Je me souviens qu’à l’époque de ma jeunesse les professeurs de volonté abondaient. […] Mais ce n’est pas Balzac l’auteur de notre époque. […] Il y a des époques et des pays où la vitalité manque ; il y a des époques et des pays où la discipline de la raison se relâche. […] Notre époque n’est pas du tout positiviste : elle est mystique énormément. […] Elle emprunte des mots de toutes les époques ; elle forge des mots à l’aventure.
Mais on est moins en retard que jamais pour venir parler d’un homme avec qui la vogue, la popularité ou l’esprit de parti n’ont plus rien à faire, et qui est entré tout entier dans le domaine historique, ainsi que l’époque qu’il représente et qui est de même accomplie. […] Je sais la part qu’il faut faire au feu de la jeunesse, et lui-même, quand il revient, pour la raconter, sur cette époque, il semble parler de quelque excès que l’âge aurait tempéré et guéri. […] Ces pages, datées de Lagrange, méditées et tracées à une époque de retraite, d’oubli et de parfait désintéressement, loin des rumeurs de l’idole populaire, y gagnent en élévation et en étendue. […] Son rôle, ou plutôt l’absence de tout rôle, à cette époque du Consulat et de l’Empire, est dictée par un tact politique et moral des plus parfaits. […] Sieyès avait divisé sa vie politique depuis 89 en trois époques. « Durant toute la tenue de l’Assemblée législative jusqu’à l’ouverture de la Convention, il est resté complètement étranger à toute action politique.
Cela, dans notre époque de commune indifférence, a semblé extraordinaire. […] On cite toujours le dix-septième siècle, qui fut une époque privilégiée. […] C’est la tendance ordinaire de rabaisser l’époque présente. […] C’était l’époque des décrets. […] Ils ont eu peur de leur époque.
On attend le moment favorable pour faire connaissance avec ces visiteurs et l’on risquerait fort d’en rester sur cette intention si ne survenait enfin l’époque de l’année que nous appelons encore, par habitude, l’époque des vacances. […] C’est l’époque où M. […] J’en ai noté le détail à l’époque où il me le fit, et je crois n’y avoir rien retranché ni rien ajouté. […] Il y a parmi eux de très habiles gens et qui connaissent leur métier, mais l’époque ne leur est pas favorable. […] Il était, en effet, fort âgé et avait, à cette époque plus de quatre-vingts ans, qu’il portait allègrement.
J’avoue qu’elles me frappèrent trop peu à l’époque où je les entendis. […] On suit les époques de-son enfance, de sa jeunesse, de sa maturité, de sa vieillesse et de sa décrépitude. […] Peut-elle connaître aussi peu les faits, les époques et les écrivains qu’elle veut juger ? […] Il ne faut point s’en étonner : la religion chrétienne, à cette époque, semblait à tous l’objet le plus important. […] Il y vante trop seulement les poètes anglais ; mais c’était à cette époque la manie universelle.
C’était l’époque où M. […] A l’époque où le roi Amédée quitta le trône d’Espagne, Barbey écrivait au Figaro. […] … » On sait le rôle qu’il choisit dans la tragédie de son époque. […] Ce ne sont pourtant que des aventures comme il s’en est rencontré à toute époque. […] Ses chefs-d’œuvre furent presque tous composés durant cette époque.
À l’époque où naquit le poète son fils Horatius Flaccus était affranchi, c’est-à-dire libre et entré dans les rangs de la bourgeoisie romaine. […] Horace, à cette époque, penchait par imagination vers les sceptiques, par vertu vers les stoïciens ; les derniers républicains étaient stoïciens ; c’est par vertu qu’ils voulaient mourir pour conserver l’ancienne liberté romaine, mère des vertus. […] C’est l’époque où il aima d’un amour plus sérieux la belle Syrienne Néère, à peine arrivée à Rome et encore naïve comme l’innocence, jetée au milieu des embûches de la corruption. […] Le grand historien Salluste, célèbre à la même époque par ses débauches, par ses richesses et par les magnifiques jardins qu’il avait plantés pour le peuple sur une des collines de Rome, inspira à Horace une satire acerbe. […] Il cherchait à consoler le monde romain de sa liberté perdue par la gloire des lettres : la familiarité des poètes, qu’il recherchait, le groupe éclatant d’hommes de génie dont la fortune avait doté son époque, éblouissaient et charmaient l’Italie.
