Vivez, froide nature, et revivez sans cesse… Plus que tout votre règne et que ses splendeurs vaines, J’aime la majesté des souffrances humaines ; Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi. […] Le sujet d’Eloa, c’est le péché aimé par l’innocence, parce que, pour l’innocence », le péché n’est que le plus grand des malheurs. » Il n’y a donc, en définitive, de vrai et de précieux que l’amour : tout le reste est fausseté et ironie. […] — Une mélancolique et piteuse chanson, Respirant la douleur, l’amour et la tristesse. […] La profondeur de l’amour, pour Musset, se mesure à la douleur même que l’amour produit et laisse en nous : aimer, c’est souffrir ; mais souffrir, c’est savoir. […] Et, puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie, Il est d’une grande âme et d’un heureux destin D’expirer, comme toi, pour un amour divin104 !
Elle ne porte que sur l’amour, et sur celui qui n’a de commun avec l’amour vrai que le nom. […] S’agit-il enfin de l’amour pour la femme mariée ? […] On sait la parenté qui unit l’amour et la haine. […] Mais l’amour est le plus fort. […] Alors c’est son amour qui la tue ?
Leurs passions prédominantes, presque les seules, sont la vengeance, l’amour de l’orgie et les femmes. […] Aussi les plaisirs de l’orgie et ceux de l’amour sensuel (sans marque de pudeur) tendent-ils à dominer leur littérature. […] II. — Un autre trait des décadences, comme nous l’avons déjà dit, c’est l’amour exagéré de l’analyse, qui finit par être une force dissolvante. […] Tout se dissout alors, tout perd sa valeur pour l’analyste, même l’amour. […] Les amours de Daphnis et de Chloé sont fécondes, tendent à « promouvoir la vie », comme disent les Anglais ; les amours de boudoir sont stériles, tendent à ralentir, à altérer, parfois à détruire la vie.
Non pas qu’il ait le moins du monde une plate intention moralisatrice, mais parce qu’il a au plus haut degré l’amour de l’héroïsme, et que cet amour il sait le rendre sensible. […] qu’il me vienne un amour, un simple amour ! […] Délivré de son fol amour par le voyage et par la nature, il écrit ces strophes exquises et si fines ! […] Je t’aime au-delà de tout l’amour dont j’eusse couvert un simple fils des hommes sorti de mes entrailles. […] Tout l’accable ; il veut vaincre pour venger son amour et son orgueil.
Il n’écrit pas pour les rimeurs du jour ni pour les courtisans, dit-il, « qui n’admirent qu’un petit sonnet pétrarquisé ou quelque mignardise d’amour » qui n’a qu’un propos et qu’un ton ; mais il s’adresse aux « gentils esprits, ardents de la vertu ». […] Les Amours de Ronsard, qui succédèrent (1552), sont moins tendues que les premières odes, et offrent, malgré la monotonie, quelque agrément. Le poète dans ces sonnets imite habituellement Pétrarque, et par endroits avec fraîcheur et sentiment ; il y a des expressions heureuses, de ces images qui enrichissent la langue poétique : Sur le métier d’un si vague penser Amour ourdit les trames de ma vie. […] Il l’assouplit en effet, et dans les nouvelles Amours qu’il ajouta aux premières, dans les odes ou chansons qu’il y entremêla aux sonnets, il eut des notes où le feu, la verve et la facilité se font encore aujourd’hui sentir : « Quand j’étois libre, ains qu’une amour nouvelle, etc. » ; « Or que l’hiver roidit la glace épaisse, etc. » ; « Quand ce beau printemps je voy, etc. » Il y a plaisir ici et profit à le parcourir ; on est vraiment avec un poète. […] le temps non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame : Et des amours desquelles nous parlons, Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle : Pour ce aimez-moi cependant qu’êtes belle.
La scène touchante de l’Andrienne, qui est en récit dans l’exposition, cette espèce de déclaration publique involontaire de l’amour de la jeune fille éplorée, de Glycère pour Pamphile, aux funérailles de Chrysis, ne saurait se séparer de cette autre scène racontée par Pamphile lui-même à la fin du premier acte. […] pourquoi le laissez-vous faire l’amour, faire l’orgie ? […] « Querelle d’amants, recrudescence d’amour », dit-il. — « Le fond de l’amour, dit-il encore, ce n’est qu’injures, soupçons, colère, trêve et guerre, et puis l’on signe de nouveau la paix. N’essayons pas de porter la raison dans l’amour, pas plus que d’être sage dans la folie. » Que la scène entre son jeune homme Phédria et la courtisane Thaïs (dans l’Eunuque) vient bien à l’appui de cette doctrine ! […] Dans cette même comédie de l’Eunuque, le frère cadet de Phédria, l’aimable Chéréa, est bien l’image du naïf et bouillant jeune homme à son premier amour.
