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1113. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

À dix-sept ans, ayant connu le vieux Wycherley, qui en avait soixante-dix, il entreprit, sur sa demande, de lui corriger ses poëmes, et les corrigea si bien, que celui-ci en fut charmé et mortifié. […] Il est cauteleux, malin, en avorton nerveux qu’il est ; quand il souhaite une chose, il n’ose pas la demander rondement ; avec des insinuations et des manœuvres de style, il amène les gens à la mentionner, à la faire venir, après quoi il s’en sert. […] Aujourd’hui que ce besoin est satisfait, il a disparu : ce sont des idées qu’on demande, et non des arrangements d’idées ; le casier est fabriqué ; remplissez les cases. […] Aujourd’hui nous demandons des idées neuves et des sentiments nus ; nous ne nous soucions plus du vêtement, nous voulons la chose ; exordes, transitions, curiosités de style, élégances d’expression, toute la garde-robe littéraire s’en va à la friperie ; nous n’en gardons que l’indispensable ; ce n’est plus de l’ornement que nous nous inquiétons, c’est de la vérité. […] C’était le costume du temps, il fallait bien l’endosser. « La demande des élégances, dit le brave Samuel Johnson dans son style commercial et académique, était si fort accrue, que la pure nature ne pouvait être supportée plus longtemps. » La bonne compagnie et les lettrés faisaient un petit monde à part, qui s’était formé et raffiné d’après les mœurs et les idées de la France.

1114. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

J’ai depuis demandé une pension pour moi et pour mon fils, mais j’étais étrangère, je n’ai pu l’obtenir, et je suis venue chez la maîtresse de cette demeure, qui a bien voulu m’accueillir et me confier l’éducation de ses enfants.” […] Certain de la possession d’Essling, que les débris de la division Boudet et les fusiliers occupaient, il fit demander à Masséna s’il pouvait compter sur la possession d’Aspern, car, tant que ces deux points d’appui nous restaient, la retraite de l’armée était assurée. […] Cette fois il avait besoin, non pas de demander un avis à ses lieutenants, mais de leur en donner un, de les remplir de sa pensée, de relever l’âme de ceux qui étaient ébranlés, et il est certain que, quoique leur courage de soldat fût inébranlable, leur esprit n’embrassait pas assez les difficultés et les ressources de la situation pour n’être pas à quelques degrés surpris, troublé, abattu. […] Napoléon songeait déjà à lui demander la plus personnelle de ses concessions : une épouse impériale du sang des Césars d’Allemagne pour s’apparenter au passé, ce prestige des monarchies. […] Après tant d’événements, après tant de bruit, après tant de mouvement, après tant de génie, après tant de cadavres et tant de ce que l’écrivain appelle gloire, on se demande : L’humanité a-t-elle grandi ?

1115. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Cette traduction, qui demande dans celui qui l’a faite le don le plus rare, en ces temps de volonté molle et d’haleine courte, — la persistance, — est, de longueur et de largeur, un monument, et tout monument devient, tôt ou tard, le piédestal de celui qui l’a élevé. […] François Hugo se le demande à plusieurs reprises : « Quel enseignement (ce sont ses termes) Shakespeare voulait-il exercer sur les masses ?  […] Voici Tybalt, le fougueux Tybalt, qui est, lui, la poésie du Sang, — du Sang qui demande à couler ! […] On se demande bien ce qu’il ferait de tous ces détails qui lui manquent, s’ils ne lui manquaient pas ; mais il n’en est pas moins triste à faire… crever de rire tous ceux qui ont le sentiment de la disproportion des choses avec le ton qu’on doit avoir, en parlant d’elles. […] Le sentiment de la famille, comme d’ailleurs tous les autres sentiments humains, a fécondé le génie de Shakespeare, et ce génie, qui a demandé à l’amour jeune, libre et fidèle, les suavités et les mélancolies de Roméo, a demandé également d’autres beautés, pathétiques et profondes, à ces sentiments qui ne sont plus seulement des sentiments, mais des vertus, à ces sentiments de la famille qui ne sont plus libres, comme l’amour, et qui sont aussi éternels !

1116. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Sur sa demande alors il passa dans la légion étrangère pour aller en Afrique (novembre 1836) ; il était le premier lieutenant de la légion ; il avait trente-huit ans. […] mon pauvre frère chéri, si tu veilles sur mes enfants, si tu me remplaces auprès d’eux, il faut bien aussi que tu aies ta compensation et que ton cœur bondisse comme le mien de joie et de fierté au récit de mes succès, où tu es pour bonne part, ami, car je n’ai jamais donné deux coups de sabre aux Bédouins sans qu’il y en ait eu un à ton intention, et l’autre dans la pensée de mes enfants… Est-ce que tu n’as pas l’intention de demander bientôt une bourse pour mon fils ? […] Ne demandons pas aux hommes de ne pas être des hommes ; demandons-leur plutôt d’être le plus hommes possible, c’est-à-dire actifs, courageux, ardents et dévoués chacun dans leur ordre et dans leur ligne. […] Ne lui demandez pas une ligne de politique suivie : sa solution, à lui, est celle de l’instinct, celle de son impulsion de cœur et de son intérêt particulier de soldat : « Je vois toujours l’avenir sombre ; avec la guerre, j’aurais eu quelque espoir ; j’aurais bravé tout, fait face à tout : j’ai foi en moi ; mais la paix nous étrangle. […] L’expédition d’Orient se prépare, et Saint-Arnaud, tout mortellement atteint qu’il est, demande à l’empereur la faveur de la conduire et de la commander70.

1117. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ampère demanda pour son fils les ouvrages d’Euler et de Bernouilli. […] M. de Lalande, après de grands éloges fort sincères, finit par demander à l’auteur des exemples en nombre de ses formules algébriques, ajoutant que c’était pour mettre dans son rapport les résultats à la portée de tout le monde : « J’ai conclu de tout cela, écrit M.  […] L’état de mon esprit est singulier : il est comme un homme qui se noierait dans son crachat… Les idées de Dieu, d’Éternité, dominaient parmi celles qui flottaient dans mon imagination, et, après bien des pensées et des réflexions singulières dont le détail serait trop long, je me suis déterminé à te demander le Psautier français de La Harpe, qui doit être à la maison, broché, je crois, en papier vert, et un livre d’Heures à ton choix. […] Je trouve encore quelques endroits qui dénotent un retour pratique : « Je finis cette lettre, parce que j’entends sonner une messe où je veux aller demander la guérison de ma Julie. » Et encore : « Je veux aller demain m’acquitter de ce que tu sais, et prier pour vous deux. » — Ainsi, vivant en attente, aspirant toujours à la réunion avec sa femme, il n’en voyait le moyen que dans sa nomination au futur Lycée de Lyon, et s’écriait : « Ah ! […] A peine l’une est-elle satisfaite dans un esprit puissant, et se croit-elle sûre de son objet et apaisée, que voilà l’autre qui se relève et qui demande pâture à son tour.

1118. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

J’ai cité l’histoire de Balzac qui décrit un jour, chez Mme de Girardin, un cheval blanc qu’il veut donner à son ami Sandeau et qui, plusieurs jours après, persuadé qu’il l’a donné effectivement, en demande des nouvelles à Sandeau. […] L’interlocuteur de Blake le pria de demander à Richard III s’il prétendait justifier les meurtres qu’il avait commis pendant sa vie. […] Au bout de quelques instants, on lui demanda son nom. […] — Oui, répliqua-t-il. — La même expérience de noms différents tentée à diverses autres reprises eut toujours les mêmes résultats. — Pendant l’état de veille normal, les sujets de l’expérimentation donnaient leur véritable nom aussitôt qu’on le leur demandait. […] « Quand on lui demandait des nouvelles de sa santé, il répondait : Vous voulez savoir comment va le père Lambert ?

1119. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

L’Assemblée constituante avait bien fait de mettre à la place un clergé voué uniquement aux fonctions du culte, étranger aux délibérations de l’État, salarié au lieu d’être propriétaire ; mais c’était exiger beaucoup du Saint-Siège que de lui demander l’approbation de tels changements. […] Son tort, ce n’est pas d’avoir pris la dictature, alors nécessaire ; c’est de ne l’avoir pas toujours employée comme dans les premières années de sa carrière. » On voit ici la théorie à visage découvert : avoir du génie, faire le bien et demander le prix du bien qu’on a fait pour soi-même ; mais demander le prix du bien qu’on a fait ou qu’on veut faire pour soi-même, qu’est-ce autre chose que l’égoïsme, c’est-à-dire un vice au lieu d’une vertu ? […] À ce sujet on lui demandait pourquoi, sous le Directoire, il avait dénoncé Pichegru si tard, et on semblait élever des soupçons jusque sur sa vie passée. « J’avais coupé court, répondait-il, aux entrevues de Pichegru et du prince de Condé sur la frontière, en mettant par les victoires de mon armée quatre-vingts lieues de distance entre ce prince et le Rhin. […] Thiers ne demande à son héros que de s’arrêter dans son nouveau triomphe, sans paraître s’apercevoir que son héros n’a obtenu ce nouveau triomphe que par l’insatiabilité de grandeur que M.  […] Napoléon demanda d’abord que l’empereur François séparât sa cause de celle de l’empereur Alexandre, que l’armée russe se retirât par journées d’étape des États autrichiens, et il promit de lui accorder un armistice à cette condition.

1120. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

J’ai souvent entendu demander : Qu’est-ce que la poésie ? […] Tout ce qui a sa poésie demande à être exprimé dans une langue supérieure à la langue usuelle, expression des choses ordinaires. […] Qu’on juge du désespoir de Nala, chargé de demander ainsi la main de son amante pour un autre ! […] C’est le sacrifice d’Abraham demandé à un amant sur son amante, au lieu d’être demandé à un père sur son fils. […] Nala se réveille ; il se demande s’il ne serait pas mieux à lui de mourir ou de fuir dans une inaccessible solitude, que de faire endurer à cette femme de tels tourments : « Près de moi, dit-il, cet être charmant ne peut trouver que les agonies du cœur ; fuyons !

1121. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

À chaque âge son genre de poésie, mais le plus parfait, sinon le plus émouvant de ces genres, est certainement celui qui n’a pas besoin de tous ces auxiliaires et de tous ces accessoires étrangers à la poésie elle-même et qui ne demande, comme le poète épique ou le poète lyrique, qu’une goutte d’encre au bout d’une plume de roseau. […] Le vieux Corneille, à qui il avait demandé des conseils en lui soumettant la tragédie d’Alexandre, lui avait répondu ce que nous lui aurions répondu nous-même aujourd’hui que nous jugeons de sang-froid et à distance la nature de son génie : « qu’il avait un admirable talent de poète épique, mais qu’il ne lui trouvait pas le nerf vibrant et concentré de la tragédie ». […] « Ayant appris que vous aviez dessein de faire ici un voyage, j’avais demandé permission à notre mère de vous voir, parce que quelques personnes nous avaient assurées que vous étiez dans la pensée de songer sérieusement à vous ; et j’aurais été bien aise de l’apprendre par vous-même, afin de vous témoigner la joie que j’aurais s’il plaisait à Dieu de vous toucher ; mais j’ai appris depuis peu de jours une nouvelle qui m’a touchée sensiblement. […] Ils la rencontrèrent dans la galerie, et lui demandèrent pourquoi elle ne venait plus écouter leur lecture. […] Racine, il en fut si content qu’il demanda en grâce à Mme de Maintenon de m’ordonner de faire un personnage, ce qu’elle fit.

1122. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il n’ose pas philosopher en docteur, il demande permission ; il hasarde son idée, comme une supposition timide, il essaye d’inventer une âme à l’usage des rats et des lapins. […] Nous sommes tentés de nous demander ce qu’ils ont fait la nuit lorsque le silence et l’ombre enveloppaient leurs grandes formes, et que la brume venait poser son voile diaphane sur leurs manteaux. […] Si vous vous asseyez, elle vient tourner autour de vous, d’un mouvement souple et mesuré, avec un petit grondement flatteur, sans rien demander ouvertement comme le chien, mais d’un air à la fois patelin et réservé. […] Quand le chien, mourant de faim, lui demande en grâce de se baisser et de lui laisser prendre son dîner dans le panier : « Point de réponse, mot. »138 Il ne veut pas perdre un coup de dent ; il n’entend pas, il est sourd, vous remueriez aussi aisément une borne. […] Progné me vient enlever les morceaux, Caracolant, frisant l’air et les eaux … La soeur de Philomèle, attentive à sa proie, Malgré le bestion happait mouches dans l’air, Pour ses petits, pour elle, impitoyable joie, Que ses enfants gloutons, d’un bec toujours ouvert, D’un ton demi-formé, bégayante couvée, Demandaient par des cris encore mal entendus.

1123. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Voilà pourtant l’homme à qui il faut demander tout ce que le xve  siècle a produit, ou peu s’en faut, de haute et profondément pénétrante poésie : il n’y a pas à en douter, ce malfaiteur fut un grand poète, pour quelque deux cents vers parmi tous ceux qu’il a faits. […] Rutebeuf n’eût pas demandé : où sont les preux des anciens temps ? […] Mais l’étrange chose, et faite pour plonger nos consciences d’honnêtes gens, respectueuses des catégories sociales, dans des abîmes de scrupule, l’étrange chose qu’on puisse se demander laquelle en somme valut le mieux de ces deux âmes, et si ce n’est pas dans les profondeurs troubles de celle du ribaud qu’on aurait chance de rencontrer le plus de noblesse morale ! […] Moins encore que son devancier, Commynes s’amuse à peindre : il ne demande rien à ses sens, ni à son imagination. […] Et si l’on concevait encore des doutes sur l’œuvre qu’elle a fait, il suffirait, pour s’épargner des anathèmes naïfs et une déploration superflue, de se demander à qui l’oubli du vrai et du bon moyen âge, est imputable.

1124. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Ce paysage idéal, il le demandera vainement à la nature : toujours quelque détail disparate y rompra l’harmonie rêvée. […] Mais si l’on vous demandait à quels instruments de musique, à quelles couleurs, à quels sentiment correspondent exactement les voyelles et les diphtongues et leurs combinaisons avec les consonnes, vous seriez, j’imagine, fort empêché. […] Le bon Sully-Prudhomme ne demandait pas mieux que de le faire. […] Pourquoi ont-ils pris cette attitude (car on sait d’ailleurs qu’ils n’ont point demandé au catholicisme la règle de leurs mœurs et qu’ils n’en ont point observé, sinon par caprice, les pratiques extérieures)   J’ai essayé de le dire au long et à plusieurs reprises5. […] Ce poète ne s’est jamais demandé s’il serait compris, et jamais il n’a rien voulu prouver.

1125. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

demandai-je un jour à un de mes condisciples. […] Je sais bien la mesure des concessions que l’Église peut faire et de celles qu’il ne faut pas lui demander. Jamais l’Église catholique n’abandonnera rien de son système scolastique et orthodoxe ; elle ne le peut pas ; c’est comme si l’on demandait à M. le comte de Chambord de n’être pas légitimiste. […] Je n’ai pas besoin de te demander le silence. […] Ils étaient presque tentés de me demander si je voulais me faire juif.

1126. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Ici toutefois un autre désir se mêle à la curiosité, et la réflexion y a sa part ; il se sent à l’aise avec l’écuyer Crystède, et il le presse plus peut-être qu’il ne ferait un autre : Je veux, lui dit-il, vous demander une chose qui ne laisse pas de me faire grandement émerveiller, et que j’aimerois à apprendre de vous si vous la savez ; et vous en devriez savoir quelque chose : c’est la manière dont ces quatre rois d’Irlande sont venus sitôt en l’obéissance du roi d’Angleterre, tandis que le roi son aïeul, qui fut si vaillant homme, si craint et partout si renommé, ne les put soumettre et les a toujours eus pour ennemis. […] Ceci demande un peu d’attention : mais ceux qui voudront bien la prêter en seront payés avant la fin, si je ne me trompe25. […] Le prince de Galles fait aussi demander des nouvelles du brave chevalier Jacques d’Audelée, le héros de la journée : « De messire James d’Audelée, est-il nul qui en sache rien ?  […] [NdA] Avec cette différence que l’archevêque Turpin ne demande pas mieux que de bien frapper.