Voltaire en profite pour montrer la supériorité théologique de l’Inde et de la Chine, à la même époque, sur les superstitions de Rome et de la Grèce. […] « À ces ouvrages ajoutons six livres de la République, écrits à l’époque à laquelle je tenais les rênes du gouvernement de l’État ; question immense, intimement liée à la philosophie et largement traitée par Platon, Aristote, Théophraste et toute la famille des péripatéticiens. […] quelle autre fonction pourrions-nous exercer, et plus élevée, et plus utile à la république, que celle qui consiste à instruire et à former la jeunesse, à une époque surtout où les mœurs de cette jeunesse se sont tellement relâchées qu’il est de notre devoir à tous de la contenir et de la guider ? […] C’est à la même époque qu’il écrivit le livre intitulé du Destin. […] On voit que ce problème éternel de la toute-puissance de la providence divine et de la liberté morale de l’homme agitait, dès cette époque, l’esprit humain, comme il l’agite encore de nos jours.
Je fis cette maladie au printemps de 1774, et je me trouvais en convalescence à l’époque de la mort de Clément XIV, ainsi qu’au commencement du conclave dans lequel Pie VI fut élu. […] La pension dont j’ai parlé plus haut cessa de m’être payée à l’époque de l’invasion de Ferrare par les Français. […] Ce fut une époque de grands désastres généralement pour tous, à cause de la révolution sans pareille qui éclata en France vers la moitié de cette année, et qui se répandit comme un vaste incendie dans l’Europe entière et même au-delà. […] Si le labeur produisait de grandes fatigues à une certaine époque, il était compensé par de nombreux mois de vacances et de repos. […] Avant cette époque, je n’étais jamais allé au palais Braschi, si j’en excepte trois ou quatre visites d’étiquette en habit de prélat et confondu dans la foule, pour l’anniversaire de l’élection du Pape.
Ce noble plaisir populaire du théâtre est inconnu par sa nature aux époques de barbarie ou même de jeunesse des peuples. […] Tout concourait, depuis cent cinquante ans, dans la religion, dans la politique, dans les armes, dans l’éducation publique, dans la direction des lettres et des arts, à élever la France à une de ces époques de civilisation, de gloire, de paix, de loisir et de luxe d’esprit où les nations font halte un instant, comme le soleil à son zénith, pour concentrer tous leurs rayons en un foyer de splendeur active et pour montrer au monde ce que peut être un peuple parvenu à sa dernière perfection de croissance d’unité et de génie. […] Ce fut l’époque de sa conversion ; elle fut opportune pour sa faveur auprès du roi, mais elle fut sincère devant Dieu et efficace pour la réforme de ses mœurs. […] Le discours qu’il prononça à l’époque de sa réception à l’Académie française ne fut qu’une harangue vulgaire et mal balbutiée. […] La cour était à cette époque très lettrée ; et la plupart de ces jeunes personnes étant destinées, par leur naissance ou par leur mariage, à vivre à la cour, les lettres saintes et profanes, les arts d’agrément et principalement la déclamation théâtrale des plus beaux vers de la langue, entraient dans ce plan d’éducation.
Le comte de Grammont fut l’original de ces esprits fins, légers, futiles, inconsistants, mais cependant justes, sensés, exquis, dont notre littérature de passe-temps a eu depuis cette époque tant de copies. […] L’époque de la Fronde, où les partis, déjà à demi-désarmés se combattaient avec la plume autant qu’avec l’épée, fournit à l’esprit aiguisé plus que malin de Saint-Évremond l’occasion de railler spirituellement et gracieusement ses adversaires. […] Nous l’aperçûmes à cette époque une ou deux fois nonchalamment étendu dans l’ombre, le coude sur un coussin, la tête supportée par sa main sur un divan du salon obscur de Nodier. […] Après cette époque et pendant le Consulat et l’Empire, il y avait eu une lourde et froide littérature de collège qui semblait vouloir faire de nouveau épeler à un peuple adulte l’alphabet classique de sa première enfance. […] Le savoir-faire dans une petite faction gouvernante et le savoir-vivre dans les fils de cette oligarchie dorée, étaient les seuls mérites appréciés dans les gymnases de cette époque en possession du sceptre et du comptoir.
