Aimer Dieu, ce sera « aimer ce qui est beau et bon, connaître ce qui est vrai ». […] A quoi ont servi tant de belles âmes de l’antiquité mourante ? […] Il ne faut la juger que par la somme de dévouement qu’elle dépense pour le vrai, pour le bien, pour le beau. […] Tiens pour assuré que les idées sont fausses par un point, si subtiles te semblent-elles, soutenues par les plus beaux noms, parées de la magie des plus beaux talents. […] L’âme humaine, cette fleur de la création, dont chaque âge doit augmenter l’éclat et le parfum, en sera-t-elle plus belle ?
Donnez à un peuple le plan d’éducation de l’Émile, et ce beau traité devient illusoire. […] Le sort, qui lui avait été si contraire jusque-là, lui réservait la plus belle des fleurs de la vie pour la respirer et l’enivrer avant de mourir. […] Aucun nuage ne troubla les beaux jours qui durèrent autant que leur vie. […] Ainsi, la plus belle églogue de l’amour innocent servait à favoriser l’innocent amour de deux cœurs purs sur nos propres rivages. […] et Dieu permit que ces lignes, inspirées par l’amour du genre humain, fussent au-dessus de tout ce que l’auteur de tant d’ouvrages éloquents avait écrit jusqu’alors, afin que, dans sa plus belle page, la postérité pût lire sa plus belle action.
Celles qui l’emportent sans doute sont très belles, mais sont-elles les plus belles ? […] Cette esthétique est la science des lois du Beau. […] Nous ne l’émotionnerons plus avec des phrases vides ou de belles rimes. […] On n’a qu’à prendre un beau poème et à le lire. […] Voir son beau livre, Essai sur le génie dans l’art.
Ce sera pourtant une belle fête que celle où il va conduire sa fiancée ; et Athénaïs ne peut manquer d’être la première, la reine du bal, à moins que ces dames du château ne viennent et que Mlle Valentine de Raimbault n’y montre sa pure et noble beauté. […] Mlle Valentine n’est pas telle qu’il se l’était figurée ; elle n’est ni brune, ni ardente, ni Espagnole : « Elle est blanche, blonde, calme, grande, fraîche, admirablement belle de tous points… Dans la courbure de son profil, dans la finesse de ses cheveux, dans la grâce de son cou, dans la largeur de ses blanches épaules, il y avait mille souvenirs de la cour de Louis XIV. […] Si les jeunes hommes de la génération de Bénédict lisaient et savaient Voltaire, il n’aurait pas manqué de se redire à lui-même, en voyant danser à ce bal de mai Mlle de Raimbault, ces vers noblement voluptueux qui eussent rassemblé pour lui comme de flottants souvenirs : L’étranger admirait dans votre auguste cour Cent filles de héros conduites par l’Amour, Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Ces piquantes Bouillons, ces Nemours si touchantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs. […] Ces courses de Valentine avec Louise et Athénaïs, Bénédict toujours présent, par les prairies, à travers le foin des granges et au bord de la rivière ; le moment surtout où Bénédict, lassé de courir et de pêcher, en blouse, négligemment assis les jambes pendantes sur un tronc de chêne au-dessus des eaux, est admiré pour la première fois et trouvé beau par Valentine qui le regarde du bord ; ce moment et les tendresses folâtres qui l’amènent et le suivent sont le triomphe du roman. […] La scène du cabinet, au fond du jardin, et celle de la chambre à coucher, dans la nuit des noces, ont été indiquées comme fort belles et le sont en effet, quoique je préfère pour ma part les courses moins arrangées et moins dramatisées du premier volume.
