. — Les Voix de la glèbe (1897). […] Antony Valabrègue Les Voix de la glèbe, de Paul Harel : un volume où nous avons remarqué tout d’abord un petit chef-d’œuvre de sentiment et d’imagination, la Nuit de Noël. […] Philippe Gille De beaux vers, bien francs, bien sonnants, pleins de belles idées, voilà ce qu’on trouve dans les Voix de la glèbe, le nouveau livre de M.
Dans les Cygnes, dans la Chevauchée, le poète veut s’énoncer avant tout ; il parle d’une voix ingénue et libre, et le plus souvent ne paraît rien devoir qu’à lui-même ; comme M. […] Griffin fait grandir ses riches tulipes sont ouverts à tous librement et vastes, vastes comme la vie ; et du milieu de leur étendue en fleurs lorsqu’il nous appelle, nous obéissons à cette voix entendue près de nous et qui peut toujours nous parler de nous. […] Griffin, — ou leurs immuables sœurs ainsi que l’enseigne le symbole ; il les grandit à une insolite ampleur et, pour les égaler, haussa sa jeune cantilène jusqu’à des hymnes héroïques que ne pouvait remplir sa voix. […] Stuart Merrill, qui trouve une voix inconnue, infiniment douce, très simple et véridiquement personnelle pour moduler ses petits poèmes d’automne. […] Il porte la marque durement sigillée de l’artiste qui se profère par ses mille voix et de l’un à l’autre change et se meut comme le moment dont il est le reflet.
Avant Ménélas, l’antique Nestor, parlant au fils d’Ulysse de la catastrophe du palais d’Argos, lui contait cette belle tradition digne de passer par sa « voix de miel ». […] Et j’entendais la voix lamentable de Cassandre, la fille de Priam, que la perfide Clytemnestre égorgeait auprès de moi. […] Mais d’éclatante qu’elle était cette voix devient bientôt lamentable, le clairon d’apothéose rend des sons funèbres. […] Cassandre comprit depuis lors le chant des oiseaux et toutes les voix : éparses dans l’air. […] Désormais personne ne crut aux prédictions de Cassandre ; ce fut une voix criant dans un désert d’hommes aussi sourds que les rochers et les arbres.
Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens Il paroît donc évident que le chant des pieces dramatiques qui se recitoient sur les théatres des anciens, n’avoit ni passages, ni ports de voix cadencez, ni tremblements soûtenus, ni les autres caracteres de notre chant musical : en un mot que ce chant étoit une declamation comme la nôtre. […] Voilà, pour le dire en passant, ce qui fait que la voix des musiciens italiens se fait mieux entendre que celle des musiciens françois. […] Cela veut dire que la déclamation theatrale est si variée, qu’il est si difficile d’entrer avec justesse dans tous ses differens tons, qu’on a besoin lorsqu’on veut déclamer comme on déclame sur la scene, de se faire soutenir par un accompagnement qui aide à bien prendre ces tons, et qui empêche de faire de fausses inflexions de voix. […] L’autre dispute avec les choeurs à qui se fera le mieux entendre, ou bien il joûte contre la voix de l’acteur, en s’éforçant d’articuler aussi son souffle à l’aide de la souplesse de ses doigts. […] Cette étude recherchée de tous les artifices capables de mettre de la force et de jetter de l’agrément dans la déclamation, ces rafinemens sur l’art de faire paroître sa voix, ne passeront point pour les bizarreries de quelques rêveurs auprès des personnes qui ont connoissance de l’ancienne Grece et de l’ancienne Rome.
J’étais comme un musicien inné à qui l’on ferait entendre pour la première fois un instrument à vent ou à cordes, où ses mélodies intérieures prennent tout à coup une voix réelle. […] J’y entendais le rossignol darder dans la nuit taciturne ces notes tantôt éclatantes, tantôt plaintives, qui semblent avoir, dans une seule voix, toutes les consonances de la joie et de la tristesse de la nature. […] Mais tout à coup la voix tombe, l’oiseau se tait. […] Enfin, que des oiseleurs, par un raffinement barbare, crèvent les yeux à un rossignol : sa voix n’en devient que plus mélodieuse. […] Plusieurs tyrans ont eu des traces de sensibilité sur le visage et dans la voix, et ils affectaient au dehors le langage des malheureux qu’ils songeaient intérieurement à déchirer.
Et quelle voix ! […] une voix qui ne parle qu’à des auditeurs à genoux ! […] Bossuet entendit l’avertissement dans son cœur, et le répercuta dans sa voix. […] Agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue. […] La voix s’éteint, l’orateur passe, mais le diapason reste.
La pureté chrétienne, plus contemplative, ne pouvait négliger cette puissance du rhythme, ce concert des voix, qui parle le mieux aux âmes et semble à la fois les dominer et les unir. […] Ne retrouve-t-on pas également ici, sous les humbles refrains de la prière chrétienne, un souffle du génie qui dans ces mêmes fêtes avait animé jadis la voix et la lyre ? […] Je croirais entendre, non l’hymne triomphal d’un martyr, mais la voix solennelle du prêtre consécrateur. […] Mais quelle voix maintenant te proclamera sans crainte, ô Trinité ! […] calmez en moi cette impétueuse ardeur ; enivrez-moi des leçons intellectuelles des sages, et que la voix des hommes superstitieux ne me détourne pas de cette route divine et salutaire !
Pour goûter l’inspiration, il faut entendre la voix et saisir du même coup le sens et l’harmonie. […] Là le génie de Young a retrouvé cette voix de la patrie, ces cris de cœur d’une nation belliqueuse qui avaient retenti jusque dans les accents du courtisan Waller, et inspiré de si beaux vers à Thompson. […] Dans l’ode de Gray sur la poésie, malgré l’effort trop tendu et la solennité un peu énigmatique de quelques vers, on reconnaît une voix digne de la lyre et un front touché du rayon de feu. […] Ils exhalent le cri de vengeance sur toi, dans des murmures plus terribles encore ; car ils ne parlent plus depuis la journée de Cumbria, fatale à la harpe de l’illustre Hoël, et à la voix du mélodieux Lewellin. […] « Une voix, comme échappée du chœur des anges, est apportée par un souffle venu des bords fleuris de l’Éden ; et de lointains murmures qui la répètent l’ont adoucie pour mon oreille, et perdus, vont expirer dans le lointain avenir.
Je l’entends, cette voix forte & puissante, qui, comme un tonnerre qui roule dans la nue réveille les esprits les plus engourdis ; non ce n’est plus un homme, c’est un Dieu tutelaire qui s’est chargé des intérêts de la patrie, & qui défend la cause honorable de l’humanité ; d’une main il foudroye le vice, de l’autre il dresse des Autels à la vertu, déploye toute l’indignation d’une ame sensible contre d’injustes Tyrans, il rejette le cri insensé de l’opinion pour faire parler la voix immortelle de la raison. […] Votre œil s’étend, votre vûe plane & profondément émus, vous vous écriez d’une commune voix : O ! […] Je les entends, ils s’écrient d’une voix unanime : nous dédaignons les richesses, elles sont le prix de la bassesse. […] L’héroïsme a été le partage des plus vastes génies, jamais l’intérêt n’a souillé leur plume, jamais la crainte n’a fait pâlir leur front ; jamais le remord n’a succédé aux accens de leur voix libre. […] On a voulu dire que le citoyen généreux embrassoit la défense du foible opprimé, lorsque sa voix anéantie, pour ainsi dire, par la misere, ne pouvoit s’élever jusqu’à ceux qui doivent reparer ses maux.
Stéphane Mallarmé et, si je le compare à des poètes de sa génération, il me paraît certes dépassé par la richesse aux cent voix qui se répondent dans les Fastes de M. […] On y sent les inflexions de la voix suivre chaque mouvement de l’idée, en gardant une couleur sonore assez continue selon l’objet de cette idée. […] Il s’ensuit que, malgré le rythme réel de la plupart d’entre eux, les vers les plus spontanés paraissent eux aussi des mesures traditionnelles alternées et non les mouvements d’une voix libre combinés selon l’harmonie. […] Vielé-Griffin ne lira point cela sans protester ; il ne comprend pas qu’il soit besoin de règles, non pas imposées : apprises dans le travail et créées par lui ; mais ses écrits manquent précisément un peu des qualités objectives des justes bornes et de l’harmonie ; ils sont de belles paroles prononcées par une voix ; ils ne sont pas toujours la voix vivante. […] On peut la supposer exquise avec une voix d’enfant comme elle incertaine et fragile, mais, sans compter qu’elle se confond bientôt avec la prose, un chant d’homme fier et grave exige pour son lyrisme un plus puissant soutien.
Le reflet, dans son drame, est aussi éclatant que l’aurait été l’action immédiate, l’écho retentit autant que la voix. […] » — A cette voix retentissante comme un fracas d’écroulement, le Chœur part d’un cri qui ne va plus s’arrêter. […] je reste sans voix, accablée. […] Le souci de l’État assombrit encore l’angoisse des Fidèles, la politique élève sa voix grave par-dessus leur chant pathétique. […] Sa voix a quelque chose de lent et de sourd, comme si elle parcourait un espace obscur avant d’arriver à ceux qui l’écoutent.
Voici d’abord le motif, un air vif et léger, exposé, durant trois mesures, par la première voix. La seconde voix le reprend plus développé ; et le motif est repris encore par la troisième voix, complété encore. […] Puis les voix se désunissent ; elles cherchent des attitudes nouvelles, tantôt les quittent après un instant, tantôt s’y attardent, par d’adorables modulations. […] Les violoncelles, d’une lente voix, jettent les premiers accents du prélude. […] Tantôt les voix se confondent, tantôt elles s’entrecoupent.
Et, si l’on ne peut assentir au dire de Schumann, que « tous les instruments sont des voix humaines », il est permis d’émettre en axiome que les Voix sont des instruments, et plus. […] Mais la voix, il est su du même temps, est un instrument essentiel et multiple : essentiel et multiple par les diverses Voyelles produites, ainsi qu’instruments divers, de groupements divers d’harmoniques. L’instrument de la voix humaine est, à note variée, une anche, — complétée d’un résonnateur à résonnance variée. […] Mais, en transition, nous rapporterons de Rousseau une phrase délicate : « Le chant mélodieux et appréciable n’est, dit-il, qu’une imitation paisible des accents de la voix parlante. […] Et, que s’en souvienne la voix savante, savante instrumentalement du Lecteur, — qui, lui qui sait vraiment lire, tout haut et en toutes les valeurs sonores et idéales que nous aurons voulues, interprétera l’Œuvre.
C’est dans la vie réelle, à travers les passions et les épreuves, que ce cœur de femme, sans autre maître que la voix secrète et la douleur, a dès l’abord modulé ses sanglots. […] C’est alors que sa voix adorée M’éveilla tout entière et m’annonça l’amour, etc. […] Avec son air rogue, sa voix rouillée, sa mèche en l’air, ses coups de boutoir usés et ses épigrammes communes, il avait le don de dérider dès les premiers mots la grave assemblée. […] « A vingt ans, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer ; mais la musique roulait dans ma tête malade, et une mesure toujours égale arrangeait mes idées, à l’insu de ma réflexion. […] Elle avait la voix touchante, sympathique.
Mais, par là même, sous cette voûte resplendissante que le poëte élève au-dessus de vos têtes, vous entendrez mieux la voix de l’admiration et de la foule monter en majestueux accents jusqu’à Dieu. […] Rien sans doute ne saurait atteindre à cette voix primitive du prophète hébreu, à ce grand témoignage de l’unité divine proclamée par toutes ces substances matérielles que le monde avait adorées à la place de leur Créateur ; nuis la glose vulgaire de cette vérité sublime est belle encore. […] » De cette naïve abondance d’images et de prières redites par un peuple, à la voix d’un saint homme, la poésie allait monter aux cieux mystiques du Dante, à ce monde idéal tout parsemé de splendeurs, tout retentissant de voix célestes, mais où les merveilles de l’esprit dominent toujours celles de la matière. […] À la poupe se tenait le céleste nocher, pareil à un bienheureux ; et plus de cent âmes étaient assises dans la barque ; et toutes ensemble chantaient d’une seule voix : Israël, à sa sortie d’Égypte. […] Par là encore, cette poésie extraordinaire du Dante renouvela et dépassa, dans le moyen âge, un des caractères qu’avait eus la poésie grecque, cette voix éclatante de la passion aidée par l’harmonie.
Les chansonnettes de Canqueteau, dont la voix avait des secousses de montagnes russes, y alternaient avec les odes enflammées de Raymond de la Tailhède ; une satire rimée de Cazals y succédait à un poème évolutif de René Ghil. […] Une voix de rogomme décèle Yann Nibor ; une voix de crécelle trahit Lemercier : Baillot survenant illico Nous en pousse une raide… Alors apparaît Montoya, Celui qui ténorise, Et tout’s les femm’s disent déjà Que sa chanson les grise ! […] Mais soudain le rire cesse : le Pierrot famélique s’est transfiguré ; le pitre fait place au poète et c’est une voix émouvante et passionnée qui rythme de vivants sanglots : Pour devenir un jour celui que tu recèles, Et qui pourrait périr avant d’avoir été, Sous le poids d’une trop chamelle humanité, Ô mon âme ! […] C’est seulement quand la voix se tait qu’on s’aperçoit que la salle est, par le fait des pipes, obscurcie d’un voile épais et qu’une « lente asphyxie y couve ses ravages ». […] Sa voix cuivrée impose les vers qu’il scande en les martelant.
Andronicus, qui d’abord chantoit son cantique ou sa cantate, & qui exécutoit, alternativement ou en même temps, les intermédes de danses, ayant altéré sa voix, chargea un autre acteur de chanter, & dansa, par ce moyen, avec plus de liberté & de force. […] Il avoit toutes les parties d’un acteur accompli ; le port, la figure, la voix, le geste, une ame peu commune, ce talent admirable de saisir toutes les nuances d’un caractère. […] Mal partagée, à quelques égards, de la nature, l’ame lui tint lieu de tout, de voix, de taille & de beauté. […] Quel son de voix intéressant ! […] Bourdaloue, avec un air concentré en lui-même, faisant très-peu de gestes, les yeux le plus souvent fermés, pénétroit tout le monde par un son de voix uniforme & terrible.
Un sentiment moins noble, moins désintéressé que ces spontanéités enflammées de nos ânes se produisant à la voix d’un grand orateur, a, sinon créé, au moins agrandi le succès du P. […] Or, comme la vérité religieuse est la plus grande de toutes, la plus achevée, la plus complète, il se trouve que les orateurs religieux sont le plus longtemps des orateurs, que leur voix ne meurt pas, comme les autres voix, le long des siècles, parce qu’ils sont éminemment quelque chose de plus que des orateurs » Ce quelque chose de plus, c’est ce que je signalerai dans les œuvres oratoires du père Lacordaire ; c’est ce qu’on rencontre toujours, dans tous les orateurs chrétiens, depuis la fondation du Christianisme jusqu’à nos jours. […] La flamme du regard, la pâleur ascétique de la tête pensive, le geste éblouissant, la voix, — la voix, cette séduction infinie ! […] L’expérience, — ce fruit tardif, le seul fruit qui mûrisse sans devenir doux, — l’expérience a ajouté son enseignement aux facultés sagaces et translucides que la contemplation et la chasteté religieuse développent et fécondent, et cette double éducation de la pensée a communiqué à la voix et à la parole du P.
Voix diverses. Aux voix ! Aux voix ! […] (Aux voix ! Aux voix !)
Dimanche 7 mars Le peintre Ziem, dont la parole parfois s’emballe, mais qui est toujours toute pleine d’inattendu, de trouvailles originales, arrive le premier au grenier, et se met à parler du charme de la voix des phtisiques, de cette voix de baryton qu’il a connue à Chasseriau, mort de la poitrine, de cette voix de caresse, qui est comme un suprême enlacement autour des êtres et des choses de la terre, de cette voix, dont déjà les microbes tuberculeux et tumulaires font, comme un râle du sentiment. Et il me montre le possesseur de cette voix s’amusant à jouer, à musiquer de cette parole, à la façon des mourantes, en leurs dernières jouissances d’amour. […] Je le trouve couleur d’un vieux cierge d’église, les yeux ayant perdu l’allumement de la vie, la voix sans résonance, se plaignant d’affreuses névralgies des reins ; et l’esprit encore plus malade que le corps, et me disant : « Je crois bien avoir le foie atteint, aux tristesses affreuses que j’éprouve ! […] Une voix me crie : « Ce sont des communards… c’est Paschal Grousset qui se sauve ! […] » Gibert, avec une langue technique, qui donne les plus grandes jouissances aux amateurs de l’expression, une langue juste, précise, peinte, parle de cette voix artificielle, de cette voix de tête ou de nez, que certains chanteurs se font : voix métallique à résistance indéfinie, tandis que les voix naturelles des gens qui chantent avec l’émotion de leur poitrine, est plus vite cassée.
« Avec une âme pure et simple, une voix pieuse, agenouillés devant toi, nous apprenons à t’invoquer par les larmes et les chants. […] Docile à cette voix aimée, Paulin, quittant le sénat de Rome, vendit ses vastes domaines pour en distribuer le prix aux malheureux et entrer dans la pauvreté religieuse. […] « Qui me donnera les ailes de la colombe, pour me mêler vite à ces chœurs, dont les voix, à ton exemple, célébreront le Christ Dieu ? […] « En avant de toutes les voix sonnera, comme un clairon, la voix de Nicétas célébrant le Christ ; et, sur la mer, répondra David et sa harpe221. » C’étaient les Argonautes et l’Orphée de ces temps nouveaux.
