Ce ne sont, en effet, que des harmonies de la religion et de la nature. […] Leurs pleurs ne sont point perdus : la religion les reçoit dans son urne, et les présente à l’Éternel. […] Ainsi la religion avait fait partager à l’amitié le beau privilège que Dieu a de donner une éternité de bonheur. […] Loin de rien ordonner à leur sujet, la religion servait au contraire à en prévenir l’abus, et à en corriger l’excès. […] S’il cesse de soumettre son esprit à la religion, il se fera des opinions monstrueuses.
Si je croyais à une religion, ma foi aurait plus d’aliment, je l’avoue ; mais mieux vaut peu de bonne science que beaucoup de science hasardée. […] On en peut dire autant de tous les dogmes de notre religion naturelle et de notre morale, si pâle, si étroite, si peu poétique que je craindrais d’offenser Dieu en y croyant. […] Car la vraie religion n’est que la splendeur de la culture intellectuelle, et elle ne sera accessible à tous que quand l’éducation sera accessible à tous. […] La question de l’avenir des religions doit donc être résolue diversement, suivant le sens qu’on attache à ce mot. Si on entend par religion un ensemble de doctrines léguées traditionnellement, revêtant une forme mythique, exclusive et sectaire, il faut dire, sans hésiter, que les religions auront signalé un âge de l’humanité, mais qu’elles ne tiennent pas au fond même de la nature humaine 60 et qu’elles disparaîtront un jour.
La morale a toujours été enseignée aux hommes par la religion, et la religion n’a jamais été que la synthèse de la science d’un temps. […] L’esthétique est une religion qui se cherche, le beau est une religion qui s’est trouvée. […] La religion doit être progressive comme tout au monde. […] Ce n’était pas un fondateur de religion. […] Elle a été éclectique en religion, elle n’a pas fait choix.
Si le théâtre par une revanche imprévue fait à son tour la guerre à la religion, la philosophie, elle aussi, se pose en ennemie de la foi. […] La morale se proclame indépendante de la religion. […] Les mots Eglise et religion ne sont pas assez précis. […] La religion ainsi comprise n’est pas un principe de vie intérieure, de perfectionnement moral, d’amour pour ses semblables. […] § 4. — Il faudrait ici mettre en regard la contre-partie, l’action de la littérature sur la religion.
La religion et l’amour exercent à la fois leur empire sur son cœur : c’est la nature rebelle, saisie toute vivante par la grâce, et qui se débat vainement dans les embrassements du ciel. […] Il était impossible que l’antiquité fournît une pareille scène, parce qu’elle n’avait pas une pareille religion. […] Souvenez-vous que vous voyez ici réunies la plus fougueuse des passions, et une religion menaçante qui n’entre jamais en traité avec nos penchants. […] Revenons aux idées religieuses, si nous attachons quelque prix aux œuvres du génie : la religion est la vraie philosophie des beaux-arts, parce qu’elle ne sépare point, comme la sagesse humaine, la poésie de la morale, et la tendresse de la vertu. […] Autre chose est de consumer promptement sa vie sur un bûcher, comme la reine de Carthage ; autre chose, de se brûler avec lenteur, comme Héloïse, sur l’autel de la religion.
Le christianisme est une religion pour ainsi dire double : s’il s’occupe de la nature de l’être intellectuel, il s’occupe aussi de notre propre nature : il fait marcher de front les mystères de la Divinité et les mystères du cœur humain : en dévoilant le véritable Dieu, il dévoile le véritable homme. Une telle religion doit être plus favorable à la peinture des caractères, qu’un culte qui n’entre point dans le secret des passions. […] Dans le christianisme, au contraire, la religion et la morale sont une seule et même chose. […] Voilà donc un avantage incalculable, que les poètes auraient dû remarquer dans la religion chrétienne, au lieu de s’obstiner à la décrier. […] Appuyons cette vérité sur des exemples ; faisons des rapprochements qui servent à nous attacher à la religion de nos pères, par les charmes du plus divin de tous les arts.
La religion est le plus puissant motif de l’amour de la patrie ; les écrivains pieux ont toujours répandu ce noble sentiment dans leurs écrits. […] Rousseau est un des écrivains du dix-huitième siècle dont le style a le plus de charme, parce que cet homme, bizarre à dessein, s’était au moins créé une ombre de religion. […] Remarque étrange, que nous avons lieu de faire à tous moments, que nous répétons jusqu’à satiété, et dont nous ne saurions trop convaincre le siècle : sans religion, point de sensibilité. […] Rousseau, s’attachant au fond, et rejetant les formes du culte, montre dans ses écrits la tendresse de la religion avec le mauvais ton du sophiste ; Buffon, par la raison contraire, a la sécheresse de la philosophie, avec les bienséances de la religion. […] Ainsi les ouvrages de ces hommes célèbres portent, en bien et en mal, l’empreinte de ce qu’ils ont choisi et de ce qu’ils ont rejeté eux-mêmes de la religion.
Quand il y avait une religion et une société, la propriété existait avec la sanction de cette religion et de cette société ; et ainsi placée à son rang, à l’ombre de cette religion et de cette société, elle était légitime. […] Nous avions la même morale, la même religion. Au nom de cette morale et de cette religion, servir était mon lot, commander était le sien. […] Ceux-là reconnaissaient une religion que je reconnaissais aussi. […] Cette idée qu’elles se font, ou qu’on leur donne de la religion, est assez mesquine, mais elle est vraie : la religion était un frein, et ce frein n’existe plus.
La religion, d’après l’étymologie elle-même, n’est-elle pas essentiellement un lien social (religare) ; lien entre les hommes et Dieu ; lien surtout des hommes entre eux56 ? Il convient toutefois de remarquer que cette façon d’entendre la religion n’est pas la seule possible, ni même la plus exacte aujourd’hui. Il est arrivé à la religion ce qui est arrivé à l’art. […] Le moderne individualiste religieux, quand il fait appel à son expérience religieuse personnelle, n’est pas sans admettre au fond que cette expérience personnelle doit être aussi valable pour les autres hommes et il croit aux résultats heureux de sa religion non seulement pour lui, mais pour les autres. […] Voir Brunetière, Religion et sociologie.
1° Les premiers principes de la métaphysique ou de la distinction des deux substances : de l’existence de Dieu, de l’immortalité de l’ame et des peines a venir, s’il y en a ; 2° la morale universelle ; 3° la religion naturelle ; 4° la religion révélée. […] La religion n’est que la sanction de la volonté de Dieu, révélée et apposée à la morale naturelle. […] (La religion ou la morale universelle révélée.) […] Je désirerais qu’on diminuât la sécheresse de l’étude du globe par quelques détails sur les religions, les lois, les mœurs, les usages bizarres, les productions naturelles et les ouvrages des arts. […] 1° LES PREMIERS PRINCIPES DE LA MÉTAPHYSIQUE OU DE LA DISTINCTION DES DEUX SURSTANCES : DE L’EXISTENCE DE DIEU, DE L’IMMORTALITÉ DE L’AME ET DES PEINES A VENIR, S’IL Y EN A ; 2° LA MORALE UNIVERSELLE ; 3° LA RELIGION NATURELLE ; 4° LA RELIGION RÉVÉLÉE.1.
Par la religion, la parole ne cessera de régner sur le genre humain jusqu’à la fin des temps. […] Ne défendons plus la religion sous le rapport de l’utilité dont elle est, soit à l’homme, soit à la société ; c’est un vrai blasphème qui a été trop souvent reproduit. […] Le mouvement des esprits, qui est l’opinion, peut soulever la société, mais il faut que la religion reste immobile comme Dieu même. […] Bonaparte eut pour la religion une sorte de condescendance impie ; par un calcul plus impie encore, il ne voulait en faire qu’un moyen de police ou d’asservissement. […] La religion est, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’arôme qui préserve la société de la dissolution dont on a pu la croire menacée.
La religion est de sa nature un poème métaphysique accompagné de croyance. […] Ainsi, dans toute société, la religion est un organe à la fois précieux et naturel. […] Sous les religions positives qui sont fausses, il y a la religion naturelle qui est vraie. […] La philosophie régnante a retiré toute autorité à la coutume, à la religion et à l’État. […] Voltaire, Dictionnaire Philosophique, article Religion.
Frères de la poésie, les beaux-arts vont être maintenant l’objet de nos études : attachés aux pas de la religion chrétienne, ils la reconnurent pour leur mère aussitôt qu’elle parut au monde ; ils lui prêtèrent leurs charmes terrestres, elle leur donna sa divinité ; la musique nota ses chants, la peinture la représenta dans ses douloureux triomphes, la sculpture se plut à rêver avec elle sur les tombeaux, et l’architecture lui bâtit des temples sublimes et mystérieux comme sa pensée. […] C’est la religion qui fait gémir, au milieu de la nuit, la vestale sous ses dômes tranquilles ; c’est la religion qui chante si doucement au bord du lit de l’infortuné. […] Ajoutons que la religion chrétienne est essentiellement mélodieuse, par la seule raison qu’elle aime la solitude. […] Ainsi le musicien qui veut suivre la religion dans ses rapports, est obligé d’apprendre l’imitation des harmonies de la solitude. […] Religion de paix !
On ne méconnaissait pas l’importance des « religions » dans l’histoire, ni surtout celle de la « religion », ou du « sentiment religieux », dans le développement de l’humanité. […] Mais, pouvons-nous également séparer la « morale » de la religion ? […] Il n’importe qu’en fait la morale soit sortie de la religion ou la religion de la morale, ni même qu’il y ait eu des religions « immorales », ou des morales « sans Dieu ». […] André Lefèvre, La Religion, p. 372, 373. […] La religion est-elle une de ces forces ?
La religion, le livre sacré des peuples primitifs, est l’amas syncrétique de tous les éléments humains de la nation. […] Mais tout est noble en vue de la grande science définitive, où la poésie, la religion, la science, la morale retrouveront leur harmonie dans la réflexion complète. […] Sans accepter dans toute son étendue le reproche que l’Allemagne adresse à notre patrie, de n’entendre absolument rien en religion ni en métaphysique, je 342] reconnais que le sens religieux est très faible en France, et c’est précisément pour cela que nous tenons plus que d’autres en religion à d’étroites formules excluant tout idéal. […] Nos guerres de religion ne sont en réalité que des guerres civiles ou des guerres de parti. […] La France est en religion ce que l’Orient est en politique.
. — La religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l’établissement d’une nationalité moderne. […] La religion, les rites étaient des rites de famille. […] Cette religion était, dans toute la force du terme, une religion d’État. […] Cette religion était l’équivalent de ce qu’est chez nous l’acte de tirer au sort, ou le culte du drapeau. […] La religion est devenue chose individuelle ; elle regarde la conscience de chacun.
Point d’exception donc pour la morale, ni surtout pour la religion. […] Point de Providence, point de religion. […] Les maux que la religion peut causer, il les a signalés en cent endroits de son œuvre. […] C’est donc qu’il n’appartient pas aux religions de régler la morale ou la politique, mais au contraire, à la politique ou à la morale de rectifier ou d’épurer les religions. […] S’étonnera-t-on là-dessus que le mépris de la religion ait entraîné celui de la morale même à sa suite, dans un temps où l’on ne concevait guère la morale que par rapport à la religion ?
Elle-même provient d’une autre cause plus générale, l’idée de la conduite humaine tout entière, intérieure et extérieure, prières, actions, dispositions de tout genre auxquelles l’homme est tenu vis-à-vis de Dieu ; c’est celle-ci qui a intronisé la doctrine et la grâce, amoindri le clergé, transformé les sacrements, supprimé les pratiques, et changé la religion disciplinaire en religion morale. […] Prenons d’abord les trois principales œuvres de l’intelligence humaine, la religion, l’art, la philosophie. […] Que le lecteur considère quelques-unes de ces grandes créations de l’esprit dans l’Inde, en Scandinavie, en Perse, à Rome, en Grèce, et il verra que partout l’art est une sorte de philosophie devenue sensible, la religion une sorte de poëme tenu pour vrai, la philosophie une sorte d’art et de religion, desséchée et réduite aux idées pures. […] Pareillement dans une race, selon que l’aptitude aux idées générales sera différente, la religion, l’art et la philosophie seront différents. […] Tout ce qui développe la crédulité en même temps que les vues poétiques d’ensemble engendre la religion.
Sans doute, après la mort de Marie-Thérèse, la religion, qui faisait encore obstacle aux désirs du roi, lui offrait aussi le moyen de les satisfaire mais ce n’était pas la religion qui l’avait rendu dès longtemps amoureux de madame de Maintenon. […] Elle n’avait rien à changer à ses mœurs pour être d’accord avec les préceptes de la religion. […] C’est une fausse vue de considérer le mariage de Louis XIV avec madame de Maintenon comme l’ouvrage de la religion ou des prêtres. […] La religion était donc obstacle ; l’amour seul était donc le motif du roi. […] La main du roi fut sollicitée par la religion en faveur de l’amour.
On sait qu’il a échappé à cet auteur quelques propositions hardies, qui ont choqué les amis de la Religion. […] Mais la Religion n’y étant comptée pour rien, on ne sauroit en conseiller la lecture. […] On crut que pour donner du Montesquieux il suffisoit de lancer des traits contre la Religion & ses Ministres, & de publier ces traits sous un nom étranger. […] Il y a des traits piquans dans ces Lettres contre la religion, le gouvernement & divers particuliers. […] in-12., ne sont rougir ni la vertu ; ni la religion, comme quelques-unes des précédentes.
C’est dans ce sens qu’on parle de la religion juive, de la religion chrétienne, de la religion païenne, de la religion mahométane, etc. […] On dit par exemple : la religion catholique, la religion réformée, la religion grecque, pour désigner des confessions particulières, les trois cultes distincts de la même religion chrétienne. […] C’est ce qu’on est convenu d’appeler la Religion naturelle ou la Religion, tout court. […] Il me paraît même évident, contrairement à une doctrine constamment suivie jusqu’ici, que dans l’ordre des phénomènes psychiques ce n’est point l’Art qui dérive de la Religion ou des religions, mais plutôt la Religion ou les religions qui dérivent de l’Art. […] Telle est l’origine de la religion et des religions.
L’une et l’autre, sous le joug de l’autorité paternelle, se dévouent à la religion de leur pays. […] La pitié et la terreur s’appuient donc uniquement, dans cette situation, sur l’intérêt naturel ; et si vous pouviez retrancher la religion de la pièce, il est évident que l’effet théâtral resterait le même. Mais dans Zaïre, si vous touchez à la religion, tout est détruit. […] Certes, la religion n’est pas inutile ici ; et qui la supprimerait, anéantirait la pièce. […] Ainsi les Muses, qui haïssent le genre médiocre et tempéré, doivent s’accommoder infiniment d’une religion qui montre toujours ses personnages au-dessus ou au-dessous de l’homme.
Il n’a répandu quelque chaleur dans ses inventions qu’aux endroits mêmes où il cesse d’être philosophe pour devenir chrétien : aussitôt qu’il a touché à la religion, source de toute poésie, la source a abondamment coulé. […] Ne lui demandait-on pas de la poésie, un ciel chrétien, des cantiques, Jéhovah, enfin le mens divinior, la religion ? […] Il nous semble qu’il y a quelque enchantement pour les Muses à voir le peuple le plus spirituel et le plus brave consacré par la religion à la Fille de la simplicité et de la paix. […] Et ce qu’il y avait de très merveilleux, c’est qu’au milieu de tant d’occupations, ces excellents hommes trouvaient encore le secret de remplir les plus petits devoirs de leur religion, et de porter dans la société l’urbanité de leur grand siècle. […] Voltaire n’a flotté parmi tant d’erreurs, tant d’inégalités de style et de jugement, que parce qu’il a manqué du grand contrepoids de la religion : il a prouvé que des mœurs graves et une pensée pieuse sont encore plus nécessaires dans le commerce des Muses qu’un beau génie.
Le passé, lié tout entier à la cause de la religion, y conservait son empire. […] Elle tire son unité de la religion, principe producteur et conservateur de la société. […] — sous le rapport religieux : ne fallait-il pas que l’homme passât par cette religion des sens, pour arriver à celle de la raison, et de celle-ci à la religion de la foi ? […] Le commencement de la religion fut celui de la société. […] Vico accepte ce dernier reproche, mais il ajoute un mot remarquable : N’est-ce pas un caractère commun à toute religion chrétienne, et même à toute religion, d’être fondée sur le dogme de la Providence.
Mais que pouvaient ces libertins contre la religion chrétienne, telle que l’avaient faite dix-sept siècles de développement continu ? […] Fontenelle465, qui n’a pas fondé de système, porta sans en avoir l’air un coup violent à la religion : son œuvre ne fut pas théorique, mais pratique. […] Tous les arguments purement philosophiques dont on battra la religion, sont en principe dans le livre de Fontenelle. […] Bayle La science n’assiégea pas seulement la religion par le dehors, elle y pénétra pour la mieux ruiner. […] D’autre part, en dehors de toute polémique, de pieux érudits appliquaient à la religion les principes de la méthode scientifique.
