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327. (1914) Boulevard et coulisses

Or, pour passer de l’état d’autrefois à l’état d’aujourd’hui, il fallait naturellement une série de crises. […] Des bourgeois qui, individuellement, sont raisonnables et propres, deviennent, à l’état de spectateurs, incapables de toute délicatesse. […] Une masse de spectateurs, dans cet état particulier, est essentiellement malléable, si on a soin de ne pas la heurter de front brusquement. […] Alors, une confusion délicieuse s’établit dans son esprit : c’est l’état où je me trouve en ce moment. […] L’état des sociétés actuelles les irrite, le passé leur fait horreur.

328. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

L'antique modestie des matrones romaines admirablement peinte en vers simples, fidèles, une grande et vraie connaissance de l’Antiquité ; à tout moment d’heureuses réminiscences ou même des traductions, mais heureusement amenées à l’état de moyens dramatiques. […] Dans cet état, incertitude, curiosité, engouement, on se pousse dans un sens, et si l’on n’y prend garde, cela devient sérieux : l’entraînement suit.

329. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Un abbé gentilhomme, philosophe par principes, ecclésiastique par état, l’interrogeait sur l’art de vivre en homme, et de concilier ses devoirs avec son mépris pour les préjugés, c’est-à-dire avec l’incrédulité à la mode. […] S’est-il du moins autorisé de quelques relations de voyageurs qui auraient trouvé ou inventé soit un individu isolé, soit quelques petits groupes vivant dans ce prétendu état d’innocence, antérieur aux sociétés ? […] Comment rester dans un état si déplorable ? […] Rousseau est forcé d’en convenir : « Que l’enfant sache seulement qu’il est faible et que vous êtes fort, et que, par son état et le vôtre, il est nécessairement à votre merci », La morale de la force remplace la morale de l’obéissance libre ! […] L’usage est que la mère prépare sa fille au changement d’état par lequel elle va passer ; une mère seule peut trouver dans sa tendresse et son respect pour son enfant la chasteté de langage qui sied à de telles confidences.

330. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Cet état mental survient, à un moment donné, sur un tableau pur et presque technique de peintre. […] Dans la demi-conscience de son état d’exaltation, qu’il sait trop visible, il se sauve sans répondre. […] L’état d’enthousiasme amoureux où il est se concentre sur Madeleine comme l’état d’enthousiasme poétique se précipite en strophes. […] C’est l’état dominical, peut-être l’état d’outre-tombe de l’âme ». […] Écrire pour les autres représenterait un état normal d’action, de précision, d’achèvement.

331. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

S’ils manquèrent de la politique du moment, ce fut positivement parce que cette politique instantanée ne leur avait jusqu’alors inspiré que du mépris ; mais les affaires les auraient formés, parce qu’elles ont seules la puissance de courber les esprits forts jusqu’aux considérations honteuses qu’exigent l’état et les intérêts d’une société presque en dissolution. Cette ressource a disparu pour la France ; et l’Ordonnance de dissolution du 5 septembre a plus fait sans doute qu’elle ne croyait faire. » Cette vue, on peut l’affirmer hardiment et d’après l’expérience, est fausse : il n’est pas exact de dire que l’état de mécontents, d’inactifs et d’émigrés à l’intérieur, entretenu et prolongé durant dix et quinze ans, ait jamais pu être une bonne préparation pour l’intelligence et le maniement des affaires publiques. […] quels étaient les auteurs de ces propositions ultra-royalistes et vraiment révolutionnaires, qui allaient pleuvoir coup sur coup, qui tendaient à tout remettre en question, les idées et les intérêts modernes, à constituer la société entière en état de suspicion, à aggraver toutes les peines, à proposer la peine de mort de préférence à toute autre, à substituer le gibet à la guillotine, les anciens supplices aux nouveaux40, à maintenir la magistrature dans un état prolongé et précaire d’amovibilité, à excepter de l’amnistie des catégories entières de prétendus coupables, à rendre la tenue des registres civils au Clergé, à revenir sur les dettes publiques reconnues, etc., etc. ? […] Le ministère lui-même en proposait de fort dures, mais selon lui indispensables, eu égard à l’état des choses et à la disposition des esprits.

332. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Le Parlement de Besançon, le Parlement ou Conseil souverain pour l’Alsace siégeant à Brisach, le Parlement de Metz avec adjonction d’une Chambre spéciale dite de réunion, se virent chargés de connaître de l’état des terres comprises dans l’étendue de leur juridiction, et d’en connaître au point de vue de la souveraineté. […] Dans les discours familiers que le sieur de Verjus pourra avoir avec les députés bien intentionnés de la Diète, Sa Majesté a jugé avec beaucoup de raison qu’il serait bon qu’en même temps que ledit sieur de Verjus s’expliquerait avec la hauteur et la fermeté nécessaires pour faire connaître au corps de la Diète qu’elle n’est pas pour rien changer aux ordres qu’elle a donnés, il fut en état de faire connaître que Sa Majesté garde toute la modération et toute la justice que l’on peut raisonnablement désirer d’elle. » Louvois, en donnant ainsi des ordres à un envoyé diplomatique, empiétait d’ailleurs sans façon sur son collègue M. de Croissy, qui avait succédé lui-même au trop mou et trop modéré Pomponne dans le département des Affaires étrangères : il faisait acte de dictature diplomatique. […] On n’entendait pas déclarer et fulminer en un rien de temps une réunion sommaire et en bloc à la Couronne, ce qui eût fait crier en Europe ; on devait y aller plus doucement et pas à pas : « Je vous prie, lui disait Louvois, de vous bien mettre dans l’esprit qu’il n’est point question d’avoir réuni en un ou deux mois à la Couronne les lieux que l’on croit être en état de prouver qui en dépendent, mais bien de le faire de manière que toute l’Europe connaisse que Sa Majesté n’agit point avec violence, ne se prévaut point de l’état de supériorité où sa vertu l’a mise sur tous les princes de l’Europe pour usurper des États, mais seulement qu’elle rend justice à des Églises dont les biens ont été usurpés, desquelles Églises Sa Majesté est demeurée protecteur et souverain, eu même temps que, par le Traité de Munster, l’Empire a renoncé, en sa faveur, à tous les droits qu’il pouvait y avoir… « Il faut donc se contenter de faire assigner à la requête des évêques, abbés, etc., les maires et échevins des lieux qu’ils prétendent leur avoir été usurpés par les ducs de Lorraine ou avoir été engagés par leurs prédécesseurs. […] Louvois écrivait donc à l’intendant, pour ne pas rester démuni de pièces dans son dire : « Il est important que si vous n’avez point fait d’impositions sur ce lieu, ou que vous n’en ayez pas gardé de copies, vous ne laissiez pas de m’envoyer des copies d’ordres et d’impositions faites sur la seigneurie de Traerbach et sur quelques autres lieux de la seigneurie de Sponheim, dont le roi est en possession, lesquelles vous daterez d’entre le Ier mai 1681 et le 10 juillet, et me les enverrez par le retour de ce courrier, avec cette lettre que vous me renverrez aussi en même temps, observant de faire en sorte que personne ne puisse avoir connaissance de ce que je vous mande. » Cela fait et les pièces réelles ou fictives obtenues, il était tout naturel que Louvois pût écrire à M. de Croissy, son collègue des Affaires étrangères, et qui ne voyait, de tout ce manège, que la surface : « Vous trouverez dans ce paquet les pièces nécessaires pour mettre M. de Crécy (le ministre qui représentait la France près de la Diète) en état de faire voir aux députés à la Diète de Ratisbonne que le roi a été en possession de Traerbach auparavant le 1er août 1681.

333. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Cette figure sévère et probe m’a paru à moi-même pouvoir offrir, dans son entière précision, le type de cette race d’hommes violents, emportés, chimériques, incomplets du moins, foncièrement honnêtes toutefois à l’état révolutionnaire, et devenus à la fin des instruments exacts, sûrs et pratiques sous une main habile, dans un Empire organisé. […] disait-il en prévenant les objections ; quelque précieux que soit à nos yeux l’état civil que nous venons d’obtenir et qui influe à divers égards sur notre état religieux, nos temples restent encore ensevelis sous leurs ruines. […] Au lieu de cela, il resta dans sa province, à la tête du parti du mouvement, le chef de la Société populaire de Montauban, qu’il chauffait en se chauffant lui-même, et se maintenant dans un état d’incandescence que tout, à l’entour, favorisait. […] C’est Mathieu Dumas qui, à l’occasion d’une mission militaire dont il fut chargé en 1790, a exposé dans ses Mémoires l’état de ces villes du Midi, les haines civiles, religieuses, partout aux prises et exaspérées. […] Ces hommes de talent et d’ambition qui, la plupart, depuis l’Assemblée législative avaient déjà tâté de la vie politique et étaient chaque jour en scène, avaient des engagements pris, des liaisons, des antipathies vives, des amis et des ennemis déclarés : lui, il arrivait sur le grand théâtre, à l’état abstrait, pour ainsi dire, neuf, pur du moins de toute prévention personnelle, et l’on peut dire qu’à cet égard il offrait table rase.

334. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Cette mimique est le langage naturel, et, si vous avez quelque habitude de l’observation intérieure, vous devinez à quel état intérieur elle correspond. […] Nous n’avons pas d’idées générales à proprement parler ; nous avons des tendances à nommer et des noms. — Mais une tendance prise en soi n’est rien de distinct ; elle est le commencement, le rudiment, l’ébauche, l’approche, plus ou moins pénible ou facile, de quelque chose, image ou nom, ou tout autre acte déterminé, qui est sa plénitude et son achèvement ; elle est l’état naissant de l’acte qui est son état final. — En fait d’actes positifs et définitifs, lorsque nous pensons où connaissons les qualités abstraites, il n’y a donc en nous que des noms, les uns en train de s’énoncer ou de se figurer mentalement, les autres tout énoncés et figurés. […] À cet égard, le langage des enfants est aussi instructif pour le psychologue que les états embryonnaires du corps organisé pour le naturaliste. […] L’une et l’autre sont limitées à cela ; la tendance consécutive à la première aboutit aux mots a bule ; la tendance consécutive à la seconde aboutit au mot coucou. — Un pareil état diffère beaucoup du nôtre, et néanmoins il n’y a là que des tendances analogues aux nôtres, éveillées de la même façon que les nôtres, correspondantes à des caractères généraux comme chez nous, mais à des caractères moins généraux que chez nous, bref aboutissant à des noms semblables de son et différents de sens7.

335. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

J’entends par ces idées tous les rapports de l’homme avec ses semblables et avec Dieu, selon l’état des sociétés et selon les religions. […] J’entends tous les états de l’âme, et ce qu’il y a de général dans ces états. […] Tel est l’état intellectuel de la France du xiie au xvie  siècle. […] L’homme n’est guère considéré que dans l’état théologique, pour ainsi dire ; tour à tour au niveau de l’ange, quand on regarde de quel prix il a été racheté ; ou au-dessous du néant, quand on le compare à celui qui l’a fait.

336. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Mais on ne sera sûr de n’avoir oublié aucune de ces conditions, que quand on aura décrit l’état de l’univers tout entier à l’instant t ; toutes les parties de cet univers peuvent en effet exercer une influence plus ou moins grande sur le phénomène qui doit se produire à l’instant t + dt. […] Ce que nous croyons savoir de l’état passé de notre globe, nous le déduisons de son état présent. […] Ainsi, en ce qui concerne l’origine de la vie, on peut conclure qu’il y a toujours eu des êtres vivants, puisque le monde actuel nous montre toujours la vie sortant de la vie ; et on peut conclure aussi qu’il n’y en a pas toujours eu, puisque l’application des lois actuelles de la physique à l’état présent de notre globe nous enseigne qu’il y a eu un temps où ce globe était tellement chaud que la vie y était impossible. […] Nous admettons par exemple que l’état des corps éloignés ne peut avoir d’influence sensible sur les phénomènes terrestres, et cela en effet semble s’imposer, mais il est des cas où le choix de ces circonstances pratiquement indifférentes comporte plus d’arbitraire ou, si l’on veut, exige plus de flair.