Si le public avait nommé, c’eût été Bossuet qui eût été proclamé cardinal tout d’une voix. […] On est d’avis à l’assemblée d’exclure le second ordre, c’est-à-dire les abbés, dans les délibérations concernant la foi et la morale, de ne leur laisser que la voix consultative et non la voix délibérative et le vote : de là grande rumeur. […] Ce discours était très tendre et très édifiant, nous dit Le Dieu, et M. de Meaux l’a prononcé avec toutes ses grâces, et aussi avec une voix nette, forte, sans tousser ni cracher d’un bout à l’autre du sermon : en sorte qu’on l’a très aisément entendu jusqu’aux portes de l’église, chacun se réjouissant de lui voir reprendre sa première vigueur. On aime à rejoindre ces détails sur le Bossuet de la fin et sur son bel organe, éclatant une dernière fois, avec ce que le même biographe nous a dit de lui dans sa jeunesse, quand il nous le montre affectionné à chanter l’office de l’Église et les psaumes : « Il avait la voix douce, sonore, flexible, mais aussi ferme et mâle. […] Bossuet, durant toute sa vie, avait lu et aimé les psaumes ; mais ce premier temps où, chanoine, âgé de treize ans à peine, il les chantait de sa voix pure et peut-être avec larmes aux offices du chœur à Metz, lui revenait plus tendrement dans ses derniers jours.
Veuillot, feuilletoniste des Chambres, c’est qu’en même temps qu’il sait et qu’il rend, de chacun, le geste, le timbre de voix, les tics, il sait aussi la valeur sérieuse de l’homme et la respecte assez quand il la rencontre. […] « Il est doué d’une haute taille, d’une voix assez nette, d’un beau galon d’officier du roi, qui se voit même sur ses habits bourgeois. […] Toute son énergie est dans la paume de sa main dont il frappe la tribune, afin de s’animer au monologue ; toute sa mémoire est au fond du verre d’eau sucrée. » Mais je crois que nous avons changé de tribune : nous sommes à la Chambre des Pairs ; une voix sourde se fait entendre (M. […] voilà l’orateur en personne, au verbe enflammé, à la voix pénétrante comme un glaive, au timbre inflexible et sonore ; et des armes si belles sont au service d’une sainte cause. […] Sur quoi « notre moribond entre en matière et, d’une voix de Stentor, pendant près d’une heure, — et quelquefois pendant trois, — il se livre aux emportements du zèle universitaire le plus fougueux… ».
Il finit par : un cœur, une foi, une voix. — Je crois que c’est la voix qui domine23. […] » Adieu, mon cher collègue, je jette à vous et à votre œuvre tout ce que j’ai : un cœur, une foi, une voix. — Alphonse de Lamartine. »
Les vivants et les morts y mêlaient leurs voix auxquelles une voix inspirée prêtait ses accents, mais un instant vint où la voix merveilleuse se fit plus intime et plus intérieure. […] La voix éloquente a cessé son hymne d’amour à la vie, à la beauté, à la douleur. […] J’acceptai avec la docilité du candidat en quête de voix, et je commençai mes visites d’usage. […] Cependant, quelques années plus tard, la voix de Frédéric Masson fut une des dix-huit voix qui firent de moi, à l’Académie, le successeur du vicomte Eugène-Melchior de Vogüé. […] Et il recueillait des voix, mon papillon !
il n’est que l’écho un peu affaibli de cette autre voix impétueuse : Levez-vous, orages désirés, qui devez emporter René, etc. […] Le succès soudain qu’elles obtinrent fut le plus éclatant du siècle depuis le Génie du Christianisme ; il n’y eut qu’une voix pour s’écrier et applaudir. […] Là, l’élégie, la scène circonscrite, la particularité individuelle, n’existent presque plus ; je n’entends qu’une voix générale qui chante pour toutes les âmes encore empreintes, à quelque degré, de christianisme. Cette voix chante les beautés et les dangers de la nuit, l’ivresse virginale du matin, l’oraison mélancolique des soirs ; elle devient la douce prière de l’enfant au réveil, l’invocation en chœur des orphelins, le gémissement plaintif des souvenirs en automne, quand les feuilles jonchent la terre, et qu’au penchant de la vie soi-même, on suit coup sur coup les convois des morts. […] Il est presque évident, au contraire, qu’à part ce que la volonté impose à l’habitude, les heures instinctives où la voix éclate chez Victor Hugo doivent être celles du milieu du jour, du soleil embrasé, du couchant poudreux, ou encore de l’ombre fantastique et profonde.
Marsolleau, levé, quittait sa pipe, et récitait d’une voix dolente des vers charmants : MOI J’ai dans mon sang le sang des époques hautaines, Je suis le petit-fils des marquises lointaines Et des trouvères blonds, de grâce revêtus, Qui passaient — de châteaux en châteaux attendus Par le rêve espérant des vierges amoureuses — Et puis disparaissaient par les routes ombreuses, Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus. […] et, pour ajouter à la vigueur de l’image, il enflait l’ouragan de sa voix dont les vitres tremblaient. […] Haraucourt, hautain et résolu, brandissait, d’une voix impérative, des morceaux de l’Âme nue qui rappelaient Corneille par l’écorce, et Tolstoï par la sève, tant ils débordaient de généreuse pitié. […] Il paraphrasait la Bible ou célébrait les « grenadiers épiques » avec la grandiloquence de Hugo et le ton de voix des prophètes.
On n’avait pas encore entendu cette voix-là, en français, dans cette langue baptisée avec Clovis et débaptisée avec Voltaire. […] Vous rappelez-vous cette page inouïe de Jean-Paul, dont le sublime transportait madame de Staël, quand, au Jugement dernier, il peint le désespoir des âmes qui auront vécu en Jésus-Christ sur la terre et compté sur le ciel pour prix des plus cruelles vertus, lorsqu’elles entendront une voix sortant des profondeurs de l’Infini, qui criera par tout Josaphat : Vous vous êtes trompés ! […] Eh bien, c’est cette même voix qui circule et qu’on entend dans les poésies de Bouchor, de ce poète athée qui pleure son dieu, comme Hécube pleurait ses enfants perdus, et que son athéisme rend tour à tour morne ou effaré… Seulement, le tableau effrayant de Jean-Paul ne dure que l’instant d’une page, zigzag de feu terrible qui tombe dans le gouffre sans fond du néant et nous éclaire ce trou vide ! […] La voix qui dit : Il n’y a pas de Dieu ! […] Ce poème du Faust moderne donne le volume d’une voix qui chantera prochainement dans un registre plus à elle, — le registre de sa propre originalité… Maurice Bouchor qui, aujourd’hui, a voulu ranimer le vieux Faust et le rajeunir, a fini par le tuer dans un épilogue qui est la revanche de l’âme contre la matière, comme tout le poème est la revanche du sentiment religieux contre l’athéisme pleurant le dieu qu’il dit n’être pas, — inconséquence vengeresse !
Il y a des souvenirs d’enfance, la Maison de ma Mère : Et je ne savais rien à dix ans qu’être heureuse ; Rien que jeter au ciel ma voix d’oiseau, mes fleurs ; Rien, durant ma croissance aiguë et douloureuse, Que plonger dans ses bras mon sommeil ou mes pleurs ; Je n’avais rien appris, rien lu que ma prière, Quand mon sein se gonfla de chants mystérieux ; J’écoutais Notre-Dame et j’épelais les cieux, Et la vague harmonie inondait ma paupière : Les mots seuls y manquaient ; mais je croyais qu’un jour On m’entendrait aimer pour me répondre : Amour ! […] Par ma ceinture noire à la terre arrêtée, Ma mère était partie et tout m’avait quittée : Le monde était trop grand, trop défait, trop désert ; Une voix seule éteinte en changeait le concert ! […] Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie. Qu’on lise la pièce qui porte ce titre, et celle encore qu’elle a adressée, après la guerre civile, à Adolphe Nourrit à Lyon, à ce généreux talent dont la voix, née du cœur aussi, répond si bien à la sienne : cela s’élève tout à fait au-dessus des inspirations personnelles de l’élégie.
De même aussi, l’œuvre nouvelle est moins enfoncée vers l’absolu, moins baignée des vents de l’infini que les deux drames qui la précédèrent, et l’épisode des voix lontaines, du chant des matelots sur le navire qui s’éloigne, semble avoir été écrit dans le souci d’élargir le cadre comme un peu envoûté de la fable. C’est, quelle qu’en soit la signification, un rappel aux choses du dehors, une voix qui arrive du monde ; cela ne fait pas partie intégrante du drame ; ces voix ne traversent pas l’œuvre comme tel souffle qui, dans les Aveugles, courbe toutes les têtes ; ici, à tel instant, le roi et la reine se doivent distraire du spectacle de la salle pour jeter les yeux vers ces hommes. […] Et, ici, les voix qu’on entend ont de telles plaintes.
l’imitation du parler suit incontinent… etc. les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë. Or ce qui fait la difference des esprits, tant que l’ame demeure unie avec le corps, n’est pas moins réel que ce qui fait la difference des voix et des visages. […] Les esprits ne deviennent donc semblables, à force de se regarder les uns les autres, que comme les voix et les visages peuvent devenir semblables. L’art n’augmente l’étenduë physique de notre voix, il n’augmente notre génie qu’autant que l’exercice, dans lequel consiste la pratique de l’art, peut changer réellement quelque chose dans la configuration et dans la conformation de nos organes.
Ou bien serais-je près de mortels à voix humaine ? […] Manos sut donner à sa voix en psalmodiant ces vers d’Homère. […] mon fils, recueille tes pensées, gouverne sagement ta langue, et garde ta voix au fond de ton cœur. […] Sa forte voix, où vibrait la franchise de son cœur, les excitait. […] — Je le veux bien, reprit-il, mais pardonnez-moi si ma voix s’altère et tremble un peu à chaque strophe, Madame.
Ce n’est pas la voix d’un homme, c’est la voix d’un temps. […] « Élèveras-tu ta voix jusqu’aux nuées ? […] et de loin il respire le combat, la voix tonnante des chefs et le fracas des armes. […] « À ta voix l’aigle s’élèvera-t-il jusqu’aux nues ? […] « Ton bras est-il comme celui de Dieu, et ta voix tonne-t-elle comme ma voix ?
Vous savez qu’en composant ce rôle, j’ai pensé à votre voix et à votre diction si nette et si énergique. […] Tout le prodigieux fracas de l’Océan ne peut couvrir la voix qui gémit et qui désire. […] Leur voix est absorbée dans l’immense tumulte. […] C’est lui dont la voix surmontait l’ouragan. […] C’est ainsi que Richard Wagner avait compris le rôle de l’orchestre et des voix dans le drame musical.
La voix d’Alexandre Dumas se fait entendre. […] J’ai vu… J’ai vu… À ce moment, la voix de vinaigre du vieux d’Haussonville a monté jusqu’à nous : une voix qui semblait la voix du vieux Samson, jouant le marquis de Giboyer. […] Et après l’injure de chaque commencement de phrase, jetée d’une voix sonore, la tête dressée vers la coupole, il y avait chez le cruel orateur, un sourd plongeon de sa voix dans sa poitrine, pour le compliment banal de la queue des phrases, — et que personne n’entendait. […] Là-dessus Banville s’emporte, et d’une voix stridente, coupante, lui demande qu’il lui indique n’importe quoi, qui ne soit pas dans Balzac. […] Une autre voix. — L’homme n’est qu’une forme de la matière en activité.
Le marteau qui fendait ses membres a fait retentir le roc, mais non point sa voix. […] Mais un chœur de voix amicales a bientôt dissipé sa crainte. […] On prête à leurs voix les sanglots des sources et les chants plaintifs des fontaines. […] Le mugissement de sa métamorphose semble enfler douloureusement sa voix féminine : — « Où suis-je ? […] Enfin, il se rend à ses instances, et la Destinée parle par sa voix.
Grâce à Dieu, grâce au soleil fécondant de 4789, et grâce à la Liberté, l’auguste déesse, cet animal n’existe plus sur le sol de la France, il est devenu tout à fait un homme, et sa voix compte, et sa voix donne l’empire ! […] que de feu dans ce regard, et quelle voix ! […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ? […] En trois cris, la voix tonnante de Mirabeau avait brisé la flûte d’or et de cristal où Marivaux soufflait ses élégies mêlées d’épigrammes. […] Elle l’a redemandée, non pas de cette voix banale et prévue à l’avance qui s’élève dans la salle, en même temps que tombe le lustre, comme si le lustre voulait jeter sa lumière blafarde sur ces faux enthousiastes, mais elle a été redemandée nettement, d’une voix unanime, comme jamais je n’ai entendu redemander personne.
Une voix tonnante retentit : — « Ô toi, le plus impie des hommes ! […] Leur prière prend toutes les voix de l’adjuration et du gémissement, son rythme haletant semble secoué par de longs sanglots. […] — Un cantique de reconnaissance salue cette nouvelle ; les jeunes filles répandent à pleine voix leurs souhaits sur Argos naissante : on dirait un groupe de fées affectueuses comblant un berceau. — « Que jamais la contagion ne dépeuple Argos de ses citoyens ! […] Eschyle y a mis des milliers de voix, des plaintes innombrables ; celles des enfants ravis, des femmes enlevées sur les côtes si exposées de l’Hellade. […] On comprend, en les écoulant, que Job ait compté, parmi les bienfaits de la mort, celui de « ne plus entendre la voix de l’exacteur dans le silence du sépulcre. » Les malheureuses se débattent sous les mains violentes qui les traînent
La grande comédienne se montre accueillante avec une voix rude, rocailleuse, une voix que nous ne reconnaissons pas, et qu’elle a l’art de transformer en une musique au théâtre. […] — Entrez, Messieurs, nous crie une voix bon enfant. […] * * * Mardi 23 décembre Assis sur une banquette de l’escalier du théâtre et palpitants et tressaillants au moindre bruit, nous entendons, à travers une porte qui se referme sur elle, Mme Allan jeter de sa vilaine voix de la ville : « Ce n’est pas gentil, ça !
Songe que tu tiens entre tes mains les intérêts de toute ame noble & généreuse ; plaide avec courage, & en présence du méchant même, il frémira à ta voix, les remords secrets déchireront son cœur, & tu liras ton triomphe sur son front abattu. […] As-tu toujours suivi l’inspiration secrette de cette voix qui nous dirige ? […] qu’il est doux dans le sein de cette auguste amitié, de n’obéir qu’à la voix du génie, de suivre ses inspirations secrettes, de nourrir chaque jour ce feu sacré des beaux Arts, ce goût épuré qui forme une trempe d’ame également vigoureuse & sensible. […] Au milieu de cette triste & dévorante anarchie, je ne ferai point entendre ma voix, mais je m’adresserai à vous qu’une émulation trop ardente, un amour excessif de la gloire conduisent à dépriser de trop dignes rivaux. […] Qui de vous en effet oseroit se flatter d’être déclaré vainqueur par la voix de la postérité ?
Le mort crie, et le meurtrier est révélé par sa voix. […] Oreste est pressé, le destin le pousse, une voix le somme d’accomplir l’action jurée. Cette voix vient de haut ; c’est l’Oracle de Delphes qui lui enjoint de tuer les meurtriers de son père. […] Au dedans de lui, une voix s’élève, sourde d’abord et confuse, et qu’il essaye de couvrir d‘un bruit d’invectives. — Qu’était-ce donc que cette femme, celle mère si l’on veut ? […] L’instant d’avant, elles l’excitaient tout d’une voix ; elles auraient tourné vers sa mère le pouce inflexible des Vestales romaines achevant le gladiateur renversé, si le fer avait tremblé dans sa main.
Pierre Quillard Écarter le voile d’ombre, rompre par des paroles de gloire le sépulcral silence où dort celui qui jugeait également futiles, en présence de l’éternité, l’ostentation de l’orgueil et la plainte lâche de l’ennui, quelle main l’oserait, et quelle voix profanatrice ? […] Du moins, nos voix pieuses ne tairont point leur ferveur pour le chant qui subsiste après les lèvres closes et les cordes de la lyre brisées. […] La fleur fraîche a péri, mais la feuille éternelle Verdoie, et tu souris, poète, et lu entends Chanter, échos amis de ta voix fraternelle, « Les joueurs de Syrinx épars dans le printemps ».
Ta voix enseigne avec tristesse Des airs de fête à tes petits, Pour qu’attendri de leur faiblesse, L’oiseleur les épargne et laisse Grandir leurs plumes dans les nids ! Mais l’oiseau que ta voix imite T’a prêté sa plainte et ses chants, Et plus le vent du nord agite La branche où ton malheur s’abrite, Plus ton âme a des cris touchants ! Du poète c’est le mystère ; Le luthier qui crée une voix Jette son instrument à terre, Foule aux pieds, brise comme un verre L’œuvre chantante de ses doigts ; Puis d’une main que l’art inspire, Rajustant ces fragments meurtris, Réveille le son et l’admire, Et trouve une voix à sa lyre, Plus sonore dans ses débris104 ! […] Toutes les voix qui comptent parmi ses contemporains ont été unanimes à la louer comme il faut et à la définir des mêmes traits.
Ce talent naturel comme la voix, n’allez pas croire pourtant que cette rêveuse, cette abandonnée, cette troublée qui jetait ses cris éloquents autour d’elle ou laissait tomber ses soupirs, chantât comme Ophélie entre le saule et l’eau : non ! […] Ce sont encore La Voix d’un ami qui est l’ardeur de l’amour introduite dans le sentiment le plus calme, L’Esclave et l’Oiseau, Le Secret perdu, La Jeune comédienne. […] La vieille fileuse, à son rouet penchée, Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix. …………………………………………… Elle allait, chantant d’une voix affaiblie, Mêlant la pensée au lin qu’elle allongeait, Courbée au travail comme un pommier qui plie, Oubliant son corps où l’âme se délie. […] Les voix sans écho sont les mieux entendues.
