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32. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La reine, qu’on avait retournée, faisant un dernier effort, venait elle-même de retourner le roi. […] Bailly avait présenté au roi les clefs de la ville, en lui faisant un petit discours très respectueux, fort bon, auquel le roi répondit qu’il se verrait toujours avec plaisir et confiance dans sa bonne ville de Paris. […] Il n’y a à Paris que le roi, la reine, Monsieur, Madame, les enfants et moi. […] Voilà encore nos espérances toutes renversées de ce côté ; le roi est indigné, et moi désespérée. […] Voilà ce que le roi ne voudra pas croire ; je l’ai vu hier fort irrité.

33. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Triboulet hait le roi parce qu’il est le roi, les seigneurs parce qu’ils sont les seigneurs, les hommes parce qu’ils n’ont pas tous une bosse sur le dos. […] Sur Triboulet fou du roi ? […] Ce même roi que Triboulet pousse au rapt, ravira sa fille à Triboulet. […] Ainsi Triboulet a deux élèves, le roi et sa fille, le roi qu’il dresse au vice, sa fille qu’il fait croître pour la vertu. […] On peut faire, même à un roi, une guerre généreuse.

34. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

D’Antin fût présenté au roi le lendemain 4 ; le roi fut bref avec lui ; d’Antin ne pouvait que lui rappeler une idée désagréable, c’est qu’un autre l’avait précédé. […] » Il fallut bien des années à d’Antin pour vaincre cette indifférence glaciale du roi à son égard, et qui était son secret tourment. […] Le flatteur du peuple, en quoi, je vous prie, diffère-t-il du flatteur du roi ? […] Le roi se promena, visita le parc, loua tout, hors une belle allée de marronniers qui masquait la vue de sa chambre. […] Le roi ayant dirigé sa promenade de ce côté, renouvela sa remarque ; d’Antin dit que le roi n’avait qu’à ordonner à la forêt de disparaître, et qu’il serait obéi.

35. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

Le Roi chez la Reine ! […] Eh bien, le Roi n’y faisait absolument rien !… et tout le monde voulait absolument que le Roi y fît quelque chose. […] Le Roi chez la Reine ! […] Et tout est bien encore pour y faire aller le Roi !

36. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Dès que le roi eut pris son parti, il eut la délicatesse d’en faire honneur au maréchal et lui écrivit en ce sens. […] Le roi fait de même ; et, s’il arrivait que quelque chose lui déplût, qu’elle s’adresse directement au roi : il la conseillera et la conduira très bien. […] Après cela, j’aime le roi, et je dois exécuter ses ordres. […] J’espère que ce que vous désirez réussira (le mariage) ; le roi vous en dira plus long que moi. […] Celui des affaires étrangères est si bête que le roi en est honteux.

37. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce qui échappait à l’Église tombait sous le glaive du roi, et ce qui s’insurgeait dans son cœur contre le roi tombait sous l’excommunication de l’Église. […] Il ne voulait qu’un seul grand, le roi, et c’était lui qui était le roi sous sa pourpre. […] Un mariage secret mit en repos la conscience agitée du roi. […] Un roi qui me protège, un roi victorieux, A commis à mes soins ce dépôt précieux. […] Jamais la politique ne s’insinua au cœur des rois dans un si divin langage.

38. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Il n’y avait d’assis que le roi et M. de Saint-Pol d’un côté de la table, et en face d’eux l’amiral. Le Dauphin (qui sera Henri II) était debout derrière le fauteuil du roi son père. […] Le roi, cependant, souriait de la figure animée et du tourment visible de Montluc. […] C’est tout à fait le cas pour ce discours qu’il prononce en présence du roi et de tout le conseil. […] et qu’il en obtiendrait une bonne rançon ou une récompense du roi.

39. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

On dit qu’il est méchant : et qu’importe au roi que l’on soit méchant ? […] Le roi remercia Villars et n’accepta point. […] Le 3 juin, il était en vue de l’armée du roi. […] Villars, très prudent quand il le faut, répond au roi par toutes sortes de raisons bien déduites. […] Dans sa lettre au roi, il s’excuse en peu de mots et avec respect.

40. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Louis XIV a été plus loué pendant son règne, que tous les rois ensemble de la monarchie ne l’ont été pendant douze siècles. […] On n’en trouve guère avant la mort de Mazarin : jusqu’à ce moment le roi n’exista point. […] En 1687, panégyrique où l’on célèbre le triomphe du roi sur l’hérésie. […] Je répéterai seulement ce que ce roi célèbre eut la magnanimité de se reprocher lui-même en mourant. […] Quel sera donc le rang que Louis XIV occupera parmi les rois ?

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le roi croyait que la duchesse avait fabriqué une lettre fausse au nom du roi d’Espagne, pour informer la reine de France, sa fille, des amours du roi avec madame de La Vallière. […] Vardes, qui était le coupable, appuya le soupçon du roi, et le roi ne douta pas qu’il ne fût bien fondé. […] Cela était vrai ; aussi le roi fut-il détrompé à la suite, et ne laissa-t-il pas sans réparation son injustice involontaire. […] Boileau publia dans le même temps son Discours au roi, dont j’ai déjà parlé : c’est un de ses meilleurs écrits. Molière obtint pour sa troupe le brevet de comédiens du roi, au lieu du titre de troupe de Monsieur.

42. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Elle arriva à Zamora, où se tient la Cour du roi, pleurant de ses yeux et demandant pitié ; « Roi, je suis une dame infortunée, ayez pitié de moi ! […] A vous qui êtes roi je viens porter plainte. […] Les rois ont en ceci de fort mauvaises coutumes. […] Que le roi ait un jour aussi triste que l’auront les autres qui sont là. […] Elle vient et revient à la charge, demandant au roi justice et vengeance ; elle le fait en des termes singuliers : « Ô roi !

43. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Le roi entre et se déshabille. […] Monterai-je dans les carrosses du roi ? Pourrai-je entrer avec mon carrosse jusque chez le roi ? […] Il était roi de sa famille comme de son gouvernement, et de sa femme comme de ses domestiques. […] Quand il entra dans le monde, il trouva le roi demi-dieu.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Reste à savoir si le roi partira pour la Flandre sans dire adieu. […] Rien ne m’a appris ce qui était arrivé au départ du roi pour l’armée de Flandre. […] Toutefois, l’accès de piété, éprouvé par le roi, plus vivement que par madame de Montespan, était déjà une de ces alternatives qui marquèrent si longtemps le refroidissement de son amour. Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible. […] Cependant madame de Caylus dit, au sujet de la première espérance de conversion que donna le roi, que madame de Montausier avait aussi contribué à son retour vers la religion et les mœurs.

45. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Le roi et la France ! […] Sully, certes, veut conserver au roi l’amour et l’affection de ses peuples, et, pour cela, éviter de les surcharger d’impôts ; il veut pourtant, et sur toute chose, augmenter les revenus du roi et avoir de l’or dans l’Épargne. […] Il frappe à la porte du cabinet de Sully : « C’est le roi ! […] Il y a du roi autant que du ministre en lui. […] Il n’était qu’un second et un admirable serviteur sous un grand roi.

46. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Qu’était-ce que Jordan pour s’être ainsi concilié l’estime et l’amitié du roi ? […] Pour Jordan, quand le roi l’eut perdu, il y eut toujours un regret plus constant, plus avoué. […] Duhan s’empressa de faire la commission, et envoya les volumes au roi. […] Les années qui suivirent ne firent que resserrer l’intimité de Jordan et du roi. […] Le roi y arrivait par le jardin de Sans-Souci, et ne passait pas un jour sans le voir.

47. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

L’Assemblée avait ensuite proclamé Louis XVI roi des Français. […] Je n’aime pas le sang des rois vaincus. […] C’est à lui que le roi donna sa cravate. […] La mort du roi laissait un problème à débattre à la nation. […] Le roi ne pouvait pas plus, en cas de victoire, juger le peuple, que le peuple ne pouvait légalement juger le roi.

48. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Cette préservation divine étonne et intimide de plus en plus le roi. […] La vie du roi était dans les mains du proscrit. […] mon maître et mon roi ! […] Ils entrent dans la tente du roi endormi. […] Il pleure sur le roi et sur Jonathas ; il chante un chant funèbre.

49. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Deux jours après, et s’étant fait transporter par eau à Pacy, le blessé victorieux veut retourner à son château de Rosny où est le roi. […] Une bonne parole, une gaieté du roi le rappelle et le remet en belle humeur. […] Un soir, fort tard, dans un de ses campements de la Beauce ou de l’Orléanais, il l’envoya chercher par un secrétaire ; Rosny trouva le roi déjà au lit ; on lui apporta un carreau sur lequel il se mit à genoux contre le lit du roi et près de son oreille. […] Rosny fut l’homme qui, le premier, mit ordre à ces licences et qui établit l’exactitude et la probité dans le service du roi. […] Il fallut de la ruse, même au roi, pour ménager cette expérience à son serviteur.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Le roi le presse, le stimule autant qu’un roi majestueux comme Louis XIV peut stimuler un général d’armée : … Je vois néanmoins que vous ne vous proposez rien, pas même de vous avancer à Weissembourg, pour leur donner de l’inquiétude. […] (Lettre du roi, du 22 juin 1702. […] Dans le conseil de guerre que Catinat assemble à ce sujet, Villars est seul de son avis, mais le sien est aussi celui du roi, qui l’approuve. […] Il y prend les ordres du roi et repart treize jours après avec la permission de faire le siège de Kehl, s’il le croyait convenable. […] On est parti de Neubourg le 15 février, et, vingt-deux jours après, Kehl a été au pouvoir du roi.

51. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

La France perdait un fantôme de roi plus qu’un maître. […] L’Écosse crut avoir deux rois, ou plutôt le roi nominal disparut pour faire place au favori. […] La reine dit au roi : « Monseigneur, avez-vous déjà soupé ? […] Le roi avait peine à la contenir. […] Rizzio s’était fié à l’amour, les complices du roi à une jalousie presque puérile.

52. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

. — Mademoiselle de La Vallière, maîtresse du roi. […] Le roi négligea pour Henriette la jeune reine qui était enceinte. […] Si la liaison du roi et de Madame fut très intime, elle fut du moins très courte. Madame, disent les uns, trompait le roi pour le comte de Guiche. Selon d’autres, le roi trompait Madame pour mademoiselle de La Vallière, qui était du service de Madame.

53. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Le jeune roi était occupé plus qu’il ne convenait de Madame, sa belle-sœur. […] Les maîtresses du roi, après elle, ne se contraignirent pas tant. […] Cette fois le roi ne courut point la chercher lui-même, il envoya Lauzun, et Colbert qui la ramena. […] Le roi avait un joli épagneul appelé Malice. […] Elle a été dispensée de cette peine, car le roi n’est jamais venu.

54. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La belle femme du Roi le pria de demeurer près d’elle. […] Au douzième matin, le Roi arriva à la Tuonouwe. […] Un tournoi commence sous les yeux du roi et de Kriemhilt ! […] Ainsi le voulait ce roi sage. […] Maintenant buvons à l’amitié et payons l’écot du vin du roi.

55. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Louis avait neuf ans et il était roi. […] Bertrand, sous celui de secrétaire du cabinet, et ensuite lecteur du roi. […] Racan commença par être page de la chambre du même roi. […] Le roi arrivant incontinent après, demanda s’il y avait du cidre ; on lui dit que oui et qu’il était excellent. […] La fortune voulut que celui qui faisait l’essai le fit en l’autre verre ; de sorte que le roi, quelque montrance que fît M. de Souvray, que le feu roi son père buvait même avec les moindres soldats, il ne voulut jamais boire.

56. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Ce roi eut une fille à laquelle il avait donné le nom de Mandane. […] « De ne point faire, dit Harpagus, ce que le roi m’a commandé. […] Nourri aux champs, les enfants de son village l’ont nommé roi, et il a fait tout ce que les rois qui règnent réellement ont coutume de faire. […] Quand le bâtiment fut terminé, le roi y renferma ses immenses trésors. […] La fille du roi obéit ; mais le voleur, se doutant par quel motif Rhampsinite avait pris cet étrange parti, voulut l’emporter sur le roi en fécondité d’inventions.

57. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Le royaliste ne dit pas aux Rois leur vérité, et il a vécu depuis, et il a dû mourir, avec le poids de cette vérité sur le cœur ! […] Les rois, ne croyant plus en Dieu, cessèrent d’être rois. […] Mais ce malheureux Roi, dans son coin éloigné de royaume, que pouvait-il contre eux tous, les rois traîtres à leur couronne ? […] Fersen est avec Gustave III, et plus que Gustave III, la seule âme de Roi dans ce temps avili où les rois eux-mêmes étaient régicides. Il fut plus roi que les rois, ce noble serviteur !

58. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le roi le nomma archevêque de Cambrai. […] Ce dernier sollicita du roi l’arrestation de madame Guyon. […] Le roi prit parti pour le chef de l’épiscopat. […] Le duc de Bourgogne se jeta en vain aux pieds du roi, son aïeul : « Non, mon fils, répondit le roi, je ne suis pas maître de faire de ceci une affaire de faveur. […] Il faut que le roi fasse la paix.

59. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Dimanche 2, jour de Pâques. — M. d’Agen (l’évêque d’Agen, Mascaron), qui avait prêché tout le carême, acheva ses prédications par un des plus beaux sermons et un des plus beaux compliments au roi qu’on puisse faire ; c’est toujours ce jour-là que les prédicateurs font leur compliment d’adieu au roi. […] Il était presque guéri quand le roi partit (pour Chambord), etc.  […] Le roi partira le lendemain des fêtes de la Pentecôte […] — Le soir il y eut Comédie-Italienne, où tout le monde était fort triste à cause de la nouvelle que le roi venait de dire. — Mme de Montespan eut des vapeurs très violentes en apprenant que la santé du roi n’était pas entièrement rétablie. […] « Le roi, au sortir de la messe, alla tirer dans son parc ; Monseigneur courut le loup ; Mme la Dauphine prit médecine.

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

. — Naissance de son amour pour le roi. […] Lorsqu’elle y vient à parler de la personne du roi, elle remplit trois pages de détails. […] Madame de Montespan la détourna de son dessein, et se chargea de faire réussir près du roi la demande d’une pension. […] Madame Scarron, annoncée au roi comme une femme agréable, fut admise à lui faire ses remerciements. […] Le roi, qui avait entendu d’Aubigné, dit : Vous n’entendez pas qu’il vous dit que je suis un ladre verd ?

61. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

La loi des États change selon les temps, on n’y peut donner de maximes certaines ; ce qui est utile à un roi est dommageable à un autre. […] Dès la première guerre de 1621, Rohan, ne voulant point s’enfermer dans sa ville de Saint-Jean-d’Angely, y avait laissé Soubise qui tint bon devant l’armée du roi, reçut chapeau en tête la sommation royale, et n’y répondit que par ce mot d’écrit dont on a conservé les termes : « Je suis très humble serviteur du Roi, mais l’exécution de ses commandements n’est pas en mon pouvoir. […] Il était signalé entre les rebelles de ce qu’il avait été le premier de tous qui s’était osé présenter pour défendre au roi l’entrée en une de ses villes. […] Une grande cabale s’était formée en Cour, dont Monsieur, frère du roi, était le prête-nom. […] C’est bien celle qui ne s’accommodait même pas de Henri IV comme roi, et qui résistait sous son règne à la fortune qu’il voulait faire à son fils46.

62. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Le sourire, que nous ne pouvons retenir à certains endroits où il abonde dans l’idée de sa gloire, expire bientôt sur les lèvres et fait place à un sentiment supérieur quand on sait qu’il faut, après tout, des ressorts à toutes les âmes, et qu’un prince qui douterait de lui-même, un roi sceptique, serait le pire des rois. […] Mazarin avait déclaré à ceux qui paraissaient douter de l’avenir du jeune roi, « qu’on ne le connaissait pas, et qu’il y avait en lui de l’étoffe pour faire quatre rois et un honnête homme ». […] Saint-Simon était un grand peintre et un profond moraliste ; Louis XIV fut un roi. […] Ce jeune roi a ainsi de ces préceptes d’une lenteur préméditée et plus sûre, qui semblent appartenir à Philippe de Commynes et qui sont bien de l’élève de Mazarin. […] » dit le roi.

63. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Saint Louis, qui fut un Roi tout court, le Roi net, comme on disait en Espagne, le Roi père de la société, — de même que le père est le Roi de la famille, ainsi que le voulait dans sa théorie ce vieux imbécile de Bonald, — doit apparaître aux fiers cerveaux du xixe  siècle comme un Roi bon tout au plus pour un peuple enfant, digne, sinon du mépris tout à fait, au moins de l’indulgence de l’Histoire… En deux mots, voilà pour le Roi. Mais si au Roi vous ajoutez le Saint, si le nimbe entoure la couronne, oh ! […] Comme elle croyait en Dieu et qu’elle l’aimait, elle crut au Roi et elle l’aima. […] Le monde tout entier : les peuples comme les rois, les papes comme les empereurs ! […] Mais cette étrange et surnaturelle grandeur du Saint dans le Roi, on ne l’a vue qu’une fois, et cela n’a jamais recommencé.

64. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Molé se chargea de remettre ma démission et ma lettre au roi lui-même. […] Le roi la lut en silence, puis, la passant à M.  […] Le roi surtout ne s’y trompait pas. […] Le roi allait-il vers les légitimistes, il les trouvait inexorables. […] Si vous portez ce conseil au roi et si le roi signe, la dynastie d’Orléans a régné en France !

65. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Tout rempli des projets de conquête qu’on lui préparait sur ce prochain théâtre, le roi s’en remettait à Catinat de tout ce qui était à faire dans la guerre restreinte qu’il désirait à cette autre frontière. […] Au moment où la campagne de 1693 allait s’ouvrir, le roi fit une promotion de sept maréchaux de France, et Catinat y fut compris. […] Depuis que le roi appelait Catinat son cousin, Croisilles ne se permettait plus de tutoyer son illustre frère. […] La lettre de Catinat au roi réussit fort par sa simplicité ; le roi dit qu’il la trouvait très bien. […] Quand le roi est mécontent de Gênes ou d’Alger et qu’il abîme leur ville pour les punir de leur mauvaise conduite, c’est une dépense et une vengeance de grand seigneur qui peut convenir au roi à l’égard de ses inférieurs ; mais que M. de Savoie prenne avec le roi, pour une ville qu’il ne peut pas assiéger, les mêmes airs que le roi prend avec une république, c’est ce que Son Altesse doit croire que Sa Majesté ne lui pardonnera peut-être jamais… » En même temps le duc, pour mieux en venir à ses fins, faisait demander à Tessé de prier Catinat « de sauver son honneur en s’avançant dans la vallée de Suse, de façon à lui permettre de partir honorablement de devant Pignerol sous prétexte de le combattre. ».

66. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Tout le règne est là, entre la cour et le roi, dans cette monarchie qui s’en va crouler par leurs fautes réunies. […] Louis XVI, ce roi au-dessous de Louis XIII, n’aurait gardé aucun ministre, fût-ce Richelieu ! […] N’est-on pas surpris d’y trouver que le roi mettait à la loterie ? […] Dans son journal, les chasses figurent comme les fastes de sa vie ; le jour où le roi n’avait pas chassé s’y trouve noté avec le mot : Rien. […] Toute âme, elle, comme Louis XVI était tout physique, toute àme, mais non pas toute intelligence ; car, lorsque son tour arriva de gouverner sous ce roi, qui n’était pas roi et dont le néant tuait la France, elle prit Brienne, croyant tenir le Kaunitz de sa mère !

67. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Cette dernière était si jolie que son frère craignit que le roi ne la lui enlevât de force. […] Le roi le fit escorter par 30 cavaliers et il les guida vers la case de Daouda. […] Le roi dépêcha deux hommes avec ordre de se saisir de l’orpheline. […] » Le roi demanda à Daouda si Aïssata disait la vérité. […] Roi, en dyerma.

68. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Le roi commande de débarquer à Damiette. […] Voyant cela, le roi mande ses barons et conseillers ; on délibère, et le roi, contre l’avis d’un grand nombre, se décide pour fixer le débarquement au vendredi devant la Trinité. […] Joinville en demanda une à Jean de Beaumont, chambellan du roi, qui avait ordre de la donner, mais qui la refusa. Il s’arrangea alors comme il put, et fit si bien qu’il devança la chaloupe où était le roi lui-même. […] Le roi leur distribua ces capes dont ils se revêtirent, et ils le suivirent à la messe.

69. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Tel est le régime dans les pays où les seigneurs féodaux, au lieu de laisser le roi s’allier contre eux avec les communes, se sont alliés avec les communes contre le roi. […] Douze lieutenants du roi sont également inutiles et pour la montre. […] Assidus auprès du roi, les courtisans le font compatir à leurs peines. […] (Remontrances au roi par le Parlement de Dijon, le 19 janvier 1764.) […] Remontrances de Malesherbes, Mémoire de Turgot, Mémoire de Necker au roi.

70. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Les rois faisaient corps avec les poètes, et les poètes faisaient auréole avec les rois. […] ils ont des rois égaré le plus sage. […] Paraissez, cher enfant, digne sang de nos rois ! […] Voilà ton roi, ton fils, le fils d’Ochosias. […] Soldats du Dieu vivant, défendez votre roi.

71. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

En attendant, tâchez de faire sentir à M. de Kaunitz deux choses également vraies : c’est que le roi n’abandonnera jamais l’impératrice, mais qu’il ne faut pas que le roi se perde avec elle. […] ) et lui demander, comme pour l’amour de Dieu, l’argent du roi. […] Le roi sait cela ; j’ai usé toute ma rhétorique. […] Si le roi veut me conserver, il faut qu’il me soulage. […] En un mot, je ne réponds plus de mon travail si le roi n’a la bonté de me promettre de me soulager promptement.

72. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Je m’arrête à ces mots : « Le brave Huniade Corvin, surnommé la terreur des Turcs, avait été le défenseur de la Hongrie, dont Ladislas n’avait été que le roi. » Courage ! […] Le fonds de l’abbé Le Grand concernant Louis XI, et qui fut vendu au roi par Mme de Rousseville, sœur et héritière de l’abbé, cette vaste collection, entrée à la Bibliothèque du roi en avril 1741, se compose, reliée comme elle l’est aujourd’hui, de 31 volumes in-folio, dont 3 volumes d’histoire ou annales divisées en 26 livres, 4 volumes de pièces, lettres, actes, etc., en original, et 23 ou 24 volumes de copies de pièces. […] Il avait toutes les qualités d’un particulier estimable ; peut-être était-il trop faible pour un roi. […] Louis XI, établi par son père dans le gouvernement du Dauphiné, y remédie aux abus et s’y essaye à sa future administration de roi. […] Elle divertissait le roi par ses façons de gentillesse et de simplicité amicale, et le désennuyait quelquefois, ce qui était la grande affaire.

73. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

le roi m’attend, et je devrais être là des premiers !  […] Le jeune roi était prévenu contre lui, ou plutôt éclairé sur lui. […] On lui fit insinuer qu’il serait agréable au roi qu’il s’en défît, qu’il la vendît, et qu’il fît cadeau au roi lui-même du prix de cette charge qui allait à plus d’un million. Le million, argent comptant, offert par Fouquet, avait été accepté par le roi et porté à Vincennes. […] Vatel (puisque nous l’avons cité en si grande compagnie) passa depuis au service, non du roi, mais de M. le Prince.

74. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Cet écuyer, témoin du bon accueil que lui font le roi et les seigneurs, et le sachant d’ailleurs historien, l’accoste à dessein et offre de lui raconter le voyage et la conquête du roi Richard II en Irlande, et la soumission des quatre rois irlandais, lesquels semblaient alors aux Anglais de purs sauvages : « Messire Jean, dit Henri Crystède, avez-vous point encore trouvé personne en ce pays ni en la Cour du roi notre sire, qui vous ait dit ni parlé du voyage que le roi a fait en cette saison en Irlande, et de la manière dont quatre rois d’Irlande, grands seigneurs, sont venus en obéissance au roi d’Angleterre ?  […] À cette nouvelle, le roi eut grande joie. […] L’ordre général de bataille était celui-ci : trois batailles, autrement dit trois corps de troupes, l’un commandé par le duc d’Orléans, frère du roi ; l’autre commandé par le duc de Normandie, fils aîné du roi (le futur Charles V), pour lors âgé de dix-neuf ans ; le troisième, par le roi en personne. […] Le roi Jean est en ligne directe derrière le corps du connétable qui est refoulé sur celui du roi. […] Et toujours servoit le prince au-devant de la table du roi, et par toutes les autres tables, le plus humblement qu’il pouvoit ; et il ne se voulut asseoir à la table du roi pour prière que le roi lui en pût faire, mais disoit toujours qu’il n’étoit pas encore de telle valeur qu’il lui appartînt de s’asseoir à la table d’un si haut prince et d’un si vaillant homme comme étoit la personne du roi et comme il l’avoit montré en cette journée.

75. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Son nom fut Jean-Baptiste Poquelin ; il était Parisien, fils d’un Valet de Chambre Tapissier du Roi, et avait été reçu dès son bas âge en survivance de cette Charge, qu’il a depuis exercée dans son quartier jusques à sa mort. […] Ce fut pour Monsieur de Molière une occasion nouvelle d’avoir recours aux bontés du Roi, qui lui accorda la Salle du Palais Royal, où Monsieur le Cardinal de Richelieu avait donné autrefois des spectacles dignes de sa magnificence. […] Son exercice de la Comédie ne l’empêchait pas de servir le Roi dans sa Charge de Valet de Chambre où il se rendait très assidu. […] La Troupe changea de titre, et prit celui de la Troupe du Roi qu’elle a toujours retenu jusques à la jonction qui a été faite en 1680. […] Ce changement obligea les compagnons de Monsieur de Molière à chercher un autre lieu, et ils s’établirent avec permission et sur les Ordres de sa Majesté, rue Mazarini, au bout de la rue Guénégaud, toujours sous le même titre de la Troupe du Roi.

76. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

L’usage était que le jour de la naissance du roi, toute requête présentée pendant le festin dût être accordée. […] Il assiège le palais funèbre, il le somme de lâcher son roi. […] pourquoi ce double désastre sur ta terre, ô Roi, sur ton royaume tout entier ? […] c’est à cette insulte que le vieux roi attribue la catastrophe de son fils. […] L’autorité du mort s’ajoute à la majesté du vieux roi.

77. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Le roi voulait aller à Fontainebleau ; en attendant il voulait ses voyages de Marly. […] Elle avait donc suivi son grand-père à Marly, et le roi se promenait après la messe auprès du bassin des Carpes, quand arriva une dame de la duchesse, tout empressée, et qui annonça au roi que, par suite du voyage, la jeune femme était en danger d’une fausse couche. […] interrompit le roi tout d’un coup avec colère, qui jusque-là n’avait dit mot ; qu’est-ce que cela me ferait ? […] Plus d’une fois le roi ou Mme de Maintenon durent payer ses dettes. […] Et puis elle ne se confiait peut-être pas assez à sa fidélité de confesseur et à sa discrétion du côté du roi pour lui tout dire.

78. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

On peut dire que, chez Frédéric, si le grand roi était comme doublé d’un philosophe, il était compliqué aussi d’un homme de lettres. […] Ainsi, il parut né pour tout ce qu’il eut à faire comme roi ; il fut à la hauteur de sa tâche. […] « Cet homme-là, disait un jour Voltaire en montrant un tas de paperasses du roi, voyez-vous ? […] Le roi aussi se fait plus souvent sentir. […] Il sait résister pourtant aux caresses et aux offres délicates du roi.

79. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Caractère de Saint-Simon Né en 1675, d’un père très vieux, qui devait sa fortune et son titre à Louis XIII, il grandit loin de la cour de Louis XIV, parmi les souvenirs de l’autre règne, dans une dévotion attendrie au feu roi, au « roi des gentilshommes », qui enveloppait une sourde aversion pour le roi des commis. […] C’est une des caractéristiques de l’organisation sociale de ce temps, que cet homme mal vu du roi, et qui n’aimait pas le roi, ait vécu plus de quinze ans près du roi, sans songer à quitter sans qu’on songeât à le renvoyer, parce que, étant duc et pair, sa place était là. Même après sa lettre anonyme à Louis XIV, si éloquente et si dure, soupçonné et, dans l’esprit, du roi, convaincu de l’avoir écrite, il resta à la cour. […] Il disputa, tracassa, plaida sur l’étiquette, les préséances, les titres, avec une passion puérile qui lassa jusqu’à Louis XIV. « M. de Saint-Simon, disait le roi, ne s’occupe que des rangs et de faire des procès à tout le monde. » C’était vrai : mais le grand roi avait tort de se plaindre. […] De là vient qu’il nous donne plusieurs portraits de Fénelon, de la duchesse de Bourgogne, de Mme de Maintenon : et combien d’études du grand Roi !

80. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Le roi avait un frère ; le cardinal, toute sa vie, en fut l’oppresseur et le tyran. […] Le roi avait permis à l’évêque de Toulon de solliciter pour son beau-frère ; le cardinal, par lettre de cachet, lui défend ce que le roi avait permis. […] En 1631, il envoie au parlement un arrêt du conseil, qui déclare tous les amis du frère du roi coupables de lèse-majesté. […] Enfin ce ministre endetta le roi de quarante millions de rente ; et à sa mort il y avait trois années consommées d’avance. […] L’esprit de servitude et d’oppression semble errer encore autour de la tombe des rois et des ministres.

81. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il me disait seulement, en riant, que j’étais une orgueilleuse Écossaise qui n’aimait rien que les rois et les princes. […] Je ne crois pas qu’il soit possible de ressentir un malheur de famille plus vivement que je ne ressentis la mort du roi. […] C’était six ou sept semaines environ après la mort du roi ; le duc d’Orléans était en grand deuil, comme elle l’était elle-même. […] Ce fut d’après le désir du roi son père qu’elle mit par écrit ses souvenirs. […] Le roi fut condamné à mort dans la séance permanente du 16 au 17 janvier, dans la nuit du mercredi au jeudi.

82. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

ajoute-t-il (ce serait plutôt à nous d’écrire ce mot-là), qu’il était bon et juste, ayant assez reçu de Dieu pour être un bon roi, et peut-être même un assez grand Roi !  […] Le roi, d’un esprit assez juste pour ne jamais revenir sur une décision, ne se démentit pas. […] Elle ne fut guère que la femme sans royauté du grand roi et la servante dévouée et vigilante de sa gloire. […] Michelet, le démocrate, tuera le Louis XIV avec l’insolence des démocrates qui tuent les rois. […] Il n’avait point de scandaleux bâtards, et en cela il n’imitait pas le roi, son maître.

83. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

La reine, entourée d’italiens soigneux d’exciter sa jalousie, et qui exerçaient pour l’instruire un indigne espionnage, fatigua le roi de ses emportements. Femme d’un esprit médiocre, la reine excusait ces emportements par les infidélités du roi, le roi excusait ses infidélités par les emportements de la reine : c’était l’histoire de tous les mauvais ménages2. […] On a cru qu’elle répondait aux sentiments du roi. […] Le roi entra en fureur ; il voulait faire la guerre à l’archiduc qui avait reçu le prince et la princesse. […] C’est trois mois après cette sommation que le roi est tué par Ravaillac.

84. (1739) Vie de Molière

Ses parents obtinrent pour lui la survivance de leur charge chez le roi ; mais son génie l’appelait ailleurs. […] Tout le monde sait qu’étant un jour au dîner du roi : Vous avez un médecin, dit le roi à Molière ; que vous fait-il ? […] Colbert lui envoya cent louis au nom du roi. […] Molière n’avait point encore auprès du roi un accès assez libre : de plus, ce n’était pas ce prince qui donnait la fête, c’était Fouquet ; et il fallait ménager au roi le plaisir de la surprise. […] Molière servit le roi avec précipitation.

85. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Mais on est au palais du roi : tout retentit de la victoire de Rodrigue. Le roi le remercie et le félicite ; il le baptise du nom de Cid dont les deux rois maures captifs l’ont salué. […] Après avoir longtemps parlé comme un bailli, ce roi tout d’un coup s’exprime en roi. […] Le bon roi voudrait concilier le repos de Rodrigue, son délassement si légitime, avec la règle des vingt-quatre heures. […] Le roi, pour dernière condition, exige que le vainqueur, quel qu’il soit, ait la main de Chimène.

86. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il aime le roi et l’État ; il sent que l’un et l’autre sont chargés d’une guerre qui ne peut se soutenir partout avec supériorité. […] Le roi le chargea de nouveau, en 1701, du commandement de l’armée d’Italie, pour lequel il était naturellement désigné par sa connaissance du pays et par ses succès dans la guerre précédente. […] Tessé écrivait à M. de Chamillard, du camp de Vavre sur l’Adda, le 7 août 1701 : « Il faut, je crois, cacher au roi la désolation de Milan. […] La noblesse, le sénat, les femmes, tout déloge depuis que l’armée du roi a repassé l’Oglio… Je n’ai jamais cru, conçu ni compris que, la défense du Milanais étant l’objet principal, ce fût le défendre que de repasser l’Oglio. […] J’ai reçu avant-hier une lettre du roi et une autre de M. de Chamillart, par laquelle le départ de M. le maréchal de Villeroy m’est mandé.

87. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

tant mieux, le roi ne se fâchera pas pour si peu ! […] les rois ont oublié de fêter la naissance de Louis XIV, le patriarche des Rois, disait le grand Frédéric ; quoi donc ! […] On prenait son temps, on choisissait son heure et l’heure du roi. […] Et que répond le roi à ces injures ? […]  » Et le roi boit !

88. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ce sont les personnages de son temps, roi, clergé, seigneurs, bourgeois, paysans. […] La Fontaine est moraliste, et non pamphlétaire ; il a représenté les rois, et non le roi. […] Quand le roi fait à quelqu’un l’honneur de lui parler, c’est d’un ton royal. […] 45 Cela est dans les convenances ; un roi ne peut cesser d’être roi que pour devenir Dieu. […] — Tout va bien pourtant, tant qu’il ne se hasarde pas chez le roi.

89. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Le roi lui écrivit, le fit presser par son ambassadeur, M. d’Avaux. […] Le roi, qui n’avait pas voulu le voir lors de sa dernière soumission en Languedoc, le reçut avec bienveillance. […] Dans la relation envoyée au roi, M. de Rohan fit généreusement honneur à Montausier de l’idée du combat. […] C’est dans cette disposition soupçonneuse qu’il reçut à Genève une lettre du roi qui lui ordonnait de se retirer à Venise : il n’y vit qu’un piège. […] Dans l’intervalle de sa blessure à sa mort, il avait reçu une lettre du roi qui lui témoignait de l’intérêt sur sa situation.

90. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Il n’y avait pas moins de treize ans, dit-on, qu’elle n’avait vu le roi. […] l’essentiel est qu’on le retrouve dans la physionomie de cette fille du roi et de Mme de Montespan. […] Mme de Maintenonétait devenue indispensable au roi et à toute la famille royale, qui ne lui laissait pas un seul instant de répit. Même quand le roi travaillait avec ses ministres, il fallait encore qu’elle fût là. […] Le Peletier de Souzy : c’était un directeur général et un conseiller d’État, qui travaillait chaque semaine avec le roi.

91. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

C’est au nom du roi, et comme sous son invocation, qu’on s’aime et qu’on ose à la fin se l’avouer. […] Le roi retira brusquement sa permission. Mademoiselle fut dans l’état qu’on peut croire, mais sans oser encore blasphémer contre le roi. Lauzun reçut le coup en courtisan accompli et comme s’il eût dit : « Le roi me l’avait donnée, le roi me l’a ôtée, je n’ai qu’à le remercier et à le bénir. » Sa faveur parut même un moment sur le point de s’en accroître. […] Avec ses dix années de plus que le roi, Mademoiselle fut toujours un peu arriérée et de la vieille Cour.

92. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Tels furent les premiers rois. Ce qui le prouve, c’est que les poètes n’imaginèrent pas autrement Jupiter, le roi des hommes et des dieux. […] N’est-ce pas là le langage qui convient au roi d’une aristocratie ? […] Les ambassadeurs de Pyrrhus lui rapportèrent qu’ils avaient vu à Rome un sénat de rois. […] Ainsi Amulius chassa Numitor, et fut chassé lui-même par Romulus, qui rendit Albe à son premier roi.

93. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Confondant l’État et le roi, non comme le courtisan pour livrer l’État au bon plaisir du roi, mais pour que le roi fit du bien public son bien, il voulut fortifier le roi pour assurer la paix ; il se dévoua à combattre tous les l’auteurs de sédition et, d’anarchie, les ambitieux déguisés en fanatiques, et les fanatiques en qui le zèle faisait tous les effets de l’ambition. […] Qu’en pleine crise, L’Hôpital parle au roi, Du Vair au Parlement, et tous les deux parlent fortement, simplement, efficacement. […] Le plus pacifique de ces modérés calvinistes fut un des plus vaillants soldats de la guerre civile, La Noue227, ce petit gentilhomme breton qui forçait à tel point l’estime des deux partis, qu’en même temps il pouvait être envoyé du roi auprès de ceux de la Rochelle, et défenseur de la Rochelle contre le roi, au su et par la volonté des uns et des autres. […] Les partisans du roi y retrouvaient avec plaisir leurs sentiments : les ligueurs y trouvaient l’apologie de leur conversion ou achetée ou forcée. […] Taillandier réimprime le mémoire au Roi d’après l’édition imprimée en 1568 : on voit que ce mémoire fut en réalité adressé à l’opinion publique autant qu’au roi. — Il y aurait lieu d’examiner dans quelle mesure l’authenticité du Traité de la Réformat ou de la justice doit être suspectée : j’y trouve deux pages bien étonnantes de divination sur les conséquences que les abus sociaux doivent nécessairement amener, et je doute qu’une créature des Seguier ait pu écrire de telles choses au xviic siècle.

94. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Toutes ces harangues à des parlements sont d’un roi qui ne badine pas ou qui ne badine qu’en paroles, qui ordonne, et qui a l’épée au côté. […] Mais ce sentiment d’homme et de roi pasteur de peuples n’ôtait rien à sa clairvoyance sur le fond de la nature humaine. […] Il y a deux choses, a remarqué Scaliger, dont le roi n’était point capable, à savoir, de lire et de tenir gravité. […] Il parle, il est vrai, la meilleure des langues, et comme un roi qui méritait d’avoir Pellisson pour secrétaire et Racine pour lecteur. […] Cet acte sera le plus grand que nous ayons fait : la gloire en demeurera à Dieu, le service au roi, notre souverain seigneur, l’honneur à nous, et le salut à l’État.

95. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Le roi se pouvait désormais passer d’elle ; le pupille était émancipé. […] Mon dessein serait, madame, d’aller jusqu’à Madrid, d’y demeurer tant qu’il plairait au roi, et de venir ensuite à la Cour rendre compte à Sa Majesté de mon voyage. […] Cependant, comme je ne me puis rien me promettre d’assuré sur sa lettre, que je me suis donné l’honneur de vous envoyer, je veux vous proposer une chose qui ne commettrait nullement le roi, et qui néanmoins déterminerait sûrement Son Altesse Royale. […] Vous verrez, madame que je ne me suis point trop flattée quand j’ai avancé qu’ils seraient très contents, en ce pays-là, que le roi me fît l’honneur de me confier l’emploi que je prends la liberté de lui demander. […] Jamais le roi ne se lèverait si je n’allais tirer son rideau, et ce serait un sacrilège si une autre que moi entrait dans la chambre de la reine lorsqu’ils sont au lit.

96. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

À l’exemple de Tertullien, le prélat envisageait donc Louis homme, et ensuite Louis roi. Il divisait cette fin de harangue en deux points comme un sermon ; insistant sur les grâces de l’homme et s’y laissant ravir, il posait en principe qu’il vaudrait mieux être Louis sans être roi, que d’être roi sans être Louis. — Rare et inimitable original ! […] Le roi prit mal cette espièglerie d’un homme d’esprit dans un personnage public. […] La mesure avait été passée, la convenance violée, ce que ce roi ne pardonnait jamais. […] Le roi lui ayant demandé le soir comment il se trouvait à Marly : — « À Marly, Sire ?

97. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Quoi qu’il en soit, le gouvernement prussien et le roi régnant ont pensé qu’il y allait de leur honneur de publier un recueil complet des écrits de l’homme qui fut tout ensemble le plus grand roi et le premier historien de son pays. […] À quoi bon faire dire au roi, par exemple, que M. de Lowendal était marché vers un point, au lieu de dire qu’il avait marché ? […] Il est bien le grand roi de son temps ; il a le cachet du siècle de l’analyse. […] On sait les railleries cyniques de ses entretiens et de ses lettres : il avait le travers capital, pour un roi, de plaisanter, de goguenarder de tout, même de Dieu. […] Il a manqué à ce roi consommé de monter un degré de plus sur la hauteur pour recevoir au front le rayon qui dore et aussi celui qui éblouit.

98. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Voltaire est touché : il n’a pas encore été rassasié de l’hommage des rois. […] Puis on rapporta au roi des mots un peu libres de Voltaire. […] Le roi se fâcha qu’on ridiculisât le Président de son Académie : il fit brûler l’insolent libelle. […] Le roi ne pouvait se décider à le lâcher. […] Il n’ira plus chez les rois ; et les rois viendront chez lui.

99. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

On l’a beaucoup dit, on ne l’a pas assez dit : le plus nul, le plus vil, le plus lâche des cœurs de roi. […] Nous pourrions multiplier ces citations accablantes : « Rien dans ce monde ne ressemble au roi », écrit-elle en le résumant d’un mot. […] Il serait touchant de rapprocher les détails de sa fin prématurée, et sa mort si courageusement chrétienne, de la triste agonie du roi son père. […] Louis XVI, héritier des vertus de son père, ne sut pas être ce roi, et rien n’autorise à soupçonner que le père lui-même, s’il eût vécu, eût été d’étoffe à l’être. […] Dans cette ancienne monarchie, les rois et les grands ne songeaient pas assez à qui ils se révélaient ainsi dans leur déshabillé et dans leur ruelle.

100. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Le roi avait toutes ces choses, hormis la libéralité ; mais en la place de cette pièce, sa qualité arborait des espérances de l’avenir qui faisaient avaler les duretés du présent. […] Par le fait de cette mort, Henri IV « se trouvait roi plus tôt qu’il n’avait pensé et désiré, et demi-assis sur un trône tremblant ». […] Le roi appelle le maréchal de Biron : « Mon cousin le maréchal, c’est à cette heure qu’il faut que vous mettiez la main droite à ma couronne… » Et Biron de ce pas et sans phrase va prendre le serment des Suisses. […] La mémoire de votre père et les prières de votre roi depuis trois heures sont-elles évanouies, avec la révérence qu’on doit aux paroles d’un ami mourant ? […] J’aurai, parmi les catholiques, ceux qui aiment la France et l’honneur. » Givry entre sur cette conclusion, ajoute d’Aubigné, et avec son agréable façon prit la jambe du roi, et puis sa main, dit tout haut : « Je viens de voir la fleur de votre brave noblesse, Sire, qui réservent à pleurer leur roi mort quand ils l’auront vengé ; ils attendent avec impatience les commandements absolus du vivant : vous êtes le roi des braves, et ne serez abandonné que des poltrons. » Cette brusque arrivée et la nouvelle que les Suisses venaient prêter leur serment mirent fin aux fâcheuses paroles, et Henri IV, coupant court à ceux qui hésitaient, n’eut plus qu’à faire acte de roi de France.

101. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

et l’on se dit : Quel général de la Révolution aux années du Directoire, ou mieux encore quel maréchal d’Empire c’eût été que Villars, et de ceux qui aspiraient de tout leur cœur à être rois ! […] — Apprentissage de guerre. — Il se distingue sous Turenne, Condé et Créqui. — Volontaire à l’armée de Hongrie. — Envoyé du roi en Bavière […] Le roi défendit aux volontaires d’aller aux attaques sans sa permission. […] J’ai peine à croire pourtant que le roi ne le trouvât point à ses levers aussi souvent qu’il le fallait ; il était de ceux qui se multiplient. […] Elles lui furent cependant très utiles : elles avaient frappé le roi et le confirmaient dans le dessein de l’élever, ce qui arriva quelques années après.

102. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Ainsi finit cette scène à Pau, mais elle eut du retentissement à la Cour ; car l’ayant mandé à M. le chancelier, il en fit rire le roi ; mais en même temps il y eut un ordre expédié, portant que M. de Cazaux viendrait rendre compte.au roi de ses actions. » Nous ne pouvons que faire comme Louis XIV, et, tout en blâmant le sieur de Gazaux, rire aussi de sa facétie gasconne et de cette riposte à brûle-pourpoint au coup de pistolet à bout portant de l’évêque. […] Il n’eut besoin que de montrer les troupes, en déclarant que le roi ne voulait plus souffrir qu’une seule religion dans ses États ; et l’hérésie parut tomber à ses pieds. […] Il en dit plus qu’il n’en disait au roi, et le restant du sous entendu se laisse très-aisément deviner. […] Le roi approuva donc le retranchement des temples et la réduction à cinq. » Foucault ne dit point s’il avertît le roi de cette ruse et de cette arrière-pensée insidieuse qui consistait, en réduisant les temples de la province de vingt à cinq, à ne désigner tout exprès, comme devant subsister, que ceux qui, par suite de contraventions déjà connues de lui, allaient tomber le lendemain sous le coup de la loi et être eux-mêmes démolis. […] Il est à observer que le roi n’avait pas envoyé des troupes en Béarn par rapport aux affaires de la religion, mais pour former le camp que Sa Majesté avait résolu d’établir sur la frontière d’Espagne.

103. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Les gens du roi étaient retranchés au pied du château derrière une haie et un fossé ; il s’agissait de les débusquer avec des archers. […] Il fit prévenir à temps le roi de l’excès du danger et de la nécessité d’en passer à tout prix par les conditions qu’on exigerait. La scène du matin entre le roi et le duc nous est rendue au vif. Le duc, en abordant le roi, tremble ; sa voix est âpre et émue, bien qu’il veuille paraître calme. […] Commynes n’avait que vingt-cinq ans alors, et il servit fidèlement Louis XI comme conseiller et chambellan jusqu’à la mort du roi (1483).

104. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

» Le roi répondit : « Quoi ! […] J’avoue que toutes mes craintes n’avaient pas été jusqu’à prévoir que nous serions réduits à désirer de voir le roi et la reine d’Espagne détrônés : il n’y a point de paroles, madame, qui puissent exprimer une telle douleur ; le roi en est pénétré. […] Le roi s’avança à sa rencontre sur le chemin de Burgos, et Mme des Ursins prit elle-même les devants jusqu’à une petite ville appelée Xadraque. […] Je vais à Saint-Jean-de-Luz pour me reposer un peu et savoir ce qu’il plaira au roi que je devienne. […] Par un reste d’habitude, elle se mit à y gouverner la maison du roi et de la reine d’Angleterre, pour y gouverner quelque chose.

105. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Je lui dis, en l’approchant, que le roi m’avait ordonné de m’approcher d’elle pour rassurer sa contenance et que cela ne durerait qu’un petit moment. […] Elle lui donna douze enfants, dont cinq survécurent : les trois rois de France, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X ; Madame Elisabeth et la reine de Sardaigne. […] Le roi, habitué à la voir, avait pris insensiblement confiance en elle, et il aimait à l’entretenir en secret. […] Il aurait voulu, à cette fin d’année, être nommé non-seulement commandant général, mais gouverneur général, mais lieutenant pour le roi dans les Pays-Bas25 : une prétention excessive et dont on n’osa pas même parler au roi qui venait de le combler. […] Faute de mieux, il était souverain et roi dans son Chambord.

106. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Un immense mouvement d’opinion, en Angleterre et par toute la chrétienté, obligea le roi assassin à s’humilier, et à faire pénitence sur le tombeau du martyr. […] En moins de quarante ans, Geoffroy de Beaulieu, confesseur du roi, Guillaume de Xangis, Guillaume de Chartres, et le confesseur de la reine Marguerite écrivirent la vie, les enseignements et les miracles du saint roi : Joinville, qui les efface tous, mit à profit les travaux des deux premiers peur compléter ses souvenirs personnels. […] Ce récit nous fait surgir devant les yeux un saint Louis intime, familier, souriant, plus aimable et plus « humain » encore que le roi justicier du bois de Vincennes, et que le roi chevalier, qui faisait si fière contenance aux jours de bataille sous son heaume doré. […] A la croisade, en homme avisé, il se fait bien payer du roi : il ne veut pas renoncer, ni servir gratis. […] Il nous conte comment il remplit ses établis et ses celliers ; il dépense magnifiquement l’argent du roi.

107. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il s’agissoit dans cette querelle de la cause des rois. […] Une cause aussi bonne que celle d’un roi mort sur l’échafaud, d’une famille errante dans l’Europe, & de tous les rois même de l’Europe, intéressés dans cette querelle, fut plaidée, comme on l’avoit bien prévu, doctement & ridiculement. Saumaise intitula son livre : Défense des rois *. […] De peur de s’en attirer une nouvelle, il garda le silence, & remit en d’autres mains la cause des rois. […] Milton, cet ardent ennemi des rois, le fut aussi de toutes les sectes qui dominoient dans sa patrie.

108. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Le roi fut charmé des quarante derniers vers, qu’il ne connaissait pas. […] Quant à la pension, Boileau n’en remercia le roi qu’en 1675 par l’Épître VIII, et les registres des Comptes des bâtimens du roi nous apprennent qu’il ne commença à la toucher qu’en 1677. Voilà donc Boileau courtisan, et courtisan agréable au roi. […] Il y a vingt anecdotes qui le prouvent, et que tout le monde a lues : Boileau trouvant des vers du roi mauvais, ou trouvant mauvais des vers que le roi avait trouvés bons ; Boileau maintenant contre le roi la bonté d’une locution dont la familiarité choquait la délicatesse du roi ; Boileau lâchant de vives saillies contre « ce misérable cul-de-jatte de Scarron », devant le roi et Mme de Maintenon, au grand désespoir de Racine, qui était infiniment plus courtisan, et menaçait son ami de ne plus se montrer avec lui à la cour. […] Ce qui leur coûta le plus, c’est que pour conter les actions du roi, il fallait accompagner le roi.

109. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz est commissaire du roi près le Théâtre-Français. […] En 1828, le commissaire du roi s’appelait M. le baron Taylor ; en 1844, le commissaire du roi s’appelle M.  […] Taylor pour commissaire du roi. […] demanda le commissaire du roi. […] demande M. le commissaire du roi.

110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Le plus connu des Ouvrages de cet Ecrivain presque oublié, est l’Histoire générale de la France, durant les deux premieres Races de nos Rois, en deux vol. […] N’oublier ni les femmes, ni les enfans des Rois ; mais ne parler des Rois mêmes, qu’à propos des affaires, & ne relever aucune circonstance de leur vie, qu’autant que cette circonstance aura contribué aux grands changemens. Songez bien que les Rois sont, à la vérité, les plus remarquables personnes de l’Histoire, mais que les grands changemens en sont le véritable sujet ; que, comme souvent un Ministre, & quelquefois une femme, y a plus de part que les Rois, on est obligé, en plusieurs endroits, de donner plus de place & de relief à ce qu’a fait ce Ministre, ou cette femme, qu’à ce que le Roi de leur temps a fait. Quand les affaires publiques font le fil de l’Histoire, il est toujours suivi : quand les Rois n’y sont considérés qu’autant qu’ils ont servi à les faire changer, on les y fait entrer avec bien plus d’agrément, que lorsqu’on se met en tête de ne parler des affaires que selon qu’elles servent à relever ou diminuer la gloire des Rois.

111. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

L’amour pour la duchesse d’Étampes, régnait sur le roi. […] Benvenuto alla se plaindre au roi. […] J’étais à travailler lorsque le roi parut. […] En les voyant, le roi s’écria : C’est un ouvrage plus que divin ! […] Le roi fut ravi ; la duchesse d’Étampes, jalouse de la préférence accordée au roi, l’irrita contre Benvenuto.

112. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

C’est une chose grave assurément pour un roi que de faire des vers. […] Richelieu, qui était presque un roi, s’est donné un ridicule avec ses prétentions d’auteur. […] Le même roi, qui avait demandé à Bayard de l’armer chevalier, aurait presque demandé au gentil maître Clément de le couronner poëte. […] Serait-ce qu’un roi a pu avoir de ces réminiscences d’érudit ? […] Ces deux femmes idolâtrent ce roi de leur sang dont elles sont glorieuses ; elles débordent sitôt qu’elles parlent de lui.

113. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Le roi, après bien des timidités, commençait à lui témoigner quelque attachement et avait pour elle un faible bien naturel. […] Être accablé des bienfaits du roi, par exemple, comme M. de B. […] C’est ainsi qu’on se perd, qu’on s’annule quand on est roi, et qu’avec toute la droiture intérieure on démoralise sa propre action. […] Mon sort est de porter malheur ; et si des machinations infernales le font encore manquer ou qu’il fasse reculer l’autorité du roi, on m’en détestera davantage. » D’un autre côté, le roi en subissant le choix de M.  […] Pauvre roi qui n’était bon qu’à être martyr !

114. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Le roi l’ayant vu à l’œuvre de longues années sous ses yeux, a l’idée de l’émanciper et de s’en servir au loin. […] Je m’y fais appeler Guibert, et j’y suis comme ingénieur qui a été arrêté par ordre du roi, parce que je me retirais avec quantité de plans des places de la frontière de Flandre. […] « Quel jour pour l’Europe que le 20 septembre 1681, et quel point de gloire pour le roi et pour vous !  […] On n’est pas aide de camp du roi d’emblée en commençant. Le brevet, bien lu, dit simplement que le roi l’a établi « en la charge d’aide de ses camps et armées. ».

115. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

On le lui avait tant dit, qu’elle se voyait en réalité une Esther, destinée par la Providence à sanctifier le roi, dût-elle en être elle-même un peu martyre. […] Mme Scarron pourtant fit le discernement de ce qui s’y mêlait d’équivoque et dégagea le point précis avec justesse : « Si ces enfants sont au roi, répondit-elle aux avances, je le veux bien ; je ne me chargerais pas sans scrupule de ceux de Mme de Montespan ; ainsi il faut que le roi me l’ordonne ; voilà mon dernier mot. » Le roi ordonna, et Mme Scarron devint gouvernante des enfants mystérieux. […] Le roi, qui venait voir ses enfants, connut donc Mme Scarron ; mais le premier effet qu’elle produisit sur lui ne fut point favorable : « Je déplaisais fort au roi dans les commencements. […] Elle en vint à être épousée secrètement du roi à une date qu’on croit être 1685. […] C’est ce qui fit que, cet horizon se resserrant avec les années, ce roi de bon sens fit tant de fautes que cette femme d’un sens si droit lui laissa faire et qu’elle approuvait.

116. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il en était bien plutôt le fou, — le fou du Roi, avec son esprit mi-parti de brillant et de sérieux, car les fous du Roi avaient, sous leurs joyeuses folies, quelquefois un grand bon sens et disaient juste ; et c’est ce qu’avait Jules Janin. Le Roi, partout où l’on peut être Roi, c’est toujours la majesté dans la force. […] S’il avait dit : « C’est le Roi de la phrase (comme je n’ai jamais su en faire ! […] Cuvillier-Fleury qui parle), — c’est le Roi de la phrase sonore, colorée, aérienne, — c’est le Roi de la phrase pour la phrase, du style pour le style, pour l’amour de la langue française qu’il adorait et qui le lui rendait bien, — le Roi du coloris, mettant sur des riens des touches d’Albane », eh bien, à la bonne heure ! […] Cuvillier-Fleury), — oui, le Roi des fleurs comme le papillon !

117. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Au contraire, c’était une réponse victorieuse et morale aux mauvaises langues philosophiques qui disaient que les Rois ne pouvaient pas avoir d’amis, et dans un temps où les Rois passaient de rudes quarts d’heure avec les philosophes. […] Seulement, pour les curieux qui veulent analyser tout, en ce mystère psychologique d’une amitié entre une petite bourgeoise de la rue Saint-Honoré et un homme qui était du bois dont on fait les Rois bien avant que Catherine II prît la peine de le tailler en Roi, l’explication de Ségur recule la difficulté mais ne la résout pas. […] L’amitié d’un Roi, dit-il, devait exalter sa vanité, et il en fait, la voilà bien lotie ! […] Elle fut le conseil de ce Roi qui n’eut que le cœur de royal et ne put jamais être Roi comme Numa et donner des lois à son peuple ; et elle le poussa, mais en vain, à être un grand homme, cet homme pour qui la gloire fut la seule femme qu’il ne pût séduire. […] Les femmes ne doivent nous faire que comme nous font nos mères ; autrement, c’est pour les hommes— les fissent-elles Rois !

118. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Le roi était enterré dans un habit de velours noir, la tôle chargée d’un chapeau écarlate, aussi de velours. […] Dans le royaume même était-il bien roi ? […] Comme il traversait ainsi la forêt, un homme de mauvaise mine, sans autre vêtement qu’une méchante cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval du roi, criant d’une voix terrible : « Arrête, noble roi, ne passe pas outre, tu es trahi ! » On lui fit lâcher la bride, mais on le laissa suivre le roi et crier une demi-heure. […] Le duc échappa, mais le roi eut le temps de tuer quatre hommes avant qu’on pût l’arrêter.

119. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

chose capitale ès royaumes de France et de Navarre, où la noblesse devait danser pour le plaisir du roi, comme elle devait monter à cheval et se battre, et même mourir pour son service ! […] Ils sont tous comme lui, élevés dans l’amour du roi, — ce sentiment qui était de France, — dans ce feu sacré de l’amour du roi que soufflaient alors toutes les mères au cœur de leurs fils, et que, plus religieuses que les Vestales, elles ne laissèrent éteindre jamais ! […] Ce royalisme qu’aucune royauté, hors de France, n’inspira avec la même force et avec le même enthousiasme, non seulement mourait pour le roi, mais se ruinait pour le roi, — une manière de mourir plus terrible pour ces orgueilleux et ces puissants que de tout simplement mourir ! […] Elle sentait que toute cette magnifique maison des Adhémar allait crouler, et que ni la faveur du roi, ni les cordons bleus ni les gouvernements de province ne la sauveraient de sa ruine. C’était la ruine par amour du roi, — par nécessité d’aller à Versailles faire la cour à ce monarque idolâtré.

120. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Ce n’est pas du tout un roi fainéant de la première race. C’est un roi excessivement occupé. […] Il y a oublié ses devoirs et sa fonction de roi ; les difficultés de son règne. […] On a reproché justement à Louis XVI d’avoir été le roi sans épée de sa race. […] Il aurait pu être aussi un roi équestre, — le seul genre de roi qui convienne aux Français, disait madame de Staël.

121. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Nulle âme moins royale que celle de ce roi. […] Dieu nourrit le roi et le roi me nourrit. » Louis XI, ravi, fit un page de ce gâte-sauce et assura sa fortune. […] le roi est-il mort ? […] Les rois eux-mêmes tremblaient devant lui. […] Le sort redouté par le roi tombait sur la reine.

122. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Les Rois dans l’exil de ce temps ne sont plus les Rois dans l’exil d’un temps où, sur le trône, il y avait des Rois encore. […] Mais le roi Lear n’était qu’un roi, après tout ! […] Ce sont les rois en exil ! Ce n’est plus un roi ! […] le régicide, c’est le Roi !

123. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Celle-ci, d’un esprit fin et juste en ce qui la touchait, comprit dès l’abord ce qu’il fallait au roi ; et elle s’y aida de tous les charmes de sa personne et de sa conversation, de toutes les ruses d’une courtisane habile. […] Ce fut là tout son art, toute sa préoccupation ; elle était grande : « Ma vie s’écriait-elle, est comme celle du chrétien, un combat perpétuel. » La petite maréchale de Mirepoix lui disait : « C’est votre escalier que le roi aime, il est habitué à le monter et à le descendre ; mais s’il trouvait une autre femme à qui il parlerait de sa chasse et de ses affaires, cela lui serait égal au « bout de trois jours. » Aussi, quand l’éclat de ses charmes baissa et que l’âge commença de les glacer, quand on en fut réduit aux pauvres expédients, au chocolat à triple vanille et au régime du docteur Quesnay, quand enfin il fallut opter entre des rivales ou des suppléantes, la noble amante n’hésita pas : sa tendresse désintéressée n’en voulait qu’au cœur du roi ; en le conservant, elle lui remit tout le reste ; elle fit mieux, et, dans son abnégation platonique, elle ne dédaigna pas de condescendre aux soins les plus prévoyants et les plus intimes. […] Madame s’en inquiétait peu : « Le roi et moi comptons si fort sur vous, lui disait-elle, que nous vous regardons comme un chat, un chien, et que nous allons notre train pour causer. » On conçoit dès lors tout ce qu’il peut y avoir de confidentiel dans les mémoires de cette brave dame. […] Celle-ci finit par sourire et baisa les mains du roi. […] Représentant de toute cette partie immorale et dépravée du règne de Louis XV, et, même sous le roi honnête homme et citoyen qui lui succéda, opiniâtrement fidèle à la corruption du passé, le maréchal de Richelieu s’occupait encore aux approches de 89 à publier les scandales de sa longue vie, et les confessions cyniques que balbutiait le courtisan en cheveux blancs se perdaient dans les acclamations solennelles dont un peuple rajeuni saluait déjà sa nouvelle aurore.

124. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

contre la politique avouée du dernier descendant des Rois de France ; mais la vérité avant tout pour cette grande conscience de chrétien ! […] Les rois qui restent encore en Europe à cette heure ont déjà plein la bouche de ce flot révolutionnaire, qu’ils n’ont pas la force de rejeter et qui les étouffera demain. […] Et, comme il s’agissait de roi et de monarchie, l’auteur de la Reine Blanche, saint Louis et le comte de Chambord 44 a pris celui-là qui est roi par le droit héréditaire de sa naissance, et il s’est demandé s’il serait le roi de cette monarchie chrétienne qu’il faudrait ressusciter contre la révolution qui l’a tuée, et ressusciter assez forte pour ne pas permettre à cette révolution de la tuer une seconde fois. […] Après de tels exemples, quoi d’étonnant à ce que le comte de Chambord, qui n’est pas roi, mais qui veut le devenir, s’imagine que les batailles politiques entre des principes différents peuvent finir, comme de vulgaires procès, par des transactions, et qu’il puisse en accepter une, lui, le roi de France ! […] et c’est abdiquer, même avant d’être roi, que de prendre un trône de la main de la révolution, pour l’y faire monter et s’y asseoir avec elle !

125. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Cosnac eut ordre du roi de se retirer dans son diocèse, et de ne pas reparaître à la Cour ni à Paris. […] Cosnac fut, en 1660, du voyage des Pyrénées, où se fit le mariage du roi avec l’infante d’Espagne. […] L’affaire alla en Conseil par-devant le roi ; Cosnac fut admis à dire ses raisons et à faire valoir les précédents en sa faveur. […] Monsieur mangeant de la bouillie dans la chambre de la reine, le roi lui en frotta le visage. Cette raillerie le piqua si vivement, qu’il jeta sur le roi tout ce qui lui en restait.

126. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Son père paraît souvent fort mal de santé durant ces années, et lui sur le point d’être roi. […] Frédéric devenu roi (1740), le ton affectueux et tendre de la correspondance n’a pas changé d’abord. […] Celle-ci voudrait y faire croire à un refroidissement soudain de Frédéric roi, et elle s’en plaint comme d’une inconstance sans motif. […] Or, elle n’avait obtenu du feu roi cette jeune personne qu’à la condition expresse et sur sa parole d’honneur qu’elle ne la marierait pas hors de Prusse. […] Il n’y a presque rien du roi, c’est un particulier qui cause de ce qui ferait le charme de sa vie.

127. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M.  […] Rassurez-vous : ce titre de Livre des rois n’a rien de séditieux. […] Par exemple, un des meilleurs rois qu’il nous montre dans les premières dynasties, Féridoun, a trois fils. […] Roustem nous représente assez bien l’Hercule ou le Roland des traditions orientales : ce n’est pas précisément un roi, c’est plus qu’un roi, et il peut dire, lui aussi, dans son orgueil : J’ai fait des souverains, et n’ai point voulu l’être. […] Roustem, mandé en toute hâte par le roi effrayé, ne s’empresse point d’accourir.

128. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Et si les peuples obtempèrent à cette injonction papale, l’empire temporel romain ne sera pas seulement rétabli sur le monde, il sera doublé d’un empire spirituel, le roi sera dieu et le dieu sera roi. […] Les cours l’accusaient de gâter, par excès de conscience, le métier de roi. […] Cette princesse savoyarde en France fut un négociateur habile et intime dans la familiarité du roi. […] Ces rois se bornaient à faire rentrer tout doucement le troupeau dans le bercail des anciennes routines. […] Le frère du vieux roi, le duc de Génevois, sans enfants aussi, avait acquiescé à cette adoption.

129. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

La jeune princesse d’Angleterre, élevée en France pendant les malheurs de sa maison, fut destinée à épouser Monsieur, frère du roi, aussitôt que le jeune roi eut épousé l’infante d’Espagne, et vers le temps où Charles II venait d’être restauré sur le trône de ses pères. […] Le roi, qui précédemment avait peu souri à l’idée de l’épouser, « connut, en la voyant de plus près, combien il avait été injuste en ne la trouvant pas la plus belle personne du monde ». […] Durant le voyage de Douvres, où elle était allée voir le roi son frère et le décider à signer le traité avec Louis XIV (1er juin), elle avait pensé à ce pauvre M. de Valence. […] Le roi même, à mon retour, m’a témoigné beaucoup de bonté ; mais pour Monsieur, rien n’est égal à son acharnement pour trouver moyen de se plaindre. […] Au lieu de voir la vérité et de s’adoucir par là, il a pris cette occasion de vous faire du mal auprès du roi, et de tâcher à m’y rendre de mauvais offices.

130. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

» leur dit le roi, « n’entretenez pas cette jeune femme dans son erreur, jamais je ne fus son époux. […] Avancez donc, je vais trouver quelqu’un des familiers du roi. […] « Le roi, dans l’excès de sa joie », dites-vous ? […] Par ici, grand roi, par ici ! […] (Le roi se relève.)

131. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

L’infante, par ordre du roi, lui chausse les éperons, et ces éperons piquent au même moment le cœur de Chimène. […] L’inconvenance eût paru trop grande en France où nos rois ne virent jamais rien de pareil. […] Le roi le blâme, le réfute et donne les raisons d’État contre un préjugé si funeste : « Vous parlez en soldat, je dois agir en roi. » Puis, tournant court sans transition, le bon roi se met à deviser du danger dont les Maures, dit-on, menacent le royaume. […] Don Diègue, accouru aussitôt que Chimène, embrasse l’un des genoux du roi, tandis qu’elle tient à l’autre. […] Ces rois du théâtre espagnol sont pacifiques et prudents, justiciers ; ce sont des Louis XII de la fin.

132. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Il ne s’agit plus de telle ou telle maîtresse de roi : il s’agit de toutes. […] Tant pis pour les rois qui l’y mettent ! […] Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français. […] de telles menées tenaient autant de la comédie que de l’histoire, et Falstaff amoureux, mais qui n’était pas roi, n’eût pas fait autrement ! […] Voilà donc sa bonté réelle, et, comme roi, sa réelle grandeur.

133. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Il y avait alors dans le royaume un roi digne de l’être, avec toutes les qualités qu’on sait, au milieu des défauts que chacun concourait à favoriser et à recouvrir ; un roi homme de mérite, « toujours maître et toujours roi, mais plus honnête homme encore et plus chrétien qu’il n’était maître et roi : C’est ce mérite qui la toucha, dit très bien le père Cathalan. […] elle aima ce grand roi parce qu’elle était grande elle-même. […] Madame, qui, en ce grave moment, avait tout à obtenir du roi et pour elle et pour son fils (et qui obtint tout en effet), fit l’effort de mettre sa dignité de côté et de s’adresser à Mme de Maintenon. Celle-ci se rendit chez la princesse, et, en présence de la duchesse de Ventadour pour témoin, représenta à Madame, après l’avoir écoutée, que le roi avait eu à se plaindre d’elle, mais qu’il voulait bien tout oublier. […] Le second billet, par lequel Madame soumet au roi une lettre qu’elle vient de recevoir de la reine d’Espagne, avec la réponse qu’elle y a faite, se termine par des protestations du même genre : « Ayez la bonté de me marquer la volonté du Roi.

134. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Preuss, la correspondance du roi et de Maupertuis fait défaut ; on n’y trouve que sept lettres, la plupart insignifiantes : « Il est assez singulier, cependant, disait M.  […] Nous avons la clef du procédé : La Beaumelle ne considère les lettres du roi que comme un canevas sur lequel il brode ses variations. Il y a eu dans l’Antiquité tout un ordre de grammairiens et de rhéteurs qui ont fabriqué des lettres de rois et de grands hommes, et quelquefois c’était à s’y méprendre. […] vous me transcrivez des lettres d’un homme historique, d’un grand roi, d’un héros, et vous y mêlez de vos tours et de vos pensées, sans me le dire ! […] ) — « Maupertuis me marque que Voltaire doit rester en Prusse, et que c’est une grande acquisition pour un roi qui a autant de talent et de goût.

135. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Si j’avais suivi toute ma pensée, j’aurais intitulé ce chapitre : « Frédéric ou l’amitié d’un roi ». […] Après quoi, il n’eût pas mieux demandé que de redevenir le roi pacifique, humain et administrateur qu’il avait d’abord rêvé d’être et qu’il fut en définitive. […] On voudrait, en arrivant à la fin de cette correspondance, rencontrer une dernière lettre de Frédéric roi ; elle manque. […] La famille de M. de Suhm, sa sœur et ses quatre enfants furent à l’instant mandés et accueillis à Berlin ; ils y eurent pension, et les enfants y furent élevés aux frais du roi. […] Ainsi écrivait le roi honnête homme au fils de celui qui avait été son meilleur et son plus tendre ami.

136. (1908) Jean Racine pp. 1-325

ça n’est pas : « Midi roi des étés ». […] Le roi, bien entendu, est amoureux. Et sans doute le roi n’a pas encore fait la guerre. […] Et, si d’aventure on dit que c’est le roi, et si le roi lui-même se reconnaît en lui, quel mal à cela encore ? […] Le roi fut ravi.

137. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Il déclarait au roi ne pouvoir prendre sur lui plus de responsabilité, à moins qu’il ne reçût un ordre positif ; et si l’ordre était venu, il eût été le premier sans doute à proposer les objections. […] « Rompre les desseins des ennemis sans commettre son armée », c’était l’ordre que le roi lui donna, et il s’acquitta parfaitement de la mission. […] Villars devait se concerter avec lui, et enfin il ne faisait rien sans en avoir référé au roi et au ministre de la guerre, Voisin. […] Je suis assez bon serviteur du roi pour garder la bataille entière pour le dernier. […] Villars envoya le jour même au roi le marquis de Nangis, qui fit un récit verbal, et l’on en est réduit, de son côté, à la narration succincte qui se lit dans ses Mémoires et qui n’a pas la valeur d’une relation détaillée.

138. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

On peut trouver qu’il conteste à Louis XIV quelques qualités que ce roi eut peut-être plus qu’il ne l’a dit : ce serait matière à examen et à discussion ; mais il est impossible, en lisant Saint-Simon, de ne pas être frappé d’une chose, c’est qu’il a infiniment plus donné au grand roi qu’il ne lui a ôté devant la postérité : il le fait vivre, marcher, parler, agir sous nos yeux en cent façons et toujours en roi, avec majesté, grandeur, avec séduction même. […] Le siècle de Louis XIV et le roi tout le premier, je le maintiens, sont heureux d’avoir eu en définitive leur Saint-Simon. […] Saint-Simon, ce jour-là, est dans l’admiration de rencontrer le roi qui chasse sur ses terres et qui, pour une fois qu’il se le permet, y chasse en maître. […] Il poussa la servitude jusqu’à monter une fois derrière le carrosse du roi, pour le suivre où il avait été refusé d’aller, et cela lui réussit à merveille. […] Avec tant de faveur et tant de soin de l’augmenter, il était devenu si à charge au roi qu’il ne le put dissimuler à sa mort.

139. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Les collecteurs s’arrêtent devant aux, parce que le roi sent bien que la propriété féodale a la même origine que la sienne ; si la royauté est un privilège, la seigneurie en est un autre ; le roi n’est lui-même que le plus privilégié des privilégiés. […] Substitués au roi, ils ont ses droits utiles et honorifiques. Ce sont presque des rois délégués et à vie ; car ils touchent, non seulement tout ce que le roi toucherait comme seigneur, mais encore une portion de ce qu’il toucherait comme monarque38. […] Par contrainte, ils ont souffert que le roi s’en appropriât la portion publique. […] Clerget y dit, en effet, qu’il y a encore en ce moment (1789) 1 500 000 sujets du roi soumis à la servitude, mais il n’apporte aucune preuve à l’appui de ce chiffre.

140. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Les favoris, les Luynes sont là qui ont l’œil à tout et qui surveillent entre le roi et sa mère l’élan de la nature. […] Tant que Luynes gouvernait le roi, il n’y avait point pour Richelieu de grande place possible. […] Il était, certes, de la race des âmes royales, mais il n’était pas né roi. […] S’il fût né sur le trône et roi héréditaire, il aurait eu naturellement la grandeur sans avoir à forcer la fermeté. […] La Providence, qui ne comptait pas Louis XIII, suscita Richelieu afin qu’il n’y eût point d’interruption entre les grands rois.

141. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Le roi enfant n’entendait parler que de la gloire de ses armes ; en 1646, à l’âge de huit ans, il était conduit par sa mère à l’armée de Flandre et la passait en revue : alors il n’avait pas encore atteint l’âge où Marié de Médicis faisait donner le fouet à Louis XIII. […] Le prince de Condé, qui avait été condamné à mort, se retira à la cour d’Espagne ; le roi avait recommencé la guerre contre la France. […] Il voulut que le roi, alors âgé de 16 ans, se rendît à l’armée ; le jeune prince fit les campagnes de 1653, 1654, 1655, à Mouzon, à Stenay, à Landrecies, à Condé, à Saint-Guillain. […] Quelle imagination n’a été frappée du récit de ces fêtes somptueuses et magiques où le jeune roi n’était pas simple spectateur et qu’il embellissait par son grand air, sa bonne grâce, et sa galanterie ! […] La reine et le cardinal, au milieu de l’enivrement général, ne négligeaient pas de diriger l’esprit et les premières affections du jeune roi.

142. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

L’adversité, qui, dans le même temps, menaçait les intérêts politiques du roi, concourut puissamment à arrêter l’essor du poète, devant le changement des mœurs de la haute société. […] En 1670, il avait mis au théâtre Britannicus, ouvrage sévère, où l’on voit le peu de distance qui sépare un roi voluptueux d’un tyran. […] En 1675, Racine fit Iphigénie ; le roi le nomma historiographe de France avec Boileau. […] « Le roi », dit-elle ailleurs, « méritait d’avoir d’autres historiens que deux poètes. […] Entre les vers qu’il a faits pour les ballets du roi, il en est qui ne sont pas au-dessous des charmantes cajoleries de Voltaire pour le grand Frédéric132.

143. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

« Quand je l’entendais appeler le roi de notre choix, j’étais toujours tenté de sourire », nous dit M.  […] Quelle idée doit-on prendre du roi qui y présida ? […] Guizot : Quelle idée se fait-on du roi qui présida à ce régime des dix-huit années ? […] À peine roi et roi par force, tout en jubilant du bonheur de l’être, il écrit à M.  […] Guizot nous le livre « dans l’abondance un peu précipitée de sa conservation », tâtonnant un peu, et, ce qui est fâcheux pour un roi, tâtonnant devant tous, n’ayant pas de précision dans le premier coup d’œil : « L’esprit du roi, lui dit un jour M. 

144. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Il descendait déjà d’une race de rois immémoriale. […] Le saint dit à sa fille que le temps est venu de sommer le roi d’accomplir sa promesse, et de proclamer l’enfant roi et successeur de son père. […] Vos armes, ô rois ! […] (Haut, en s’adressant au roi.) […] Un d’eux reconnut dans le héros le fils du roi, roi lui-même.

145. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Le prince présent au feu encourageait ses brigades : il paya ce jour-là sa dette à son roi et à sa patrie. […] Le prince était allé la veille à Versailles demander au roi son agrément, et le roi avait promis le secret. […] L’agrément du roi était nécessaire pour autoriser cet arrangement. […] Le roi, à qui M. le directeur (M.  […] Je vous prie de lui communiquer ma lettre, comme contenant la volonté du Roi.

146. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Les héros sont bien traités, mais les rois sont préférés. […] Un roi a le lendemain. […] Joseph de Maistre l’ajoute, divinement, au roi. […] Un roi quelconque est une étape. […] La qualité de roi ne sera plus un faux poids moral.

147. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Il a fait des croisades, détrôné des rois, distribué des États. […] C’est sa manse, sa bourgade, sa comté, ce n’est plus celle du roi ; il va combattre pour la défendre. […] Souvent c’est un comte carlovingien, un bénéficier du roi, le hardi propriétaire d’une des dernières terres franches. […] Services et récompense du roi. […] Saint Lupicin devant le roi burgonde Chilpéric, II, 416.

148. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Le roi tente de s’échapper, on l’y ramène ; La Fayette ne peut plus être que le geôlier national de la couronne. Cette royauté suspendue sur la tête du roi passe à l’Assemblée constituante ; une constitution règne métaphysiquement à sa place ; l’Assemblée constituante rend un trône presque aboli à ce fantôme de roi captif. […] Tout le royaume est en feu, sans roi, sans loi, sans répression possible des désordres d’une anarchie. […] On leur pose alors, pour les embarrasser, la terrible question du jugement et du supplice du roi. […] Aucun roi n’a tant écrit.

149. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

” Sa fille aussi avait le cœur d’un roi. […] De ces deux derniers partis, le plus hostile au roi n’était pas le parti jacobin. […] Agir comme elle agit, c’était pousser fatalement le roi ou à la trahison ou à l’échafaud. […] Le roi ne le pourrait ni ne le voudrait. […] Il est le roi du culte, de l’aristocratie, des lois, des mœurs, des abus et des erreurs de l’empire.

150. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

. — le roi en conçoit de l’humeur. — discours de m. de montalivet, le fidus achates du roi. — cousin condamné a boire la ciguë. […] — Le discours de l’archevêque de Paris au roi, à l’occasion de la fête du 1er mai, a donné lieu à une réplique un peu sévère. Le roi s’est fâché de ce qui avait l’air d’une leçon. […] Quelques-uns disent qu’il y avait une phrase qu’on n’a pas imprimée : « Je viens apporter ici non plus des espérances, mais des regrets », quelque chose dans ce sens ; dans tous les cas, le roi l’a compris ainsi, et a eu un moment d’humeur. […] Or, M. de Montalivet est considéré dans tous ses actes et toutes ses paroles politiques comme le roi en personne dont il est le favori (fidus Achates).

151. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Il se montra deux ans en Provence très administrateur et très roi. […] Laborieux, appliqué, épris de justice, il avait encore les côtés extérieurs des rois, faits non seulement pour régner, mais pour rayonner. […] Jamais ses revers ne le dégoûtèrent de ses fonctions de roi. Après avoir perdu la Sicile et manqué l’Aragon, il se rabattit sur ses duchés et il y montra toujours le roi sous le duc. […] Il a vu surtout dans René l’homme politique, le guerrier et le roi.

152. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Au rapport de tous les historiens, elle déshonora le roi et le trône ; au rapport d’un panégyriste, ce fut le sacrifice d’un grand homme au bien de l’Europe. […] En 1595, on vit dans Paris un éloge dont le sujet est à jamais respectable ; c’était l’éloge du président Brisson, pendu quatre ans auparavant pour la cause des rois. […] Non, ce n’était pas celui d’un de nos frères, c’est celui de notre père, celui du meilleur des rois, de Henri IV », etc. […] Tel est l’hommage qu’au bout de 190 ans la reconnaissance des peuples rend encore aux vertus des rois. […] Le roi y envoya sa musique.

153. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Qui n’a vu, au temps de notre jeunesse, quelque vieux Vendéen ou soldat de l’armée de Condé, mécontent, chagrin, satirique, irrité contre Louis XVIII de ce qu’il avait trop donné du côté de la philosophie ou de la Révolution, et qui, dès que le roi fut mort, le pleura ? […] Il est même touchant, au simple point de vue de l’histoire, de contempler chez lui la Réforme triste et blessée, et qui s’en va peu à peu mourir d’avoir produit et enfanté comme une mère ce roi glorieux, ce cher ingrat, qui se détache d’elle et dont elle reste fière cependant63. […] L’idée de religion particulière et de secte l’emportait chez lui sur celle de nationalité et de patrie ; et c’est ici qu’on reconnaît combien Henri IV fut un roi vraiment roi, supérieur à son premier parti, et d’un tout autre horizon. […] Le roi de Navarre parla d’abord et posa cette première question : si, dans les circonstances présentes et nouvelles, les huguenots devaient avoir les mains croisées durant le débat des ennemis, envoyer tous leurs gens de guerre dans les armées du roi sans en faire montre (ce qui était l’opinion de plusieurs), ou s’ils devaient prendre séparément les armes pour secourir le roi en leur propre nom, et profiter de toutes occasions pour s’affermir ? […] Et reprenant à la fin et retournant à contrepied le raisonnement du vicomte de Turenne : Je conclus ainsi : « Si nous nous désarmons, le roi nous méprisera ; notre mépris le donnera à nos ennemis : uni avec eux, il nous attaquera et ruinera désarmés ; ou bien, si nous nous armons, le roi nous estimera ; nous estimant, il nous appellera : unis avec lui, nous romprons la tête à ses ennemis. » Il échappa au roi de Navarre sur la fin de ce discours de s’écrier : « Je suis à lui ! 

154. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Le roi don Sanche malade va se confier à l’hospitalité et aux médecins du roi more de Cordoue. […] Voyez avec quelle irrévérence il traite les rois ! […] Ô roi ! […] Le roi, qui était bon, y consentit. […] Les gentilshommes s’en lassèrent, comme les rois.

155. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Takisé épousa le roi qui lui donna la place de sa femme préférée. […] Les autres femmes du roi assistaient, sans en être émues, à cette métamorphose. […] Et la première décapitée, ce sera « moi. » Les femmes du roi vécurent donc, jusqu’au retour de leur mari, dans l’appréhension d’une mort inévitable. […] Quand ils furent au bord du fleuve, le roi se changea en hippopotame et plongea à la recherche de Takisé. […] Roi (terme haoussa).

156. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il suit le Roi à Narbonne. — 1644. […] du Tartuffe, est dû au Roi. […] Vaines démarches auprès du Roi alors en Flandre. […] L’approbation du Roi change subitement l’opinion de la cour. […] Le soir elle alla au Louvre jouer la même pièce pour le Roi.

157. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le roi a eu la bonté de donner son agrément sur ce point. […] Racine le fils a été très-bien reçu du roi, mais que M.  […] Racine qui le déchargeait et se chargeait de tout pour lui. « Ce n’est plus cela, ajouta le roi : il faut que vous soyez seul chargé de tout désormais. […] Racine et de M. de Valincour, son successeur non-seulement pour l’Académie, mais aussi pour l’Histoire du roi ; mais il a gardé un tel silence au sujet de M.  […] Le Peletier (1697), disait au roi qui lui en donnait la première nouvelle : « Cette retraite, Sire, rend M. 

158. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Il écrivit à sept heures du matin une lettre à Saint-Cloud au roi ; elle s’égara en chemin. Il en récrivit une autre, qui parvint au roi avant neuf heures. […] Le roi la lut, lui adressa quelques questions, et lui dit d’aller attendre la réponse. […] Monté sur le même paquebot que Charles X, il quitta le vieux roi en arrivant dans la rade de Portsmouth. […] Il allègue que M. de Bourmont, dans la liste de présentation au roi, avait placé le nom du maréchal Marmont en tête.

159. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Le roi est entouré de tous les cadets de Gascogne qui ont jadis suivi sa fortune ; il a entre les jambes le Gascon gasconnant Antoine de Roquelaure, le compagnon de ses équipées galantes, le maréchal borgne, qui a plus grand nez que son maître. […] L’acteur contrefait Roquelaure ; celui-ci fait semblant de se lever pour aller le battre, et Gros-Guillaume dit : « Cousis, ne bous faschez… » Le roi retient Roquelaure en riant aux éclats. […] C’étaient un mari et une femme qui se querellaient ensemble ; la femme criait après son mari de ce qu’il ne bougeait tout le jour de la taverne, et ce, pendant qu’on les exécutait tous les jours pour la taille qu’il fallait payer au roi, qui prenait tout ce qu’ils avaient ; et que, aussitôt qu’ils avaient gagné quelque chose, c’était pour lui et non pas pour eux. — C’est pourquoi, disait le mari se défendant, il en faut faire meilleure chère ; car, que diable nous servirait tout le bien que nous pourrions amasser, puisqu’aussi bien ce ne serait pas pour nous, mais pour ce beau roi ? […] Monsieur le roi n’en croquera pas de celui-là. […] Sur ces entrefaites, la femme s’était saisie subitement d’un coffret sur lequel elle se tenait assise ; le commissaire, l’ayant avisée, lui fait commandement de se lever de par le roi, et leur en fait faire l’ouverture.

160. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

« Il n’y a plus de Pyrénées », avait dit Louis XIV, en donnant son petit-fils à l’Espagne ; mais les Pyrénées ne s’étaient pas abaissées à ce mot du grand roi : l’Espagne, qui, depuis Ferdinand le Catholique, combattait et haïssait la France, n’avait pas changé tout d’un coup au gré d’un testament. […] Louis XIV, d’après le sage avis de Torcy, voulait que son ambassadeur gouvernât sans paraître dans le Conseil ; madame des Ursins de son côté, par son autorité sur l’esprit de la reine, et par l’ascendant de celle-ci sur le roi, devait, dans les entretiens de l’intimité, nourrir l’affection du prince pour son aïeul. […] Pendant ce temps, madame des Ursins avait étendu son crédit ; le jeune roi, ainsi qu’un historien l’a caractérisé, chaste, dévot et ardent, était tout dévoué à son épouse, laquelle l’était elle-même à sa dame d’honneur. […] La reine d’Espagne étant venue à mourir et le roi ne pouvant se passer d’épouse, elle fit choix de la princesse de Parme dont elle crut s’assurer la reconnaissance en l’élevant si haut. […] Elle servit utilement Louis XIV, elle servit courageusement et loyalement Philippe ; dès qu’on put s’en passer, on la chassa, on l’oublia ; mais il ne faut pas la flétrir, et si le blâme doit retomber sur quelqu’un, que ce soit plutôt sur ces rois qui la payèrent de tant d’ingratitude.

161. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Les Gelosi présentèrent les lettres patentes qu’ils avaient obtenues du roi. […] Et du roi, de la reine et du trésorier qu’advint-il ? […] Pluton trembla et le roi s’engloutit. […] L’Arlequin de cette troupe voulait engager le roi à lui faire présent d’une chaîne d’or, avec une médaille. Il imagina de faire un livre, de l’imprimer et de l’adresser au roi.

162. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Revenue à Paris avec le jeune roi, elle se voit obligée de partager l’autorité avec le prince de Condé ; l’hôtel de ce dernier est assiégé de la foule des courtisans et devient le vrai Louvre ; l’autre Louvre n’était plus qu’une solitude. […] Les grands seigneurs dans les provinces continuent leurs intrigues et leurs prises d’armes ; l’un d’eux, le duc de Bouillon, a la hardiesse d’écrire au roi pour élever des plaintes : le roi fait une réponse où, pour la première fois, se marque le doigt, la griffe de lion de Richelieu. Ce procédé vigoureux du roi, et qui « sentait plus sa majesté royale que la conduite passée », n’était pas néanmoins reçu des peuples comme il aurait dû l’être, à cause du maréchal d’Ancre : tout ce qui, sans lui, eût été reconnu avantageux au service du roi et au bien de l’État, était pris en mauvaise part et envenimé par les mécontents ; ce fut là l’écueil et le point ruineux du premier ministère de Richelieu, et lui-même le reconnaît. […] Les affaires étaient en cet état, et le parti des princes aussi bas que possible, lorsque tout changea en un clin d’œil par la mort du maréchal d’Ancre, qui fut tué le 24 avril 1617 par ordre du roi et à l’instigation de Luynes. Le favori du roi faisait tuer le favori de la reine.

163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Il a été présenté au roi qui lui a fait un très bon accueil. […] Le plus grand inconvénient pour notre savant dans cette nouvelle et dernière patrie, c’est que le goût du roi le dirigea sur la théologie et le poussa à écrire contre Baronius. […] Il avait d’ailleurs le plaisir de trouver à qui parler, dans la familiarité de ce roi homme de lettres et quasi confrère. […] Enfin je n’en revenais pas de voir un si grand roi prononcer si pertinemment en matière de littérature. […] Il était donc naturel que ce roi estimât Commynes léger et malicieux.

164. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

C’est là qu’elle l’entendit, lui pardonna et lui promit de parler au roi en sa faveur. […] Le catholique et le chrétien cédèrent le pas au sujet ; Dieu et le pape ne vinrent qu’à la suite : le roi avant tout, ce fut sa devise. […] C’était, on le savait, le choix agréable au roi. […] Au sacre de Reims, en ce jour solennel, c’était lui qui avait été choisi pour mettre la couronne sur la tête du roi. […] Le roi tenait les Sceaux comme suspendus, et Harlay y avait l’œil.

165. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Henri devint roi ; son trésorier particulier, M. de Roquancour, passa trésorier de l’Épargne, et Olivier, à vingt-deux ans, fut son premier commis. […] M. de Morvilliers étant venu à mourir, M. d’Ormesson, peu agréé de Henri III, qui l’avait trouvé rétif à ses profusions (« Il est paresseux, à la vérité, disait ce roi, mais il est homme de bien ») ; pensa à la retraite, et s’étant défait de ses charges, il s’était dit qu’il achèverait paisiblement ses jours, tantôt à Paris, tantôt dans ses maisons des champs, qu’il embellirait. […] M. d’Ormesson obtint du roi confirmation de la survivance de son office de président en faveur de son fils aîné. […] M. d’Ormesson allait toujours recevoir le roi et l’accueillait de bonne grâce : « Sans M. d’Ormesson on ne se réjouirait point dans Paris, dit un jour Henri IV en entrant ; c’est le père de la jeunesse. » Mais quand il avait reçu le roi et l’avait conduit dans la salle du bal, M. d’Ormesson se retirait et s’allait coucher, de bonne heure, laissant son monde en train de plaisirs. […] La musique du roi y fut excellente.

166. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Jamais occasion n’a été plus importante, et sans entraîner ou exposer les convenances de la France, le roi peut nous être du plus grand secours, en marquant avec fermeté l’amitié qu’il nous porte et à notre alliance. […] Je n’ai pas été trop contente des raisonnements de ces messieurs qui ne cherchent qu’à biaiser et à y accoutumer le roi. Je compte leur parler encore, peut-être même on présence du roi. […] Le roi m’a montré celle qui est partie, il y a huit jours. […] En faisant à cette heure la paix, je m’attire non seulement le blâme d’une grande pusillanimité, mais je rends le roi (de Prusse) toujours plus grand, et le remède devrait être prompt.

167. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Ce roi absolu mais légitime se trouve placé entre le despote occidental et le souverain moderne. […] Il songe au bien de ses sujets, mais seulement parce que ce bien entre comme un but accessoire dans les desseins d’un grand roi. […] Toutes les forces privées et publiques se rassemblent en sa personne, mais ce n’est pas pour assouvir l’homme, c’est pour glorifier le roi. […] Au plus haut de cette administration régulière et de cette hiérarchie obéissante, trône un personnage qui, comme le roi terrestre, n’est qu’un homme agrandi. […] Il est encore trop de son siècle pour ressembler au souverain moderne, il gouverne les êtres, comme le roi ses peuples, sans beaucoup d’égards pour leur bonheur.

168. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

que le Roi de gloire entre dans ses empires ! […] portes de l’éternité, ouvrez-vous, que le Roi de gloire entre ! […] C’est lui qui est le Roi de gloire ! […] Dieu seul est roi ! […] et du fond de ces cœurs jusqu’au tombeau du roi.

169. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Ce vœu de Platon, que les philosophes deviennent rois, ou que les rois deviennent philosophes, résume ce que le poëte thébain avait conseillé aux rois grecs de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et ce que Xénophon décrivit dans sa Cyropédie. […] Et le futur dominateur de l’Orient, qui refusait de disputer des prix à Olympie, parce qu’il n’y rencontrait pas de rois pour rivaux, ne pouvait cependant méconnaître l’influence populaire de ces palmes qu’il dédaignait. […] Enfin, sur les monnaies de Macédoine, Alexandre voyait la tête de ce roi, son puissant prédécesseur, ornée des palmes remportées dans les grands jeux de la Grèce. […] À son atteinte, toutes les choses de la nature ont frissonné ; et par lui tu établis le niveau de la raison commune qui réside dans tout, se mêlant aux grandes et aux petites intelligences, raison si puissante qui est le suprême roi partout. […] dispensateur suprême, ceint de sombres nuages et roi du tonnerre, délivre les hommes de leur funeste ignorance : écarte-la de leur âme, ô père !

170. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il appartenait à cette bourgeoisie laborieuse et influente d’où nos rois aimaient à tirer des serviteurs dociles et dévoués. […] Foucault, agréé, présenté au roi, reçut la nouvelle charge avec toutes sortes d’avantages et de faveurs extraordinaires, dispense d’âge, de service, et remise de finances. […] La méthode la plus douce était de convertir les gens avec promesse de pension du roi. […] Le sieur Coras, ministre de Montauban, étant converti, j’ai proposé au roi de donner 600 liv. de pension à ses deux filles. […] Un protestant ne pouvait être commis ni dans les fermes-unies, ni pour le recouvrement des tailles, ni dans les domaines du roi.

171. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Or, dans la Satyre Ménippée, l’éloquent et sensé d’Aubray, parlant de la monarchie à fonder et du monarque à prendre et à choisir, disait excellemment : « Nous demandons un roi et chef naturel, non artificiel ; un roi déjà fait et non à faire… Le roi que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, jetton droit et verdoyant du tige de saint Louis. […] Le roi ayant un jour demandé au prélat s’il faisait encore des vers, celui-ci répondit que « depuis que le roi lui avait fait l’honneur de l’employer dans ses affaires, il avait tout à fait quitté cet exercice, et qu’il ne fallait plus que personne s’en mêlât après un gentilhomme de Normandie établi en Provence, nommé Malherbe, qui avait porté la poésie française à un si haut point que personne n’en pouvait approcher ». […] Je la vois qui t’appelle137 et qui semble te dire : Roi, le plus grand des rois et qui m’es le plus cher, Si tu veux que je t’aide à sauver ton Empire, Il est temps de marcher. […] Le Cardinal avait eu à triompher, entre autres difficultés, dans la conduite de cette affaire, de la légèreté ou du peu d’habileté du propre ambassadeur du roi, M. du Fargis. […] Ils s’en vont, ces rois de ma vie, etc.

172. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

En attendant, et tout en s’excusant de la sorte, ce roi, encore tout chaud et tout poudreux de la guerre de Sept Ans, ne laisse pas de payer tribut à l’idée philosophique, en se faisant l’abréviateur et l’éditeur de Bayle. […] Ce grand roi n’a plus l’air que d’un pompeux écolier. […] Le roi avait été fort malade de la goutte ; il voyait sa santé très compromise ; il songeait au prince Henri pour être après lui le conseiller de son neveu et le tuteur de l’État. […] Le roi surtout, à l’exemple de Bayle et de Montaigne, tient fort à rabattre, à humilier notre espèce : « Je suis persuadé que les fourmis de votre jardin de Rheinsberg se font souvent la guerre, mon cher frère, pour un grain de millet, et que vous n’avez aucune notion de leurs fameuses querelles. […] De son côté, le prince Henri, même avant d’être présenté à Louis XVI, avait du penchant pour ce roi si bien intentionné.

173. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Il y a de quoi : un roi de vingt ans et une reine de dix-neuf, et toutes leurs actions sont comblées d’humanité, générosité, prudence et grand jugement. […] Le roi vous aimant, ses ministres doivent vous respecter ; en ne demandant, rien contre l’ordre et le bien, vous vous faites respecter et aimer en même temps. […] Vos belles-sœurs font tout autrement, et j’avoue, tous ces plaisirs bruyants, où le roi ne se trouve pas, ne sont pas convenables. […] Je faisais ici allusion à un article qui avait paru sous ce titre : l’Impuissance du roi. Louis XVI n’était pas impuissant, pas plus qu’on n’est muet pour être bègue : mari ou roi, il était le même ; il n’était que gauche, honteux et empêché.

174. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Pourtant la franchise courageuse de mademoiselle de La Fayette donna à Richelieu quelque crainte d’un rapprochement entre le roi et la reine ; et, après la retraite de cette noble fille, il résolut, pour plus de sûreté, de remplir la place vacante par une créature de son choix. […] Le roi se prêta à tout ; mais, ne se fiant pas entièrement à cette haute amitié, si souvent impuissante, Cinq-Mars, pour perdre le ministre, se laissa persuader par le duc de Bouillon de traiter avec l’Espagne, qui lui fournirait au besoin une armée. Richelieu était à Tarascon et le roi à Narbonne, tous deux malades de la maladie dont bientôt après ils moururent. Au moment d’agir, Cinq-Mars fut arrêté ; une copie du traité, livrée au cardinal et montrée par celui-ci au roi, avait arraché l’ordre : convaincu d’avoir conspiré contre son premier ministre, Louis XIII n’avait pu mieux témoigner sa repentance qu’en livrant ses complices. […] Avenel, « il y a dans l’affaire de Cinq-Mars deux choses fort distinctes : une intrigue et un crime ; une intrigue pour faire perdre au cardinal la confiance du roi, un crime dont le but était d’ouvrir la France aux ennemis.

175. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Dans les batailles, il les dirige comme du haut d’un char, il les préside dans l’agora, comme du haut d’un trône, « Roi des rois », « Prince des peuples », sont les titres dont on le couronne. […] » — Aussi la haine murmure sourdement contre les rois qui ont décimé la Grèce pour reconquérir une femme adultère. […] Chaque nuit, l’insomnie la retournait sur sa couche hantée par les rêves ; le roi d’un moucheron la redressait en sursaut. […] C’est par une avenue triomphale que le Roi des rois doit rentrer chez lui. […] appeler le peuple ou courir eux-mêmes au secours du roi ?

176. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Carnot avait publié en 1814 un Mémoire au roi, plus ou moins opportun de sa part, mais qui était dicté par un sentiment patriotique honorable et un désir manifeste de conciliation. […] Si un homme nous donnait un soufflet, nous ne tendrions pas l’autre joue ; cet homme, s’il était sujet, nous aurions sa vie ou il aurait la nôtre ; s’il était roi ! […] Achevons pour lui la phrase : S’il était roi, nous n’aurions de repos que nous n’eussions mis à bas son trône ; — et il fit tout ce qu’il fallait en effet pour consommer sa pensée. […] N’est-ce pas ainsi que M. de Chateaubriand a traité les rois ? Les rois en revanche ont eu le caractère bien fait ; ils ont tout souffert et oublié, et le bon Charles X, cette fois, a été comme Socrate.

177. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

On agit par amour pour son roi ou pour sa caste. […] Le Roi. […] Un roi patriote et un peuple agissant pour plaire à son roi, par honneur, voilà un Etat qui marche bien. […] Son rêve, c’est un roi absolu fondant la liberté dans ses Etats. […] Le roi s’obstina et le Parlement dut s’incliner.

178. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Le jeune duc de Savoie apprenait vers ce temps que sa mère prétendait le marier à l’infante de Portugal, avec perspective pour lui d’être roi par la suite, ou plutôt le mari de la reine, dans un lointain et perpétuel exil. […] L’abbé d’Estrades, après avoir salué la duchesse mère, allant droit au marquis Dronero, lui signifia à brûle-pourpoint devant tous le mécontentement du roi, son maître. […] Seul, le jeune duc garda un visage impassible, écouta avec calme les explications de l’abbé d’Estrades, et lui dit qu’il était persuadé de la justice des motifs qui avaient causé le mécontentement du roi contre le marquis Dronero. […] D’un air calme, le duc répondit qu’il s’étonnait qu’une pareille misère eut pu aller jusqu’au roi. […] Ce sont chaque jour de nouveaux incidents, des objections de détail : questions de douanes, questions de régiments à accorder au roi et du chiffre des hommes, tout devient matière à discussion, à retard, il vire et revire dans son procédé, à chaque changement de fortune plus ou moins favorable à nos armes.

179. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Quelques-uns estiment que c’est à la cour des rois qu’on parle le mieux, et que c’est là que s’apprend le vrai français : Pasquier le nie tout à plat. […] Pibrac, avocat du roi, éloigné de Paris en 1567, et abrité en lieu sûr, lui fait demander s’il doit revenir à Paris et s’exposer aux hasards d’un voyage. […] Le Parlement empruntait des rois mêmes une sorte de droit gracieux de les avertir et de leur résister. […] Le roi, dans sa colère, s’échappa à dire que si ces messieurs s’y refusaient une dernière fois, il les ferait tous mourir. […] Après avoir été trente-six ans avocat plaidant, et pendant dix-neuf autres années avocat du roi, il se démit de tout emploi public et entra dans la retraite à l’âge de soixante-quinze ans (1604).

180. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Les grâces et l’esprit de cette reine enfant n’y auraient pas suffi sans les directions de ce guide continuel, et qui l’était aussi du jeune roi en bien des choses. […] Jamais le roi ne se lèverait si je n’allais tirer son rideau ; et ce serait un sacrilège si une autre que moi entrait dans la chambre de la reine quand ils sont au lit. […] Mais les lettres qu’on a de ce roi montrent qu’il n’était nullement besoin de cette extrême incartade pour l’indisposer contre Mme des Ursins. […] Le grand roi, d’ailleurs, crut devoir prendre des précautions extrêmes pour frapper le coup à propos. […] Elle se prononce avant tout pour le complet rétablissement de l’autorité du roi.

181. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Pour cela, la permission du roi était nécessaire. […] Jacques III, après ses revers et sa fuite en Écosse, vivait à Rome, traité en roi par le pape. […] Louis XV, placé entre la fidélité à sa parole et l’infidélité à son honneur de roi, le fit arrêter à l’Opéra le 10 décembre 1748. […] Le féroce ennemi des rois ne comprend pas les reines dans son aversion. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps ; le roi mon père en avait une prédilection toute particulière.

182. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Le roi en personne était prêt, en cas de résistance, à se mettre à la tête de cette soudaine armée. […] De même, les farines que le roi faisait voiturer à Schelestadt et à Béfort voyageaient sous apparence de ballots remplis d’armes. […] Celui-ci leur signifia tout net l’injonction de se soumettre purement et simplement à l’autorité du roi, avec promesse de tous ménagements et de toutes faveurs en cas de bonne volonté ; sinon, on recourrait à la force. […] si sa politique de roi était satisfaite et pleinement triomphante, son glorieux amour-propre personnel se sentait peut-être un peu déçu. Comme on s’entretenait le 2 octobre, à son coucher, des nouvelles du jour, à savoir qu’une partie de nos troupes était entrée à Strasbourg dans l’après-midi du 30 septembre, et que le reste n’avait fait son entrée que le lendemain, le roi dit en riant qu’il fallait que, dès ce premier jour même, la sûreté y fût bien entière, puisque M. de Louvois y avait couché.

183. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

M. de Schulenburg m’avait fait faire un uniforme de soldat, que l’on me mit sur le corps avec un grand ceinturon et une grande épée, des guêtres à la saxonne, et, dans cet équipage, il me mena baiser la main du roi. […] On vint à parler des plans que j’avais levés, et le roi dit à M. de Schulenburg que tous ceux qu’il lui enverrait fussent faits de ma main. — « Je veux, continua-t-il, que vous me secouiez ce drôle comme il faut et sans aucune considération ; cela le rendra dur au mal. […] Ce général, qui avait la force du corps singulière du roi son père, avec la douceur de son esprit et la même valeur, possédait de plus grands talents pour la guerre. » Cette douceur d’esprit qui étonne un peu d’abord, nous la retrouverons nous-même et nous la vérifierons. […] Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté. […] Ainsi, en établissant l’égalité, vous satisfaites à la justice et à la gloire du roi… » Rien ou à peu près rien de ce qu’avait conseillé Maurice ne se fit.

184. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Le mémoire du 15 octobre fut remis par le comte de La Marck à Monsieur (depuis Louis XVIII), dans l’espérance qu’il en parlerait à la reine : « Vous vous trompez, dit Monsieur au comte de La Marck, en croyant qu’il soit au pouvoir de la reine de déterminer le roi dans une question aussi grave. » Et insistant sur la faiblesse et l’indécision du roi, qui était au-delà de tout ce qu’on pouvait dire : « Pour vous faire une idée de son caractère, poursuivit Monsieur, imaginez des boules d’ivoire huilées, que vous vous efforceriez vainement de retenir ensemble. » C’est alors que Mirabeau tenta sincèrement de se rapprocher de La Fayette, qui, depuis les journées d’Octobre et par suite de la présence du roi à Paris, était le dictateur véritable. Jouissant à ce moment d’une popularité immense, il était censé auprès du roi le protéger contre les séditions du peuple, et auprès du peuple défendre la liberté contre les complots de la Cour. […] Le roi n’a qu’un homme, c’est sa femme. […] Il s’épuise à vouloir opérer en Louis XVI cette métamorphose d’un roi honnête et timide, brusque et faible, en un roi ferme et ouvert, qui aille tête levée, qui ose tout ce qu’il faut pour son salut, pour celui de la monarchie et de la société. Si Louis XVI se décide à sortir de Paris comme il le lui conseille, que ce ne soit, point par une fuite, par rien qui ressemble à une évasion, car « un roi ne s’en va qu’en plein jour quand c’est pour être roi ».

185. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Il y avait dans d’autres pays des gouvernements monarchiques, des rois absolus, des cours somptueuses ; mais nulle part on ne trouvait réunies les mêmes circonstances qui influaient sur l’esprit et les mœurs des Français. Dans les monarchies limitées, comme en Angleterre et en Suède, l’amour de la liberté, l’exercice des droits politiques, des troubles civils presque continuels, apprenaient aux rois qu’ils avaient besoin de rencontrer dans leurs favoris de certaines qualités défensives, apprenaient aux courtisans que même pour être préférés par les rois, il fallait pouvoir appuyer leur autorité sur des moyens indépendants et personnels. […] Ce n’était donc qu’en France où l’autorité des rois s’étant consolidée par le consentement tacite de la noblesse, le monarque avait un pouvoir sans bornes par le fait, et néanmoins incertain par le droit. […] Le roi, de son côté, devant se considérer, à quelques égards, comme le dispensateur de la gloire, comme le représentant de l’opinion, ne pouvait récompenser qu’en flattant, punir qu’en dégradant. […] Il fallait que le roi s’appelât le premier gentilhomme de son royaume, pour exercer à son aise une autorité sans bornes sur des gentilshommes ; il fallait qu’il fortifiât son autorité sur les nobles par un certain genre de flatterie pour la noblesse.

186. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

C’étaient les actes de son règne par lesquels il rappelait à propos qu’il était roi. […] Voltaire s’offrit pour porter au jeune roi des paroles secrètes de paix. […] Ce roi voulait bien une corruption, mais il ne voulait pas une philosophie. […] Madame de Pompadour elle-même sacrifia Voltaire qu’elle aimait à l’antipathie du roi. […] Il caressait des rois jusqu’à leurs vices.

187. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Les pages du roi doivent être des enfants de haute noblesse. […] Les maîtres d’hôtel du roi, les gentilshommes ordinaires, seront tous nobles vérifiés. […] Fénelon lui-même l’a reprochée à Louis XIV, le roi le plus absolu et le plus occupé de règlements. […] C’est la royauté au tribunal du directeur spirituel ; c’est Fénelon confessant le duc de Bourgogne devenu roi. Cet examen embrasse tous les actes quelconques et toutes les pensées possibles d’un roi.

188. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Cependant, Molière, qui voyait le train de la cour continuer, l’amour du roi et de madame de Montespan braver le scandale, imagina d’infliger un surcroît de ridicule aux femmes dont les mœurs chastes et l’esprit délicat étaient la censure muette mais profonde et continue de la dissolution de la cour. Il ne doutait pas que ce ne fut un moyen de plaire au roi et à madame de Montespan : en conséquence, le 11 mars 1672, il remit sur la scène, sous le nom de Femmes savantes, les prudes bourgeoises et beaux esprits qu’il avait si joyeusement travestis en 1669, sous le nom de Précieuses ridicules. […] Si on l’avait exercée à découvrir pourquoi ce poète, si heureux pour l’ordinaire dans le choix de ses sujets, qui marque toujours si clairement son but, qui y marche si franchement, a manqué ici de ces mérites, on aurait reconnu ce qu’il y avait d’embarrassant dans sa position en face de la société qu’il voulait attaquer pour plaire au roi, et qui, puissante dans l’opinion, gagnait tous les jouis dans l’esprit du roi lui-même. […] Elle n’empêchait pas le crédit de madame Scarron à la cour même, et l’inclination du roi vers les mœurs douces, honnêtes, et polies de la société dont elle était un ornement. […] En 1663, il trouva le moyen de placer dans La Comtesse d’Escarbagnas une sortie vigoureuse contre la gazette de Hollande qui avait offensé le roi.

189. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Saint-Simon ne craint pas de dévoiler « l’ignorance la plus grossière en tous genres dans laquelle on avait eu grand soin d’élever le Roi… », ce roi que l’on nous représente comme éclairé de toutes les lumières. « L’esprit du Roi était au-dessous du médiocre…, ajoute Saint-Simon. […] Bien plus, les rois sont eux-mêmes des espèces de dieux sur la terre. […] Bossuet ne fit dès lors qu’avancer dans la confiance du roi. […] Pour remplacer les inquisitions locales, vous avez la police des Jésuites, armée du pouvoir du roi. […] Souvent les dragons du roi, lancés à leur poursuite, surgissaient au milieu des cantiques, et c’est à peine si quelques malheureux échappaient au massacre.

190. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il obtint même en ces années le titre et la charge de gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, qui lui donnait de droit un pied au Louvre. […] Mais il se ravisa : « On m’apprit, dit-il, que j’avais tort, le commandement du roi s’y interposant aussi. » Il se mit en route pour revenir, avant d’avoir reçu la lettre et l’injonction du roi datée du 25 novembre 1581. […] Ces prérogatives et privilèges, maintenus et respectés par les rois d’Angleterre pendant leur domination en Guienne, ne le furent pas autant par les rois de France, malgré leur première promesse. […] Le roi de Navarre, avons-nous dit, avait titre et qualité de gouverneur de la Guienne pour le roi. […] Henri IV était bien le roi que Montaigne prévoyait de loin et souhaitait de tout point à la France.

191. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Alors Danaos embarqua ses cinquante filles sur une galère à cinquante rames, et il aborda à Argos, où le roi du pays lui donna l’hospitalité. […] Arrivé au temple, il prit la parole et posa nettement la question : — « Ô Roi ! […] » — Aristodichos répliqua : — « Roi, c’est ainsi que tu défends tes suppliants, et tu ordonnes aux Cyméens de livrer le leur !  […] Le roi refuse d’abord de les croire : leurs visages brûlés sont ceux des Libyennes, elles sentent la vase du Nil qui les a nourris. […] ô Roi !

192. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

malheur à vous, rois ! […] Le peuple juif demande un roi. « … Et l’Éternel dit à Samuel : Ils veulent un roi, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne point sur eux. Laisse-les faire, mais proteste, et déclare-leur la manière (mispat) dont les rois les traiteront. Et Samuel parla au nom de l’Éternel au peuple qui demandait un roi. […] Mal en prend aux poëtes d’être gens de cour et de faire ce que leur demandent les maîtresses de roi.

193. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

regardez, le roi de justice est venu ! […] Dans ce combat du roi, de Cyrus et de leurs hommes, plusieurs tombèrent du côté du roi. […] Voilà ce que dirent les hérauts du roi. […] Le roi entre et se déshabille. […] Monterai-je dans les carrosses du roi ?

194. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

C’est à ce titre qu’il fut appelé par le comte de Charny, grand écuyer de France et lieutenant général pour le roi au pays de Bourgogne, à un conseil secret tenu par ce seigneur, le surlendemain de la Saint-Barthélemy (26 août 1572). […] À quoi ils firent réponse que le roi ne leur ayant rien donné par écrit, ils ne le pouvaient faire ; aussi qu’on se devait contenter qu’étant connus pour gentilshommes de qualité du pays, ils ne voudraient en chose de telle importance avancer un mensonge, dont le blâme et le péril tomberaient sur eux-mêmes. […] Le duc de Mayenne, devenu gouverneur de la province de Bourgogne au nom du roi, distingua de jour en jour davantage le conseiller, puis président Jeannin ; il se l’attacha comme conseil intime et lui accorda toute sa confiance. […] C’est ainsi que, parti de Dijon en conseiller royaliste d’un vaincu en voie de soumission, Jeannin se trouva dans la capitale le conseiller d’un chef de parti en révolte contre son roi. […] Villeroi, ligueur malgré lui comme Jeannin, est de cœur ou du moins d’esprit avec Henri IV ; il ne se considère engagé avec le mauvais parti qu’à bonne fin et en vue de ménager une négociation entre le roi et le duc.

195. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Croyez que je forçai bien mon naturel… » Il s’attacha à réfuter par sa conduite les préventions qu’on avait formées en France contre son caractère, et il pratiqua le conseil que le roi lui avait donné en le nommant, qui était de laisser sa colère en Gascogne. […] espérait-il que le roi enverrait du secours en Toscane ? […] Tel fut l’apologue dont usa Montluc devant le roi pour résumer toute sa conduite morale à Sienne : cet apologue ne vaut-il pas celui de Menenius ? […] Cependant il fallait un terme à ces souffrances des habitants ; il était trop clair pour tout le monde qu’aucun secours ne viendrait de la part du roi. […] Dans les exploits de Montluc durant les années qui suivent et où il ne retrouve plus une occasion d’éclat égale à celle de Sienne, il apparaît un peu plus du capitaine d’aventure que d’un vrai chef et, comme disait M. de Guise, d’un lieutenant de roi.

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Cependant le roi commençait à entrer dans sa pensée, et chaque fois qu’il y entrait, il l’avertissait de l’agrandir. À Noisy, Mme de Maintenon recevait des demoiselles, c’est-à-dire des filles nobles, dont le roi payait les pensions. […] Cependant une grande révolution allait s’opérer dans sa vie ; on en saisit une trace et un indice dans une de ses lettres de 1685 à Mme de Brinon : « Saint-Cyr et Noisy m’occupent fort ; mais, grâce à Dieu, je me porte fort bien, quoique j’aie de grandes agitations depuis quelque temps. » Ces agitations se rapportaient sans doute à la résolution du roi de l’épouser et au mariage secret qui se fit vers cette époque. […] Je vous fais part de la visite que j’ai reçue du roi ce matin : il n’en est pas mieux pour cela, cependant on a été ravi de le voir hors de sa chambre. […] Une fois Saint-Cyr établi, Mme de Maintenon s’y adonne tout entière ; se considérant comme chargée d’une mission par le roi et par l’État, elle y consacre les moindres parcelles de son temps et y dirige toute la lumière et tout l’effort de son esprit.

197. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Vous rampiez tous, ô rois qu’on déifie ! […] Je vous admire comme homme et je vous plains comme roi. […] vous aussi, Béranger, vous, républicain, vous nous créez un roi ? […] Une telle contradiction entre le nom d’un prince du sang et son rôle de roi révolutionnaire faisait du duc d’Orléans un instrument de parti, votre complice, mais n’en faisait pas un vrai roi. […] Cet enfant était roi de l’ancien régime, vous l’auriez fait roi du nouveau siècle.

198. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

. — Le Roi a reçu hier, en audience particulière, M.  […] Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser. […] Puis, quand l’ancienne littérature est partout ; qu’elle occupe les places, les Commissions, les Académies ; que le gouvernement s’en rapporte à ses décisions en toute matière littéraire où il a besoin de s’éclairer ; quand, il y a quelques mois à peine, une pétition, signée de plusieurs auteurs classiques les plus influents, et tendant à obtenir pour eux le monopole du Théâtre-Français, est venue mourir au pied du trône ; n’y aurait-il pas, de la part du gouvernement du roi, peu de convenance et d’adresse à frapper d’interdiction la première œuvre dramatique composée depuis ce temps par un des hommes de la jeune littérature, une pièce avouée d’elle, réclamée par le public, et sur laquelle on veut bien fonder quelque espoir ? Le poète aurait pu dire encore qu’il avait, fort jeune, et en plus d’une circonstance mémorable, donné à la monarchie et au prince d’humbles gages qu’il ne séparait point, dans sa pensée, des autres gages qu’on devait donner aussi aux libertés et aux institutions du pays ; il aurait pu (et le roi l’eût cru sans peine) protester de son aversion contre toute malice détournée, de sa sincérité d’artiste, de sa bonne foi impartiale à l’égard des personnages que lui livrait l’histoire ; et, alors, la conversation tombant sur le caractère de Louis XIII, et sur le plus ou moins de danger ou de convenance qu’il y aurait à le laisser paraître dans la pièce en litige, le poëte eût pu expliquer à loisir à l’auguste Bourbon que le drame n’ajoutait rien là-dessus, retranchait bien plutôt à ce qu’autorisait la franchise sévère de l’histoire, et que l’image de temps si éloignés et si différents des nôtres ne pouvait le moins du monde paraître une indirecte contrefaçon du présent. Il eût fini par déposer respectueusement aux mains du monarque l’acte redoutable du drame, et le roi eût daigné lui promettre de prêter intérêt à cette lecture.

199. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Veut-il louer un roi, l’honneur des rois, Il ne le prend que pour sujet de thème. […] Fut-il exilé en Limousin par l’ordre du roi ? […] Les textes de La Fontaine disent : « Pour obéir aux ordres du roi » ; « pour anticiper sur les ordres du roi », dit-il ailleurs. […] La Fontaine pouvait dire qu’il n’obéissait pas, lui, personnellement aux ordres du roi, mais qu’il s’associait à Jannart, lequel obéissait aux ordres du roi. […] Lorsque, plus tard, Racine et Boileau sont devenus des personnages officiels, des historiographes du roi, des gentilshommes ordinaires du roi, La Fontaine, qui n’a jamais été aimé à Versailles, que le roi, en définitive, n’a jamais pu souffrir, cessa de les fréquenter et la société fut rompue.

200. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Si ce sont les rois, les trônes auront disparu ; si ce sont les peuples, les peuples seront asservis. […] Canning, le Chateaubriand anglais, à la cause des rois coalisés contre l’Espagne. […] Sans jamais conspirer, ni même agiter son pays, il allait souvent porter l’hommage de sa fidélité à la cour des rois tombés. […] Les rois de l’Europe l’ont exilé… Ils en seront punis, ils le méritent. […] Des nations avilies et des rois imbéciles ?

201. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Elle réconcilia le roi et le cardinal d’York, brouillés pour des intérêts mal entendus d’argent. […] Mon mari était roi ; respectez en lui son titre, et en moi son nom ! Un autre roi nous solde ; respectez en lui ses bienfaits ! […] Ils étaient imprimés, mais on y avait effacé le nom du roi. […] Le roi lui ouvrit ses bras en lui disant avec une ironie triste : Ecco il tyranno !

202. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Tous les avantages que le roi m’avait donnés par sa déclaration, je les abandonne dès ce moment. […] Entre Richelieu et Louis XIV, peut-être fallait-il un tel homme pour donner quelque répit et détendre les courages ; mais un seul jour de plus eût été trop, et il ne fallut pas moins ensuite qu’un roi qui sût être si roi, pour relever la royauté de cette sujétion à un ministre si absolu et si peu royal. […] Il aime à dire : J’étais là, le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai, je prévis le bien, le mal. […] Cette scène est vraie, elle doit l’être, car elle ressemble à la nature humaine, à la nature des rois, des ministres et courtisans en ces extrémités. […] Il était temps qu’il finît, pour le roi comme pour la reine.

203. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Une fois que la mésintelligence se fut mise entre le roi et lui, les choses allèrent vite. […] Le roi, qui était à l’Escurial, procéda, selon son habitude, en toute lenteur. […] S’éveillant en sursaut et voyant paraître le roi derrière ses ministres : « Qu’est ceci ? […] En même temps le roi faisait clouer les fenêtres de sa chambre, enlever toutes les armes et pièces de fer, y compris les chenets. […] En un mot, c’est le roi qui fait justice sur don Carlos, ce n’est pas le père.

204. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il rentra avec le roi après Waterloo ; il fut nommé pair de France, et écrivit quelques discours d’apparat indécis, jusqu’à la guerre d’Espagne ; il s’irrita contre le favori du roi, M.  […] Chateaubriand tenta de se réconcilier avec lui par sa brochure : Le roi est mort, vive le roi ! […] L’innocence est la couronne des rois. […] Louis XVIII mourut en roi ; Charles X fut quelques jours populaire. […] M. de Chateaubriand donna sa démission et voulut parler au roi ; le roi refusa de le recevoir.

205. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Son jeune courage ne montrera plus en lui le digne rejeton des rois. […] À leur tête marche leur roi dans l’appareil effrayant de ses armes. […] Moi-même je marchai triomphant sur les traces du roi. […] Nous languissons ici sans gloire, et notre roi est le seul qui combatte et triomphe. […] « — Et le roi refuse-t-il ce combat ?

206. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

le roi de gloire est près d’entrer. Quel est ce roi de gloire ? […] Le roi de gloire est près d’entrer. Quel est ce roi de gloire ? […] » « Tous les rois des nations ont dormi avec honneur, chacun dans sa tombe.

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