En 1729, Montesquieu écrivait sur son carnet de voyage : « Point de religion en Angleterre ; quatre ou cinq de la Chambre des Communes vont à la messe ou au sermon de la Chambre… Si quelqu’un parle de religion, tout le monde se met à rire. […] L’impiété leur semble une indiscrétion ; ils considèrent la religion comme le ciment de l’ordre public. […] Que de gênes dans l’ordre établi, et même dans tout ordre établi En premier lieu, la religion. […] Leur propagation dans la haute classe. — Progrès de l’incrédulité en religion […] C’est la religion qui reçoit les premiers et les plus grands coups.
La plupart de nos artistes, suivant capricieusement la pente naturelle de leur génie qui les porte à observer, à peindre, s’abreuvent à ces deux grandes sources de l’art, la nature et l’histoire, tandis que les plus rêveurs d’entre eux, les plus métaphysiciens, cherchent appui et consolation, inspiration et lumière, dans la religion éternelle, la religion du Christ ! […] Or c’est là précisément ce que donnent les religions : elles jettent le pont entre nous et les autres hommes, entre l’Humanité et Dieu. Mais quand les religions meurent, les hommes les plus religieux, loin d’être consolés dans le sentiment de l’infini, sont écrasés par lui. […] On voudrait faire tenir le monde agrandi des modernes dans l’étroit horizon d’une religion faite il y a deux mille ans, ou bien on agrandit le cadre de cette religion pour que tout puisse y entrer. […] ou plutôt malheur à l’artiste qui, voyant son époque indécise flotter entre le passé et l’avenir, sans destinée, se déchire ainsi lui-même, et finit par n’avoir pas d’autre religion sociale que le culte de l’art, la religion de l’art !
Des tragédies grecques C’est surtout dans les pièces de théâtre qu’on aperçoit visiblement quelles sont les mœurs, la religion, et les lois du pays où elles ont été composées et représentées avec succès. […] La douleur et la mort sont les premiers moyens des situations tragiques, et la religion modifie toujours puissamment l’action de la douleur, et la terreur de la mort. […] Leur religion attribuait aux dieux une grande puissance sur les remords des coupables. […] La religion des Grecs n’étant pour nous que de la poésie, jamais leurs tragédies ne nous feront éprouver une émotion égale à celles qu’ils ressentaient en les écoutant. […] C’est à leur religion qu’il faut surtout attribuer leur fixité dans les principes du genre noble et simple.
Vera, qui jurerait pour lui, s’il en était besoin, nous l’assure ; mais cette religion d’Hegel, nous la connaissons. C’est encore la Science qui est cette religion comme elle est tout, puisqu’elle est absolue ; « c’est la lumière de la pensée pure, — comme dit M. […] Quand on absout l’humanité, parce que, dit-on, on la comprend, quand la meilleure justification des choses est… qu’elles sont ou qu’elles furent, il faut bien accepter la religion avec tout le reste, car il y en a eu assez, de religions, sur la terre de ce globe, et assez de sentiment religieux dans les cœurs qui battent encore à sa surface ou qui dorment glacés dessous. Mais franchement, nous autres chrétiens, qui faisons notre philosophie avec nos Révélations et l’histoire, pouvons-nous tenir grand compte à Hegel et à sa doctrine de cette religion qu’il fait, lui, avec sa propre philosophie ? […] Pourquoi prenez-vous à partie, entre tous, ce grand mystère d’une religion qui a fait une vertu, pour l’homme orgueilleux, de la résignation au mystère et qui l’a condamné à la foi obéissante, si ce n’est pour faire preuve de la possibilité de saisir tout mystère sous une forme scientifique, et de l’exposer à ce que vous appelez le jour ?
Voilà les guides effrayans que les Philosophes osent substituer au flambeau de la Religion qu’ils outragent, & dont toutes leurs folles déclamations ne détruiront jamais l’autorité. […] Quel homme assez aveugle, en effet, pour ne pas sentir la différence qui subsiste entre les lumieres de cette Religion & les phosphores philosophiques ! […] De ce renversement général, que d’argumens victorieux résultent en faveur de la Religion ! Le tableau de tant d’excès ne démontre-t-il pas, que la raison humaine ne sauroit sortir des limites que cette Religion lui prescrit, sans se précipiter dans les plus pitoyables travers ? […] Et si un véritable amour de l’humanité dirigeoit les plumes philosophiques, les bienfaits continuels de cette Religion ne devroient-ils pas les arrêter ?
Une sociologie mythique ou mystique est ainsi le fond de toutes les religions. […] Mais, pour distinguer la religion de l’art même, il importe de comprendre que la religion a un but, un but à la fois spéculatif et pratique : elle tend au vrai et au bien. […] La religion enveloppe une cosmologie embryonnaire, en même temps qu’une morale plus ou moins pure, et, enfin, elle est essentiellement un essai pour réconcilier l’une avec l’autre, pour mettre d’accord nos aspirations morales et même sensibles avec les lois du monde qui régissent la vie et la mort. Le but de la religion est donc la satisfaction effective, pratique, de tous nos désirs d’une vie idéale, bonne et heureuse à la fois, — satisfaction projetée dans un temps à venir ou dans l’éternité. […] Il y a, selon nous, une unité profonde entre tous ces termes : vie, moralité, société, art, religion.
Observons toutes les nations barbares ou policées, quelque éloignées qu’elles soient de temps ou de lieu ; elles sont fidèles à trois coutumes humaines : toutes ont une religion quelconque, toutes contractent des mariages solennels, toutes ensevelissent leurs morts. Chez les nations les plus sauvages et les plus barbares, nul acte de la vie n’est entouré de cérémonies plus augustes, de solennités plus saintes, que ceux qui ont rapport à la religion, aux mariages, aux sépultures. […] Aussi dans toute la suite des temps, dans toute l’étendue du monde, on peut réduire à quatre le nombre des religions principales. […] Avant lui, Polybe avait dit : si les hommes étaient philosophes, il n’y aurait plus besoin de religion . […] Or, sans les religions, point de société.
La réputation de son Ouvrage de la Vérité de la Religion, prouvée par les faits, ne se soutint pas long-temps, quoique ce Livre l’eût fait recevoir à l’Academie. […] La Religion dédaigna toujours de pareilles armes, & désavouera quiconque osera y recourir contre ses adversaires. […] Cet Ouvrage, le plus riche, le plus complet, le plus décisif qu’on ait en matiere de Religion, réunit à la multitude des preuves historiques, un ordre & une force de style qui en rendent la lecture intéressante. […] Les Ecrivains qui ont attaqué la Religion, se sont attachés à des faits particuliers qu’ils ont ajustés à leur maniere, pour en tirer parti en faveur de l’incrédulité. […] Il est vrai qu’il y soutient des paradoxes ; mais ces paradoxes n’ont rien qui puisse faire croire qu’il ait douté des vérités de la Religion, comme un des Coryphées de la Philosophie n’a pas craint de l’assurer.
Quand bien même il seroit vrai que nos moeurs, nos combats, nos fêtes, nos ceremonies et notre religion, ne fourniroient point aux poëtes une matiere aussi heureuse que celle que fournissoit à Virgile le sujet qu’il a traité, il ne seroit pas moins necessaire d’emprunter de notre histoire les sujets des poëmes épiques. […] Les miracles de notre religion ont un merveilleux qui n’est pas dans les fables du paganisme. […] Si l’on reprend Sannazar, L’Arioste et d’autres poëtes, d’avoir mêlé mal à propos la religion chrétienne dans leurs poëmes, c’est qu’ils n’en ont point parlé avec la dignité et la décence qu’elle exige, c’est qu’ils ont allié les fables du paganisme aux veritez de notre religion. […] On les blame de n’avoir pas senti qu’il étoit contre la raison, pour ne rien dire de plus fort, de se permettre en parlant de notre religion, la même liberté que Virgile pouvoit prendre en parlant de la sienne.
Des pensées de Pascal sur la religion, et de ce qu’il faut croire de son mépris pour la philosophie. […] Comment Pascal quitte de bonne heure la philosophie et les sciences pour la morale, et est conduit par la morale a la religion. […] Quel gémissement égalera cette parole qui lui échappera un jour : « Il n’y a de certitude que dans la religion, et la religion n’est pas certaine. » Le doute assiège de tous côtés Pascal. […] Des pensées de Pascal sur la religion, et de ce qu’il faut croire de son mépris pour la philosophie. — Des pensées diverses. […] Dans celles qui touchent à la religion, il a vu plus loin que Bossuet, venu après lui, et pourtant un si grand homme !
D’ailleurs on ne peut lui reprocher d’avoir voulu saper la Religion par ses fondemens, ni d’avoir étalé avec ostentation une impiété audacieuse, contre laquelle la solidité de son esprit étoit un sûr préservatif. […] Il étoit si peu ennemi des principes de la Religion Chrétienne, que, dans son Esprit des Loix, il réfute ceux qui les ont combattus. « Bayle , dit-il, après avoir insulté toutes les Religions, flétrit la Religion Chrétienne ; il ose avancer que de véritables Chrétiens ne formeroient pas un Etat qui pût subsister. […] Ce seroient des Citoyens infiniment éclairés sur leurs devoirs, & qui auroient un très-grand zele pour les remplir ; ils sentiroient très-bien les droits de la défense naturelle ; plus ils croiroient devoir à la Religion, plus ils penseroient devoir à la Patrie. Les principes du Christianisme, bien gravés dans le cœur, seroient infiniment plus forts que ce faux honneur des Monarchies, ces vertus humaines des Républiques, & cette crainte servile des Etats despotiques… Chose admirable, dit-il ailleurs, la Religion Chretienne, qui ne semble avoir d’objet que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci ».
La religion consacre la liberté, nous avons des citoyens. […] On rencontre fréquemment dans leurs plus beaux passages des détails empruntés à des mœurs, à des religions ou à des époques trop étrangères au sujet. […] Aux premières attaques des novateurs, la religion et la morale se fussent réfugiées dans le sanctuaire des lettres, sous la garde de tant de grands hommes. […] Aussi les philosophes parvinrent-ils, en moins d’un siècle, à chasser des cœurs une religion qui n’était pas dans les esprits. […] Il se rappellera toujours ce que ses prédécesseurs ont trop oublié, que lui aussi il a une religion et une patrie.
Mais, la religion payenne eût-elle continué, on se fût encore désabusé des oracles : on commençoit à n’y croire nulle part. […] Ce jésuite eut l’adresse de lier son système à la religion. […] Sous l’apparence de zèle & de l’amour des vérités fondamentales de la religion, les atrocités n’étoient point épargnées à Fontenelle. […] On ne voit pas qu’il ait fait de ses talens aucun abus déplorable, qu’il ait ambitionné d’aller à la gloire par des écrits contre la religion. […] Baltus, ausquels il fit part de son ouvrage, & qui reconnurent mal cette marque d’estime : on prévint contre lui le gouvernement : on rendit sa religion suspecte.
L'Auteur du Poëme de la Religion en cite quelques-uns avec des éloges qu'ils justifient. […] Un esprit aussi sage que celui qu'il montre dans tous ses Ecrits, ne pouvoit qu'être révolté des systêmes de nos Philosophes, qui choquent si directement la Religion, la Morale, & la raison. […] A la tête de ce petit Poëme, est un Avertissement où l'Auteur s'exprime ainsi : « Une fausse Philosophie, née de l'indépendance & de la présomption, leve aujourd'hui un front audacieux, s'arme de mille traits empoisonnés qu'elle ose lancer contre la Religion ; elle la poursuit avec une fureur qui n'a point d'exemple. […] Nous touchons presque au temps d'une corruption générale, suite funeste de l'extinction des vertus & de ces mœurs si pures, dont la Religion est une source intarissable, & qui ont fait la gloire de nos Ancêtres…. […] Elle fera juger du respect de ce Poëte pour la Religion, & de son mépris pour nos Philosphes.
Ce n’est ni le docile Télémaque avec Ulysse, ni le fougueux Achille avec Pélée : c’est un jeune homme passionné, dont la religion combat et subjugue les penchants. […] L’autorité qu’emploie Alvarez est d’une autre espèce : il met en oubli son âge et son pouvoir paternel, pour ne parler qu’au nom de la religion. […] Gusman est aussi fier que le fils de Pélée : percé de coups par la main de Zamore, expirant à la fleur de l’âge, perdant à la fois une épouse adorée et le commandement d’un vaste empire, voici l’arrêt qu’il prononce sur son rival et son meurtrier ; triomphe éclatant de la religion et de l’exemple paternel sur un fils chrétien : (À Alvarez.) […] À quelle religion appartiennent cette morale et cette mort ? […] Pour que le misérable trouvât quelque pitié sur la terre, il fallait que Jupiter s’en déclarât le protecteur ; tant l’homme est féroce sans la religion !
C’est que les religions sont des passions. […] Il n’y a point de religion sans mysticisme. […] Il dit simplement que l’avenir verra la conciliation de la religion et de la science. […] religion, par un affreux calcul et dans un odieux dessein d’oppression. […] Rousseau veut que le souverain décrète une religion civile ; de Bonald veut que la religion forme et règle la société politique.
Lorsque l’empire de cette religion est passé ou s’est affaibli, il fait place à la coutume morale, à un ensemble de manières d’être, de conceptions, de préjugés où se marque avec plus de force encore que dans la religion elle-même le caractère distinctif du groupe : car cette coutume morale est un compromis entre le dogme religieux et le caractère que telle ou telle collectivité humaine tient de sa physiologie, de son habitat et des circonstances historiques. […] Ce groupe ancien, par le fait même qu’il est parvenu à se constituer et à vivre, témoigne qu’il a su, au moyen de sa religion, puis de sa coutume morale, inventer les freins nécessaires pour coordonner son énergie. […] Cette religion des Grecs et des Romains fut à son origine essentiellement particulariste. […] Parmi beaucoup d’autres, on ne mentionnera ici que deux des conséquences législatives que sanctionna la religion fondée sur la croyance primitive. […] Il ne fallait rien moins qu’une loi pour modifier un ordre de choses que la religion et la loi ; interprètes d’une croyance abolie, avaient décrété.
Religions et religion. — V. […] Religions et religion. […] Religions et religion (Conclusion). […] Religions et religion (Rien). […] Religions et religion (Conclusion).
Soumise à son oncle, dans lequel elle voit à la fois un roi et un père, elle ne songe qu’à réunir toutes ses religions et à les pratiquer fidèlement. […] Sa religion droite et inviolable ne pouvait admettre un seul instant ces transactions monstrueuses que la politique elle-même a peine à comprendre, et que certainement elle n’exigeait pas. […] Elle était instruite, dans le genre d’instruction de Louis XVI ; elle lisait des livres d’histoire, de voyages, de morale, de religion. […] La religion avec la charité y a mis le sceau sublime. Elle a eu la religion la plus pratique, la plus unie et la plus étrangère à tout effet sur autrui et à toute considération mondaine.
L’amitié, la tendresse paternelle, filiale et conjugale, la religion, dans quelques caractères, ont beaucoup des inconvénients des passions, et dans d’autres, ces mêmes affections donnent la plupart des avantages des ressources qu’on trouve en soi ; l’exigence, c’est-à-dire le besoin d’un retour quelconque de la part des autres, est le point de ressemblance par lequel l’amitié et les sentiments de la nature se rapprochent des peines de l’amour, et quand la religion est du fanatisme, tout ce que j’ai dit de l’esprit de parti s’applique entièrement à elle. Mais quand l’amitié et les sentiments de la nature seraient sans exigence, quand la religion serait sans fanatisme, on ne pourrait pas encore ranger de telles affections dans la classe des ressources qu’on trouve en soi ; car ces sentiments modifiés rendent cependant encore dépendant du hasard : si vous êtes séparé de l’ami qui vous est cher, si les parents, les enfants, l’époux que le sort vous a donné, ne sont pas dignes de votre amour, le bonheur que ces liens peuvent promettre, n’est plus en votre puissance ; et quant à la religion, ce qui fait la base de ses jouissances, l’intensité de la foi, est un don absolument indépendant de nous ; sans cette ferme croyance, on doit encore reconnaître l’utilité des idées religieuses, mais il n’est au pouvoir de qui que ce soit de s’en donner le bonheur.