1127. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Ce sont ces années actives et fécondes de la première maturité qu’il regrettait plus tard de n’avoir pu appliquer selon qu’il s’en estimait capable : repassant sa vie dans sa vieillesse et faisant son examen de conscience, il croyait qu’il y avait moins encore de sa faute dans cette médiocre fortune que de celle de son étoile : Si on me demande ce que c’est qu’étoile, disait-il, je répondrai que je ne le sais pas ; je sais seulement que c’est quelque chose de réel qu’on ne connaît point ; et je suis persuadé que ceux qui prétendent que notre bonne ou notre mauvaise fortune dépend de notre conduite ont grand tort ; elle y peut beaucoup, mais l’étoile y peut encore plus. […] Elle l’aida donc à effacer les impressions fâcheuses que sa démission ancienne avait pu laisser dans l’esprit de Louis XIV : Je ne demande au roi pour toute grâce, écrivait Lassay, que de me donner des occasions de le servir ; l’extrême envie que j’aurais de lui plaire me donnera de l’habileté ; quand on a une grande envie de bien faire, il est difficile qu’on fasse bien mal, et personne dans le monde n’a tant de bonne volonté que moi. […] En France, en effet, on a toujours voulu des places, ou, à leur défaut, on a demandé des distinctions. […] Vous me demandez des nouvelles de ma santé ; je ne suis ni sain ni malade, et j’attends le printemps et les beaux jours comme les petits oiseaux.

1128. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Mais, si pressé que je sois d’entamer l’étude précise de notre littérature et d’entreprendre avec vous la revue de nos principales œuvres littéraires dans notre siècle le plus brillant, j’ai besoin de vous dire, au préalable, quelques mots, et de l’esprit que j’apporterai dans cet examen, et de celui dans lequel je vous demanderai de vouloir bien m’écouter. […] J’y ai bien souvent rêvé, messieurs, et je me suis demandé, sous toutes les formes et en prenant quantité d’exemples particuliers, en me mettant à tous les points de vue ce qu’il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n’envisager que celle-là), si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de Périclès, lors même qu'elle aurait gardé dans son lointain la large et incomparable beauté de ses premiers grands poètes de l’Ionie, — mais sans le foyer réflecteur d’Athènes. […] Et n’est-ce pas chez lui qu’on doit aller chercher le mot le plus expressif pour rendre la douceur même (the milk of human kindness), cette qualité que je demande toujours aux talents énergiques de mêler à leur force pour qu’ils ne tombent point dans la dureté et dans la brutale offense, de même qu’aux beaux talents qui inclinent à être trop doux, je demanderai, pour se sauver de la fadeur, qu’il s’y ajoute un peu de ce que Pline et Lucien appellent amertume, ce sel de la force ; car c’est ainsi que les talents se complètent ; et Shakespeare, à sa manière (et sauf les défauts de son temps), a été complet.

1129. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Il y en avait un qui savait l’anglais et auquel je demandai pourquoi les Chactas quittaient leur pays. — « Pour être libres », me répondit-il. — Je ne pus jamais en tirer autre chose. […] Ce chiffon de papier a pour moi un prix inestimable, mais pour moi seul qui ai pu sentir la valeur des demandes et des réponses. » L’idée de publier ces documents de première main, en les développant dans un simple récit, ne souriait nullement à son esprit plus compliqué et plus exigeant, qui aimait à avoir en vue plus d’un but à la fois : « Vouloir présenter un tableau complet de l’Union serait une entreprise absolument impraticable pour un homme qui n’a passé qu’un an dans cet immense pays. […] C’est ce que je vous demanderai de faire. […] Vous me demandez pourquoi, et quand donc il sera temps.

1130. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Wagner, en donnant la quatrième édition du Virgile consacré, et en paraissant demander grâce pour s’être permis d’y indiquer quelques corrections et d’y ajouter partout où il avait pu des perfectionnements, terminait sa préface par cette sorte d’adjuration aux mânes vénérables : « Mais toi, Âme pieuse et ingénue de Heyne, si ta pensée s’abaisse encore sur ces choses, pardonne, je t’en supplie, s’il m’est échappé, chemin faisant, quelques mots non assez respectueux à ton égard ; pardonne, si ma médiocrité a avancé quelque chose qui ne soit pas assez digne d’un si grand nom et d’une si grande renommée dont tu as acquis la plus grande part par ton zèle à éclairer ces mêmes poèmes. […] Ne demandons pas tout à fait à chaque pays les mêmes procédés ; Virgile nous a dit : Nec verro terræ ferre omnes omnia possunt. […] Avec les légers défauts qu’une critique minutieuse y peut relever, les Épilogues de Virgile restent charmantes ; il ne faut point leur demander sans doute l’entière et expressive rusticité des Idylles de Théocrite, ni la réalité du cadre et de la composition ; mais ce serait une autre erreur que de les considérer comme un genre factice, allégorique, parce qu’il s’y mêle de l’allégorie et de l’allusion. Le détail des Bucoliques est d’une continuelle et parfaite observation rurale, d’une peinture fidèle, prise sur nature, et du rendu le plus délicat ; elles sont bien d’un poète qui a vécu aux champs et qui les aime, et chaque fois qu’on sort de les relire, on ne peut que répéter avec M. de Maistre : « l’Énéide est belle, mais les Bucoliques sont aimables. » Ayant écrit moi-même autrefois une Étude sur Virgile, il m’est resté quelque surcroît d’idées et de remarques que je demande à joindre ici comme un dernier hommage et tribut au souverain poète à qui j’aurais aimé, moi aussi, à élever mon autel.

1131. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Ney demandait pour son chef d’état-major le grade de général de division. […] Quatre jours après son arrivée au quartier général des souverains alliés, Jomini se trouvant à table, en face du roi de Prusse, ce prince lui demanda quelle était la force du corps de Ney. […] En un mot, je me rappelai la célèbre réponse de Scanderbeg au sultan, qui lui avait demandé son sabre (« Dites à votre maître qu’en lui envoyant le glaive je ne lui ai pas envoyé le bras ») ; fiction ingénieuse et applicable à tous les militaires qui se trouveront dans le cas de donner leurs idées sur des opérations qu’ils ne dirigeront pas. » Après la bataille perdue et quand on se décida à la retraite, lorsque, dans la soirée du 27, Jomini vit l’ordre apporté par Toll, — « le brouillon encore tout trempé de pluie56 », — qui réglait cette retraite jusque derrière l’Éger en quatre ou cinq colonnes, « chacune d’elles ayant son itinéraire tracé pour plusieurs jours, comme une feuille de route, par étapes, qu’on exécuterait en pleine paix, sans s’inquiéter de ce qui arriverait aux autres colonnes » ; à la vue de cette disposition burlesque », il n’y put tenir : toute sa bile de censeur éclairé et de critique militaire en fut émue, comme l’eût été celle de Boileau à la vue de quelque énormité de Chapelain ; et il s’écria sans crainte d’être entendu : « Quand on fait la guerre comme ça, il vaut mieux s’aller coucher. » L’ambassadeur anglais, lord Cathcart, présent, crut devoir le prendre à part pour lui conseiller de ménager davantage l’amour-propre de ses nouveaux camarades. […] Après Leipsick, Jomini crut devoir se retirer du quartier général des Alliés ; il en demanda, dès Weimar, l’autorisation à l’empereur Alexandre, alléguant « que rien n’arrêterait plus les armées alliées jusqu’au Rhin ; que de deux choses l’une : ou que l’on ferait la paix, si l’on se contentait d’avoir assuré l’indépendance des puissances européennes ; ou que, si l’on continuait la guerre, on marcherait vers Paris ; que dans ce dernier cas il lui paraissait contre sa conscience d’assister à l’invasion d’un pays qu’il servait encore peu de mois auparavant. » Jomini estimait, à la fin de 1813, que l’invasion de la France serait pour les Alliés une beaucoup plus grosse affaire qu’elle ne le fut réellement : « J’avoue, écrivait-il en 1815, qu’aussitôt qu’il a été question d’attaquer le territoire français mon jugement politique et militaire n’a pas été exempt de prévention, et que j’ai cru qu’il existait un peu plus d’esprit national en France… Est-il besoin, ajoutait-il pour ceux qui lui en faisaient un reproche, de se justifier d’un sentiment de respect pour un Empire que l’on a bien servi et auquel on a vu faire de si grandes choses ? 

1132. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

1837 Un ami qui habite le voisinage des montagnes, et à qui je demandais si la vue n’en était pas monotone à la longue, me répondait : « Non, elles ne le sont pas : elles ont, à leur manière, la diversité continuelle de l’Océan, et sans parler des couleurs changeantes, des reflets selon les heures et les saisons, et à n’y voir que les contours et les lignes, elles sont inépuisables à contempler. […] Toutes ses qualités de précision, de propriété, de suite, de sagacité fine et de relief en peu d’espace, y sont fondues entre elles, et en équilibre avec le sujet même, qui ne demandait ni un certain essor ni une certaine flamme dont l’auteur ne manquerait peut-être pas, mais qu’il s’interdit. […] Tout ce qui se rapporte à la propriété, à la précision, à la sagacité, est souverain chez lui ; la hardiesse, si elle s’y rencontre, est toujours étroitement adaptée, la métaphore est juste à l’usage ; mais ne lui demandez pas la grande flamme : il la gardera. […] Viret demande déjà excuse en son temps de parler un français un peu étrange ; mais de loin ces différences s’effacent, et l’on n’est plus frappé que des ressemblances.

1133. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

C’est donc un philosophe que La Bruyère : mais à voir la fière et ombrageuse sensibilité qui perce dans son livre, on se demande s’il est aussi détaché qu’il veut l’être. […] L’Académie, sur le point d’achever la révision de son dictionnaire, se demanda, et demanda, à chacun de ses membres, ce qu’elle pourrait bien faire ensuite. Fénelon envoya sa consultation dans un court mémoire, qui fit tant de plaisir, qu’on lui demanda de le publier.

1134. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Le poète nous explique en cinq ou six cents vers que la Révolution ne pouvait se faire que par l’échafaud, mais que, maintenant qu’elle est faite, il ne faut plus verser de sang  Il croit au progrès, à la future fraternité des hommes  Il maudit les rois et les empereurs  Cela ne l’empêche pas de dire ensuite à Dieu : « Seigneur, expliquons-nous tous deux », et de lui demander pourquoi « il laisse mourir Rome », c’est-à-dire la civilisation latine, et grandir « l’Amérique sans âme, ouvrière glacée ». […] Quelqu’un nous citerait au hasard des vers ou même des couplets de Victor Hugo et nous demanderait d’où ils sont tirés. […] Tout passant peut venir vous en demander compte. […] Il a donné à notre imagination d’incomparables fêtes ; mais pour qui est-il l’ami, le confident, le consolateur, celui qu’on aime avec ce qu’on a de plus intime en soi, celui à qui on demande le mot qui éclaire ou qui pénètre ?

1135. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

C’est une heureuse nécessité de cette étude, qu’on ne puisse lire Montesquieu sans avoir besoin de relire Bossuet, ni contenter son esprit sur un des plus grands objets de l’histoire, sans demander tour à tour des lumières à l’un et à l’autre. […] Si l’on eût demandé à Montesquieu comment il avait fait l’Esprit des lois, il aurait pu répondre comme Newton : En y pensant toujours. […] Je suppose un habile homme ne sachant pas qui a écrit ces réflexions sur le monarque, « lequel peut faire des hommes des bêtes et des bêtes des hommes, qui doit être exorable à la prière, ferme contre les demandes ; à qui la raillerie piquante est bien moins permise qu’au dernier de ses sujets, parce que les rois sont les seuls qui blessent toujours mortellement82 » ; risquerait-il sa réputation de connaisseur en les croyant de Fénelon ? […] Son mot : « Mon livre sera plus apprécié que lu84 », est d’un auteur qui craint de demander trop au public.

1136. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Jules Laforgue qui vient ensuite est trop averti pour leur demander l’impossible. […] Nous ne lui demandons qu’un simulacre et qu’elle sache bien que si nous nous réfugions dans les yeux vivants, c’est toujours pour nous réfugier hors du monde. […] » demande-t-elle un jour, inquiète, et lui de confesser : « Je ne sais pas ce que je veux. » C’est la vérité ; Il ne peut se débrouiller de tant d’impressions confuses et diverses. […] Demandez-leur ce qu’ils en pensent !

1137. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

» demandait le juge italien du conte, avant d’instruire un procès. […] Il fait bonne mine à cette révélation fâcheuse, plaint l’honnête femme si fatalement dévoyée, reconnaît combien elle est excusable, proteste de son inaltérable respect ; mais les gants blancs qu’il ôte machinalement de ses doigts, laissent clairement entendre, par une pantomime expressive, qu’il retire en même temps sa demande. […] Madame Bernard a prévu l’objection ; aussi ce n’est point seulement une aide transitoire qu’elle demande à son fils, mais une assistance permanente. […] Le mariage seul peut réparer le tort fait à l’honneur de mademoiselle Letellier par les galanteries malséantes du jeune Fourchambault ; il lui demande un rendez-vous, Léopold y vient.

1138. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Le mari prodigue ne demande qu’à rentrer en grâce, qu’à obtenir le pardon et qu’à espérer l’amour du coeur qu’il a jusqu’à présent méconnu. […] Ce n’est pas tout : Gérard revient demander raison au duc de ses impertinences à l’endroit de sa mère, et M.  […] Voilà donc le dieu demandé, le justicier invoqué, un bravo d’affaires qui tue un homme, par spéculation, pour assurer la vie d’un ingénieur qui lui rapportera un bénéfice de vingt-cinq pour cent. […] Lorsque son mari lui demande éperdument si elle l’aime, elle lui répond avec une franchise altière : « La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

1139. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

L’humanité, grandie, demande à se passer d’eux. […] La princesse Sanguzko est en larmes ; elle présente, prosternée, une supplique à Nicolas ; elle demande grâce pour son mari, elle conjure le maître d’épargner à Sanguzko (polonais coupable d’aimer la Pologne) l’épouvantable voyage de Sibérie ; Nicolas, muet, écoute, prend la supplique, et écrit au bas : A pied. […] Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire. […] demanda-t-il. — C’est mon encrier, dit l’écrivain.

1140. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il ne s’est pas demandé si ce fait était juste ; il s’est contenté d’affirmer qu’il était inévitable. […] Le peuple a cessé de supporter le mépris, et il a demandé à être respecté à l’égal des grands : tel est le véritable bienfait de la démocratie. […] Quelques-unes d’entre elles sont assurées, d’autres ne demandent qu’à l’être, d’autres le seront un jour. […] Si Tocqueville a exagéré une pensée qui lui était chère, il faut reconnaître en même temps qu’il avait le sentiment le plus juste, lorsqu’il demandait à la religion et à l’Église de s’unir à la liberté au lieu de la combattre, et à la liberté de respecter la religion et l’Église au nom de ses principes mêmes ; mais il est plus facile de réconcilier les idées que les intérêts et les passions.

1141. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Je suppose à présent que la langue française n’existât, comme la langue latine, que dans un très petit nombre de bons livres ; et je demande si dans cette supposition on pourrait se flatter de la bien savoir, et être en état de la bien écrire ? […] Or je demande ce qu’on devrait penser d’une pareille bigarrure ? […] Mais je vais plus loin, et je demanderai si Térence peut même être un modèle dans un genre d’écrire beaucoup moins sérieux ? […] Cicéron a écrit dans bien des genres, et ces genres demandaient des styles différents ; il a écrit des dialogues qui pouvaient permettre des expressions familières ou moins relevées que les harangues ; il a écrit surtout un grand nombre de lettres, où certainement il a employé bien des tours de conversation, que le style grave et soutenu n’aurait pas permis ; que faudrait-il penser d’un écrivain qui risquerait ces mêmes phrases dans un discours sérieux ?