Ils demeurent gens de théâtre par une innocente exagération de langage et par de petites déformations avantageuses de la réalité. « À vingt ans, dit Marceline, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer. » L’explication est charmante ; mais la vérité, c’est qu’elle perdit la voix à la suite de ses couches, et qu’elle avait alors vingt-trois ans, et non pas vingt. […] Ceci n’est point amour en l’air ni paroles de romances. » Et il lui fit, soit de vive voix, soit par lettres (car ces fâcheuses idées lui revenaient plus aigrement quand il était seul) des scènes de jalousie. […] Elle perd sa voix à la suite de ses couches. […] La maladie se déclara, étrange comme sa nature, faisant naître chez elle une jalousie folle contre sa sœur, lui enlevant la voix : « La voix d’Inès était d’une douceur pénétrante et, comme celle de sa mère, faisait pleurer. […] La Voix perdue est un des souvenirs de ces veilles poignantes. » (Œuvres de Marceline Desbordes-Valmore, III, p. 251.)
Il n’y a donc aucun moyen de se le dissimuler, Louise Labé fit beaucoup parler d’elle ; mais, comme la renommée a deux voix, on reste dans un certain embarras pour accorder des médisances si explicites et si formelles avec les éloges de chasteté et de vertu que d’autres lui ont décernés. […] Ils dient que ce sont gens mornes, sans esprit, qui n’ont grâce aucune à parler, une voix rude, un aller pensif, un visage de mauvaise rencontre, un œil baissé ; craintifs, avares, impitoyables, ignorants et n’estimant personne : loups-garous. […] La voix mélodieuse enchante au loin l’espace. […] 66 » C’est à toutes ces âmes-là que Mme Ackermann a pensé ; elle a eu le mérite de les comprendre sans en être sans doute elle-même, et elle leur a prêté une voix suppliante dans la pièce intitulée les Malheureux. […] Quand de tes Chérubins la phalange sacrée Nous saluerait élus en ouvrant les saints lieux, Nous leur crierions bientôt d’une voix éplorée : Nous élus ?
Ils avaient des voix d’ouvriers dans le monde, des voix à la fois canailles et maniérées de jeune premier de barrière qui file les mots, sans être sûr de leur orthographe. […] Il n’a gardé que ses yeux et sa voix. […] Et sa voix, si onctueuse, prend un petit tremblement rageur : « Comment ! […] La voix perlée du théâtre, perdue, emportée dans la chaleur des entretiens émotionnés. […] Quant à la voix de Delaunay, c’est la plus adorable musique que puisse rêver un auteur pour sa prose.
Ce sont des éclats de voix, des cris, des vociférations. — Un martyr… en exil une partie de sa vie ! […] De temps en temps, la voix de soprano d’une femme se lève avec la musique et bruit avec elle. […] Alors j’ai entendu une voix si doucement faible, que j’ai cru que c’était la voix de la malade. Non, c’était la sœur qui parlait à une vieille femme avec une voix de caresse, une voix calmement impérieuse, comme on en prend avec les enfants aimés, quand on veut leur faire faire quelque chose, qu’ils ne veulent pas. « Vous souffrez du siège ? […] — a-t-il répondu d’une voix douce, éteinte, dolente et humble, — mais c’est mon poignet qui me fait mal !
Mais celui-là est un caractère essentiellement individuel ; tout homme a un certain timbre de voix qui lui est propre et qui le fait reconnaître aussi bien ou mieux que son visage. […] Tous figurent dans la parole intérieure de chacun de nous ; ma parole intérieure est l’imitation de ma voix. […] Elle est d’ordinaire l’écho affaibli, mais fidèle, de notre voix individuelle ; mais elle peut aussi imiter des voix autres que la nôtre ; les timbres les plus divers, les prononciations les plus étranges, et, au même titre, tous les sons de la nature, peuvent être intérieurement reproduits. […] La vraie parole intérieure, celle qui ne quitte jamais notre pensée, est personnelle ; elle ne reproduit qu’une voix, la nôtre ; en elle, tout est de nous, car tout est pour nous ; elle nous est infinie : nous nous disons par elle ce que nous avons à nous dire ; elle imite notre voix pour exprimer notre pensée ; c’est toujours notre voix, comme lorsque nous parlons tout haut ou tout bas dans la solitude, mais plus discrète encore, plus voilée, perceptible à nous seuls ; elle n’est pas pour autrui, et elle n’a rien d’autrui. […] était-ce une voix étrangère ?
Quel que soit le plaisir qu’on se promette d’un grand voyage, il y a toujours dans le paysage qu’on va quitter une voix prudente et un peu triste qui semble vous dire par chaque rayon de soleil, par chaque ombre d’arbre, par chaque rayon du soir qui se couche : « Pourquoi me quitter ? […] Leurs voix firent résonner la voûte des chênes et frémir les feuilles sur nos fronts. […] Cette voix lente, grave, timbrée d’émotion, résonnait comme le puits où le passant jette une pierre du chemin pour mesurer par la lenteur de l’écho la profondeur de l’abîme. […] La voix du barde divin résonnait grave comme un souffle d’hiver à travers les troncs caverneux d’une forêt de Calédonie. […] Quel qu’il soit, cependant, ma voix bénit ton être Pour le divin repos qu’à tes pieds j’ai goûté.
Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante. […] Une fois, chez madame Necker, Bernardin de Saint-Pierre, alors inconnu, essaya de lire Paul et Virginie : l’histoire était simple et la voix du lecteur tremblait ; tout le monde bâilla, et, au bout d’un demi-quart d’heure, M. de Buffon, qui avait le verbe haut, cria au laquais : Qu’on mette les chevaux à ma voiture ! […] Ses soirées, à lui, se composaient de son jeune Abel, des frères Trudaine, de Le Brun, de Marie-Joseph : C’est là le cercle entier qui, le soir, quelquefois, A des vers, non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère. […] Milton, vieux, aveugle et sans gloire, se faisant lire Homère ou la Bible par la douce voix de ses filles, ne se croyait pas seul, et conversait de longues heures avec les antiques génies. […] Là il rencontre, comme Dante au vestibule de son Enfer, les cinq ou six poëtes souverains dont il est épris ; il les interroge, il les entend ; il convoque leur noble et incorruptible école (la bella scuola), dont toutes les réponses le raffermissent contre les disputes ambiguës des écoles éphémères ; il éclaircit, à leur flamme céleste, son observation des hommes et des choses ; il y épure la réalité sentie dans laquelle il puise, la séparant avec soin de sa portion pesante, inégale et grossière ; et, à force de s’envelopper de leurs saintes reliques, suivant l’expression de Chénier, à force d’être attentif et fidèle à la propre voix de son cœur, il arrive à créer comme eux selon sa mesure, et à mériter peut-être que d’autres conversent avec lui un jour.
La grande lyre dorique, pure et grave, socle harmonieux de la parole, interlocutrice respectueuse du chant qu’elle se gardait de couvrir, haïssait la flûte turbulente, aussi propre à faire extravaguer la joie que le deuil, dont les cris aigus emportaient comme un vent d’orage la voix du chanteur. […] Frappe cette Phrygienne qui prétend dominer les chants harmonieux du poète ; brûle ce roseau qui dessèche les lèvres, dont la voix criarde outrage le rythme et la mélodie, dont le corps a besoin de la tarière pour se façonner. […] Le Dithyrambe était l’ode en état d’ivresse, le chant de vertige exhalé des outres crevées de Bacchus, la voix sortie du vin bouillonnant dans les veines et l’esprit de l’homme. — « C’est quand le vin a frappé mon âme de ses foudres et de ses éclairs, que je vais entonner le noble chant du roi Dionysos », — dit un fragment d’Archiloque. — Épicharme s’écriait dans son Philoctète : « Il n’y a pas de dithyrambe possible si on a bu de l’eau. » — Le désordre était la règle de ce lyrisme à outrance, il jetait des cris et des flammes. […] Leur marche effarée simulait l’inquiétude des âmes cherchant le repos de la sépulture ; leurs petites voix grêles balbutiaient sourdement la langue inarticulée des fantômes. […] Sa voix se distingue du chant collectif sans s’en détacher encore tout à fait.
” lui dit d’une voix sévère le disciple de Canoua, aussi vénérable que Gourou lui-même. […] L’enfant joue avec de petits lionceaux, malgré les reproches de deux jeunes filles du monastère qui s’efforcent de le faire obéir à leur voix. […] Les ténèbres de l’intelligence du héros se dissipent à la vue et à la voix de l’enfant ; il reconnaît la mère. […] Ne frémiriez-vous pas à ma voix, comme on frémit à l’attouchement d’un homme banni de sa caste ? […] Leur regard intrépide est celui du lion courroucé, et leur voix est forte comme le son cadencé du tambour qui appelle au saint sacrifice.
Il en croit, là-dessus, la voix publique. […] Elle se plaint, d’une voix de spectre. […] Nez et menton un peu pointus ; voix un peu blanche. […] Brun, grosse tête, nez crochu, teint ambré, très bonne voix. […] Coquelin aîné et l’ineffable voix de son illustre père, M.
Cette voix psalmodie la belle prière : « Attende, Domine, et miserere, quia peccavimus tibi. Écoutez, Seigneur, et ayez pitié, car nous avons péché contre vous. » Des voix d’hommes reprennent le verset en chœur. […] Je ne crois pas, du reste, que la voix du Père Monsabré sa prête beaucoup à ces nuances. […] Ici quelque chose de vraiment humain a amolli la voix de l’orateur : Un homme, c’est ce qu’il nous faut. […] Il ne peut vouloir être sévère sans qu’aussitôt mille voix crient dans son cœur : « Pitié !
Cependant dès qu’un acteur manque à la mesure, soit en allongeant, soit en abregeant trop une sillabe, toute l’assistance se recrie d’une commune voix. […] Il est impossible de noter tous les accens, les soupirs, les adoucissemens, les inflexions, les ports et les éclats de voix, en un mot, s’il est permis de parler ainsi, l’esprit de la déclamation dont la varieté des tons n’est que le corps. […] Le bon acteur qui sent l’esprit de ce qu’il chante, presse ou bien rallentit à propos quelques notes, il emprunte de l’une pour prêter à l’autre, il fait sortir de même ou bien il retient sa voix, il appuïe sur certains endroits, enfin il fait plusieurs choses propres à donner plus d’expression et plus d’agrément à son chant qu’un acteur mediocre ne fait pas ou qu’il fait mal à propos. […] Ceux qui ont vû representer les opera de Lulli qui sont devenus le plaisir des nations, lorsque Lulli vivoit encore, et quand il enseignoit de vive voix à des acteurs dociles ces choses qui ne sçauroient s’écrire en notes, disent qu’ils y trouvoient une expression qu’ils n’y trouvent plus aujourd’hui.
À peine au lit, il entend la même voix et les mêmes paroles sortir de la pendule. […] « J’entendais constamment des voix de femmes qui disaient : Est-ce malheureux, ce pauvre garçon ! […] À la suite d’une faute, il surgit plus fort. — Les paroles mentales par lesquelles il l’exprime deviennent un chuchotement de ses camarades, puis une voix de la pendule. — La voix recommence, et la conviction se fait. — Des hallucinations désordonnées de la vue, puis du toucher, se surajoutent. — Pendant trente heures, les voix continuent, et l’hallucination auditive est au maximum. — Puis il est soudain débarrassé, comme si l’abcès mental, arrivé à maturité, s’était de lui-même ouvert47. […] Un individu qui avait des hallucinations de l’ouïe avait remarqué qu’il pouvait lui-même provoquer les voix ; il disait ensuite que cela l’aidait en partie à reconnaître son erreur… M. Sandras parle d’hallucinations qu’il a eues lui-même dans une maladie, pendant laquelle il prenait ses propres pensées et ses désirs pour des voix.
Stéphane Mallarmé a mis en tête de sa traduction des poèmes d’Edgar Poe8 ce sonnet préliminaire : LE TOMBEAU D’EDGAR POE Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu Que la Mort triomphait dans cette voix étrange Eux comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange Du sol et de la nue hostiles ô grief Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur Qu’est-ce que cela veut dire ? […] Et maintenant voici la traduction que je vous propose : « Redevenu vraiment lui-même, tel qu’enfin l’éternité nous le montre, le poète, de l’éclair de son glaive nu, réveille et avertit son siècle, épouvanté de ne s’être pas aperçu que sa voix étrange était la grande voix de la Mort (ou que nul n’a dit mieux que lui les choses de la Mort).
Composé de voix d’hommes, qu’une unique voix de soprano entraîne, pareille à l’encensoir d’argent qui fait monter de lourds tourbillons de fumée odoriférante, il est d’une gravité émue, et répand un de ces pieux recueillements, qu’on n’est habitué à rencontrer que dans les saints temples. […] N’entendons-nous point la voix aimée du Maître, et qu’elle nous dit : « Tous les arts ont une fin commune : tous ne valent que s’ils y travaillent. […] Je crois entendre la voix de Wagner, adressant à l’Art de notre temps ces ingénieuses demandes. […] Mais voici que j’entends, la voix de l’Éternelle Sagesse, de la tout-voyante Isis, en ma faveur dévoilée. […] Le drame exige neuf voix de femme de premier ordre.
La voix, ce timbre de l’âme, m’émut plus encore que la beauté. […] Telle était mon impression silencieuse pendant l’entretien à demi voix des deux femmes. […] Madame Récamier lui nommait à demi voix cette élite du siècle. […] Il lut bien les premiers actes, mais il lut avec tâtonnement du regard et avec hésitation de la voix. […] Malgré la faiblesse et la monotonie de sa propre voix, l’effet fut plus saisissant, mais non plus heureux.
Viaud, en pékin, est un petit monsieur, fluet, maigriot, aux yeux profonds, au nez sensuel, à la voix ayant le mourant d’une voix de malade. […] Il disait à Pélagie de sa voix la plus douce : « Dites donc, madame, est-ce qu’on peut casser ça… et ça ? […] Presque aussitôt j’entends, montant de l’escalier, une voix anhélante qui me dit : « Ah ! […] Et bientôt c’est une admirable voix chevrotante de vieillard — est-ce Tamberlick — que je sens mettre en elle, une inquiétude, une anxiété, la crainte de se trouver mal, de ne pouvoir aller jusqu’au bout. […] Des cheveux tout blancs, une figure toute jeune, une voix légèrement voilée : c’est le portrait de l’aimable femme.
Tout à coup, cependant, voilà qu’elle s’aperçut que les chèvres s’égaraient, par habitude, hors de la bruyère, sous les châtaigniers qui étaient à nous ; elle lança de la voix et du doigt le petit chien après les animaux pour qu’il les ramenât, comme il avait coutume, à leur devoir. […] Arrivé à quelques pas de sa cousine, à la vue de son sang et à la voix du sbire, il avait tiré au hasard son coup de feu sur ces assassins ; un d’eux, soutenu par ses compagnons, s’enfuyait avec eux frappé d’une balle à l’épaule. […] il était déjà bien loin sur le chemin de la mort et il ne pouvait entendre la voix de sa mère. […] s’écrièrent-ils d’une même voix, et que prétendais-tu faire en te détruisant ainsi et en te sauvant tu ne sais pas où ? […] J’y mêlais des soupirs et des paroles tout bas dans mon cœur, tout en jouant ; cela allait bien tant que l’air du couplet était sérieux, dévot et tendre comme mon idée ; mais à la fin du couplet, quand il fallut jouer la ritournelle, la ritournelle gaie, folle et sautillante comme les éclats de voix du pinson ivre de plaisir, au bord de son nid sur les branches, oh !
Ici le bargello se pencha vers moi, baissa la voix, et me dit en me montrant la dernière loge grillée, sous le cloître, au fond de la cour : — Il n’y a qu’un grand criminel ici, qui n’inspire ni pitié ni intérêt à personne, c’est celui-là, ajouta-t-il en me montrant du doigt et de loin la loge de Hyeronimo. […] CXCVI Ma voix, qu’il reconnut, lui ôta le doute, et il s’élança à son tour vers moi de toute la longueur de sa chaîne rivée au mur dans le fond de la prison ; elle était juste assez longue pour que le bout de nos doigts, mais non pas nos lèvres, pussent se toucher. […] Le son de sa voix m’entra comme une musique dans tout le corps, je crus qu’un esprit de lumière était entré dans la caverne et m’avait parlé. […] Lorsque je fus arrivée à la dernière loge, dont le pilier du cloître empêchait la vue aux autres, j’appelai à voix basse Hyeronimo et je lui dis rapidement ce que m’avait dit longuement la maîtresse des prisons, afin que, si c’était pour lui la mort, la voix qui la lui annonçait la lui fît plus douce, et que, si c’était la vie, la parole qui la lui apportait la lui fît plus chère. […] Et vous me croirez encore, si vous avez de la foi, j’ai reconnu, tout comme je reconnais votre voix à tous les deux à présent, la vraie voix et le vrai air de la zampogne de votre frère et de votre mari, mort des fièvres en revenant des Maremmes ; et, bien plus encore, ajouta-t-il, l’air que j’ai entendu si souvent jouer dans la grotte par vos deux enfants, pendant que je montais ou que je descendais par votre sentier !