Il trouva créance chez un palatin, Georges Mniszek, qui le reçut en roi, et auprès de sa fille Marine, qui, apparemment séduite par l’appât de régner, répondit à son amour. […] Aujourd’hui on peut se demander si son amour de l’ordre, et sa ferme volonté d’introduire d’utiles réformes dans son pays, ne furent pas les motifs réels de la haine que lui vouèrent ses contemporains. […] La conclusion diffère en ce que, chez l’abbé Prévost, Manon finit par être touchée du dévouement de son chevalier et par s’élever à sa hauteur, tandis que Carmen, à partir d’un certain moment, sent se briser son féroce amour et n’aime plus. […] Dans Emmeline de même : cette vive, espiègle et rieuse personne, et qui pourtant a un cœur, se prend d’un premier amour de jeune fille, qui la rend mélancolique d’abord ; mais, sitôt qu’elle a aimé et qu’elle a épousé l’homme qu’elle aime, la gaieté revient : « Il semblait que la vie d’Emmeline eût été suspendue par son amour ; dès qu’il fut satisfait, elle reprit son cours, comme un ruisseau arrêté un instant. » Ne cherchez point chez M. […] Lorsque Gilbert s’avise d’aimer Emmeline, il est longtemps avant de s’enhardir jusqu’à s’avouer à lui-même son amour : Éloigné d’elle, un regard, un sourire, quelque beauté secrète entrevue, que sais-je ?
Mais déjà l’âpreté farouche des vieux ascètes s’atténuait d’amour et de suavité. […] Il avait commis le crime de parler d’amour à des jeunes gens. […] L’amour de l’alcool, père des songes, n’est qu’une forme particulière de l’amour du rêve, et j’ai vu des cabarets de village où l’on s’enivrait en conscience, sous la protection d’un crucifix. […] Nous sommes fatigués de ces histoires d’amour, où le cœur n’est pour rien. […] Il les a relues avec amour.
Le premier indiscret fut Sainte-Beuve lui-même avec son lamentable Livre d’Amour. […] Sainte-Beuve a médité avec amour. […] et partout le spectre de l’amour ! […] La foi, l’amour divin peuvent seuls, selon le poète, accomplir notre destinée. […] Dépouillé de foi et d’amour, le monde doit mourir.
Non, je ne vous conseille pas l’amour du prochain. Je vous conseille bien plutôt l’amour du lointain. « Plus haut que l’amour du prochain se trouve l’amour du lointain et de ce qui est à venir ; plus haut que l’amour de l’homme je place l’amour des choses et des fantômes. […] Ce n’est pas en vain que les hommes ont dans beaucoup de langues attribué la même dénomination à « l’amour » et à l’amour de Dieu. […] Le commandement de l’amour du prochain n’a été encore élargi par personne en commandement de l’amour du voisin.
Tristan Corbière : Les Amours Jaunes. […] Paul Verlaine : Amour. — Les Poètes maudits. […] Charles Le Goffic : Amour breton. […] Lucien Hubert : Rimes d’amour et d’épée.
. — L’Amour et le Plaisir (1865). — François Soleil (1866). — Portraits après décès (1866). — Physionomies parisiennes (1868). — Les Premières Représentations célèbres (1869). — Les Créanciers (1870). — La Lorgnette littéraire (1871). — Les Frères Chantemesse (1872). — Les Femmes qui font des scènes (1872). — Marie et Ferdinand (1873). — Panier fleuri (1873). — Gastronomie (1874). — Les Amours du temps passé (1875). — Scènes de la vie cruelle (1876). — Lettres gourmandes (1877). — Poésies complètes (1881). — Monsieur de Cupidon (1882) […] — Mon dernier né (1883). — L’Argent maudit (1884). — Petits mémoires littéraires (1885). — Oubliés et dédaignés (1886). — Les Amours du temps passé (1887). — De A à Z (1888). — Poésies (1889).