S’il existait une religion qui s’occupât sans cesse de mettre un frein aux passions de l’homme, cette religion augmenterait nécessairement le jeu des passions dans le drame et dans l’Épopée ; elle serait plus favorable à la peinture des sentiments que toute institution religieuse qui, ne connaissant point des délits du cœur, n’agirait sur nous que par des scènes extérieures. Or, c’est ici le grand avantage de notre culte sur les cultes de l’antiquité : la religion chrétienne est un vent céleste qui enfle les voiles de la vertu et multiplie les orages de la conscience autour du vice. […] 30 « Mère, voilà ton fils ; disciple, voilà ta mère. » Le christianisme, qui a révélé notre double nature et montré les contradictions de notre être, qui a fait voir le haut et le bas de notre cœur, qui lui-même est plein de contrastes comme nous, puisqu’il nous présente un Homme-Dieu, un Enfant maître des mondes, le créateur de l’univers sortant du sein d’une créature ; le christianisme, disons-nous, vu sous ce jour des contrastes, est encore, par excellence, la religion de l’amitié. […] Cette curiosité conduit peu à peu à douter des choses généreuses ; elle dessèche la sensibilité, et tue pour ainsi dire l’âme : les mystères du cœur sont comme ceux de l’antique Égypte : le profane qui cherchait à les découvrir sans y être initié par la religion, était subitement frappé de mort.
Ces trois unités d’espèces avec beaucoup d’autres qui en sont une suite, se rassemblent elles-mêmes dans une unité générale, celle de la religion honorant une Providence ; c’est là l’unité d’esprit qui donne la forme et la vie au monde social. […] Du reste, la nature des premiers hommes était farouche et barbare ; mais la même erreur de leur imagination leur inspirait une profonde terreur des dieux qu’ils s’étaient faits eux-mêmes, et la religion commençait à dompter leur farouche indépendance. […] Rapportant tout à l’action des dieux, ils se tenaient pour fils de Jupiter ; c’est-à-dire pour engendrés sous les auspices de Jupiter, et ce n’était pas sans raison, qu’ils se regardaient comme supérieurs par cette noblesse naturelle à ceux qui pour échapper aux querelles sans cesse renouvelées par la promiscuité infâme de l’état bestial se réfugiaient dans leurs asiles, et qui, arrivant sans religion, sans dieux, étaient regardés par les héros comme de vils animaux. […] Trois sortes de mœurs Les premières mœurs eurent ce caractère de piété et de religion que l’on attribue à Deucalion et Pyrrha, à peine échappés aux eaux du déluge. — Les secondes furent celles d’hommes irritables et susceptibles sur le point d’honneur, tels qu’on nous représente Achille. — Les troisièmes furent réglées par le devoir ; elles appartiennent à l’époque où l’on fait consister l’honneur dans l’accomplissement des devoirs civils. […] Droit héroïque, ou droit de la force, mais de la force maîtrisée d’avance par la religion qui seule peut la contenir dans le devoir, lorsque les lois humaines n’existent pas encore, ou sont impuissantes pour la réprimer.
Pareillement dans la religion, un seul pouvoir, le pape : plus d’Église gallicane, plus de libertés gallicanes ; le pape souverain et infaillible. […] Ce que ce protestant estime le plus dans la religion, ce n’est pas le sentiment religieux, c’est l’Église, l’autorité, l’énergique oppression des individualités. […] Simon, il changea de fièvre : il devint le philosophe de la bourgeoisie, gardien sévère des convenances morales, de la religion et de la propriété. […] De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements, 1824-1831, 5 vol. in-8. Du polythéisme romain considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne, 1833, 2 vol. in-8.
Conséquent à ces principes, il dédaignait tout ce qui n’était pas la religion du cœur. […] Plusieurs, comme il arrive toujours, croyaient remplacer par la bonne volonté des âmes faibles le vrai amour du bien, et s’imaginaient conquérir le royaume du ciel en lui disant : « Rabbi, rabbi » ; il les repoussait, et proclamait que sa religion, c’est de bien faire 640. […] Il dit pour la première fois le mot sur lequel reposera l’édifice de la religion éternelle. […] Non-seulement sa religion, ce jour-là, fut la bonne religion de l’humanité, ce fut la religion absolue ; et si d’autres planètes ont des habitants doués de raison et de moralité, leur religion ne peut être différente de celle que Jésus a proclamée près du puits de Jacob.
Il avait charge de convertir les gens bon gré, mal-gré, et de justifier ce mot du roi répondant à M. de Croissy qui le proposait vers ce temps pour l’ambassade de Constantinople : « Il sera plus utile à mon service, dans la conjoncture des affaires de la religion, en France qu’à Constantinople. » II. […] Il n’eut besoin que de montrer les troupes, en déclarant que le roi ne voulait plus souffrir qu’une seule religion dans ses États ; et l’hérésie parut tomber à ses pieds. […] Il est à observer que le roi n’avait pas envoyé des troupes en Béarn par rapport aux affaires de la religion, mais pour former le camp que Sa Majesté avait résolu d’établir sur la frontière d’Espagne. […] Ils m’avaient demandé quinze jours pour se faire instruire, mais c’était pour attendre le retour d’un courrier, qu’ils avaient envoyé à la Cour pour demander la liberté de faire l’exercice de leur religion. […] L’Édit de Révocation venait enfin d’être lancé (octobre 1685), et c’était le thème sur lequel Foucault prêchait à ces gentilshommes d’un ton impératif la plus absolue doctrine de religion politique et administrative, cette grande erreur du temps et de plus d’un temps.
J’entends par ces idées tous les rapports de l’homme avec ses semblables et avec Dieu, selon l’état des sociétés et selon les religions. […] Ces noms appartiennent à la philosophie et à la religion. C’est donc dans les écrits philosophiques et dans les écrits de religion qu’il faut chercher jusqu’à quel point les écrivains en langue latine ont eu des idées générales. […] Nous trouverons sans doute cette idée dans les ouvrages de religion. […] » Il a su en effet toucher les cœurs, sans affaiblir le dogme ; il a fait la part de la religion et celle de la théologie.
On doit encore à cet Auteur un petit Ouvrage en faveur de la Religion, qui se fait lire avec intérêt : il a pour titre, Motifs de ma Foi. Les Italiens & les Allemands l'ont fait passer dans notre Langue, & il a été accueilli en France, des Esprits qui tiennent à la Religion & aux mœurs. […] Il auroit dû faire sentir davantage le ridicule & l'impuissance des efforts des Celses & des Porphyres de nos jours, contre une Religion qui se soutient depuis plus de dix-sept siecles ; une Religion, le plus ferme appui des Trônes, la sauve-garde des propriétés, la consolation des malheureux, le seul frein des méchans adroits ou puissans.
La politique et la religion deviennent, dès lors, les deux formes parallèles de la morale wagnérienne. […] C’est l’étude publiée sous le titre : Art et Religion (Bayreuth, 1880). Cette étude se divise en trois parties : le rôle de l’art dans la religion ; — l’essence de la religion ; — comment l’art lui pourra servir. […] Or, entre les religions, la meilleure est la religion chrétienne, dont le fondateur s’est adressé, spécialement, par des symboles, aux pauvres d’esprit. […] Et la Religion renaîtra, telle qu’elle doit être.
Le monde de la religion, c’est le culte. […] L’idée de la religion est comme l’idée même de l’Orient : art, industrie, tout s’est formé autour de la religion, pour la religion, par la religion, et l’État y est une théocratie avouée. […] Il est impossible qu’alors la religion ait eu un grand empire sur les âmes ; car toute religion, quelle qu’elle soit, et particulièrement la grande, la sainte religion du Christ, inculque une bien autre doctrine que celle de la domination des sens et du plaisir. […] La religion de cette époque s’attachera à l’invisible ; ce sera beaucoup plus la religion de la mort que celle de la vie. […] Aussi la religion, dans Vico, fait partie de l’État tandis que dans Bossuet c’est l’État qui fait partie de la religion.
Ce lien, c’est une religion ; c’est ce que l’Humanité cherche. […] Qui ne voit, en effet, qu’il faudrait à Werther une religion, pour remplacer dans son cœur et dans son intelligence la vieille religion dont il est à jamais sorti, et pour le retenir ainsi sur le bord de l’abîme, au nom du devoir ? […] Or comment combiner ces deux tendances de la religion et de l’irréligion dans un pareil sujet ? […] Il soupçonne donc qu’il y a dans Mahomet un côté de vraie religion. Qu’est-ce donc alors que la religion ?
pour nous parler de l’idéal ailleurs que dans un roman), la religion pose par sa base sur le sol mouvant des choses humaines et participe à ce qu’elles ont d’instable et de défectueux » ; et plus bas : « Éternellement sacrées dans leur esprit, les religions ne peuvent l’être également dans leurs formes… » Selon M. […] La religion de M. […] Renan, voilà le dessous de ce traité du Prince, qui a la prétention d’être si profond contre les religions en général et le christianisme en particulier. […] « La critique des origines d’une religion, dit M. Ernest Renan, n’est pas l’œuvre du libre penseur, mais des sectateurs les plus zélés de cette religion. » C’est pour cela sans doute qu’il est sorti de Saint-Sulpice.
Mais du moment où la religiosité de l’homme en sera venue à s’exercer sous la forme purement scientifique et rationnelle, tout ce que l’État accordait autrefois à l’exercice religieux reviendra de droit à la science, seule religion définitive. […] L’État doit subvenir à la science comme à la religion, puisque la science, comme la religion, est de la nature humaine. Il le doit même à un titre plus élevé ; car la religion, bien qu’éternelle dans sa base psychologique, a dans sa forme quelque chose de transitoire ; elle n’est pas comme la science tout entière de la nature humaine. […] L’État peut même moins, en un sens, sur la science que sur les religions ; car à celles-ci il peut du moins imposer quelques règlements de police ; au lieu qu’il ne peut rien, absolument rien, sur la science. […] On n’a jamais reproché à la religion d’avoir des ministres soumis comme les autres hommes aux besoins matériels et réclamant l’assistance de l’État.
Ce qu’il nous importe d’examiner dans cette peinture, ce n’est pas pourquoi elle est supérieure au tableau de Galatée (supériorité trop évidente pour n’être pas reconnue de tout le monde), mais pourquoi elle doit son excellence à la religion, et, en un mot, comment elle est chrétienne. […] Bernardin de Saint-Pierre, qui, dans ses Études de la Nature, cherche à justifier les voies de Dieu et à prouver la beauté de la religion, a dû nourrir son génie de la lecture des livres saints. […] Joignez-y l’indigence et ces infortunes de l’âme dont la religion est le seul remède, et vous aurez tout le sujet du poème. […] Il y a plus ; c’est en effet la religion qui détermine la catastrophe : Virginie meurt pour conserver une des premières vertus recommandées par l’Évangile. […] nous répondrons qu’il doit encore ce talent, ou du moins le développement de ce talent, au christianisme ; car cette religion, chassant de petites divinités des bois et des eaux, a seule rendu au poète la liberté de représenter les déserts dans leur majesté primitive.
Le talent de raisonner, & le meilleur usage qu’on en puisse faire, l’ont rendu justement célebre parmi les Défenseurs de la Religion. […] Bergier, avec un style simple & naturel, est parvenu à réduire en poudre cet amas d’objections, qui ne prouvent que la mauvaise foi de ceux qui les enfantent ; de détruire ces systêmes captieux, qui n’ont rien d’évident que la foiblesse des fondemens ruineux qui les appuient ; de donner aux dogmes de la Religion cette force & cette consistance qui les met à l’épreuve de la critique, & décide les hommages de la Raison, lorsqu’elle n’est pas tout-à-fait corrompue. […] M. l’Abbé Bergier vient de publier un Ouvrage dans le même genre, mais plus étendu & beaucoup plus intéressant encore que la Certitude des Preuves du Christianisme : c’est un Traité historique & dogmatique de la vraie Religion, où l’on trouve tout ce qui est capable de raffermir la Foi des Fideles, & tout ce qui peut contribuer à faire triompher le Christianisme des attaques multipliées du mensonge & de l’incrédulité. Si les Philosophes de nos jours ont fait les derniers efforts pour répandre leurs systêmes désolans ; les vrais Apôtres de la Religion, à la tête desquels on doit placer M. l’Abbé Bergier, ont encore eu plus de zele pour défendre la vérité ; & la victoire a été évidemment du côté des derniers.
Sa religion de l’avenir lui paraît en ce moment fort menacée, et le livre qu’il publie est un cri d’alarme, mais un cri d’alarme discrètement poussé, car tout est discret dans M. […] Saisset, qui veut bien du sentiment chrétien, mais qui ne veut pas de la religion chrétienne, et qui, non plus, ne veut pas du panthéisme, qu’il hait comme un voleur d’héritage parce qu’il le priverait de la succession sur laquelle il a compté, M. […] je n’ai trouvé dans cet Essai de philosophie religieuse ni philosophie, ni religion, car le déisme n’est pas plus une religion que le spiritualisme n’est une philosophie, et le mot même d’essai n’est pas plus vrai que le reste avec sa modestie, car un essai suppose qu’on s’efforce à dire une chose neuve, et l’auteur en redit une vieille dont nous sommes blasés, tant nous la connaissons ! […] Saisset de la Revue des Deux-Mondes et des Essais sur la religion et la philosophie au dix-neuvième siècle. […] Sans originalité d’aucune sorte, triviale même dans le faux, par exemple, dans la question des religions, qui ne sont d’après lui que des amusettes et des symboles, l’œuvre de M.
Toujours prêts à triompher de la moindre imprudence, ils n’ont pas rougi d’insister sur des bagatelles, & de faire tourner au mépris de la Religion, des écarts que la Religion est la premiere à condamner. […] Ne voit-on pas en effet la Religion s’épurer d’elle-même, sans rien perdre de son véritable esprit ? […] Sa maniere d’écrire & les connoissances qu’elles supposent, prouvent combien il seroit capable d’ajouter à sa réputation littéraire, s’il n’en faisoit le sacrifice à des occupations plus importantes & non moins utiles à la Religion.
Une circonstance fortuite nourrit cette double disposition aux lettres et à la religion dans la maison. […] Il éleva dans l’ombre et dans la piété une famille chrétienne à laquelle il ne songea à laisser pour héritage que sa religion pour toute gloire. […] La religion avait triomphé avec Mme de Maintenon. […] La religion à illustrer était son but ; c’est dans la religion qu’il devait chercher son texte. […] Il détourna de toutes ses forces son ami de cette idée : l’auteur des Satires n’avait pas assez d’âme pour avoir beaucoup de religion.
La religion du siècle est sa religion : elle croit au progrès, à la perfectibilité nécessaire et indéfinie de l’humanité. […] La politique et la religion de Mme de Staël Si viril que soit son esprit, la femme en elle se retrouve par le peu de souci qu’elle a de systématiser sa connaissance ou ses idées, et par l’influence que la sensation, l’affection exercent à son insu sur ses conceptions les moins sentimentales. […] Quant à la religion, Mme de Staël a commencé par l’indifférence, par le voltairianisme : elle n’a pas du tout l’accent religieux de Rousseau. […] Il se divise en quatre parties : 1° De l’Allemagne et des mœurs des Allemands ; 2° De la littérature et des arts ; 3° La philosophie et la morale ; 4° La religion de l’enthousiasme. […] Elle retourne en Allemagne en 1807 ; après ce voyage, elle se convertit à la religion.
Mais cette religion peut-elle être celle de tous ? […] Songez donc qu’il s’agit de la vraie religion, de la seule chose sérieuse et sainte. […] Mais du moment où elle est une religion, et la religion la plus parfaite, il devient barbare d’en priver une seule âme. […] Dans le premier âge, celui où il y a une religion vraie, qui est la forme de la société, l’État et la religion sont une même chose, et, bien loin que l’État salarie la religion, la religion se soutient par elle-même, et c’est plutôt l’État qui, à certains jours, fait appel à l’Église. […] La religion de l’avenir tranchera la difficulté de sa lourde épée.
Critique des obstacles : les religions. […] Or qu’est-elle, cette religion de la pitié ? […] Cette idée d’égalité, l’espèce inférieure, soit la tire de la religion, soit invente une religion pour la confirmer. […] Ils avaient une religion ; mais c’était une religion toute de cité, toute consacrée à la cité, toute civique. […] De là union intime de la religion et de la morale, soit que la morale dérive de la religion, soit que la religion dérive de la morale.
Le point capital de la philosophie de Voltaire est toujours la guerre à la religion chrétienne. […] Sauf la religion qu’il combat à outrance, parce qu’il ne voit pas de compromis possible entre l’Église et la raison, il ne prétend pas changer les bases actuelles de la société. […] Il n’avait pas le sens de la religion, le sens du mystère ou de l’infini. […] D’autres ont cru aussi peu à la religion, moins à Dieu : personne n’a été plus foncièrement irréligieux. […] Il fallait que le pouvoir de l’Église fût détruit, pour qu’on pût rendre justice à la religion sans y croire.
