/ 1885
29. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Don Diego resta surpris de ma conduite ; lui, Ascanio et son père me prièrent de le reprendre. […] Cela ne suffit pas, repris-je ; qu’on aille chercher un notaire et des témoins ; je veux que le mariage soit en règle. […] Et toi, Miceri, repris-je en italien, si tu ajoutes une parole, tu es mort !  […] À cet aspect, tous mes travailleurs reprirent courage, et m’obéirent avec une nouvelle ardeur. […] Reprenez la maison que vous m’avez donnée ; car je ne veux plus y rentrer, ni rester à Florence.

30. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Il leur distribue des coupes d’or ; un héraut s’empresse d’y verser le vin. » — « Ne diriez-vous pas, mes enfants, reprit notre mère, que ces usages domestiques, qui existaient il y a plus de trois mille ans, sont d’hier ? […] « Laissez chanter ce qu’il veut à ce poète : les chants les plus nouveaux sont toujours ceux que les hommes rassemblés préfèrent ; retournez dans votre appartement ; reprenez vos travaux habituels, la toile et le fuseau. […] Reprenons la description des étables, et voyez encore si elles sont moins vives à vos yeux que celle du palais. […] Nous reprîmes : « À peine a-t-il ainsi parlé qu’il relève sa tunique autour de sa ceinture et court à l’étable, où les porcs étaient renfermés. […] Ulysse reprend sa forme héroïque ; la reconnaissance du père et du fils se fait au foyer du berger fidèle.

31. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

reprit Heine. […] L’autre reprit simplement : — Sans doute. […] Dans ce livre de vers qu’il a appelés Les Hirondelles, pour exprimer la fidélité au retour de la même pensée, il a été positivement le Voyant d’une patrie qui n’est plus, et, en pleine Allemagne du xixe  siècle, il a repris le chant, interrompu par plusieurs milliers d’années, des Hébreux exilés sur les bords des fleuves de Babylone ; seulement les exilés, à Babylone, avaient connu ce qu’ils chantaient et pressé sur leur cœur ce qu’on n’emporte point à la semelle de ses souliers ; tandis que lui, Wihl, l’exilé séculaire, à distance, dans le temps et dans l’espace, de cette patrie tuée et dont il n’a pas même vu le cadavre, a ajouté à la nostalgie fiévreuse de l’exil ce qui l’aurait diminuée s’il avait été moins poète : — l’envenimement de dix-huit siècles.

32. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Il reprit sa flûte et sortit de la case malgré la pluie qui continuait à tomber à torrents. […] Avant qu’il fût de retour, le petit redescendit de la toiture avec sa mère et s’empara de la flûte d’Ybilis, puis il reprit sa place sur le dos de la femme, et tous deux regagnèrent le village.

33. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Le prince Eugène et Marlborough réunis nous faisaient la guerre en Flandre, assiégeaient et reprenaient les villes autrefois conquises par Louis XIV, et menaçaient nos frontières. […] que tout à coup les affaires changèrent de face ; le projet de la Sambre fut abandonné ; on reprit celui de Denain pour l’exécuter, non pas avec un détachement, mais avec toute l’armée : ce qui était l’idée hardie et l’idée neuve. […] Non content d’avoir sauvé Landrecies, il reprit à l’instant l’offensive sur tous les points ; délogeant l’ennemi de tous ses postes sur la Scarpe, priant M. de Montesquiou de se charger de la prise de Marchiennes, réunissant lui-même ses garnisons comme n’ayant plus à craindre pour ses places, il se mit en devoir, malgré les alarmistes qui ne manquaient pas autour de lui, de reconquérir Douai, Le Quesnoi, Bouchain. […] Non, dirai-je à mon tour en pensant à Saint-Simon et à tous ceux qui ont dénigré Villars, non, dirai-je à la suite d’un bon guide41, ce n’était pas un soudard fanfaron, un pur miles gloriosus, que l’homme qui a gagné la bataille de Friedlingen, qui a défendu en 1705 la vallée de la Moselle contre Marlborough, si plein d’estime pour un tel adversaire ; qui a gagné la première bataille de Hochstett en 1703, et qui forma alors ce grand projet de marcher sur Vienne par le Danube, pendant que Vendôme, débouchant d’Italie à travers les Alpes du Tyrol, viendrait le rejoindre sur l’Inn, projet que Bonaparte et Carnot reprirent en 1796-97, que Napoléon reprit en 1805 et exécuta en 1809.

34. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Necker ; des manifestations populaires entouraient son hôtel, et lorsqu’il offrait sa démission le jour même, le roi dut insister pour qu’il restât à son poste ; la reine, qui pour la première fois entendait de près ces sortes de clameurs, déjà menaçantes, ajouta que « la sûreté personnelle du roi y était intéressée. » Necker céda aux royales instances ; et aussitôt après, dès le lendemain, on recommençait le même jeu ; la cabale du comte d’Artois reprenait le dessus ; on faisait un rassemblement de troupes ; on menaçait l’Assemblée nationale. […] La reine le lui rappela, et pour lors il reprit avec esprit : « Messieurs, vous êtes bien plus heureux que si je « ne m’étais pas trompé. » Ce fut beaucoup de cris de : Vive le Roi ! […] J’avoue que le frisson d’horreur me reprit plus que jamais à cette idée ; mais comme, en le voyant, on pouvait résumer en une demi-heure beaucoup d’idées dont il faudrait rechercher le détail en cent lettres éparses, et qu’on pouvait s’entendre et se concerter sur toute chose une bonne fois pour toutes, j’ai consenti à une entrevue secrète, j’ai donc vu le monstre ces jours derniers avec une émotion à être malade, mais que son langage a bien vite contre-balancée sur le moment. […] Il y avait des jours où, sentant le besoin de maintenir, de raviver sa popularité en souffrance, et cédant sans doute aussi à son tempérament d’orateur révolutionnaire, il reprenait sa voix tonnante dans l’Assemblée, et alors on se croyait trahi comme par un transfuge, on était furieux contre lui aux Tuileries. […] Il aura fort à faire avant que nous ayons repris en lui confiance… Comment faire goûter ses avis, quand d’un autre côté on donne dans les excès incendiaires ?

35. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

reprenais-je, ou ton amour va te coûter la vie. […] que de bénédictions nous lui donnâmes, quand ce jour fut arrivé et quand la femme du bargello, sauvée de tous soupçons par ma ruse, revint avec eux me reprendre, huit jours après au couvent, pour rentrer ensemble dans notre demeure. […] CCLXIV — Et maintenant, monsieur, reprit la tante en filant sa quenouille, je vais vous dire comment cela se passa, grâce à la Providence et à la bonne duchesse. […] Fior d’Aliza reprit la place qu’elle avait laissée, et continua en regardant sa tante : — Je partis à pied avec cette lettre, et en promettant à mon père et à ma tante de revenir ainsi de Livourne tous les samedis pour leur rapporter tout ce qui serait nécessaire à leur vie, et pour passer avec eux le dimanche à la cabane, seul jour de la semaine où les galériens ne sortent pas pour travailler dans le port ou pour balayer les grandes rues de Livourne. […] CCLXXIII Après être restée un moment l’oreille tendue du côté du pont, comme si elle devinait le pas de son amant et de son époux, un faible grincement de zampogne se confondit avec le vent, semblable au bourdonnement d’un moucheron, le soir, au soleil couchant, s’éteignit, se reprit, se grossit, et finissant par ne plus laisser de doute, monta rapidement par la montagne et finit par remplir l’oreille de Fior d’Aliza.

36. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Les Seize et la faction des zélés, déjoués d’abord et matés par le duc de Mayenne, avaient repris pendant ses absences et ses campagnes toute leur audace et beaucoup de leur influence ; depuis surtout que le jeune duc de Guise, neveu de Mayenne, s’était échappé de prison et qu’ils croyaient avoir un autre chef lorrain à lui opposer, ils redoublaient d’insolence et affectaient, comme auparavant, la tyrannie dans la cité. […] Cette exécution du 4 décembre 1591 eut un plein effet : les Seize y perdirent désormais leur autorité et leur force, le parti des honnêtes gens reprit décidément courage ; les colonels de la garde bourgeoise de Paris, dont la grande majorité était modérée, s’entendirent pour désarmer la portion de population qui était au service des Seize. […] Je reprends le président par ce qui le distingue : ce n’est pas lui qu’on pourrait accuser de louvoyer et de nager entre deux eaux. […] Embarqués à Calais le 17 mai, le président et son collègue débarquèrent le 22 à Flessingue ; puis, ayant repris la mer, ils atteignirent Rotterdam et furent à La Haye le 24.

37. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Racontant un événement, ils s’arrêtent pour délibérer si c’était dimanche ou lundi, si c’était devant Jean ou Pierre, quoique cela n’importe pas à la chose ; ils hésitent, se reprennent, s’interrompent pour corriger un détail qu’ils ont donné un quart d’heure avant, pour en ajouter un qu’ils ont omis. […] D’autre part, à reprendre les vieux sujets de fables, quelle imagination il faudrait, pour en tirer quelque chose ! […] Mais pourquoi pour ces gens un intérêt si grand, Vous qui condamneriez ce qu’en eux on reprend ?

38. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Le Souvenir s’éveille et reprend, aujourd’hui, En sourdine, les vieux, les adorables Thèmes Des renouveaux lointains et du bonheur enfui. […] J’entends d’ici les gens reprendre : « Mais c’est le symbole, il y a longtemps que ça existe. » Certes, oui, le symbole existait, mais il existait à l’état inconscient. […] Elle s’en souciera comme d’une guigne, cela est dans l’ordre des choses, mais de tels exemples ne sont jamais complètement perdus, car il y a, en bas, toute une poussée d’esprits neufs et réfléchis — les générations de demain — qui comparent et qui jugent. » J’aurais, aujourd’hui, bien des choses à reprendre à cet article.

39. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

non, mon ami, reprit Virginie, il m’a fait trop de peur. […] Quand Domingue eut repris ses sens: « Ô mes jeunes maîtres, leur dit-il, que vos mères ont d’inquiétude ! […] Elle ne reprit ses sens que pour s’occuper de son amie, qui tombait de temps en temps dans de longs évanouissements. […] Il avait repris l’usage de ses sens ; mais il ne pouvait proférer une parole. […] Au bout de trois semaines, Paul fut en état de marcher ; mais son chagrin paraissait augmenter à mesure que son corps reprenait des forces.

40. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Tiens, reprends cet argent, je n’en veux pas. » J’étais tout confus. […] Ainsi ne vous troublez pas… reprenez confiance. » Ces paroles du bon M.  […] ne vous chagrinez pas, reprit cet homme ; votre jambe est solide, j’en réponds. […] » Et bien vite il fallait m’habiller, reprendre le sac et courir répondre à l’appel. […] alors, je reprendrai la suite de ces événements, et je vous raconterai Waterloo !

41. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il reprenait plus fort que jamais quelques semaines après, et il y avait crise. […] Vuillart reprend la plume, et après avoir rapporté une nouvelle intéressante (l’arrivée de la Bulle condamnant le livre des Maximes de Fénelon) qu’il avait apprise de l’abbé Renaudot dans la chambre même de Racine, il continue ainsi : « Il (l’abbé Renaudot) me laissa chez le malade parce que je voulus voir lever le premier appareil d’une incision qu’on lui avait faite la veille au côté droit, un peu au-dessous de la mamelle. […] Voici deux de ces couplets, les seuls qu’on puisse citer, et les seuls aussi qui nous intéressent : De par l’abbé Testu, qu’en mitre Ne verront jamais ses amis, On a convoqué le Chapitre De nos seigneurs les beaux esprits, Qu’il a repris, Qu’il a repris, Moins pour avoir lu cette Épitre Que pour n’en avoir rien omis.

42. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

J’en doute, ou que du moins cela puisse durer ainsi, car il y aurait grand danger que l’amour ne reprît le dessus. » Le 10 mai, madame de Sévigné écrit à son cousin : « Je ne vous parle pas de tout ce qui s’est passé ici depuis un mois. […] Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah ! […] « Le roi arriva dimanche matin à Versailles ; la reine, madame de Montespan, et toutes les dames étaient allées, dès le samedi, reprendre tous leurs appartements ordinaires. […] Madame de Montespan reprend son rang, son service, son appartement à la cour.

43. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

La peur le reprit. […] Quand Daouda reprit ses sens et qu’il s’aperçut de la disparition de sa sœur, il devint à moitié fou de rage.

44. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

Nous nous étions laissé dire que Gérard de Nerval étudiait avec amour les sciences occultes et reprenait, pour savoir ce qu’elles contiennent encore, ces vieilles méthodes du Moyen Âge que Bacon et Descartes ont écrasées sous leur mépris de novateurs. […] On reprend, en la fortifiant des découvertes des sciences naturelles, la thèse spiritualiste et religieuse du Moyen Âge, qui, en face de la science de Dieu, dressait, avec sa logique catholique, la science du diable, quand la philosophie moderne a nié l’une et l’autre du même coup.

45. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Il parlait peu, on ne le nommait pas ; il paraissait vivre dans une intime familiarité avec les deux dames, comme un frère ou un parent arrivé de quelque voyage lointain, et qui reprenait naturellement sa place dans la maison. […] Pour chasser de ses mers l’héritier de Pompée, Et reprendre sur lui la Sicile usurpée, Il a besoin d’Antoine… il presse son retour. […] … Ne pouvons-nous jamais rien reprendre au passé ? […] Ramenée de Saint-Germain à Paris pour y mourir, où elle avait chanté et aimé, elle parut reprendre haleine un moment sur cette pente du tombeau. […] Mais reprenons l’entretien littéraire que cette larme a trop interrompu.

46. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Qu’ils la reprennent en sous-œuvre, qu’ils la modifient à force de réflexion et d’études et qu’ils mettent à cela les années et l’acharnement du travail, — du travail auquel, hélas ! […] Autran, qui se croit mûri, a repris, recrépi et dernièrement republié. […] Seulement il y a près de lui et autour de lui des Écoles qui le vantent et qui lui assignent le rang difficile à reprendre lorsqu’on l’a donné à un homme ou qu’on a souffert qu’il le prît.

47. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Annoncé il y a trente ans et pendant les années qui suivirent, commencé, abandonné, repris, le Capitaine Fracasse ne semble avoir été achevé par son auteur que pour n’en pas avoir le démenti, comme dit l’expression populaire. […] En effet, il a pu le reprendre pendant cette période comme un ouvrier reprend son ouvrage matériel, et, pour l’achever, il n’a pas eu plus besoin de verve qu’il n’en faut à une femme pour continuer un ancien tricot ou quelque vieux morceau de tapisserie… Et d’autant que Le Capitaine Fracasse n’est que cela !

48. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Tout mouvement littéraire a son développement plus ou moins long ; après quoi il s’épuise, languit et tourne sur lui-même, jusqu’à ce qu’une autre impulsion reprenne et mène au delà. « Percez-nous-en d’un autre, » disait Mme Desloges à Voiture, à propos d’un calembour qui n’allait plus : de même en haute poésie. […] C’est ce qu’il exprime bien mélancoliquement dans son élégie, le Lit de mort ; c’est ce qu’il reprend avec un attendrissement redoublé dans celle qu’il intitule le Retour à la Vie. […] Commencé depuis bien des années, laissé ou repris plus d’une fois à travers les occupations d’une vie que les affaires réclament, cet Érostrate était déjà imprimé, et non publié, quand le poëme de M. […] Il a repris et réalisé de nouveau au xixe  siècle l’existence du troubadour allant de château en château, et payant son gîte d’une chanson. […] Il parlait et écrivait, dit-on, le portugais à merveille ; l’idiome de Camoëns était devenu sa langue favorite, et il lui fallut quelque temps avant de reprendre sa fluidité française.

49. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

reprit Kondrate. […] reprit-il ; ah ! […] Sa pensée s’arrêta sur elle, et son cœur reprit un peu de calme : « Pure jeune fille !  […] » reprit-il par deux fois. […] — Et Nastasia Carpovna, reprit Lénotchka, — et M. 

50. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

., etc. » Elle choisit dans le troupeau la plus rapide des juments et songe à reprendre la route de l’Orient. […] Après les fêtes passées, nous reprîmes nos lectures à Venise aussi régulièrement qu’à la villa. […] Roger sécha ses habits, reprit des forces, et prêta de toute son âme une oreille attentive aux grandes vérités de notre sainte loi. […] — Précisément, reprit-il : ce n’est pas le poète de l’adolescence ni de la jeunesse, c’est le poète du soir de la vie. […] Permettez-moi de reprendre une à une vos expressions : « Le pape s’évada et s’enferma à Gaëte. » Quel jour ?

51. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

reprend-il, je sais combien je t’afflige, mais je veux souvent et je ne peux pas”. […] Tout à coup, le voici qui reprend le volume, le met devant lui et veut lire, veut absolument lire. […] Me voici relevé et remplaçant Pélagie près du lit de mon pauvre et cher frère qui n’a pas repris la parole, qui n’a pas repris connaissance depuis jeudi à deux heures de l’après-midi. » Période agonique : Continuation de la nuit de samedi à dimanche, quatre heures du matin : « La mort s’approche, je la sens à sa respiration précipitée, à l’agitation qui succède au calme relatif de la journée d’hier, je la sens à ce qu’elle met sur sa figure.

52. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mais si, écartant ces pâles figures, on se croit en face de Mme de Staël, si on ne demande qu’à « causer » avec elle, on reprend du plaisir, surtout dans Corinne. […] Comme on voit, c’est la thèse de Perrault qu’elle reprend dans toute sa largeur. […] Naturellement elle reprend l’idée de la supériorité du siècle de Louis XIV sur le siècle d’Auguste ; nous avons vu Boileau même la concéder. […] Dans sa seconde partie, Mme de Staël reprend son idée de l’opposition du Nord et du Midi : et cette fois, elle la caractérise par les mots qui ont fait fortune : le Nord est romantique et le Midi classique.

53. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Mais il y a des théatres étrangers où les acteurs tombent tous les jours dans le vice que Quintilien reprend, en imitant tous les tons et tous les accens pour ne point entrer dans d’autres détails, que prennent les personnes les plus passionnées quand elles se trouvent enfin en pleine liberté. […] Horace reprend la parole. […] Du moins est-il certain que cet orateur déclamoit dans un goût entierement opposé à celui qu’il reprend ici, et qu’il prononçoit gravement, et même avec beaucoup de lenteur.

54. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Un homme, continue-t-il, qui sait mêler les plaisirs & les affaires, n'en est jamais possédé ; il les quitte, il les reprend, quand bon lui semble. […] Quand il fallut se mettre en campagne, la gloire & l'intérêt réveillerent Annibal, qui reprit sa premiere vigueur & se retrouva lui-même ; mais il ne retrouva plus la même armée ; il n'y avoit plus que de la mollesse & de la nonchalance, & s'il falloit souffrir la moindre nécessité, on regrettoit l'abondance de Capoue ».

55. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

— Enfin, voilà ma troisième fille, Marie, reprit la mère en me présentant la plus jeune. […] Oui, nous dit-elle, mais à souper bien mal, car nous n’avons qu’un morceau de petit salé et de fromage de gruyère que mon mari et son garçon mangent le soir pour reprendre des forces aux bras. […] il n’y a point de château dans le village, reprit-il. […] Nous y arrivâmes en peu de temps ; elles nous firent leurs adieux et nous leur promîmes de venir par le même chemin le surlendemain soir reprendre nos lits et notre nourriture chez elles. […] Elles reprirent leur foulard dans la main, nous les accompagnâmes par l’avenue jusqu’à la grande route de Mâcon.

56. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Il est vaincu, mais un poète-magicien, Klingsor ou Clingezor de Hongrie, qui l’avait aidé de ses conseils, le remplace, et reprend la joute, assisté d’un démon familier, Nasion. […] Pour renvoyer nos lecteurs à des documents moins rares, disons que Henri Heine a repris cette même version (De l’Allemagne, tome II). […] En exposant le rôle du décor, nous nous voyons forcés d’entrer dans certains détails que nous devons reprendre en étudiant la mimique propre aux personnages. […] Alors la scène change, le lacis des Filles-Fleurs, leur chorétique si voluptueuse se dissipe et, autour de Kundry apparue, les fleurs végétales reprennent leur noble cadence et leur balancement assoupi. […] Pendant le récit de la mort de sa mère, il reprend possession de sa vie passée, et il n’a plus rien du désespoir bestial, quand il pleure, agenouillé près de Kundry ; il est devenu homme.

57. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Un silence, où, après toutes sortes de batailles intérieures, et avec la voix balbutiante qu’a la canaillerie dans une affaire, et cachant, sous le masque de l’imbécillité, le chaffriolement de ses traits, le marchand dit : — « Mais je vous en donne 120 francs. » — « Il me semble que c’est bien Bon Marché, reprit le jeune homme, est-ce que je ne pourrais pas en avoir 150 francs, dont j’ai absolument besoin ?  […] Oui, c’est cela, reprend-il, nous nous sommes des hommes moins conventionnels, nous sommes des hommes de l’humanité. » Aujourd’hui dimanche, dernier jour des élections, j’ai la curiosité de saisir l’aspect du salon Hugo. […] Il est arrêté par le bruit artiste d’un marteau, un marteau qui reprenait, se taisait, avait l’air de causer avec l’homme, le maniant : un marteau qui était comme une intelligence, et qui n’était pas le marteau bête d’un ouvrier européen. […] Zola. — Moi… ……………………………………………………………………………………………………… J’étais rappelé en Russie, reprend Tourguéneff, je me trouvais à Naples, je n’avais plus que cinq cents francs. […] Et les notes, jetées ainsi en marchant, presque à l’aveuglette sur un carnet, je les reprends le lendemain matin, dans le travail rassis du cabinet.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

. — On reprend les anciennes habitudes. — Humeur de madame de Maintenon. — Explication entre elle et Madame de Montespan. […] Reprenons les faits dans l’ordre où les documents les présentent. […] L’intrépide fermeté du duc de Montausier et la parole que lui avait donnée Louis XIV, n’empêchèrent pas ce prince de reprendre bientôt après les chaînes qui le livrèrent encore à la domination de madame de Montespan.

59. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Poitou descend aux détails et continue de reprendre en sous-œuvre les opinions usées. […] Le bourreau qui trancha la tête au duc de Monmouth s’y reprit à quatorze fois, nous dit l’histoire. […] Eugène Poitou a dû se reprendre bien des fois aussi en écrivant ces pages malheureuses.

60. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Même chose arriva à une tragédie de Roméo et Juliette, que je développai pourtant tout entière, mais avec effort et non sans me reprendre. […] « Je reprends le fil de ma narration. […] Si j’avais su reprendre un tel sujet dans un âge plus mûr, je l’aurais sans doute traité un peu plus savamment, et l’histoire serait venue au secours de mes opinions. […] Cependant, ayant repris le cothurne, je développai en très peu de temps et tout ensemble, l’Agamemnon, l’Oreste et la Virginie. […] Somme toute, j’y ai gagné, ce me semble, une physionomie et une allure tragiques, où peut-être il y a fort à reprendre, mais qui, à coup sûr, sont de moi.

61. (1927) Approximations. Deuxième série

On reprend le livre et on a presque honte de n’avoir pas goûté assez vite ce pathétique masqué, cette cruauté sans amertume. […] Problème si complexe — et du reste si important — qu’il faudra le reprendre ailleurs. […] (Vie de Pascal, par Mme Périer), [repris dans Pascal, Œuvres complètes I, éd. […] De l’Art de persuader, [repris dans Œuvres complètes II, op. cit. […] [Vie de Pascal, repris dans Pascal, Œuvres complètes I, op. cit.

62. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Il vole la bague et tous deux reprennent leur chemin pour revenir à la guinné. […] Et ils lui racontent comment la guinnârou les a envoyés pour reprendre la bague dérobée, comment le poisson l’a avalée et ce que la guinnârou leur a prescrit.

63. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Après le bienheureux ahurissement dont je vous ai parlé, je me recueille et je cherche à me reprendre. […] Après la libération du territoire : je ne me trouve pas délivré je ne le serai que lorsque nous aurons repris Metz et Strasbourg  Aux historiens : Ne cherchez pas à expliquer les traîtres ; on croirait que vous les excusez  Vous n’arrêterez pas la Démocratie montante  Toutes les fois qu’un crime se préparera contre le peuple, ma conscience rugira… En deux mots, maintenant : « Tout est obscur. […] Il y a tel de ces lieux communs qu’il a repris une centaine de fois. […] Les Chants du crépuscule étaient la même chose que les Voix intérieures qui étaient la même chose que les Feuilles d’automne ; la seconde Légende était la même chose que la première ; les Quatre vents de l’esprit reprenaient tous les thèmes des Contemplations, etc. […] Nous l’avons bien vu quand on a repris le Roi s’amuse et Marion Delorme : Il ne manque qu’une chose à ces belles machines lyriques : le frémissement de la vie, ce qui fait qu’on se croit en présence de créatures de chair et de sang.

64. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

« Alors, tout reverdit là-bas, reprit Fritz ; est-ce qu’on a commencé le jardinage ? […] « Ainsi, père Christel, reprit-il, tout le monde se porte bien chez vous…, la mère Orchel ? […] Ils passèrent sous la porte de Hildebrandt, et Zimmer, remettant son cor en sautoir, reprit le fouet. […] « Père Christel, reprit-il en le tenant par une agrafe de sa souquenille, vous n’avez pas tout à fait tort en ce qui vous concerne : mais à quoi bon emmener Sûzel ? […] — Père Christel, reprit Fritz, vous tenez ma vie entre vos mains….

65. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

reviens à mon aide, reprend le poète ; reviens, Jéhovah ! […] » Puis le mal se fait de nouveau sentir, et l’élégie reprend : « Je me suis fatigué de gémir ; toutes les nuits je mouille de mes larmes ma couche ! […] XVII La corde grave et triste reprend bientôt l’accent de cette mélancolie que ce grand poète a épanchée, avant nous et mieux que nous autres modernes, de son âme. […] Le berger arabe interrompit et reprit vingt fois sa mélodie pastorale. […] XXX Quand le convoi eut disparu derrière l’angle du sépulcre d’Absalon pour s’enfoncer sous les oliviers de la colline, je me levai pour reprendre enfin mon sentier vers mes tentes.

66. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

— Voilà, monsieur, reprit naïvement la belle sposa, après avoir retiré le sein à son nourrisson qui s’était endormi sur la coupe. […] — Que je t’ai coûté de tourments et à eux, reprit-il, ma pauvre Fior d’Aliza ! […] — Mais, puisque c’est ainsi et que tu le crois, toi qui es plus savant que moi, je le veux autant que toi, repris-je, plus que toi encore, car toi tu pourrais bien peut-être vivre ici ou dans le paradis sans moi, mais moi je ne pourrais ni respirer seulement dans ce monde, ni sentir le paradis dans l’autre, si j’étais séparée de toi ! […] reprit Hyeronimo, je n’ai pas eu de peine à amener l’entretien où tu m’avais conseillé de le conduire ; car de lui-même, en me revoyant si pâle et si morne, il m’a demandé de lui ouvrir mon cœur comme je lui avais ouvert ma conscience, et de bien lui dire s’il ne me restait devant le Seigneur aucun mauvais levain de vengeance contre ceux qui avaient causé par malice ma faute et ma mort, si funeste et si prématurée ? […] Ici la voix s’interrompit longtemps comme quelqu’un qui cherche ; puis elle reprit : — Oui, une fois que vous serez mariés, il faut le tromper lui-même et lui faire croire qu’il doit partir le premier, t’attendre ensuite au rendez-vous sous l’arche du pont, au pied de la montagne où tu as rencontré la noce de la fille du bargello, jusqu’à ce que tu viennes le rejoindre par un autre chemin un peu avant la nuit, et que vous partiez ensemble par des chemins détournés au bas de la montagne pour sortir des États de Lucques et pour atteindre avant le jour les frontières des États de Toscane, dans les Maremmes de Pise.

67. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Puis les choses reprirent leur cours : mais le suffrage universel avait changé l’aspect de la Chambre et par contre-coup la forme de l’éloquence parlementaire : il y eut moins de correction, de politesse, de logique, plus de violence et de passion déchaînée, des voix plus grosses et plus populaires ; la tradition emphatique ou solennelle de l’éloquence jacobine, le rugissement et le laconisme reparurent à la tribune. […] Constant de Rebecque (1767-1830), né à Lausanne, reprit la nationalité française comme descendant de famille française réfugiée en Suisse après la révocation de l’édit de Nantes, membre du Tribunat après le 18 Brumaire, exclu comme opposant avec Chénier et d’autres, fut très lié avec Mme de Staël et l’accompagna en Allemagne et en Italie ; ministre de Napoléon aux Cent-Jours, journaliste libéral sous la Restauration, député en 1819. […] François-Pierre-Guillaume Guizot, né à Nîmes en 1787, protestant, élevé à Genève, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne en 1812, suivit Louis XVIII à Gand ; conseiller d’État sous la Restauration, il reprit son cours en 1821 après la chute du ministère Decazes ; ce cours fut suspendu de 1822 à 1828. […] Puis il reprit ses travaux littéraires, qui l’occupèrent jusqu’à sa mort (1874), avec le gouvernement de l’église calviniste française, où il se montra sévèrement orthodoxe. — Il épousa en 1812 Pauline de Meulan (1773-1827), en 1828 Mlle Dillon (1804-1833), nièce de sa première femme.Éditions : Pour l’œuvre historique de Guizot, cf. p. 1000. […] Il reprit son cours en 1827.

68. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Mais, sache-le, jamais, en un seul jour, tant d’hommes ne sont morts. » Et il reprend, après les exclamations désolées d’Atossa, son rapport lugubre. […] Tandis qu’Atossa va préparer dans le palais les breuvages qui réveillent la mort, le Chœur reprend ses Thrènes désolées. […] Par degrés, l’Ombre se raffermit et reprend son âme. […] Mais si grand et sage qu’il paraisse, Darius reste pourtant une Ombre, un Revenant de la terre qui va le reprendre. […] » reprend-il, « gémis plus encore ! 

69. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

C’est ainsi que nos anciennes chansons de Geste, où figurent Charlemagne et Alexandre, n’apprennent rien sur les héros mêmes ni sur l’état de la société de leur temps, et elles ne seraient propres qu’à égarer, si on les interrogeait dans une telle pensée de recherche ; mais elles nous représentent avec une vérité naïve les mœurs de l’âge féodal où les trouvères mirent en œuvre ces anciens canevas et les reprirent à l’usage de leurs contemporains. […] Je les repris. […] La colère d’Achille, qui est annoncée au début comme en devant faire le sujet, semble oubliée et mise de côté après le IIe livre ; elle n’est rappelée qu’à peine et comme par acquit de conscience dans les livres suivants ; elle ne se représente sérieusement à l’esprit que dans le courant du VIIIe et ne reparaît sous les yeux qu’au IXe, pour s’éclipser de nouveau dans le chant suivant, et elle ne reprend d’une manière ininterrompue qu’à partir du XIe livre jusqu’à la fin. […] On a pu dans ces derniers temps, par analogie avec d’autres époques légendaires mieux connues, distinguer divers moments durant cette période ; il y eut probablement d’abord l’âge des chants narratifs de peu d’étendue, de ce qu’on appelait épos : l’âge de l’épopée a suivi, dans lequel ces chants plus simples étaient repris, remaniés, et transportés avec souffle dans des compositions plus larges et déjà savantes.

70. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

L’abbé Lacordaire est du siècle à un certain degré, je l’ai dit, et il le reconnaît avec une grâce touchante : Dieu nous avait préparé à cette tâche en permettant que nous vécussions d’assez longues années dans l’oubli de son amour, emporté sur ces mêmes voies qu’il nous destinait à reprendre un jour dans un sens opposé. […] Quelquefois lui-même il s’arrête comme étonné devant les témérités de sa parole ; mais il la reprend, la répare aussitôt, ou seulement il la redouble, il l’explique ; car rien, chez lui, n’est sorti que d’un cœur net, d’une lèvre ardente et pure. […] Il reprenait aussi le sien ; mais la lampe infidèle, éteinte avant le jour, ne tardait pas à lui manquer de nouveau ; alors il s’approchait du four ouvert et enflammé, et continuait, à ce rude soleil, la lecture de Tite-Live ou de César. […] Il a repris son rôle indépendant, élevé, ses conférences, et on l’a vu avec plaisir familiariser encore son éloquence dans l’homélie, dans le prône dont il s’est chargé à la petite église des Carmes.

71. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Il serait temps que cette impression reprît et continuât. […] Leurs petites cours se remplirent de poètes persans qui reprirent et remanièrent avec émulation ces sujets de ballades populaires. […] Il voyait que le monde s’était repris d’amour pour les histoires des anciens héros. […] Le second jour, au moment de reprendre la lutte, Sohrab a un mouvement de tendresse, et la nature, près de succomber, fait en lui comme un suprême effort.

72. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Les derniers moments Ainsi que nous le faisions prévoir hier, Émile Augier, s’est éteint, l’avant-dernière nuit, à deux heures cinquante du matin, sans avoir un seul instant repris connaissance. […] Ces jours derniers, d’ailleurs, il avait repris confiance, il escomptait même sa guérison prochaine. […] Et, il y a trois ans, lors de la reprise des Effrontés, il refusa de céder à ceux qui le priaient de permettre qu’on reprît le Fils de Giboyer, afin de ne pas réveiller des ressentiments assoupis et de ne pas soulever, à l’occasion d’une de ses œuvres, des polémiques irritantes sur la question religieuse. […] on ne pouvait pas lui reprocher, au grand écrivain, de nous tourmenter pour qu’on reprît ses chefs-d’œuvre.

73. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

» Sous la paternelle puissance, Veux-tu reprendre un calme essor, Et dans des parfums d’innocence Laisser épanouir ton sort ? […] » Reprends donc de ta destinée L’encens, la musique, les fleurs ; Et reviens, d’année en année, Au jour où tout éclate en pleurs !

74. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

Ainsi, sur un point ou sur un autre, la France avait toujours avancé depuis 89 ; et, d’une autre part, malgré bien des tentatives rétrogrades, rien de ce qu’il y avait d’essentiel dans l’ancien régime n’avait repris dans la nation le même rang qu’autrefois. […] Sous Charles II, les Parlements reprirent leur coure, mais tels qu’ils étaient sous Jacques Ier, sous Charles Ier, sujets aux mille abus féodaux et anglicans qui altéraient leur formation, et qui ne furent guère signalés qu’un siècle plus tard.

75. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Au moment où la flotte reprenait la mer, on vit un bouclier poli d’une rondeur énorme, se lever sur une cime du Pentélique, comme un astre de mauvais augure. […] La plus haute commémoration du triomphe fut l’emploi qu’elle fit d’un bloc de marbre repris à l’ennemi.

76. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Le chef de cette bande étoit Mellin de Saint-Gelais, qui, pour avoir quelque chose de plus que les autres, avoit acquis beaucoup de réputation envers les grands, principalement auprès du roi, s’efforçoit, par envie, de troubler l’eau pégasine à ce nouvel Apollon, ayant l’ame touchée de tant d’envie & de présomption que d’oser blasonner & de reprendre les œuvres dudit Ronsard aux yeux de sa majesté, pour le rendre odieux. » Ces plaintes sont terminées par ce conseil. […] Aucun d’eux ne reprit la plume.

77. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Par exemple, ce seroit une pedanterie que de reprendre M.  […] D’ailleurs on a toujours repris les poëtes tragiques de la Grece de ces fautes qui nuisent à la vrai-semblance de leurs suppositions, en combattant des veritez certaines et connuës.

78. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

C’est à partir de cette époque que la libre vie de l’intelligence a repris son cours détourné par l’effort chrétien d’annihilation cérébrale, que la nature et l’esprit de l’homme ont repris contact et renouvelé leur alliance. « Pour la première fois, l’homme entre dans l’intimité de l’univers1. » La Réforme représente le premier coup porté au dogme catholique erroné.

79. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Elle reprit : « Ce noble anneau d’or m’a été volé. […] L’opulent roi reprit la parole : « Ta parfaite innocence m’est complétement démontrée. […] Quand l’animal fut abattu, on reprit le chien. […] nous essayerons », reprit Hagene, la bonne épée. […] Ainsi maints bons et nobles chevaliers se rendront en ce pays. » « Il reprit : « Tout ce que vous commanderez se fera.

80. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

reprend vivement Français (de Nantes). […] Se promenant un jour avec un de ses amis, la veille de la première et de l’unique représentation de sa comédie, La Reine d’Espagne, il disait, en proie à une vive agitation : « Je suis comme une femme enceinte, qui voit le volume de son ventre, et qui ne sait si l’enfant sortira. — Et pourtant, reprenait-il avec énergie et frémissement, il faut bien que ça sorte. » Mais trop souvent, chez lui, les membres du poète ne sortaient qu’en pièces et dispersés. […] La censure biffa le passage ; M. de Latouche revint dans la soirée au journal, reprit sa phrase et la remit sous-main sans en rien dire. […] M. de Latouche hésita, rejeta l’idée d’abord, et finit quelque temps après par la reprendre et par l’envelopper dans ce qu’il appelait une composition politique : J’en ai mis quelque chose dans une composition politique, oui, politique ! […] Plus tard je reprendrai ma colère.

81. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Reprenons nous-même les pièces dans leur ordre, la dissertation de Girac sur les œuvres de Voiture, la défense qu’y opposa Costar, la réponse de Girac, et, sans nous enfoncer dans les profondeurs de cette querelle où les in-quarto s’accumulèrent et qui finit par des monceaux d’injures, tirons-en quelques vérités littéraires, de celles qui intéressent l’histoire des deux grandes renommées. […] Il le reprenait ensuite lorsqu’il faisait le savant et qu’il citait, en écrivant particulièrement à Costar, force passages d’auteurs latins. […] Il se sentait plus chargé de la plupart des louanges qu’il ne s’en trouvait honoré, et pour les lui rendre agréables on était contraint de les déguiser avec adresse, et il y fallait bien de l’artifice et de la façon ; mais il n’en fallait point pour le reprendre, et rien ne fut jamais mieux reçu que les avis qui lui venaient des personnes intelligentes. Il aimait la vérité quand elle lui était favorable, et la révérait quand même elle lui était contraire… Il m’est arrivé souvent de l’entendre parler de l’ambition déréglée de ces écrivains qui se proposaient pour fruit de leurs veilles l’approbation universelle… En le louant ainsi de cette facilité à écouter la critique, Costar se mettait peu en devoir de le suivre : car l’instant d’après il reprenait en détail toutes les objections de Girac, il se faisait fort de les réfuter une à une, et de maintenir Voiture sans tache d’un bout à l’autre et, pour ainsi dire, impeccable.

82. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

On ira reprendre dans le riche fond de la latinité ce que l’on y avait d’abord laissé ; et les mots savants viendront presque dès le premier jour s’ajouter aux mots populaires : de ces deux classes de mots, formés ceux-ci sous l’influence et ceux-là hors de l’influence de l’accent latin, ceux-ci par la bouche et l’oreille du peuple, et ceux-là par l’œil des scribes, de ces deux classes se fera une langue plus riche, plus souple, plus fine, plus intellectuelle. […] Le provençal resta le parler du peuple : mais la littérature provençale périt, pour ne ressusciter qu’après plusieurs siècles, et sans jamais reprendre son ancienne vigueur.

83. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

On ne m’y reprendra plus, à dresser des inventaires de fin d’année. […] Ou bien l’ancien Pape reprendra la tiare et déclarera apocryphe l’encyclique Gaudeamus, fratres  Et M. 

84. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« — Mais, reprit Dionysodore, le bien n’est-il pas bien, et le mal n’est-il pas mal ? […] oui. » reprit Ctésippe, etc. […] Je fus donc en état de lui répondre, et lui dis avec un peu moins de frayeur : — Ô Thrasymaque, ne t’emporte pas contre nous. » X Socrate laisse Thrasymaque déborder en un interminable discours contre l’utilité de la justice ; puis il reprend : « Fais-moi la grâce de me dire si un État, une armée, une troupe de brigands, de voleurs, ou toute société de ce genre, pourrait réussir dans ses entreprises injustes si les membres qui la composent violaient les uns à l’égard des autres les règles de la justice ? […] « — Mais dis-moi, reprend le disciple, de tous les gouvernements, lequel convient au philosophe ? […] Elle saura bien changer son gouvernement comme un vêtement à sa taille, retirer à soi le pouvoir quand il lui paraîtra la conduire hors de sa voie ; redevenir république quand il lui faudra la force unanime et irrésistible du peuple pour opérer ces grands changements devant lesquels la monarchie, conservatrice de sa nature, faiblit ou recule ; reprendre la monarchie quand elle redoutera le radicalisme, qui compromet tout en exagérant tout ; le gouvernement représentatif quand il faudra délibérer et transiger ; la dictature quand il faudra pacifier ; le gouvernement militaire quand il faudra combattre.

85. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

L’article de Dora Marsden confirme l’inscription d’Action dans un réseau de revues internationales : il s’agit là du deuxième article repris à la revue The Egoist, après « La musique » de Leigh Henry publié dans le n° 1. […] Soudain, sous une influence matérielle (froid, faim, etc…) le café cessait d’agir, et l’auteur bâclait un poème qu’il savait ne pas pouvoir reprendre. […] L’article de Malraux est repris dans le numéro spécial du Disque vert (4e série, n° 4) consacré à Lautréamont en 1925. […] Cette préface est un article du Mercure de France déjà repris dans Le Livre des masques (t.  […] L’édition originale, publiée en 1919 par les éditions du Sablier, est illustrée par trente-deux bois de Frans Masereel, qui sont repris pour l’illustration du volume paru chez Ollendorf en 1920.

86. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Et comme je me récriais à propos de l’audace de l’assertion : “Et l’Alsace, et la Lorraine seront à jamais perdues pour vous, reprit le comte, parce que les petits États s’en vont, et que la faveur est pour les grands, parce que vous ne vous doutez pas de ce que l’Allemagne, après sa consolidation et votre amoindrissement, deviendra comme puissance maritime, et quelle préférence auront, en ce temps d’intérêt matériel, vos anciens nationaux pour un grand pays riche, qui demandera beaucoup moins d’impôts que leur ancienne patrie.” » « Un autre fait, messieurs, que je vous demande la permission de citer. […] Il nous peint, avec des traits de peintre et de romancier, le chef de la police qui, un jour, grisé par lui de champagne, lui dit, en lui touchant le coude, et élevant son verre en l’air : « À Robespierre. » Puis il s’arrête un moment, perdu dans ses réflexions, et reprend : « Si j’avais l’orgueil de ces choses, je demanderais qu’on gravât seulement sur mon tombeau ce que mon livre a fait pour l’émancipation des serfs. […] Dans ce moment reprend Burty : « Il est assommé, il se tient coi, il est presque modeste, il ressemble à un chien qui vient de recevoir une affreuse raclée. » Samedi 16 mars Une sœur de Théo parlait de l’effet hallucinatoire produit chez elle par les senteurs d’un champ de fèves, et des rêves troubles que ce champ lui faisait monter au cerveau, toute éveillée qu’elle était. […] » Et comme Meurice reprenait : « Mais Thiers a supprimé Le Rappel », il lui criait : « Mais qu’est-ce que ça me fait, votre Rappel !  […] » reprend-il.

87. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Enfin, après une nuit passée, ils s’en débarrassent : « … Nous avons repris nos montures, et deux heures après nous étions dans Bethléem ! […] Cette idée le reprit vivement dans son voyage de Syrie, et en repassant sur ses impressions anciennes et récentes, il écrivait d’un accent de conviction qui portait avec lui une certaine éloquence : « Damas (janvier 1840). — J’ai passé une bonne journée, car j’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses différentes qui, malgré cela, en se réunissant dans ma tête, deviennent homogènes par le but auquel je me rattache sans cesse, celui de voir partout de la peinture. […] Et pense-t-on qu’ils résistent longtemps au désir de reprendre leur liberté, quand ils n’ont à espérer aucune compensation aux maux dont ils sont accablés ? […] Les doigts recommençaient à lui démanger ; il n’aspirait « qu’à reprendre la veste grise et à se fixer devant son chevalet. » Il fallut encore patienter pendant l’hiver : « Vingt heures de nuit, quatre heures de jour, et d’un jour malade !

88. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Il aurait eu beau dire le contraire et faire le dédaigneux, il brûlait de reprendre la plume ; les doigts lui démangeaient, on peut l’affirmer. […] La campagne de Waterloo, qui avait été un peu écourtée et brusquée à la fin de ces quatre volumes, devint pour Jomini l’objet d’une publication à part en 1839 ; il reprit cette fois la forme vraiment historique et rejeta tout appareil étranger67. […] De retour à Saint-Pétersbourg, il reprit ses studieux travaux. […] Son esprit toujours lucide et présent se posait le problème sous sa forme renouvelée ; on sentait qu’il eût aimé à le reprendre et à le discuter à fond70.

89. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Reprenons sur C deux éléments quelconques A et B. […] 1° Je puis supposer que mon corps se soit transporté d’un point à un autre, mais en conservant la même attitude ; toutes les parties de ce corps ont donc conservé ou repris la même situation relative, bien que leur situation absolue dans l’espace ait varié ; je puis supposer également que non seulement la position de mon corps a changé, mais que son attitude n’est plus la même, que par exemple mes bras qui tout à l’heure étaient repliés soient maintenant allongés. […] Supposons qu’un objet extérieur se soit déplacé ; si nous voulons que les diverses parties de notre corps reprennent par rapport à cet objet leur position relative initiale, il faut que ces diverses parties aient repris également leur position relative initiale les unes par rapport aux autres.

90. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Antonin l’a vue, il s’élance sur elle, il veut les reprendre ; alors la furie se démasque, vomit des horreurs. […] Reprenez, dans la dernière brochure, son triangle humain, ses castes féminines « de temple, de foyer et de rue », ses commentaires apocalyptiques sur le Déluge et sur la Genèse : ajoutez-y les songes creux de Claude et les prophéties de Daniel, et vous aurez un grimoire que l’œil d’un hégélien ne pourrait pas déchiffrer. […] Alexandre Dumas vient de rentrer dans sa voie ; et à la façon dont il la parcourt, on dirait qu’il a repris un nouvel élan. […] Elle rit aux éclats de cette drôle d’histoire ; elle se lâche en gros lazzi de commère ; puis ses soupçons la reprennent.

91. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

« Si vous avez sur vous un objet qui vous embarrasse, hasardai-je avec une obséquieuse intonation, déposez-le au comptoir, vous-le reprendrez en sortant. » À ces mots si simples, il trembla, — il grelotta de tous ses membres ; sa figure pâle pâlit… et sa main sortit violemment de la poche, étreignant un mince flacon au long col, dont il avala précipitamment quelques gouttes. […] oui, reprit-il avec effort, je suis le comte de Saint-Germain. […] » reprit le petit vieux. […] » repris-je, non sans une certaine hésitation.

92. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Mignet, qu’ayant aujourd’hui à en traiter plus en particulier, nous pourrons nous abstenir de reprendre le fond des choses et nous en tenir à juger la manière de l’écrivain. […] de ces deux solutions si conformes mais si diversement exposées du même problème historique, l’une figure à mon esprit le spectacle de ces constructions géométriques, à la fois élégantes et hardies, qui sont nées comme de toutes pièces dans la tête de l’inventeur ; l’autre plutôt me rappelle ces mouvements gradués d’une analyse moins ambitieuse, ces transformations qu’on quitte et reprend à son gré, et auxquelles, chemin faisant, l’esprit se complaît si fort, qu’il ne se souvient du but qu’à l’instant où il l’atteint.

93. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Consciencieux, travaillé, fouillé, positif comme une instruction criminelle, son livre, la Défection de Marmont en 1814 22, nous paraît d’un péremptoire affreux pour l’honneur de Marmont, et nous croyons qu’après l’avoir lu personne ne reprendra pour la plaider à nouveau la cause du coupable défectionnaire d’Essonnes, malgré la manie des circonstances atténuantes dont les sociétés sans force soutiennent leur faiblesse, et qui pour le moment s’introduisent partout, même en histoire. […] L’homme lui-même disparaît ; la brute le reprend.

94. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Magnin a défriché, l’un des premiers, avec infiniment de labeur et de patience, et avec un notable succès, des portions d’histoire littéraire ingrates et restées encore obscures ; les origines de notre comédie nationale lui doivent beaucoup ; il y a porté une curiosité d’examen, un intérêt et une finesse d’attention, un goût délié, une clarté et une élégance d’exposition qui le désignent à l’estime de quiconque reprendra la suite de ces mêmes études. […] Magnin publié ici même100, nous ne reprendrons que l’indispensable, nous attachant à simplifier les traits ou à les mieux marquer. […] Fauriel se fit remplacer par Ozanam : décidément la chaire avec ses bruits et son mouvement lui allait peu ; il fut heureux de pouvoir reprendre son pas, son allure favorite, le doux train de l’érudition à huis clos, il s’y appliqua désormais tout à son aise, sans dérangement aucun, et de plus en plus dans cette même ligne des origines théâtrales qu’il s’était tracée. […] Magnin reprenait sa lecture à un feuillet où le public n’était déjà plus. […] comment a commencé et a repris le théâtre moderne ?

95. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

La seconde voix le reprend plus développé ; et le motif est repris encore par la troisième voix, complété encore. […] Elles se jalousent, elles s’invitent à reprendre la danse commune. […] Cà et là les instruments sont repris do leur indicible hoquet, suivi de la tenue formidable. […] Le thème de l’amour persiste à l’orchestre, pendant que les cuivres reprennent avec éclat le motif de la chasse ; les pas se précipitent ; le crime est flagrant ; c’est à peine si l’effrayant tumulte de l’entrée des chasseurs peut arracher les deux possédés à leur extase.

96. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Les sphinx ceints de roses du sultan Zimzizimi profèrent et répètent la même désolante réponse que reprend en une autre œuvre le ver destructeur des Sept Merveilles. […] Des personnages de son théâtre, aux héros de la Légende des Siècles aux femmes et aux enfants qui traversent certains poèmes, tous sont ainsi peints au décuple, saisis une première fois d’un coup, repris, traités à nouveau, enclos de mille contours semblables et déviants, obsédés et retouchés par une main sans cesse retraçante. […] Si nous reprenons les résultats de notre analyse, résumés en ces deux termes : simplicité de la pensée et richesse de la forme, le choix de celui qui précède et détermine l’autre, ne peut-être douteux. […] Il semble donc qu’en lui, à une seule impulsion de l’âme, à une conception, à une émotion, à une vision intérieures, correspondent une multitude d’expressions, qui se présentent tumultueusement, s’ordonnent, se rangent et sont issues de suite, tandis que les facultés intellectuelles restent inactives, attendant que ce flux ait passé, pour reprendre leurs fonctions intermittentes. […] D’une œuvre infiniment complexe, dont les propriétés saillantes ont été résumées en exemples, nous avons extrait quelques caractères généraux, ceux-ci ont été repris en un couple fort clair et fort simple de tendances universelles ; celles-ci en un fait psychologique absolument net.

97. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

» Gambetta reprend : « Et cependant, ç’a été comme une réunion de constellations favorables… D’abord un homme de mérite (Thiers), venant à nous, apportant son autorité pour fonder notre chose… puis les malheurs de la Patrie amenant la discipline entre les anciens et les nouveaux républicains… enfin la concurrence de trois prétendants se détruisant l’un par l’autre ». […] — « Des idées, non, des images seulement », reprend un autre. […] de drôles de maîtres, reprend la princesse. […] — C’est pas mal, pas mal, reprend Zola, et ma foi, oui, j’étais à la représentation, par moments, furieux contre les lâches, qui n’osaient pas applaudir… j’aurais aimé à leur dire des sottises. […] Daudet me disait, ce soir, qu’on était venu le chercher, pour la mort de sa mère, au moment où il était en train de faire le premier feuilleton de L’Évangéliste, et qu’il avait été pour lui très douloureux, de reprendre ce feuilleton, où la fiction de son roman se mêlait à la réalité du triste spectacle, qu’il venait d’avoir sous les yeux.

98. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Comme cependant on voulait laisser à ces derniers le temps de reprendre haleine, il fallait des entr’actes. […] L’ouvrage eut un immense succès, si bien que les acteurs du Marais s’empressèrent de la reprendre et ils eurent raison, car tout Paris y courut. […] On y trouve de beaux vers, cependant, et de belles scènes, et on la reprit plusieurs fois sur les théâtres de Paris. […] — Vous vous trompez, reprit le cardinal, je trouvedans Paris même des personnes qui me résistent. […] Je songe à l’avenir, dont tu n’es pas garant : Du moins si l’un me quitte, un autre me reprend.

99. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur. […] Ce discours était très tendre et très édifiant, nous dit Le Dieu, et M. de Meaux l’a prononcé avec toutes ses grâces, et aussi avec une voix nette, forte, sans tousser ni cracher d’un bout à l’autre du sermon : en sorte qu’on l’a très aisément entendu jusqu’aux portes de l’église, chacun se réjouissant de lui voir reprendre sa première vigueur. […] On aime, vieux, ce qu’on aimait enfant ; on y revient et l’on s’y reprend d’une plus vive étreinte39.

100. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Il reprend l’offensive sur cette autre ligne le 17 (à Nangis, trois jours après Vauchamps), et le 18 se livre le combat de Montereau, dont une lenteur de Victor rendra le résultat incomplet, mais qui couronne si glorieusement ces huit jours de prodiges. […] Il n’est plus question d’agir comme dans les derniers temps, mais il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93. […] Quand un gros nuage chargé de foudre passe dans l’air, tous les corps s’en ressentent aussitôt et reprennent chacun le genre d’électricité qui leur est propre, bien souvent une électricité contraire : ainsi arriva-t-il en 1840 dans le conflit des opinions sur la grande mesure : Faut-il, ou ne faut-il pas fortifier Paris ?

101. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais aujourd’hui, après tant de bouleversements qui ont eu lieu sur la scène, et de telles tentatives aventureuses dont on paraît un peu lassé, Iphigénie redevient de mise, elle reprend à son tour toute sa vivacité et son coloris charmant. […] D’autres que lui, d’éminents et ingénieux critiques que chacun sait, ont à leur tour repris la tâche et réparé la brèche avec honneur. […] L’idée de reprendre Bérénice devait venir du moment que mademoiselle Rachel était là ; et qu’à défaut de rôles modernes, elle continuait à nous rendre tant de ces douces émotions d’une scène qui élève et ennoblit.

102. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Dès qu’il s’en éloignait, elle reprenait à ses veux tout son charme : telle l’Ile-de-France pour Bernardin de Saint-Pierre, qui de près l’aima peu, et qui ne nous l’a peinte si belle que de souvenir. […] En ses meilleurs jours, il est pareil encore à ce pasteur de Sicile, dont il emprunte la chanson à Moschus, et auquel il se compare : si la mer est calme, le voilà qui convoite le départ et le voyage aux îles Fortunées ; mais, dès que le vent s’élève, il se reprend au rivage, à aimer les bruits du pin sonore et l’ombre sûre du vallon. […] et comme pour mieux vérifier sa maxime, l’agitation de son cœur le reprit.

103. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Elle reprend bientôt et à peu près comme s’il n’y avait pas eu interruption. […] N’en est-il pas ainsi pour le balancier de la pendule qui, allant sans cesse de droite à gauche et de gauche à droite, reprend à chaque seconde la position qu’il occupait au début de la seconde précédente. […] Malherbe a l’air de rompre en visière sur tous les points à Ronsard et à ses disciples ; par aversion de leur langue trop savante, il renvoie les poètes à l’école des crocheteurs du Port-au-Foin  ; par réaction contre un lyrisme qui lui semble de verve et de versification trop lâches, il soumet la poésie à une discipline sévère qui en régente et le fond et la forme ; mais, ce faisant, il reprend à son compte en les aggravant des critiques qui avaient été dirigées avant lui contre l’abus du grec et du latin, témoin la fameuse rencontre de Pantagruel avec l’écolier limousin  ; et, d’autre part, il consolide l’œuvre de la Pléiade, puisqu’il conserve l’emploi de la mythologie, les genres usités chez les anciens, l’imitation de l’antiquité.

104. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Quand un auteur s’est trompé, on le reprend honnêtement ; & lorsqu’il y a du ridicule dans un livre on le tire avec tant de circonspection, que l’écrivain peut seulement se le reprocher à lui-même. […] Les occupations multipliées de l’auteur, & quelques maladies l’ayant obligé de discontinuer ses nouvelles au mois de Février 1687., Basnage de Bauval les reprit à sa sollicitation au mois de Septembre de la même année.

105. (1923) Paul Valéry

Je suis d’ailleurs fort étonné que la musique n’ait jamais repris son bien au Satyre comme elle l’a repris à l’Après-midi d’un Faune, et comme il serait bien naturel qu’elle le reprît un jour à la Jeune Parque. […] Ce n’est nullement un métaphysicien qui veut prendre contact avec le monde ; c’est un poète qui veut reprendre contact avec son art. […] Valéry a repris le thème de la Dormeuse dans un des sonnets de Charmes, qui est un des plus splendides et des plus pleins de notre poésie. […] C’est elle qu’il reprend dans Palme où éclatent triomphalement, comme en une fin de symphonie, les thèmes essayés dans Aurore. […] Sa transparence accoutumée Après une rose fumée Reprit aussi pure la mer...

106. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Elle reprend pourtant ; elle insiste ; car il faut encore allécher la dupe, et le traître est naturellement menteur et orateur. […] Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la déesse infernale Reprit à plusieurs fois l’heure au monstre fatale. […] Ne quittez donc point un lieu où vous êtes en repos, et l’objet que vous aimez. — Si ces peines me paraissent insupportables, reprit l’Aimé, dans peu de temps je serai de retour. […] Il reprend d’abord le portrait tracé par Cassandre. […] Veuillent les immortels conducteurs de ma langue Que je ne dise rien qui doive être repris !

107. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Mais ici nous reprenons notre récit, puisque ce sont les circonstances de sa vie qui furent l’occasion de ses dernières et de ses meilleures œuvres. […] Mais Racine était déjà tellement corrompu par l’esprit des cours, qu’il fallut que cette religion se confondît avec la faveur du monarque pour reprendre sur lui le double empire de la cour et de la foi. […] non, reprit-il ; mais c’est toujours la première chose que j’oublie quand je la vois ! […] On y parlait de la mort du comédien Poisson : — “C’est une perte, dit le roi, il était bon comédien... — Oui, reprit Boileau, pour faire un D. […] Le chœur des jeunes filles reprend sur un mode plus grave et finit par une invocation au Dieu des combats.

108. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Et puis, ce qu’on appelait réaction classique, qui roulait, après tout, sur les rôles d’une seule actrice, et, à cette occasion, se reprenait à vénérer les styles de Corneille et de Racine, n’allait pas jusqu’au fond, j’ai regret de le dire, ni jusqu’à restaurer le moins du monde la forme de la tragédie à proprement parler, laquelle restait encore avec tous ses inconvénients inévitables de lenteur, de roideur et de convenu. […] Et quelle est l’œuvre tragique, de celles qu’on appelle simplement distinguées, qui, à l’occasion et à l’aide d’une seule actrice, se pourrait reprendre au théâtre, après vingt années, sans causer une hésitation d’un moment, et sans réclamer du spectateur par endroits quelque juste complaisance ? […] Pourtant, avec la prétention, le goût aussi de l’antique reprenait ; l’étude ramenait à des sources. […] Lors de Hernani, plus tard, le pont a été hardiment repris, mais à un autre endroit et de l’autre côté de la rive. […] Au retour de Talma, Michelot, qui trouvait son rôle odieux, refusa de le reprendre.

109. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Dans l’ordre humain, ce qui fait pour nous la puissance singulière et le charme du frère d’Amélie, de l’Eudore de Velléda, c’est au contraire la composition et le mélange ; lui aussi, il essaye d’entrer dans la haine passionnée de la vie, mais il s’y reprend au même instant ; il la hait et il la ressaisit à la fois ; il a les dégoûts du chrétien et les enchantements du poëte ; il applique sa lèvre à l’éponge trempée d’absinthe, et il nous rend tout à côté les saveurs d’Hybla. […] Rancé, fidèle au principe d’obéissance, repartit sans murmurer de Lyon pour Rome, y reprit la négociation sans espoir, y subit jusqu’au bout toutes les lenteurs, et ne revint qu’après le procès perdu, ayant bien mérité, encore une fois, son désert. […] Le groupe des poètes n’avait rien perdu : Boileau célébrait le passage du Rhin ; Racine, au milieu de sa course, reprenait haleine par Bajazet. […] Lui aussi, en touchant ce seuil du cloître, il a été repris des fantômes.

110. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

X Le descendant de Laurent par Lucrezia Salviati, sa fille, reprit le nom vénéré de Côme et le titre de grand-duc. […] J’éclatais en sanglots et en larmes que je voulais cacher, en m’efforçant de détourner ma tête ; mais lui, nullement ému, me prenait et me reprenait les mains. […] Je repris bientôt ma place, après avoir, autant que je le pouvais, essuyé mes yeux. […] Ce qu’il ne faut pas oublier non plus, c’est qu’après l’explosion, le ciel reprit aussitôt sa sérénité.

111. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Le prodigieux travail de sa jeunesse lui avait donné la facilité de la parole et de la plume, une conception nette et rapide à laquelle l’expression ne manquait jamais ; outre une mémoire incroyable qui lui permettait de reprendre une dictée longtemps interrompue à l’endroit même où il l’avait laissée, et une sobriété pour le sommeil, qui doublait la longueur de sa vie. […] Les libertins, qui s’étaient qualifiés de chiens de Calvin et qui l’avaient appelé lui-même Caïn, reprirent jusqu’à trois fois le dessus, mais sans pouvoir se maintenir. […] Le pouvoir civil reprit le droit d’excommunication que Calvin avait fait attribuer au Consistoire. […] Ce parti fit d’ailleurs la faute de tous les partis qui se sentent les plus faibles : il voulut reprendre le pouvoir par un coup d’État.

112. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

— Je ne vous les dirai pas toutes, reprit l’époux ; mais, afin de vous contenter en quelque façon, examinez la chose en vous-même. […] « Mais, mon père, reprit Psyché, est-ce un si grand bien que cette solitude dont vous parlez ? […] reprit l’amant infortuné, L’oiseau n’est plus ; vous en avez dîné. […] — Non, reprit-il ; plût au Ciel vous avoir Servi mon cœur, et qu’il eût pris la place De ce faucon !

113. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Reprenez les lectures qui vous ont touchée, elles vous toucheront encore, et vous en profiterez mieux que la première fois. » Dans sa correspondance spirituelle avec Mme de Montberon, il se croit ou il se dit quelquefois sec, irrégulier ; il entre, au contraire, d’une manière fine et rapide dans les délicatesses de l’amour divin ; il en donne en termes prompts et menus la théorie, comme nous dirions, les préceptes ; il le veut simple, mais d’une simplicité à laquelle on n’arrive pas du premier coup. […] [NdA] Il aurait pu également lui dire ce qu’il écrivait à la duchesse douairière de Mortemart (11 octobre 1710), sur cette habileté à voir et à reprendre les défauts de ceux qui nous entourent : C’est par imperfection qu’on reprend les imparfaits.

114. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Mignet a repris d’ensemble ce beau sujet et en a composé un récit complet, grave, serré, intéressant et définitif, qu’il publie en ce moment. […] Elle dissipa sans trop de peine ses soupçons, et reprit sur lui son empire. […] et déjà blanchie avant l’âge ; quand on l’entend, dans la plus longue et la plus remarquable de ses lettres à Élisabeth (8 novembre 1582), lui redire pour la vingtième fois : « Votre prison, sans aucun droit et juste fondement, a jà détruit mon corps, duquel vous aurez bientôt la fin s’il y continue guère davantage, et n’auront mes ennemis beaucoup de temps pour assouvir leur cruauté sur moi : il ne me reste que l’âme, laquelle il n’est en votre puissance de captiver » ; quand on a entendu ce mélange de fierté et de plainte, la pitié pour elle l’emporte, le cœur a parlé ; ce doux charme dont elle était douée, et qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, reprend le dessus et opère sur nous à distance.

115. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Si l’homme laisse envahir son domaine par la solitude, la nature reprend ses premiers droits ; et l’homme est de nouveau frappé par la mort. […] Il est très probable que les travaux d’Hercule ne sont autre chose qu’une allégorie des travaux de l’homme pour assainir et féconder la terre, car la terre ne se laisse pas cultiver comme on le croit : elle commence par résister avec violence, elle cède avec déplaisir, et même avec douleur ; elle reprend ses droits avec un empressement terrible. […] Ainsi l’homme fait en quelque sorte le climat et le sol : il les fait, les perpétue, les modifie ; mais sitôt qu’il s’arrête, l’invincible nature reprend ses droits.

116. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Ses doctrines, répandues par la presse, professées dans les clubs et les sections, reprenaient crédit auprès des esprits modérés et de la masse qui voulait enfin du repos. […] A peine remise des attentats et des vengeances de prairial, privée d’un grand nombre de ses membres condamnés ou compromis, et aussi mutilée qu’au plus fort de la Terreur, la Convention avait repris son rôle paisible d’Assemblée législative, et la Commission des Onze lui présentait cette belle et sage Constitution de l’an III, qui devait pacifier la France, si la France alors avait pu être pacifiée par une Constitution.

117. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine, dans sa fertile et magique exubérance, a des allures bien moins françaises ; sa pensée, au lieu de traverser un peu vite, en s’en colorant, les jets irrésistibles qui naissent à chaque pas, se laisse prendre à cette efflorescence, et s’égare comme à plaisir, et monte dans l’air sur chaque fusée ; elle a peine ensuite à reprendre le fil du chemin, ou du moins on a peine à le reprendre avec elle.

118. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Ils ont repris le char qui n’est pas même une licence. […] … et moi, d’un ton bourru, je reprends : la providence !

119. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Le livre de Rome et la Judée n’est pas le livre des Césars, repris dans une gamme différente, et cependant c’est toujours le livre des Césars ! […] Il n’était allé que jusqu’à Néron dans le beau livre de sa jeunesse, mais n’avait-il pas à reprendre la suite du terrible médaillier de tous ces monstres, gravés sur bronze ou sur onyx ?

120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Converset, Jean-Joseph (1862-192.) »

Charles Buet Assurément, Philippe sans terre n’est pas un drame sans défaut, et la critique y trouverait à reprendre.

121. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il me reprenait très drôlement quand je me trompais, en me regardant de son petit œil malin et j’avais pour lui la plus vive admiration. […] Ils se cachèrent si bien, qu’on ne put les reprendre, et personne n’eut le cou coupé. […] On voulait toujours me le reprendre. […] Lili, qui n’a pas compris tout de suite, pouffe silencieusement et reprend sa couture. […] Après des intervalles de silence, les cris reprenaient, vraiment terribles.

122. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il reprend son grand rêve, le grand silence de la nuit recommence. […] Reprenons-les, recouvrons-les. […] Ou l’œuvre conçue ainsi est abandonnée ou, au contraire, la volonté consciente la reprend. […] La poésie, plutôt que de s’amoindrir parmi des subtilités et des casuistiques purement formelles, devrait reprendre la grande tradition. […] Le romantisme reprit dans la tradition le vers classique régulier et il l’assouplit.

123. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Et quand on s’étonnera que tout à coup il annonce : « Je reprends mon jour !  […] L’ouvrage fut repris en 1924. […] Repris par Grasset en 1928. […] Repris dans le collectif Les Quatorze, Le Divan, 1924. […] Émile-Paul, repris dans Lectures pour une ombre.

124. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » p. 388

Il n’était que ralenti et interrompu ; bientôt, l’occasion recommençant, j’ai repris ma course et poursuivi de plus belle.

125. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « À M. Vacherot » p. 1

Reprenez la vérité comme votre bien, et laissez-moi les paradoxes, — ou le scepticisme.

126. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Thiers a été comme repris d’entrain en arrivant au terme de la carrière. […] Ce qui avait semblé une fin, une chute suprême, n’était plus qu’une phase d’essai, une tentative, une magnanime expérience étouffée alors, et qui, après un intervalle de plus de trente-cinq ans, reprenait son cours.

127. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

I L’éclectisme, silencieux depuis longtemps, a repris la parole avant-hier. […] Comme nous nous proposons de suivre le cours, nous reprendrons en détail toutes les opinions philosophiques ; aujourd’hui, nous nous contenterons de faire quelques observations générales.

128. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Reprenez-le, reprenez-le sur vos épaules ; pour le mensonge qu’il a commis, pour les faux serments qu’il a faits, nous le forcerons à compter jusqu’à soixante.

129. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

La comédie de l’art reprit alors à notre théâtre, et notamment à Molière, presque autant que lui devaient ceux-ci. […]   Voici quelle était, en 1682, la composition de la troupe italienne, d’après « l’état de la dépense pour les comédies représentées devant Monseigneur le Dauphin, pendant le carnaval » : Les sieurs Octave, Cintio, Scaramouche, Dominique, Spezzafer (c’était probablement un nouvel acteur qui avait repris ce type disparu pendant quelque temps), le Docteur, Flautin (Giovanni Gherardi engagé en 1675).

130. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il venait de reprendre avec éclat la série de ses banquets. […] On précisait : un chaud et froid contracté à la sortie d’une des séances de la Haute-Cour ; un érysipèle de la face ; trois jours de maladie, de cauchemars, de fièvre délirante, puis soudain le réveil d’une conscience abolie, un regard douloureux qui se reprend et qui jette une dernière lueur consciente sur les êtres chers qui vous entourent, comme pour leur demander pardon de les quitter ; des mains hâtivement pressées dans la chaleur d’une rapide étreinte, d’un adieu suprême, puis la tête qui retombe… et… plus rien !

131. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Excepté cela et l’analyse de Trialph, qui est Lassailly encore, ces Portraits après décès, où se rencontrent des fronts douloureux et presque égarés comme ceux de Gérard de Nerval et de Jean Journet, manquent de plaisanterie… Et si, comme en certains qui touchent à la caricature exquise, comme celui de M. de Jouy, — un petit chef-d’œuvre, — la bouche qui a tant aimé à rire s’y reprend encore, elle s’y reprend en deux fois, et je sens dans ce rire brisé, comme la corde d’un arc rompue, le commencement de l’amertume qui pourrait bien être le commencement de la sagesse… La caractéristique du talent de M. de Jouy par le carrick de l’Empire, ce carrick qui reparaît tous les cinquante ans, taillé d’une autre façon, mais absolument sur le dos du même homme, cette fatale et éternelle perruque qu’a tout front et qui fait, hélas !

132. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

L’histoire de la monarchie française a été rompue par la révolution le jour que cette monarchie s’est séparée du principe religieux qui faisait sa vie et sa force, et cette rupture n’est pas seulement qu’une interruption momentanée… Pour les logiciens de l’Histoire, qui a sa mathématique inflexible, c’est la rupture dans la chaîne des faits qu’il faut nécessairement reprendre dans leur ordre, comme un raisonnement dans le sien, si on veut se retrouver dans la vérité, qui est la même dans l’ordre des raisonnements et des faits. Or, la monarchie française ne peut pas revivre autrement qu’à la condition de reprendre ses traditions de christianisme là où elle a fait la faute et le crime tout à la fois de les abandonner… Et c’est cette pensée, qui est encore dans beaucoup d’esprits justes, mais quila cachent, pour des raisons qui veulent être plus ou moins prudentes ou qui se croient plus ou moins habiles, c’est cette pensée que Maurice de Bonald a eu le courage d’exprimer.

133. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Cette sensation reprend d’abord une portion de son énergie et lutte à forces égales contre l’image ; car, si le fantôme est encore présent, il est vaporeux, et le meuble ou le mur est entrevu vaguement derrière lui. Bientôt un fragment de la sensation reprend toute sa prépondérance ; une jambe ou une tête de fantôme disparaît, par la réapparition du morceau de meuble qu’elle cachait. […] Quand l’attention se reporte sur une sensation normale, c’est-à-dire quand cette sensation reprend sa prépondérance ordinaire, il y a des chances pour que les autres sensations annulées reprennent aussi leur ascendant. […] Pareillement, dans une paralysie faciale, le visage déformé par la rétraction des muscles gauches reprend sa forme ordinaire, si l’application de l’électricité rend peu à peu leur force aux muscles droits. […] Baillarger rêva une nuit que telle personne était nommée directeur d’un certain journal ; le matin, il croyait la chose vraie et en parla à plusieurs personnes, qui apprirent la nouvelle avec intérêt ; toute la matinée, l’effet du rêve persista, aussi fort que celui d’une sensation véritable ; vers, trois heures seulement, comme il montait en voiture, l’illusion se dissipa ; il comprit qu’il avait rêvé ; ainsi le groupe réducteur n’avait repris son ascendant qu’au bout d’une demi-journée. — À cet égard, la minutie et l’intensité d’une image volontaire ont parfois la même puissance que le rêve.

134. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Il rentra à Weimar avec son souverain, et reprit, comme après une distraction légère, le cours de ses travaux d’esprit et de ses fonctions politiques, au bruit à peine entendu de la monarchie qui croulait en France et des têtes qui tombaient par milliers sur les échafauds de la Terreur. […] On lui retira jusqu’à son traitement de poète du théâtre, et on lui conseilla amicalement de reprendre son métier de chirurgien militaire. […] L’esprit français ne s’accommode pas de cette suspension d’une action qui s’arrête à un soleil et reprend à l’autre. […] « Il faut, dit-il à son ami Schiller, laisser ses droits à la nature et pleurer quand elle vous envoie des larmes ; autrement elles s’accumulent et vous noient le cœur, d’autant plus abondantes que vous les avez plus ajournées ; ensuite il faut reprendre le travail, ce consolateur infaillible qui guérit tout en déplaçant tout. » Un autre fils survint et vécut âge d’homme. […] Mais reprenons la correspondance des deux amis.

135. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

On voyait qu’en rentrant de la petite église d’Andillac on l’avait déposé là le matin pour le reprendre le soir, à l’heure où le soleil baissant fait sentir le besoin de prier. […] Je vais prier Dieu de me le donner. » Le 24 novembre, elle reprend son récit. […] Aujourd’hui que voilà le soleil, je reprends vie et m’épanouis comme la pimprenelle, cette jolie petite fleur qui ne s’ouvre qu’au soleil. […] C’est sa direction naturelle qu’elle reprend sitôt qu’elle est dégagée des objets terrestres. […] » Le 17, elle a repris sa vie découragée, mais sensible toujours au bonheur d’autrui.

136. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Nous entrons dans un café, avalons un grog au rhum et reprenons le chemin du théâtre. […] Mme Michelet reprend : « Oui, il a rendu le directeur trop intéressant, il a fait de la confession un roman, et beaucoup de femmes, après avoir lu un passage du livre qu’elle cite, se sont confessées… Moi, c’est le contraire… Je l’ai lu toute jeune, et depuis cela, j’ai toujours détesté les prêtres ! […] reprenait-il, c’est peut-être le pain sur la planche qui m’a manqué, pour être un des quatre grands noms du siècle… Pourquoi n’aurais-je pas atteint Hugo ? […] Couchés dans le bateau de la princesse, sous le kiosque, Théo reprend : « Au fond il y a un grand mystère autour de moi… Je suis aimé, sympathique. […] — Enfin, reprend sèchement Saint-Victor, tu as écrit la solidité des choses éternelles.

137. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel accompagne, en effet, les portraits de ses personnages de notices faites avec érudition et curiosité ; et, puisque j’ai nommé Gabrielle d’Estrées, on me permettra de détacher cette gracieuse figure, et, à mon tour, d’en reprendre à la plume le dessin, en profitant de tout ce que M.  […] Après les premiers instants de joie et les cris de délivrance, les craintes reprirent vite le dessus. […] Peu de semaines après, Henri IV était repris d’un autre amour pour Henriette d’Entragues, et avant la fin de l’année il lui avait fait une promesse de mariage (1er octobre 1599).

138. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

J’ai une fois joliment repris un de nos ducs ; comme il se mettait à la table du roi, devant le prince de Deux-Ponts, je dis tout haut. : « D’où vient que M. le duc de Saint-Simon presse tant le prince de Deux-Ponts ? […] et comme on était très bien venu à lui en donner, on en imaginait lorsqu’on n’en avait pas : elle ne les avait pas plus tôt entendues, que, sans autre examen, elle reprenait toutes ses lettres commencées, pour y consigner ce qu’on venait de lui débiter20. […] Si les princesses honnêtes femmes s’écrivaient de telles gaietés sans aucune vergogne, de quel droit reprenaient-elles les autres, celles qui cherchaient leur plaisir ailleurs et entendaient le carnaval autrement ?

139. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

En ma qualité d’ancien novateur et révolutionnaire romantique qui est de temps en temps repris d’une velléité de mouvement, j’ai regretté dans ces derniers mois de ne pouvoir aller soutenir à l’Académie la cause de l’innovation ; mais elle est soutenue bien mieux que par moi par le respectable et docte M.  […] Ceux qui ne le connaissent que par ses savantes éditions des auteurs anciens, par ses belles éditions des classiques modernes, par les bijoux d’éditions d’Horace ou d’Anacréon, par sa traduction de Thucydide qu’il reprend et revoit à soixante-quinze ans avec la vigilance et les scrupules d’un helléniste consommé, ne s’imagineraient point aisément à quel point il est hardi, avancé, presque téméraire, pour les réformes qu’il propose d’introduire dans l’orthographe : et en cela cependant il n’est que logique et conséquent. […] Je n’aime point cette besogne, mais il faut bien s’y résoudre, car, sans cela, nous aurions vu arriver non pas les calendes de janvier 1736, mais celles de 1836, avant que la Compagnie eût pu se trouver d’accord. » Au moment de mettre sous presse, on fut encore arrêté quelque temps, du fait de l’imprimeur : « Coignard, écrivait l’abbé d’Olivet (8 avril 1736), a depuis six semaines la lettre A, mais ce qui fait qu’il n’a pas encore commencé à imprimer, c’est qu’il n’avait pas pris la précaution de faire fondre des E accentués, et il en faudra beaucoup parce qu’en beaucoup de mots nous avons supprimé les S de l’ancienne orthographe, comme dans despescher, teste, masle, que nous allons écrire dépêcher, tête, mâle, etc. » Le xvie  siècle avait été hardi ; le xviie était redevenu timide et soumis en bien des choses ; le xviiie reprit de la hardiesse, et l’orthographe, comme tout le reste, s’en ressentit : elle perdit ou rabattit quelque peu, dès l’abord, de l’ample perruque dont on l’avait affublée.

140. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Jeté jeune et sans éducation régulière au milieu d’une littérature compassée et d’une poésie sans âme, il a dû hésiter longtemps, s’essayer en secret, se décourager maintes fois et se reprendre, tenter du nouveau dans bien des voies, et, en un mot, brûler bien des vers avant d’entrer en plein dans le genre unique que les circonstances ouvrirent à son cœur de citoyen. […] Aux pieds de madame de La Sablière et des autres femmes distinguées qu’il célébrait en les respectant, sa muse, parfois souillée, reprenait une sorte de pureté et de fraîcheur, que ses goûts un peu vulgaires, et de moins en moins scrupuleux avec l’âge, ne tendaient que trop à affaiblir. […] Madame de La Sablière elle-même, qui reprenait La Fontaine, n’avait pas été toujours exempte de passions humaines et de faiblesses selon le monde ; mais lorsque l’infidélité du marquis de La Fare lui eut laissé le cœur libre et vide, elle sentit que nul autre que Dieu ne pouvait désormais le remplir, et elle consacra ses dernières années aux pratiques les plus actives de la charité chrétienne.

141. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

C’est un des ressorts de la nature qui reprend toujours sa force ; c’est lui qui a formé le code des nations, c’est par lui qu’on révère la loi et les ministres de la loi dans le Tunquin et dans l’île Formose comme à Rome. » Ainsi il y a dans l’homme « un principe de raison », c’est-à-dire un « instinct de mécanique » qui lui suggère les idées utiles343, et un instinct de justice qui lui suggère les idées morales. […] Découvert par Montesquieu, aujourd’hui encore il nous sert d’appui pour construire, et, si nous devons reprendre en sous-œuvre l’édifice du maître, c’est seulement parce que l’érudition accrue a mis entre nos mains des matériaux plus solides et plus nombreux. […] Sans doute enfin, si aucune de ces conditions n’est remplie, la même opération, exécutée par des spéculatifs de cabinet, par des amateurs de salon et par des charlatans de place publique, n’aboutit qu’à des composés malfaisants et à des explosions meurtrières. — Mais une bonne règle demeure bonne, même après que l’ignorance et la précipitation en ont fait mauvais usage, et, si aujourd’hui nous reprenons l’œuvre manquée du dix-huitième siècle, c’est dans les cadres qu’il nous a transmis.

142. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

« *** » Et Mlle*** a repris son Diaz, ô gué ! elle a repris son Diaz, turelure ! […] « Je reprends donc mon petit Diaz, un peu confus de son excursion téméraire, et je cache sa confusion dans ma chambre où M. 

143. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

En France, Malherbe avant Chapelain, Chapelain avant Corneille ; dans l’ancienne Grèce, Orphée avant Homère, Homère avant Eschyle ; dans le livre primitif, la Genèse avant les Rois, les Rois avant Job ; ou, pour reprendre cette grande échelle de poésie que nous parcourions tout à l’heure, la Bible avant l’Iliade, l’Iliade avant Shakespeare. […] En tout cas il y a entre elles des transitions innombrables, et, pour reprendre les mots de Victor Hugo, « il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre ». […] Dans ce cas je me consolerais avec ces mots que Gaston Paris me disait en 1900 : « Même si votre théorie était fausse, il faudrait, pour la réfuter, reprendre l’histoire littéraire d’un point de vue nouveau, et ce serait encore un gain. » Donc, mettant les choses au pire, je tente néanmoins l’entreprise.

144. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Au critique de profession qui, jugeant du dehors, peut voir ce que je ne vois pas, de me contredire ou de me reprendre. […] Mais c’est en Espagne et en Angleterre que l’effort médiéval sur le plan du théâtre devait reprendre élan et porter ses plus nobles fruits. […] L’intrigue le captive, le verbe l’étourdit ; le jongleur ne lui laisse pas le temps de se reprendre. […] Leur descendance fut complètement indigne d’eux, et leur effort est encore à reprendre. […] Je ne dis pas que mes pièces sont bonnes ; je dis que mon idée est bonne ; d’autres la reprendront et feront mieux.

145. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Je retourne aux mauvaises manières, je n’en suis pas fâché pour mon petit doigt qui se tend, reprend sa forme accoutumée. […] Un pilote passant la tête à sa fenêtre, A repris : — Ce chien meurt de ne plus voir son maître. […] reprit-elle. […] On avait placé dans une salle un buffet très bien garni, où les danseurs pouvaient reprendre des forces. […] Je crois que le lecteur la préférera à l’autre, et, si le drame est destiné à être repris dans l’avenir, je me figure qu’elle prévaudra même sur le théâtre.

146. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

que ne reprends-tu ta forme de ver de terre pour que je puisse t’écraser du pied ! […] Tu brises mes chaînes, tu me reprends dans ton sein ! […] Elle déposa tout cela aux pieds de la malade ; puis elle s’éloigna, et je repris avec mes chevaux le chemin de la ville !  […] XII Le père, le pasteur, le pharmacien, la mère reprennent, chacun dans son caractère, l’entretien sur l’événement du jour, après le récit d’Herman. […] Peut-être aussi reprendrai-je seul ce sentier, pour ne plus jamais le revoir avec joie.

147. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 136-137

Ce prestige dura jusqu’à ce que le Poëte hermaphrodite eût repris son véritable sexe ; alors il redevint ce qu’il étoit, un homme médiocre.

148. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXI » pp. 129-130

 — Voilà une pièce qui, il y a six mois à peine, fait courir tout Paris et sans qu’on le convoque ; elle réussit par son honnêteté même et un certain air de simplicité noble auquel on n’était plus accoutumé et qui nous reprend.

149. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dubus, Édouard (1864-1895) »

Dubus ait imité les Fleurs du mal ou les Fêtes galantes, mais il a repris quelques-uns de leurs motifs caractéristiques, et il en illustre ses poèmes madrigalesques.

150. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les assassinats, par exemple (ce qui est bien quelque chose dans le cours ordinaire de la vie), avaient non-seulement diminué, mais presque entièrement cessé dans la haute Italie sous le régime français ; ils avaient repris dès le lendemain avec autant de fréquence que jamais, grâce au droit d’asile dans les églises et à la facilité de s’enfuir sur le territoire des petits États circonvoisins. […] Représentant de la Révolution, vous voilà devenu associé de toute idée libérale ; car le parti de la liberté, ici comme dans le reste de l’Europe, est votre unique allié. » — « C’est indubitable, reprit Napoléon ; les populations et moi, nous le savons de reste. […] Cependant, quand d’autres le raillaient là-dessus, il les reprenait avec vérité, en faisant remarquer que « le bonheur de 30,000 âmes est aussi important que celui d’un grand État. » Son économie politique, telle qu’il l’avait adoptée et qu’il la prêchait en dernier lieu, est toute particulière et le caractérise. Il eût voulu ne rien brusquer, enrayer plutôt qu’accélérer cette marche effrénée du progrès qui se lance à toute vapeur dans toutes les voies sans souci de ce qu’il rencontre, et donner aux générations présentes le temps de reprendre haleine, de se mettre au pas ou de s’écouler insensiblement à la veille des applications nouvelles.

151. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

. — Car Dieu, notre père, ne sera jamais le soutien du mensonge. » « Et mon jeune lecteur, en épelant ces vers, se reprit, comme s’il eût été devant le pédagogue, pour me faire sentir l’accent du mot ψεὑδεσσι, mensonge, sur lequel d’abord il n’avait pas assez appuyé. […] — Je ne puis vous suivre, reprit-il, jusqu’à ce bon abri ; car je me figure qu’il faut interpréter ainsi le nom de Kalender, souillé vers sa fin d’une terminaison turque. […] — Eh bien, reprit-il en souriant, si les affaires de l’Europe, un peu confuses ici, ou si les soupirs de l’empire turc qui croule vous laissaient demain autant de loisirs qu’aujourd’hui, nous pourrions lire ensemble ce touchant épisode de Médée avec votre ami, le prince Nicolaki Morusi, et je vous attendrai chez lui. […] reprit Christopoulos, point de jugement arrêté d’avance.

152. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Il faut renouer ses habitudes, reprendre goût à la platitude de la vie. […] À la fin il n’en lisait plus que la moitié, mais ça suffisait pour le mettre en gaieté. « Oui, oui, reprend-il, il faudra que je brûle ces rames de lettres de bourgeoises… Celle-là, qui était cependant de la première catégorie des bourgeoises, me donne un jour un rendez-vous pour dans cinq mois et huit jours. […] — reprend la femme du libraire, — et tous ces petits bouquins-là, n’est-ce pas de l’argent… de l’argent que vous aurez quand vous le voudrez… Tenez, combien cela ? […] reprend la femme avec un sourire plein de confiance, oui, combien ?

153. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

reprit-il, tu ne me comprends donc pas, malheureux critique ? […] Je repris ma place, et tout en préludant d’une main indécise : — Mon Dieu ! […] reprit Henri avec un de ces regards qui vont très loin. — Je parlerai, lui dis-je, et tout naturellement de L’École des femmes. […] La comédie reprend un peu quand arrive le Fâcheux au plus fort de la répétition, et quand Molière donne la réplique à Lagrange, qui joue un rôle de marquis ; le gazouillement de mademoiselle Duparc et de mademoiselle Molière est aussi une plaisanterie du meilleur goût ; tant que Molière reste dans la comédie il est excellent ; mais une fois dans la satire, il faut avouer qu’il va trop loin.

154. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Le prêtre catholique, peint par elle plus d’une fois dans sa vie, y est repris et peint une dernière. […] Mais il n’en reprend pas moins sa femme et du tout sans y être forcé, le brave homme ! […] Et, véritablement, si effacés, si énervés que nous soyons dans les dernières passions qui nous restent, ce n’est pas encore un fait ordinaire — une habitude dans nos mœurs — que cette commisération conjugale qui fait reprendre à un mari sa femme l’âme pleine d’un homme qui n’est pas le premier, mais le second, qu’elle ait mis dans son cœur. […] … Le caractère rompu peut se ressouder, la passion reprendre si elle est profonde… Et c’est ici qu’il y a une marquise de Talyas à montrer qui n’est pas sortie de celle de Feuillet ; qui n’est pas plus sortie que la scène du commencement du roman, restée en puissance une si belle chose !

155. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

L’appréhension de lui déplaire était la seule chose que craignait l’armée romaine ; jamais les soldats ne méprisèrent autant l’ennemi et ne redoutèrent si fort leurs chefs ; jamais ne furent tous ensemble si ders et si dociles, ne se débordèrent avec tant d’impétuosité à la campagne, et ne reprirent leur place dans le camp avec moins d’apparence d’en être sortis. […] L’auteur annonce, au début, qui y reprend ce qui a déjà été dit entre eux, pour en faire un tout avec ce qu’il va ajouter, « La gloire et les triomphes de Rome, lui dit, l’auteur, ne suffisent pas à votre curiosité ; elle me demande quelque chose de plus particulier et de moins connu ; après voir vu les Romains en cérémonie, vous les voudriez voir en conversation et dans la vie commune… Je croyais, en être quitte pour vous avoir choisi des livres et marqué les endroits qui pouvaient satisfaire votre curiosité ; mais vous prétendez que j’ajoute aux livres… La volupté qui monte plus haut que les sens, cette volupté toute chaste et tout innocente, qui agit sur l’âme sans l’altérer, et la remue ou avec tant de douceur qu’elle ne la fait point sortir de sa place, ou avec tant d’adresse qu’elle la met en une meilleure, cette volupté, madame, n’a pas été une passion indigne de vos Romains.

156. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Ce corps eut une enfance, une jeunesse, un âge mûr souvent, une vieillesse parfois ; il fut un homme, lit partie d’une famille, naquit et vécut dans une patrie, eut tels parents, tels amis, tels contemporains ; la carrière de cet être fut mêlée d’infortunes et de joies, de hasards et d’habitudes ; il subit et exerça des influences spirituelles ; il reprit l’œuvre artistique à un point donné et en porta le progrès à tel autre point ; cette entité intellectuelle dont on a désigné d’abord la configuration totale et générale, avec toutes ses acquisitions et toute son innéité, eut une évolution, fut jetée dans le compromis de résistances et d’adaptations qu’est la vie, fut fait d’originalité et d’imitation comme tout individu vivant, mêla sa tâche de redites et de trouvailles. […] Taine reprend toute sa valeur et toute son importance ; elle est celle qu’il faut prendre pour tenter de recréer en pleine vie le groupe d’individus humains dont on aura déterminé grossièrement mais exactement le mécanisme interne par l’analyse de leurs admirations, et que l’on aura appris à considérer, non plus comme les producteurs premiers ni de l’œuvre qui les rallie, ni des œuvres de leur temps, mais au contraire comme des êtres faiblement semblables à l’auteur de ce qui les émeut, et fixés dans cette similitude par cette émotion même.

157. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Louis-Philippe en meurt dix-huit ans après, et Napoléon III, l’homme de décembre qui descendait de l’homme de brumaire, en meurt aussi, pour l’avoir relevé et repris… Aujourd’hui, qu’il s’appelle République au lieu de s’appeler Monarchie, il n’en est pas moins toujours, malgré les mutilations qu’il a subies, le gouvernement parlementaire et fatal qui a perdu en cinquante ans trois dynasties, et qui n’a avancé qu’une seule question, des cent mille qu’il a stérilement agitées : celle du mépris qu’il a commencé d’inspirer ! […] Mais il aura eu cela de bon, du reste, que, quel que soit l’avenir que Dieu nous garde, les pouvoirs qui viendront n’auront pas, comme ce pauvre Napoléon-Louis-le-Débonnaire, besoin de le reprendre, et qu’ils pourront le laisser expirer, délaissé, sur toutes les poussières qu’il aura faites.

158. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Ces messieurs sont, pour la plupart, trop sceptiques, trop éclectiques, trop philosophiques, — ces trois choses qui n’en font qu’une, comme la sainte Trinité à laquelle ils ne croient pas, — pour ne point placer le monde antique, fils du paganisme, bien au-dessus du monde moderne, fils de l’Église, et pour ne pas reprendre et ne pas recommencer incessamment son apothéose dans l’histoire. […] Mais, depuis le xviiie  siècle, qui nous a déchristianisés, autant dans nos idées que dans nos mœurs, la question de l’antiquité a repris toute son envergure historique, et la Révolution, qui survint, la résolut à son tour avec encore plus d’idolâtrie que la Renaissance.

159. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Il paraît que le Père Didon fut tancé par l’autorité ecclésiastique pour cette approbation trop étourdiment bienveillante, — ce qui ne l’a pas empêché d’être repris à nouveau par cette même autorité, et coupé court dans ses Conférences. […] Dumas, elle eut triomphé plus tard immanquablement, parce qu’elle est dans la logique de ce temps, et que les peuples sont gouvernés par la logique des principes qu’ils ont posés, — et s’ils lui échappent une fois, deux fois, ils sont toujours repris par elle !

160. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Cette voix surtout frappa le critique, mais elle le frappa bien davantage, quand, en sortant, la porte à peine refermée, de velours redevenue… ce qu’elle était, cette voix de salon reprit tout à coup son timbre de marine et ses grossiers jurons de bord. […] Celle qu’il aurait conquise n’eût été ni si retentissante, ni si en lumière, mais du moins il ne l’aurait pas usurpée, et la Postérité ne la lui reprendrait pas.

161. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delpit, Albert (1849-1893) »

L’Invasion est un livre où les délicats et les puristes trouveront bien à reprendre, mais qui leur plaira à tous par la sincérité de l’accent et la vivacité du style.

162. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Le Bel  » p. 146

L’éloge détaillé que nous faisons de son tableau, prouvera au moins que nous avons bien plus de plaisir à louer qu’à reprendre.

163. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

mais le mot saveteur n’est pas français) a repris et remanié les vieux Faust pour en faire le sien, et les a jetés on ne peut pas dire dans le moule de Shakespeare, car la forme de Shakespeare n’est pas concrète, — et c’est même là que cet incommensurable Shakespeare trouve la borne de son génie. […] Tandis que dans Gœthe on en est extrêmement choqué… Conséquence singulière, mais inévitable : c’est en lisant Gœthe qu’on se reprend à la littérature des trois unités, dont on s’est tant moqué il y a trente ans. […] Ce qui lui appartient dans Clavijo, comme une chose peut lui appartenir, à ce grand seigneur de l’emprunt facile, c’est la scène où Carlos reprend possession de l’âme de Clavijo, comme Narcisse de l’âme de Néron dans Britannicus ; et elle lui appartient d’autant plus, celle-là, que Carlos est un Méphistophélès clair de lune, un Méphistophélès en taille douce. […] Nul plus que lui, non plus, n’aimait à se reprendre en sous-œuvre, à se tracasser, à se défaire, à se refaire. […] « Le sort de ce fou — (il l’appelait fou, preuve qu’il ne lui ressemble pas, ) — me touche, parce que c’est le mien », — ce qui est impudent et comique. — « Il est vrai que je sais un peu mieux me tirer d’affaire », reprend-il avec le sourire satisfait de l’homme entendu.

164. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

L’air y ajoute encore ; cet air qui a été imaginé par Régnier et repris par Coquelin dériderait un mort. […] Perrin avait, je ne sais pourquoi, pris en grippe et écarté de la scène, y reprendra la place qui est due à ses longues études, à sa connaissance approfondie du répertoire et à son talent mûri par l’expérience. […] Reprendre Psyché ! […] Et, en effet, la discussion reprend ; ce ne sont plus d’aigres réparties se choquant coup pour coup, ce sont des raisons déduites. […] reprend Coquelin un peu songeur ; eh, pourquoi, tout de même ?

165. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raynaud, Ernest (1864-1936) »

Les marbres qu’il touche semblent reprendre vie comme sous la baguette d’une fée… [La Presse (1900).]

166. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Il montre, dans ces grandes perturbations financières, la souffrance frappant surtout et d’abord les artisans des villes, et il en suit les conséquences dans les diverses classes de la société telle qu’elle était constituée alors : La souffrance gagne toutes les classes de citoyens par une espèce d’ondulation, jusqu’à ce que l’État ait repris un peu de consistance. Les choses reprennent ensuite le même train, et préparent une nouvelle révolution qui arrive en France, où tout s’oublie, tous les quarante ans. […] L’ami de La Chalotais allait chaque année reprendre pied sur sa terre celtique, et il ne s’en tenait que plus ferme ensuite dans les salons.

167. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Ces immobilités soudaines me laissaient ressentir ma vie tout émue… Autrefois, j’ai coupé dans les forêts des rameaux qu’en courant j’élevais par-dessus ma tête : la vitesse de la course suspendait la mobilité du feuillage qui ne rendait plus qu’un frémissement léger ; mais au moindre repos, le vent et l’agitation rentraient dans le rameau, qui reprenait le cours de ses murmures. […] Ces jolis chants et ce lavage de fontaine me donnaient à penser diversement : les oiseaux me faisaient plaisir, et, envoyant s’en aller toute bourbeuse cette eau si pure auparavant, je regrettais qu’on l’eût troublée, et me figurais notre âme quand quelque chose la remue ; la plus belle même se décharme quand on en touche le fond, car au fond de toute âme humaine il y a un peu de limon. » Elle-même, elle se laisse couler sur ce papier qu’elle quitte et reprend souvent ; elle est triste, il lui manque quelque chose, sa tranquillité n’est qu’à la surface ; cela lui faitdu bien d’écrire et lui décharge l’âme de ce triste qui parfois la trouble ; elle se sent mieux après. […] Je m’arrête pour écouter ; puis je reprends, pensant que les oiseaux et moi nous faisons nos cantiques à Dieu, et que ces petites créatures chantent peut-être mieux que moi.

168. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Christel avait d’affreux moments, des moments durs, humiliés, amers ; la langueur et la rêverie premières étaient bien loin ; le souvenir de ce qu’elle était la reprenait et lui faisait monter le sang au front ; elle se demandait, en se relevant, pour qui donc elle se dévorait ainsi. […] Christel reprit ses sens avec lenteur ; elle vit, en rouvrant les yeux, Hervé près d’elle, comme s’il eût attendu son retour à la vie, et elle répondit à ce premier regard par un indéfinissable sourire. […] Le monde l’a repris ; les passions politiques l’ont distrait, peut-être aussi d’autres passions de cœur, si ce n’en est pas profaner le nom que de l’appliquer à des attraits si passagers.

169. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ils reprirent ou constituèrent un certain nombre de sujets tragiques, et il est notable que ces sujets sont précisément ceux que notre tragédie à ses débuts traita le plus volontiers : Sopfionisbe. […] Quant à la tragédie, dans la mesure où les exigences de la scène le permettent, elle a repris l’allure d’une déclamation littéraire, à la façon dont l’entendaient les poètes du xvie  siècle. Sénèque, inconnu de Hardy, reprend son autorité sur nos poètes : dans l’Hercule mourant (1632), seule tragédie de Rotrou antérieure au Cid, Hercule a revêtu au troisième acte la tunique empoisonnée : deux actes durant, il agonise, d’une agonie qui consiste à lâcher coup sur coup d’énormes tirades, et le cinquième acte est une apothéose d’opéra.

170. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Je veux espérer, madame, qu’il se réveillera dans les cœurs, et que notre nation, qui s’est acquis tant d’estime autrefois, reprendra à l’avenir sa première fierté, et qu’elle se ressouviendra qu’elle doit être vertueuse pour plaire au roi qui la commande. […] Le bon et judicieux esprit de cette dernière reprend ici tous ses avantages ; ce n’est jamais elle dont la modestie eût conçu une telle ambition si hors de mesure, et dont la justesse eût commis une telle faute si hors de propos. […] Les uns disent que, Mme des Ursins ayant voulu reprendre quelque chose à la coiffure et à la toilette de la reine, celle-ci la traita d’impertinente et s’emporta aussitôt.

171. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

À quoi Carrel répondit : « Mon général, si jamais je reprends l’aune de mon père, ce ne sera pas pour auner de la toile. » Il fut mis aux arrêts pour cette réponse. […] — « Citoyen… » — « Mais asseyez-vous donc, messieurs », reprend Carrel en montrant de la main des sièges, et il force, par ce simple accueil, ses interlocuteurs à changer de ton et à se rapprocher du sien. […] Cette physionomie gracieuse et pure, cette jeune tête riante et chauve de Sautelet se dessine avec beaucoup de finesse, et même par moments avec un éclair de gaieté ; puis l’analyse reprend, exacte, sévère, presque impitoyable.

172. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Les représentations de Figaro reprirent leur cours ; la soixante-douzième n’attira pas moins de monde que la première. […] La péroraison par laquelle Mirabeau terminait sa brochure est restée célèbre dans le genre de l’invective : Pour vous, monsieur, qui, en calomniant mes intentions et mes motifs, m’avez forcé de vous traiter avec une dureté que la nature n’a mise ni dans mon esprit ni dans mon cœur ; vous, que je ne provoquai jamais, avec qui la guerre ne pouvait être ni utile ni honorable ; … croyez-moi, profitez de l’amère leçon que vous m’avez contraint de vous donner… Retirez vos éloges bien gratuits ; car, sous aucun rapport, je ne saurais vous les rendre ; retirez le pitoyable pardon que vous m’avez demandé ; reprenez jusqu’à l’insolente estime que vous osez me témoigner… Et il finit par ce conseil terrible et le plus incisif, entre hommes avides avant tout de la popularité : « Ne songez désormais qu’à mériter d’être oublié. » Beaumarchais, sous le coup de l’outrage, se tut : il avait rencontré un jouteur encore plus osé que lui, et à plus forte carrure ; il était dépassé et vaincu. […] Il eut une dernière jouissance d’amour-propre, lorsque, le Théâtre-Français ayant repris son drame de La Mère coupable qu’il avait fait en 1791, il se vit appelé à grands cris et entraîné sur le théâtre, où il lui fallut paraître entre Molé, Fleury et Mlle Contat.

173. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Nous l’avons dit, malgré le bas-bleu, la blouse, la casquette, le cigare, les défis à, l’opinion chrétienne, Mme Stern, qui a tué son sexe autant qu’elle a pu dans sa personne, a pourtant gardé la chasteté de je ne sais quel goût ; elle n’a pu perdre je ne sais quelle aristocratie, et cette dernière marque de son origine doit la faire cruellement souffrir, quand elle reprend une thèse tombée si bas que personne ne la relève plus. […] Calembour à part, ces sans-culottes ont repris peu à peu leurs jupes, mais avec, elles n’ont pas repris la grâce qu’elles avaient autrefois à les porter.

174. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Après avoir dit qu’expliquer un fait, c’est le déduire d’un autre fait inexplicable, il reprend : « La science sera complète quand elle saura dériver l’ignorance de sa source la plus élevée. » Plus loin : « On ne divise pas l’homme ; on ne fait pas au scepticisme sa part. […] D’avance vous les voyez sourire, et reprendre l’un son scalpel, l’autre son marteau, l’autre son bocal. Faisons comme eux et reprenons l’analyse.

175. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Car, sitôt que s’est rouvert l’éclat des jours de printemps et que le souffle délivré du Zéphire a repris sa puissance féconde, d’abord les oiseaux de l’air t’annoncent, ô déesse ! […] Mais il reprend avec froideur, d’abord : « On n’ajoute pas ici que, ces mêmes choses enlevées, il n’en reste pas le regret après elles. […] Depuis Hésiode et depuis Homère, l’art grec avait dû bien des fois reprendre ce souvenir voisin des Argonautes et de la guerre de Troie.

176. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

La seconde voix le reprend plus développé, et le motif est repris encore par la troisième voix, complété encore. […] Elles se jalousent, elles s’invitent à reprendre la danse commune. […] Taine : car il a tout repris de M.  […] Chevrillon, pour la reprendre, a dû reprendre aussi les idées et la manière d’écrire de son illustre parent. […] Chevrillon a repris aussi les idées de M. 

177. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottier, Eugène (1816-1887) »

Tandis que le café-concert abrutissait la masse avec des refrains idiots, Pottier, en exil ou à l’écart, obscur, oublié, jetait aux quatre murs de sa chambre ces chansons de bataille, de revendication et de miséricorde : Jean Misère, Jean Lebras, Don Quichotte, Madeleine et Marie, Ce que dit le pain, Le Chômage, Tu ne sais donc rien, Chacun vit de son métier, Le Jour du terme, L’Insurgé, La Sacoche, Elle n’est pas morte, et cet émouvant Contremaître de fabrique, perdu dans ses œuvres posthumes… Yvette Guilbert peut convoquer le ban et l’arrière-ban de ses fournisseurs de tragique, reprendre Jules Jouy et faire appel à ses émules, elle aura de la peine à découvrir quelque chose qui atteigne au pathétique du Fils de la fange, des trois simples strophes intitulées : Déjà, ou du refrain, moins ignoré, si douloureux, si poignant, si pareil à un glas dans la bouche de Jean Misère :         Ah !

178. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Battus sur tous les points, chassés du gouvernement, des clubs, des sections, relancés et comme bloqués dans les faubourgs, les Jacobins avaient résolu un dernier effort pour reprendre le pouvoir, et rétablir cette Constitution de 93, qui n’avait été décrétée que pour être à l’instant suspendue, Nulle révolte n’offrit un spectacle aussi terrible que cette échauffourée de détresse et de désespoir. […] David, que son génie avait fait absoudre, fut de nouveau repris avec les autres membres des anciens comités.

179. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Si les fautes que ces critiques reprendront sont des fautes contre l’art de la poësie, ils apprendront seulement à connoître la cause d’un effet qu’on sentoit déja. […] Or, les remarques qui se font présentement contre nos poetes modernes, et qui roulent sur des erreurs, où l’on prétend qu’ils soient tombez en parlant de physique ou d’astronomie, montrent souvent que les censeurs ont envie de reprendre, mais non que ces poetes aïent fait des fautes.

180. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Sans l’histoire, en effet, sans l’intérêt de la vérité historique, qui, comme le blé, sort souvent du fumier le plus infect, il n’y aurait guères à reprendre aujourd’hui le livre de Tallemant des Réaux. […] Tant de légèreté en des esprits qui devraient être si mûrs nous étonne… Dès le temps de Tallemant des Réaux déjà, pour les hommes d’alors qui savaient observer, mais surtout pour nous qui reprenons l’histoire à revers et qui pouvons la remonter de marche en marche, il est cependant bien aisé de voir que tout était fini de cette majestueuse société qui défilait si majestueusement encore le long des galeries de Versailles, couverte d’or, de pourpre et de soie, et dont la sanie tombée, les guenilles immondes, la poussière cadavéreuse, s’appellent si joliment des Historiettes sous la plume stupide d’un bourgeois sans portée qui veut s’amuser.

181. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

IV Je voudrais pouvoir citer ces deux pièces pour donner une idée de la poésie de Gères quand elle atteint son point culminant, — son zénith ; je voudrais citer aussi l’Incerta et occulta, non moins belle, mais je suis arrêté par un des mérites de ces pièces la longueur, la puissance du souffle… L’Arbre devenu vieux n’a pas moins de cent dix-neuf strophes… Or, ces longues poésies sont venues et sont faites comme les roses, pour lesquelles Dieu ne s’est pas repris… Les feuilles d’une rose ne sont plus la rose ; des vers pris à des poésies bien venues n’en donnent ni le mouvement, ni l’unité, ni la vie ! […] On souffle, et l’œil, nacre et azur, a repris sa limpidité première.

182. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

On quitte son livre et on le reprend pour le quitter et le reprendre encore.

183. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

La musique reprend sa folie. […] Il veut reprendre, il veut continuer ; son luth rend des sons de plus en plus burlesques et sa voix s’éraille sans merci. […] Mendès n’en reprend qu’un seul passage reconstitué à partir de ses souvenirs de lecture. […] Sa forme reprend le modèle de l’amphithéâtre antique plaçant tous les spectateurs de face, l’orchestre est caché sous la scène et la salle peut être plongée dans une totale obscurité. […] Joly reprend les caractéristiques déjà citées en y ajoutant l’électricité.

184. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

« Et voilà, reprend Voltaire, la pièce finie une seconde fois ! […] Mais la tripière, dégoûtée, ne veut pas les reprendre… Vous voyez comme c’est simple. […] Je ne puis interrompre ni reprendre le drame à volonté, comme je fais d’an roman. […] » Et nous reprenons : « Eh ! […] reprend Marthe, vous ne m’aimez pas ! 

185. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 256-257

On reconnoît d’excellentes choses dans l’Amitié Rivale & dans Joconde ; mais il y a trop à désirer & à reprendre, pour qu’on puisse les ranger parmi les bonnes Pieces.

186. (1913) Poètes et critiques

Mais tout son corps était déjà usé ; il dut reprendre le chemin de l’hôpital. […] Giraud n’a pas manqué de la reprendre, après les conférences, pour expliquer très nettement l’étendue et la profondeur de sa déception. […] Il contient vingt-quatre portraits à la plume, improvisés d’abord pour le journal Le Figaro, mais repris et remaniés, ou même refaits, pour le livre. […] Mais dans quel coin du Paris de 1875 le repris de justice Verlaine eût-il trouvé cet indispensable complice ? […] A-t-on remarqué que la pièce Læti et errabundi de Parallèlement reprend un titre baudelairien : Mœsta et errabunda ?

187. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 131-133

« Vous ne sauriez croire avec quel acharnement il vous poursuit : il n’a pas tenu à ses sollicitations que je n’aie repris la plume contre vous, non seulement pour attaquer vos nouvelles Productions, mais votre personne….

188. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279

L’ attelier de doreur, autre passable vignette pour le recueil des arts que nous fesons au milieu de tous les obstacles possibles, que l’académie a commencé il y a soixante ans ; qu’elle n’a pas fait avec tous les secours imaginables du gouvernement, qu’elle vient de reprendre par honte et par jalousie, et qu’elle abandonnera par dégoût et par paresse.

189. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Malgré les années écoulées sans se revoir, tous deux avaient repris naturellement le tutoiement. […] disaient d’aucuns, ne devions-nous point reprendre mot lancé en insulte, pareils aux Gueux de Hollande ? […] Immédiatement il reprenait à Gustave Kahn l’Etude mensuelle des livres pour en prier à sa place J. […] Ensuite, de Nion entendit que la Revue reprît un haut éclectisme et qu’on la vît représentative de tout le mouvement d’avant-garde, tant de la poésie que du roman. […] Il ne dit pas comment et en quoi il le reprenait.

190. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — III. La tête de mort »

— « Un peu plus, reprend la tête et la bouche allait te faire mourir toi aussi.

191. (1911) Études pp. 9-261

Laine le comprend à la fin : et voici qu’il court, hagard, cherchant la place qu’il a perdue, ne pouvant plus la reprendre. […] Sitôt qu’il s’est haussé, il fléchit jusqu’à se reprendre. […] Les chapitres, au lieu de s’ajouter et de se continuer, reprennent tous à la même hauteur, comme un chant qui recommence un peu différent, comme une nouvelle tentative d’une même entreprise. […] Le temps, au lieu de fuir dans un même sens, se reprend, se recommence. […] — Apportez à votre récit tout le désordre qu’il vous plaira, reprit Jammes.

192. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Je vois un autre homme qui commet des fautes ; je le reprends, je lui donne les conseils les plus conformes à la raison : s’il ne les suit pas, tant pis pour lui ! […] Elle avait repris un air serein. […] … a-t-il repris en me prenant la main. […] Après un quart d’heure, il est rentré ; Mlle de La Prise et le comte Max ont repris avec lui leur place sur le banc : « Eh bien ! […] madame, reprit l’abbé après un moment de silence, si je pouvais… — Vous pourriez, interrompit la baronne. — Mais non, je ne pourrais pas, dit l’abbé ; mon style vous paraîtrait si fade au prix de celui de tous les écrivains du jour !

193. (1813) Réflexions sur le suicide

. — Mais, reprit Asham, pourquoi donner à vos ennemis, à cette Reine cruelle, à ce peuple sans vertus, l’indigne spectacle… — il ne put achever. […] — Cette mort, reprit-il, imposée par les hommes, par la hache meurtrière qu’un barbare osera lever sur votre tête royale ! […] — De ma propre faiblesse, repris-je, j’ai toujours craint la douleur physique et mes efforts pour me donner le courage qui la brave ont été vains. […] — Oui, reprit-il encore. — Achevez de grâce, lui dis-je. […] Asham qui dans notre entretien de la veille semblait moins religieux que moi, reprit bientôt tout son avantage sur ma douleur rebelle. — Vous ne devez pas, me dit-il, vous servir des bienfaits mêmes pour mettre en doute la puissance du Bienfaiteur : cette· vie que vous regrettez, qui l’a faite ?

194. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

ag Au commencement du troisième acte, après le retour de ces pèlerins, qui, cette fois, en traversant la scène, reprennent tout le thème religieux de l’ouverture, Elisabeth aux pieds de la même Madone que nous avons remarquée au premier acte, fait sa dernière prière, où paraît s’exhaler son dernier soupir, pour celui qu’elle a si souffrement aimé ! […] Tannhaeuser au plus fort de son paroxysme de désespoir, reprend en cherchant Vénus, la phrase de l’ouverture d’un brâme lamentable qui y amenait la mélodie dominante, et qui à présent se prolonge dans l’orchestre par un frémissant trémolo de violon. […] La recréation littéraire des notions subtiles no sera possible que si l’on se reprend à voir les mots ; alors seulement on pourra les modifier, les infléchir, suivant les nuances des idées. […] Le chœur des pèlerins reprend le grand thème de l’ouverture, celui par lequel elle débute même, l’un des plus connus de l’œuvre et des plus populaires de Wagner par son atmosphère de religiosité, d’intériorité et de solennité. […] Il est le Bach de la nouvelle poésie pour reprendre une expression d’André Suarès.

195. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Héphestos déplore son cruel ouvrage, mais il s’y applique ; il entend qu’il soit sans défaut et qu’on n’y trouve rien à reprendre. […] Io reprendra sa course vers le Palus-Méotide, et elle franchira le Bosphore de Thrace. — « La renommée de ton passage sera grande parmi les mortels ; car il prendra de lui le nom de Bosphore », (Passage de la Vache). […] Lorsque Prométhée se tait, sa frénésie la reprend, la mouche se remet à la torturer, son dard enflammé fouille ses plaies vives. — « Hélas !  […] Reprends donc le chemin qui t’a conduit vers moi ; tu ne sauras rien. » Hermès a beau le sommer en enflant sa voix, il n’en tire que des mots de dédain terrible qui le flétrissent du fer bridant dont on marquait les esclaves. — « Sache-le bien ; contre ta servitude je ne changerais pas mon supplice. […] » — Mais Prométhée lui répond gravement : — « Le Temps qui va toujours aura raison de toute chose. » — « Il ne t’a pas appris à être sage », reprend l’insulteur.

196. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Martini joignit une réponse plus décisive encore ; il écrivit un nouveau proverbe La strada più corta, qui reprend, comme en se jouant, le point de départ de Chi sa il gioco, la même situation qu’il développe d’une façon toute nouvelle : de deux prétendants, rivaux au théâtre, à la chasse et en amour, une belle comtesse choisit le plus habile ; et le vainqueur adresse au vaincu cette petite morale : « Qu’importe la route brève ou longue ? […] Reprendre un point de départ identique, se plagier soi-même, et faire une œuvre toute nouvelle par une modification des caractères, voilà le tour de force qui, à lui seul, révèle le pur artiste. […] Pour atteindre au chef-d’œuvre, Flaubert s’y reprend à trois fois et met plusieurs années à écrire Madame Bovary ; ce fut toujours la méthode des grands artistes. […] Pour reprendre l’image de Flaubert : le fil, ténu et fait de bouts raccordés, casse à chaque instant ; les perles, dont quelques-unes sont fausses et d’autres volées, s’égrènent tristement. […] Reprenons donc une à une les « exigences » de la tragédie telle que les théoriciens l’ont conçue.

197. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Quand la sublime illusion cesse, quand l’amour a revolé aux cieux, tout le monde d’alentour reparaît, dans une ombre d’abord, mais bientôt tout s’éclaire comme d’une aube croissante ; l’humanité reprend sa place dans l’univers. […] Mais, pour un livre déjà lu, dans lequel (comme je le suppose) on reprend, on relit sans cesse ; dans lequel le frère, déjà étudiant, ou la sœur aînée choisit les morceaux à lire à haute voix, le soir, autour de la table à ouvrage, cette abondance, cette richesse extrême, qui laisse au choix tant de liberté heureuse, et qui rassemble en chaque endroit tant de genres de beautés, a bien aussi ses avantages. […] … Mais la société reprend ses droits, le devoir parle, l’idylle n’a eu qu’un jour. […] … Lamartine ou Jocelyn, comme on le voudra, a un optimisme serein et supérieur, qui, dans la réalité de tous les jours, pourrait ne pas se vérifier aisément, mais qui reprend son courant général de vraisemblance à mesure que la sphère s’épure et que l’horizon s’élargit.

198. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Fontanes reprenait : « Mais que reste-t-il de vos orateurs anglais ? […] Villemain s’étend assez naturellement jusque vers 1823 ou 1824, époque où il reprit son cours à la Faculté des lettres après diverses interruptions. […] Il y a l’accent qui insinuait, le geste qui achevait, la saillie qui osait, qui se reprenait et s’apaisait aussitôt, qui, comme une vague échappée et prête à faire écume, rentrait tout à coup au sein du discours avec grâce, et la nuance de plaisir et de pensée, et l’impression née de cet ensemble ; il y a l’orateur, la merveille elle-même, comme disait moins poliment le rival vaincu du grand Athénien. […] Rencontrait-on en passant des roses odorantes, il lui échappait quelque distique de Martial sur les roses120, et l’entretien reprenait, assez pareil, je me figure, si on avait su y donner la réplique, à ces belles formes de conversations morales, entremêlées aussi de vers, qu’affectionne Cicéron, pendant les intervalles du Forum, pendant les heures tristes de la patrie.

199. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Je vous le disais bien, reprit-elle, en se retournant avec un air de contentement vers son fiancé et vers ses vieux et jeunes parents qui regardaient tout émus du haut du char. […] Monte, mon garçon, par ces marches tant que l’escalier te portera, tu trouveras à droite, tout à fait en haut, une petite chambre, avec une lucarne grillée, par où la lune entre jusque sur le lit de celui qui est maintenant notre gendre, et tu dormiras à l’abri et en paix jusqu’à demain ; avant de t’en aller reprendre ton métier de musicien par les routes et par les rues, tu viendras déjeuner, et nous te parlerons, car nous aurons peut-être quelque chose à te dire. […] repris-je, quand l’air fut joué, qu’entendîtes-vous, pauvre abandonnée, au pied de la tour ? […] Et cependant, pendant ce moment qui me parut si long à l’esprit, je n’eus pas le temps de reprendre seulement ma respiration.

200. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Ils n’admettent que leur Paris ; je les trouve bornés au fond… Non, on ne peut plus comprendre combien ces vieux nobles de campagne étaient respectés, quoiqu’ils fussent pauvres. » Elle s’arrêta quelque temps, puis reprit III « Te souviens-tu de la petite commune de Trédarzec, dont on voyait le clocher de la tourelle de notre maison ? […] Il ne la reprenait pas, ne se cachait pas d’elle ; il ne sortait pas du parti inébranlable qu’il avait pris de n’admettre son existence que comme une abstraction. […] Il s’approcha de la table du prétoire, y déposa ses gants, sa croix de Saint-Louis, son écharpe, « Messieurs, dit-il, je ne peux les reprendre que si vous l’ordonnez ; mon honneur vous appartient. […] Quand l’acquittement fut prononcé, le broyeur de lin reprit ses insignes, se retira rapidement, emmenant sa fille, et revint au village de nuit.

201. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Enfin elle s’est rappelée qu’elle avait abandonné, il y a quelques six ans, en pleine fleur, un merveilleux sujet ; elle l’a repris, simplement : et elle a retrouvé de beaux jours, cotre vieille gaîté française. […] Daland a une fille ; le désespéré se reprend à l’espoir. […] Il montre ses richesses au père ébloui, et bientôt les deux navires s’éloignent de concert vers le pays de Daland, pendant que le pilote et les matelots norvégiens reprennent en choeur le lied mélancolique et heureux du retour. […] Dans un voyage que j’ai fait récemment, pour mon commerce, à travers les gouvernements de Cherson et d’Ekatérinoslaw, j’ai pu reprendre à leur source maintes de ces mélodies, chantées à une voix ou en chœur par de naïfs paysans peu lettrés.

202. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Depuis lors ce chef-d’œuvre a été repris quatre fois : 14 avril 1871 (sept représentations), 29 octobre 1871 (huit représentations) ; 25 février 1878 (neuf représentations) ; 30 décembre 1879 (six représentations). […] Il est inconcevable que cet ouvrage, d’une compréhension facile, n’ait pas été repris depuis lors. […] La direction Stoumon et Calabresi, à qui l’on devait la dernière reprise de Lohengrin, loin de s’aventurer à monter de nouvelles œuvres, ne songe même pas à reprendre les anciennes. […] Les changements de direction entraînent presque toujours un remaniement de la troupe et, comme conséquence, des études longues et laborieuses chaque fois qu’il est question de reprendre certains ouvrages en vue desquels les interprètes nouveaux ne sont guère préparés.

203. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Ce fut ainsi que ce chant me monta du cœur aux lèvres, et que j’en écrivis les strophes au crayon sur les marges d’un vieux Pétrarque in-folio, où je les reprends pour les donner ici aux lecteurs. […] Je commence à reprendre des forces dans les membres, pas encore assez dans le cœur : cependant vous connaissez ce cœur ; il est élastique, il fléchit, il ne rompt pas. « Le cœur est un muscle », disent les physiologistes. […] » lui criai-je en me rapprochant de lui ; « j’ai repris le cheval : il ne fera ni peur à votre âne, ni mal à vous. » Et je m’arrêtai à l’ombre d’un poirier sauvage, devant le pauvre homme. […] » reprit-il avec un étonnement qui commençait à s’apaiser. « Ah !

/ 1885