1142. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Toutefois, il y avait un correctif : nous ferons ainsi, mais seulement dans le cas où les deux gouvernements russe et français ne demanderaient pas l’arbitrage. […] A voir les arrivées successives de mobilisés, comme je les ai toutes vues, cela vous remue le cœur et vous enflamme et on ne demande qu’une chose : délivrer la terre de la clique impériale qui nous embourbe depuis si longtemps sous le poids formidable des armements.‌ […] Le 9 janvier 1915, à cinq heures et demie du matin, au lendemain du premier combat de Crouy et lors de la prise de l’éperon 132, un sous-officier demanda un volontaire pour inspecter les abords de la tranchée. […] Des travailleurs ressentent un dédain de demi-savants pour le travail manuel, et de cela il souffrait si fort qu’il se jeta délibérément dans le syndicalisme et lui demanda la régénération de l’école française.

1143. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Un lecteur, quelque peu familiarisé par la solitude (bien mieux que par les livres) à ces vastes contemplations, peut déjà deviner où j’en veux venir ; — et, pour trancher court aux ambages et aux hésitations du style par une question presque équivalente à une formule, — je le demande à tout homme de bonne foi, pourvu qu’il ait un peu pensé et un peu voyagé, — que ferait, que dirait un Winckelmann moderne (nous en sommes pleins, la nation en regorge, les paresseux en raffolent), que dirait-il en face d’un produit chinois, produit étrange, bizarre, contourné dans sa forme, intense par sa couleur, et quelquefois délicat jusqu’à l’évanouissement ? […] J’en demande humblement pardon aux esprits académiques de tout genre qui habitent les différents ateliers de notre fabrique artistique. […] Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s’est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sont si bizarrement confondues ! […] Mais il n’est point un de ces peintres à l’heure, un de ces fabricants banals de portraits auxquels un homme vulgaire peut aller, la bourse à la main, demander la reproduction de sa malséante personne.

1144. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Mais s’il se demandait ce qu’il mesure, s’il fixait son attention sur le temps lui-même, nécessairement il se représenterait de la succession, et par conséquent de l’avant et de l’après, et par conséquent un pont entre les deux (sinon, il n’y aurait que l’un des deux, pur instantané) : or, encore une fois, impossible d’imaginer ou de concevoir un trait d’union entre l’avant et l’après sans un élément de mémoire, et par conséquent de conscience. […] Certains se demanderont s’il est utile d’y revenir, et si la science n’a pas précisément corrigé une imperfection de notre esprit, écarté une limitation de notre nature, en étalant la « pure durée » dans l’espace. […] La mesure d’une chose est parfois révélatrice de sa nature, et l’expression mathématique se trouve justement ici avoir une vertu magique : créée par nous ou surgie à notre appel, elle fait plus que nous ne lui demandions ; car nous ne pouvons convertir en espace le temps déjà écoulé sans traiter de même le Temps tout entier : l’acte par lequel nous introduisons le passé et le présent dans l’espace y étale, sans nous consulter, l’avenir. […] Donc, dans ce qui va suivre, quand nous voudrons savoir si nous avons affaire à un temps réel ou à un temps fictif, nous aurons simplement à nous demander si l’objet qu’on nous présente pourrait ou ne pourrait pas être perçu, devenir conscient.

1145. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Henri IV, si l’on excepte quelques velléités qu’il en eut dès le commencement, ne demandait pas la continuation de la guerre ; mais, en montrant qu’il n’en était pourtant pas ennemi, il prétendait obtenir pour les Hollandais une paix plus forte, plus solide, et contracter renouvellement d’alliance avec eux. […] Il y rappelle le temps de la première prise d’armes, et les circonstances déjà trop oubliées des victorieux : Vous ne demandiez lors sinon l’exercice de votre religion, demeurant toujours celle des catholiques reçue et autorisée par traités, édits, comme elle était avant l’introduction de la vôtre : et ceux qui pouvaient grandement affaiblir votre cause s’ils s’en fussent séparés, s’y joignirent volontiers et firent la guerre avec vous, non seulement parce que les privilèges communs avaient été violés par un gouvernement trop rude, que vous nommiez tous tyrannique, mais parce qu’ils n’estimaient pas raisonnable de vous priver de la liberté de prier Dieu selon la créance en laquelle vous aviez été instruits. […] Le roi lui demanda à titre de service de se charger d’écrire l’histoire de son règne, l’assurant « qu’il entendait laisser la vérité en sa franchise, et à l’auteur la liberté entière de l’écrire sans fard ni artifice, et sans lui attribuer, à lui, ce qui était dû à la seule providence de Dieu ou à la vertu d’autrui ».

1146. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Turgot, contrôleur général, demanda, vers la fin de cette année, à l’Académie des sciences qu’elle voulût bien nommer deux commissaires pour se transporter sur les lieux ; il désirait qu’un physicien et un médecin fissent ce voyage. […] On nomma des commissaires, on fit des démarches auprès de M. de Lassone, qui éluda poliment leurs demandes, et la Faculté se décida alors, par l’organe de son doyen, à présenter une requête au roi contre l’établissement nouveau, et à former opposition auprès du Parlement à l’enregistrement de toutes lettres patentes tendant à légitimer une institution quelconque de ce genre, avant d’avoir été elle-même entendue. […] Telle était la manière à la fois modérée et victorieuse par laquelle Vicq d’Azyr répondait aux requêtes et représentations de la faculté de Paris, qui demandait purement et simplement au roi le monopole absolu de l’enseignement et de l’examen médical, et qui disait : « Ordonnez qu’il n’y ait plus, comme il n’y a jamais eu, qu’un corps de médecine enseignant dans votre capitale ; et ce corps, jouissant de son institution, redoublera de zèle et méritera de plus en plus la protection et les bontés de son roi. » L’Ancien Régime se réformait de lui-même et se rajeunissait par parties ; bon gré mal gré, de bonne composition ou par la force, l’ère des corporations allait finir.

1147. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je me demandais d’où pouvait venir une direction si peu sûre ? […] En tout ceci, Léopold Robert ne se sépare point de ce que demandaient les novateurs intelligents. […] À d’autres égards il s’en distingue, même lorsqu’il cherche du nouveau ; il demande moins ses effets à la couleur, à la lumière ; il dessine davantage.

1148. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Lire Dante et le lire de près, c’est presque inévitablement désirer de le traduire, c’est entrer dans les replis de son génie, et après y avoir pénétré (ce qui demande tout un effort), c’est concevoir la pensée d’y introduire les autres. […] Cependant, ce que je demanderai la permission d’appeler l’école de Fauriel, poursuivait son œuvre d’érudition et d’analyse, appliquées méthodiquement et par tous les côtés à La Divine Comédie. […] [NdA] Sur quelques points pourtant, je crois que Dante demanderait à son nouvel interprète plus de scrupule encore et une plus grande religion d’exactitude.

1149. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar, et pour se demander si Henri IV ne devait pas en quelque degré, à cette première éducation, « son style et le tour si français de ses lettres ?  […] Chapelain, ainsi pressé par Balzac, lui répond un peu longuement, mais très judicieusement, et cette lettre inédite, publiée ici pour la première fois, ne saurait désormais se séparer de la question même qui lui était faite et dont on se souvient encore : Vous me demandiez, lui écrit-il le 27 mai 16408, par l’une de vos précédentes, si l’épithète de grand, que j’avais donnée à Ronsard, était sérieux9 ou ironique, et vouliez mon sentiment exprès là-dessus. […] Édouard Thierry dans son article du Moniteur 1, j’en reste à me demander si de tels vers d’opposition sont bien de Ronsard, ou s’ils ne sont pas plutôt de quelque anonyme qu’on aura couvert ensuite d’un nom célèbre.

1150. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Elle s’inquiétait, elle tremblait pour lui, elle priait ; elle se demandait : Reviendra-t-il ?  […] Que j’ai demandé à Dieu son salut, prié, supplié ! […] Combien je demande, désire et prie pour cette chère santé, tant de l’âme que du corps !

1151. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Bussy âgé de quarante-deux ans, lieutenant général et mestre de camp général de cavalerie légère, ayant vingt-six ans de bons et beaux services, aspirant au cordon bleu et à devenir maréchal de France, est amoureux de Mme de Montglat, et, pendant un mois d’absence, il se met, pour la divertir, à coucher par écrit les histoires de mesdames telles et telles, qu’elle lui avait demandées. […] Paul Boiteau a été pour lui un annotateur comme il s’en voit peu, d’un éveil, d’un entrain, d’une verve mêlée à l’esprit, et jusqu’à mettre de la poésie même, dans un genre qui n’en demande pasq. […] Pour s’être donné le malin plaisir de faire un livre de Régence et de Directoire, qui est bien de la date où le surintendant Fouquet faisait collection de ses billets doux, et dressait une liste de ses bonnes fortunes, il manque le grand siècle, les guerres de Flandre, celle de Franche-Comté qui vient passer presque sous ses fenêtres ; tous ses compagnons d’armes y seront : « Il vient de passer dix mille hommes à ma porte (à la porte de son château de Bussy) : il n’y a pas eu un officier tant soit peu hors du commun qui ne me soit venu voir ; bien des gens de la Cour ont couché céans. » Vite il écrit au roi pour demander à servir cette campagne, et le roi impassible répond : « Qu’il prenne patience !

1152. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

je m’aperçois que je demande en ce moment à Guillaume Favre de faire ce qu’eût fait en sa place, sur un tel sujet, Ernest Renan, c’est-à-dire un savant doublé d’un artiste-écrivain. — Mais il aurait fallu pour cela dominer ses matériaux, les soumettre : Favre se borne à rassembler de merveilleux documents ; la maîtresse main s’y fait désirer. […] Il nous faut donc accepter Guillaume Favre pour ce qu’il était, et ne pas lui demander d’être autre. […] On voudrait que, dans tout résultat d’étude littéraire, l’idée morale dominât ou, du moins, entrât pour quelque chose, que l’intérêt humain y eût sa part, et que l’âme de celui qui cherche s’adressât de temps en temps par quelque reflet à l’âme de celui qui ne demande pas mieux que de le suivre.

1153. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ne lui demandez pas, quand il prend la plume pour écrire une lettre, de songer à vous plaire, à vous égayer, à faire qu’on dise dans le monde autour de soi : « Il m’a écrit une belle ou une jolie lettre. » Buffon ignore le joli ; il a l’ambition et l’art de dire les grandes choses ; il n’a ni l’art ni le souci de dire les petites. […] » demandait brusquement Napoléon, un jour qu’il sortait de causer avec Mascagni, un de ces savants italiens à qui l’imagination ne faisait pas faute. — « Sire, répondit Corvisart, c’est que l’imagination tue l’observation. » — L’imagination ne tue pas toujours l’observation ; bien souvent aussi elle l’éveille, elle la provoque et la stimule ; elle la devance. […] Il les a distingués, électrisés, appliqués et mis en valeur chacun dans son emploi ; en se les associant il les a adoptés, l’un comme frère et l’autre comme fils, dans sa famille spirituelle ; jamais la question d’amour-propre ne s’est élevée entre eux et lui : que lui demandons-nous de plus ?

1154. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Un livre d’histoire, qu’il publia quelque temps après (Revue de l’Histoire universelle), et qui semblait ne répondre qu’à une demande de librairie, lui servit à se remémorer les faits principaux du passé, dont il faut être muni dans le présent, et à rassembler sous une vue sommaire les résultats d’idées qui sont des conquêtes ; c’étaient des armes qu’il préparait. […] Je demande à confondre un peu dans ma pensée ces différents morceaux et les brochures sorties de sa plume, pour répondre à l’esprit qui les a dictés et qui les inspire. […] Si l’on pouvait un moment avoir raison de la passion et du système qui s’identifient dans les intelligences élevées avec une idée exagérée de dignité et d’honneur, je ne demanderais qu’une chose aux esprits restés politiques ou destinés à le devenir : ne retombons pas dans la même faute qu’ont faite, sous la Restauration et sous le régime des dix-huit ans, les générations obstinées et excessives ; ne soyons pas, de parti pris, et au nom d’un principe, irréconciliables.

1155. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Et encore, à propos des occasions prochaines de péché qu’il importe de s’interdire : « Il tenait que c’en était ordinairement une dangereuse d’aller à la comédie, au bal et autres semblables spectacles ; aussi ne s’y trouvait-il jamais depuis longtemps : sur quoi je comptais si fort, que quand j’avais à lui parler de quelque chose dont il m’avait fait l’honneur de me charger, je m’informais si, ce jour-là, il y avait comédie ou bal ; j’étais sûr, en ce cas, de le trouver dans son appartement. » Et ceci qui complète et qui achève : « L’on sait qu’il s’est répandu un bruit, mais bien fondé, l’année dernière (1714), que les comédiens, après la mort de Monseigneur, ayant demandé à notre prince l’honneur de sa protection, surtout pour obtenir du roi une seconde troupe, il leur répondit qu’ils ne devaient nullement compter sur sa protection, qu’il n’était pas en pouvoir d’empêcher leurs exercices, mais ne pouvait se dispenser de leur dire qu’il était indigne qu’il les fissent, particulièrement fêtes et dimanches. » Ce ne sont pas là des calomnies, ce sont des éloges20. […] Mme de Maintenon, qui s’en préoccupait aussi, et qui n’aurait voulu, pour son compte, que des pièces saintes, des comédies de couvent, lui demandait un jour : « Mais vous, Monseigneur, que ferez-vous quand vous serez le maître ? […] Il demande s’il ne pèche pas en prenant logement dans un couvent de religieuses.

1156. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

On ne pouvait lui demander comme à un Quatremère de Quincy de marquer plus expressément les degrés de mérite de chaque artiste dans son ordre ; il était lui-même trop artiste et trop intéressé dans un art voisin, trop collatéral en quelque sorte pour cela ; il ne pouvait guère juger ses pareils et ses confrères que de côté et comme de profil : il était en train de le faire avec bien de l’esprit et de la grâce. […] Alors il cherchait l’autorité dans ses livres ; il envoyait demander tel ouvrage, puis tel autre, il faisait remuer sa bibliothèque, il allait chercher lui-même ; il y mettait une impatience à impatienter les autres : il fallait que le problème fût résolu. […] Je me le demande un peu tard ; car la question est, à l’heure qu’il est, résolue.

1157. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne prends pas à la lettre tout ce qu’il fait semblant d’être dans son livre ; il se donne comme le plus désappointé des hommes ; selon lui, il aurait tout manqué dans sa carrière, et il n’aurait recueilli qu’ingratitude et mécomptes : littérateur, on ne lui aurait pas su gré des services qu’il aurait rendus à la société à une certaine heure ; on lui aurait fait mainte promesse qu’on n’aurait pas tenue ; homme de province et propriétaire, il n’aurait eu qu’ennuis dans l’exercice de ses honneurs municipaux ou communaux ; homme de qualité (il ne l’oublie jamais), comme il n’allait qu’en fiacre dans les soirées du noble faubourg, les laquais souriaient d’un certain air en le voyant traverser l’antichambre et lui demandaient à la sortie sous quel nom il fallait appeler ses gens. Je ne savais pas, je l’avoue, M. de Pontmartin en si piètre état et en si mauvaise posture ; je le croyais sur un meilleur pied dans tous ses mondes ; il me semblait qu’il avait, littérairement, une réputation assez en rapport avec ses mérites, qu’il n’avait pas grand-chose à demander de plus ; et quant à l’Académie, son désir ou son regret aujourd’hui avoué, j’estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il avait chance d’y arriver à son tour, — après M.  […] Ce n’est pas ainsi qu’il faut prendre Paris ; demandez plutôt à l’aimable et heureux Auber qui n’en sort pas.

1158. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

En général, ce sont les dieux des campagnes, les Nymphes et Pan, qui font tout dans ce gracieux roman-poème ; mais, pour rendre leur intervention moins invraisemblable, c’est d’ordinaire en songe qu’ils se contentent d’apparaître et de se manifester personnellement ; le merveilleux n’est pas direct, il est réfléchi : précaution légère et pourtant assez marquée, qui semble demander grâce pour la fiction elle-même, et qui est de nature à concilier ceux qui ne sont incrédules qu’à demi. […] s’est-il demandé. […] Il nous est aujourd’hui facile, aidés par de tels devanciers, par des maîtres qui nous ont élaboré la matière et qui nous épargnent les tâtonnements, de voir juste en un clin d’œil, de nous établir tout d’abord au vrai point de vue pour apprécier ces monuments d’une littérature et d’un art que nous concevons désormais en eux-mêmes et sous leur forme accomplie, sans leur demander autre chose que ce qu’ils sont.