Quant aux religions, sans aller plus avant, il n’a pas moins manqué à la vérité sociale. Il dit qu’il a vu les hommes sous les diverses religions rester les mêmes et obéir à leurs intérêts, à leurs passions : il ne se demande pas si les hommes ne s’y abandonneraient pas bien davantage en étant absolument destitués de cet ordre de lois. À ne considérer les religions qu’au moral et comme des vêtements nécessaires à la nudité humaine, comment croyait-il que l’homme pouvait subitement s’en passer ? […] Au mot si vrai du consul : « La France veut une religion », il répondit par manière de défi : « La France veut les Bourbons ! » parole blessante, fausse en elle-même, car la France, qui voulait en effet une religion, ne voulait pas pour cela les Bourbons ; parole sans excuse d’ailleurs dans la bouche de Volney qui n’était nullement royaliste ni bourbonien.
Je crains en effet qu’ils ne se moquent également de nous, de Pascal, et de la religion. […] Le voyez-vous se faisant gloire d’avoir ouvertement attaqué la religion ? […] Mais il serait temps aussi de reconnaître que c’est là le contraire de la religion. […] Est-ce pourtant ce que l’ont toutes les religions ? […] Tandis que Bossuet fait de la religion le fondement mystique de l’institution sociale, c’est le respect de l’institution sociale dont on peut dire qu’il fait lui seul toute la morale, toute la philosophie, toute la religion de Montesquieu.
Il observait la décadence universelle des religions, tant en Europe qu’en Asie, et il comparait ces symptômes de dissolution à ceux du polythéisme au temps de Julien. […] Il en concluait la chute absolue des nations de l’Europe avec celle des religions qu’elles professent. […] Je lui opposais des faits et la dureté de cœur des dévots dans les religions autres que la sienne. Mais Jessie fait ce que font toutes les femmes, et bien des hommes aussi : elle commence par mettre dans sa religion tout ce qu’il y a de mieux dans une belle âme comme la sienne ; puis elle croit que c’est le caractère de la religion en général, et que toutes les religions y participent. […] Je deviens plus religieux, mais c’est d’une religion tout à moi, c’est d’une religion qui prend le christianisme tel que les hommes l’ont perfectionné et le perfectionnent encore, non tel que l’esprit sacerdotal l’a transmis… » C’est vers ce temps que, dans sa correspondance avec Mme Mojon, avec Mlle de Sainte-Aulaire, avec Channing, il nous découvre tout un côté nouveau de son âme.
Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu ! […] Tu ne saurois marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas sans y trouver ton Dieu, Et tu n’y peux rester sans renier ton père… Une religion qui fournit de pareilles beautés à son ennemi mériterait pourtant d’être entendue avant d’être condamnée. […] La cause d’un père et celle d’un Dieu se confondent ; les vieux ans de Lusignan, les tourments des martyrs, deviennent une partie même de l’autorité de la religion : la Montagne et le Tombeau crient ; ici tout est tragique : les lieux, l’homme et la Divinité.
Ces trois vérités qu’il veut établir sont : 1° qu’il y a un Dieu ; 2° que de toutes les religions la chrétienne est la seule vraie ; 3° qu’entre les diverses créances ou communions dites chrétiennes, la catholique romaine est la seule véritable. […] Loin que cet apparent pyrrhonisme soit contraire à la religion et à la piété, c’est, selon lui, la chose qui y peut le plus aider et servir, comme faisant place nette au-dedans et rendant la maison vide pour y recevoir un hôte nouveau. […] Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques. […] Tout ce qu’il dit contre l’esprit d’opiniâtreté et de nouveauté qui fait les sectes est encore excellent à lire ; il disait, par exemple : Je voudrais que tous ces remueurs de ménage et troubleurs de l’ancienne religion, qui se disent chrétiens et tenir leur religion du ciel, considérassent bien ce que dit Plutarque de la religion de son temps, vaine et humaine : Ceux, dit-il, qui mettent en doute les opinions de la religion me semblent toucher une grande, hardie et dangereuse question ; car l’ancienne et continuelle foi et créance qui nous est témoignée par nos ancêtres nous devrait suffire, étant cette tradition le fondement et base de toute religion ; et si la fermeté de la créance venue de main en main vient à être ébranlée ou remuée en un seul point, elle devient suspecte et douteuse en tous les autres […] Dans tous leurs sermons, on les entendait parler contre les huguenots, et reprendre ceux qui les maintenaient et supportaient : Que c’étaient faux catholiques, et qu’il ne fallait obéir à un roi hérétique et qui était chef des huguenots, qui serait cause de la perdition de la religion catholique, apostolique et romaine au royaume de France, et que les huguenots abattraient toutes les églises.
En Grèce, la vraie religion était la religion des temples. En France, la vraie religion est la religion des clochers. […] Ni Jésus ne fonda une religion, ni Philostrate. […] La vraie religion est matière à croyance et non à controverses. […] Une religion est utile et elle vit ; inutile, et elle meurt.
Fénelon, chimérique dans la religion […] Fénelon chimérique dans la religion. […] un esprit si pénétrant ne pas sentir qu’en religion, ainsi qu’en toutes choses ; ce qui en est comme la partie défendue est ce qu’on en aime le plus, et qu’à la longue, où il y aura une religion pour les délicats, il y aura autant de religions que de degrés de délicatesse ! […] Dans une société polie, qui donc ne voudra pas appartenir à la religion de curiosité ? […] Qui fait la force des religions, si ce n’est la tradition et l’unité ?
Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir. […] mot digne des anges, et qui est comme l’abrégé de la religion chrétienne. […] La religion du Fils de Marie est comme l’essence des diverses religions, ou ce qu’il y a de plus céleste en elles.
La religion, dont la majesté s’est accrue par ses souffrances, revient d’un long exil dans ses sanctuaires déserts, au milieu de la victoire et de la paix dont elle affermit l’ouvrage. […] Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir. […] La religion triomphe. […] Ô joies de la religion, que vous êtes grandes, mais que vous êtes terribles ! […] Toute la pureté, toute la vertu, toute la religion, toutes les couronnes d’une sainte rendent à peine tolérable la seule idée de vos chagrins.
Ses livres ont pourtant moins fait de tort à la Religion que ceux du P. […] La premiere, est une exposition très-savante, quoique assez sommaire, de la Religion primitive, des systêmes religieux, que les philosophes ont formés, de ses débris chez les Chaldéens, les Persans, les Egyptiens, les Indiens, les Grecs, & de la religion, des Juifs. […] M. les Ecclésiastiques & même à tous les fidéles qui désirent s’instruire à fond de leur Religion, par M. […] Les Anglicans n’ont-ils pas eu Elizabeth & Anne pour chefs de leur Religion ? […] & précédé d’une préface où la Religion est très-mal traitée.
Écoutez les prédicateurs dans les chaires, ils vous diront que, si on ne croit pas à la religion, c’est qu’on ne l’a pas étudiée, qu’on n’y a pas appliqué son examen. […] Cette singulière contradiction n’est pas propre aux religions ; elle est très-ordinaire en philosophie ; elle se rencontre même, ce qui est très-piquant, chez les plus hardis libres penseurs. […] Telle est par exemple la situation de ceux qui croient à de fausses religions. […] La liberté de penser, prise en soi, n’a donc rien de contraire à la foi, et les croyants eux-mêmes sont forcés d’y avoir recours quand ils essayent de démontrer la religion. Évidemment ils ne peuvent alors, sans pétition de principe, s’appuyer sur la religion elle-même.
Il semble que l’éloquence de la chaire aurait dû exister en Italie plus qu’ailleurs, puisque c’est le pays le plus livré à l’empire d’une religion positive. […] Ils sont misérablement superstitieux dans les pratiques du catholicisme ; mais ils ne croient point à l’indissoluble alliance de la morale et de la religion. […] On voit dans les romans de chevalerie, un singulier mélange de la religion chrétienne, à laquelle les écrivains ont foi, et de la magie qui leur fait peur, et dans les écrivains de l’Orient, un combat continuel entre leur religion nouvelle et l’ancienne idolâtrie dont Mahomet a triomphé. […] Le gouvernement absolu des orientaux, et leur religion fataliste, les portaient à détester les lumières philosophiques. […] L’affectation de l’amour porte les esprits au ton licencieux, comme l’hypocrisie de la religion à l’athéisme.
Il n’est pas de ceux qui croient que la religion ne doit satisfaire que le cœur. L’homme demande à la religion autre chose que des jouissances nobles et pures : il lui demande la lumière en même temps que la sympathie. Si elle ne résout pas ces problèmes moraux qui assiègent la pensée de l’homme, elle peut être une poésie ; elle n’est pas une religion. […] La croyance universelle des religions prouve ou du moins confirme le dogme de l’incarnation, suffisamment établi d’ailleurs par le texte sacré. […] Le surnaturel est l’essence même des religions.
Lorsque les bêtises de la Révolution allèrent rejoindre ses horreurs dans le même océan de mépris, ils soutinrent, avec Benjamin Constant, en un livre maintenant oublié, mais alors fameux, la thèse invariable et qui leur est si chère du sentiment religieux contre toutes les religions positives. […] À côté de la niaiserie du bon sens pipé et de l’invention d’une bourgeoise sagesse, à côté de cette religion naturelle qui est, au fond, si on creuse bien, toute leur doctrine, ils dressent de grands mots qui font rêver les imaginations sans guide et ils pataugent dans l’Infini… Nous ne savons personne plus digne de pitié que ces espèces de philosophes qui n’ont pas même une philosophie complète pour remplacer une religion qu’ils n’ont plus, — qui prennent les ondoyantes et capricieuses lueurs de leur propre sentimentalité pour la ferme lumière de la conscience et vivent en paix avec eux-mêmes. […] On peut condenser en un mot la philosophie de ces vingt pages : « Toutes les religions — dit quelque part Dargaud avec une imagination qui l’égare — ressemblent à des nuées obscures à leur base et lumineuses à leur sommet. » Après une pareille conclusion, tout n’est-il pas dit, pour qui sait comprendre ? […] Après Shakespeare, dont la religion est inconnue, — qui adorait peut-être Saturne, — on ne sait, — indifférent à tout comme Goethe ; après Shakespeare et Goethe, ces aruspices qui ont fouillé les entrailles de la victime humaine aussi loin que le couteau pouvait aller, il n’y a plus réellement que le catholicisme qui puisse nous apprendre quelque chose sur le cœur de l’homme. […] … Pourquoi faut-il qu’un écrivain d’autant de cœur que l’auteur de la Famille ne soit pas de la vraie religion des grands artistes, de cette religion de Byron-le-mauvais, mais perfectionné par la vie, quand il voulut qu’Allegra fût catholique et quand il écrivit sur son tombeau : « C’est moi qui retournerai vers elle, mais elle ne reviendra jamais vers moi. » En poésie, en moralité sensible, en cœur humain, il n’y a plus rien à attendre en dehors du catholicisme, pas plus qu’en politique, en gouvernement, en science sociale.
C’est pourquoi les premiers Solitaires, livrés à ce goût délicat et sûr de la religion, qui ne trompe jamais lorsqu’on n’y mêle rien d’étranger, ont choisi dans les diverses parties du monde les sites les plus frappants, pour y fonder leurs monastères206. […] Nourris par la religion, entre la terre et le firmament, sur ces roches escarpées, c’est là que de pieux Solitaires prennent leur vol vers le ciel comme des aigles de la montagne. […] Un ciel transparent abaisse le cercle de ses horizons sur la terre et sur les mers, et semble enfermer l’édifice de la religion sous un globe de cristal. […] Les monuments ordinaires reçoivent leur grandeur des paysages qui les environnent ; la religion chrétienne embellit au contraire le théâtre où elle place ses autels et suspend ses saintes décorations. […] C’est là qu’ils se cachoient, et les chrétiens fidèles, Que la Religion protégeoit de ses ailes, Vivant avec Dieu seul dans leurs pieux tombeaux, Pouvoient au moins prier sans craindre les bourreaux.
Toujours la religion mêlée à la philosophie ! […] Saint-René Taillandier ne cesse pas de nous répéter sur un ton qu’on voudrait plus varié : « Soyons religieux, mais surtout soyons libres, libres même de n’être pas religieux du tout, si cela nous plaît. » Car avec la liberté telle que la conçoit ce libéral immense, la religion ne peut plus être que la liberté de n’avoir pas de religion. […] Il ne se contente pas de saluer avec un respect froid cette religion qui passe (on l’espère bien) et qu’on ne salue que parce qu’on croit qu’une fois passée elle ne reviendra plus et que la philosophie pourra s’installer à sa place. […] Taillandier, ce tendre Fénelon de la religion libre de l’infini, M. Renan, — qui a le sentiment de l’infini et qui est un sonneur de cloches de cette religion de l’infini réveillée, — M.
Quand le vainqueur et le vaincu sont de la même religion, ou plutôt, quand le vainqueur adopte la religion du vaincu, le système turc, la distinction absolue des hommes d’après la religion, ne peut plus se produire. […] La politique turque de la séparation des nationalités d’après la religion eu de bien plus graves conséquences : elle a causé la ruine de l’Orient. […] Comment la Suisse, qui a trois langues, deux religions, trois ou quatre races, est-elle une nation, quand la Toscane, par exemple, qui est si homogène, n’en est pas une ?
Le même esprit de religion inspira Charlemagne ; et l’église des Apôtres, élevée par ce grand prince à Florence, passe encore, même aujourd’hui, pour un assez beau monument129. Enfin, vers le treizième siècle, la religion chrétienne, après avoir lutté contre mille obstacles, ramena en triomphe le chœur des Muses sur la terre. […] Tout ce que nous devons montrer, c’est en quoi le christianisme est plus favorable à la peinture qu’une autre religion. Or, il est aisé de prouver trois choses : 1º que la religion chrétienne, étant d’une nature spirituelle et mystique, fournit à la peinture un beau idéal, plus parfait et plus divin que celui qui naît d’un culte matériel ; 2º que, corrigeant la laideur des passions, ou les combattant avec force, elle donne des tons plus sublimes à la figure humaine, et fait mieux sentir l’âme dans les muscles, et les liens de la matière ; 3º enfin, qu’elle a fourni aux arts des sujets plus beaux, plus riches, plus dramatiques, plus touchants, que les sujets mythologiques.
C’est un grand triomphe pour la religion que de compter parmi ses philosophes un Pascal et un La Bruyère. […] « Si ma religion était fausse, dit l’auteur des Caractères, je l’avoue, voilà le piège le mieux dressé qu’il soit possible d’imaginer : il était inévitable de ne pas donner tout au travers et de n’y être pas pris. […] » Si La Bruyère revenait au monde, il serait bien étonné de voir cette religion, dont les grands hommes de son siècle confessaient la beauté et l’excellence, traitée d’infâme, de ridicule, d’absurde. […] Ces vices, dans le siècle de Louis XIV, se composaient avec la religion et la politesse, maintenant ils se mêlent à l’impiété et à la rudesse des formes : ils devaient donc avoir dans le dix-septième siècle des teintes plus fines, des nuances plus délicates ; ils pouvaient être ridicules alors : ils sont odieux aujourd’hui.
Les modernes doivent à la religion catholique cet art du discours qui, en manquant à notre littérature, eût donné au génie antique une supériorité décidée sur le nôtre. […] La religion chrétienne a seule fondé cette grande école de la tombe, où s’instruit l’apôtre de l’Évangile : elle ne permet plus que l’on prodigue, comme les demi-sages de la Grèce, l’immortelle pensée de l’homme à des choses d’un moment. Au reste, c’est la religion qui, dans tous les siècles et dans tous les pays, a été la source de l’éloquence. […] ce mouvement n’a pas été inspiré par la démagogie, mais par la religion.
La religion chrétienne, qui, séparée des inventions sacerdotales, est assez rapprochée du pur déisme, a fait disparaître ce cortège d’imagination qui environnait l’homme aux portes du tombeau. […] La religion chrétienne, la plus philosophique de toutes, est celle qui livre le plus l’homme à lui-même. […] Enfin ce qui donne en général aux peuples modernes du Nord un esprit plus philosophique qu’aux habitants du Midi, c’est la religion protestante que ces peuples ont presque tous adoptée. […] La religion protestante ne renferme dans son sein aucun germe actif de superstition, et donne cependant à la vertu tout l’appui qu’elle peut tirer des opinions sensibles. Dans les pays où la religion protestante est professée, elle n’arrête en rien les recherches philosophiques, et maintient efficacement la pureté des mœurs.