Mais ce n’est pas un parallèle que nous faisons ; nous n’avons voulu que nous justifier de réunir ici l’un à côté de l’autre deux jeunes poëtes si divers au premier abord, jumeaux dans leur apparition, unis d’ailleurs entre eux par une étroite amitié, et en ce moment même compagnons heureux de voyage vers la belle et toujours nouvelle Italie. […] Ingres sectateur de l’antique beauté, des vers à la mémoire de ce Georges Farcy que sa mort a révélé à la France, et qui eût aimé ce livre s’il avait vécu, et qui, en le lisant, eût envié de le faire ; partout une nature élégante et gracieuse à laquelle le cœur se confie ; partout de bienveillantes images et un pur désir du beau : le doux Virgile en robe traînante et les cheveux négligés, s’appuyant sur le bras de Mécène au seuil du palais d’Octave ; un doute tolérant et chaste, la liberté clémente ; Jésus homme ou Dieu, dit le poëte, mais qui possède à jamais l’univers moral, et qui, s’il doit mourir, ne mourra que comme le père de famille, après que toute sa race, la race des fils d’Adam, sera pourvue ; — ce sont des vers comme ceux-ci, inspirés par le joli pays de Livry, que Mme de Sévigné chérissait déjà : ………. […] Lui, poëte, il aime le beau et le saint, la pitié et l’harmonie, la noblesse et la blancheur, Sophocle, Dante et Raphaël ; il s’écrierait volontiers avec l’esprit qui le tente, et serait heureux de répéter toujours : Quel bonheur d’être un ange, et, comme l’hirondelle, De se rouler par l’air au caprice de l’aile, De monter, de descendre, et de voiler son front, Quand parfois, au detour d’un nuage profond, Comme un maitre le soir qui parcourt son domaine On voit le pied de Dieu qui traverse la plaine ! […] quel bonheur de vivre avec de belles choses ! […] Celui que nous appelions Bion est devenu plus sauvage, il désire presque d’être pâtre comme l’était en Écosse le Berger d’Ettrick Mais il a beau vouloir, l’art grec s’attache à lui, et se trahit en parfum sous cette âpreté (1833).
Profondément distincte de ce qui tient aux passions personnelles, au milieu et comme au travers de leurs impressions, elle nous arrive plus désintéressée et plus pure, et ne nous parle que du beau, du sublime, de l’invisible. […] Le beau leur apparaît par lueurs, et les lueurs une fois passées, ils n’y songent plus. […] Ce n’est pas que le poète se forme du beau une image grossie et exagérée : bien au contraire, il nous semble intimement pénétré par instants des plus franches délicatesses de l’idéal. Mais, sensible et ardent comme il est, la vue d’une belle conception le met hors de lui ; il s’élance pour la saisir, et s’il ne l’a pas enlevée du premier coup à son gré, il revient sur ses traces, s’agite en tous sens et se fatigue longuement autour de la même pensée, comme autour d’une proie qui lui échappe. […] Elle a beau se donner essor : il n’est guère ici pour elle d’écarts à craindre ni de caprice à réprimer.
« C’était une femme grande, de belle taille et de bonne mine. […] Mariée à l’âge de 17 ans avec un homme riche, spirituel et fort répandu ; belle, spirituelle elle-même et bien élevée, sa société fut bientôt recherchée. […] Dans une lettre du 4 août 1677 à madame de Grignan, elle rapporte la réponse de son fils à quelqu’un qui doutait de la persévérance de la belle Sablière. […] Mais la tendresse, la passion, la distinction et la parfaite fidélité sont toujours dans le cœur de la belle, et quiconque dira le contraire aura menti. » La tendresse de madame de la Sablière n’empêcha pas l’infidélité de La Fare. […] Voiture l’ayant revue quelque temps après, assure qu’il l’a trouvée aussi belle que 40 ans avant ; si elle avait été belle 40 ans avant 1638, il faut qu’elle soit née au moins 15 ans avant 1638, c’est-à-dire en 1583.
Le premier de ces rayons, que du reste il ne vit pas luire, partit de l’œil bleu du plus beau et du plus intelligent des Valois, de ce François Ier qui un jour commanda à Marot une édition royale des poésies de l’échappé de Montfaucon. […] Il n’aura plus toute la saveur de son génie, de ce génie si profondément gaulois qui allait commencer cette belle lignée où l’on trouve Rabelais par en haut, Marot plus bas, Régnier, qui remonte pour arriver à La Fontaine et à Molière ; Boileau de quelques degrés au-dessous ; puis Voltaire, puis Béranger, qui l’aplatit, ce génie, et qui l’embourgeoise, mais dans lequel, pourtant, on peut le reconnaître encore ! […] Campaux a détordu les cordes du vieil instrument dont la sonorité nous fait tressaillir encore, et il a trouvé que ce qui les rendait si vibrantes, c’était, en fin de compte, les plus beaux sentiments que la poésie pût exprimer ! […] Jeune, fringant, avec son bicoquet à deux plumes sur l’oreille, sa courte tunique serrée à la taille, son branc d’acier battant ses mollets, c’est un des beaux fils de Callot et presque un de ses gentilshommes, — un gentilhomme du clair de lune ! […] Paris boucha tout à cet amant de la belle Héaulmière, qui avait tant cauponisé, comme dit Rabelais, ès tabernes méritoires de la Pomme-de-Pin .