Il paraissait aussi enivré du peu que je lui disais par mes mots entrecoupés, par mon front baissé, par mon agitation, que je l’étais moi-même, seulement par le son timide de sa voix. […] Muni de toutes ces autorisations, le père Hilario avait amené avec lui, à la ville, le père aveugle avec le chien qui le conduisait, et ma tante qui les précédait de quelques pas, pour éclairer de la voix les mauvais pas de la descente à son beau-frère. […] Et voici ce que mon ange me dicta dans l’oreille, comme si une voix claire et divine m’eût parlé tout bas ; car, encore une fois, ce n’était pas moi qui discutais avec moi-même ; mes lèvres étaient fermées et la parole d’en haut me parlait sans me laisser répondre et comme si quelqu’un m’avait commandée. Je le crus du moins, et voilà pourquoi je n’essayai même pas de contredire cette voix qui portait avec elle la conviction. […] me dit la voix, et pourquoi préfères-tu mourir à sa place, plutôt que de risquer la liberté en le suivant dans sa fuite ?
» (Répété en disparaissant par des voix d’anges.) […] Et, près les vastes piliers forts, des hommes sont, mâles voix, âmes glorifiantes, en l’attente de la divine Venue : « venons vers Dieu !… » des voix de jeunes hommes s’ajoutent, que la vie a touchés, et qui se lamentent, moins adorants hélas ! […] … les voix qui tonnent et les silences qui formidablement retentissent, les voix et les silences dans l’âme qui les ouit sont murmures. — Venons à Dieu ! […] Chantez, voix !
Aussi, quand le poëte, dans sa chanson adressée à l’auteur du Génie du Christianisme, s’écrie : Ta voix résonne, et soudain ma jeunesse Brille à tes chants d’une noble rougeur ! […] Le Jour des Morts, la plus grave erreur, et l’une des plus anciennes, de sa première manière, était une concession de faux respect humain à cette gaieté de rigueur qui circule à la ronde, une désobéissance dérisoire et presque sacrilège à la voix de son cœur et de son génie. […] En janvier 1814, je le surprends qui fredonne encore à sa jeune maîtresse : Autant de pris sur l’ennemi ; l’année suivante, en juillet 1815, la voix tout émue, et d’un ton qu’il s’efforce en vain d’égayer, il soupire : Rassurez-vous, ma mie. […] Étienne, en nombreuse et spirituelle compagnie, on le pressa au dessert de chanter, selon l’usage ; il commença cette fois d’une voix un peu tremblante, mais l’applaudissement fut immense, et le poëte sentit à cet instant-là, en tressaillant, qu’il pouvait rester simple chansonnier et devenir tout à fait lui-même. […] Ce n’est jamais dans la période impétueuse, au début ni au milieu des commotions publiques, que chante le poëte dont l’époque saluera la voix ; c’est plutôt au déclin, aux environs des dernières crises, quand la force sociale s’arrête de lassitude, fait trêve à son tumulte et s’entend gémir.
Puis de là elle revint au théâtre de Rouen, où elle joua seulement les jeunes premières, toujours très accueillie et goûtée du public ; mais elle ne chantait plus : « À vingt ans, dit-elle, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer ; mais la musique roulait dans ma tête malade, et une mesure toujours égale arrangeait mes idées, à l’insu de ma réflexion. » La musique commençait à tourner en elle à la poésie ; les larmes lui tombèrent dans la voix, et c’est ainsi qu’un matin l’élégie vint à éclore d’elle-même sur ses lèvres. […] Tel était le triomphe de ce jeu naturel et simple, de cette voix dont le clavier était si varié, les notes si sensibles et si pénétrantes. […] C’est la douleur constante et son aiguillon, le travail aussi, l’avertissement de poètes plus mâles et à la grande aile, les exemples dont elle profita en émule et en sœur, un art caché qu’elle trouva moyen de mêler de plus en plus à ses pleurs et à sa voix, qui opérèrent cette transformation sensible vers 1834 environ, et qui l’amenèrent sinon à la perfection de l’œuvre, toujours s’échappant et fuyant par quelque côté, du moins au développement et à l’entier essor des facultés aimantes et brûlantes dont son âme était le foyer. […] Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire : Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent. […] N’écris pas ces doux mots que je n’ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ; Que je les vois brûler à travers ton sourire ; Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
que de voix plaintives lui parleront comme à Tancrède dans la forêt enchantée ! […] Différaient-elles beaucoup de l’Élégie à la voix gémissante ; Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars, Belle, levant au ciel ses humides regards ? […] Qui démêlera le mystère De ce cœur qui ne peut se taire, Et qui pourtant n’a point de voix ? […] si, les yeux mouillés encore, Ressaisissant son luth dormant, Il n’a pas dit, à voix sonore, Ce qu’il sentait en ce moment ; S’il n’a pas raconté, poëte, Son âme pudique et discrète, Son holocauste et ses combats, Le Maître qui tient la balance N’a compris que mieux son silence : Ô mortels, ne le blâmez pas ! […] Les gestes, les inflexions de voix et les sinuosités du discours sont en parfaite harmonie ; les hasards naturels, les particularités journalières d’une conversation qui s’anime, se reproduisent en leur lieu.
Le prince est, pour ainsi dire, forcé par son siècle ; la voix publique lui sert de loi ; d’ailleurs il s’honore lui-même, et alors il n’y a presque que de l’orgueil à être juste. […] Prince, continue l’orateur, ma voix, dans ce moment, représente la voix du monde entier. […] si vous vous apercevez que je vous trompe, si le moindre mensonge se mêle à mes paroles, élevez tous votre voix contre un lâche orateur ; repoussez-moi du sanctuaire de la sagesse, et ne permettez plus à celui qui l’outrage, d’oser en donner des leçons ; mais si toutes les fois que je louerai, je dis la vérité, ne regardez pas comme une vile flatterie ce qui est un juste éloge. […] À ma voix se joindront, pour te former, celle de Platon et celle du précepteur d’Alexandre ; à l’école des sages, deviens le bienfaiteur du monde. » Je finirai cet extrait, déjà peut-être trop long, en citant encore un morceau où Thémiste implore la grâce, d’un philosophe, dont le crime était d’avoir été le favori de Julien ; il ne le nomme pas, mais c’était probablement Maxime.
Un malade dit129 que, « lorsqu’il parlait, sa propre voix lui semblait étrange ; il ne la reconnaissait pas, il ne la croyait pas sienne. […] Je dus faire des efforts surhumains pour me rappeler que j’étais bien dans ma rue, que c’était bien moi qui marchais, qui parlais au cocher ; j’étais extrêmement étonné d’être compris par lui, car je remarquais en même temps que ma voix était extrêmement éloignée de moi, que du reste elle ne ressemblait pas à ma propre voix. […] Sur ce point, presque tous emploient le même langage : « Je me sentais si complètement changé, qu’il me semblait être devenu un autre134 ; cette pensée s’imposait constamment à moi sans que cependant j’aie oublié une seule fois qu’elle était illusoire. » — « Quelquefois il me semble n’être pas moi-même, ou bien je me crois plongée dans un rêve continuel. » — « Il m’a littéralement semblé que je n’étais plus moi-même. » — « Je doutais de ma propre existence, et même par instants je cessais d’y croire. » — « Souvent il me semble que je ne suis pas de ce monde ; ma voix me paraît étrangère, et, quand je vois mes camarades d’hôpital, je me dis à moi-même : “Ce sont les figures d’un rêve.” » — Il semble au malade « qu’il est un automate » ; « il sent qu’il est en dehors de lui-même ». — Il ne « se reconnaît plus ; il lui semble qu’il est devenu une autre personne ».
s’écria ma mère, d’une voix sonore et rude ; fi ! […] L’une d’elles, entr’ouverte, laissait échapper un bruit de voix nombreuses. […] — C’est l’uniforme, dit ma mère d’une voix boudeuse. […] Les éclats de l’orgue et des chants liturgiques couvrirent ma voix. […] Mais d’une voix joyeuse, elle s’écria — Un escargot !
Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire, Et du soleil d’avril ces rayons caressants ? […] comme, en soupirant la plaintive romance, Sa voix se fondait toute en pleurs mélodieux, Qui, tombés en mon cœur, éteignaient l’espérance ! […] ma bonne vieille tante, L’an dernier ; sur son lit, sans voix et haletante, Elle resta trois jours, Et trépassa. […] Rien désormais qui vous fasse pâlir ; vous pouvez sonder toutes les profondeurs, ouïr toutes les voix ; vous vous êtes familiarisé avec l’infini. […] Hâtez-vous de faire entendre votre voix poétique pendant qu’il y a encore au moins le silence de la terreur ; bientôt peut-être on n’entendra plus que le cri des combattants.
J’ai été bien souvent témoin, dans les couvées de rossignols ou de fauvettes, de cet apprentissage mélodieux des petits, qui gazouillent à la sourdine le matin ce que les mères chantent à grande voix dans le plein soleil. Ce nouveau venu de la couvée de nos poètes commence, comme ces oiseaux jaseurs, à chanter comme s’il avait peur de sa voix. Sur quel mode fera-t-il plus tard éclater sa voix ? […] Les visiteurs et les enfants du château s’ingéniaient à chercher des yeux, à appeler de la voix ces petits bergers invisibles, et qui se gardaient bien de se montrer, quand j’arrivai moi-même au rendez-vous par le sentier opposé de la montagne. […] J’étais confondu d’entendre une voix plus virile que celle de Talma, plus tragique que celle de Rachel.
Frédéric Bataille Je viens de lire les jolis vers tout alertes et pleins de fraîcheur, de jeunesse et de charme naïf, où vous chantez d’une voix si chaude, si sincère et vibrante, l’amour et la patrie — la chanson des roses et celle des épées. … Je ne suis que la voix franche de la sympathie qui vous dit de continuer à faire de bons vers.
Ils résisteraient à la voix d’or de Sarah Bernhardt. […] C’est à peine si j’ai entendu le son de sa voix. […] Voix comme en rêve ; voix en conciliabules S’appareillant avec leurs yeux irrésolus. Voix dans l’absence, voix tristes qui semblent veuves. […] J’eusse voulu qu’il le nommât : les Voix du Silence.
Qui ne se le rappelle, dressant au milieu du brouillard des pipes, dans le vacarme des soucoupes, sa silhouette 1830, et chantant d’une voix réfractaire, sans trop se soucier du piano, Struggle for life ou les Bigorneaux de l’École romane. […] J’avais encore à mes oreilles le bruit amical de sa voix et son bon franc rire, indice d’une conscience pure. […] C’est à la voix seule que je reconnais Aurélien Scholl et Paul Adam. […] Une voix les dénombre dans un coin, et l’on apprend qu’en ce moment même Bertrand agonise d’une pneumonie contractée aux obsèques de Lamoureux.
Pour la première fois donc il sortait de ce soupirail par lequel avaient passé tant de cris furieux ou sinistres une voix fraîche et pieuse, comme Dieu, en se penchant vers nous, en entend au pied de l’autel. […] Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur ! […] La voix d’amour et de résignation était accompagnée de celle de toutes les haines et de toutes les révoltes. Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas !
Pour la première fois donc, il sortait de ce soupirail par lequel avaient passé tant de cris furieux ou sinistres une voix fraîche et pieuse, comme Dieu, en se penchant vers nous, en entend, au pied de l’autel. […] Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur ! […] La voix d’amour et de résignation était accompagnée de celle de toutes les haines et de toutes les révoltes. Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle, dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité, dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas !
Ce n’est encore qu’un filet de voix, mais d’une voix à part et qui pourrait devenir quelque chose d’une simplicité bien divine, si le chanteur voulait oublier les solfèges par lesquels son pauvre filet de voix a passé. […] Lui, le déshérité, le souffrant par les plus nobles causes, se grime souvent en Mathurin Régnier, sans canonicat, et de sa voix fraîche d’amoureux, et de sa lèvre de framboise qui chantait, il n’y a qu’un moment : La bouche rose, Grenade mi-close Où mon amour est resté !
Fertiault, François (1814-1915) [Bibliographie] Les Voix amies (1864). […] Sainte-Beuve Je ne ferai que passer devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour nous.
Au sein de cette nouvelle famille, dont l’humanité puissante, après l’avoir épouvanté d’abord, le conquiert peu à peu, Pierre sent naître lentement en lui l’amour de la vie, du calme et bienfaisant labeur matériel, la foi en la vie, éternellement féconde, en la nature, la vérité et la santé, tandis que s’affaiblit la voix de ses doutes, de ses hontes, de ses timidités, de ses malaises […] La raison et la vie ont fait entendre en lui leurs voix impérieuses, et fait entrevoir le néant qu’il allait être, dans une terrifiante vision : « La sensation de ce néant, il l’eut. […] Le soin de son ministère, pas plus que « tous les exercices de piété qui enserrent le prêtre comme dans un réseau où son intelligence, sa volonté, toute son âme est prise », ne peuvent étouffer les voix impérieuses de sa conscience. […] Je trouve profondément injuste — encore plus qu’absurde — cette conduite du public vis-à-vis de ceux qui n’ont point honte de prouver que la nature n’a point étouffé en leur être toutes ses voix. […] Tant qu’il y aura des voix sur la terre pour nous affirmer que le bonheur, pour l’humanité, consiste à vivre hors nature, à violer toutes les lois par lesquelles nous marchons et nous respirons, à honorer l’absurde et fouler aux pieds la raison, et que ces voix seront écoutées, l’humanité ne pourra évidemment prétendre à un sort meilleur.
. — La Voix d’un exilé (1867). — Pêle-mêle (1877). — Les Fleurs boréales (1880). — Les Oiseaux de neige (1880). — La Légende d’un peuple (1888). […] Il sert de voix à tout un peuple, dont il rend, en beaux vers lyriques, la grande passion.
Cicéron vivant, la ville a un centre, les lois une main, la patrie une voix, le sénat un guide. […] Le métier tue l’art : la voix tonne, la poitrine n’y résonne pas ; il y a un rôle dans la harangue, il n’y a point d’âme et par conséquent point d’immortalité. Essayez de relire, après que la vibration de la voix a cessé de tinter dans l’oreille : vous ne le pouvez pas ; tout s’est évaporé avec le geste et le son de voix. […] si j’énumérais encore bien d’autres causes de désespoir, si mes larmes elles-mêmes ne me coupaient la voix ! […] Mais finissons : les larmes étouffent ma voix, et Milon ne doit pas être défendu par des larmes !
Or, de telles phrases, avec des mots opposés et antithétiques, soulignés par une note prolongée de la voix et par une harmonie très nourrie dans l’orchestre, sont fréquents. […] D’ailleurs ces motifs de culte aboutissent à la voix même du temple, dans les motifs suivants. […] Seguin, dont la voix d’airain traduit magnifiquement les colères de Wotan. […] L’ensemble a de la vigueur et les voix sont bien pondérées. […] Wilder » changé la notation de la voix arbitrairement, sans la moindre nécessité, et en dépit du bons sens.
— Marchez, cria une voix. […] Du plafond, croulèrent les voix, un chœur lointain. […] firent cent voix de tous côtés. […] dirent plusieurs voix. […] Sa voix était brusque.
Et cette lie du peuple a trouvé une voix qui prend sa défense, et qui parle pour elle. […] » C’est ainsi qu’il annonça d’une voix retentissante deux couples, qui venaient d’entrer successivement. […] » hurla la voix furieuse. « Oui, quoi ? […] » dit Bruant d’une voix sévère pour soutenir sa dignité de châtelain. […] Alors Moréas, frisant fièrement sa moustache, disait soudain de sa voix funèbre : “Je suis beau !
Le peuple, déjà aigri, s’endurcissait à sa voix. […] La musique a de plus, pour le musicien ou pour le chanteur, une autre séduction toute-puissante non-seulement sur les sens, mais sur l’âme même des femmes supérieures, c’est qu’elles attribuent naturellement à celui qu’elles écoutent les sentiments exprimés par la musique elle-même ; ces notes délicieuses, passionnées, héroïques de la voix ou de l’instrument leur paraissent contenir une âme ; à l’émission de ces sublimes ou touchants accords, elles ne peuvent séparer la musique du musicien, et la magie de l’air, de la voix ou de l’instrument se confond dans leur impression avec la magie de l’homme. […] Sa voix était émue, son visage était pourpre, et, de temps en temps, il jetait un regard furtif vers la petite porte qu’il avait laissée entr’ouverte. […] s’écria la reine. — J’ai affaire à David, à ce galant que voilà », répondit Ruthven d’une voix sourde. […] De là, Marie Stuart écrit à sa sœur Elisabeth d’Angleterre pour lui raconter, en les colorant, ses malheurs, et pour lui demander secours contre ses sujets révoltés ; elle appelle à Dunbar tous les contingents des nobles innocents de la conspiration contre elle ; huit mille Écossais fidèles accourent à sa voix ; elle marche avec le roi à la tête de ces troupes sur Édimbourg.
Tous deux ont une voix douce et musicale, des pieds d’une petitesse exquise, des mains douées pour prendre les choses, de la préhension délicatement tâtonnante des singes. […] Il parle de cette voix douce, lente, peu sonore, et cependant très distincte, une voix qui s’amuse autour des mots ; et les caresse. […] Il est invité à déjeuner dans le village de son homme, où son amphitryon ne lui cache pas que le pays est mauvais, et qu’il n’aura pas de voix. […] « Arnaud de l’Ariège, c’est une tête d’ascète, de croisé, — s’écrie Robin, avec dans la voix une colère amusante — oui, lui, un convaincu, un sincère… mais de Broglie, allons donc, c’est une tête d’épervier déplumé, sans circonvolutions, sans une circonvolution ! […] Avec cette voix étoupée, cette voix morte qui ne fait pas de bruit, il lance ses ironiques petites phrases, terminées par un point d’interrogation de son malin petit œil.