Dans notre religion et la religion de Sa Majesté Impériale, le chef de la société vient se confesser et rougir des fautes qu’il a commises, et le prêtre l’absout ou le lie. […] Le prêtre avili ne peut rien ; son avidité, son ambition, ses intrigues, ses mauvaises mœurs ont été plus nuisibles à la religion que tous les efforts de l’incrédulité. […] Il faut deux chaires de théologie dogmatique : la première destinée à la défense de la religion contre les athées, les déistes, les juifs et les mahométans. […] Le second professeur de théologie dogmatique s’attacherait à exposer clairement et succinctement les dogmes de la religion et leurs preuves. […] Au demeurant, je supplie Sa Majesté Impériale de considérer qu’il ne faut point de prêtres, ou qu’il faut de bons prêtres, c’est-à-dire instruits, édifiants et paisibles ; que s’il est difficile de se passer de prêtres partout où il y a une religion, il est aisé de les avoir paisibles s’ils sont stipendiés par l’État, et menacés, à la moindre faute, d’être chassés de leurs postes, privés de leurs fonctions et de leurs honoraires et jetés dans l’indigence.
Les religions, les gouvernements, les ordres religieux, les grands hommes et même les grands scélérats, ont eu leur histoire. Seule, la morale, cette chose à part des religions, et qu’on est prié instamment de ne pas confondre avec elles, seule, la morale n’avait pas la sienne. […] La Chine a bien vu par-ci par-là quelques vestiges de ces inévitables religions, branches cassées et dispersées du Candélabre primitivement allumé, et qui brûlent encore dans les diverses poussières où les porta une tempête qui ne les éteignit pas. […] C’est cette morale enfin que certains esprits du dix-neuvième siècle professent encore aujourd’hui, en prenant la peine de la détacher adroitement de toute philosophie, comme elle était déjà détachée de toute religion. […] Martin sur l’efficacité et la solidité de cette morale, qui doit dans un avenir heureux remplacer glorieusement ces drôlesses de religions, chez tous les peuples !
Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé ! […] Mahomet fonda une religion, et à dix places dans le Coran il parla avec respect de Jésus-Christ et de sa Mère. […] Il n’a pas tiré tout seul de son cerveau cette vaste organisation d’une religion que l’on jette aux hommes. […] La Bible et l’Évangile ont été les deux mamelles auxquelles il a bu longtemps en silence, et qui l’ont fait de force à créer ces trois choses, dont une seule suffît pour l’immortalité d’un homme : — une religion, un peuple, un empire ! […] ou cela tient-il à l’essence éternelle des choses, qui ferait de l’Arabie une terre condamnée et donnerait ce déshonorant soufflet au Christianisme de n’avoir pas la force de sa vérité et de se vanter, comme l’erreur se vante, quand il affirme que, de toutes les religions de la terre, il est, en raison de sa vérité même, incomparablement la plus puissante sur les esprits et sur les cœurs ?
La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. Non contente d’augmenter le jeu des passions dans le drame et dans l’épopée, la religion chrétienne est elle-même une sorte de passion qui a ses transports, ses ardeurs, ses soupirs, ses joies, ses larmes, ses amours du monde et du désert. […] Corneille, qui se connaissait si bien en sublime, a senti que l’amour pour la religion pouvait s’élever au dernier degré d’enthousiasme, puisque le chrétien aime Dieu comme sa souveraine beauté, et le Ciel comme sa patrie. […] Les religions qui peuvent échauffer les âmes, sont celles qui se rapprochent plus ou moins du dogme de l’unité d’un Dieu ; autrement, le cœur et l’esprit, partagés entre une multitude de divinités, ne peuvent aimer fortement ni les unes ni les autres. […] La religion chrétienne, en nous rouvrant, par les mérites du Fils de l’homme, les routes éclatantes que la mort avait couvertes de ses ombres, nous a rappelés à nos primitives amours.
Pour bien juger ce maître irréparable, il faut se souvenir que l’œuvre de sa vie est une histoire de la religion : Histoire des origines du Christianisme, Histoire d’Israël. […] Quelles que soient les réserves des érudits, il a établi sur des raisons d’ordre purement scientifique, historique, philologique, la relativité, l’humanité des religions. Je ne veux pas dire qu’il ait tué la religion ; mais il a réduit la question à ses termes essentiels, à sa forme extrême : il faut choisir entre le déterminisme et la révélation. […] Dieu est pour lui « la catégorie de l’idéal » ; et la religion, c’est « la beauté dans l’ordre moral ». Par la religion se satisfait l’instinct moral de l’humanité ; ainsi, aucune religion n’étant vraie, toutes les religions sont vraies ; et toutes sont bonnes — quand on ne les applique qu’à leur office.
La religion était au premier plan, mais n’excluait rien : le Dauphin lut Térence, pour apprendre à se garder des pièges de la volupté et des femmes. […] Cette grande affaire, où, selon Bossuet, il y allait de toute la religion, l’avait occupé cinq ans. […] Elles se sont groupées en deux parties : l’une qui explique la suite de la religion, et l’autre qui traite des empires. […] Il suffirait donc de dire que la philosophie de Bossuet est celle qu’enveloppe le dogme catholique, puisque toute religion est en effet une philosophie. […] Ils s’accordent à reprocher aux prédicateurs l’ambition et le bel esprit, l’ignorance de la religion et le manque de zèle.
. — Les autres religions. — Limite et portée de la doctrine. […] Ce christianisme est fort libre ; Carlyle prend la religion à l’allemande, d’une façon symbolique. […] « Toutes les religions sont des symboles. […] Il n’y a plus de religion, il n’y a plus de Dieu. […] “All religion issues in due practical Hero-worship.”
Une exposition claire & simple est tout ce qu’il demandoit dans un orateur fait pour annoncer les grands objets de la religion. […] Point d’objets, répétoit-il, aussi frappans & qu’on doive rendre avec plus de dignité & d’appareil, que ceux que nous offre la religion chrétienne. […] Mais toutes les tentatives réunies de ces ridicules ennemis du goût & des vrais intérêts de la religion, furent inutiles & tournèrent contr’eux-mêmes. […] D’où vient enfin ne cherchent-ils pas à toucher le cœur plutôt qu’à frapper l’esprit , selon la réflexion d’une princesse pieuse, qui vouloit qu’on lui fît aimer davantage la religion, & qu’on la lui prouvât moins. […] Il avance qu’elle ne doit point avoir lieu dans un siècle où l’ignorance est si profonde en matière de religion, qu’à peine les gens du monde en possèdent-ils les premiers élémens.
Elle est un chapitre des sciences historiques, comme l’histoire littéraire, l’histoire des beaux-arts, l’histoire des religions. L’historien des religions n’est pas tenu de nous donner une religion nouvelle, ni celui des beaux-arts de faire un chef-d’œuvre en peinture, ni celui de la guerre d’être un grand capitaine : ainsi l’historien de la philosophie n’est pas nécessairement un grand philosophe, ce n’est pas son objet. […] Par les doctrines métaphysiques, elle nous sert à comprendre l’histoire des religions. […] Sans ce secours indispensable, on prendra les religions par le dehors, on n’en comprendra ni le sens ni les développements. Il y a là, je le reconnais, des services réciproques : les religions agissent sur la métaphysique, surtout à l’origine ; mais plus tard la métaphysique agit sur la religion.
Il est du petit nombre des Hommes de Lettres qui ont défendu la Religion avec succès, contre les attaques multipliées des prétendus Philosophes du Siecle. […] Nous connoissons des jeunes gens que son Livre de la Vérité de la Religion prouvée à un Déiste, a ramenés au Christianisme, dont la lecture peu réfléchie des Ouvrages philosophiques les avoit écartés. […] Quoique cet Ouvrage ne soit pas aussi piquant que le plan de l’Auteur sembloit le promettre, il n’en annonce pas moins un homme zélé pour les bons principes, & digne en cela de l’estime & de la reconnoissance de tous les Citoyens qui s’intéressent à la gloire de la Religion & au maintien des bonnes mœurs.
Plein de zele pour la Religion & doué du talent d’écrire avec onction, il a publié plusieurs Ouvrages en faveur du Christianisme, contre les attaques multipliées de la nouvelle Philosophie, où, par des raisonnemens solides & à la portée de tous les Esprits, il prouve la vérité, l’utilité & la nécessité de la Religion. […] Il est aisé de voir que ce n’est pas le désir de la célébrité qui lui a fait prendre la plume contre les Philosophes ; c’est l’amour de la Religion qu’ils s’efforcent d’anéantir, l’amour des mœurs qu’ils corrompent, l’amour de l’humanité entiere qu’ils affligent par leurs systêmes également absurdes & désolans.
Ce n’est pas chose à lui reprocher ; mais comme cela nous intéresse de comparer cette religion philosophique aux religions où Dieu est « sensible au cœur » c’est-à-dire à l’intuition immédiate de tout l’être vivant ! […] Observons-le encore, en lisant surtout les Lettres persanes : ce qu’il n’aime pas non plus, c’est la religion catholique. […] mais sans doute parce que la religion catholique a été une très bonne alliée de Louis XIV surtout dans la dernière partie de son règne, et un bon soutien de son trône. […] Que la religion est une des meilleures choses d’un État bien réglé. […] Dès lors, la religion lui est apparue sous un autre aspect et je ne dis pas qu’il ait eu pour elle tendresse d’âme ; mais il a eu pour elle tendresse d’esprit.
De quelque état de barbarie et de férocité que partent les hommes pour se civiliser par l’influence des religions, les sociétés commencent, se développent et finissent d’après des lois que nous examinerons dans ce second livre, et que nous retrouverons au livre IV où nous suivons la marche des sociétés, et au livre V où nous observons le retour des choses humaines. […] La défense de la divination faite par Dieu à son peuple fut le fondement de la véritable religion. […] Cependant sans religion les hommes ne seraient pas réunis en nations… Point de physique sans mathématique ; point de morale ni de politique sans métaphysique, c’est-à-dire sans démonstration de Dieu. — Il suppose le premier homme bon, parce qu’il n’était pas mauvais. […] Mais Sem fut le seul qui persévéra dans la religion du Dieu d’Adam. […] Les jurisconsultes romains raisonnent mieux en considérant ce droit naturel comme ordonné par la Providence, et comme éternel en ce sens, que sorti des mêmes origines que les religions, il passe comme elles par différens âges, jusqu’à ce que les philosophes viennent le perfectionner et le compléter par des théories fondées sur l’idée de la justice éternelle.
La religion et les mœurs devenaient peu à peu un objet de ridicule. […] Sa haine de la religion le jette fréquemment dans la mauvaise foi et le mauvais goût. […] La religion n’y est pas ménagée davantage. […] C’est de là que vient l’avantage de la religion sur la morale humaine. […] La haute philosophie chercha à suppléer au vide d’une religion imparfaite.
La nouvelle religion sera une religion purement morale. […] Desjardins, je l’ai déjà dans ma religion. […] Ne seront de la religion de M. […] Il a une religion. […] Je doute que la religion de la nature devienne jamais la religion de l’humanité.
Et ne s’est-il pas rencontré au xvie siècle quelque méchant général persuadé que s’il reculait devant un ennemi hérétique, c’était par scrupule de religion ? […] La religion avait été renouvelée par la Réforme. […] Tel est le caractère de Calvin, et généralement de tous les écrivains engagés dans les querelles de religion. […] On pouvait croire que, pour Charron, la religion n’était que la théologie, c’est à savoir, la science et la discussion des sources de la religion, une science d’obligation dans un pays chrétien, mais d’ailleurs sans application à la conduite de la vie, dans les rapports purement humains. […] Mais ici ce n’est plus la sagesse humaine qui est la règle de la vie, c’est la religion.
La religion abêtit, déprave et rend cruel. […] — Mais reste, pourtant, le rôle de Tartuffe lui-même, qui, tout seul, montrerait assez à quel genre de religion et à quel genre de piété Molière en veut, et c’est à savoir à une religion et à une piété où il n’entre pas un atome de religion ni de piété. […] Toute fille doit avoir la religion de sa mère et toute femme celle de son mari [et par conséquent en changer si son mari est d’une autre religion que sa mère ? — Probablement oui, puisque le principe, c’est que la religion des femmes doit être impersonnelle et dépendre de ceux à qui elles obéissent ; et religion impersonnelle suppose, le cas échéant, religions successives] . […] Elle n’est pas de la religion de son mari.
Les deux religions se ressemblaient d’ailleurs beaucoup. […] C’est peut-être le seul ton sur lequel il soit possible de parler des religions, surtout des religions modernes, bien connues historiquement. […] Même si on ajoute l’animisme, cela donne-t-il toute la religion ? […] Religions et contes fantastiques, c’est du délire systématisé. […] Les plus anciennes religions que nous connaissions sont les religions égyptiennes.
Dessein philosophique : élimination de la Providence ; guerre à la religion : progrès de la raison, et enthousiasme de la civilisation. […] Dans Zaïre (1732) la religion est l’obstacle au bonheur préparé par la nature. […] Une religion qui gêne la nature, qui attache du péché au désir et au plaisir, lui fait l’effet d’un monstrueux non-sens. […] Il l’embrassa surtout comme un moyen d’atteindre la religion et comme un moyen d’accroître le bien-être. […] Culte de la raison, haine de la religion, voilà le sens essentiel du Siècle de Louis XIV.
Son Traité de la vérité de la Religion Chrétienne lui donne un rang distingué parmi les défenseurs de la Religion, & son Livre de l’Art de se connoître soi-même, le place parmi les vrais Philosophes & les bons Littérateurs. […] Jacques Abadie n’est pas mort fou, comme l’a avancé Voltaire, qui avance tant de choses sans fondement, lorsqu’il s’agit de décrier les Hommes de génie que la Religion compte parmi ses défenseurs.
De là les religions primitives, solutions improvisées d’un problème qui exigeait de longs siècles de recherches, mais pour lequel il fallait sans délai une réponse. […] La science, en effet, ne valant qu’en tant qu’elle peut remplacer la religion, que devient-elle dans un pareil système ? […] Les religions de l’Orient disent à l’homme : « Souffre le mal. » La religion européenne se résume en ce mot : « Combats le mal. » Cette race est bien fille de Japet : elle est hardie contre Dieu. […] C’est l’œuvre des religions, direz-vous. Je vous l’accorde ; mais que sont les religions, sinon les plus belles créations de la nature humaine ?
La religion est un commerce établi entre Dieu et les hommes, par la grâce de Dieu aux hommes, et par le culte des hommes à Dieu. […] On n’attaque point la religion quand on n’a point intérêt de l’attaquer. […] Ceux mêmes qui ne sont pas assez heureux pour croire comme ils doivent, se soumettent à la religion établie : ils savent que ce qui s’appelle préjugé tient un grand rang dans le monde, et qu’il faut le respecter. […] Ici l’idée de religion s’agrandit ; elle n’est plus un simple sentiment décent, mais la plus haute des convenances humaines, la fin et le terme des devoirs. Malgré cette belle parole finale26, il nous est pourtant très sensible que la religion de Mme de Lambert est plutôt une forme élevée de l’esprit qu’une source intérieure et habituelle jaillissant du cœur, ou qu’une révélation positive.
On sait que, dans son Irréligion de l’avenir, Guyau considère la religion comme étant, par essence, un « phénomène sociologique », une extension à l’univers et à son principe des rapports sociaux qui relient les hommes, un effort, en un mot, pour concevoir le monde entier sous l’idée de société. […] Guyau attachait d’autant plus d’importance au caractère social et à l’influence sociale de fart qu’il considérait les religions comme destinées à s’affaiblir et à disparaître de plus en plus, d’abord dans les classes supérieures de la société, puis, par une contagion lente, dans les classes inférieures. Plus les religions dogmatiques deviennent insuffisantes à contenter notre besoin d’idéal, plus il est nécessaire que l’art les remplace en s’unissant à la philosophie, non pour lui emprunter des théorèmes, mais pour en recevoir des inspirations de sentiment. « La moralité humaine est à ce prix, et la félicité. » Aussi, selon Guyau, les grands poètes, les artistes redeviendront un jour les initiateurs des masses, les prêtres d’une religion sociale sans dogme. « C’est le propre du vrai poète que de se croire un peu prophète, et après tout, a-t-il tort ? […] Voir notre livre intitulé : La morale, l’art et la religion selon Guyau. […] la Morale, l’Art et la Religion selon Guyau.
Descartes est revenu établir une philosophie régulière et organique qui a marché assez bien de concert avec la religion de son temps. […] Cousin reprend, continue, restaure, en voulant l’accommoder dans une certaine stabilité à la religion encore dominante aujourd’hui. […] Or, en prétendant qu’une telle philosophie, construite d’ailleurs avec une admirable méthode et un air de rigueur qui séduit, doit marcher tout uniment de concert avec la religion comme le premier cartésianisme, on soutient une chose que la religion a bien de la peine à se persuader.
Il semble que nous soyons à l’heure où l’Art déserte les religions. […] C’est la religion et c’est l’art. […] La philosophie a pris à la religion chrétienne ses dogmes : l’art lui a pris ses rites. […] Cette religion, à laquelle l’avenir donnera un nom significatif, sera, au fond, le culte de l’humanité. […] Cette religion, tout l’annonce : les penchants mystiques des savants les plus sévères, même de ceux qui, comme M.
