La religion était au premier plan, mais n’excluait rien : le Dauphin lut Térence, pour apprendre à se garder des pièges de la volupté et des femmes. […] Il ne perdit pas un instant de vue qu’il ne formait ni un homme de lettres ni un savant, mais un roi : il apprit au Dauphin tout ce qu’un roi doit savoir, il lui présenta toutes les connaissances par le côté qui pouvait l’aider à faire son métier de roi. […] Jamais il n’apprit par cœur ses sermons. […] Le prédicateur a le geste rare, un mouvement de bras égal et monotone, la voix mélodieuse et uniforme, sans autre nuance qu’un peu plus de lenteur ou de rapidité dans le débit : les yeux sont clos ; la mémoire travaille pour représenter la suite du discours appris par cœur ; et parfois l’orateur reprend quelques mots pour ressaisir le fil qui lui échappe. […] A l’ordinaire, il improvisait, et ce qu’il pouvait y avoir de séduction, de tendresse, de grâce ondoyante et captivante, d’abondance d’idées et de sentiments, dans ces homélies familières qu’il « parlait » si inépuisablement, ses écrits et particulièrement ses lettres de direction peuvent nous l’apprendre.
Bref, elle accepte le rôle, et elle s’engage à l’apprendre et à le jouer le 31 décembre, et nous sommes le 21. […] Voici la route de Bellevue, et, sur cette route, nous rencontrons tenant par la main un joli enfant, la jeune fille, jeune femme aujourd’hui, que l’un de nous a eu, au moins pendant huit jours, la très sérieuse pensée d’épouser… et qui nous rappelle du vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu… On s’apprend les morts et les mariages… et l’on nous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Puis nous voilà dans la maison de santé du docteur Fleuri, causant avec Banville, et croisant dans notre promenade, le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… « … Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, au milieu de toute notre vie morte que le hasard ramène autour de nous et qui semble nous mener à une vie nouvelle, nous roulons, les oreilles et les yeux aux bruits et aux choses comme à des présages bons ou mauvais, et prêtant à la nature le sentiment de notre fièvre… En rentrant : rien. » Une semaine après, nous apprenions que notre pièce n’était ni reçue ni refusée, que Beaufort voyait un danger dans la mise à la scène de la petite presse… qu’il attendait. […] Nous écrivions donc en l’année 1867 la Patrie en danger que nous lisions au Théâtre-Français, sans la moindre illusion sur notre réception, mais pour apprendre aux autres directeurs de théâtres qu’il y avait chez nous une pièce, qu’à un certain moment ils trouveraient peut-être utile de jouer. […] Mais le matin de la lecture, sur l’annonce des journaux, nous recevions la visite d’une personne qui nous apprenait l’existence d’une marquise de la Rochedragon, d’une vieille femme qui souffrait de l’idée de se voir affichée, imprimée. […] Ma préface imprimée, j’apprends que la Nuit de la Saint-Sylvestre, une des deux pièces déposées par moi au Théâtre-Français, et que je réclamais il y a trois mois, vient d’être vendue en vente publique, le 26 mai, à la vente de M.
Ainsi périt cette femme qui avait tant de fois appris à Narcisse à se passer des ordres de son maître. […] Mais ce grand art dont Tacite fait l’éloge au moment même où il nous apprend que l’orateur fut sifflé, quel était-il donc ? […] XIV, cap. xv) : ni l’âge, ni la dignité, ni la naissance, ni le sexe, ne dispensent d’apprendre et d’exercer l’art des histrions. […] Je voudrais bien qu’on nous apprît ce que les censeurs de Sénèque auraient fait à sa place. […] Mais Agrippine apprit, avec le temps, qu’on ne travaille pas impunément à rendre son maître sot et méchant.
Il savait de l’Angleterre et de son gouvernement beaucoup plus de choses qu’on ne supposerait, et que Bolingbroke lui avait apprises durant plusieurs séjours que Duclos avait faits à sa campagne près d’Orléans. […] Duclos était à Naples quand il apprit la mort de sa mère, âgée de cent deux ans. Ses amis de Paris, connaissant sa tendresse pour elle et ne voulant pas attrister son voyage, se concertèrent avec sa famille pour la lui cacher et pour que cette mort ne fût point annoncée par la Gazette de France : mais Duclos l’apprit d’autre part et par la Gazette d’Avignon.
Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison. […] Henri III, qui avait appris à l’estimer, créa bientôt pour Jeannin une charge de président au même parlement, et il y fut reçu sans aucune finance le 14 mars 158135. […] Il pria le président Jeannin, comme sien ami et comme agréé de plus par le roi, de l’accompagner dans le voyage qu’il avait à faire à Paris où l’appelaient tous les siens : « Il s’y achemina dès lors, raconte le président, avec environ deux cents chevaux et mille ou douze cents hommes de pied, toujours en intention de se mettre en sûreté et à couvert par un traité ; mais ses troupes, qui étaient petites d’entrée, grossirent par les chemins. » Il apprenait en même temps que de tous côtés dans le royaume, au bruit de l’attentat de Blois, des levées et des mouvements se faisaient en sa faveur ; la pensée de soumission s’affaiblit alors et fit place, dès qu’il y eut jour, au désir naturel de la vengeance.
Vers le 20 janvier (1555) on apprit à Sienne que le marquis de Marignan faisait venir de Florence une artillerie complète pour battre la ville. […] On apprenait donc à Sienne l’arrivée d’une nombreuse artillerie amenée de Florence, et il fallait parer au découragement des Siennois qui provenait surtout de l’état de santé de Montluc et de la crainte de le perdre : « Que ferons-nous ? […] Les mestres de camp ne descendirent point, mais tous les capilaines descendirent et me vinrent embrasser la jambe, puis remontèrent à cheval et m’accompagnèrent jusqu’à ce que nous trouvâmes le marquis et le sieur Chiapin, qui pouvaient être à trois cents pas de la porte de la ville ; et là nous nous embrassâmes, et me mirent au milieu d’eux, et allâmes toujours parlant du siège et des particularités qui étaient survenues, nous attribuant beaucoup d’honneur ; même me dit qu’il m’avait beaucoup d’obligation, car outre qu’il avait appris beaucoup de ruses de guerre, j’étais cause qu’il était guéri des gouttes.
Racine ce que j’apprenais et le priai de former lui-même le langage que je tiendrais aux personnes qui m’en parleraient comme me croyant son ami. […] Vuillart reprend la plume, et après avoir rapporté une nouvelle intéressante (l’arrivée de la Bulle condamnant le livre des Maximes de Fénelon) qu’il avait apprise de l’abbé Renaudot dans la chambre même de Racine, il continue ainsi : « Il (l’abbé Renaudot) me laissa chez le malade parce que je voulus voir lever le premier appareil d’une incision qu’on lui avait faite la veille au côté droit, un peu au-dessous de la mamelle. […] On a un fragment de lettre de l’abbé de Vaubrun, sans date, mais qui paraît bien se rapporter à ce moment : « Je suis persuadé que vous serez tout à fait fâché d’apprendre l’extrémité de la maladie du pauvre Racine : il a une grande fièvre continue avec des redoublements, causée vraisemblablement par un abcès dans le foie ; il est sans espérance et quasi sans connaissance.
De là ces réimpressions sans nombre qui remettent sous les yeux ce que les générations nouvelles ont hâte d’apprendre, ce que les autres sont loin d’avoir oublié. […] Ce ne sont que nos efforts pour obtenir quelque chose, qui nous en apprennent la valeur. […] Son caractère ambitieux et sec parut se dessiner de plus en plus en avançant ; Grimm prétend qu’il était pédant et peu aimable ; il nous apprend que des mécomptes d’ambition lui troublèrent finalement la tête, au point qu’il se jeta par une fenêtre et se tua.
La lecture de Werther apprend à connaître comment l’exaltation de l’honnêteté même peut conduire à la folie ; elle fait voir à quel degré de sensibilité l’ébranlement devient trop fort pour qu’on puisse soutenir les événements même les plus naturels. […] L’étonnement que causerait l’idée de la mort à qui l’apprendrait pour la première fois, est peint avec une touchante énergie dans un chant de la Messiade. […] Peut-être fallait-il faire dire aux anciens ce qu’on voulait apprendre aux modernes, et rappeler le passé comme servant d’allégorie pour le présent.
L’Apologie de Naudé pour les grands hommes faussement soupçonnés de magie ne nous apprend pas grand-chose et cependant put de son temps exercer une véritable influence. […] Il n’y a là rien à apprendre en fait de vues et d’idées philosophiques et je ne conçois guère, je l’avoue, que le résultat d’une éducation complète soit de savoir par cœur La Bruyère, Massillon, Jean-Baptiste Rousseau, Boileau, qui n’ont plus grand-chose à faire avec nous, et qu’un jeune homme puisse avoir terminé ses classes sans connaître Villemain, Guizot, Thiers, Cousin, Quinet, Michelet, Lamartine, Sainte-Beuve. […] que l’Histoire universelle, objet d’une admiration conventionnelle, œuvre d’un théologien arriéré, pour apprendre à notre jeunesse libérale la philosophie de l’histoire !