La Correspondance qu’ils ont publiée — car leur livre s’appelle Sophie Arnould d’après sa correspondance — aurait dû les dégriser pourtant, ces grisés charmants qui voient en beau, quand ils sont gris. […] Ils ne discutent pas l’étrange puissance de Sophie Arnould sur une société qui avait des courtisanes plus belles qu’elle et tout aussi débauchées ; ils la prennent en bloc, cette puissance, et ils ne l’analysent pas. Pour ces amoureux des personnes et des choses du xviiie siècle, Sophie Arnould est peut-être jolie et même belle, malgré la laideur osseuse et mortifiée du portrait qu’ils nous en ont donné. […] … Il est véritablement incroyable que MM. de Goncourt n’aient pas vu une chose si facile à voir, — et cela est d’autant plus regrettable que, s’ils l’avaient vue et s’ils l’avaient dite, leur livre y aurait gagné au moins un accent de tristesse, qui l’aurait rendu plus éloquent et plus beau ! […] J’ai admiré, au commencement de ce chapitre, qu’il ait conservé son bel éclat de vie et de jeunesse, — car les livres sont parfois plus heureux que les hommes, — mais si, à cet éclat de jeunesse et de vie qui n’a point pâli, M.
c’est le plus beau sujet pour un poète. […] Avec les laboureurs, vous avez le plus beau poème didactique de l’Antiquité et vous pouvez avoir les plus charmants poèmes romanesques, comme les conçoit la tête moderne. […] Évidemment, l’esprit de l’auteur était hanté par les beaux sujets poétiques, et c’était là une supériorité dans ce temps. […] Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création. […] Non, certes, que la poésie ne pût ajouter à la beauté du fait qu’elle raconte et élever une réalité si sublime à quelque chose de plus beau encore que la mâle simplicité du récit : ce serait nier la poésie et l’art du poète que de le prétendre ; mais il fallait un poète qui eût la corde militaire ; et, il faut bien le dire, les cordes de la lyre de M.
Il n’y a pas ici un vers, un seul, de cette poésie qui va tout à l’heure déborder sur le monde comme le plus beau des quatre fleuves du Paradis terrestre, et qui nous l’a souvent apporté, le Paradis, dans les flots de son azur divin ! […] Jamais le Lyrisme n’est monté plus haut dans des vers plus beaux, et qui eussent ravi, en l’étonnant, Virgile lui-même, s’il les avait entendus ! […] Il resta, alors comme depuis, ce qu’il y a selon moi au monde de plus beau et de plus rare et ce qu’on n’avait jamais vu, du moins au même degré : — un grand poète sans littérature ! […] Faculté non de dupe, mais de poète, faculté enchanteresse et qu’il eut toujours, et non pas seulement dans ses vers, où la nature est plus belle que la réalité, mais dans la vie et même dans la vie politique, où sa nature de poète l’égara. […] Rentré en France, il allait entrer dans la célébrité, qui n’est belle que quand on est jeune, mais il venait de dépasser ces vingt-cinq ans regrettés de Byron et le livre finit tout à coup… Ce n’est que quelques pages où l’auteur n’est jamais, mais où il y a Lamartine et Lamartine tout entier.
Pour mieux montrer l’abjection de la Bohême littéraire, nous choisirons son plus beau cadavre. […] Seulement, pour cela, il lui eût fallu le bénéfice et le soutien d’une éducation morale quelconque, et l’on se demande avec pitié ce que fut la sienne, à lui, le fils d’une actrice et de l’aventure, dans une société qui a trouvé, un beau matin, les Mormons, au fond de ses mœurs ! […] dans ces Histoires extraordinaires, qui le sont bien moins par le fond des choses que par le procédé d’art du conteur, sur lequel nous reviendrons, et qui est, à la vérité, extraordinaire, il n’y a rien de plus élevé, de plus profond et de plus beau, en sentiment humain, que la curiosité et la peur, — ces deux choses vulgaires ! […] Ce spleenétique colossal, en comparaison de qui lord Byron, ce beau lymphatique, ne nous apparaît plus que comme une vaporeuse petite maîtresse ; ce spleenétique colossal, malgré l’infiltration morbide de son regard d’aliéné, a les lucidités flegmatiques et transperçantes du condamné qui se sait sur son échafaud. […] Dieu lui avait donné des facultés singulièrement belles, puissantes et rares ; il n’en tira point le parti qu’il en eût pu tirer.