1159. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Moi-même, si parva licet…, si j’ose, en présence de tant de noms et d’œuvres d’alors, me rappeler tout bas ce premier souvenir de ma vie littéraire, lorsqu’en 1824 j’entrais comme apprenti rédacteur au Globe, que me demandait comme échantillon, comme premier essai de ma plume, mon ancien maître M.  […] Il me demandait de petits articles sur Chio, sur Psara, sur la géographie de la Grèce. […] Grenier n’a nul besoin de demander à ses devanciers ce qu’il faut penser de la Grèce.

1160. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Il demandait qu’on l’envoyât droit à Londres avec une armée. […] La jeune princesse Aloïsia de Stolberg, née à Mons en Hainaut (1752), était fille d’un lieutenant général autrichien, mort à la bataille de Leuthen : on aurait dû naturellement demander l’agrément de l’impératrice Marie-Thérèse ; on ne le fit pas, et l’impératrice en témoigna son mécontentement à la mère de la jeune princesse. […] Je ne demande pas une admiration excessive pour Mme d’Albany que j’aurai bientôt à définir, sous sa forme dernière, comme une personne gracieuse, distinguée et surtout sensée, comme une vraie reine de salon et une maîtresse de maison parfaite, dont la mort, en 1824, mit le deuil dans Florence et fut une perte pour la société européenne tout entière ; mais, à considérer sa vie telle qu’elle sut la réparer et la fixer, je ne vois pas qu’il y ait lieu ni prétexte contre elle, de la part d’un esprit juste, à aucun anathème.

1161. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Le digne et sincère amant de la gloire propose un beau traité au genre humain ; il lui dit : « Je consacrerai mes talents à vous servir ; ma passion dominante m’excitera sans cesse à faire jouir un plus grand nombre d’hommes des résultats heureux de mes efforts ; le pays, le peuple qui m’est inconnu aura des droits aux fruits de mes veilles ; tout ce qui pense est en relation avec moi ; et dégagé de la puissance environnante des sentiments individuels, c’est à l’étendue seule de mes bienfaits que je mesurerai mon bonheur ; pour prix de ce dévouement, je ne vous demande que de le célébrer, chargez la renommée d’acquitter votre reconnaissance. […] On se demande pourquoi l’amitié a moins de persistance que la haine ; c’est qu’il y a plusieurs manières de renoncer à l’une, et que pour l’autre le danger et la honte sont partout ailleurs que dans le succès. […] Le public se plaît à donner à celui qui possède ; et, comme ce sultan des Arabes, qui s’éloignait d’un ami poursuivi par l’infortune, parce qu’il craignait la contagion de la fatalité ; les revers éloignent les ambitieux, les faibles, les indifférents, tous ceux enfin qui trouvent, avec quelque raison, que l’éclat de la gloire doit frapper involontairement ; que c’est à elle à commander le tribut qu’elle demande ; que la gloire se compose des dons de la nature et du hasard, et que personne n’ayant le besoin d’admirer ; celui qui veut ce sentiment ne l’obtient point de la volonté, mais de la surprise, et le doit aux résultats du talent, bien plus qu’à la propre valeur de ce talent même.

1162. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Quand elle fut conduite à l’échafaud révolutionnaire pour y mourir avec plusieurs dames de la cour et avec leurs filles, elle demanda à mourir la dernière, et elle partagea avec elles le mouchoir qui protégeait son sein pour sauver au moins la pudeur de celles dont elle ne pouvait sauver la vie. […] L’aînée de ses filles, jeune personne très-jolie et très-intéressante, avait été demandée en mariage par un vieux gentilhomme riche de l’Est de la France. […] Quand l’hiver fut remplacé par le printemps, il me demanda de l’accompagner dans sa résidence d’été, et d’y passer avec lui et ses amis quelques jours.

1163. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement florissants. […] Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés aux groupes des mortels révérés : Que diraient-ils de nous ? […] Enfin, que ce soit Horace ou tout autre, quel que soit l’auteur qu’on préfère et qui nous rende nos propres pensées en toute richesse et maturité, on va demander alors à quelqu’un de ces bons et antiques esprits un entretien de tous les instants, une amitié qui ne trompe pas, qui ne saurait nous manquer, et cette impression habituelle de sérénité et d’aménité qui nous réconcilie, nous en avons souvent besoin, avec les hommes et avec nous-même.

1164. (1903) Zola pp. 3-31

Il s’est déformé de telle sorte que Zola sera un document d’histoire littéraire très intéressant pour qui se demandera vers quoi le romantisme tendait sans le savoir, à travers ses essors, ses envolées et ses splendeurs. […] Mais dans ces mêmes auteurs, ou encore mieux dans leurs imitateurs ridicules, le mot cru et gros, la couleur violente et aveuglante, la description acharnée qui ne demande à l’intelligence aucun effort et qui fait simplement tourner le cinématographe, le relief des choses, cathédrale, quartier, morceau de mer, champ de bataille, aussi l’imagination débordante et enlevante, qui vous entraîne vers des hauteurs ou des lointains confus comme dans la nacelle d’un ballon, toutes ces choses qui ne demandent au lecteur aucune collaboration, qui le laissent passif tout en le remuant et l’émouvant ; aussi et enfin une misanthropie qui ne donne pas ses raisons et qui ne nous fait pas réfléchir sur nous-mêmes, mais seulement flatte en nous notre orgueil secret en nous faisant mépriser nos semblables sans nous inviter à nous mépriser nous-mêmes : voilà ce que le lecteur illettré de 1840 voit, admire et chérit dans les romantiques ; voilà la déformation du romantisme dans son propre cerveau mal nourri, dans la misère physiologique de son esprit.

1165. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Si nous passons maintenant à l’être qui se connaît lui-même, on peut se demander d’abord s’il existe un tel être ; mais la réponse est donnée dans la question même, car celui qui demande cela sait bien qu’il le demande, il sait donc qu’il pense, il sait donc qu’il est.

1166. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Moi, dis-je ; et si le ciel seconde ma vaillance, Je demande de vous, seigneur, pour récompense, De partir à l’instant sans être retenu, Sans voir Aménaïde et sans être connu. […] La générosité d’Orosmane, qui délivre les chevaliers chrétiens, et celle de Zaïre qui a demandé et obtenu la grâce de Lusignan, amènent la reconnaissance de Lusignan et de sa fille, et tous les malheurs d’Orosmane et de Zaïre. […] Une invention purement raisonnable, dit le grand Corneille, peut être très mauvaise ; une invention théâtrale que la raison condamne dans l’examen, peut faire un très grand effet : c’est que l’imagination émanée de la grandeur du spectacle se demande rarement compte de son plaisir.

1167. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Plus une composition est vaste, plus elle demande d’études d’après nature. […] Et si l’on ressuscitait les héros de nos tragédies, ils auraient bien de la peine à se reconnaître sur notre scène, et placés devant nos tableaux historiques, Brutus, Catilina, César, Auguste, Caton demanderaient infailliblement qui sont ces gens-là. Qu’est-ce que cela signifie, sinon que la peinture d’histoire demande plus d’élévation, d’imagination peut-être, une autre poésie plus étrange ; la peinture de genre, plus de vérité ; et que cette dernière peinture, même réduite au vase et à la corbeille de fleurs, ne se pratiquerait pas sans toute la ressource de l’art et quelque étincelle de génie, si ceux dont elle décore les appartements avaient autant de goût que d’argent ?

1168. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Je vous interpelle et je vous demande si le témoignage d’une servante catholique, qui avait converti un des enfans de la maison, ne devait pas avoir plus de poids dans votre balance que tous les cris d’une populace aveugle et fanatique ? ô juges, je vous demande, ce père que vous accusez de la mort de son fils, croyait-il un dieu, n’en croyait-il point ? […] Voilà-t-il pas que je me rappelle ce portrait de Bridan  ; il y a une extrême vérité et des détails qui ne permettent pas de douter de la ressemblance ; mais j’oserai demander si c’est là de la chair ; et pour vous montrer combien je suis de bonne foi, c’est que si l’on me soutient qu’il y a de la finesse dans la tête de la dormeuse, et que la tête du vieillard est d’un beau faire, d’un bon caractère, barbe légère et mieux coloriée qu’il ne lui appartient, je ne disputerai pas.

1169. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Oublions que plus d’une lectrice, jeune ou vieille, n’a d’autre critérium, pour apprécier un caractère, que celui qui consiste à se demander, si elle est jeune : « L’aimerais-je ?  […] Non, la vraisemblance, le goût instinctif demandent que la vision d’un héros de roman soit une vision passionnée, c’est-à-dire en étroite relation avec la passion qui agite le cœur. […] J’en ai assez dit pour prouver que la lecture du roman ne peut convenir à tout le monde, puisqu’elle demande une expérience personnelle de la vie et un sens exercé de la beauté.

1170. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Qu’il rédige sa Théodicée, ou qu’il achève l’histoire de Mme de Longueville, il a dès à présent fourni au peintre et au critique tout ce que le peintre et le critique peuvent lui demander. […] Seules, elles peuvent être populaires, parce que seules elles peuvent être comprises sans peine ; seules, elles peuvent être traitées en beau style, parce qu’étant du domaine public, elles ne demandent pas un langage spécial ; seules, elles ouvrent une pleine carrière à l’orateur, parce qu’avec le devoir de convaincre, elles lui imposent l’obligation de toucher et de plaire ; seules, elles donnent des œuvres d’art, parce qu’avec la logique, elles ont à leur service la passion et le bon goût. […] Je le demande, quelle puissance a enseigné tout cela à tant de milliers d’hommes dans l’ancien monde, avant la venue de Jésus-Christ, sinon cette lumière naturelle qu’on traite aujourd’hui avec une si étrange ingratitude ?

1171. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Fallait-il ne la demander qu’à la tradition incertaine de ces bardes gallois qu’un roi cruel fit périr au neuvième siècle ? […] Nommé tard, et sans l’avoir demandé, professeur à la chaire de langues et d’histoire modernes fondée depuis 1723 à Cambridge, il ne fit pas même une première leçon, tout occupé qu’il était d’immenses études préparatoires, et retenu par cet embarras toujours croissant d’un début tardif. […] On peut se demander encore si tout est juste dans ce langage du vieux barde, dernier survivant de ses frères immolés par la jalouse tyrannie d’Édouard.

1172. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Vers le mois d’octobre 1800, le premier Consul demandait à M.  […] « Que chacun, disait-il, marche dans sa ligne ; s’il y a choc, j’arriverai. » Quand le conflit était assez grave, il demandait toute la correspondance et prononçait son opinion en la motivant, et surtout sans blâme.

1173. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Cette route était en général évitée par les pèlerins juifs, qui aimaient mieux dans leurs voyages faire le long détour de la Pérée que de s’exposer aux avanies des Samaritains ou de leur demander quelque chose. […] Jésus lui demanda à boire, ce qui excita chez cette femme un grand étonnement, les Juifs s’interdisant d’ordinaire tout commerce avec les Samaritains.

1174. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Recherche délicate, qui demande beaucoup de prudence et de tact, mais qui peut réussir à prouver que tel trait de physionomie ou de caractère est un trait de famille. […] Nous nous demandons d’où est venu à l’auteur ce souci de l’étiquette, ce respect des distances sociales, cette proscription presque absolue du mot ou du détail familier.

1175. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Aujourd’hui Racine ne regarderait pas comme héroïque cette réponse de Porus à Alexandre qui lui demande comment il veut être traité : En roi . Ce serait peu demander aujourd’hui.

1176. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Corneille a tant de beautés, qu’elles demandent grace pour ses défauts, qui sont un stile bas, des intrigues froides, des amours déplacés & fades, des raisonnemens alambiqués. […] Un jour le roi demanda au premier ce qu’il y avoit de nouveau dans la littérature à Paris.

1177. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Nous demandions pour notre part que cette lubie des temps actuels lui passât très vite, et nous avions appris avec bonheur qu’il préparait un livre d’histoire sur une époque limitrophe à celles que, dans les Césars, il avait déjà étudiées et sur lesquelles il s’était montré si vivant, si compétent et si renseigné. […] » À qui demanderons-nous, Si ce n’est à lui-même, de nous rendre l’auteur des Césars ?

1178. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Je lui en eusse demandé deux. […] Or, Auguste Vitu est très capable de faire un livre, ramassé, soutenu et fort, soit d’antiquités, soit d’histoire ; mais comme l’histoire est, en ce moment, ce qui doit passer le plus près de toute pensée qui comprend les dangers du présent et veut le salut de l’avenir, c’est un livre d’histoire que nous lui demandons positivement.

1179. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

C’est dans ces conseils à un jeune poète que Swift pose, toujours sans rire, la nécessité des bouts rimés pour que la poésie soit florissante, et demande une banque pour la poésie, la poésie étant, dit-il, d’autant de valeur et chose aussi réelle que nos fonds, puis une corporation de poètes, et enfin l’entretien d’un poète par famille, indépendamment du fou et du chapelain, qui ordinairement ne font qu’un. […] La femme est au-dessous du singe, dit-il à cette pauvre enfant qui venait lui demander, en tremblant et en rougissant, des conseils.

1180. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Mais il y aurait de l’outrecuidance à trop nous attarder dans le voisinage de ces noms fameux, et l’on nous demanderait ce qu’il y a de commun entre eux et nous. […] Proposez l’un pour exemple aux jeunes gens, l’autre pour modèle aux jeunes mères, et demandez-vous ce que pourrait être, dans un temps donné, une société où la génération active serait formée par les disciples de Vautrin et préparée par les émules de madame de Mortsauf ! […] On a demandé en ricanant s’il préférait au réalisme des Flamands la pompe flamboyante et théâtrale de Lebrun ou l’élégance mignarde de Mignard. […] C’est une chose triste à dire, mais indubitable : si les débuts des hommes célèbres demandent quelques frais de mise en scène, leur règne, leur glorieux automne, en exige bien plus encore. […] Nous n’en demandons pas et nous ne voulons pas en savoir davantage.

1181. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Latour » p. 99

Latour Latour avait peint plusieurs pastels qui sont restés chez lui ; parce qu’on lui refusait les places qu’il demandait.

1182. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

il signifie souhaiter d’avoir, briguer, demander ; (…), briguer le consulat ; (…), rechercher une persone en mariage. […] enfin (…) veut dire par extension aler en quelque lieu, ensorte que ce lieu soit l’objet de nos demandes et de nos mouvemens. […] C’est-à-dire, je ne suis plus dans un âge convenable pour me bien aquiter des soins que demande la royauté. […] (…), l’espérance, se dit souvent pour ce qu’on espère. (…), demande, se dit aussi pour la chose demandée. (…). […] Au reste cette figure joue trop sur les mots pour ne pas demander bien de la circonspection ; il faut éviter les jeux de mots trop afectés et tirés de loin.

1183. (1922) Gustave Flaubert

Elle le lui demande bruyamment. […] Que Dieu nous conduise donc où chacun demande ! […] L’organisme encrassé, les poumons sans oxygène, demandent grâce. […] Dur voyage et qui demande une volonté acharnée. […] C’est l’éternel époux qu’elles demandent.

1184. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Taillefer le jongleur, qui demanda l’honneur de frapper le premier coup, allait chantant, en vrai volontaire français, et faisant des tours d’adresse87. […] Puis elle demandera le vin aromatisé du soir, avec des dattes et des friandises. […] Ce n’est point la vérité qu’ils demandent, mais le divertissement, le divertissement violent et vide, avec des éblouissements et des secousses. […] Il prend la ville, et aussitôt les ambassadeurs de Saladin viennent lui demander grâce pour les prisonniers. […] « Qu’est-ce que la justice, se demandait anxieusement Luther, et comment l’aurai-je ? 

1185. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foissac, Ernest (1861-19..) »

Foissac, la Chair souveraine, demande à être lue tout entière : c’est une des tentatives les plus curieuses qui aient été faites depuis des années ; c’est, du coup, la consécration brusque et définitive d’un talent de premier rang.

1186. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Parrocel »

De par Apollon dieu de la peinture, nous condamnons le Sr Parrocel auteur de cette maussade composition, à lécher sa toile, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien, et lui défendons de choisir à l’avenir des sujets qui demandent du génie.

