/ 2301
2250. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Son résultat dernier, c’est que la vie intellectuelle consiste en deux procédés fondamentaux : l’un qui unifie, l’autre qui différencie ; l’un qui saisit les analogies, égalités, identités, l’autre qui s’attache aux oppositions et aux contrastes ; l’un qui assimile les impressions, l’autre qui les désassimile ; l’un qui consiste en une intégration, l’autre en une désintégration.

2251. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Nous l’avons montré ailleurs, il est inexact de se figurer la pensée dans un état de repos, attachée à une représentation fixe ou à un mot.

2252. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Le jeune professeur, devenu l’éloquent prédicateur, attachera toujours infiniment d’importance à l’art très précieux, mais très secondaire, de relever par l’ingéniosité du tour et la délicatesse de l’expression ce qui ne vaudrait pas autrement la peine d’être dit ; et nous, c’est pourquoi nous avons le droit de prêter quelque attention à ces bagatelles. […] M. le chancelier est chargé de la librairie, c’est-à-dire que c’est sur son attache que se donnent les privilèges ou permissions d’imprimer. […] Certainement, quand il le voulait, et tout mal élevé qu’il fût ou qu’il ait pris plaisir à se peindre, il avait dans les manières, à défaut de l’usage étudié du monde, cette politesse instinctive du geste, cette flatterie du regard, cette câlinerie de la conversation où les femmes reconnaissent d’abord ceux qui les aiment ; mais surtout, il avait cette sensibilité profonde, et par conséquent maladive, que peut-être elles apprécient par-dessus tout au monde, parce qu’il n’est pas de disposition qui leur livre plus complètement un homme, ni qui leur permette, aussi longtemps du moins qu’elles savent le retenir et qu’il s’attache, d’être plus souverainement les inspiratrices de ses résolutions, les maîtresses de ses actes, et l’âme même, si je puis m’exprimer ainsi, de toute sa conduite. […] Aussi bien, comme tous les improvisateurs, il excelle, au terme d’un long développement, après avoir tâtonné, pour ainsi dire, et laborieusement fouillé dans la confusion de ses propres pensées, à trouver tout d’un coup l’expression qui résume et qui grave, le trait qui s’enfonce dans l’esprit et y demeure attaché.

2253. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Deschanel rappelle un passage de Sainte-Beuve : « Lamartine est, de tous les poètes célèbres, celui qui se prête le moins à une biographie exacte, à une chronologie minutieuse, aux petits faits et aux anecdotes choisies… Il est permis, en parlant d’un tel homme, de s’attacher à l’esprit du temps plutôt qu’aux détails vulgaires, qui, chez d’autres, pourraient être caractéristiques… » De ce sentiment de Sainte-Beuve, M. de Vogüé nous donne, avec sa magnificence habituelle, la raison philosophique : « En quoi votre décomposition par l’analyse est-elle plus légitime que la création synthétique de la foule ? […] Et enfin :     J’irai, j’attacherai mon âme aux solitudes, J’écorcherai mes pieds dans des sentiers plus rudes.

2254. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Descartes admettait en ce sens que, lorsqu’une passion se produit en nous par suite d’une action extérieure, nous ne sommes pas condamnés à nous attacher aux pensées que cette passion provoque. […] Les uns, attachés à l’idée de continuité, sont enclins à conclure de l’identité de type à l’identité d’origine.

2255. (1929) Amiel ou la part du rêve

Amiel, Genevois attaché à Genève moitié par goût et moitié par force ; mais, en Monnier et Cherbuliez, le Genevois forain, que moitié par goût, moitié par illusion, emporte l’appel de Paris. […] Je mets un soin extrême à mesurer ces degrés, et à ne pas m’attacher… Et que m’importe ce que je sais bien ! 

2256. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

. — De la complexité des phénomènes physiologiques et des difficultés attachées à leur étude. — Applications des sciences physico-chimiques à la physiologie. — Applications de la physiologie à la médecine. […] Aujourd’hui, tout en reconnaissant l’exactitude des phénomènes généraux indiqués par les anciens, on attache une importance prédominante aux caractères qualitatifs des urines, et l’on a l’esprit immédiatement dirigé vers l’affection diabétique quand on trouve une personne dont les urines sont sucrées. […] Bouchardat lui-même, dans son dernier travail publié en 18523, a avoué qu’il ne tenait en aucune façon à ses théories, et qu’il attachait uniquement de l’importance à son mode de traitement, qui consiste, comme moyen principal, à supprimer dans l’alimentation des malades toute espèce de matière féculente et sucrée. […] Telles sont donc, Messieurs, les erreurs auxquelles on peut être exposé, quand on n’a pas le soin de s’attacher avant tout à connaître exactement les conditions physiologiques des phénomènes vitaux. […]   Si l’on bat le sang sorti du foie avec des verges, il ne s’y attache aucun filament.