… ……………………………………………………… Pan m’a dit : « Sois la voix de la terre et du monde. […] Et surtout à certains jours, sa voix est si pure et son cœur si profond qu’on reconnaît en elle, le sang des grands poètes, la voix des meneurs d’hommes. […] Nervat et Marie Caussé) publiaient vers ce temps Les Cantiques du Cantique, dont Henri de Régnier disait qu’ils contiennent de fort jolis vers où alternent deux voix, l’une plus grave, l’autre plus tendre. […] Joachim Gasquet écouta les voix des créateurs de la grâce et de la force française. […] La grande voix de la mer se dresse dans l’espace comme une trombe de lumière et à pleine voix aussi, la poëtesse entonne alors l’hymne marin selon « l’incorruptible rite ».
Il me semble que j’ai une oreille faite pour votre voix. […] Leurs rêveries secrètes, leurs sentiments inexprimés, leurs voix intérieures trouvaient en lui un divin organe. […] Delà ce chant qui est la voix du cœur qui médite, un chant où tout se dispose pour la complète libération de l’âme, un chant où les émotions allégées semblent venir du fond d’un rêve. […] Mais c’est toujours la voix intérieure, tour à tour douce et triomphante ; et ainsi le poète de l’Isolement , du Soir, du Souvenir, de l’Automne a été le chantre de Bonaparte, de la Marseillaise de la Paix et de Révolution. […] Georges Rodenbach Chaque fois qu’il a pris parole : soit sur la page blanche où tombaient ses poèmes spontanés ; soit à la tribune ; dans les rues, les jours de révolution ; à l’Académie, où son discours de réception souleva d’un élan toutes les questions du temps et de l’éternité, chaque fois, ce fut vraiment « un concert », une voix pins qu’humaine, une vaste musique rebelle aux subtilités, mais qui enveloppait toutes les âmes dans ses grands plis.
Ces deux voix qui racontent des choses dignes d’être ouïes dans un mystérieux silence, les ombres les admirent ; mais la foule serrée écoute davantage, et d’une oreille avide, les combats et la défaite des tyrans63. » Cette ardeur inattendue d’Horace, cette préférence qu’il attribue à la foule, même des ombres, pour les vers belliqueux et les cris de guerre d’Alcée, n’est-elle pas un précieux témoignage au moins de la verve du poëte banni de Lesbos, et chantant ses vicissitudes, à mesure qu’il les éprouvait ? […] Le témoignage s’en trouve dans cette anecdote du médecin Érasistrate surprenant la passion secrète du fils de Séleucus pour sa belle-mère Stratonice, par l’observation même des signes qu’avait sentis et marqués sur elle-même Sapho saisie d’amour : « Les symptômes, dit Plutarque, étaient les mêmes, la perte de la voix, l’expression des regards, la sueur brûlante, l’ataxie de la fièvre et le trouble dans les veines, enfin l’abattement de l’âme, l’abandon, la stupeur et la pâleur. » Telle est en effet, dans son expressive vérité, l’analyse médicale de cette ode profane, de ce crime élégant de la pensée dont Catulle avait égalé la force, mais non la grâce, et que voici, dans la lettre morte de la prose : « Il est pour moi égal aux dieux l’homme qui s’assied en face de toi et t’écoute doucement parler et doucement sourire. Cela m’a fait tressaillir le cœur de t’avoir vue, et il ne me vient plus de voix ; mais ma langue est liée ; et sous le tissu éteint de la peau je sens circuler une flamme. […] « Mais viens de ce côté, si jamais tu écoutas ma voix dominée par l’amour, et si, quittant la maison de ton père, tu descendis avec ton char attelé, alors que de beaux cygnes te portaient d’un vol léger, agitant à coups pressés, autour du point noir de la terre, leurs ailes dans le milieu des airs. […] Tout ce que mon cœur souhaite de faire, fais-le pour moi, combattant toi-même à mon aide. » Autour de ces paroles éteintes, sous les changements du temps et des idiomes, rêvez le ciel de Lesbos, l’harmonie des vers et celle de la lyre, l’accent passionné de la voix, dans le silence des nuits limpides, ou dans le calme sonore d’un jour brûlant d’été : et vous aurez entrevu quelque chose du gracieux délire dont la poésie et la musique, l’imagination et les sens, l’idéal et l’amour, ont parfois enchanté l’âme humaine.
Souvent j’écouterai la voix de cet ange savant et désespéré. […] Voici l’exigence la plus naïve, la voix de la faim et de la soif. […] La voix monotone pleure sa peine ; elle dit l’histoire, anxieuse et nue. […] La Voix, p. 225. […] (La Voix, p. 225.)
Enfin il se lève avec effort de son fauteuil, et passant la porte me jette d’une voix câline : « Vous m’inviterez une autre fois encore, hein ? […] Et dans le crépuscule, avec une voix qui se fait tout à fait mystérieuse, et des yeux vagues, il nous montre une boule en cristal de roche, et un plateau d’émail qui servent à des évocations, et où l’on entend, assure-t-il, des voix qui se disputent. […] Descaves nous disait avoir été acquitté par onze voix, des voix de quincailliers, de charcutiers, etc., mais il y avait dans le jury un sculpteur, et le sculpteur a été pour la condamnation. […] Une jolie petite fille, et une charmante belle-sœur, qui a la voix et le rire de sa sœur à s’y méprendre. […] Et tout à l’heure, de sa voix gazouillante, elle se livrait à une improvisation sur le paradis, où elle disait, que les messieurs et les dames du paradis avaient une bouche qui sentait l’eau de Cologne.
L’Angleterre, les îles que baigne l’Océan, entre la Grande Ourse et les Colonnes d’Hercule, aussi loin que retentit la voix de l’Hélicon, tous ces peuples divers de langues, d’armes et de vêtements, la charité divine les précipite à cette grande entreprise. […] Honorons, dans les vers d’Herréra, cette voix du peuple qui ne trompe pas sur la vraie politique d’un temps, et cet instinct généreux trop lent parfois à renaître et à triompher. […] Le disciple qui a entendu la douceur de ta voix, quel son ne lui semblera pas disgracieux et sourd ? […] Il charme de sons harmonieux l’oreille des saints… « Ô voix paisible ! […] Ils racontent que dans la nuit on entend une voix lamentable s’écrier entre des pleurs : Italica n’est plus !
Cantatrice plus de nature que d’art, elle avait une voix qui faisait pleurer, en attendant que les mots plaisants ou cruels, dits par elle au lieu d’être chantés, fissent rire la gaieté ou saigner l’amour-propre. Sophie Arnould commença par chanter dans les églises, à la Cour, puis à l’Opéra, où cette voix expressive, cette voix d’esprit, lutta contre la vraie musique, — la musique de Gluck qu’elle avait appelée « une bête » et contre laquelle elle se brisa. Ce fut encore l’esprit qui fit le succès et la beauté de cette voix, dont Galiani disait : « Jamais asthme n’a si bien chanté ».
Il y était donc, Brummell éblouissant et endimanché (ce que Brummell ne fut jamais, par parenthèse), piaffant d’un pied discret sur le tapis, manchettes relevées jusqu’au coude, avec une voix incroyable de douceur, une voix caressante qui faisait dos de chat en parlant : c’était délicieux… mais suspect ! Cette voix surtout frappa le critique, mais elle le frappa bien davantage, quand, en sortant, la porte à peine refermée, de velours redevenue… ce qu’elle était, cette voix de salon reprit tout à coup son timbre de marine et ses grossiers jurons de bord.
………………………………………………… Cieux, écoutez ma voix ; Terre, prête l’oreille : Ne dis plus, ô Jacob, que ton Seigneur sommeille. […] Tous deux polissent leurs ouvrages avec le même soin, tous deux sont pleins de goût, tous deux hardis, et pourtant naturels dans l’expression, tous deux sublimes dans la peinture de l’amour ; et, comme s’ils s’étaient suivis pas à pas, Racine fait entendre dans Esther je ne sais quelle suave mélodie, dont Virgile a pareillement rempli sa seconde églogue, mais toutefois avec la différence qui se trouve entre la voix de la jeune fille et celle de l’adolescent, entre les soupirs de l’innocence et ceux d’une passion criminelle. […] Mais, d’un autre côté, Virgile a pour certains lecteurs un avantage sur Racine : sa voix, si nous osons nous exprimer ainsi, est plus gémissante et sa lyre plus plaintive.
La femme d’un major anglais à Charenton parlait d’un sixième sens par lequel elle entendait les voix ; c’était « le sens de la pensée ». — Quand on interroge les malades, ils répondent que le mot de voix dont ils se servent est très impropre, et qu’ils l’emploient par métaphore, faute d’un meilleur ; la voix n’a pas de timbre, elle ne semble point partir du dehors comme à l’ordinaire ; les mystiques ont déjà fait cette distinction, et opposé les « locutions et voix intellectuelles » que leur âme saisit sans l’intermédiaire des organes, aux voix corporelles qu’ils perçoivent de la même façon que dans la vie courante. […] Les voix intérieures et mentales deviennent des voix physiques et extérieures. « Au début, selon les malades, c’était quelque chose d’idéal, et comme un esprit qui parlait en eux ; maintenant, ils entendent réellement parler » ; les voix sont claires ou sourdes, graves ou aiguës, mélodieuses ou criardes. […] Supposez un esprit prévenu et assiégé de craintes ; admettez que la voix prononce, non pas une phrase unique et monotone, mais une suite de discours menaçants et appropriés ; c’est le cas de Luther à la Wartbourg, lorsqu’il discutait avec le diable. […] Voir toute l’autobiographie de Bunyan, l’auteur du Pilgrim’s Progress. — De même les conversations éloquentes et sublimes du Tasse avec son génie familier, rapportées par Manso. — De même encore les avertissements que donnait à Socrate une voix intérieure.
il a parlé par la voix de M. […] « Madame Lauters, dit le critique du Constitutionnel, a une voix d’une incomparable beauté. si elle le voulait sérieusement, elle pourrait être une grande artiste, elle se contente de n’avoir qu’une voix. […] André Leclerc suppose d’abord qu’il a rencontré une voix. Apparemment que cette voix avait plus de corps que celle de M. […] Ajoutez une confusion de voix déplorable (quelle confusion ?
Le coucou jette sa voix monotone comme un soupir douloureux et tendre entre les troncs blancs des frênes ; le rossignol fait rouler et ruisseler ses notes triomphantes par-dessus la voûte du feuillage ; le rêve naît de lui-même, et Chaucer les entend disputer sur l’amour. […] Il se console pourtant à la voix du poëte, en le voyant souffrir comme lui. […] On entend la voix vibrante, soutenue, haute et claire, avec laquelle elle assourdissait ses maris. […] Sa voix ressemble à celle d’un jeune garçon qui devient homme. […] Sitôt que Chaucer aborde la réflexion, à l’instant saint Thomas, Pierre le Lombard, les manuels de péchés, les traités de la définition et du syllogisme, le troupeau des anciens et des Pères descendent de leur rayon, entrent dans sa cervelle, parlent à sa place, et l’aimable voix du trouvère devient, sans qu’il s’en doute, la voix dogmatique et soporifique d’un docteur.
quelle jolie voix ! […] « Qu’est-ce qu’il y a, mon père, fit-elle de sa petite voix gaie ; vous m’avez appelée ? […] — Mais, monsieur Kobus, s’écria le vieux fermier d’une voix forte et les bras étendus, c’est avec bonheur que nous vous accordons notre enfant en mariage. […] Cependant, à la fin, Fritz s’étant écrié d’une voix tremblante : « Sûzel, tu ne m’aimes donc pas, que tu refuses de répondre ? […] » répondirent Christel et Orchel d’une seule voix.
En contemplant l’urne sacrée, Ses yeux de larmes sont couverts ; Et là d’une voix éplorée, Il raconte à l’Ombre adorée Les longs tourments qu’il a soufferts. […] Mais tout à coup la voix tombe, l’oiseau se tait. […] Quand le matin, au lieu de me trouver seul, j’entendais la voix de ma sœur, j’éprouvais un tressaillement de joie et de bonheur. […] Elle maigrissait ; ses yeux se creusaient, sa démarche était languissante, et sa voix troublée. […] une sœur craindre de parler à un frère, et un frère craindre de faire entendre sa voix à une sœur !
Le son de sa voix complétait son charme : c’était le timbre de l’inspiration. […] On lui enseignait à réciter ces vers aux amis lettrés de la maison avec cette voix, ce regard, ce geste qui transforment la poésie en magie sur les lèvres d’une belle jeune fille, et qui confondent l’admiration avec l’amour. […] Son génie était un de ces génies qu’il faut lire sur la physionomie, dans les yeux et dans le son de voix de l’auteur. […] Je n’oublierai jamais l’inspiration de son visage et l’émotion de sa voix quand elle nous lisait, le jour, ce qu’elle avait composé la nuit. […] Le poème commencé par une main, achevé par l’autre, ne serait plus qu’un lugubre concert à deux voix, dont l’une est morte et dont l’autre est éteinte.
Sully Prudhomme, ce rêveur adorable dont les vers ont le charme d’un regard et d’une voix, — un regard où passent des larmes, une voix où flotte un soupir. […] La voix des enfants, plus tard, a un accent qui vient de là.
Elle étoit devenuë chargée d’accens, d’aspirations et de ports de voix imitez de la prononciation des étrangers. […] Lorsque j’entens parler ma belle-mere Laelia, continuë Crassus, il me semble que j’entens réciter les pieces de Plaute et de Noevius, car elle prononce uniment, sans emphase et sans affecter les accens et les infléxions de voix des langues étrangeres. […] Pline le jeune qui avoit été disciple de Quintilien, écrit à un de ses amis qu’il a honte de lui raconter ce qu’avoient dit les orateurs qu’il venoit d’entendre, et de l’entretenir des diminutions de voix efféminées, dont leur déclamation étoit remplie. […] Quelquefois elle doit être trop emportée et remplie de ports de voix outrez.
C’est ainsi que la mère et le fils parlaient, quand les sanglots du brahmane et les plaintes de sa femme éclatent avec un cri déchirant ; aussitôt Kounti s’élance dans l’appartement d’où sortent les voix : ainsi la génisse accourt aux cris de son nourrisson. […] L’ermite était absent ; sa fille adoptive, la belle Sacountala, sort à la voix de l’étranger ; elle reconnaît le roi. […] ” dit-elle, les joues colorées par la divine pudeur, “s’il est vrai qu’en consentant à être ton épouse sans le consentement de mon père adoptif, je ne pèche pas contre la sainte voix du devoir ; s’il est vrai que je puisse, ainsi que tu me le dis, ô mon roi, (et voudrais-tu me tromper ?) […] » Rassurée par ce pardon et par cette promesse, Sacountala débarrasse avec joie le saint prophète de la corbeille lourde de fruits qu’il vient de cueillir ; elle verse sur ses pieds fatigués une eau rafraîchissante, et, d’une voix caressante, elle le supplie de protéger son époux et elle dans ses prières, et de demander au ciel la gloire à leurs descendants. […] Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes.
à ceux qui veulent être délivrés de cette obsession par la voix d’un chanteur dont les mélodies ont la vertu d’endormir les soucis et d’apaiser le cœur souffrant des hommes. Le Braz a écouté la voix plaintive des Celtes morts, de la Bretagne agonisante ; il a voulu nous conter les douces et amères confidences qu’il a recueillies, le soir, quand le bruit du siècle se taisait, près des calvaires désolés de Trégastel et de Ploumanac’h.
d’une voix lamentable. […] La conscience a-t-elle une autre voix ; obéira-t-elle à d’autres oracles ? […] sa voix expire, et elle tombe évanouie. […] On dit même que les eaux du Paraguay rendent la voix plus belle. […] quelles voix inconnues, quand les vents viennent à s’élever !
D’une voix affaiblie et tremblante, mais avec toute son âme sur ses lèvres pâlies, il m’en fit la touchante demande et en exigea l’assurance formelle. […] Qu’elle daigne donc entendre sa voix et nous continuer ses bonnes grâces et la protection du Très Saint-Père. […] « Je déclare en outre que la susdite Congrégation ne pourra jamais obliger l’héritier fiduciaire, ou celui qui lui succédera, à donner la fidéjussion ; comme aussi elle ne pourra le contraindre à rendre compte de sa gestion, ni à révéler les dispositions reçues de vive voix ou par écrit de moi, confirmant même dans ce feuillet ce que j’ai plus amplement dit sur ce sujet dans mon testament. […] Il était impossible de le voir sans attrait ; le son de sa voix avait toute la délicatesse de son âme ; il n’y avait jamais eu ni un geste faux dans sa main féminine, ni un ton affecté dans sa voix. […] Il n’avait aucune coquetterie où Fénelon en laissait trop percer ; son désir de plaire ne s’affectait pas, il plaisait en se montrant ; c’était un être persuasif, politique sans le savoir, diplomate sans le vouloir ; il parlait peu et à demi voix ; ce n’était pas sa voix, c’était sa personne qui était éloquente.