1187. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Se demander si l’univers existe dans notre pensée seulement ou en dehors d’elle, c’est donc énoncer le problème en termes insolubles, à supposer qu’ils soient intelligibles ; c’est se condamner à une discussion stérile, où les termes pensée, existence, univers, seront nécessairement pris de part et d’autre dans des sens tout différents. […] Plaçons-nous donc dans cette hypothèse, et demandons-nous comment la perception consciente s’explique. […] Que vous demandons-nous alors ? […] Or nous ne demandons pas autre chose pour le moment, car c’est de la perception pure que nous traitons ici, et non de la perception compliquée de mémoire. […] Et ensuite on peut se demander par quel heureux accord, en vertu de quelle harmonie préétablie, ces sensations d’espèces différentes vont se coordonner ensemble pour former un objet stable, désormais solidifié, commun à mon expérience et à celle de tous les hommes, soumis, vis-à-vis des autres objets, à ces règles inflexibles qu’on appelle les lois de la nature.

1188. (1925) Portraits et souvenirs

Aussi s’est-il vite lassé de celles qui ne demandent qu’à se donner. […] À lui, ce ne sont pas ses vers que je lui demande. […] C’est cela que nous demandons au poète. […] Ses semences romantiques allaient demander nourriture au sol classique. […] Aussi, se peut-on demander, en fermant le livre où M. 

1189. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudry, P. »

Baudry) fit, sur la demande de quelques chansonniers, la musique de leurs chansons, puis, trouvant que ses collaborateurs ne lui donnaient pas assez d’ouvrage, il se mit à manier la rime, s’essaya dans la chanson satirique, politique et mondaine, et remporta un très bon succès.

1190. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roland de la Porte  »

La main touchait une surface plane, et l’œil toujours séduit voyait un relief ; en sorte qu’on aurait pu demander au philosophe de ces deux sens dont les témoignages se contredisaient, lequel était un menteur.

1191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

c’est lui qui, après avoir gémi dans ses écrits pendant vingt ans au seul nom d’invasion, et avoir demandé sur tous les tons, avec des cris de prophète, avec des cris d’aigle, qu’on relevât la France d’un humiliant désastre auquel il attribuait tous les maux, même civils, n’est pas content d’elle aujourd’hui qu’elle a, ce me semble, la tête assez haute et qu’elle s’est assez bien revanchée ! […] » lui demande Napoléon. — « Je retourne chez moi », répond le petit prince. — « Et moi aussi », répliqua Napoléon.

1192. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Ce titre demande tout d’abord une explication. […] Lorsque Tibulle, le plus affectueux après Virgile, et le plus doux des Romains, dit à sa Délie, en des vers pleins de tendresse, qu’il ne demande avec elle qu’une chaumière et la pauvreté, il mêle encore à l’idéal de son bonheur ces images du labour : Ipse boves, mea, sim tecum modo, Delia, possim Jungere, et in solo pascere monte pecus ; Et te dum liceat teneris retinere lacertis, Mollis et inculta sit mihi somnus humo.

1193. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Je dirai tout : oui, un baiser me plairait, un baiser plein de tendresse ; mais surtout la voir, la contempler, rafraîchir mes yeux, ma pensée, en les reposant sur ce jeune front, en laissant courir devant moi cette âme naïve ; parer cette belle enfant d’ornements simples où sa beauté se rehausserait encore, la promener les matins de printemps sous de frais ombrages et jouir de son jeune essor ; la voir heureuse : voilà ce qui me plairait surtout et ce qu’au fond mon cœur demande. […] X Je ne demande plus aux hommes qu’une chose : c’est de me laisser beaucoup de temps à moi, beaucoup de solitude, et pourtant de se prêter quelquefois encore à mon observation.

1194. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

M. de Maistre, qui, dans admirables pages sur l’art chrétien, s’est pris à regretter que Molière, avec sa veine, n’ait pas eu la moralité de Destouches, est tombé, contre son ordinaire, dans une inadvertance ; il a demandé là une chose impossible et contradictoire. […] J’en demande bien pardon, mais il y a là une véritable question physiologique au fond de la question littéraire (anguis in herbis) et qui ne fait qu’un avec elle.

1195. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Au quatrième acte, lorsque Alvise, qui a entendu dans le parc les derniers mots d’adieu de sa femme et d’Ordonio, vient chez ce dernier lui demander raison de l’injure et lui raconter qu’il sait tout ; lorsqu’il arrive au moment même où sa femme était accourue chez le séducteur dans un accès de jalousie, et tout exprès (subterfuge du cœur !) […] demande le chanoine. » Non, répond Cosima ; ce non, si naturel à la fois et si démenti par tout son geste, nous rouvre l’abîme profond de son cœur.

1196. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Dubout me cite, est-ce trop de lui demander je ne dis pas plus de bonne foi, mais un peu plus d’attention ? […] Ce sont des hommes doux, bien meilleurs que moi, et qui ont coutume de découvrir, chaque saison, dans les pièces qui leur sont soumises, une bonne douzaine de « scènes supérieures » et de « scènes de premier ordre. » J’estime tout naturel que vous ayez plus de confiance en eux qu’en moi et que vous mettiez leur jugement fort au-dessus du mien ; mais enfin c’est le mien, et non le leur, que vous me demandiez, quand, avec l’espoir effréné que je vous trouverais du génie, vous m’avez convié à la représentation de votre drame et m’en avez même envoyé la brochure.

1197. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Alphonse de Lamartine Alfred de Musset, soit qu’il éprouvât lui-même cette fastidiosité du sublime et du sérieux, soit qu’il comprît que la France demandait une autre musique de l’âme ou des sens à ses jeunes poètes, ne songea pas un seul instant à nous imiter. […] Il a trop demandé aux choses ; il a voulu d’un trait, âprement et avidement, savourer toute la vie : il ne l’a point cueillie, il ne l’a point goûtée ; il l’a arrachée comme une grappe et pressée, et froissée, et tordue ; et il est resté les mains salies, aussi altéré que devant.

1198. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Elle a besoin de recourir à un notaire qui lui rédige un acte interminable auquel elle ne comprend rien, et, quand elle lui en demande l’explication, il la renvoie à un avocat, son associé. […] Mais quand elle s’excuse de la médiocrité de la somme, l’avocat la rassure : il sait le métier de la vieille, il lui demande de l’obliger.

1199. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Il seroit ridicule, après cela, de nous demander quels sont nos chef-d’œuvres ? […] Quels Philosophes, a-t-on dit, que ceux qui demandent grace à tout le monde, & n’en font à personne !

1200. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

demanda l’aîné. […] Et leur offrande faite de la tête de Kotsuké, se regardant déjà comme morts, ils demandaient aux bonzes de les ensevelir, et se rendaient au tribunal.

1201. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Ce que la foule demande presque exclusivement à l’œuvre dramatique, c’est de l’action ; ce que les femmes y veulent avant tout, c’est de la passion ; ce qu’y cherchent plus spécialement les penseurs, ce sont des caractères. […] Cela tient à ce que la foule demande surtout au théâtre des sensations ; la femme, des émotions ; le penseur, des méditations.

1202. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Dans cette idée, il alla trouver l’archevêque de Sens, lui fit des plaintes de l’abbé de Clairvaux, & demanda qu’on l’admît à justifier sa doctrine en plein concile. […] Il gardoit un silence perpétuel, si ce n’est quand il étoit forcé de parler dans les conférences ou dans les sermons qu’il faisoit à la communauté. » Héloïse demanda les cendres d’Abailard, & les obtint.

1203. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Ce qu’on raconte des oracles, demande leur historien, est-il bien vrai ? […] Avant que de mourir, il demanda les sacremens.

1204. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Quelle est la meilleure rhétorique pour un jeune homme, demandoit-on à un vieillard qui avoit suivi avec honneur la carrière des Démosthène ? […] L’opinion qu’il en avoit lui-même, ou plutôt sa simplicité, alloit au point qu’ayant trouvé à la campagne, dans un endroit isolé, une personne qui tenoit un livre, il lui demanda ce qu’elle lisoit.

1205. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Si on lui demandait qu’est-ce qu’un roi ? […] Dans une contrée où le culte oblige à la confession, qui est assez bonne quand elle est faite par un pénitent sincère et entendue par un honnête homme, et où l’on va demander au premier venu l’absolution qui est toujours mauvaise, il faut deux professeurs de la science des conseils, du jugement des actions et de la nature des réparations et expiations.

1206. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Il ne suffit pas aux peintres de concevoir des idées nobles, d’imaginer les compositions les plus élegantes, et de trouver les expressions les plus pathétiques, il faut encore que leur main ait été renduë docile à se fléchir avec précision en cent manieres differentes, pour se trouver capable de tirer avec justesse la ligne que l’imagination lui demande. […] Cette étude demande une attention entiere et une perseverance continuée durant plusieurs années.

1207. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Avant que d’entrer en matiere, je dois demander à mon lecteur qu’il me soit permis de prendre ici le mot de siecle en une signification un peu differente de celle qu’il doit avoir à la rigueur. […] Seul auteur de ses décisions et maître de sa faveur, il alloit chercher ceux qui avoient cette capacité, et il leur offroit sa protection et son amitié, qu’ils n’osoient encore demander.

1208. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Elle écrivit ces feuilletons charmants du vicomte de Launay, chef-d’œuvre de la légèreté féminine, qui est pour le dix-neuvième siècle ce que les lettres de Mme de Sévigné sont pour le dix-septième, mais Mme Sophie Gay n’eut pas un pareil bonheur… Mme Sophie Gay, qui a fait une montagne de romans que je ne conseillerai à, personne de gravir, et dans lesquels je retrouve, ensemble ou tour à tour, les influences, déteintes ou mélangées, de Picard, de Droz, de Sénancourt, et surtout de Mme de Genlis, non pour la raison, que Mme de Genlis avait, mais pour l’agrément, que Mme de Genlis n’avait pas, Mme Sophie Gay a, comme sa fille, voulu une fois faire son livre de femme, — un livre dans lequel la prétention virile et l’imitation des littérateurs de son temps qui avaient eu du succès, — ces deux choses qui constituent le bas-bleuisme, — pouvaient n’être absolument pour rien, et ce livre, dont le titre frappe au milieu des autres titres de ses œuvres (la Physiologie du Ridicule), prouve au contraire combien chez Mme Gay, le bas-bleu avait rongé la femme, et combien elle était peu propre à traiter un sujet qui demandait plus qu’aucun autre les qualités naturelles à la femme, c’est-à-dire de la grâce sincère et, à force de finesse de la profondeur. […] Quand on songe que c’est ce style-là, et pas un autre, que Mme Sophie Gay nous a donné dans les quatorze volumes de ses Œuvres complètes, on se demande vraiment par quel phénomène d’organisation on peut être à la fois si abondante et si aride.

1209. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Une main qui n’est pas espagnole, mais allemande a entrepris de resculpter cette vieille statue, aux traits diminués par le temps et couverts de la poussière des siècles, et de demander à la génération présente un peu d’admiration pour cette grandeur. […] Il n’est guère possible d’écrire plus lourdement et plus vulgairement que ces messieurs, — et c’est même à se demander si le docteur Hefele, qui a approuvé cette traduction sans noblesse et sans couleur, manque du sentiment de sa propre langue ou du sentiment de la nôtre ?

1210. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Dépendant également de la Raison et de l’imagination, l’Histoire tombe alternativement sous la seule et absolue domination de l’une ou de l’autre, tantôt fiction, tantôt théorie, souvent toutes les deux. » Nous en demandons bien pardon à Macaulay, mais si la difficulté de la composition historique ne venait que de l’accord qu’il faut savoir établir entre l’imagination et la Raison, elle ne serait que celle de tous les genres de composition littéraire, qui n’existent pas plus que l’Histoire sans la fusion harmonieuse de ces deux grandes facultés. […] Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ?

1211. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Demandez plutôt aux jambes de tous les partis ! […] » Comme tous les hommes qui n’en ont pas, il parlait incessamment de son caractère, et demandait une caverne pour s’y retirer avec sa femme et son enfant… Je ne sais pas si je me trompe, mais la cave sinistre de Marat a plus de grandeur que cette caverne sentimentale et poltronne de ce mari de Greuze dans l’embarras.

1212. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Ce n’est pas bon, mais c’est demandé, et la philosophie telle que l’enseigne M.  […] Saisset, à qui je ne demanderai pas plus qu’il ne peut me donner, a-t-il fait du moins dans son Essai de philosophie religieuse, pour le compte de la personnalité divine, quelque découverte qui fasse avancer cette question ?

1213. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Le livre intitulé : Mahomet et le Coran n’est pas, comme je l’aurais demandé, un livre d’histoire. […] Mais il est un autre point qui n’est pas seulement faible, mais qui est faux et que je demanderai à Barthélemy Saint-Hilaire la permission de signaler, non au sentiment de l’historien et du philosophe, mais à la conscience du chrétien, puisque, grâce à Dieu, Barthélemy Saint-Hilaire est maintenant chrétien.

1214. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Mais quelqu’un d’aussi littéraire que Feuillet de Conches, quelqu’un qui passe sa vie en habit de soie dans le détail d’une fonction de cour qui demande un perpétuel sous les armes, ne pouvait pas aller chercher le conte où il est réellement le plus, et où de mâles observateurs comme Fielding, le juge de paix, et Walter Scott, le greffier, sont allés le chercher, au péril de leurs habitudes de gentlemen tirés à quatre épingles, de la délicatesse de leurs sensations, et parfois de leur dignité. […] Il n’y a, de fait, que Balzac, dans ces contes inouïs qui ne sont pas pour les enfants et qui ont tout, excepté l’innocence ; il n’y a que Balzac qui ait parlé depuis Rabelais cette langue phénoménale que Feuillet rappelle en plus d’un endroit de son livre par la propriété pittoresque de l’expression, l’opulence des vocables, le mouvement ému, les contours renflés, la grâce du tour, et particulièrement ce coloris qui étend sur toutes choses ses clartés rougissantes et qui nous fait nous demander, à nous, vieux critiques, accoutumés au feu de la phrase quand elle en a : « Mais dans quel baquet de pourpre s’est-il plongé, ce diplomate, pour en être ressorti avec cet éclat et cette vie qu’un artiste de profession lui envierait ? 

1215. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

» se demande-t-il. « Je l’ignore. […] A quel ami, quelque éclairé qu’il soit, puis-je le demander ?  […] Il se demande à deux ou trois reprises : Qu’est-ce que M.  […] » demande M.  […] Il reste professeur et demande une chaire au lycée d’Alger.

1216. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pater, René = Peter, René (1872-1947) »

René Peter au public, se demande « si la prose, le plus beau de tous les langages, le style polymorphe par excellence, n’eût point été entre ses mains une matière plus précieuse encore » que le vers libre.

1217. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 486

On les tient quittes de montrer leur propre esprit ; on ne leur demande que celui de l’homme dont ils prétendent écrire l’Histoire.

1218. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 460

Il est une certaine classe d’esprits, & c’est le plus grand nombre, incapables de s’attacher à des lectures solides ; il leur faut des Livres qui ne demandent ni application ni étude ; mais le talent de les amuser n’a pas droit de prétendre aux honneurs dus aux talens réels & honorables.

1219. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Alaux, Jules-Émile (1828-1908) »

Ce que je demande, avant tout, c’est l’émotion, la sincérité : elles vibrent dans ces poèmes.

1220. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valandré, Marie de (1861-19..) »

On peut dire qu’un frais atticisme est répandu sur toutes les pièces du recueil, parfois éloquentes de l’accent convaincu d’idéal des œuvres saines de la jeunesse, parfois délicieuses et fraîches comme une première rosée de mai ; c’est à ces dernières qu’il faut demander le secret de la personnalité de l’auteur.

1221. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

c’est encore nous, sortis de l’école contraire, qui sommes les premiers et le plus souvent les seuls à demander qu’on le maintienne, à sa date, à titre de témoin et d’autorité. […] On a cité son Dithyrambe qui lui avait été demandé pour la fête de l’Être Suprême, et dont plusieurs vers étaient la satire des oppresseurs. […] Quoi qu’il en soit, lorsqu’on essayait de sonder ses vrais motifs et qu’on lui parlait de revenir à Paris, il demandait toujours si l’abbé de Cournand y était encore. […] Pendant que Delille courait l’Allemagne, et de là passait en Angleterre, on se demandait en France de ses nouvelles avec un intérêt qu’attestent toutes les feuilles du temps. […] c’est encore nous, sortis de l’école contraire, qui sommes les premiers et le plus souvent les seuls à demander qu’on le maintienne, à sa date, à titre de témoin et d’autorité.