Ne faut-il pas une religion nominale parmi nous pour exercer l’activité belliqueuse des gens d’esprit ? […] Laissez la religion vous les fournir. […] A project for the advancement of religion and the reformation of manners. […] The sentiments of a church-of-England-man with respect to religion and government. […] Thoughts on religion.
Taine est né catholique, et que d’ailleurs nous étions autorisés à croire qu’il voyait d’inconciliables contradictions entre toute religion et les méthodes scientifiques. […] Je voudrais entre eux un lien social, peut-être une religion, pourvu toutefois qu’en fortifiant la société, elle n’étouffât point l’individu. […] Pour mon cœur, la religion a-t-elle encore des raisons que ma raison ne connaît pas ? […] Dans ce temps-là, j’écrivais : « La religion et la philosophie sont produites par des facultés qui s’excluent réciproquement, se déclarent impuissantes… Le système qui essayerait de les réconcilier et de les confondre ne sera jamais qu’un roman. » J’allais même plus loin, et je disais : « Affirmer qu’une doctrine est vraie parce qu’elle est utile ou belle, c’est la ranger parmi les machines du gouvernement, ou parmi les inventions de la poésie3. » Eh bien ! aujourd’hui, au terme de ma course, je prends la résolution de donner mon suprême témoignage à une religion, parce qu’elle donne satisfaction à ma conception poétique de la vie et parce qu’elle aide à refréner les tendances naturelles des hommes qui sont la brutalité et l’égoïsme.
Ils ont presque tous pour objet, des matieres de Religion ou d’Histoire ecclésiastique. […] Il eut plusieurs démêlés, & entre autres, avec le fameux Abbé de Rancé, qui condamnoit les études monastiques, & réduisoit les Moines à la simple connoissance de la Religion. […] Quand la science est animée par l’esprit de Religion, bien loin de nuire aux vertus du cloître, elle ne peut que les rendre plus éclairées, plus solides, & plus respectables : l’Abbé de la Trappe en étoit un exemple lui-même.
Si l’histoire de la religion y tient la plus grande place, c’est que, dans la pensée de l’auteur, la religion est tout à la fois le principe et la conclusion de l’histoire universelle. […] Toutes les plumes habiles de la religion réformée se préparèrent à y répondre. […] L’amour de Dieu sans actes, au sein du désespoir, était toute la religion des quiétistes honnêtes gens. […] C’était, en effet, leur prétention de ne rien dire comme les autres, et la religion eut aussi ses Précieuses. […] Il importait donc qu’il fût vaincu ; il l’importait pour l’esprit français comme pour la religion.
Aimons donc à le dire : dans la religion, dans la science, dans les arts, dans la vertu politique enfin, ce dernier but de la société civile, il reste encore, il se reproduira sans cesse un levain précieux d’enthousiasme. […] Ainsi, sur cette vieille terre d’Europe si remuée et si travaillée, dans cette minière où sont usés tant de bras, un mouvement irrésistible, amené de loin et vainement attardé, fraye une voie nouvelle au triomphe de la religion et des arts. […] Et puis, à cette race fière de sa force, ne pouvant presque supporter d’autre joug que le péril et le travail, un frein salutaire est apporté par la religion, par l’ardeur de la foi et la discipline du culte. […] Sera-t-elle le cri libérateur de quelque partie de ce grand peuple, se séparant du reste au nom de quelque impérieux devoir de religion et de justice ? […] Religion, liberté, patriotisme, culte des lois, amour des arts, où que vous soyez, il peut toujours, quand vous êtes, s’élever un poëte lyrique !
. — Séparation du roi et de Madame de Montespan sous prétexte de religion. — Premier symptôme de lassitude. — Mort de la duchesse de Montausier. — Rapport singulier entre madame de Maintenon et elle. — La duchesse de Richelieu nommée dame d’honneur. […] Bossuet a repris la parole et a parlé avec tant de force, a fait venir si à propos la gloire et la religion que le roi, à qui il ne faut que dire la vérité, s’est levé fort ému et serrant la main au duc, lui a dit : Je vous promets de ne plus la revoir. […] Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible. […] Cependant madame de Caylus dit, au sujet de la première espérance de conversion que donna le roi, que madame de Montausier avait aussi contribué à son retour vers la religion et les mœurs.
Se donner un directeur, était, pour les femmes du monde de la capitale, un usage, une mode ; pour madame Scarron, c’était quelque chose de plus, du moment qu’elle devait avoir des relations avec la cour, c’était une convenance de signaler son esprit de religion par le choix d’un directeur. […] Se montrer pieuse et attachée à ses devoirs de religion n’était point un calcul d’ambition, la une hypocrisie. […] La religion seule donnait le moyen de se défendre sans déplaire, de refuser sans offense, de rester inflexible sans paraître indifférente. La religion offrait un secours que honneur ne pouvait donner. […] Elle se faisait ordonner, au nom de la religion, de demeurer à la cour, ou d’annoncer qu’elle avait intention de la quitter, suivant qu’elle avait à se plaindre ou à se louer du roi ou de madame de Montespan.
L’auteur de Césara 25, le prêtre de l’Église Hugo, est aussi, par la même occurrence, l’apôtre de cette autre Église humanitaire qui flambe neuf et va remplacer incessamment la vieille religion divine qui avait suffi jusque-là aux plus forts et aux plus nobles esprits, mais qui ne suffit plus maintenant, même aux plus imbéciles… Or, c’est dans les intérêts de cette religion humanitaire que l’auteur de Fanfan la Tulipe, laissant là les amusettes du théâtre où il s’est oublié si longtemps, s’est mis à écrire cette grande pancarte, qui aura plusieurs cartons, et qu’il appelle Les Chevaliers de l’Esprit, titre un peu vague. […] II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu ! […] Tous les révolutionnaires de ce temps qui, comme l’auteur de Césara, ont déclaré une guerre implacable à cette religion du passé qui s’appelle le Christianisme, ne savent pas, ne sentent pas qu’ils sont plus chrétiens qu’ils ne pensent. […] Il n’y a qu’avec des débris d’idées chrétiennes qu’on peut attaquer la religion chrétienne.
Il a fait un Ouvrage sur la tolérance des Religions, où la politique & la Religion ne sont point du tout d’accord. […] En Hollande, en Angleterre, en Prusse, les Religions tolérées sont dans un abaissement & dans une servitude qui ne differe pas beaucoup de l’oppression.
Quiconque voudra éprouver les impressions touchantes qui résultent de l’heureux accord de la Religion & de l’humanité, des talens & des vertus, n’a qu’à lire les Ouvrages de ce saint Prélat. […] Qu’on les lise, à l’exemple de l’illustre Archevêque de Cambrai, pour acquérir cet amour de la vertu, inséparable de celui de la Religion, ce naturel, ce ton de candeur, cet air de sérénité, si rares dans tous les Ecrits, & destinés cependant à en être le plus doux charme. […] Les noms des Spinosa, des Collins, des Tindal, des Bayle, &c. ne seront plus qu’un objet d’indignation, tandis que celui de l’Evêque de Geneve, indépendamment des hommages de la Religion, sera consacré par l’estime & les éloges de la Postérité.
Le premier fut leur respect pour la religion : chez les Gentils, toute société fut fondée par les fables sur la religion. […] Un dernier motif, assez puissant à lui seul, c’est la facilité que trouvaient les philosophes à consacrer leurs opinions par l’autorité de la sagesse poétique et par la sanction de la religion. […] La sagesse commença chez les Gentils par la muse, définie par Homère dans un passage très remarquable de l’Odyssée, la science du bien et du mal ; cette science fut ensuite appelée divination, et c’est sur la défense de cette divination, de cette science du bien et du mal refusée à l’homme par la nature, que Dieu fonda la religion des Hébreux, d’où est sortie la nôtre.
Quand le mariage d’Élisabeth-Charlotte se négociait, elle était de la religion réformée, et il s’agissait de la convertir17. […] Un des orateurs qui ont célébré Madame à l’époque de sa mort, son aumônier (l’abbé de Saint-Géry de Magnas), a dit à ce sujet : Demandée en mariage pour Monsieur par Louis XIV, la condition principale fut qu’elle embrasserait la religion catholique. […] Elle fit abjuration à Metz… Madame, en effet, fut sincère dans sa conversion : pourtant elle y porta quelque chose de sa liberté d’esprit et de son indépendance d’humeur : « Lors de mon arrivée en France, dit-elle, on m’a fait tenir des conférences sur la religion avec trois évêques. Ils différaient tous trois dans leurs croyances ; je pris la quintessence de leurs opinions et m’en formai ma religion. » Dans cette religion catholique ainsi définie en gros, qu’elle crut et qu’elle pratiqua en toute bonne foi, il restait des traces et bien des habitudes de son premier culte. […] Elle aurait volontiers emprunté de l’illustre philosophe son idée d’un rapprochement et d’une fusion, d’une réconciliation entre les principales communions chrétiennes ; elle traduisait cela un peu brusquement à sa manière lorsqu’elle disait : « Si l’on suivait mon avis, tous les souverains donneraient ordre que parmi tous les chrétiens, sans distinction de religion, on eût à s’abstenir d’expressions injurieuses, et que chacun croirait et pratiquerait selon sa volonté… » Au milieu de cette cour de Louis XIV, qui allait être si unanime sur la révocation de l’édit de Nantes, elle apportait et elle conserva d’inviolables idées de tolérance : « C’est ne se montrer nullement, chrétien, disait-elle, que de tourmenter les gens pour des motifs de religion, et je trouve cela affreux ; mais lorsqu’on examine la chose au fond, on trouve que la religion n’est là que comme un prétexte ; tout se fait par politique et par intérêt.
Deux familles avaient échappé : elles fondent un nouveau peuple dont la prospérité sera assise sur les vertus domestiques et militaires, et sur la religion. Ce mot de religion ne doit pas nous tromper sur la pensée de Montesquieu. […] Le principe intérieur de la religion lui échappe, comme au reste le principe de l’art et de la poésie. […] Pour ne parler que de la religion, la Cité antique a fait éclater l’insuffisance de l’œuvre de Montesquieu. […] Enfin, et surtout, la religion — toutes les religions — apparaissait manifestement dans son système comme un rouage politique, créé ou manié comme tous les autres par le législateur.
Telle qu’il la concevait dès le temps même de l’Essai sur l’Indifférence, la religion était pour lui, la religion des humbles. […] Sa religion devenait celle de la souffrance humaine. […] et de fonder la morale sur la religion, ou de donner la religion pour sanction à la morale, pourquoi veut-il que cela mène inévitablement à la théocratie ? […] À moins encore que, sous le nom de religion, M. […] Mais qui ne voit qu’en bon français, la religion, c’est « les religions », et la philosophie, c’est « les philosophies » ?
Quand le portrait énergique qu’il y trace des prétendus Philosophes de nos jours, & la sublime Prosopopée où il représente le Dauphin s’adressant à la Religion, ne justifieroient pas notre jugement, les persécutions qu’il a essuyées en entrant dans la carriere de la part des ennemis que lui a suscités la jalousie, ces persécutions suffiroient pour prouver sa supériorité ; & véritablement peu d’hommes ont débuté avec plus d’éclat dans l’art de l’Eloquence, & y ont acquis, plus jeunes, des titres à l’admiration. […] On peut en juger par le morceau où il croit entendre l’héritier du Trône s’adresser à la Religion, & lui dire, dans une tendre effusion de son ame : « Divine Religion, viens, unissons-nous ensemble pour concourir un jour au bonheur de l’Empire auquel m’appelle ma naissance.
Il est vrai que la manière de procéder de Charron peut présenter d’abord l’idée de Scepticisme aux esprits superficiels ou intéressés ; mais il est aisé de prouver qu’il n’a jamais douté de la Religion qu’il professoit ; qu’au contraire son intention a toujours été de la défendre. […] La premiere de ces Vérités est, qu’il n’y a qu’un Dieu & qu’une vraie Religion ; la seconde, que de toutes les Religions, la Chrétienne est la seule qui soit divine ; la troisieme, que de toutes les Communions du Christianisme, il n’y a que la Catholique Romaine qui soit la véritable Eglise.
Un esprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & souvent élégant, sont les principaux traits qui dominent dans ses Ouvrages, dont la plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules. […] M. l’Archevêque de Vienne a porté de nouveaux coups aux prétendus Sages de nos jours, dans un Ouvrage qui a pour titre, la Religion vengée de l’Incrédulité par l’Incrédulité elle-même, auquel on ne peut opposer que des réponses futiles ou de mauvaise foi. On doit encore à ce Prélat, dont les mœurs n’ont jamais démenti les Ecrits, l’Avertissement adressé, par l’Assemblée générale du Clergé de France, tenue en 1775, aux Fideles de ce Royaume, « sur les avantages de la Religion & les effets pernicieux de l’Incrédulité » ; Ouvrage plein d’éloquence, & de cette raison qui éclaire & persuade les esprits les moins disposés à goûter la vérité.
Les déclamations de la Philosophie contre les Prêtres & contre la Religion sont plus fréquentes, sans être ni moins aigres, ni moins absurdes. A l’entendre, la Religion n’est qu’un masque dont se couvre l’hypocrite pour tromper plus adroitement ceux dont la crédulité peut leur être utile Le Militaire Philos. pag. 84. […] Elle prétend avoir démontré que les devoirs que la Religion impose, ne procurent aucun avantage à la Société, & ne sont utiles qu’aux Prêtres Recueil philos. probl. […] Combien de fois ne reviennent-ils pas à la charge & sur la Religion, & sur l’Eglise, & sur les Papes, & sur les Princes, & sur les Ministres, & sur les Grands Hommes dont la réputation les blesse, & sur leurs ennemis, & même sur ceux qui ne se sont pas déclarés leurs amis ? […] Ces Lettres sont l’Ouvrage d’un Abbé presque octogénaire, qui me dit beaucoup d’injures, quoiqu’il se pique de Religion & d’honnêteté ; mais ces injures n’ont fait de tort qu’à lui seul, & je les lui aurois pardonnées, quand même il eût su les assaisonner d’un peu d’esprit.
La Religion du Progrès par la science La faculté, de mécontentement. […] Il faut reconnaître en effet que le besoin d’assurer à la vie humaine une survie a trouvé dans les religions les plus primitives et les plus grossières un assouvissement plus immédiat et plus sûr que dans les religions les dernières venues. La certitude du chrétien semble beaucoup moins forte que celle du sauvage et du primitif, si l’on prend pour mesure le fanatisme et les pratiques que ces religions différentes inspirent à leurs fidèles. […] Ce siècle a comme les autres une religion qui le domine : c’est la religion du progrès par la science. Or toute religion implique comme excitant la croyance au bonheur et cette religion du progrès, plus qu’aucune autre, comporte ce mirage.
Il n’entre pas dans mon sujet d’examiner quelles étaient les pensées intimes de Tocqueville sur la religion. […] Il n’avait pas atteint cette sphère où la religion ne nous laisse plus rien qui ne prenne sa forme et son ardeur. […] C’était donc principalement dans ses rapports avec la politique qu’il considérait la religion : non qu’il fût de ces publicistes, comme Machiavel et Hobbes, pour qui la religion n’est qu’un instrument de gouvernement. […] Il voyait bien qu’en fait la religion est souvent d’un côté, et la liberté d’un autre. […] Si Tocqueville a exagéré une pensée qui lui était chère, il faut reconnaître en même temps qu’il avait le sentiment le plus juste, lorsqu’il demandait à la religion et à l’Église de s’unir à la liberté au lieu de la combattre, et à la liberté de respecter la religion et l’Église au nom de ses principes mêmes ; mais il est plus facile de réconcilier les idées que les intérêts et les passions.
De là l’existence de Dieu attaquée par des sophismes, & les Athées confondus par des argumens invincibles : la Religion Chrétienne combattue par des objections captieuses, & célébrée par les plus sublimes éloges. […] En Religion, comme en Morale, tout est établi & calculé par une Providence sage, tandis que tout devient incertain & arbitraire dès que l’esprit n’a plus de frein. […] Quelle idée avantageuse peut-on s’en former, quels fruits peut-on s’en promettre pour la culture de l’esprit & la perfection des mœurs, quand on voit les vrais principes attaqués, les regles méconnues, les bienséances violées, l’anarchie & la confusion établies sur les débris du goût & de la raison ; quand la Religion, la morale, les devoirs, la vertu, deviennent la proie d’une Philosophie extravagante qui outrage l’une, corrompt l’autre, prononce sur ceux-ci, & défigure celle-là au gré de ses caprices ou de ses intérêts ? […] Pascal étoit misanthrope comme lui ; mais guidé par la Religion, ses pensées ont le mérite de la profondeur & de la sublimité, joint à celui de la raison. […] Ce Traité d’éducation, le plus chimérique qu’un homme ait pu concevoir, est un assemblage continuel de sublime & de sublimités, de raison & d’extravagance, d’esprit & de puérilité, de Religion & d’impiété, de philanthropie & de causticité.