Il avait épousé et amené à Florence une jeune et belle Danoise, la fameuse Ida Brown, devenue comtesse de Bombelles, aussi bonne que belle, douée d’une voix et d’un talent musical égaux peut-être aux charmes de madame Malibran, rassemblant presque tous les jours dans son salon les admirateurs passionnés de sa personne et de son art. […] Sa simplicité candide la défendait contre l’enthousiasme qu’inspiraient sa jeunesse, sa beauté et sa voix. […] Les âges, Inégaux pour tes ouvrages, Sont tous égaux sous ta main ; Et jamais ta voix ne nomme, Hélas ! […] Il laissait le poil du chevreau en dehors sur la peau, afin qu’elle gardât mieux le son et que la pluie glissât dessus, comme sur la petite bête, sans l’amollir, et de plus c’était lui qui en jouait le mieux et qui essayait l’instrument en le corrigeant jusqu’à ce que l’air sortît aussi juste que la voix sort des ténèbres. […] — Avant cette mort et avant celle de mon mari, poursuivit-elle d’une voix affaissée par de tristes souvenirs, nous étions trop heureux ici, mon mari, moi, Hyeronimo, mon fils, que je portais encore à la mamelle, Antonio, ma sœur et la petite Fior d’Aliza, qui venait de naître.
— Oui, sposa, répondis-je d’une voix timide ; c’était la chaleur, et le long chemin, et la poussière, et la fatigue de jouer tant d’airs à midi devant les niches des Madones, sur la route de Lucques. […] Le vent aussi y hurlait comme des voix désespérées à travers les mâchicoulis et les meurtrières. […] Mais au moment où mes genoux touchaient terre, monsieur, voilà qu’un lourd bruit de chaînes qu’on remue monte d’en bas jusqu’à la lucarne, et qu’une faible voix, comme celle d’un mineur qui parle aux vivants du fond d’un puits, fait entendre distinctement, quoique bien bas, ces trois mots séparés par de longs intervalles : Fior d’Aliza, sei tu ? […] ma tante, de quoi me servait-il d’avoir découvert où il était et de lui avoir envoyé, du haut d’une tour, une voix de famille de notre montagne, si je n’avais aucun moyen de l’approcher, de le consoler, de le justifier, de le sauver des sbires ses ennemis, sans doute acharnés à sa mort ? […] À ces mots, il se leva, prit un gros trousseau de clefs dans une armoire de fer, dont il avait lui-même la clef suspendue à la boutonnière de sa veste de cuir, et il appela d’une voix forte un tout petit garçon qui allait et venait dans une grande cuisine, à côté du guichet, — Allons, piccinino ?
Écoutez les voix lentes des paysans qui se répandent avec leurs chiens, leur hache sur l’épaule, parmi les sentiers creux de la montagne pour aller étrancher les chênes ; souvenez-vous des éclats joyeux des jeunes filles et des enfants qui ramassent les menus fagots et qui les traînent avec toutes leurs feuilles jusqu’aux foyers où ils cuiront le pain de seigle de la chaumière. […] Il n’y avait point d’art, non, c’était la nature faite art ; l’image et le son, cette musique de l’âme, y naissaient ensemble indivisibles comme la voix et la sensation. […] Vous tend Vertumne, aux esles diaprées, Sombres abrys en l’espaisseur des bois : Là veulx, dés-lors qu’avec frescheur des prées Disparoistront violettes pourprées, Respondre encore à vos faillantes voix ! […] et que de fois, Tout m’enfonçant en l’espaisseur des bois, Faiz retentir ma douloureuse voix Contre le sort dont l’arrest nous sépare ! […] Prince, en qui luict valeur, sagesse et tempérance, Du premier de ton nom, qu’en despritz du grégeois, À l’empeyre romain comme au reigne gaulois Rendist, en deulx hyvers, leur prime transparence, T’offrent les derniers sons qu’eschappent à ma voix, Fiere que de tel chant retentisse la France : « Gloire à Charles héroz soubz la pourpre des roys !
Voix de musique et de lumière dans un désert noble, la voici arrivée, inconnue de tous et consciente d’elle-même, à l’harmonieuse possession de son être et à la gloire du complet épanouissement. […] Je ne puis résister au plaisir égoïste de briser quelques thyrses et de les porter dépaysés et tristes, effeuillés et qui se fanent, en mes mains sacrilèges : Ces gens avaient perdu, l’une après l’autre, leurs espérances et, « comme dans une cathédrale, quand on a éteint tous les cierges, la nuit noyait leur pensée ». — Entendez, résonnement fait de souvenir, la voix tue du rossignol : « Les dernières notes de son chant étaient tombées, rebondissantes en écho, comme des perles jetées de très haut dans un bassin de fabuleux cristal. » — Un être lucide jusqu’ici devient fou. […] Et voici que son attention persistante donne, en effet, au silence une voix. […] Bientôt des inquiétudes pénètrent leur bonheur et, comme la mer immense envahit peu à peu une barque frêle, les voix des douleurs arrivent à eux et les troublent. […] Oui, il faut nous taire à la voix des poètes.
Du plus haut des cieux élancée Sa vaste et sublime pensée Redescend et s’assied sur les bords d’un cercueil : Et là, dans la muette et commune poussière, D’une voix redoutable et fière, Des rois il terrasse l’orgueil. […] » Vous fûtes témoins, hier, quand on vint du palais pour le tirer d’ici par force, comment il courut aux vases sacrés, tremblant de tout le corps, le visage pâle et défait, faisant à peine entendre une faible voix entrecoupée de sanglots, et plus mort que vif. […] Tout ce qui l’environne ajoute un nouveau poids à sa parole : sa voix retentit dans l’étendue d’une enceinte sacrée, et dans le silence d’un recueillement universel. […] Représentons-nous Massillon dans la chaire, prêt à faire l’oraison funèbre de Louis XIV, jetant d’abord les yeux autour de lui, les fixant quelque temps sur cette pompe lugubre et imposante qui suit les rois jusque dans ces asiles de mort où il n’y a que des cercueils et des cendres, les baissant ensuite un moment avec l’air de la méditation, puis les relevant vers le ciel, et prononçant ces mots d’une voix ferme et grave : Dieu seul est grand, mes frères ! […] Par les dons de l’esprit placés aux premiers rangs, Ils ont parlé d’en haut aux peuples ignorants ; Leur voix montait au Ciel pour y porter la guerre ; Leur parole hardie a parcouru la terre.
Section 2, de la musique rithmique Nous avons déja dit que la musique rithmique donnoit des regles pour assujetir à une mesure certaine tous les mouvemens du corps et de la voix, de maniere qu’on pût en battre les temps. […] Quintilien rapporte qu’Aristoxene, que Suidas dit avoir été l’un des disciples d’Aristote, et qui a écrit sur la musique un livre qui se trouve dans le recueil de Monsieur Meibomius, divisoit la musique qui s’exécute avec la voix en rithme et en chant. […] Par exemple, cet auteur dans le troisiéme chapitre du livre onziéme de ses institutions, où il donne des leçons si curieuses sur le soin qu’un orateur doit avoir de sa voix, et sur la recitation, dit, en parlant de plusieurs mauvaises manieres de prononcer : " il n’y a point de désagrément dans la prononciation qui me choque autant que d’entendre dans les écoles et dans les tribunaux, chanter la modulation théatrale. […] Il est vrai que quelques musiciens modernes ont cru pouvoir trouver le secret d’enseigner autrement que de vive voix, la durée que devoit avoir un air, et d’apprendre par consequent même à la posterité le mouvement dont il falloit le joüer, mais c’étoit en se servant de l’horlogerie que ces musiciens prétendoient venir à bout de leur projet.
À part la grandeur de l’expression, qu’il faut épique parfois, quand on fait parler, par exemple, des hommes comme Michel-Ange et comme Jules II dans le registre colossal de leur voix, au moins, la tonalité de cette voix, l’imagination la connaît et sur elle ne peut se méprendre. Mais il est, dans l’Histoire, de ces voix que les cris de la passion, du préjugé ou de l’ignorance ont couvertes, et qu’il faut aller chercher sous tous ces cris, pour les faire distinctes. Il y a, dans l’Histoire, de terribles personnalités troubles, que le devoir de l’Historien est de clarifier… — Or, — puisqu’il s’agit d’eux dans le cadre du livre de Gobineau, — Alexandre VI, César et Lucrèce Borgia, sont de ces personnalités troubles par elles-mêmes ou troublées, par les autres, et que l’auteur de La Renaissance a replacées dans l’accent juste de leur propre voix.
… L’auteur des Dévotes s’est infusé du La Bruyère à si haute dose qu’il peut être en colère pour son compte personnel avec une voix dans une voix qui n’est pas la sienne, et que nous reconnaissons dès le premier mot qu’il dit en ouvrant sa galerie de caricatures ; « D’où vient votre presse, Gudule ? […] Lors même que vous ne daignez me répondre, je vous entends, etc., etc. » Cette voix, cette langue, cette allure, cette coupe de phrase, à laquelle notre langue à nous du xixe siècle a jeté une couleur plus vive, et, si l’on veut (qu’est-ce que cela me fait ?) […] Et pourtant il y en a une autre qui sera tout à l’heure la vraie voix d’Arthur de Gravillon, et dont ici il n’a donné qu’une note, quand, esprit poétique qui a tout vu de la poésie que ce type de dévotes cachait, il a fait sa spirituelle réserve : « On dit les dévotes comme on dit les champignons, et l’on ne songe souvent point que, parmi tous ces poisons, il y a d’excellents champignons et de vénérables dévotes », et qu’alors il nous a écrit cette délicieuse page attendrie sur la piété des femmes vraiment pieuses, pour nous prouver qu’il pourrait faire des portraits exquis et reposés de dévotes adorables, et que c’est là sa vocation En effet, la colère n’a duré qu’un moment, elle est évaporée maintenant dans cet Hogarth de colère !
Pourtant nous aimons à entendre des voix puissantes et graves nous le redire ; car, par moment, dans les fatigues de la marche, au milieu des inégalités du terrain, l’horizon échappe à nos yeux, et nous nous prenons à douter du but où notre ardeur aspire. Et si les chefs révérés, si les guides dont la voix nous est connue se mettaient à nous délaisser avant le terme, s’ils se couchaient en travers du chemin en nous criant de faire halte et qu’au-delà tout est confusion et ténèbres, un tel spectacle serait assurément bien propre à jeter du trouble dans l’esprit même des plus ardents et à déconcerter les espérances. […] Voix sonore et retentissante, timbre éclatant et pur, geste simple ; puis une parole facile, abondante, harmonieuse ; une manière de style étrangère à toute affectation, à toute enflure ; un laisser-aller plein de ressources ; un art heureux de diriger, de détourner sa pensée, de la lancer chemin faisant dans les questions, et de l’arrêter toujours à propos ; un penchant à s’étendre sur les moralités consolantes quand il y a jour, et, sitôt qu’on arrive aux hommes, un parfait mélange de discrétion et de loyauté, voilà ce qui nous a surtout frappé dans l’éloquent discours de M. de Lamartine.
C’était la voix de mon ami. […] Au milieu des hurlements de l’impitoyable mort, j’entends la douce et touchante harmonie de sa voix ! […] Des voix du ciel s’écrient Elle est sauvée. […] Méphistophélès disparaît avec Faust ; on entend encore dans le fond du cachot la voix de Marguerite qui rappelle vainement son ami. […] Dans le monde on se sent oppressé par ses facultés, et l’on souffre souvent d’être seul de sa nature au milieu de tant d’êtres qui vivent à si peu de frais ; mais le talent-créateur suffit, pour quelques instants du moins, à tous nos vœux ; il a ses richesses et ses couronnes, il offre à nos regards les images lumineuses et pures d’un monde idéal, et son pouvoir s’étend quelquefois jusqu’à nous faire entendre dans notre cœur la voix d’un objet chéri.
C’est alors que les beautés attrayantes, volages, passaient et repassaient plus souvent devant ses yeux : Elles me disaient : « Compose De plus gracieux écrits, Dont le baiser, dont la rose, Soient le sujet et le prix. » A cette voix adorée Je ne pus me refuser, Et de ma lyre effleurée Le chant n’eut que la durée De la rose ou du baiser. […] Le poëte de Millevoye meurt pour avoir trop goûté de cet arbre où le plaisir habite avec la mort ; l’extrême langueur s’exhale dans cette voix parfaitement distincte, mais affaiblie160 ; il n’a pas su dire à temps comme un élégiaque plus récent, qui s’écrie sous une inspiration semblable : Ôtez, ôtez bien loin toute grâce émouvante, Tous regards où le cœur se reprend et s’enchante ; Ôtez l’objet funeste au guerrier trop meurtri ! […] J’avais lu la plupart de ces petits chants, j’avais lu ce Charlemagne, cet Alfred, où il en a inséré ; je trouvais l’ensemble élégant, monotone et pâli, et, n’y sentant que peu, je passais, quand un contemporain de la jeunesse de Millevoye et de la nôtre encore, qui me voyait indifférent, se mit à me chanter d’une voix émue, et l’œil humide, quelques-uns de ces refrains auxquels il rendit une vie d’enchantement ; et j’appris combien, un moment du moins, pour les sensibles et les amants d’alors, tout cela avait vécu, combien pour de jeunes cœurs, aujourd’hui éteints ou refroidis, cette légère poésie avait été une fois la musique de l’âme, et comment on avait usé de ces chants aussi pour charmer et pour aimer. […] Je recommanderai encore, d’après mon ami qui la chantait à ravir, la romance intitulée le Tombeau du Poète persan, et ce dernier couplet où la fille du poëte expire sous le cyprès paternel : Sa voix mourante a son luth solitaire Confie encore un chant délicieux, Mais ce doux chant, commencé sur la terre, Devait, hélas ! […] Toutes les fois qu’on a à parler des derniers éclats harmonieux d’une voix puissante qui s’éteint, on rappelle le chant du cygne, a dit Buffon.
Qui donc disait que la voix d’or s’était brisée à force de chanter tous les jours, partout et à travers les deux mondes ? […] La seconde cause, c’est son aspect physique et aussi le timbre de sa voix. […] Et, par là-dessus, elle a sa voix, dont elle sait tirer parti avec la plus heureuse audace une voix qui est une caresse et qui vous frôle comme des doigts si pure, si tendre, si harmonieuse, que Mme Sarah Bernhardt, dédaignant de parler, s’est mise un beau jour à chanter, et qu’elle a osé se faire la diction la plus artificielle peut-être qu’on ait jamais hasardée au théâtre. […] Le charme est alors presque uniquement dans l’extraordinaire pureté de la voix : c’est une coulée d’or, sans une scorie ni une aspérité.
Il les disait, ces Fleurs du mal, avec cette voix douce et mystificatrice qui hérissait le crin des bourgeois quand il les distillait suavement dans leurs longues oreilles épouvantées. Rollinat est aussi son propre rhapsode, mais c’est un rhapsode d’un autre pincement de voix que l’ironique Baudelaire, ce diable en velours… Lui, Rollinat, c’est un diable en acier aiguisé, qui coupe et fait froid en coupant. […] Quand il dit ses vers ou qu’il les chante, avec cette voix stridente qui semble ne plus sortir d’entrailles humaines, il a ce que Voltaire exigeait qu’on eût quand on jouait la tragédie : il a, positivement, le diable au corps. […] Ceux qui avaient applaudi avec le plus d’enthousiasme l’étrange poète à trois voix, ont mieux aimé se déclarer dupes d’un faux artiste que de reconnaître la force réelle d’un talent vrai. […] Le musicien s’est évaporé dans les airs qu’il chantait avec cette voix chaude et vibrante qui n’a jamais manqué son coup sur les cœurs et qu’aucun musicien ne chantera jamais plus comme il les chantait.
Ce n’est pas un aède qui chante, d’une voix sympathique, sur un rythme uniforme. […] Ainsi viennent de jeunes pâtres dont la voix est naturelle.
Mais, hier, une circonstance heureuse et imprévue nous a, pour ainsi dire, contraint à nous souvenir que nous avions été poète aussi, et de répondre par un bien faible écho à la voix qui nous vient de l’Océan. […] Et la nuit s’écoulait dans ces chastes délires, Et l’amour sous la table entrelaçait vos doigts, Et les passants surpris entendaient ces deux lyres, Dont l’une chante encore, et dont l’autre est sans voix… Et quand du dernier vin la coupe fut vidée, J’effeuillai dans mon verre un bouton de jasmin ; Puis je sentis mon cœur mordu par une idée, Et je sortis d’hier en redoutant demain !
Il y en a peu néanmoins qui aient le courage de lutter contre la multitude : ils attendent à juger d’un ouvrage que le public ait prononcé ; ils recueillent les voix et se rangent du parti dominant. […] Lorsque Homère nous montre les vieillards causeurs assis sur les murailles de Troie, au haut des portes Scées, au moment où ils vont louer la beauté d’Hélène, il les compare à des cigales harmonieuses qui chantent posées sur un arbre dans un bois, et exhalent leur voix de lis. Qu’est-ce qu’une voix comparée à un lis, un son à une fleur ? […] Une voix qui rappelle la blancheur du lis, c’est une voix qui a clarté et douceur, et je ne sais quoi encore qui se marie bien avec des cheveux blancs. […] La voix des vieillards est tout l’opposé de ce ton-lào.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile, qu’il fut, ainsi qu’une chimère, Abandonné de tous, excepté de sa mère, Et que son cou ployé comme un frêle roseau Fit faire en même temps sa bière et son berceau. […] Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie, Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain, qui bouillonne et qui fume, Dans le rhythme profond, moule mystérieux, D’où sort la Strophe, ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire, et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore ! […] Composée il y a un peu plus d’un an, le 23 juin 1830, et empreinte en quelques endroits du cachet de cette date, elle se retrouve, comme tout ce qui émane du génie, aussi vraie aujourd’hui et aussi belle que ce soir-là, quand d’une voix émue et encore palpitante de la création, il nous la récitait, à quelques amis, au sein de l’intimité. […] Ils passent, et le monde Ne connaît rien d’eux que leur voix. […] Les romans, les vers, la littérature, étaient devenus l’aliment des conversations, des loisirs ; et mille indices, éclos comme un mirage à l’horizon, et réfléchis à la surface de la société, semblaient promettre un âge de paisible développement où la voix des poëtes serait entendue.
car, par le bruit, qui se fait, entendrait-on leur demi-mot ; et, s’ils élevaient la voix, les voudrait-on reconnaître ? […] Feuilletez ceux que je vous nomme, et vous me direz si vous ne découvrez pas visiblement, dans leurs mots et dans leurs pensées, des esprits verts, quoique ridés, des voix sonores et cassées, l’autorité des cheveux blancs, enfin des têtes de vieillards. […] Il entendait plus distinctement cette voix de la Sagesse, qui, comme une voix céleste, n’est d’aucun sexe, cette voix, à lui familière, des Fénelon et des Platon. « La Sagesse, c’est le repos dans la lumière ! […] La plupart mettent leurs soins à écrire de telle sorte, qu’on les lise sans obstacle et sans difficulté, et qu’on ne puisse en aucune manière se souvenir de ce qu’ils ont dit ; leurs phrases amusent la voix, l’oreille, l’attention même, et ne laissent rien après elles ; elles flattent, elles passent comme un son qui sort d’un papier qu’on a feuilleté. » Ceci s’adresse en arrière à l’école de La Harpe, au Voltaire délayé, et, en général, le péril n’est pas aujourd’hui de tomber dans ce coulant.
