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473. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Plût à Dieu que Mozart, Raphaël et Milton nous eussent livré le secret de leurs inspirations ! […] C’est donc le rôle de Dieu que vous voulez prendre ? […] Il est encore si près de Dieu, qu’il ne sait quel nom donner à la joie nouvelle qui lui arrive. […] Mais Dieu le soutient et le sauve. […] Il révère la beauté comme l’œuvre de Dieu.

474. (1929) Amiel ou la part du rêve

Mais si Dieu l’eût seul écouté, le monde serait encore à faire. […] grand Dieu ! […] Dieu l’entend. […] Voilà les belles vocations, les clairs et droits appels de Dieu. […] Elle eut Dieu pour principal partage, et son Dieu calviniste aurait bien été le contraire du Dieu hégélien auquel s’arrêta Amiel, si Dieu tout court excluait les contraires.

475. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Mort, immortalité, Providence, optimisme universel, louanges de Dieu, spiritualisme platonicien et christianisme diffus : voilà dès les Premières Méditations les notions et les tendances qui fournissent la molle et vaste charpente de plusieurs poèmes. […] Le Père éternel, le Dieu consolateur, n’est pas : s’il y a un jour du jugement, ce sera le jour où Dieu viendra se justifier devant ceux qu’il a dévoués au mal par la loi de la vie. […] L’homme est plus grand que Dieu, car l’homme, au moins, peut se donner et mourir pour ce qu’il aime. […] Il lègue, fier et rasséréné, son œuvre à l’attention de la postérité, au moment même où il va s’en aller en Dieu ou au néant. […] Voilà bien la philosophie qui convient à la vie de Musset, plutôt que la banale religiosité de l’Espoir en Dieu.

476. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ce sont ensuite beaucoup de tours propres à cet esprit, où se peignent ses mouvements les plus naturels, et qui lui sont venus du sol même, de l’auteur de toutes les variétés du monde physique et moral de Dieu. […] Sa morale, c’est la volonté de Dieu qui châtie les péchés par les revers et qui fait réussir tous ceux qu’il veut aider. […] Avoit ce don de Dieu en son aspect, que oncques nul qui ennemy lui fust né le regarda, qu’il ne s’en contentast. […] Il reconnaît la main de Dieu dans cette chute si rapide de la maison de Bourgogne, et dans les emportements du dernier de ces grands vassaux qui depuis un siècle, tenaient en échec leur suzerain. […] Un progrès de plus de la langue, et on s’imaginerait lire Bossuet montrant le doigt de Dieu dans les chutes des empires et la disparition des peuples, et épouvantant la sagesse humaine de la fragilité de ses établissements.

477. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

grâce à Dieu s’écria Kondrate, l’incendie est surterrain. […] Rien n’est encore fait cependant, et grâce à Dieu ! […] Ne craignez-vous pas Dieu !  […] Du reste, Dieu le sait ! […] Lavretzky se mit, — Dieu sait pourquoi !

478. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

L’Examen de conscience philosophique rassemble sur l’univers connaissable, sur les infinis possibles, sur l’amour, lien ombilical avec la nature, sur l’excellence logiquement nécessaire du monde, sur Dieu, — ce Dieu fuyant, improbable, discuté et finalement admis comme après ballottage, — des idées que par ses dialogues, ses essais, préfaces, etc., on savait déjà être celles de ce penseur. […] Renan — et Dieu sait que ce n’est ni paresse, ni inintelligence — a philosophé en sceptique, moralisé en dilettante.

479. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

S’il falloit d’autres preuves des sentimens de M. de Montesquieu, nous n’aurions qu’à rappeler sa mort chrétienne & ses propres paroles à Madame la Duchesse d’Alguillon : La révélation est le plus beau présent que Dieu pût faire aux Hommes. […] de Montesquieu, qu’ils croyoient appartenir à leur Secte, ils auroient désiré pouvoir grossir leur Nécrologe du nom d’un Grand Homme, mort dans les sentimens qu’ils affichent ; mais il sera toujours vrai de dire que l’Auteur de l’Esprit des Loix, après avoir été abusé par une fausse sagesse, en est revenu à la véritable ; celle qui nous soumet à Dieu, fait respecter la Foi, & épargne aux hommes le scandale & l’indignation. […] Voilà pourtant l’Homme dont on a voulu faire un Dieu !

480. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il fut plein de résignation à la volonté de Dieu ; il l’aimait ardemment, ainsi que sa très sainte mère. […] Que Dieu le veuille ainsi ! […] Nous ne conspirons contre personne, encore moins contre le représentant de Dieu sur la terre. […] « À peine entré en possession de son titre, mon héritier fiduciaire, pour prévenir le cas possible (puisse Dieu conserver longtemps ses jours !) […] Les dons de Dieu lui parurent aussi sacrés que les titres des hommes, le nom de Cimarosa lui parut digne d’honorer la dernière pensée de Consalvi.

481. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Ce qu’il y a de sublime et d’immortel dans l’homme se réveille comme en sursaut, au bruit de toutes ces voix merveilleuses qui avertissent de Dieu. […] Rousseau envoyant (dans son Ode au comte de Luc, dont le mouvement lyrique est fort remarquable) un prophète fidèle jusque chez les dieux interroger le Sort ; et en trouvant fort ridicules les Néréides dont Camoëns obsède les compagnons de Gama, on désirerait, dans le célèbre Passage du Rhin de Boileau, voir autre chose que des naïades craintives fuir devant Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, accompagné de ses maréchaux-des-camps-et-armées. […] Qui peut calculer ce qui fût arrivé de la philosophie, si la cause de Dieu, défendue en vain par la vertu, eût été aussi plaidée par le génie ? […] Il ne sera jamais l’écho d’aucune parole, si ce n’est de celle de Dieu.

482. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

« Or, connaîtront cette grande révérence ceux qui se pourront apercevoir par quels termes ils témoignent la toute-puissance de Dieu, termes, dis-je, usités en tous endroits de la Sainte-Écriture, qui, au contraire, ont été laissés et méprisés de ceux qui les ont ensuivis. […] Quel est celui qui, oyant : Dieu a mis cela en ma pensée et Dieu l’a mis entre mes mains ! […] Dans ce temps de critique pointilleuse où l’histoire, cette riche draperie, s’effiloche sous le travail des ronge-mailles qui fendent en quatre chaque fil dont elle est faite, ce sera une originalité et un contraste qui auront leur ragoût, que cette vieille et toujours jeune histoire d’Hérodote contrastant, par le respect des traditions et le sentiment des choses divines, avec nos histoires contemporaines, qui mettent Dieu sous la remise et qui sont, elles, si jeunes et cependant si vieilles déjà !

483. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Auguste de Châtillon, que je vous présente, n’est, Dieu merci ! […] Et c’est difficile, car c’est le poids du siècle, et le génie seul est assez robuste pour pouvoir rejeter ce fardeau… Dans tout poète, il y a deux choses : ce que Dieu y a mis et ce que le monde, dont nous faisons partie, y ajoute. Quand le monde est à l’Idéal, aux profondes convictions, aux grandes choses, l’influence du monde sur le poète ne détruit pas le don de Dieu, cette originalité délicate qui est à la pensée ce que la pureté est au cœur. Mais lorsque les grandes choses deviennent plus rares, lorsque les convictions fléchissent et que l’Idéal s’est abaissé, alors tout est menacé du chef-d’œuvre de Dieu dans le poète.

484. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Non pas qu’il n’essaye, Dieu merci ! […] Que de tableaux attachants, fertiles pour l’âme en sainte espérance et en confiance infinie aux bontés de Dieu ! […] C’est là aussi une union sainte avec Dieu. Dieu et l’homme travaillant ensemble, cela est sublime. — Le mal paraît endormi ou vaincu. […] Dieu est ici ! 

485. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Cependant elle a, sans le dire, offert sa vie à Dieu pour qu’il ramène Raoul au bercail. […] Pour Dieu ! […] Si Gandrax se tue, si M. de Camors manque à l’honneur, il nous dit que c’est qu’ils ne croient pas en Dieu : nous voyons clairement, d’après le récit même de M.  […] Mais je ne pense pas qu’il ait jamais été nécessaire de nier l’existence de Dieu pour pécher avec une femme du monde ; et, si Gandrax s’empoisonne pour une rupture, c’est apparemment qu’il a la tête un peu faible. […] A coup sûr, si Mme de Campvallon ne se trouvait pas sur son chemin, s’il ne survenait pas dans sa vie un accident tout à fait extraordinaire, la moralité de Louis de Camors resterait fort au-dessus de la moyenne, quoiqu’il ne croie pas en Dieu : et alors que devient la thèse de M. 

486. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

C’est d’abord la mère qui l’emporte, en destinant son fils au service de Dieu. […] Sa conscience s’éclaire : « La simple honnêteté ne lui commandait-elle pas de sortir d’une Église, où il niait que Dieu pût se trouver ?  […] Dans le désert intellectuel où il s’épuisait à la poursuite de la Foi il eut conscience d’être lentement mangé, dévoré de Dieu. […] Et il tressaillait de bonheur, dans la lumière de Dieu… L’Église pouvait compter sur lui. »‌ Il est prêtre, et aussitôt les déceptions l’accablent, les troubles l’assaillent. […] » Sa vie n’est plus qu’une torture, il sent la terre se dérober sous ses pas en dépit de ses appels au Dieu qui s’obscurcit à ses yeux.

487. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Mais l’âme, toute divine qu’elle soit, n’étant pas Dieu et ne pouvant pas, comme Dieu, tirer d’elle-même son être et sa substance, se nourrit du monde extérieur et nourrit à son tour le monde extérieur d’elle-même. […] Dieu seul a pu créer et peut expliquer ce phénomène du sens immatériel contenu dans la parole matérielle ou contenu dans les lettres, signes hiéroglyphiques que la matière fait à l’esprit. […] Le beau, en un mot, c’est le rêve de l’artiste achevant par l’imagination l’œuvre de Dieu. […] À Dieu il faut un temple ; mais il n’y a que Dieu qui soit capable de créer un temple. […] Ces architectes convoquaient le peuple sous des forêts ou sous des feuillages de pierre ; leurs masses s’élevaient de terre vers le ciel comme des montagnes de marbre pour y faire descendre un Dieu.

488. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Ce serait un miracle que Dieu n’a pas fait. […] Puis tout à coup la pensée lui vint que s’il était parti l’année d’avant, Catherine serait aussi là pour prier et le redemander à Dieu. […] Ô Dieu, quelle mauvaise idée j’ai eue ! […] Dieu veuille qu’il entre une fois chez nous ! […] « Merci, leur criai-je ; que Dieu ramène votre fils ! 

489. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

On ne croit plus aux faits qu’il apporte dans ces mains qui portent Dieu, parce que ces mains sont bénies. […] Dieu lui a donné les deux gouttes de vie qu’il met aux doigts de tous les poètes, et qui leur ont valu leur nom. […] En ouvrant trop l’oreille au conseil, l’homme parfois ferme les yeux à la lumière que Dieu lui a mise dans la main. […] Eux comprirent tout de suite la grande valeur de l’auxiliaire que Dieu leur envoyait, et ils patronnèrent sa renommée. […] Si ce fut une douleur pour son âme, elle resta entre lui et Dieu.

490. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Et pour le définir lui-même dès à présent au moyen de La Fontaine et par l’idée qu’il nous en donne, citons ce qu’on lit à la dernière page de l’espèce de registre, assez peu intéressant d’ailleurs, qu’on appelle les Mémoires de Maucroix ; mais ce témoignage si simple et si naturellement rendu a bien du prix : Le 13 avril 1695, mourut à Paris mon très cher et très fidèle ami M. de La Fontaine ; nous avons été amis plus de cinquante ans, et je remercie Dieu d’avoir conduit l’amitié extrême que je lui portais jusques à une si grande vieillesse, sans aucune interruption ni aucun refroidissement, pouvant dire que je l’ai toujours tendrement aimé, et autant le dernier jour que le premier. Dieu, par sa miséricorde, le veuille mettre dans son saint repos ! […] — Un prélat, que Dieu bénisse ! […] Si Dieu, qui est le maître, m’eût voulu tirer d’ici, il eût fallu obéir avec toute la soumission dont j’étais capable ; mais je suis assez content de revoir le soleil, même d’entendre les carrosses qui me rompent la tête ; ombre, livres et petits repas consumeront ce qu’il plaira à Dieu qu’il me reste de vie, et un peu de griffonnage45 ! […] Ô mon cher, mourir n’est rien : mais songes-tu que je vais comparaître devant Dieu ?

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