1222. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Au lieu de lui demander ces œuvres sérieuses que l’Italie, la France, l’Angleterre font produire à leurs grands hommes de lettres, les Allemands rêvent, et nous pensons. […] À la fin du souper ils lui demandèrent un conte pour leur abréger la veillée ; il y consentit. […] Elle s’étonne, elle se demande comment cette cassette a été déposée là, elle l’ouvre en tremblant : les bijoux la frappent et l’éblouissent. […] demande Faust. […] tu m’as donné tout ce que je demandais.

1223. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

S’il faiblit devant César, il ne faiblit pas devant la mort ; mais, pour appuyer le levier de cette force d’âme qu’on lui demande, et pour soutenir seul la république contre César, il lui fallait un point d’appui dans la république : il n’y en avait plus. […] « Par quel moyen, lui demanda Cicéron, atteindrai-je la plus grande gloire et la plus honnête ? […] Cicéron apprit que les restes du parti de Catilina et les complices de Clodius l’attendaient à Athènes pour lui demander compte, le poignard à la main, de la vie de Catilina, de Lentulus et de Céthégus. […] César s’excuse auprès de Cicéron de sa victoire ; il va lui-même le visiter dans sa retraite en Campanie ; il lui demande, pour ainsi dire, grâce pour son triomphe ; il ne croit pas le monde conquis, si Cicéron n’a pas ratifié la fortune. […] Quand Antoine, Lépide et Octave se furent réconciliés en se livrant mutuellement les têtes de leurs ennemis personnels comme gage de paix, Antoine demanda la tête de Cicéron ; elle fut disputée, mais enfin accordée.

1224. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

On me demande d’en faire l’étude critique. Mais critiquer, c’est apprécier, c’est distinguer les qualités et les défauts… Or, après huit mois, j’en suis encore à me demander quelles peuvent bien être les qualités de ces « versions ». […] » Mais non : il y a quelque part dans une phrase antérieure un « fatal » qui demande à rimer avec quelque chose. […] Ce que nous demandons est bien simple. […] C’est ce qui amène Chamberlain à écrire  : «  on peut se demander si une traduction est possible.

1225. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

C’est à cette théorie que Schneider, comme Spencer dont il est le zélé disciple en Allemagne, demande le dernier secret de nos joies ou de nos peines. […] C’est donc à la physiologie et à la psychologie qu’il faut demander la raison primitive d’où résulte la connexion du sentiment avec la vie. […] Et de plus on peut demander : l’intensité de quoi ? […] Nicolas Grote a bien vu ces proportions diverses des deux travaux de dépense et d’acquisition ; mais il ne s’est pas demandé si les quatre lois qui précèdent ne pourraient se réduire à une loi supérieure et vraiment primitive. […] Demandons-nous si tous les plaisirs, même ceux qui paraissent nés d’un besoin, même ceux qui semblent les plus grossiers, ne sont pas encore de même nature pour celui qui regarde au fond des choses.

1226. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Un tel projet demandoit beaucoup de circonspection. […] Le père entendit cette conversation &, quand elle fut finie, il appella sa fille & lui demanda si elle se sentoit du goût pour l’étude : elle répondit qu’oui. […] Cependant, lorsqu’on presse les admirateurs de Virgile, les plus jaloux de sa gloire, & qu’on leur demande s’ils imaginent qu’il eût jamais existé un Virgile, s’il n’y avoit eu auparavant un Homère, ils demeurent interdits. […] voilà ce qu’on demande, voilà ce qui suscite tous les jours de grandes disputes. […] Lequel est le plus dangereux d’un roman ou des Contes de la Fontaine, demandoit une femme dans une société où le philosophe Dumarsais se trouvoit avec le président Demaisons ?

1227. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

On se demanderait, en lisant les philosophes de l’Inde, en lisant le poème de Job, en lisant les législations patriarcales de la Chine, en lisant la Bible, en lisant Homère, en lisant Platon, en lisant l’Évangile, en lisant Virgile ou Cicéron, en contemplant les Pyramides, les Palmyre, les Persépolis, les Parthénon, les Panthéon encore debout, en pâlissant d’admiration devant les marbres vivants de Phidias, on se demanderait où sont donc les traces de ce progrès indéfini et continu des facultés humaines. […] puisque rien ne vient de rien, je me suis toujours demandé d’où avait donc coulé dans le sable du désert cette source souterraine et intarissable de vérité métaphysique, de philosophie, de théologie, d’éloquence et de poésie, dont ce poème de Job déborde, pour qui sait lire, sentir, comprendre et prier sur cette terre. […] C’est une pierre de Baalbeck, dont on se demande, en la mesurant, quelle main d’homme a pu remuer de telles masses de pierre et de telles masses d’idées… Mystère ! […] me demande-t-on. […] L’aspiration de la félicité le tourmente, et chacun des organes qui semblent avoir été créés pour lui demander et lui procurer du bonheur ne lui rapportent que des déceptions, des souffrances, des tortures de l’âme et du corps.

1228. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Non, mes frères, s’écrie hardiment Massillon, ce ne sont pas ici des incrédules, ce sont des hommes lâches qui n’ont pas la force de prendre un parti ; qui ne savent que vivre voluptueusement, sans règle, sans morale, souvent sans bienséance, et qui, sans être impies, vivent pourtant sans religion, parce que la religion demande de la suite, de la raison, de l’élévation, de la fermeté, de grands sentiments, et qu’ils en sont incapables. […] Y eut-il un moment où Massillon ne fut point assez en garde contre ce monde malicieux et perfide qui l’entourait, et qui ne demandait que prétexte à raillerie ? se laissa-t-il trop engager, en effet, à ces demandes de direction qui lui venaient de toutes parts, et que des femmes encore à demi mondaines lui adressaient à l’envi ?

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Ainsi, en même temps que Buffon insiste sur la distinction des espèces, il a des vues sur l’unité du plan général organique ; il les développe au commencement de son article de l’âne, il appuie sur les ressemblances cachées, sur les analogies qui se dérobent sous des différences apparentes ; il demande si cette conformité constante et ce dessein suivi de l’homme aux quadrupèdes, des quadrupèdes aux cétacés, des cétacés aux oiseaux, des oiseaux aux reptiles, des reptiles aux poissons, etc., dans lesquels les parties essentielles, comme le cœur, les intestins, l’épine du dos, les sens, etc., se trouvent toujours, ne semblent pas indiquer qu’en créant les animaux l’Être suprême n’a voulu employer qu’une idée, et la varier en même temps de toutes les manières possibles, afin que l’homme pût admirer également et la magnificence de l’exécution et la simplicité du dessein. […] On devrait toujours se demander, quand on admire si fort un génie du passé : « Qu’aurait-il dit de cette manière d’être admiré12 ?  […] Il n’y manque, pour la compléter, que ce que Buffon n’avait pas assez, il y manque le rayon, l’humble désir qui appelle la bénédiction d’en haut sur l’humaine sueur et qui fait demander le pain quotidien13.

1230. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Jetons-nous avec confiance sur cet Océan… » Quand il veut faire comprendre que le vrai bonheur pour l’être intelligent est dans la vue et dans la possession de la vérité, il sent bien qu’on va lui demander : Qu’est-ce que la vérité ? […] De toutes les passions, la plus pleine d’illusion, c’est la joie. » Demandons-nous toujours : D’où nous vient-elle et quel en est le sujet ? […] Bossuet, dans la sphère supérieure de l’épiscopat, demeurait l’oracle, le docteur, un Père moderne de l’Église, le grand orateur qui intervenait aux heures funèbres et majestueuses ; qui reparaissait quelquefois dans la chaire à la demande du monarque, ou pour solenniser les Assemblées du clergé, laissant chaque fois de sa parole un souvenir imposant et mémorable.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Bien des années après en être sorti et dans son dernier séjour à Venise, Léopold Robert à qui il était arrivé une fois par exception de recevoir d’avance d’un ami le prix d’un tableau qui n’était pas commencé, en ressentait presque un remords : Rien ne me tourmente plus que l’idée de faire un travail dû ; elle est toujours là… Jamais je ne consentirais avec personne d’être payé avant d’avoir livré un tableau qui me serait demandé. […] Ne lui demandez pas la théorie à l’origine, ni les grandes considérations sur les arts, toute ces choses qu’on a surtout à Paris et par lesquelles trop souvent on commence ; lui, comme ces pieux ouvriers d’autrefois, penchés sur leur toile tout le jour, il ne raisonne pas tant, ou du moins il ne raisonne que sur la toile présente et sur le sujet qui l’occupe dans le moment ; il s’y absorbe tout entier. Le premier tableau proprement dit qui le fit sortir des têtes d’études et des sujets tout simples fut un tableau de Corinne improvisant au cap Misène, qui lui fut demandé par un amateur vers 1821, et qui devint ensuite L’Improvisateur napolitain.

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Duplessis, que la mort a enlevé si inopinément et d’une manière si sensible pour sa famille et pour ses amis le 21 mai dernier74, avait préparé cette édition de La Rochefoucauld : c’est à lui qu’on en doit la distribution, l’ordre, les notes, toute l’économie en un mot ; il n’y manquait plus que quelques pages qu’il devait mettre en tête : on vient me demander, à son défaut, de les écrire et de le suppléer. […] Quand on parle des femmes, il me semble que ce n’est point là la véritable question à se faire, et qu’il serait mieux de se demander tout bas, non pas si on daignera les accueillir, mais si elles vous auraient accueilli. […] Fénelon lui-même, Fénelon vieillissant, en sait autant que La Rochefoucauld et ne s’exprime pas autrement : Vous avez raison de dire et de croire, écrivait-il à un ami un an avant sa mort, que je demande peu de presque tous les hommes ; je tâche de leur rendre beaucoup et de n’en attendre rien.

1233. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

On me permettra donc d’y revenir à mon tour et pour dire un mot de ces travaux récents, et pour rappeler avec précision ce que j’avais désiré et demandé moi-même à l’origine. […] Mais la lyre de Malherbe, celle que ce rigoureux lyrique avait refaite et léguée à ses successeurs, n’était plus qu’à quatre cordes, et je demandais qu’on en ajoutât une cinquième qui y avait été avant lui. […] Je la rassemblais autour du nom de Ronsard, et je la limitais moi-même dans ces vers où, ce me semble, je ne demandais que peu.

1234. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il en fait assez pour que l’on consente à entendre à une paix générale : « Je fis savoir à la Cour (c’est-à-dire au quartier du roi) que je mourrais gaiement, avec la plupart de tout le parti, plutôt que de n’obtenir une paix générale ; qu’il était dangereux d’ôter tout espoir de salut à des personnes qui ont les armes à la main ; que je ne la traiterais jamais tout seul… » Le roi écoutait les propositions avec plaisir ; mais le cardinal confesse, dans ses mémoires, avoir fort hésité à cette heure sur ce qu’il conseillerait à son maître : tout lui disait qu’on allait avoir raison des rebelles et de leur chef par la force, ce qui était fort de son goût, et qu’ils seraient réduits, après un prochain échec infaillible, à demander merci : la prudence toutefois l’emportant sur l’humeur, et cette idée que Rohan dans sa proposition de paix cette fois était sincère, lui firent conseiller de traiter. […] Il écrivit au roi, qui était à Nîmes, pour demander une personne de qualité et autorisée, qui le conduisît jusqu’à Venise, lieu désigné pour sa retraite, craignant ou feignant de craindre quelque danger en chemin de la part des princes d’Italie ; il désirait peut-être se mettre par là à l’abri de tout soupçon de nouvelles intrigues. […] Dans des négociations qui eurent lieu pendant la seconde guerre (1625), il avait demandé à être envoyé en Italie sous Lesdiguières à la tête d’un petit corps d’armée de 6000 hommes et de 500 chevaux.

1235. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Enfin l’étranger, impatienté de leur maussaderie, tira par la manche celui qui l’avait amené, et lui demanda : « Quand est-ce qu’ils commenceront ?  […] Quoi qu’il en soit de ces distinctions qui m’échappent un peu, Bonstetten resta toujours, en tant qu’écrivain français, vif, rapide, naturel, un causeur qui trouve son expression et qui ne la cherche jamais : en quoi il diffère du tout au tout des autres écrivains bernois, du respectable et savant Stapfer, par exemple, qui ne put jamais désenchevêtrer sa phrase française, et qui, avant d’écrire une seule ligne, se demandait toujours dans un embarras inextricable : N’est-ce pas un germanisme ? […] On vint demander à M. le bailli un passeport pour ces bonnes filles, afin qu’elles pussent en toute sûreté gagner Fribourg, une terre catholique. « Précisément dans ce moment-là, racontait Bonstetten, j’expédiais la permission d’exporter pour les besoins de l’armée française une certaine quantité de bétail.

1236. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Il est vrai que ce genre de sujet offre des difficultés particulières, qu’il est plein d’épines en même temps que de fleurs, et qu’il demande, à le traiter comme il faut, bien des délicatesses. […] On se le demande. […] Souviens-toi seulement des accents passionnés que je te fis entendre, et quand tu aimeras un jour un beau jeune homme, demande-toi s’il te parle comme je te parlais et si sa puissance d’aimer approcha jamais de la mienne.

1237. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

demain, après-demain, tout sera remis en question et à demi oublié par de nouveaux arrivants, par des recrues ignorantes et insolentes qui ne vous ont pas vu, qui ne vous ont pas connu, et qui sont disposées à douter de tous ces grands exploits dont on leur parle et dont ils demandent la preuve actuelle et présente. […] et, quand on leur demande ce qu’ils ne peuvent plus donner, on a l’air d’un créancier importun. […] Chez elle, elle était charmante ; chez les autres, vous l’auriez souhaitée partout ailleurs, et surtout dans sa propre maison. » Elle aurait désiré être… elle ne savait quoi ; et c’est Byron qui le demande !

1238. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Il demandait comme pardon de son rôle d’office aux juges et à l’opinion environnante et soulevée, qui réclamait en mugissant sa proie. […] Domingon, s’approchant pour prêter serment, voulut commenter sa pensée : « Je demande, dit-il, à mon seigneur et roi la parole pour… » Il fut interrompu par le duc de Richelieu qui, après s’être incliné vers le roi comme pour recevoir ses ordres, rappela que l’usage immémorial de la monarchie ne permettait pas, dans des occasions semblables, de prendre la parole en présence du monarque sans sa permission, et ordonna, au nom de Sa Majesté, de continuer l’appel nominal. […] M. d’Argenson s’avisa de demander qu’on procédât, comme en Angleterre, lorsqu’on veut suspendre l’habeas corpus, et qu’on fît préalablement une enquête pour prouver que les lois en vigueur ne suffisaient pas ; autrement, on est réduit, disait-il, à se décider d’après des faits isolés, sur des rapports partiels et contradictoires qui ne permettent pas d’asseoir une opinion : « Et c’est ainsi, continuait-il, que tandis que les uns parlent de clameurs séditieuses, de provocations insensées à la révolte, les autres ont déchiré mon âme en annonçant que des protestants avaient été massacrés dans le Midi. » A ces mots une violente agitation s’empara de l’Assemblée ; les cris : A l’ordre !

1239. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

» Il demandait cela à Rousseau et sans rire, sans plaisanter, je vous assure. […] » Je le demande, se peut-il de plus belle, de plus délicate manière de sentir ? […] Il a beau se contenter des dons du sort et de la médiocrité du sage, il y a des moments où il sent le besoin pourtant d’un peu plus de fortune pour la variété et pour le renouvellement de la vie ; il a conscience de ce qui lui manque, tant pour l’entière satisfaction du cœur et de l’esprit que pour les excitations légitimes du talent : « Il nous faudrait à tous deux (à Thomas et à lui), mais surtout à moi, dit-il, un peu plus de fortune : cela me mettrait à même de couper, par quelques parties agréables, la monotonie d’une existence qui n’a point assez de mouvement pour un homme né penseur, que la vue des mêmes visages et du même horizon ramène trop facilement sur son état et sur la misère des choses humaines. » Puis il se repent presque aussitôt d’avoir trop demandé, et faisant allusion à quelque image mélancolique que lui suggérait une lettre de Deleyre (malheureusement nous ne possédons aucune de celles qui sont adressées à Ducis) : « Hélas !