Le Cid n’a eu qu’une voix pour lui à sa naissance, qui a été celle de l’admiration ; il s’est vu plus fort que l’autorité et la politique, qui ont tenté vainement de le détruire ; il a réuni en sa faveur des esprits toujours partagés d’opinions et de sentiments ; les grands et le peuple : ils s’accordent tous à le savoir de mémoire, et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent. […] Capys , qui s’érige en juge du beau style et qui croit écrire comme Bouhours et Rabutin, résiste à la voix du peuple, et dit tout seul que Damis n’est pas un bon auteur. […] Les connaisseurs ou ceux qui se croient tels, se donnent voix délibérative et décisive sur les spectacles, se cantonnent aussi, et se divisent en des partis contraires, dont chacun, poussé par un tout autre intérêt que par celui du public ou de l’équité, admire un certain poème ou une certaine musique, et siffle tout autre. […] Le peuple appelle éloquence la facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps, jointe à l’emportement du geste, à l’éclat de la voix, et à la force des poumons. […] Il doit au contraire éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le cœur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures, et qui tirent, pour ainsi dire, de leurs entrailles tout ce qu’ils expriment sur le papier ; dangereux modèles et tout propres à faire tomber dans le froid, dans le bas, et dans le ridicule ceux qui s’ingèrent de les suivre : en effet, je rirais d’un homme qui voudrait sérieusement parler mon ton de voix, ou me ressembler de visage.
Aristides Quintilianus définit la musique un art, mais un art qui démontre les principes sur lesquels il opere, et qui enseigne tout ce qui concerne l’usage qu’on peut faire de la voix, ainsi qu’à faire avec grace tous les mouvemens dont le corps est capable. […] La musique, c’est Quintilien l’orateur qui parle, donne des enseignemens non seulement pour regler toutes les inflexions dont la voix est susceptible, mais encore pour regler tous les mouvemens du corps. […] L’art rithmique donnoit des regles pour assujettir à une mesure certaine tous les mouvemens du corps et de la voix, de maniere qu’on pût en battre les temps, et les battre du mouvement convenable et propre au sujet.
Ils ont ces voix allemandes un peu dures, quelques-uns excessivement, comme Siehr, d’autres moins, comme Winkelmann ; mais c’est pour de telles voix qu’écrivait Wagner ; et tous ils sont excellents musiciens, très sérieux, très consciencieux ; et tous, des acteurs plus ou moins gauches. […] Gudehus et Vogl : Gudehus, moins bon acteur, mais d’une superbe voix, et d’une remarquable intelligence ; Vogl, dont la voix se fatigue, mais le seul de ces acteurs qui sache à peu près poser son personnage. […] Siehr sont des artistes fort convenables à la manière allemande ; Reichmann est plus distingué et sa voix est meilleure qu’aux années précédentes. […] Ce défaut n’est pas aux chanteuses, mais le contraire ; les trois chanteuses ont d’admirables voix, mademoiselle Malten plus impressionnante, madame Sucher plus simple, mais les trois continuent à jouer suivant tout le faux des usages scéniques ; défaut sensible surtout chez madame Materna qui toujours semble jouer l’Africaine aq. […] Lui-même a dit que la voix qui sort du tombeau de Titurel n’est autre que celle de Wotan « chez qui s’est brisée la volonté de vivre » (Glasenapp, Calendrier de Bayreuth, 1880, 61) ; pour montrer l’identité entre cette moitié de Wotan, Bruunhilde, et Kundry, il a forgé pour elle le nom de « Gundryggia »at, qui signifie Walküre (Lœffler, Bayr.
Sa conversation était séduisante comme sa voix, plus séduisante encore que brillante, parce qu’il avait plus de poésie native que de bel esprit. […] Le son de sa voix, on vient de nous le dire, était flatteur, insinuant ; il avait de la sirène dans la voix. […] Ce qu’il faisait ressemblait plutôt à du Delille rajeuni, à du Chênedollé plus vif, plus coquet ; il avait de très jolis vers descriptifs : Quand la fleur de Noël, au fond de nos vallées, Frémira sous le dard des premières gelées, Nous irons de l’automne entendre encor la voix. […] dites-moi, quand sur l’herbe fleurie Glissent, le soir, les brises du printemps, N’est-ce pas un accent de sa voix si chérie, N’est-ce pas dans les bois ses soupirs que j’entends ? […] La manière, en effet, y revient vite et gâte tout. — M. de Latouche avait coutume de dire de Mme Sand par malice, et pour indiquer que son talent, comme celui de toutes les femmes, avait besoin, si grand qu’il fût, d’une initiative extérieure : « C’est un écho qui double la voix. » Il se flattait d’avoir été, à un moment, cette voix.
Il faut quelqu’un qui puisse faire cela pour les presbytères et les châteaux. » M. de Montalembert a de longs cheveux gris et plats, une face pleine, des traits de vieil enfant, un sourire dormant, des yeux profonds mais sans éclairs, une voix nasillarde et manquant de mordant, une amabilité douce et reposée, une caresse féminine des manières et de la poignée de main, une robe de chambre cléricale. […] Nous avons déjeuné avec Paul Mantz, un petit brun, au clignement d’œil intelligent, à la parole monosyllabique ; avec Dussieux, professeur à Saint-Cyr, qui a quelque chose d’universitaire dans la tournure et de militaire dans la voix, et un coup d’œil scrutateur de commissaire de police dans le regard qu’il vous jette par-dessus ses lunettes bleues ; avec Eudore Soulié, aux traits sans âge, à la figure en chair d’un gibbon, à la chevelure pyramidale, ébouriffée et jouant la perruque, à la gaieté et à l’espièglerie gamines riant dans une voix de fausset. […] Alors, avec un geste impérieux — l’index de la main droite plongeant dans le rayon lumineux, et comme montrant dans du jour, l’avenir, — le devin commence, et avec une voix canaille et des intonations de peuple, il vous récite pendant une demi-heure le roman qui vous menace. Cet homme n’est pas le premier venu dans son métier, il parle sans arrêt, sans hésitation, sans repos, jetant de temps en temps au milieu de la phraséologie dramatique et des vieux clichés de la bonne aventure, de crapuleux éclats de verbe et de voix à la Vautrin : « Vous coucherez avec une femme, vous la lâcherez ! […] Et ce diable d’homme vous met dans le cerveau tant d’images de kaléidoscope et de lanterne magique, et un tel bruit de paroles, et un tel brouillamini de faits prédits, qu’il semble, avec la sonorité de sa voix et la fixité de ses yeux, vous verser de la confusion dans la cervelle et de l’étourdissement dans l’attention.
» fait la voix glapissante d’un crieur qui pousse par les épaules la foule hébétée. […] « Passez, messieurs et dames », glapit encore la voix. […] Cette fois-là, dans la même salle, je me suis mis aussi nu qu’un ver, j’ai endossé des lunettes bleues, et le conseil de révision me trouvant trop bel homme pour être myope, me nomma à la majorité des voix : hussard. […] En entrant sous bois, j’ai tout de suite le silence, mais un silence murmurant de toutes les petites et caressantes voix de la vie et de l’amour, que domine, comme une dièze profonde, la plainte amoureuse du ramier. […] Le boulevard pourrait entendre les voix qu’il fait parler sous la Lesché !
Angellier, qui s’est tout particulièrement imprégné du génie de nos voisins, une fraîche et mouvante campagne britannique, une de celles qu’emplit le clair de lune du Songe d’une nuit d’été, une de celles qui chantent dans les poètes pénétrants et subtils dont la voix nous arrive d’outre-mer. […] Relisez-le doucement, avec la voix intérieure.
Une belle voix touche moins qu’une voix douce, suave, chaude, pénétrante, vibrante. […] La musique instrumentale, à son tour, n’est qu’un développement de la voix humaine. […] Spencer, un développement de l’accent que la voix prend sous l’influence de la passion ; or, ces variations de ton, ces modulations naturelles à la voix humaine peuvent aller se raffinant à mesure que le système nerveux augmentera de délicatesse. […] Mêmes lois et mêmes phénomènes dans les organes de la voix. […] Cette division se fera, comme elle se fait toujours en musique, à l’aide d’un temps fort que marquera la voix.
À ces mots, elle voulait bien rire, mais elle avait comme une larme dans la voix, comme une goutte d’eau dans le goulot d’une gourde qui ne peut ni rester ni couler par le cou de la courge. […] Il y en aura toujours assez long et assez large pour recouvrir mes pauvres os quand j’irai rejoindre au ciel la céleste mère de Fior d’Aliza, à qui je pense toujours quand j’entends sa voix si claire dans les lèvres de l’enfant ! […] Nous nous couchâmes sans nous parler, de peur que le son de la voix de l’un ne fît pleurer l’autre, mais nous ne dormîmes pas, bien que nous en fissions le semblant. […] Elle se rassit et se remit à remuer du pied le berceau du petit, toute rêveuse et toute rouge d’avoir laissé échapper ce cri de deux amours dans une seule voix. […] — Vous allez le savoir, mon ami, me répondit une voix qu’il me sembla reconnaître à son accent de méchanceté hypocrite (ma belle-sœur, qui était accourue à son tour avec Fior d’Aliza, me dit vite que c’était celle du scribe Nicolas del Calamayo) ; vous allez le savoir à vos dépens.
Gambetta arrive essoufflé, la voix rauque, se présentant avec une espèce de dandinement roulant, titubant, et toutes les marques et les apparences d’une caducité extraordinaire chez un homme, né en 1838. […] De sa rude voix de gendarme du matérialisme, Charles Robin s’est écrié : « On y mettra de l’Homère ! […] Aujourd’hui littérature, art, science, tout se tait sous la grosse et bête voix de la politique. […] Flaubert n’a fait qu’adapter à ces dires énormes — prononcés par Théo de la voix la plus douce — n’a fait qu’adapter un gueuloir à casser les vitres. […] J’étais sous l’impression de ce chant, quand une voix, qui semblait sortir par les narines d’un nez, me dit que le propriétaire de cette voix avait lu Manette Salomon, dans le sérail.
Les belles voix sont-elles aussi communes en Auvergne qu’en Languedoc ? Quintilien dit qu’on reconnoît la patrie d’un homme au son de sa voix, comme on connoît l’alliage d’un cuivre au son qu’il rend. […] Or, si la diversité des climats peut mettre tant de varieté et tant de difference dans le teint, dans la stature, dans le corsage des hommes et même dans le son de leur voix, elle doit mettre une difference encore plus grande entre le génie, les inclinations et les moeurs des nations. […] Elles sont plus composées que celles qui décident du son de la voix et de l’agilité du corps.
Jean des Figues Quelle voix ! […] Elle charrie l’odeur de goudron, de saumure et d’orange du Vieux-Port… C’est la bonne voix qui dit la bonne chanson.
Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu ! […] Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Pour toi, pour l’univers, est mort en ces lieux mêmes, En ces lieux où mon bras le servit tant de fois, En ces lieux où son sang te parle par ma voix.
Aujourd’hui la musique n’enseigne que deux choses, la composition des chants musicaux, ou des chants proprement dits, et l’execution de ces chants avec la voix et sur les instrumens. […] Suivant cet Aristides la plûpart des auteurs qui l’avoient précedé, définissoient la musique : un art qui enseigne à se servir de la voix et à faire tous les mouvemens du corps avec grace.
En toutes ces ocasions voix est pris dans le sens propre, c’est-à-dire, dans le sens pour lequel ce mot a été d’abord établi : mais quand on dit que le mensonge ne sauroit étoufer la voix de la vérité dans le fond de nos coeurs, alors voix est au figuré, il se prend pour inspiration intérieure, remords, etc. […] Les brebis entendent la voix du pasteur, on ne veut pas dire seulement qu’elles reconoissent sa voix et la distinguent de la voix d’un autre home, ce qui seroit le sens propre ; on veut marquer principalement qu’elles lui obéissent, ce qui est le sens figuré. la voix du sang, la voix de la nature, c’est-à-dire, les mouvemens intérieurs que nous ressentons à l’ocasion de quelque accident arivé à un parent, etc. […] C’est par la voix qu’on dit son avis dans les délibérations, dans les élections, dans les assemblées où il s’agit de juger ; ensuite, par extension, on a apelé voix, le sentiment d’un particulier, d’un juge ; ainsi en ce sens, voix signifie avis, opinion, sufrage : il a eu toutes les voix, c’est-à-dire, tous les sufrages ; briguer les voix, la pluralité des voix ; il vaudroit mieux, s’il étoit possible, peser les voix que de les compter, c’est-à-dire, qu’il vaudroit mieux suivre l’avis de ceux qui sont les plus savans et les plus sensés, que de se laisser entrainer au sentiment aveugle du plus grand nombre. voix signifie aussi dans un sens étendu, gémissement, priére.
Ce sont des larmes dans la voix et de très beaux vers écrits sur le coup, larmes et vers mêlés, brouillés dans une fureur sourde, qui appelle à grands cris des coups, des batteries, des duels. […] Théophile Gautier, ce styliste à l’habit rouge pour le bourgeois, apporte dans les choses littéraires le plus étonnant bon sens, et le jugement le plus sain, et la plus terrible lucidité jaillissant en petites phrases toutes simples, d’une voix qui est comme une caresse. […] Un rude homme, qui n’avait pas eu toujours sa canne sur sa chaise, et qui, dans son château de Sommérecourt, dont il fatiguait la cantonade des colères de sa voix, avait façonné et formé, à coups de canne, une domesticité, qu’il avait trouvé le moyen de s’attacher ainsi. […] cette vieille Marie-Jeanne, il faut l’entendre, dans le fond de la boutique de mercerie de son fils, contant avec sa voix cassée le bon temps de la famille, et rabâchant cette phrase : « Nous partions de Sommérecourt. […] Au fond, une recherche voulue, de petites mains, lavées, écurées, soignées comme des mains de femme — et avec cela une tête de maniaque, une voix coupante comme une voix d’acier, et une élocution visant à la précision ornée d’un Saint-Just et l’attrapant.
Mais ses yeux montraient la pureté des yeux des tout petits enfants, pureté de lointaines transparences, et sa voix, avec un peu de fait exprès dans la fluidité de l’accentuation, caressait. […] Des voix mystérieuses l’appellent : Je suis hanté ! […] En mots vivants, précis, diaphanes, exacts et lumineux, en phrases limpides comme le cristal, d’une voix un peu sourde… sans fatigue ni trêve, il déroulait, trésor infini, ses nobles paradoxes. […] Mallarmé commençait à parler d’une voix douce, musicale, inoubliable ! […] René Ghil, dans la préface de son livre de début, appelait des vers qui seraient : … un pré ou l’odeur des luzernes — une eau pâle et glauque aux rides s’élargissant ; des vers qui seraient l’inexprimable souvenir, devant deux grands yeux pâles et froids d’Aïeule, d’un soir d’hiver où veille la lune algide ; des vers qui seraient les mille murmures des heures noires, un dièze de violon, des voix dans la nuit, la saveur du vent de mer ; des vers qui donneraient l’écœurement d’une migraine, la lourdeur aveulie et molle d’une après-midi d’août, avec je ne sais quel rassasiement venu des moissons mûres.
À la table de la rédaction s’asseyaient journellement : Murger à l’air humble, à l’œil pleurard, aux jolis mots de Chamfort d’estaminet ; Aurélien Scholl, avec son monocle vissé dans l’orbite, ses colères spirituelles, son ambition de gagner la semaine prochaine 50 000 francs par an, au moyen de romans en vingt-cinq volumes ; Banville, avec sa face glabre, sa voix de fausset, ses fins paradoxes, ses humoristiques silhouettes des gens ; Karr, toujours accompagné de l’inséparable Gatayes. […] Dimanche 20 février Un jour de la fin du mois de décembre dernier, Villedeuil rentrait du ministère en disant avec une voix de cinquième acte : — Le journal est poursuivi. […] La colère fit trembler nos voix quand on nous demanda nos noms, que nous jetâmes avec un timbre frémissant comme à un tribunal de sang. […] Leroy, un grand brun avec une grosse voix ; il est l’ennemi des prêtres, des empereurs, des rois et des romantiques, et cache, sous des apparences de truculence et de férocité physique, une parfaite bonne enfance et des idées pas mal prudhommesques. […] — Je veux que vous me le répétiez de vive voix.