On a constaté que des circonstances peu importantes en apparence, telles qu’une quantité d’eau plus ou moins grande à quelque époque particulière de la croissance, peuvent déterminer la stérilité ou la fécondité d’une plante. […] — Les habitudes ont aussi une influence marquée sur des plantes transportées d’un climat sous un autre à l’époque de la floraison. […] Mais les maladies ou infirmités héréditaires et quelques autres faits me font penser que la règle a une plus large extension ; et que, même lorsqu’il n’y a aucune raison apparente pour qu’une modification particulière survienne à un certain âge, cependant elle tend à revenir chez le descendant à la même époque où elle était apparue chez l’ancêtre. […] L’époque à laquelle le plumage atteint sa perfection varie de même, ainsi que le duvet dont les petits nouvellement éclos sont revêtus. […] Peut-être parce que cette espèce s’était déjà perpétuée pendant très longtemps sans variation, avant l’époque où elle a été soumise au pouvoir de l’homme.
À toutes les époques et sous tous les régimes, il y a ainsi, dans les jeunes générations, des chefs de file qui se concertent, se préparent à l’avance et se croient nés pour arriver au pouvoir. […] Dès les premières pages, il nous rend bien le caractère général de cette époque, ce qu’il a appelé le « caractère sexagénaire » du siècle. […] En général, c’est un mérite de M. de Meilhan, il ne parle de Louis XIV et de cette époque qu’avec respect et en connaissance de cause ; dans un parallèle entre Louis XIV et Henri IV, il ose, malgré l’engouement de l’opinion, donner la préférence au premier ; il parle de Mme de Maintenon sans l’injurier jamais et, au contraire, en l’admirant. […] Nul plus que lui n’a le sentiment d’une époque usée.
Par Saint-Amant, ce guide de joyeuse humeur, il se mit à entamer la lecture des autres poètes et écrivains de l’époque de Louis XIII, et depuis quelques années il n’a cessé de s’en occuper et de travailler à les faire connaître. […] Saint-Amant et Théophile sont de vrais poètes ayant verve, mouvement et une sorte d’originalité ; ils se distinguent entre tous ceux de cette époque intermédiaire (j’excepte bien entendu Rotrou et Corneille, par nobile fratrum, dans l’ordre des auteurs dramatiques). […] Lié avec tous les beaux esprits de l’époque, Saint-Amant fut un des premiers membres nommés par l’Académie française : il demanda et obtint d’être exempté de la harangue d’usage, « à la charge qu’il ferait, comme il s’y était offert lui-même, la partie comique du dictionnaire, et qu’il recueillerait les termes grotesques, c’est-à-dire, comme nous parlerions aujourd’hui, burlesques. » C’est Pellisson qui parle. […] Pour moi, qui me réserve de faire un choix sévère dans cette masse de poésies, ma simple conclusion sera : relisons ces livres du passé, connaissons-les bien pour éviter les jugements tout faits et nous former le nôtre, pour nous faire une juste idée avant tout des mœurs et des modes d’esprit aux diverses époques ; soyons comme les naturalistes, faisons des collections ; ayons-les aussi variées et aussi complètes qu’il se peut, mais ne renonçons point pour cela au jugement définitif ni au goût, cette délicatesse vive : c’est assez que nous l’empêchions d’être trop impatiente et trop vite dégoûtée, ne l’abolissons pas.
Quel rôle pour de jeunes esprits intelligents, et (j’ose le dire à mon tour) pour des esprits généreux, qui, laissant là les questions secondaires de mécanisme et se dégageant des formules, embrasseraient dans sa vérité leur époque entière, pour étudier, en l’acceptant, tout ce qu’elle contient ! […] Lui, venu plus tard, il a rapproché de beaucoup l’objet de son rêve : c’est l’époque de la Restauration et celle de Louis-Philippe qu’il embrasse avec prédilection dans ses regrets, et qu’il confond presque dans une admiration commune ; il les aime pour le régime de publicité, de tribune, de libre discussion qui y régnait, et où chaque opinion comme chaque talent trouvait son compte. Ceux qui ont parcouru ces époques et qui croient les juger sans amour et sans haine ne laissent pas d’être étonnés de cet enthousiasme un peu vague, de cette admiration un peu confuse et indistincte de la part d’un esprit aussi juste : car enfin toutes ces années, déjà anciennes, ne se ressemblaient pas ; ces régimes, à les prendre dans le détail et à les vivre jour par jour, étaient fort différents entre eux, et il y a eu bien des moments. […] Mais cette époque si féconde, ce régime tant regretté, quand y aurait-il pris le rang qu’il mérite sans doute et qu’il aurait pu ambitionner ?