1240. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ce que je te demande, par cette main que je tiens, par ton bon Génie, au nom de ton honneur et de son isolement à elle, ce que j’implore de toi, c’est de ne la point quitter, de ne la point délaisser. […] pas un curieux, pas un ami, personne Qui s’attache à mes pas, me tourmente et s’étonne, Demande d’où me vient ce bonheur, cet habit, Où je vais, d’où je sors, si j’ai perdu l’esprit ? […] » demande le fier Pollux au moment d’engager la lutte avec le géant.

1241. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

La Diète de Ratisbonne, prise à tout instant pour juge et harcelée de réclamations, ne savait qu’opposer un veto impuissant, réserver les droits, se plaindre et demander, que la France voulût bien produire une bonne fois toutes ses prétentions : c’était, disait-elle, le seul moyen pour elle de couper court d’un seul coup à « ce chancre de prétentions que la France proposait sans cesse, et qui ne pourrait être qu’irrémédiablement contagieux pour l’Empire. » On en vint même, dans cette guerre de chicane, jusqu’à soupçonner que, parmi les titres qu’on produisait à l’appui du droit de la France, tous les parchemins n’étaient pas aussi vieux qu’on le disait. […] Turenne et Créqui, dans les dernières campagnes, avaient eu lieu d’être mécontents d’elle, et si la petite république n’avait pas été annexée plus tôt et comprise dans un article du Traité de Nimègue, c’est que Louvois comptait bien s’en accommoder bientôt après à meilleur marché, et sans qu’il fût demandé en retour de compensation d’aucune sorte ni d’équivalent. […] Vous en donnerez un reçu à celui qui vous les remettra, et prendrez grand soin que le plomb mis auxdits ballots ne soit point gâté, en sorte que l’on connaisse, lorsque l’on vous les demandera, que lesdits ballots n’auront point été ouverts. » Ces ballots, dont la destination était si bien masquée, ne furent ouverts, et l’argent utilisé, qu’au moment de l’exécution.

1242. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Ne lui en demandez pas ; il rougirait de se payer et de vous payer de ce qui n’est pour lui que sons et vains mots. […] Il sait que le cœur humain est un labyrinthe ainsi fait, et avec un écho si bien ménagé, qu’une seule et même voix peut se faire à elle-même la demande et la réponse. […] « L’impiété, a dit Rivarol, est la plus grande des indiscrétions. » L’humanité n’est pas un philosophe ; la majorité des hommes ne supporte pas le doute, l’incertitude ; il leur faut des solutions, et qu’elles soient encourageantes, consolantes, salutaires ; il leur faut des réponses à tout prix : à défaut de celles des savants, ils en demanderaient plutôt aux oracles.

1243. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Appartenant à la vieille race de gentilshommes ruraux que n’avaient pas atteints la corruption de Cour et l’élégance des vices inhérents à Versailles ou même nés bien auparavant à Fontainebleau et à Chambord dès le règne de François Ier, il déplorait la perte d’un état de choses, où la grande propriété, la famille, la religion, les mœurs étaient garanties ; il avait l’imagination et le souvenir remplis des tableaux d’une vie simple, régulière, patriarcale, frugale, antique, et il demandait au Pouvoir royal restauré de rétablir de son plein gré et de toute sa force ce qu’il avait laissé perdre par sa faute, ce qu’il avait compromis et entraîné avec lui dans une ruine commune. […] Il ne propose pas, comme les réacteurs du temps de la restauration, de rétablir le droit d’aînesse, droit forcé et qui s’applique aveuglément ; il ne demande que de laisser au père de famille la liberté de tester, comme cela se pratique aux États-Unis. […] Mais savez-vous que ce sont là des vertus qu’on nous demande !

1244. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Et, par exemple, il n’était pas pour l’affranchissement des noirs, à l’exemple des philosophes, et en même temps il demandait assez d’adoucissements à cet odieux état de l’esclavage pour paraître aux yeux des colons un ami des noirs, un négrophile : il ne contentait personne. […] Nommé commissaire général de la marine et membre du Comité de législation pour les colonies, son avis était fort demandé sur toutes les questions de sa compétence ; et quand un homme à projets, un aventurier utopiste, le baron de Bessner (un digne contemporain de Mesmer), proposa un établissement chimérique à la Guyane et en présenta à l’avance les plans réalisés et dessinés aux yeux sur le papier, on voulut bien consulter tout particulièrement Malouet ; on se décida même à l’envoyer sur les lieux, sauf ensuite à faire tout le contraire de ce qu’il aurait dit et observé. […] Je signe tout ce qu’on demande à Versailles, et je ne conçois pas qui peut avoir le temps de le lire après moi.

1245. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

C’est à M. de La Mennais, à M. de Lamartine, à ces talents tout ouverts, l’un si impétueux et l’autre si fécond, qu’il faut demander surtout cette surprise de déploiement et cet éclat d’aventure. […] ouverte à deux battants ; on y entre, on en sort, on y décrit tout ; ce n’est plus le poëte dérobant les fins mystères, c’est le docteur indiscret des secrètes maladies. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141. […] d’exclusif contre ce qui entoure, rien de littérairement chatouilleux sur soi-même ni sur les autres ; mais, au contraire, une sorte d’insouciance généreuse et de courage d’esprit qui ne demande qu’à toujours aller.

1246. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

On peut se demander si son libertinage ne s’appuyait pas d’une impiété systématique, et s’il n’avait pas appris de quelque abbé romain l’athéisme, assez en vogue en Italie vers ce temps-là. […] Or j’ai soigneusement recherché dans ses œuvres les traces de ces premières et profondes souffrances ; je n’y ai trouvé d’abord que dix vers datés également de Londres, et du même temps que le morceau de prose ; puis, en regardant de plus près, l’idylle intitulée Liberté m’est revenue à la pensée, et j’ai compris que ce berger aux noirs cheveux épars, à l’œil farouche sous d’épais sourcils, qui traîne après lui, dans les âpres sentiers et aux bords des torrents pierreux, ses brebis maigres et affamées ; qui brise sa flûte, abhorre les chants, les danses et les sacrifices ; qui repousse la plainte du blond chevrier et maudit toute consolation, parce qu’il est esclave ; j’ai compris que ce berger-là n’était autre que la poétique et idéale personnification du souvenir de Londres, et de l’espèce de servitude qu’y avait subie André ; et je me suis demandé alors, tout en admirant du profond de mon cœur cette idylle énergique et sublime, s’il n’eût pas encore mieux valu que le poète se fût mis franchement en scène ; qu’il eût osé en vers ce qui ne l’avait pas effrayé dans sa prose naïve ; qu’il se fût montré à nous dans cette taverne enfumée, entouré de mangeurs et d’indifférents, accoudé sur sa table, et rêvant, — rêvant à la patrie absente, aux parents, aux amis, aux amantes, à ce qu’il y a de plus jeune et de plus frais dans les sentiments humains ; rêvant aux maux de la solitude, à l’aigreur qu’elle engendre, à l’abattement où elle nous prosterne, à toute cette haute métaphysique de la souffrance ; — pourquoi non ?  […] Que si l’on nous demande maintenant ce que nous prétendons conclure de ce long parallèle que nous aurions pu prolonger encore ; lequel d’André Chénier ou de Regnier nous préférons, lequel mérite la palme, à notre gré ; nous laisserons au lecteur le soin de décider ces questions et autres pareilles, si bon lui semble.

1247. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Quant à la langue, elle suffit à tout ce que l’esprit français, enfermé dans ce cercle, lui demande d’exprimer. […] Demandons d’abord à la philosophie comment elle explique l’homme. […] Mais, dans les intervalles d’indépendance, ils essayaient de se faire une certitude qui fût plus l’œuvre de l’homme ; et ils la demandaient aux traditions de la philosophie ancienne, à ce qui restait de Platon et d’Aristote.

1248. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Donc quand nous demandons quelle est la valeur objective de la science, cela ne veut pas dire : la science nous fait-elle connaître la véritable nature des choses ? […] Non seulement nous ne pouvons deviner la réponse, mais si on nous la donnait, nous n’y pourrions rien comprendre ; je me demande même si nous comprenons bien la question. […] On peut se demander si les rapprochements que fait la science d’aujourd’hui seront confirmés par la science de demain.

1249. (1890) L’avenir de la science « V »

Sans doute, si l’on s’en tenait à ce qu’a fait jusqu’ici la science sans considérer l’avenir, on pourrait se demander si elle remplira jamais ce programme et si elle arrivera un jour à donner à l’humanité un symbole comparable à celui des religions. […] Si, comme Burke l’a soutenu, « notre ignorance des choses de la nature était la cause principale de l’admiration qu’elles nous inspirent, si cette ignorance devenait pour nous la source du sentiment du sublime », on pourrait se demander si les sciences modernes, en déchirant le voile qui nous dérobait les forces et les agents des phénomènes physiques, en nous montrant partout une régularité assujettie à des lois mathématiques, et par conséquent sans mystère, ont avancé la contemplation de l’univers et servi l’esthétique, en même temps qu’elles ont servi la connaissance de la vérité. […] Quelle différence du philosophe, qui s’est appelé autrefois Pierre Leroux, au patriarche d’une petite église, entouré d’affiliés dont on se demande parfois avec hésitation : « Sont-ils assez béotiens pour être des croyants ? 

1250. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Herbert Spencer se demande ensuite, comment il aurait fallu procédera cette analyse rigoureuse qui doit précéder la classification. […] Le sérieux demande du travail et de l’effort ; l’abandon, la liberté ; le laisser-aller se produisent d’eux-mêmes : aussi ont-ils un air de gaieté qui naît de l’absence de toute contrainte. […] Quand on demande d’où résulte le rire, on répond ordinairement, d’une disconvenance.

1251. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il lui demandait conseil. […] Dans l’épitre à Racine, il se demande : Et qui, voyant un jour la douleur vertueuse De Phèdre, malgré soi perfide, incestueuse, Ne bénira d’abord le siècle fortuné Qui, rendu plus fameux par tes illustres veilles, Vit naître sous ta main ces pompeuses merveilles ? […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander.

1252. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Quand il écrivait ses mémoires dans sa retraite, il les adressait à un de ses amis, archevêque de Vienne, et il a l’air d’espérer que cet ami, ancien aumônier de Louis XI, et, de plus, savant médecin et astrologue, ne les lui a demandés que pour les mettre ensuite en latin et en composer quelque œuvre considérable. […] Commynes mêle fréquemment Dieu et le ciel à ses considérations, et l’on peut se demander quelquefois s’il le fait avec une entière franchise, et si ce n’est pas pour mieux couvrir ses hardiesses et ses malices. […] « Ces deux, ajoute Commynes, n’avoient garde de se mordre l’un l’autre. » On couche sur le champ de bataille, qui reste à Charles ; Commynes nous fait voir ce champ de bataille, tel qu’il était en réalité, tel qu’ils le sont tous14, et le souper de Charles, assis sur une botte de paille, au milieu des morts et des mourants, dont l’un se réveille fort à propos pour demander un peu de tisane.

1253. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais, dès cette première phrase de M. de Lamartine, j’ai vu des personnes se demander ce que l’historien entendait par le milieu de la vie, et si, en effet, nous en étions encore à mesurer l’espace de nos jours et le nombre des soleils qui nous sont accordés, comme on le faisait au temps des patriarches. […] Je me demandais, en voyant cet effet de la lecture des Girondins surtout chez les femmes, si c’est là l’effet que doit produire l’histoire. […] On se demande ce qu’ont à faire ensemble Alcibiade et Prusias, et l’on s’aperçoit que l’auteur, dans sa rapidité d’allusions, aura confondu sans doute Alcibiade et Annibal.

1254. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

laissez-moi ce papier. » Mais Portalis, qui n’y avait rien écrit ou qui n’y avait tracé que des caractères insignifiants, demanda le temps de faire faire une copie au net, et il n’eut pas de peine à dicter, au sortir de là, à son secrétaire ce qu’il avait si fidèlement retenu. […] À la vue des armes et du costume des Troyens, Achéménide effrayé s’arrête un instant, et il se demande s’il osera se faire voir à eux ; mais le sentiment de sa misère l’emporte : Au nom des astres, au nom des dieux, s’écrie-t-il en s’avançant, par cet air commun que nous respirons, prenez-moi, Troyens, partout où vous voudrez emmenez-moi ; c’est tout ce que je vous demande.

1255. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Selon cette théorie d’un faux bon sens ennemi du grand goût, il suffirait de transporter purement et simplement toute action émouvante et attendrissante de la vie bourgeoise sur le théâtre pour avoir atteint le plus haut point de l’art : Si quelqu’un est assez barbare, assez classique (il est piquant de voir ces deux mots accolés par Beaumarchais et pris comme synonymes), pour oser soutenir la négative, il faut lui demander si ce qu’il entend par le mot drame ou pièce de théâtre n’est pas le tableau fidèle des actions des hommes. […] dans ses confrontations il lui fait dire blanc et noir, il la met en colère et il l’apaise ; quand elle ne sait plus que dire, ni comment débrouiller ses contradictions, elle met le tout, le plus ingénument du monde, sur le compte de certaine indisposition critique qu’elle avait ce jour-là ; quand il l’a poussée trop à bout, elle le menace d’un soufflet ; quand il lui dit une galanterie, et qu’elle ne paraît que dix-huit ans au lieu de trente, elle sourit malgré elle, ne le trouve plus si impertinent et va jusqu’à lui demander la main pour la reconduire à son carrosse. […] Continuant donc de s’adresser humblement au souverain Être, il lui demande, puisqu’il doit avoir des ennemis, de les lui accorder à son choix, avec les défauts, les sottes et basses animosités qu’il lui désigne ; et alors, avec un art admirable et un pinceau vivifiant, il dessine un à un tous ses ennemis et ses adversaires, et les flétrit sans âcreté, dans une ressemblance non méconnaissable : « Si mes malheurs doivent commencer par l’attaque imprévue d’un légataire avide sur une créance légitime, sur un acte appuyé de l’estime réciproque et de l’équité des deux contractants, accorde-moi pour adversaire un homme avare, injuste et reconnu pour tel… etc. » Et il désigne le comte de La Blache si au vif que tous l’ont nommé déjà ; de même pour le conseiller Goëzman, de même pour sa femme et pour leurs acolytes ; mais ici la verve l’emporte, et le laisser-aller ne se contient plus ; à la fin de chaque portrait secondaire, le nom lui échappe à lui-même, et ce nom est un trait comique de plus : Suprême Bonté !

1256. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] C’est à lui que l’un de ces auteurs de brochures disait en 1812, en parlant du silence imposé aux journaux sur la dispute de Conaxa : Rendez-nous, monsieur, la malignité des journaux… rendez-nous leur fiel… Laissez-nous rire d’un sot écrivain ou d’un insolent plagiaire… Je n’exige pas, monsieur, que vous trahissiez vos devoirs, mais n’exigez pas non plus qu’ils oublient les leurs… Rendez aux journaux, je vous le demande en grâce, leur indépendance ; brisez le charme que vous avez étendu sur eux60. […] Étienne, contentez-vous de demander ce qu’aurait dit Molière s’il avait vu ce changement de comédie, et les mêmes hommes dans les deux rôles, administrant l’esprit public sous l’Empire, refaisant et remuant l’opinion publique sous la Restauration, et y trouvant toujours leur compte.

1257. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Elle voit Zelmis, et, dès le premier instant, elle est touchée pour lui, comme lui pour elle : « Elle disait les choses avec un accent si tendre et un air si aisé, qu’il semblait toujours qu’elle demandât le cœur, quelque indifférente chose qu’elle pût dire ; cela acheva de perdre le cavalier. » Cette jolie phrase : Il semblait toujours qu’elle demandât le cœur, est prise textuellement d’un petit libelle romanesque du temps sur les amours de Madame et du comte de Guiche. […] Il est aisé, en effet, c’est bien le mot, c’est sa devise ; il est, par tempérament et par humeur, le plus gai des hommes, il a le rire le plus franc et le plus naturel, le style le plus naïf et du meilleur cru : ne lui en demandons pas davantage.