2257. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

« Un livre n’est point moral ou immoral, il est bien ou mal écrit : c’est tout. » Je m’en tiens à cette définition qu’Oscar Wilde inscrivit dans la préface de son livre, et j’ajoute : « L’immoralité, c’est tout ce qui offense l’intelligence et la beauté. » Il faut lire Le Portrait de Dorian Gray, sans trop s’attarder à l’affabulation, belle quelquefois mais souvent indifférente et d’un romantisme banal ; il convient de s’attacher surtout aux idées ingénieuses dont il fourmille, aux sensations très spéciales qu’il analyse, aux multiples problèmes de morale individuelle qu’il soulève. […] Semblable au Guillaume Harlon de Suzanne, il est ce « nerveux que son cerveau dévore en l’exaltant, attaché à sa moelle par des liens de braise ». […] G…, voilà qui est explicite… L’autre jour, dans un de vos articles, vous disiez des Académies qu’elles étaient stériles, sans entourer cette opinion de faits ou de considérations qui la pussent justifier… Cela semblait plutôt une invective, et c’est toujours fâcheux… Maintenant, je trouve que ce qualificatif de stérile n’est pas suffisant… Cela me serait tout à fait indifférent que les Académies fussent stériles… Le malheur est qu’elles sont désastreuses pour le bien public… Et je vais vous le prouver… Avant les fondations académiques, il y avait toujours des hommes capables d’abnégation et de sacrifice, des hommes dévoués au bien public… C’est ainsi — excusez cette comparaison militaire — que les soldats d’un détachement marchent, sans hésiter, à une mort certaine, lorsque chacun est convaincu que, de sa mort, dépend le salut de toute une armée… C’est ainsi — malheureusement, du reste — que toutes les religions ont eu leurs disciplines, leurs apôtres et leurs martyrs… C’est ainsi que les œuvres d’Homère, de Moïse, des admirables poètes arabes — les plus grands poètes du monde, — de Mahomet… d’autres encore et encore d’autres, ont pu traverser des siècles et des siècles, parvenir jusqu’à nous, malgré l’absence d’imprimeries, la rareté et l’insuffisance des moyens de transcription, les difficultés de toutes sortes, et les persécutions actives, et sans que personne y attachât le moindre esprit de lucre, ou la vanité d’une récompense honorifique… Il suffisait à l’homme d’être convaincu que l’idée exposée par un penseur sur la place publique ou dans une réunion d’amis, que la beauté exprimée par un conteur de plein air, pussent être belles et utiles aux générations futures, pour que la pensée, le poème ou le conte fussent pieusement recueillis, et transmis de bouche en bouche, de pays en pays, de siècle en siècle, jusqu’au moment d’être fixés par des signes durables, éternels… Tenez, l’histoire Kepler, c’est à faire frémir… Kepler, ayant découvert la loi des mouvements planétaires, Kepler malade, sans ressources, mourant littéralement de découragement et de faim, trouva un éditeur, lequel, peu riche aussi, savait qu’il entreprenait une affaire commercialement désastreuse, mais ne voulait pas qu’une grande et utile découverte allât se perdre, comme tant d’autres, dans l’immense oubli des choses mortes… Eh bien !

2258. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Le vrai mensonge est sans but, sans utilité que d’affirmer un détachement supérieur ; il apparaît tel qu’une négation des liens qui attachent l’homme à la réalité ; par quoi il se rapproche de la poésie et de l’art dont il est un des éléments. […] Tout en frondant Rome, Port-Royal restait fort attaché au pape. La sympathie des protestants fut indirecte ; elle s’attacha aux Jansénistes, en haine des Jésuites.

2259. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Du pâté s’élance un crapaud qui s’attache à son nez et que rien ne peut en arracher. […] Le cardinal de Richelieu, en quête de littérateurs de talent pour les confisquer au profit de sa gloire (ce à quoi il n’a guère réussi), le choisit, bien qu’il fût encore fort jeune, pour se l’attacher, et s’il ne le fit pas admettre à l’Académie française, c’est que l’on n’y recevait que les hommes ayant leur résidence fixe à Paris, et que Rotrou refusa toujours de quitter Dreux, où il mourut à l’âge de quarante et un ans. […] On aimait alors beaucoup les ballets, il s’attacha à composer ce genre de pièce ; il y réussit, et pendant vingt années il exploita presque seul cette littérature facile et productive.