Soulié, Frédéric (1800-1847) [Bibliographie] Les Amours françaises (1824). […] — Le Comte de Toulouse (1835). — Le Conseiller d’État (1835). — L’Homme de lettres (1838). — Le Proscrit (1839). — Correspondance (1839). — Le Maître d’école (1839). — Diane de Chivry (1839). — Le Lion amoureux (1839). — Le Fils de la folle (1839). — L’Ouvrier (1840). — Un rêve d’amour (1840). — La Chambrière (1840). — Les Mémoires du Diable (1840). — Confession générale (1841-1845). — Le Maître d’école (1841). — Eulalie Pontois (1842). — Marguerite (1842). — Gaétan (1842). — Les Prétendus (1843). — Les Amants de Murcie (1844). — Le Château de Walstein (1844) […] Michaud Frédéric Soulié avait consacré ses loisirs à la composition de quelques essais poétiques qu’il publia à Paris sous le titre d’Amours françaises.
Les personnes pieuses du pays, confidentes de son penchant pour moi, faisaient des vœux charitables pour que l’amour achevât la conversion de l’esprit. […] La religion elle-même avait servi de manteau à l’amour. […] Ses Mémoires seuls, cet étrange et amoureux monument de son amour pour la comtesse d’Albany, méritent d’être recueillis et de survivre. […] Le reflet de l’amour est l’illumination du visage jusque dans l’ombre des années. […] Il avait beau avoir écrit cette parodie de l’amour intitulée Don Juan.
Laodice n’a-t-elle pas l’assurance continue de son amour ? […] Son amour des cimetières lui cache les berceaux. […] L’auteur nous laisse sur cette pensée que jamais le drame de l’amour, même de l’amour physique, ne sortira de cette longue exposition. […] Elle ouvre en toute ingénuité son cœur à cet amour, elle n’a point peur. […] Revenir à la poésie vivante, exprimer l’amour tout naïvement, un amour qui ne s’appellerait pas Éros, qui ne serait pas de marbre ou de pierre ?
Dieu, l’amour, la patrie sont les inspirations les plus habituelles des grands lyriques, parce que la religion, l’amour, la patrie sont les plus sublimes, les plus intimes ou les plus généreuses émotions de l’homme. […] L’amour est l’enthousiasme du cœur, la patrie est l’enthousiasme de la terre, mais la prière est l’enthousiasme de Dieu. […] Le fils du roi, Jonathas, s’attache au jeune berger de l’amour d’un frère, d’un amour de femme , dit la Bible, pour en exprimer la tendresse. […] À la fin, il cède à l’amour que lui avait inspiré Respha, jeune concubine de Saül, et il l’épouse. […] La souveraineté l’enivre, le sang l’allèche, l’amour le corrompt ; mais il ne perd point son génie poétique avec sa vertu ; il est à lui-même son propre barde.
Ses aventures d’amour sont racontées dans ses Mémoires avec gaieté et un naturel extrême. […] Ce même amour de la vérité, de la réalité historique et humaine ; lui fait retrancher toutes ces exagérations auxquelles on se laisse emporter si aisément en racontant les grandes actions où l’on a été témoin ou acteur. […] En l’année 1648, Bussy s’était lancé dans une singulière affaire, et qui n’avait pas peu contribué à sa réputation d’aventurier et d’audacieux en amour comme en toute chose. […] Je n’y ai ni maître ni maîtresse, parce que je n’ai ni ambition ni amour ; et j’éprouve, ce que je croyais impossible il y a deux ans, qu’on peut vivre heureux sans ces deux passions. […] Bussy, par un reste de mauvaise habitude, ne pouvait s’empêcher, même dans l’exil, dans la solitude, d’afficher ses amours et ses vengeances.
Le poète parle aussi d’amour à un vieux peuple chez qui l’amour est relégué au théâtre, parmi les décors et les machines. […] Peut-elle être honnête, a-t-on dit, et avoir un amour tout physique ? […] L’âme en songes de gloire ou d’amour se consume. […] des lettres d’amour qu’on relit quand on n’a plus d’amour ; et pourquoi on désire d’être un grand homme, et pourquoi gémit Atlas, le front battu par les orages, et inondé de sueur. […] Mais pourquoi donc voit-on tant d’amour charnel dans leurs contes ?