1258. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

C’était le temps de la philosophie de l’histoire, de la palingénésie sociale ; on expliquait les lois de l’humanité par les rapports du fini et de l’infini ; on traduisait Vico et Herder ; on se demandait si le monde marchait en ligne droite, en ligne courbe ou en spirale. […] Il y a donc une grande différence entre une société rêvée et une société réalisée ; il ne suffit pas de se demander comment les choses doivent être, il faut voir encore comment elles sont. […] Si l’on demande à quoi cette activité est bonne, on peut répondre d’abord qu’elle est bonne à répandre dans la société plus de bien-être, plus d’instruction, plus de jouissances de toute espèce ; mais on peut dire surtout que l’activité est bonne par elle-même, parce qu’agir, c’est vivre.

1259. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Je l’excuse : je n’en demande pas davantage à un auteur ; je le plains même d’avoir écouté de belles choses qu’il n’a point faites. » Ceci est l’amour-propre, l’amour de soi, la jalousie, empêchant de lire ou de jouir en lisant. […] Ils ne demandent pas, plus ou moins secrètement, l’admiration. […] Il en est de cela comme de la différence des sexes ; il ne faut pas demander à l’artiste qui donne, de devenir femme, de recevoir.

1260. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il dit : « la cité » pour la ville, et il demande que l’autel des relevailles pour la femme accouchée soit à la commune. […] de difficulté scientifique, — n’ont guères demandé, pour le rendre si fringant, que quelques lectures rapides et faciles à travers des livres plus ou moins gros. […] Or, si déjà, dans les choses qu’il sait (comme l’histoire), Michelet n’est pas un esprit sûr à qui l’on puisse se fier, par le fait même de la tournure de son talent hardi, léger, prévenu, fantaisiste enfin, nous demandons ce qu’il doit être quand il ne sait pas.

1261. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Il me demanda en souriant ce que je faisais dans cette galère : révéler au public que M.  […] Fort bien pour Virgile qui est poëte, et poëte du gouvernement à Rome ; quant à moi, je demande une idée claire. […] Demandez à un physicien s’il se contente de préciser les idées vagues de son auditoire, et si, dans l’histoire de la chaleur, il ne fait que développer la notion vulgaire de la chaleur.

1262. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Ils ne demandent rien, et pourtant ils obtiennent. […] Mais chacun de nous, à des heures où ses maximes habituelles de conduite lui paraissaient insuffisantes, s’est demandé ce que tel ou tel eût attendu de lui en pareille occasion. […] Pour le savoir, voyons d’abord ce qui nous est tacitement demandé. […] Qu’est-ce, en un mot, qui nous est proprement demandé ? […] Nous nous le demanderons.

1263. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 265

L’égoïsme qu’elle prêche est l’anéantissement de toutes les vertus, & principalement de celles qui demandent du courage & des sacrifices.

1264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 309

Sa Muse, depuis quelques années, garde le silence ; & cependant, après les Amazones, & sur-tout après la Colombiade, elle auroit pu se promettre des succès, sinon dans la Tragédie & le Poëme épique, du moins dans des genres qui ne demandent que le jeu d’une versification facile & quelquefois animée.

1265. (1761) Salon de 1761 « Sculpture — Falconet »

Quand nous aurons perdu ce vénérable vieillard, nous demanderons où est son buste, et nous l’irons revoir.

1266. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Il partait oubliant d’épouser sa fiancée, on le rattrape à Douvres ; il revient, épouse ; l’histoire était plaisante : il ne demande rien de mieux. […] » Elle s’en va enfin, ayant tout extorqué, et Lucy fait l’innocente, semble croire que Gripe est un maître à danser, et lui demande sa leçon. […] Ainsi, quand je vous demande si vous pouvez m’aimer, vous devez répondre non et m’aimer tout de même. Si je vous demande de m’embrasser, vous devez être en colère, mais ne pas me refuser. —  Ô bon Dieu ! […] Il y a quelque chose de plus difficile encore, c’est de se faire prêter de l’argent par un créancier qui vient demander de l’argent.

1267. (1888) Portraits de maîtres

Il refusa les excuses demandées. […] Pourvu que la terre vînt à sourire au lever du soleil, qu’avait-il besoin d’en demander davantage ? […] « “Ai-je demandé qui tu es ? […] Demande-le, si tu le veux, aux roseaux et aux aigles. […] Moi aussi je demande des ailes.

1268. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

l’opinion publique indignée eût flétri de son blâme nos déclamations serviles, et nous eût demandé pourquoi nous outragions la majesté des lois par la louange d’un traître qui les foulait aux pieds. […] Entre les excès dans lesquels il se jeta, je vous demande si vous apercevez ce juste milieu où se tient le raisonnable et le vrai : sont-ce les idées de ce professeur que je dois préférer à la force de la vérité ? […] L’épopée héroï-comique, ainsi que son titre l’annonce, se varie au gré de l’esprit du poète, et passe alternativement du ton noble au ton badin, selon que le demande l’action racontée. […] Oui, à moins que le sujet n’en soit pas susceptible. » Telle est à la fois la demande et la réponse que se fit La Harpe, et que se sont faites les autres rhéteurs, avant et après lui. […] Sextus l’aborde en pâlissant, et lui demande quel est l’arrêt des destinées.

1269. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Voilà pourquoi vous me demandez si j’aime mieux Pope que Virgile. […] Mme de Thianges en demande copie, pour le faire entendre au roi. […] Je ne demande pas mieux. […] Ceci demande à être examiné de près. […] Pardonnez à votre ami cette demande indiscrète.

1270. (1876) Romanciers contemporains

demanda la marquise, adoucie par ce joli visage. […] Marmier, un autre attrait qui demande à être indiqué. […] demanda le professeur. […] Le lecteur lassé, ahuri, épouvanté, demande grâce. […] se demande-t-on.

1271. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Comme Les Nièces de Mazarin ne se referont pas et qu’elles ont trouvé maître, je me permettrai seulement, en qualité de critique, de demander à M.  […] J’ai demandé à Mlle Des Houlières, nous dit Brossette, quelle était la cause de cette petite animosité qui était entre Mme sa mère et M.  […] Je n’ai pas oublié que madame Geoffrin, dans son bon sens bourgeois aiguisé de malice, disait de lui : « Il est manqué de partout, guerrier manqué, ambassadeur manqué, homme dJaffaires manqué, et auteur manqué. » — « Non, reprenait Horace Walpole qui cite le mot, il n’est pas homme de naissance manqué. » — « Non, dirai-je à mon tour plus fermement encore après cette épreuve où on le verra en 93, il n’est pas un homme comme il faut manqué, puisqu’il sut rester tel, si convenable, si décent, si souriant, et prêt à devenir laborieux dans la mesure de ses forces, à demander à sa plume une ressource honnête, à l’heure de l’adversité extrême. » Nivernais, en son beau moment et avant que le siècle tournât décidément au sérieux, avait ses admirateurs et son école mondaine. […] Le temps est si précieux, que j’ai cru ne pouvoir pas me trop hâter dans ce travail ; mais la crise violente et l’excès de fermentation qu’il y a ici m’ont heureusement fourni des moyens de prompte instruction, qui, dans un temps plus tranquille, auraient demandé de plus longues recherches. […] [1re éd.] si on la demande ab.

1272. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Comme le chiffre ne raisonne pas, comme c’est un merveilleux instrument passif de tyrannie qui ne demande jamais à quoi on l’emploie, qui n’examine nullement si on le fait servir à l’oppression du genre humain ou à sa délivrance, au meurtre de l’esprit ou à son émancipation, le chef militaire de cette époque ne voulait pas d’autre missionnaire, pas d’autre séide, et ce séide le servait bien. […]   Mais j’en vis une bien plus frappante image quelques mois après dans un voyage au Liban ; je demande encore la permission de le peindre. […] et j’en appelle à ce siècle naissant qui déborde de tout ce qui est la poésie même, amour, religion, liberté, et je me demande s’il y eut jamais dans les époques littéraires un moment si remarquable en talents éclos, et en promesses qui écloront à leur tour ? […] Cette poésie est à créer ; l’époque la demande, le peuple en a soif ; il est plus poète par l’âme que nous, car il est plus près de la nature ; mais il a besoin d’un interprète entre cette nature et lui ; c’est à nous de lui en servir, et de lui expliquer par ses sentiments rendus dans sa langue, ce que Dieu a mis de bonté, de noblesse, de générosité, de patriotisme et de piété enthousiaste dans son cœur. […] Je me coucherais dès aujourd’hui avec plaisir dans le lit de mon sépulcre ; mais j’ai toujours demandé à Dieu de ne pas mourir sans avoir révélé à lui, au monde, à moi-même, une création de cette poésie qui a été ma seconde vie ici-bas ; de laisser après moi un monument quelconque de ma pensée ; ce monument, c’est un poème ; je l’ai construit et brisé cent fois dans ma tête, et les vers que j’ai publiés ne sont que des ébauches mutilées, des fragments brisés de ce poème de mon âme.

1273. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il eût fallu pour cela demander à la cour de Rome une institution canonique dont le gouvernement impérial ne se souciait pas. […] C’étaient, dans la grande armée de l’Église, des sous-officiers instructeurs, auxquels il eût été injuste de demander la distinction des officiers généraux. […] On l’eût fort étonné si on lui eût dit que la demande d’une telle autorisation constituait une basse concession au pouvoir civil et une sorte d’impiété. […] Beaucoup de personnes demanderont sûrement ce qu’était cet ouvrage, pour lequel mon respectable directeur croyait qu’il fallait une préparation spéciale de jugement et de maturité. […] Esprit faible, prétentieux et fat, incapable de penser et de réfléchir par lui-même, d’ailleurs ignorant et sans connaissances d’aucune sorte sur aucun sujet, il oppose, à son malheureux père, des foules de difficultés contre la morale, la religion, et le christianisme en particulier, comme s’il avait le droit d’avoir une opinion sur des matières dont l’étude demande tant de lumières et consume tant d’années.

1274. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Comment faire, se demande-t-il, pour être simultanément étonné de l’étrangeté du monde et s’y sentir bien chez soi ? […] Comme autrefois pour juger toute conception ou théorie nouvelle on se demandait tout d’abord si elle était faite pour condamner l’homme à la perte de son âme, ainsi, en jugeant les conceptions et théories modernes, il serait utile de se poser la question si elles sont capables ou non de condamner l’homme à la perte de sa raison. […] Peut-on s’imaginer un tableau plus effrayant que celui d’une ville où les hommes se demanderaient s’ils existent ? […] La section littéraire se réunit le 21 février 1920 et trois séances poétiques et littéraires furent prévues, dont une, à la demande de Paul Éluard, réservée à Dada. […] Il faut lire Hindenburg (1847-1934), général allemand rappelé de sa retraite en 1914, qui exerce une grande influence sur la conduite de la guerre et sur la politique allemande et est à l’origine de la première demande d’armistice en 1918.

1275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Poussin, Alfred »

Agir lui demande de tels efforts, qu’un unique petit livre est l’ouvrage de son existence entière.

1276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 115

Il répondit à quelqu’un qui lui demandoit pourquoi, écrivant si bien, il aimoit mieux être Traducteur, qu’Auteur lui-même : « Que la plupart des Ouvrages modernes n’étoient que des redites des Anciens, & que, pour bien servir sa patrie, il valoit mieux traduire de bons Livres, que d’en faire de nouveaux, qui le plus souvent ne disent rien de nouveau ».

1277. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Jeaurat » p. 198

Je vous demande seulement un peu d’indulgence pour ses cheveux gris et sa main tremblante….

1278. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Permettons-lui, sous ce rapport, d’en vouloir un peu à la philosophie moderne qui tend à désenchanter le monde du prestige des conquêtes, et qui, modifiant l’opinion de l’Europe et le ton de l’histoire, fait demander quelles furent les vertus d’un héros, et de quelle manière la victoire influa sur le bien-être des nations. […] On peut seulement se demander si, en s’enfermant comme il le fit dans la Constitution de 91 sans issue, il ne dévoua pas sa personne et son influence à une honorable impossibilité. […] Quand on lui fait d’abord demander quelques conseils sur l’état des choses en France, il se contente de répondre que le roi de Prusse est bien impertinent. […] En arrivant à Olmütz, on lui confisque quelques livres que les Prussiens lui avaient laissés, notamment le livre de l’Esprit et celui du Sens commun  ; sur quoi La Fayette demande poliment si le Gouvernement les regarde comme de contrebande. […] Quand on demandait à Sieyès ce qu’il avait fait pendant la Terreur, il répondait : J’ai vécu.

1279. (1888) Poètes et romanciers

L’écrivain illustre, l’académicien gentilhomme a demandé que ses jeunes camarades de l’armée suivissent au cimetière le vieux capitaine d’infanterie. […] Mais ce serait méconnaître la nature même du poète que de lui demander des solutions précises. […] J’allais demander grâce et me rendre à merci. […] Cette question demanderait à être tranchée par un grand exemple, quelque poème achevé et d’un succès décisif. […] Je crois qu’il a demandé trop à son art et qu’il en a dépassé les limites.

1280. (1903) Propos de théâtre. Première série

» lui demande Néoptolème. […] Il s’obstine à demander à Polyeucte une rétractation. […] Il était inquiet là-dessus ; Il se demandait : « Voyons ! […] demande André Lagarde à d’Estrigaud. — Je ne déclamerais plus. — Oh ! […] Mais, en 1689, on demande à Racine un divertissement de pensionnaires.

1281. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXI » pp. 129-130

Quand l’auteur reparaîtra dans un an ou dix-huit mois avec un nouveau drame en main, il sortira comme Épiménide de son antre, on lui demandera peut-être qui il est, ce qu’il veut : il aura tout à refaire, — surtout la curiosité si vive, si mobile, si passagère et inconstante, qui se porte toujours ailleurs, et, à tous ces titres, plus française de nos jours qu’elle ne fut jamais.

1282. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une lettre de M. Sainte-Beuve au général Jomini »

J’aurai à vous demander, lorsque j’aurai l’honneur de vous aller voir, quelques noms propres qui ne sont désignés que par des initiales.

1283. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 463

Ici je suis sans mains, vous demandez pourquoi !

1284. (1898) Essai sur Goethe

Ce que vaut cette conception, c’est à la vie de l’auteur qu’il faut le demander. […] Oui, je viens demander à votre noble sœur son cœur et sa main. […] Ce qu’un homme peut demander à une belle femme dans la nuit profonde. […] Il se lave, change de toilette, demande la main de Charlotte et l’obtient. […] Un ami commun, Fabien, vient demander sa main : sa déclaration est l’étincelle qui les éclaire.

1285. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Mon cher ami, j’ai mis ma confiance dans le Dieu de ma mère ; je lui demande de me la conserver à jamais, cette confiance, et de mourir comme elle sous la bénédiction céleste. […] « J’ai besoin, disait-il, de porter sur ce point mille mouvements d’indignation qu’excitent en moi les passions cruelles que je vois se montrer de tous côtés avec impudence. » Après le 10 août, le ministre de l’Intérieur, Paré, voulut faire de lui le conservateur de la Bibliothèque nationale : il refusa, au nom de ce Corneille même, dont il avait embrassé la carrière, et avec qui il avait surtout de commun, disait-il, « une impropriété absolue pour tout ce qui demande les soins de la plus simple administration. » Il n’était point hostile à la Révolution en elle-même : elle l’avait séduit et enlevé plus qu’on ne l’a dit, par ce qu’elle avait de magnanime. […] Un esprit partagé rarement s’y consomme, Et les emplois de feu demandent tout un homme, a dit Molière. […] Gérusez a publiée, et dans laquelle, en justifiant son ami et en restituant à son refus son vrai caractère, en s’autorisant pour cela de la précédente lettre, « à la fois, disait-il, touchante et sublime », il témoignait qu’il ne partageait point tout à fait ses idées, qu’il eût accepté au contraire la dignité refusée par Ducis, et il se rabattait pour lui-même à quelque demande un peu humble de pension.

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