2260. (1902) La poésie nouvelle

Le vers des Complaintes, de l’lmitation de Notre-Dame la Lune et même des Fleurs de Bonne Volonté est, suivant l’habitude classique, basé sur le nombre des syllabes, et c’est une chose assez surprenante de voir combien Laforgue est attaché à ce principe, étant donné qu’il bouscule, d’ailleurs, le vers tout entier, au point de rendre souvent impossible à percevoir le nombre des syllabes qui le composent ; ainsi cet alexandrin :‌ Quel calme chez les astres ! […] Ensuite, c’est un des principes esthétiques auxquels Kahn attache le plus d’importance, de débarrasser le vers de tout ce qui n’est pas essentiel, par exemple de ce qui n’y serait pas, à proprement parler, expressif, mais explicatif plutôt. « En un art serré, dit-il, une technique bien comprise des vers, il faut éviter toute explication, toute parenthèse inutile ».

2261. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola en emprunta le langage, sut faire parler à son héros la langue brûlante qu’avaient connue Jean Gersen et les fanatiques du moyen âge : c’est un mérite bien plus qu’un plagiat  On sait toute l’importance qu’il attache aux détails précis, à la description exacte de tout ce qui fait ses héros.

2262. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Danremont, l’attaché plénipotentiaire près le roi de Hanovre, promenait un jour son fils, habillé en zouave.

2263. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

A propos de ce second exemple, Spencer est plus heureux : il remarque que le mot grande, placé au début, éveille les associations d’idées vagues et émouvantes attachées à tout ce qui est grand et majestueux : « L’imagination est donc préparée à revêtir d’attributs nobles ce qui suivra. » A la bonne heure ; mais ce qu’il en faut conclure, c’est que la place du mot dépend de l’effet qu’on veut produire et de l’idée sur laquelle on veut insister.

2264. (1886) Le naturalisme

Il est temps de nous attacher au roman, puisque c’est là que se produit le mouvement réaliste et naturaliste avec une rapidité extraordinaire. […] Il a rompu à la fois avec le pittoresque et avec les héros-symboles, pour s’attacher à la terre sur laquelle nous sommes.

2265. (1925) Portraits et souvenirs

Et ce fut ainsi qu’il vécut une vie double et singulière, ne se détournant de l’illusion magnifique qu’il poursuivait souverainement que pour sourire de ce que les hommes s’attachent à atteindre et pour les railler cruellement de leurs efforts plus vains que la vanité même du but qui les provoque. […] C’est pourquoi il prend soin d’accoupler ses notices et de les faire suivre de parallèles, à la façon de Plutarque, parallèles ingénieux où il s’attache à faire ressortir les différences de caractères et de méthodes de ces divers conquérants du bien d’autrui.

2266. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Des siècles et des siècles de routine héritée, de doctrine formelle et vide, de tyrannie et de soumission intellectuelle, de suffisance imperturbable et de docilité inepte, d’entêtement orgueilleux et féroce dans le faux, de profonde inintelligence des choses, consacrée et précieusement transmise en immuables formules ; bref, toute l’énorme sottise humaine semblait chanter un hymne triomphal dans ce magnifique couplet où l’éternel Pédant se peint lui-même en louant l’éternel Disciple. « … Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; mais c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire… Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion… Mais sur toute chose ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Cette page (relisez-la tout entière, je vous prie) est assurément une de celles qui donnent la plus haute idée de l’esprit de Molière. […] Et comme Jeanne continue, en présence de sa fille, à accabler Julie des plus durs reproches : « Ecoutez, maman, dit Christine ; je ne puis pas vous laisser accabler Julie… Ne croyez pas à un engouement de jeune fille… Je lui suis infiniment attachée… J’ai raison… J’ai pour moi l’autorité de papa… » Et Christine raconte que, quelques jours avant de mourir, son père, se trouvant seul avec elle, l’a serrée dans ses bras et lui a dit : « J’ai une recommandation à te faire… Ta cousine la religieuse a eu à se plaindre de moi, et je le regrette profondément… Je meurs en pensant beaucoup à elle… Si jamais tu crois la consoler en le lui disant, fais-le. […] Maurice Barrès s’amuse à prendre publiquement de sa santé dans Un Homme libre, et qui, sous une apparence de raillerie, exprime l’importance que le digne poète attache très sérieusement et très réellement à son précieux corps. […] Elle craindrait de paraître s’attacher surtout à ce qu’il y a de moins personnel dans les démonstrations d’amour, d’avoir l’air de tenir au plaisir plus qu’au bonheur et de préférer ce qu’elle reçoit à ce qu’elle donne.

2267. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Cette enquête cruelle, nous l’avons suivie inquiets et haletants, nous attachant à ces mêmes pistes auxquelles s’attache le fils qui s’est constitué juge. […] Les personnages même de troisième et quatrième plan, les plus insignifiants, nous intéressent et nous attachent. […] Sardou attache à celle de son caniche une casserole : M. 

/ 2301