. — La religion. — Quelles forces ont produit la civilisation présente et élaborent la civilisation future. […] Lui-même, il s’enfonce dans cette religion, et par-dessous l’établissement officiel, atteint les croyances personnelles. […] Il a retranché de la religion toutes les portions qui ne sont point cette épuration même, et l’a fortifiée en la réduisant. […] Tout travaille en ce sens dans la religion et jusqu’à la partie mystique. […] Quoique Français et né dans une religion différente, je les écoutais avec une admiration et une émotion sincères.
Les seules preuves sont dans la religion. […] Il rejette le secours que la philosophie de Descartes est venue apporter à la religion naturelle. Il ne veut pas d’une religion que la raison pourrait regarder comme son œuvre, et il en qualifie le système de roman de la nature. […] Il est, à son insu, de la religion de tous ceux qu’il aime. […] La religion paya pour les ennuis que donnait la théologie, et dans la réaction qui éclata contre les actes de Louis XIV mort, on ne sut pas lui en vouloir de ses excès de zèle religieux, sans en vouloir à la religion au nom de laquelle il les avait commis.
Il sembloit que la religion allât être renversée. […] Ces cérémonies tiennent-elles essentiellement à la religion ? […] La religion de la Chine & la religion chrétienne se ressemblent à bien des égards, ne fut-ce que dans l’adoration du même être ». […] On lui contesta sa probité, sa religion, jusques à son génie poëtique. […] En quittant son habit de religieux, il ne changea pas de religion.
La religion dynamique qui surgit ainsi s’oppose à la religion statique, issue de la fonction fabulatrice, comme la société ouverte à la société close. […] Quand on fait la critique ou l’apologie de la religion, tiento-n toujours compte de ce que la religion a de spécifiquement religieux ? […] Nous la retrouvons quand nous passons de la religion à la morale. […] Le présent travail avait pour objet de rechercher les origines de la morale et de la religion. […] Ce fut un emprunt à la « religion statique » des anciens, qu’on démarqua et qu’on laissa à sa forme statique sous l’étiquette nouvelle que la religion dynamique fournissait.
Le culte de la Vierge est presque toute la religion de beaucoup de catholiques. […] comme il va nous parler de la religion, ma chère ! […] Mais il contribua fort à rendre la religion littérairement sympathique. […] je n’ai jamais aimé quand j’offensais ma religion. […] Changer de religion, ce serait se démentir soi-même, et démentir les aïeux qui vous ont légué la religion où vous avez été élevé.
La religion. — Les apparences visibles. — Le sentiment profond. — Comment la religion est populaire. — Comment elle est vivante. — Les ariens. — Les méthodistes. […] Ainsi entendue, la religion est une révolution morale ; ainsi simplifiée, la religion n’est qu’une révolution morale. […] Leur piété fait leurs disputes ; c’est parce qu’ils veulent croire qu’ils diffèrent de croyance ; les seuls hommes sans religion sont ceux qui ne s’occupent pas de religion. […] Voilà les âmes timorées et passionnées qui fournissent matière à la religion et à l’enthousiasme. […] Ils ont assis leur gouvernement, ils se sont confirmés dans leur religion.
Necker qui ait répandu quelque tendresse sur les sentiments tirés de la religion. […] Cette religion si calomniée (et à qui nous devons toutefois jusqu’à l’art qui nous nourrit), cette religion arracha nos pères aux ténèbres de la barbarie. […] La religion perd ses plus généreux athlètes, mais elle triomphe. […] M. de Bonald s’élève aussi contre ces esprits timides, qui, par respect pour la religion, laisseraient volontiers la religion périr. […] mot digne des anges, et qui est comme l’abrégé de la religion chrétienne.
Loin de paraître toujours trop catholique, il y a des instants où elle a l’air de pencher à la religion réformée et de vouloir trop accorder à ce parti, et cela avec plus de sincérité peut-être qu’il ne lui appartient. […] Il y avait dans le royaume, sans compter les libertins et les athées qui n’étaient pas en petit nombre, trois sortes d’esprits… Et il considère ces trois sortes d’esprits, les uns acharnés à la destruction de la religion romaine, les autres à sa défense, et « quelques-uns, tenant le milieu, qui n’eussent pas voulu la détruire, mais seulement y réformer certains abus ». […] Mézeray, en favorisant cette demi-réforme, ne croit pas innover ; en religion comme en politique, il paraît croire qu’il suffit de revenir à une époque antérieure où régnait une sorte de constitution religieuse, monarchique et suffisamment populaire ; on l’eût embarrassé sans doute en le pressant de définir cette période idéale de notre histoire ou les abus avaient cessé moyennant la Pragmatique et la tenue régulière des États généraux. […] On voit très naïvement chez Mézeray comment la population parisienne et des environs demeure, malgré tout, aussi hostile à ceux de la religion réformée que la Cour, à ce quart d’heure, paraît leur être favorable. […] Ses propos libres en toutes choses, et même en matière de religion, n’avaient rien pourtant qui sentît à l’avance le xviiie siècle : c’est toujours en arrière et à l’esprit des âges gaulois qu’il faut se reporter pour le bien juger.
Je note dans Émile quantités de pensées délicates et pures sur les femmes : « La femme qui vous aime n’est qu’une femme ; celle que nous aimons est un être céleste dont tous les défauts se cachent sous le prisme à travers lequel il vous apparaît. » Ou encore : « Une femme dont on est aimé est une vanité ; une femme que l’on aime est une religion : vous serez tout pour moi, existence, vanité, religion, bonheur, tout. » « Les femmes, qui sont si habiles en dissimulation, feignent plus adroitement que nous un sentiment qu’elles n’éprouvent pas ; mais elles cachent moins bien que les hommes une affection sincère et passionnée, parce qu’elles s’y adonnent davantage. » Sur le bienfait, qui produit des effets si différents selon la terre qui le reçoit, selon les cœurs sur lesquels il tombe : « Toutes les fois que le bienfait ne pénètre et ne touche pas le cœur, il blesse et irrite la vanité. » Sur le désabusement qui vient si tôt, qui devance les saisons, et qui n’est pas même en rapport avec la durée naturelle de la vie : « Il y a un certain âge dans la vie où l’exaltation n’est plus possible ; la sensibilité peut être assez profonde pour assister au spectacle de tant de maux et de tant de douleurs sans être entièrement usée, mais l’exaltation n’a jamais résisté à l’expérience du cœur humain. […] L’estime est la plus forte de toutes les sympathies. » La religion n’est pas absente dans Émile ; sans parler de l’abbé de La Tour qui la représente dignement par la plus pure morale, le nom de Dieu y revient souvent et y est invoqué par la bouche d’Émile : « Il est impossible à l’homme qui médite souvent sur lui-même de ne pas remonter à la cause qui l’a fait naître ; toutes les grandes pensées aboutissent à Dieu… « Dieu existe ! Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu ! […] La fortune est la religion du jour, l’égoïsme l’esprit du siècle. […] « Moins qu’à tout autre, je le sais, il m’appartient, en cette douloureuse circonstance, de prononcer ici les noms de la Religion et de la Raison ; aussi leur langage élevé n’est-il pas celui que je viens faire entendre, mais l’humble langage qui me convient… » Et il donnait quelques conseils pratiques, des conseils qui s’adressaient particulièrement aux témoins, seuls juges du cas d’inévitable extrémité auquel il fallait réduire de plus en plus cette odieuse pratique, débris persistant d’une autre époque.
Là où d’Aguesseau me paraît supérieur et presque original par la combinaison et la mesure qu’il y apporte, c’est dans les considérations philosophiques dont il ne sépare jamais la morale et la religion. […] faut-il se servir de la religion pour attaquer des idées qui en sont au moins le préliminaire ? Car, suivant lui, « la religion n’est autre chose, dans ses préceptes moraux, que la perfection de la raison » et les coups téméraires qu’on porte à l’une retombent sur l’autre. […] Il honore en tout sujet, il accepte et croit la religion, sans même songer à en discuter le fond, et, d’autre part, il venge et maintient la métaphysique et le droit de recherche spéculative dans de justes bornes. […] On le voyait rougir et se taire dans le même moment, la partie supérieure de son âme laissant passer ce premier feu sans rien dire, pour rétablir aussitôt le calme et la tranquillité dans la partie sensible, qu’une longue habitude rendait toujours également docile aux lois de la raison et de la religion.
Dans la religion, dans la guerre, dans la finance et dans les lois, il suivit les sentiers tracés. […] On connaît de lui ce mot employé dans une de nos plus belles tragédies : « Ta religion t’a ordonné de m’assassiner ; la mienne m’ordonne de te pardonner et de te plaindre. » Ce mot, dont on se souvient, est fort au-dessus d’une oraison funèbre qu’on oublie. […] Ils auraient pu, dans des siècles surtout où la religion avait tant d’autorité, faire de ces discours la consolation des peuples et la leçon des grands ; mais sans doute il faut que chez les hommes tout soit petit, corrompu et faible. […] La mort d’une femme et d’une reine sur l’échafaud, tant de beauté jointe à tant d’infortune, la pitié si naturelle pour le malheur, l’attachement des Français pour une princesse élevée parmi eux, et qui avait été l’épouse d’un de leurs rois ; l’intérêt qu’on prend peut-être malgré soi à des malheurs causés par l’amour ; le nom même de la religion, car elle fut mêlée à ce grand événement ; et l’Europe, agitée alors de fanatisme, regardait presque la querelle de deux reines rivales, comme la querelle des catholiques contre les protestants : tout contribua au grand succès de cet éloge funèbre. […] Dans tous ces éloges on eut bien l’audace de peindre le duc de Guise comme l’appui, le héros et le martyr de la religion, lui pour qui l’église n’avait été qu’un prétexte de déchirer l’État ; lui, qui n’était catholique que pour être factieux ; lui, dont toute la religion était l’envie d’usurper le trône, et qui s’armait du fanatisme pour marcher à la révolte.
Sa religion mérite bien qu’on en dise un mot. […] Cette religion évangélique purement morale, dans laquelle le prêtre n’est plus qu’un officier de bonnes mœurs et un agent de bienfaisance ; où l’on espère passionnément en l’autre vie, même quand on n’en est pas très sûr, mais parce que c’est une croyance utile et salutaire ; où le curé en cheveux blancs, qui ne sait que donner et pardonner, ressemble à un bon père de famille souriant selon la maxime que « l’air gracieux et serein doit être la parure de l’homme vertueux » ; cette religion du curé de Mélanie et à la Boissy-d’Anglas, religion de tolérance, de doute autant que de foi, et où l’arbitre du dogme ne trouve à dire à son contradicteur dans la dispute que cette parole calmante : « Je ne suis pas encore de votre avis », comme s’il ne désespérait pas de pouvoir changer d’avis un jour ; ce théisme doucement rationalisé et sensibilisé, à ravir un Bernardin de Saint-Pierre et à attendrir un Marmontel, n’est pas du tout la religion de Fénelon, comme on l’a souvent appelé, mais c’est bien la religion de l’abbé de Saint-Pierre.
Cette religion tire à conséquence. […] La religion, en France, était entourée d’un grand respect. […] La religion de la grâce. […] La religion de la grâce n’est pas une religion particulière, c’est la religion même ; et les autres religions n’en diffèrent qu’en ce qu’elles ne sont pas des religions. À l’exception de la vraie, toutes les religions n’ont été que des combinaisons pour éluder la religion.
Mais pourtant, il y a bien autre chose que la poésie des recueils dans Lucrèce, il y a de l’intérêt dramatique, de la suite, de l’unité, et, comme dit Ballanche, la sainte religion de la matrone romaine et l’inviolabilité du foyer domestique : n’est-ce donc là rien, n’est-ce pas nouveau ? […] Le fait essentiel de la religion en France depuis une douzaine d’années, c’est l’abolition évidente et complète du gallicanisme : cette grande religion vraiment française n’est plus. […] Il n’y a plus là ombre de la vieille et saine religion gallicane et de cette modération qui marquait ses mœurs comme ses idées.
Voilà la tragédie qui s’est agitée dans toutes les âmes protestantes ; c’est la tragédie éternelle de la conscience, et le dénoûment est une nouvelle religion. […] Un point manque encore pour achever cette religion virile, le raisonnement humain. […] Avec Latimer et ses contemporains, la prédication comme la religion change d’objet et de caractère ; comme la religion, elle devient populaire et morale, et s’approprie à ceux qui l’écoutent pour les rappeler à leurs devoirs. […] La cour a sa religion comme la campagne, religion sincère et qui gagne ; parmi les poésies païennes qui jusqu’à la Révolution occupent toujours la scène du monde, insensiblement on voit percer et monter le grave et grand sentiment qui a plongé ses racines jusqu’au fond de l’esprit public. […] La Chambre emploie un jour entier par semaine à délibérer sur l’avancement de la religion.
L’allégorie morale, comme celle des Prières dans Homère, est belle en tout temps, en tout pays, en toute religion : le christianisme ne l’a pas bannie. […] Quant à ces dieux vagues que les anciens plaçaient dans les bois déserts et sur les sites agrestes, ils étaient d’un bel effet sans doute ; mais ils ne tenaient plus au système mythologique : l’esprit humain retombait ici dans la religion naturelle. […] Mais, comme les nations infidèles ont toujours mêlé leur fausse religion (et par conséquent leur mauvais goût) à leurs ouvrages, ce n’est que sous le christianisme qu’on a su peindre la nature dans sa vérité.
Notre religion à nous, c’est notre histoire : c’est pour nous que tant de spectacles tragiques ont été donnés au monde : nous sommes parties dans les scènes que le pinceau nous étale, et les accords les plus moraux et les plus touchants se reproduisent dans les sujets chrétiens. Soyez à jamais glorifiée, religion de Jésus-Christ, vous qui aviez représenté au Louvre le Roi des rois crucifié, le jugement dernier au plafond de la salle de nos juges, une résurrection à l’hôpital général, et la naissance du Sauveur, à la maison de ces orphelins délaissés de leurs pères et de leurs mères ! […] C’est aussi la religion qui nous a donné les Claude le Lorrain, comme elle nous a fourni les Delille et les Saint-Lambert135.
Le titre complet de l’ouvrage, et qui en exprime l’idée, est celui-ci : Discours sur l’Histoire universelle à Monseigneur le Dauphin, pour expliquer la suite de la Religion et les changements des Empires. […] La seconde partie du livre est entièrement consacrée à reprendre et à interpréter les faits « qui nous font entendre la durée perpétuelle de la Religion » ; la suite du peuple de Dieu, avec l’accomplissement des prophéties démontré : c’est le gros du livre, une interprétation purement religieuse de l’histoire. […] Celle-ci étant réservée pour la fin, on aura donc, avant tout, la suite du peuple de Dieu et de la religion, le peuple juif à tous les moments de son existence, tant qu’il fut le peuple choisi et préféré entre tous, et depuis même qu’il est le peuple rejeté et réprouvé ; la vocation divine longtemps fixée et circonscrite en lui, puis étendue plus tard et transférée à l’immensité des Gentils. […] Jésus-Christ attendu ou donné, voilà le tronc de l’arbre ; la religion toujours uniforme ou plutôt identique dès le commencement ; toujours le même Dieu. L’idée que la religion nous donne de son objet, c’est-à-dire du premier être, est le principe d’où le reste va découler : le Dieu des Hébreux et des Chrétiens n’a rien de commun avec les autres idées imparfaites et insuffisantes, quand elles ne sont pas monstrueuses, que le reste du monde s’était faites de la divinité.
. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure Premiers disciples. […] Le panthéisme, d’un autre côté, en supprimant la personnalité divine, est aussi loin qu’il se peut du Dieu vivant des religions anciennes. […] Pour la théologie juive, le « royaume de Dieu » n’est le plus souvent que le judaïsme lui-même, la vraie religion, le culte monothéiste, la piété 221. […] Jamais on n’a été moins prêtre que ne le fut Jésus, jamais plus ennemi des formes qui étouffent la religion sous prétexte de la protéger. Par là, nous sommes tous ses disciples et ses continuateurs ; par là, il a posé une pierre éternelle, fondement de la vraie religion, et, si la religion est la chose essentielle de l’humanité, par là il a mérité le rang divin qu’on lui a décerné.