Les disciples de Jésus nous apprennent, en effet, que le crime reproché à leur maître était la « séduction 1102 », et, à part quelques minuties, fruit de l’imagination rabbinique, le récit des évangiles répond trait pour trait à la procédure décrite par le Talmud. […] Son récit, en effet, est en parfait accord avec ce que l’histoire nous apprend de la situation réciproque des deux interlocuteurs. […] Pour ne pas sacrifier entièrement cette version, il aura mis bout à bout les deux traditions, d’autant plus qu’il savait peut-être vaguement que Jésus (comme Jean nous l’apprend) comparut devant trois autorités.
L’histoire nous apprend que le roi, qui était parti dans les premiers jours du mois de mai pour l’armée des Pays-Bas, prit Dinan le 29 et ne revint à Versailles que le 18 ou le 20 juillet. […] « Je suis étonnée de ce qu’on m’apprend de madame de Maintenon. […] Une lettre subséquente nous apprendra que la vérité qui était comme à Pomponne le 24 juillet, s’est répandue à Paris dans le mois suivant.
Le biographe ou plutôt le compagnon, l’introducteur assidu de Mme de Sévigné et de La Fontaine, avait participé à la fortune et au bonheur de de ces deux noms, il s’était fait des amis, et ce n’est pas sans un vrai sentiment de regret qu’on a appris que M. […] Où était-il alors ce professeur de rhétorique excellent, qui apprît à ses élèves à s’en passer ? […] Pascal, Retz ou La Rochefoucauld n’écrivent point comme La Bruyère, et la langue exquise et juste que Mme de Maintenon dans sa vieillesse apprend au duc du Maine ne se laisse confondre avec nulle autre nuance de la langue du même temps.
On apprit par cœur les beaux vers de Despréaux. […] Néanmoins, en le lisant, il apprit à modérer son fiel & son ardeur. […] Despréaux ayant été retenu, pour une extinction de voix, aux eaux de Bourbon, y manqua d’argent ; Boursault l’apprend, & lui fait accepter deux cent louis.
L’objection la plus répandue contre l’histoire de la philosophie est celle-ci : les philosophes, dit-on, feraient beaucoup mieux de nous apprendre ce qu’il faut penser que de nous apprendre ce que les autres ont pensé. […] Par ses travaux sur Proclus et sur Olympiodore, il a révélé l’école presque inconnue du néoplatonisme d’Alexandrie ; par ses travaux sur Abélard, il nous a ouvert le moyen âge ; par ses travaux d’éditeur, qu’il poursuit encore, il nous a particulièrement appris à recourir aux textes et aux sources, et il a discrédité à jamais les travaux de seconde main.
A-t-on jamais vu une seule nation (excepté les Abdéritains, peuple fou qui voulait rire) mettre sa jeunesse dans son sénat, demander leurs lumières à ceux qui n’ont rien appris, et leur expérience à ceux qui n’ont pas encore vécu ! […] Celui qui n’a pas changé n’a pas vécu, puisqu’il n’a rien appris. Celui qui prétend avoir tout su le premier jour est un homme qui n’avait ni raison de naître, ni raison de vivre, ni raison de mourir, car il n’avait rien à apprendre en naissant. […] J’appris laborieusement à improviser ; moins je parlais de mémoire, plus j’étais heureux dans mes répliques. […] Le public apprit à connaître mon nom.
Elle apprend aussi qu’il a beaucoup souffert et qu’il a l’esprit malade. […] Mais en même temps la vie lui a appris l’indulgence. […] Parce que, dans l’intervalle, il a appris à lire. […] Nous apprenons aussi que Henri est « un type très chic, très fort, un type qui ne s’épate pas. » Oh ! […] Une conversation de domestiques nous apprend que le duc est marié secrètement à la princesse de Rohan.
B. de Fouquières nous apprend dans un sujet sur lequel on croyait tout savoir ! […] Nous apprenons aussi que Chénier était, avec ses amis les Trudaine, des soupers de La Reynière, où il y avait compagnie amusante et fort mêlée, et c’est à cette rencontre que l’on doit de le retrouver, non sans quelque étonnement, mentionné et nommé dans les œuvres dernières de cet ignoble Rétif de La Bretonne.