337. (1886) De la littérature comparée

En effet, Messieurs, il y a presque toujours eu état de guerre entre ce que je nommerai la littérature militante et la haute culture que représente l’enseignement universitaire. […] Taine peut dire : « La question posée en ce moment est celle-ci : étant donné une littérature, une philosophie, une société, un art, telle classe d’arts, quel est l’état moral qui le produit ? et quelles sont les conditions de race, de moment et de milieu les plus propres à produire cet état moral ? Il y a un état moral distinct pour chacune de ces formations et pour chacune de leurs branches ; il y en a un pour l’art en général et pour chaque sorte d’art ; pour l’architecture, pour la peinture, pour la sculpture, pour la musique, pour la poésie ; chacune a sa loi, et c’est en vertu de cette loi qu’on la voit se lever au hasard, à ce qu’il semble, et toute seule parmi les avortements de ses voisines, comme la peinture en Flandre et en Hollande au xviie  siècle, comme la poésie en Angleterre au xvie  siècle, comme la musique en Allemagne au xviiie  siècle. […] Permettez-moi de la considérer comme résolue : dès après l’Introduction à l’histoire de la littérature anglaise, on peut affirmer que la critique est constituée à l’état de science.

338. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’étaient les deux comtes de Stolberg, nourris de la fleur grecque et de l’esprit chrétien, philosophes et littérateurs éminents ; Jacobi, philosophe aimable, d’un sentiment délicat et pur ; d’autres encore moins connus ici, enfin une société douce mais grave : « Nous avons rencontré, écrivait-il à Mallet du Pan en avril 1798, de l’instruction et des vertus. » Dans une autre lettre à ce même ami alors réfugié à Londres, il a peint lui-même l’état calme et reposé de son âme en ces années d’attente, de conversation nourrie et de réflexion communicative : Il n’y a rien de nouveau en France, lui écrivait-il (24 juin 1798.) […] Dans l’état de décomposition extrême et d’épuisement où était la France avant le retour d’Égypte et le débarquement de Bonaparte, les partis royalistes s’étaient remis à espérer plus que jamais, et il leur semblait qu’il n’y eût plus à décider pour eux que la manière dont le roi rentrerait dans son héritage. […] Il commence par établir l’état vrai de l’opinion à cette date : On n’a jamais vu ni connu de république en France, dit-il. […] Tout a été détruit, tout est dissous : En cet état, il ne s’agit pas uniquement de rétablir, il faut régénérer ; il faut s’occuper des hommes encore plus que des choses, et créer, pour ainsi dire, un nouveau peuple. — Un libérateur, dit-il encore, doit donner des lois raisonnables, et non des lois de passion ou de colère. […] On trouvera dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, au tome II (2e série, p. 261), des Observations sur le droit civil français considéré dans ses rapports avec l’état économique de la société, par M. 

339. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

André disait à Étienne : Jean mon fils est le plus brave jeune homme qui soit à Florence et en Italie, et je pourrais lui donner un des plus riches partis de Florence dans notre état. […] « Pendant l’année que je restai avec lui, mes progrès furent si rapides, et je fis de si beaux ouvrages, que je voulus me mettre en état d’en faire encore de plus beaux. […] Et me regardant ensuite : Entre dans ma boutique, ajouta-t-il, et fais-moi voir ce que tu dis être en état de faire ; et en même temps il me chargea d’un bel ouvrage d’argent, commandé par un cardinal. […] C’était ma maudite flûte qui était la cause de ces retards ; mais je travaillai nuit et jour, et je fus bientôt en état de le lui montrer ; ce dont je me repentis ensuite, tant il avait la rage de le voir achevé. […] Cet homme était le premier de son état ; mais il aimait le plaisir et la joie : c’était le plus vieux par les années, et le plus jeune par la gaieté.

340. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

L’état bestial finit avec leurs courses vagabondes ; ils s’assurent d’un asile régulier, ils y retiennent une compagne par la force, et la famille a commencé. […] Mais peu à peu les états populaires se corrompent. […] Il ne sortit de cet état que pour s’apercevoir de sa mort prochaine, et, après avoir rempli le devoir d’un chrétien, il expira en récitant les psaumes de David, le 20 janvier 1744. […] Une seule anecdote montrera l’état de gêne où il se trouvait, et l’indifférence de ses protecteurs. […] Mais il sentit les inconvénients de cette méthode négative : d’ailleurs un revers de fortune l’avait mis hors d’état de faire des frais d’impression si considérables.

341. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Ainsi le veut notre état, transitoire je veux l’espérer, de décadence physique et morale. […] Le langage populaire traduit d’une •façon saisissante cet état d’exaltation ; de celui qui le subit, il dit naïvement : Il est parti. […] L’élément apollinien correspond à l’état de rêve, l’élément dionysien à l’état d’ivresse. […] C’est qu’elles ne sont parvenues jusqu’à nous qu’à l’état d’œuvres littéraires, de drames parlés. […] La musique lui paraît être tout particulièrement la spécification de l’état dionysien.

342. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

C’est pourquoi, si l’état du nerf change, l’excitant a beau être le même, la sensation change de degré, ou même de qualité. […] Mais le même élément cortical ne peut pas être à la fois dans deux états différents, ni partant produire à la fois deux actions différentes. […] Au contraire, pendant son règne momentané, celles-ci durent à l’état latent et confus. […] Beaucoup de ces serinettes ne jouent qu’un seul air, et, à l’état normal, leur manche ne donne qu’une seule impulsion, toujours la même. […] Grâce à cette correspondance, nous sommes en état de nous représenter plusieurs détails de la figure de danse.

343. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

La question de la bâtardise, la possession d’état de l’enfant naturel, la position que doit faire la législation à la fille-mère, toutes ces questions sont touchées dans L’Affaire Clémenceau avec une curiosité enfantino-frémissante ; et, quoiqu’elles n’y soient pas résolues, quoiqu’elles n’y soient agitées que comme l’enfant agite la boîte où il a mis des scarabées et qu’il colle contre son oreille pour les entendre qui remuent, on sent que la partie de son livre que Dumas fils estime davantage, c’est le remuement de ces questions… Du reste, ce côté inattendu et révélé dans le nouveau roman d’Alexandre Dumas fils ne l’a pas empêché cependant de rester parfaitement le fils de son père, même à propos de cette question du bâtard qui s’étend sous les pieds de tout dans son livre, et qui en est comme le sous-sol. […] Où, en effet, Antony poussait un cri de révolte contre un état de l’opinion dont on ne souffrait plus grand-chose déjà de son temps, Pierre Clémenceau écrit, du nôtre, des fragments de traité contre cet état entièrement assourdi et apaisé de l’opinion dont on ne souffre plus du tout.

344. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Sa mémoire était demeurée à l’état de religion, — faut-il dire de demi-remords ?  […] Dès qu’il commençait une leçon, je ne sais quel scrupule le prenait à la gorge : il était tout occupé d’atteindre une mesure, une exactitude qui appartient plutôt à l’écrivain qu’à l’homme de l’enseignement oral, et il n’avait plus rien de son charmant abandon ni de ses saillies, ou si les saillies venaient, c’était à l’état froid, à l’état de notes préparées. […] On m’assure que les parties de la renaissance sont dans un état assez avancé de rédaction pour permettre à M. de Loménie de les donner. […] Je vous connais jusqu’au fond, et c’est pour cela que j’ai une affection si véritable pour vous ; je juge peut-être mieux l’état de votre âme que vous ne pouvez le juger vous-même ; je sais que, si vous veniez ici, vous y vivriez dans un état d’agitation intérieure et profonde que rien ne pourrait dérober ‘a mes regards. […] — Je ne me sens guère en état de faire l’arbitre et de résumer le débat.

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