Les fausses religions elles-mêmes révèlent et prouvent les principes de la vraie religion : toutes les fois, par exemple, que, dans le polythéisme, un homme a rencontré le sentiment de l’amour, il a rencontré le christianisme, et il a été ce que Tertullien appelait une âme naturellement chrétienne. […] Le platonisme fut, sous quelques rapports, une heureuse préparation à la religion de Jésus-Christ. […] Qu’on y réfléchisse, et l’on verra que ce qui conserve les religions fausses, ou les propage, avant comme après la venue de Jésus-Christ, c’est ce qu’elles renferment de chrétien. […] Les religions fausses n’existent, sans doute, que par une force de tradition qui les lie aux révélations vraies ; et elles sont, en quelque sorte, une émanation même de ces révélations. […] Son roi appartient à la plus ancienne race royale qui existe, une race dont l’origine se confond avec le berceau même de la religion de l’Europe, qui est en même temps le berceau de notre monarchie.
Tous les autres, et il faut dire aussi lui-même, ont abandonné cette entreprise, et tournent ailleurs leurs pensées et sont tout autre chose que des restaurateurs ou des fondateurs de religion. […] Toute philosophie idéaliste est une ivresse lourde ou un manège suspect ; toute religion mérite des qualifications beaucoup plus dures. La philosophie allemande moderne est le comble de l’absurdité ; les religions chrétiennes sont abominables aux esprits justes et aux amis de l’humanité. […] S’il déteste les religions et les philosophies spiritualistes, il se défie presque autant de la raison sous ses différentes formes et ses divers aspects. […] Mais il y avait, du reste, assez d’esprits religieux en France pour que Proudhon, en attaquant les religions, pût déplaire à beaucoup de monde, et cela a dû lui suffire.
Vous supposez un contrat révocable à chaque respiration de l’individu ; nous voyons, nous, dans la société, une religion politique qui ennoblit à la fois le commandement et l’obéissance. […] Quand nous traiterons de la philosophie (ce que nous ferons l’année prochaine), nous reviendrons sur ce bel exorde de religion dite naturelle. […] À trente-six ans elle prit la plume et elle écrivit ses pensées sur le sujet qui occupait le plus sa vie, la religion. […] Sayous son biographe, l’objet de son livre intitulé la Religion essentielle à tous les hommes, livre dont Voltaire eut connaissance et dont il parle avec estime, livre qui fut communiqué à J. […] Les deux livres eurent les mêmes ennemis ; car les schismes en religion n’ont pas seulement besoin de croire, ils ont besoin de combattre ; les pacificateurs sont les premiers persécutés en religion comme en politique.
Quiconque rejette les notions sublimes que la religion nous donne de la nature et de son auteur, se prive volontairement d’un moyen fécond d’images et de pensées. […] Ainsi la religion semble conduire à l’explication des faits les plus incompréhensibles de l’histoire. […] Sans religion on peut avoir de l’esprit ; mais il est difficile d’avoir du génie.
Dans les querelles des Jésuites et des Jansénistes, de Bossuet et de Fénelon, le vrai vaincu est la religion. […] Ils contribuent aussi à la décadence de l’Église et au péril de la religion, en mettant leurs cadets frivoles, ignorants, sans zèle et souvent sans foi, dans les évêchés et les archevêchés, à la place des solides docteurs que la bourgeoisie fournissait à Louis XIV. […] Ces premières affirmations seront de vagues extraits du substantiel naturalisme de la Renaissance, des résidus équivoques de toutes les philosophies et de toutes les religions du passé, ou des négations arbitraires de l’opinion traditionnelle et populaire : ainsi cette maxime que « l’homme est bon » ; on peut y voir un vestige du naturalisme de Rabelais et de Molière, et en même temps une hostile contradiction du dogme de la chute. […] Ce manque de prévoyance explique la vigueur avec laquelle on bat en brèche tout l’ancien régime, spirituel et temporel : on met en doute les principes de la religion et de la société, la révélation et le privilège. […] La science s’est substituée à la religion, pour expliquer à l’homme ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ce qu’il doit être.
Toutes ces circonstances de la vie de M. de Bonald sont racontées avec simplicité, et avec un sentiment très vif de religion domestique, dans une Notice écrite par l’un de ses fils, M. […] Cette unique constitution de société politique est la constitution royale pure ; cette unique constitution de société religieuse est la religion catholique : hors de là, point de salut, même ici-bas, et nulle stabilité. […] Pour prouver la religion des premières familles et le sacerdoce des premiers patriarches, qu’avait-il besoin de passer par des espèces d’équations et de proportions où il fait entrer ses termes favoris, cause, moyen, effet, qui répondent ici à père, mère, enfant, et tout ce qui s’ensuit ? […] Ce système, que je ne puis qu’indiquer brièvement, est celui-ci : M. de Bonald, homme de foi, d’une religion profonde, orthodoxe, et qui chez lui n’a jamais été ébranlée, croit fermement à la parole des Livres saints et à la création de l’homme telle qu’elle est consignée dans le récit de Moïse. […] Il croit donc en définitive au triomphe de la religion chrétienne catholique sur toutes les religions, et de la constitution monarchique pure sur tous les gouvernements, comme il croit à une vérité géométrique, comme il est « convaincu de l’égalité des diamètres d’un même cercle » : c’est la comparaison qu’il emploie quelque part.
Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal. […] Est-ce faute d’avoir connu les objections contre la religion, que tant de grands hommes ont été religieux ? […] que Pascal voulait défendre la religion ; que La Bruyère faisait son chapitre des Esprits forts, et Massillon son sermon de la Vérité d’un avenir ; que Bossuet, enfin, lançait ces paroles foudroyantes sur les athées ? […] Quel frein adorable que cette religion qui, sans nous empêcher de jeter de vastes regards autour de nous, nous empêche de nous précipiter dans le gouffre !
Les combats de gladiateurs ne cesserent à Rome qu’après que la religion chrétienne y fut devenuë la religion dominante, et que Constantin Le Grand les eut défendus par une loi expresse. […] On peut dire la même chose d’autres nations très-polies et qui font profession de la religion ennemie de l’effusion du sang humain. […] L’attrait de l’émotion fait oublier les premiers principes de l’humanité aux nations les plus débonnaires, et il cache aux plus chrétiennes les maximes les plus évidentes de leur religion.
La tolérance religieuse consisterait à dire que toutes les religions sont bonnes. […] Sée est de religion juive ; et en général, messieurs, une fraction exaltée et intolérante en voulait fort (car nous en sommes là) à cette promotion de professeurs faite en décembre 1866. […] Axenfeld, d’Odessa, professeur de pathologie interne ou médicale, est de la religion grecque ; M. […] C’est une maxime gouvernementale. — Oui, mais dans des matières aussi indépendantes et aussi distinctes de la religion, l’enseignement, s’il ne doit pas être irréligieux, ne doit pas être religieux non plus (ce qui n’aurait aucun sens) : il doit être strictement scientifique. […] Joubert, a dit une belle parole : « Les vieilles religions ressemblent à ces vieux vins généreux qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête. » Combien je voudrais que cette parole se vérifiât parmi nous !
L’inattendu des situations, le contraste des mœurs, le pathétique de l’amour, l’éloquence de la passion et de la religion en lutte dans le drame lui valurent un de ces succès qui se prolongent à travers tout un siècle. […] Il eût été mille fois plus beau de représenter ce grand caractère du martyr inspiré, persécuté et triomphant que de représenter dans Mahomet un incrédule de sa propre religion qui se moque de Dieu et des hommes. […] Il expira enfin dans cette temporisation intérieure et dans cette négociation apparente avec les ministres de la religion, mais il expira en réalité dans son théisme, le 30 mai 1778, à onze heures du soir. […] L’influence de Voltaire reprit son ascendant sous le Directoire jusqu’au consulat de Bonaparte, qui restaura une religion d’État comme base de sa monarchie future et comme piédestal sacré de son trône. […] Le gouvernement du second empire, par sa campagne de Rome en faveur du pouvoir temporel du pape et par son alliance avouée à l’intérieur avec la religion d’État, atténua en apparence, mais exalta en réalité l’influence future de Voltaire sur l’esprit français.
Mais cette sorte de devoirs n’a tout son prix que là où la religion a égalé tous les hommes. […] Au seizième siècle la philosophie chrétienne n’est encore que la science de la religion restaurée le christianisme en fournit le fond et la matière le paganisme en fournit la méthode. […] Pasquier parle de sa nature remuante pour l’avancement de sa religion. […] Calvin a donné son nom à sa religion. […] Malheureusement ces violences, étaient depuis longtemps une sorte de droit commun dans les querelles de religion.
Dans le premier, on établit que la poësie est un des plus grands fléaux dont le genre humain puisse être affligé ; qu’elle est directement contraire aux bonnes mœurs, & à la tranquillité des états, à leur forme de gouvernement, aux sages loix, aux usages respectables, à la religion, au commerce, enfin à tous les arts utiles. […] Il voulut l’apporter dans la littérature, ainsi que dans la religion. […] Selon eux, elle sappe tôt ou tard les fondemens des états : elle est la mère de tous les vices ; elle enfante l’ignorance, l’orgueil, l’ambition, la paresse, la débauche, la vengeance, le parjure, l’inceste & l’adultère, l’ivresse de toutes les passions & le mépris de la religion. […] Tout le monde sçait que les fables des Egyptiens, des Grecs & des Romains, composoient la religion de ces peuples les plus éclairés de la terre. […] On est révolté de voir les augustes vérités de la religion mêlées avec les absurdités du paganisme dans la Lusiade ou dans la Jérusalem délivrée.
. ; avec l’histoire, les mœurs, & les usages des habitans, leur religion, leur gouvernement, leurs arts, leurs sciences, leur commerce, leurs manufactures, &c. : ouvrage enrichi de Cartes géographiques nouvellement composées sur les observations les plus authentiques, de plans & de perspectives, de figures d’animaux, de végétaux, habits, antiquités, &c. […] Il fait donc voyager un Provençal qui part de Marseille pour se rendre dans le Levant, écrit de tous les endroits où il a séjourné, & rend exactement compte à une Dame de tout ce qu’il y a d’intéressant à savoir sur la position des lieux, sur les singularités de la nature, sur les loix, sur les mœurs, les usages, la religion, le gouvernement, le commerce, les sciences, les arts, l’habillement, les édifices, les productions naturelles, &c. […] Chardin donne une idée complette de la Perse, de sa religion, de ses usages, de ses mœurs, de ses coutumes, &c. […] Tout ce qui peut intéresser la curiosité s’y trouve rassemblé ; mœurs anciennes & modernes, monumens, coutumes, religions, gouvernemens, commerce, histoire, physique ; tout cela est embéli par des traits historiques assez agréables, par de petites aventures romanesques, par des réfléxions & par des peintures singulieres. […] L’auteur entre dans un grand détail sur les mœurs, les coutumes & la religion des Sauvages de l’Amérique, sur-tout de ceux du Canada.
Plus une religion est mystérieuse, et plus elle est conforme à la nature humaine. […] La Religion n’a pas voulu que le jour où l’on demande à Dieu les biens de la terre fût un jour d’oisiveté. […] Il ne faut point s’en étonner : la religion chrétienne, à cette époque, semblait à tous l’objet le plus important. […] Comment égayer une religion qui a révélé toutes les misères de l’homme ? […] Ce n’est point la patrie et la religion éplorées qui ont rassemblé dans cette enceinte un peuple encore ému de sa douleur.
Il a écrit pour des Esprits solides, pour des Chrétiens jaloux de connoître leur Religion dans son origine, dans ses progrès, dans ses vrais caracteres ; pour les ames droites qui lisent dans la vûe d’acquérir des connoissances utiles & de devenir meilleures ; pour les hommes de toutes les conditions qui n’ont ni le loisir, ni la facilité, ni le talent de puiser dans les sources & d’en écarter ce que la prévention, l’ignorance & la superstition ont pu y mêler de faux, d’excessif & d’indigne de la divinité du dogme & de la sainteté du culte. […] Ces Discours renferment la quintessence de tout ce qu’on a pensé de plus sage sur l’établissement, les progrès & les révolutions de la Religion Chrétienne. […] Le premier offre un tableau fidele de la vie, de la conduite, des usages, du gouvernement des Hébreux : le second, écrit avec une candeur & une onction peu communes, est en même temps une Introduction à l’Histoire Ecclésiastique, & une éloquente apologie de la Religion.
J’appelle ici impieté tous les discours brutaux que fait tenir une audace insensée contre la religion qu’on professe, telle que puisse être cette religion. […] Il seroit inutile d’expliquer ici que ceux qui, comme Polyeucte, parlent contre une religion l’ouvrage des hommes, parce qu’ils connoissent la verité, ne sont pas de ces impies que je proscris.
Partout les rois catholiques, protecteurs de la religion, revêtaient les habits de diacres et consacraient à Dieu leurs personnes royales114. […] Partout avaient recommencé les violences, les rapines, les meurtres, et comme la religion est le seul moyen de contenir des hommes affranchis du joug des lois humaines (axiome 31), les hommes moins barbares qui craignaient l’oppression se réfugiaient chez les évêques, chez les abbés, et se mettaient sous leur protection, eux, leur famille et leurs biens ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs. Aussi dans l’Allemagne, pays qui fut au moyen âge le plus barbare de toute l’Europe, il est resté, pour ainsi dire, plus de souverains ecclésiastiques que de séculiers. — De là le nombre prodigieux de cités et de forteresses qui portent des noms de saints. — Dans des lieux difficiles ou écartés, l’on ouvrait de petites chapelles où se célébrait la messe, et s’accomplissaient les autres devoirs de la religion.
Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. […] À ces questions de première nécessité, la religion chrétienne a des réponses, les meilleures réponses, les plus nettes, et M. […] La prière une fois admise et reconnue pour efficace et légitime, la religion existe : Dieu et l’homme sont unis par un lien. […] La religion professée dans ce livre par M. […] C’est surtout dans le tableau de ce que deviendrait la société dénuée de religion et livrée en proie aux doctrines contraires, que l’orateur sacré puise ses principaux arguments.
Si l’on relit ses mélanges extraits du Conservateur et du Mémorial catholique, ses beaux pamphlets, de la Religion considérée dans ses rapports avec l’Ordre politique et civil (1826), des Progrès de la Révolution(1829), ses deux Lettres à l’Archevêque de Paris (mars et avril 1829), on l’y voit ne jamais séparer dans son anathème les doctrines libérales ou démocratiques d’avec les doctrines hérétiques et impies, subordonner le prince au Pape, l’épiscopat à Rome, soutenir en tout et partout l’intervention et la prédominance légitime du pur catholicisme. […] Arnauld : tous deux d’un caractère ardent, présomptueux, opiniâtre, tous deux pleins de génie, tous deux ayant rendu à la religion d’éminents services, ils se laissèrent entraîner (qui le croirait dans de si grands hommes ?) […] Immuablement fixées par le Très-Haut, ses destinées s’accompliront malgré les hommes, malgré les haines, les fureurs, les persécutions, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ; » — ou bien quand il écrivait, en 1826, à la fin de la Religion considérée, etc. : « S’il est dans les desseins de Dieu que ce monde renaisse, alors voici ce qui arrivera. […] Sa manière de philosophiser le christianisme est-elle tout simplement, avec plus de ferveur et d’impulsion, un pur déisme avec morale évangélique, comme par exemple la religion de MM. […] Si je voulais donner à un jeune homme de vingt ans, enthousiaste, enorgueilli de doctrines absolues, la plus haute leçon de philosophie pratique (soit philosophie chrétienne, soit philosophie humaine), je le lui ferais lire, et aussitôt le volume achevé, je lui mettrais entre les mains le livre de la Religion considérée dans ses Rapports, etc., par le même auteur.
« Trenmor croit l’avènement d’une religion nouvelle, sortant des ruines de celle-ci, conservant ce qu’elle a fait d’immortel… Il croit que cette religion investira tous ses membres de l’autorité pontificale, c’est-à-dire du droit d’examen et de prédication… » Etc., etc. […] Et je ne rappellerai pas que cette formule : « la religion de la souffrance humaine », est probablement de leur invention. […] Puis il y a le passé russe, le passé anglais, le passé norvégien, les traditions, les mœurs publiques et privées, la religion, et la marque de tout cela imprimée aux cerveaux norvégiens, anglais et russes. […] On ne secoue réellement que ce qui est réellement un joug ; on ne s’insurge à fond que contre une religion qui interdit toute liberté d’esprit. […] et n’y reconnaissons-nous pas à la fois l’enthousiasme de la science et l’enthousiasme de la beauté morale et, déjà, comment ces deux religions se tiennent et s’engendrent ?
On a des religions d’imagination et cette monstruosité est devenue possible : qu’on puisse parler de Religion sans penser à la Vérité ! […] La haine de la religion — en général — est un peu déclamatoire et nous blesse : « Ô religion ! […] Quant aux religions révélées, Flaubert ni M. […] Leconte de Lisle interroge l’Art védhique et les religions de l’Antiquité grecque et latine. […] La Fiction, c’est l’atmosphère de la Beauté, et la Beauté, c’est la religion de l’esprit.