit que le gouvernement proscrivît aussi ces arts aimables, à cause des objets dangereux qu’ils présentent quelquefois à la vue. […] L’Epître au Maréchal Keith ne fait point honneur à un partisan zélé de la cause du protestantisme.

511. (1761) Apologie de l’étude

Apologie de l’étude Ce titre paraîtra sans doute une méprise : c’est, dira-t-on, l’éloge et non l’apologie de l’étude que vous voulez faire ; pourquoi entreprendre de plaider une cause qui en a si peu de besoin ? […] On a dans ces derniers temps attaqué la cause des lettres avec de la rhétorique, on l’a défendue avec des lieux communs : on rte pouvait, ce me semble, la plaider comme elle le mérite, qu’en l’a décomposant, en l’envisageant par toutes ses faces, en y appliquant en un mot la dialectique et l’analyse : par malheur la dialectique fatigue, les lieux communs ennuient, et la rhétorique ne prouve rien ; c’est le moyen que la question ne soit pas sitôt décidée. […] En suivant une route contraire, cette étude aurait été pour vous une source intarissable de plaisir et d’instruction ; vous y auriez admiré les ressources de la nature, celles de tant de grands génies, soit pour la forcer à se découvrir, soit pour la mettre en œuvre dans les différents arts, monuments admirables et sans nombre de l’industrie des hommes, soit enfin pour apercevoir la liaison et l’analogie des phénomènes dont vous vous plaignez d’ignorer les premières causes.

512. (1915) La philosophie française « I »

Mais concurrence et sélection expliquent comment certaines variations se conservent ; elles ne rendent pas compte — Darwin le disait lui-même — des causes de la variation. Bien avant Darwin, (puisque ses recherches datent de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe), Lamarck avait affirmé avec la même netteté la transformation des espèces, et il avait essayé, en outre, d’en déterminer les causes. […] La séduction qu’il exerça sur son temps tient à bien des causes.

513. (1893) Alfred de Musset

On a vu au chapitre précédent les causes profondes de son abattement. […] Son séjour dans la grande confrérie du vice en a fait un mépriseur d’hommes, qui ne croit même plus à la cause pour laquelle il a donné plus que sa vie. […] L’une des causes de ce prodigieux succès fut que Musset, au théâtre, parut un novateur et un réaliste. […] Les causes de cette mort anticipée sont affreusement tristes. […] Pour d’autres causes, qui forment ici la part du mystère, ses vers commençaient à trouver le chemin de tous les cœurs ; beaucoup de personnes le découvraient.

514. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Et si l’on passe de cet arrangement purement formel des mots au détaillement même de la description, au développement des situations ou des idées, au narré des événements, on est en présence d’une série de longueurs et d’écourtements, d’omissions et d’insistances sans cause visible, semblable à l’application d’une main faiblissante, puis fiévreuse, puis fléchissant de nouveau sous l’immense tâche et l’abandonnant. […] Le saisissement, la méditation, l’intérêt, l’abandon aux destinées des personnages, la préoccupation douloureuse des problèmes qu’ils agitent, l’amour ou la haine de leur nature, enfin les affections mêmes que ces romans révèlent chez leur auteur par le choix de leurs éléments et le ton dans lequel ils sont conçus, sont les effets véritables de leur lecture et les causes qui poussent à la poursuivre ; le but final et puissamment atteint de ces œuvres de réalisme de reproduction minutieuse et compréhensive de la réalité est d’induire à sentir ce qu’est la vie humaine par l’accent même, la ferveur et l’abandon avec lesquels elle est décrite, puis à en exprimer et en faire aimer certains caractères, faire détester d’autres, l’envisager finalement avec un ensemble d’émotions latentes et expresses particulières qui sont celles mêmes que l’auteur a éprouvées à cet ensemble d’images et de pensées qui fut d’abord en lui le fantôme de ses livres. […] La contrainte de connaître et l’impuissance d’aimer ce qui leur répugne, le désir graduel et l’incapacité de supprimer ces causes d’aversion ou d’en dériver l’esprit, cette alternative de se soumettre, de se renier ou de souffrir sans recours, conduit chez des esprits de cette sorte à une âpre lutte des deux ordres de facultés inversement froissées ; chez Tolstoï, le sentiment triompha de l’intelligence. […] Que l’on grandisse ces facultés au point où leur manifestation devient impérieuse, que l’on y accole les qualités d’élocution et d’arrangement juste nécessaires pour composer des œuvres littéraires de forme médiocre, que l’on fasse prédominer la connaissance, le rappel, l’imagination des personnes, sur celles des actes purs, des drames, des histoires, l’on aura énuméré les causes générales dernières des œuvres de Tolstoï, de leur contenu réaliste, de leur étendue, de leur valeur plus psychologique que dramatique, et la force de ces dons sera mesurée à la grandeur de leur manifestation, à la puissance d’illusion de l’œuvre à la sympathie, au saisissement, à l’attraction qui s’en dégagent. […] Il fallait donc que Tolstoï admît qu’il n’en est point ainsi et recourût à la réponse traditionnelle des religions ; mais cet espoir n’eût en rien atténué ses souffrances d’observateur essentiellement réaliste : ou que, par une haute opération intellectuelle, il accolât à l’idée générale de l’existence du mal, l’idée de sa nécessité, de son utilité, de sa diminution graduelle par l’effet de lentes causes auxquelles lui-même coopère, et qu’il se sentît participant à celle futurition d’un bien universel, par la notion de sa permanence dans le tout ; mais le cerveau de Tolstoï était incapable de ces spéculations, et ni ses observations en se fondant en types, ni sa faculté verbale en substituant à chaque chose individuelle sa désignation générique, ne l’ont conduit aux généralisations et aux idées.

515. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

La vraie cause, la seule, c’est le mal d’écrire. […] Ce n’est pas le mensonge de l’amour qui est en cause, c’est le mensonge de la vie. […] Quel insondable mystère que cette sensualité toujours éveillée en nous, bonne à cause du mariage, mauvaise à cause du vice ! […] Ce n’est plus exclusivement l’amour qui est en cause, c’est la société tout entière. […] Ses torts n’ont pas d’autre cause que l’excès de son bonheur.

516. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

À ses yeux il n’y a pas de grands hommes proprement dits : Il n’y a ni petit ni grand homme pour le philosophe : il y a seulement des hommes qui ont de grandes qualités mêlées de défauts ; d’autres qui ont de grands défauts mêlés de quelques qualités : il y a des hommes ordinaires, autrement dits médiocres, qui valent bien leur prix, et dont la médiocrité a ses avantages ; car on peut dire en passant que c’est presque toujours aux grands hommes en tout genre que l’on doit les grands maux et les grandes erreurs : s’ils n’abusent pas eux-mêmes de ce qu’ils peuvent faire, du moins sont-ils cause que les autres abusent pour eux de ce qu’ils ont fait. […] Ceux-ci, en effet, gens économes par nature, sont payés pour croire qu’on court après l’esprit quand on en a plus qu’eux : « Messieurs, lisez-moi, semblent-ils dire ; vous verrez un homme qui pense simplement, raisonnablement, qui va son grand chemin, qui ne pétille point : et voilà le bon esprit. » Selon Marivaux plaidant dans sa propre cause, « il y a un certain degré d’esprit et de lumières au-delà duquel vous n’êtes plus senti ; c’est même un désavantage qu’une si grande finesse de vue, car ce que vous en avez de plus que les autres se répand toujours sur tout ce que vous faites, embarrasse leur intelligence » ; on vous accuse d’être obscur par trop de subtilité ; et il conclut avec découragement, et en ayant l’air de consentir, par égard pour les lecteurs vulgaires, à ne plus être sagace qu’à demi : « Peignez la nature à un certain point, mais abstenez-vous de la saisir dans ce qu’elle a de trop caché ; sinon vous paraîtrez aller plus loin qu’elle, ou la manquer. » Tels étaient les ingénieux sophismes que le désir de se justifier suggérait à Marivaux, et sur lesquels il revient en vingt endroits. […] Il a pourtant raison sur un point : c’est que les critiques s’en prenaient uniquement à son style, quand c’était en réalité sa pensée qui était en cause. « Chacun, disait-il, a sa façon de s’exprimer qui vient de sa façon de sentir. — Ne serait-il pas plaisant que la finesse des pensées de cet auteur fût la cause du vice imaginaire dont on accuse son style ? 

517. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Mais, sans demander la censure en 1797, il admettait et tolérait bien davantage, puisqu’il amnistiait et absolvait les mesures de fructidor contre ces mêmes journalistes, et que dans un discours au Cercle constitutionnel, quelques mois après, il s’écriait, en les désignant du geste et en se retournant vers eux, alors absents et pour la plupart proscrits ou déportés : « Pensaient-ils donc que notre aveuglement serait tel que nous ne démêlerions pas la cause de tant de maux ; que notre impatience se dirigerait contre le Gouvernement dont la marche entravée pouvait être quelquefois irrégulière, et se détournerait des hommes qui nécessitaient cette irrégularité ? […] Sa grande faute en 1815, cet article exalté du 19 mars, ce fut une femme, Mme Récamier, qui le lui fit faire ; et quand plus tard il dut s’excuser devant les royalistes accusateurs de s’être rallié à Napoléon, il eut à donner de bien bonnes raisons sans doute, les principes supérieurs aux hommes, la nation avant tout, la France à la veille d’une invasion, la nécessité alors pour tous les patriotes de se rallier à un grand général en présence de l’étranger ; mais par malheur, une autre femme (Mme de Staël), à la suite de laquelle il avait fui la France quelques années auparavant, était cause qu’il avait écrit cette autre phrase également exaltée et si antifrançaise, datée en effet de Hanovre ou du quartier général de Bernadotte, le 31 décembre 1813 : « Les flammes de Moscou ont été l’aurore de la liberté du monde. […] En chacun d’eux, il y a deux hommes : celui qui écrit et parle en public, celui qui cause ou s’exhale dans le particulier. […] Benjamin Constant ne put même être nommé de l’Académie française après juillet 1830, après le triomphe de sa cause !

518. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Plus tard, il y aura des chapitres tout entiers consacrés à la révolte des Pays-Bas et aux causes qui amenèrent cette révolution : ce sont des chapitres d’histoire où l’auteur intervient à peine et où, parlant le moins possible en son nom, il ne vous fait marcher avec lui que sur des extraits enchâssés, tirés des documents originaux : méthode des plus solides et des plus sûres. […] Le traitement de Vésale paraît avoir eu de bons effets : le toucher des reliques d’un religieux, Fray Diego, mort en état de sainteté il y avait quelque cent ans, et dont on fit apporter processionnellement le corps dans la chambre du malade, fut réputé aussi une des causes du rétablissement. […] Ces excès de table sont la cause de son état maladif, et bien des personnes pensent qu’en continuant de la sorte il ne pourra vivre longtemps. […] En un mot, on put apercevoir, à cette occasion, comme flottants dans l’air, les germes de ce qui serait devenu en d’autres temps une légende, mais qui ne purent éclore qu’imparfaitement à cause du climat un peu froid et rigoureux qu’impose le régime de l’histoire.

519. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Ce moment inspira sans doute un vif intérêt à tous ceux qui aiment la Constitution, et qui ont étudié les causes de la Révolution à qui nous en sommes redevables. […] Malouet, écrivait, à cette même date, miss Burney, qui a le singulier courage de s’offrir pour plaider la cause du monarque déchu, au milieu de ses féroces accusateurs ; et comment M. de Chauvelin se hasarde-t-il à transmettre une pareille demande101 ?  […] Les causes de cette disgrâce sont encore à découvrir, car un mémoire qu’il avait précédemment adressé sur des questions étrangères à la marine ne suffit point pour l’expliquer103. […] Dans un écrit, — malheureusement inachevé, — intitulé : Détails sur mon dernier exil ; causes probables, Malouet nous met dans le secret de ses relations avec M. 

520. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

A ces causes voulant bien traiter l’exposant, …………………………………….. […] Ce faible une fois découvert, M. de Ségur n’avait qu’à le mettre sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et, l’entendant patiemment discourir durant des heures entières sur les conciles œcuméniques, il faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance. […] Les Mémoires d’un Homme d’État sont venus depuis éclairer d’un jour nouveau et par le côté étranger toute cette portion longtemps voilée de la politique européenne ; les mille causes qui déjouèrent la diplomatie de M. de Ségur, et qui auraient fait échouer tout autre en sa place, y sont parfaitement définies175. […] S’il ne fut point lui-même à cette époque membre des assemblées instituées sous le régime de la Constitution de l’an III, s’il n’eut point l’honneur de compter parmi ceux qui, comme les Siméon, les Portalis, luttèrent régulièrement pour la cause de l’ordre, de la modération et des lois, et qui, eux aussi, suivant une expression mémorable, faisaient alors au civil leur Campagne d’Italie 176, il la fit au dehors du moins et comme en volontaire dans les journaux.

521. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ensuite, parce que, de son temps du moins, la fortune des hommes illustres intéressait le public plus que celle des bourgeois, et fournissait des causes plus adéquates à la grandeur des passions ; et puis, aussi, parce qu’en somme les intérêts historiques donnent aux passions une base plus universellement intelligible que les intérêts professionnels ou financiers, d’où sortent les passions bourgeoises. […] Il choisit, comme suite des causes psychologiques, des faits extraordinaires qui secouent violemment ou saisissent fortement l’imagination : ainsi ce terrible cinquième acte de Rodogune, amené par quatre actes qui, malgré Cléopâtre et ses éclats furieux, restent en somme assez calmes. […] Par une certaine amplification des effets, Corneille relie aux causes morales des crimes tragiques qu’elles ne devraient pas produire. […] Seulement ces effets violents ne réchauffent pas la tragédie, précisément par ce que le public fait la réduction convenable, et par ce que le sang versé au théâtre n’est pas pathétique physiquement, par son aspect, mais moralement, par les causes de l’acte.

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