Quoi qu’il en soit de sa théorie, la curiosité de M. de Lescure a voulu suppléer spirituellement au silence d’un grave historien moderne, qui n’avait rien oublié, dans le tableau du règne de Henri IV, que de parler de la belle Gabrielle ; l’omission était piquante2. […] Reçu avocat en novembre 1688, il prit sa profession très au sérieux, ne visa pas à être seulement un avocat élégant et beau plaideur comme Patru, mais voulut être et fut, en effet, un jurisconsulte appliqué, savant, un praticien habile et des plus consultés. […] Cette belle personne de l’âge de seize ans, qu’il se choisit pour se récréer la vue et pour s’entretenir avec elle lorsqu’il demeurerait seul, plutôt que pour aucun usage auquel il la pût appliquer, en ferait le principal ornement. […] Il a beau dire qu’il n’avait que ce dessein-là, il en devait prendre un autre. » Ni Le Duchat, ni Brossette ! […] Cela me fera peut-être lire des endroits que je n’ai jamais lus. » Voilà l’effet ordinaire des critiques contre Bayle et des critiques aussi contre Voltaire : elles vous renvoient à l’auteur critiqué, et vous voilà débauché par lui de plus belle.
Je ne l’avois jamais vue qu’à cinq ou six pas, et je l’avois toujours trouvée fort belle ; son teint me paroissoit vif et éclatant ; les yeux, grands et d’un beau noir, la gorge et le reste de ce qui se découvre assez librement dans ce pays, fort blanc. […] Agrippine, dans sa belle invective contre Néron, s’écrie que d’un côté l’on entendra la fille de Germanicus, et de l’autre le fils d’Aenobarbus. […] Le grand prêtre est beau, noble et terrible ; mais on le conçoit plus terrible encore et plus inexorable, pour être le ministre d’un Dieu de colère. […] Piccolos le croit (page 343), qu’il eût fourni à Racine le germe d’une des plus belles scènes, dans Andromaque également. […] Il nous paraissait qu’Athalie aurait été plus belle, s’il y avait eu les grandes statues dans le vestibule, le bassin d’airain, etc.
Croyez-vous que si nous voulions nous moquer des théologiens, nous n’aurions pas aussi beau jeu que vous, quand, pour amuser les badauds, vous faites plaisamment déraisonner les philosophes ? […] Combien d’âmes timides et pudiques la crainte de leur ressembler a reculées du beau ! […] qu’il serait beau de s’être laissé duper par elle ! […] Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que la connaissance et la réalisation du beau auront eu leur prix et que la science, comme la vertu, pose dans le monde des faits d’une indiscutable valeur. […] voilà de belles choses qui se fondent pour l’avenir. » Les grandes apparitions sont toujours accompagnées d’extravagances ; elles n’arrivent à une grande puissance que quand des esprits philosophiques leur ont donné la forme.
La dame a vu, dans le placement de son débiteur, une belle occasion de se rembourser. […] Ces beaux conseils manquant leur effet ; l’Étrangère met le feu à sa jalousie. […] Sans en être prié, il ajoute à ce beau récit toute sorte de vilenies accessoires. […] Vous diriez un pacha faisant lui-même son marché, au bazar, avec une belle Circassienne en vente. […] Il fait si beau !
Il avait une main des plus belles. […] Ce que je connais de votre esprit ce que j’ai pénétré de votre âme, a fait naître en moi des sentiments que vos yeux, tout beaux qu’ils sont, n’auraient jamais produits. […] Elle a beau réclamer, elle n’est plus libre. […] Elle était grande et d’une belle taille ; elle avait un beau front. […] La voilà dans son beau.
Voltaire nous donne là une belle idée du goût de ses contemporains. […] Il joignit à cette facétie l’aventure du musicien Mouret, qui avait fait une très belle marche pour un régiment suédois. […] « Je le trouve horriblement beau ! […] Les beaux récits de Racine sont plus beaux à la lecture qu’au théâtre ; ceux de Voltaire perdent beaucoup à être lus : ils ont besoin du prestige de la scène. […] Qu’un fils dise à son père, ou battons-nous, ou convenez que je suis votre fils, cela est singulier ; mais cela n’est ni beau ni très beau dans aucun pays.