Biot, rétabli, se retrouve peu après en qualité d’élève, et des plus zélés, à l’École polytechnique, une belle fondation de la Convention délivrée, et qui, avec l’établissement de l’École normale, honore à jamais le génie de cette première époque restauratrice, où l’esprit humain revenu à peine d’une terrible oppression n’avait pourtant rien perdu encore, comme cela se vit plus tard, de sa hardiesse et de sa grandeur. […] Quand un homme atteint à ces dernières limites de la vie humaine, il a traversé et enterré plus d’une époque. […] Biot, je la diviserais en quatre ou même en cinq périodes : la première, comprenant toute sa jeunesse, ses études d’École polytechnique, et les années qui suivirent, jusqu’à son entrée à l’Académie des Sciences en 1803 ; — la seconde, depuis 1803 jusqu’en 1822, époque où Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie à la place de Delambre (je dirai pourquoi cette nomination de Fourier fait époque dans la vie de Biot) ; — la troisième, durant les dernières années de la Restauration et jusqu’à l’avènement d’Arago au secrétariat perpétuel, en remplacement de Fourier ; — la quatrième, sous ce règne et cette dictature d’Arago ; — la cinquième, dans sa vieillesse heureuse et délivrée.
Solar l’appela à Paris quand il fonda l’Époque, cette feuille immense pour le temps. De l’Époque, après le naufrage, il fut recueilli au journal la Presse, et, dès lors, on le vit un peu partout ; romans, nouvelles, feuilletons de théâtre, articles de critique, il ne se refusa rien : Le principal étant de vivre, Fidèle au : « Tel père, tel fils », Ma ressource devint le livre ; Mon père en vendait, — moi, j’en fis. […] J’en distingue un sur M. de Jouy, qu’il avait écrit dans l’Époque, au moment de la mort du digne académicien ; il en parle bien, sans l’écraser. […] N’hésitons pas à le reconnaître : il est presque impossible au critique, fût-il le plus modeste, le plus pur, s’il est indépendant et sincère, de vivre en paix avec le grand poëte régnant de son époque : l’amour-propre du potentat, averti sans cesse et surexcité encore par ses séides, s’irrite du moindre affaiblissement d’éloges et s’indigne du silence même comme d’un outrage.
La raison en est manifeste : ces grands individus, venus à des époques très-éclairées, se sont trouvés de toutes parts entourés et suivis de récits exacts, circonstanciés, de mémoires, de commentaires. […] Quinet, il est vrai, dit à merveille dans sa préface : « L’époque la plus riche assurément que l’histoire romaine ait présentée à l’épopée est celle où le monde antique parvint à sa plus haute unité sous la puissance du premier des Césars. […] Toutefois, Français de la tradition grecque et latine rajeunie, mais non brisée, ami surtout de la culture polie, studieuse, élaborée et perfectionnée, de la poésie des siècles d’Auguste, et, à leur défaut, des époques de Renaissance, le lendemain matin qui suit le jour de cette lecture, je reprends (tombant dans l’excès contraire sans doute) une ode latine en vers saphiques de Gray à son ami West, une dissertation d’Andrieux sur quelques points de la diction de Corneille, voire même les remarques grammaticales de d’Olivet sur Racine ; et aussi je me mets à goûter à loisir, et à retourner en tous sens, au plus pur rayon de l’aurore. le plus cristallin des sonnets de Pétrarque. […] Antiquaire par son érudition allemande, poëte et philosophe par ses vues profondes et intimes sur l’histoire de l’humanité, familier avec les idées des Niebühr et des Gœrres, épris de l’imagination pittoresque de l’auteur de l’Itinéraire, il aborde la Grèce et l’interroge par tous les points, sur son antiquité, sur ses races, sur la nature de ses ruines, sur les vicissitudes de ses États, sur ses formes de végétation éternelle ; il saisit, il entend, il compose tous ces objets épars ; il les enchaîne et les anime dans un récit vivant, fidèle, expressif, philosophique ou lyrique par moments, selon qu’il s’élève aux plus hautes considérations de l’histoire des peuples, ou selon qu’il retombe sur lui-même et sur ses propres émotions ; c’est une œuvre d’art que ce récit de voyage : le sens historique et le sens des lieux y respirent et s’y aident d’un l’autre ; l’harmonie y règne ; le souffle du dieu Pan y domine ; l’interprétation du passé, depuis les époques cyclopéennes et homériques jusqu’à la féodalité latine, y est d’un merveilleux sentiment, et elle pénètre de toutes parts dans l’âme du lecteur, sinon toujours par voie claire et directe, du moins à la longue par mille sensations réelles et continues, comme il arriverait à la vue des ruines mêmes et sous l’influence du génie des lieux.