Ne semble-t-il pas, à ceux qui savent écouter les bruits de tous les éléments et qui croient les comprendre, ne semble-t-il pas que tous ces bruits sont des voix, et que dans toutes ces voix on entend les palpitations sourdes, plaintives, éclatantes, d’une âme qui cherche à exprimer sa douleur, sa joie, son cantique à son Dieu ? […] La consonance de toutes les passions qui dorment muettes sur nos fibres humaines s’éveille à la consonance des notes qui vibrent dans la voix ou sous l’archet de l’instrument. […] Que Timothée lui cède la victoire, ou plutôt qu’ils se partagent la couronne ; car, s’il sut élever un mortel jusqu’aux cieux, elle fit descendre à sa voix le ciel sur la terre ! […] Tout ce qui se chantait par une voix seule et devait ressembler à un air était vide et froid, misérable ; mais les chœurs sont tous bons et très bons. […] Je vous raconterai tout de vive voix.
Il y a des timbres de voix qui charment, et d’autres qui déplaisent qui irritent même : il en est ainsi dans le style. […] A l’horloge d’une église, une heure sonna, lentement, pareille à une voix qui l’eût appelé. […] L’amant ne dit pas à sa maîtresse pourquoi il l’aime : il le lui répète sous toutes les formes, avec toutes les inflexions de la voix et de la pensée. […] Où donc vibre dans l’air une voix plus qu’humaine ? […] J’entends ta voix dans le retentissement des cymbales.
Pendant les Cent-Jours on n’entend pas sa voix. […] Mais, aussitôt après cet holocauste de notre malheureuse armée, sa voix s’attriste et se résigne ironiquement au deuil patriotique de son pays. […] Elle chantait mal, mais c’était la voix des frontières ; la voix de Béranger était le cri de Waterloo. […] Du roi des Huns c’était l’ombre immortelle : Fils d’Attila, j’obéis à sa voix. […] Elle sourit, car sa voix douce Rend l’espoir à son prisonnier.
le Seigneur est avec vous. » Marie s’en va dans les montagnes de Judée ; elle rencontre Élisabeth, et l’enfant que celle-ci portait dans son sein tressaille à la voix de la vierge qui devait mettre au jour le Sauveur du monde. Élisabeth, remplie tout à coup de l’Esprit saint, élève la voix et s’écrie : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de votre sein sera béni. […] « Car, lorsque vous m’avez saluée, votre voix n’a pas plus tôt frappé mon oreille, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. » Marie entonne alors le magnifique cantique : « Ô mon âme, glorifie le Seigneur !
Voyez cette foule d’esprits incoercibles et véloces sortis de la tête de Bouchardon et accourants à la voix d’ Ulisse qui évoque l’ombre de Tirésias . […] Enfin voyant qu’il n’y pouvait réussir, il tira un crucifix de dessous sa casaque, et s’écria d’une voix pathétique et forte : (…). […] Au récit d’une grande action notre âme s’embarrasse, notre cœur s’émeut, la voix nous manque, nos larmes coulent.
C’est la voix du désert ou la voix du torrent, Ou le roi des tilleuls, ou le fantôme errant, Qui, le soir, au vallon, vient siffler ou se plaindre, Des figures enfin qu’un pinceau ne peut peindre. […] En Talma tout-à-coup mon homme se dessine ; Et s’arrachant les vers du fond de la poitrine, Sa languissante voix, en accens douloureux, Psalmodie un poëme en l’honneur de nos preux.
Le dialogue balbutie dans les inflexions de voix diverses que le rapsode qui récite au peuple les poèmes homériques, pour le salaire d’un agneau, prête aux querelles des chefs, aux interpellations des guerriers, aux réparties des festins. […] Ce que l’Homéride chantait d’une voix lointaine comme l’écho de la tradition, le poète dramatique l’incarne et le montre ; il rend le souffle de l’actualité au fait immémorial, à l’événement aboli ; il redresse toute pendante et toute menaçante la catastrophe écroulée.
Herzan va s’entendre avec Calcaquin pour le sonder avant de lui porter les voix du parti autrichien ; il le trouve insuffisant, obstiné, quoique honnête. […] Si celui-ci goûtait sa proposition, tous ou le plus grand nombre des électeurs de ce parti s’uniraient, par son intermédiaire, aux dix-huit cardinaux donnant leurs voix à Bellisomi. […] On commença le matin même la recherche des voix ; en un moment cette tâche fut accomplie. […] « Chiaramonti cependant était allé, selon son habitude, se promener dans le jardin, après le scrutin de la matinée, dans lequel Bellisomi et Mattei avaient obtenu, comme toujours, le même nombre de voix. […] Afin d’honorer le cardinal doyen, celui-ci lui donna sa voix.
Rousseau dans la polémique, dans le Vicaire savoyard, dans quelques pages des Confessions, on entend la voix, on voit le geste de l’orateur platonique ou cicéronien derrière la période accentuée de l’orateur invisible. Ce style, c’est l’éloquence parlée par la page muette ; c’est la plume prenant la voix. […] L’Assemblée Constituante fut une sorte de Sinaï des peuples ; Mirabeau en fut la voix ; l’univers entier en fut l’auditoire. […] C’était une corde nouvelle, corde trempée de sang et de larmes, que la mort avait ajoutée à la lyre moderne : cela ressemblait aux voix des pleureuses qu’on entend de loin en Orient suivre en chantant les cercueils au bord de la mer derrière les oliviers ou les cyprès des champs des morts. […] Écoutez ces dernières ironies du républicain mourant tué par les démagogues de la Convention, dans la voix d’André Chénier.
Alors seulement, une fois le ponens caput expiravit crié par la voix sinistre de l’horloge, l’auteur respirait et retrouvait quelque liberté d’esprit. […] Que les gens du roi ne viennent donc plus nous demander des têtes, à nous jurés, à nous hommes, en nous adjurant d’une voix caressante au nom de la société à protéger, de la vindicte publique à assurer, des exemples à faire. […] Il y a déjà longtemps qu’une voix a dit : Les dieux s’en vont ! Dernièrement une autre voix s’est élevée et a crié : Les rois s’en vont ! Il est temps maintenant qu’une troisième voix s’élève et dise : Le bourreau s’en va !
La voix, dont les hardis préludes chantant, il y a plus d’un quart de siècle, la grandeur du conquérant de l’Europe en cellule il Sainte-Hélène, célébraient cet aigle qui, abattu et captif, Manque d’air dans la cage, où l’exposent les rois ; cette voix, aujourd’hui proscrite par un contrebas de la fortune, ne serait pas embarrassée pour rendre l’expression littérale et l’accent même du poëte thébain, pour nommer l’oiseau domestique, non moins que sa cage ; et, sans avoir besoin de l’aigle, personnage noble en tout temps, elle dirait ce coq guerroyant au logis (ἐνδομάχης), dont s’effrayait le bon abbé Massieu. […] Il lui emprunte surtout, comme dans son ode célèbre au comte du Luc, ce qui est le plus passager et tient le moins au cœur de l’homme, les souvenirs mythologiques, l’enveloppe de la fiction, le manteau et non la voix du prophète. […] Elle frappe dans l’ensemble, dans les détails, malgré tout ce qui sépare le majestueux évêque français, fils de magistrat, magistrat lui-même, reçu dans la cour et le conseil d’État d’un grand roi, le théologien profond, l’orateur incomparable, dont la voix illustrait les grandes funérailles, et l’harmonieux Trouvère de la Grèce idolâtre, le fils d’un musicien de Béotie, habitant une petite maison de Thèbes, poëte et chanteur, et, à ce titre, hôte bien voulu dans les cités de la Grèce, dans les palais des rois de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et souvent aussi, dans la maison et à la table de riches citoyens, dont il célébrait, pour des présents ou par amitié, les triomphes dans les jeux sacrés de la Grèce. […] Mais l’image entière, le tableau appartient à l’ordre de leur génie ; et c’est leur voix qu’on entend dans ces paroles de Bossuet. […] On y verrait ce même art, ou plutôt cette création spontanée, cette création par le verbe du génie, sans matière préexistante, qui tire de soi la grandeur que les choses n’ont pas, en même temps que, d’instinct et sans hausser la voix, elle s’égale par la parole à tout ce qui est sublime dans la nature, ou dans l’homme.
Nous l’y retrouverons, vers la fin de cette étude, sous les auspices de la France et de l’Amérique, à la voix de Lamartine et d’Heredia. […] Et puisse, de là, notre voix saluer les murs sacrés æ Athènes ! […] Seul, j’ai cette faveur, parmi tous les mortels ; je suis avec toi ; j’échange avec toi des paroles ; je puis ouïr ta voix ; mais je n’aperçois pas ton visage. […] Pourquoi ces discours d’un gouverneur de prince, au lieu du souvenir de cette invisible et divine maîtresse, dont l’innocent Hippolyte croit entendre la voix dans le silence des forêts ? […] Ce génie est aussi parfois simple, populaire comme la voix de la foule.
Sur trente têtes trente fagots sautillaient, et trente voix formaient, comme en partant, même concert avec même refrain. […] La blancheur du lait s’étend sur son visage ; un froid pesant comme le plomb, tombant, à la voix de l’enfant, sur son cœur bientôt sans battements, suspend assez longtemps sa vie, et la voilà pareille, près du petit qui pleure, à une vierge de cire habillée en bergère49. » Jeanne, la diseuse de bonne aventure, survient ; mais Marguerite, qui veut s’assurer de son malheur, dissimule ; elle a l’air d’attendre encore Baptiste. […] La cérémonie commence, l’anneau est béni, et Baptiste le tient ; mais, avant de le mettre au doigt qui l’attend, il faut qu’il prononce une parole… Elle est dite ; aussitôt, du côté du garçon d’honneur, une voix s’élève ; Marguerite, qui peut-être au fond de son cœur doutait encore, a crié : « C’est lui ! […] Il faut dire de plus que Jasmin lit à merveille ; que sa figure d’artiste, son brun sourcil, son geste expressif, sa voix naturelle d’acteur passionné, prêtent singulièrement à l’effet. […] Jasmin est venu à Paris, mais il n’y est venu qu’en passant, comme un hôte et un ami ; il y a produit sa poésie en personne, avec esprit, avec gentillesse ; il l’a traduite, commentée, chantée de vive voix, et lui a conquis tous les suffrages.
Seulement, par instants, la petite fille tremble un peu : si les poupées étaient vraiment vivantes ; si elles allaient se révolter… Et elle leur recommande, d’une voix mal assurée, de rester bien sages. […] Et admirez le génie du musicien Paul Kotchouleff qui « chanta, d’une voix large et pure, pendant une heure durant, de nobles mélodies d’un grand souffle inspiré ». […] À travers la pratique dont il pense ennoblir sa voix, il dit pour elles des paroles voulues profondes ou somptueuses et qui sont sottises laborieusement alambiquées. […] Il s’est d’ailleurs appliqué à « encombrer » tumulte et sainte cérémonie de « danses mugissantes », à y introduire le « chœur terrible des voix tragiques », à « embarrasser » le tout « d’un tourbillon de nuées obscures ». […] Parlez se traduit par « Prenez une voix ».
Et quand, pour accabler cette nation Il désabusée, les rois, comme des démons mis en ligne par la baguette d’un enchanteur, marchèrent au combat dans un mauvais jour, et que la Grande-Bretagne se joignit au funeste armement, quoique bien des amitiés, bien de jeunes amours, eussent soulevé en moi l’émotion patriotique et fait briller sur nos collines et nos forêts une magique lumière, cependant ma voix non changée dénonça défaite à tous ceux qui braveraient la lance levée contre les tyrans, et prédit la honte à leur retraite impuissante et tardive. […] pardonne ces rêves : j’entends ta voix, j’entends ta forte plainte sortir des cavernes glacées de la blanche Helvétie ; j’entends tes soupirs versés sur les fleuves teints de sang. […] Mais ce n’est pas toi qui enfles la voix du vainqueur ; tu n’inspires pas ton âme aux représentants de la puissance humaine. […] » N’est-ce pas ici, au milieu des splendeurs de la conquête britannique, la voix charitable, la douce ferveur du missionnaire anglais des premiers temps, de ce Winfried, le prédicateur venu d’Irlande dans la Germanie sauvage ? […] Puisse le pieux souvenir et la vertu chrétienne d’un tel homme, d’accord avec d’autres voix évangéliques, inspirer un peu de honte à ces barbares civilisés, qui fondent la liberté de quelques districts du Septentrion américain sur l’esclavage, et naguère maintenaient l’inviolabilité de l’esclavage par l’oppression et l’assassinat des contradicteurs !
Une voix de Stentor criant à la tribune : Caton est un contre-révolutionnaire, un stipendié de nos ennemis ; et je demande que la mort de ce grand coupable satisfasse enfin la justice nationale, ferait oublier l’éloquence de Cicéron. […] La première des vérités, la morale, est aussi la source la plus féconde de l’éloquence ; mais lorsqu’une philosophie licencieuse se plaît à tout rabaisser pour tout confondre, quelle vertu votre voix peut-elle encore honorer ? […] Il est sans force, l’homme à qui l’on peut reprocher des bassesses : ne craint-il pas toutes les voix qui peuvent l’accuser ? […] Sans doute quand vous vous adressez à quelques individus réunis par le lien d’un intérêt commun, ou d’une crainte commune, aucun talent ne peut agir sur eux ; ils ont depuis longtemps tari dans leurs cœurs la source naturelle qui peut sortir du rocher même à la voix d’un prophète divin ; mais quand vous êtes entourés d’une multitude qui contient tous les éléments divers, les hommes impartiaux, les hommes sensibles, les hommes faibles qui se rassurent à côté des hommes forts ; si vous parlez à la nature humaine, elle vous répondra ; si vous savez donner cette commotion électrique dont l’être moral contient aussi le principe, ne craignez plus ni le sang-froid de l’insouciant, ni la moquerie du perfide, ni le calcul de l’égoïste, ni l’amour-propre de l’envieux ; toute cette multitude est à vous.
‘ Enfin, il y a des pays ou les voix se réunissent aisément, parce que les intérêts y sont les mêmes. […] Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement. […] Thompson, après avoir décrit toutes les découvertes de ce grand homme sur la gravitation, sur les comètes, sur la lumière, sur la chronologie, après avoir peint la douceur de ses mœurs et l’élévation tranquille et calme de son caractère, s’interrompt tout à coup : « N’entends-je pas, dit-il, une voix semblable à celle qui annonce les grandes révolutions sur la terre ? […] Cette voix retentit dans l’univers, et Newton meurt.
Or, qu’il y ait eu dans les rangs des plus furieux jacobins quelques agents obscurs, poussant à des excès ceux qui s’y précipitaient déjà, et surtout prenant grand soin de cacher leur qualité de ci-devant sous la carmagnole populaire, aplatissant leurs cheveux, laissant pousser leurs moustaches, et grossissant leur voix dans les clubs, c’est ce qui est assez vraisemblable, et assez insignifiant pour qu’on ne puisse ni le nier ni s’en prévaloir. […] C’est après avoir ainsi retracé les victoires toutes républicaines de la première campagne d’Italie, que, jetant les yeux sur la France, alors si florissante et pourtant dévouée à de si prochains malheurs, il couronne son récit par cet éloquent épilogue, par cet hymne enivrant dont le ton poétique sied encore à la voix de l’histoire : « Jours à jamais célèbres, à jamais regrettables pour nous ! […] Toutes les voix étaient libres.
Les Parnassiens, qui n’acceptent pas leur défaite, relèvent la tête en 1900 et lui notifient par la voix de Mendès que « sa poétique est déjà surannée et vieillissante35 » Mais le coup le plus droit porté à son influence sera le triomphe de Cyrano de Bergerac où Rostand se gausse des petits esthètes du « Mercure françois ». […] En 1900, le bruit des flonflons couvre la voix des poètes. […] Lépine avait aussi, quand il voulait, le sourire, mais il lui arrivait trop souvent de prendre une grosse voix d’ogre et sa barbiche impériale, dans le feu des manifestations, était susceptible d’évoquer aux Parisiens de fâcheux souvenirs.
J’ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue. […] Il s’éleva mille voix pour étouffer celle du public. […] Dont on n’a retenu que ces vers sur un quarré d’eau : La cane s’humecter de la bourbe de l’eau, D’une voix enrouée & d’un battement d’aîle, Animer le canard qui languit auprès d’elle.
La lune éclaire un sol nu, où des brises muettes ne trouvent pas même un brin d’herbe, pour en former une voix. […] Écoutons : sous ces voûtes antiques Parviennent jusqu’à moi d’invisibles cantiques, Et la Religion, le front voilé, descend : Elle approche : déjà son calme attendrissant, Jusqu’au fond de votre âme en secret s’insinue ; Entendez-vous un Dieu dont la voix inconnue Vous dit tout bas : Mon fils, viens ici, viens à moi ; Marche au fond du désert : j’y serai près de toi ? […] La voix des passions se tait sous leurs cilices ; Mais leurs austérités ne sont point sans délices : Celui qu’ils ont cherché ne les oublîra pas ; Dieu commande au désert de fleurir sous leurs pas.
On ne sçauroit dire plus positivement que le dit Aristote dans le dernier passage : que tout ce qui se recitoit sur le theatre étoit assujeti à une mélodie composée, et qu’il n’étoit pas libre aux acteurs des anciens, comme aux nôtres, de débiter les vers de leurs rolles sur le ton ni avec les inflexions et les ports de voix qu’ils jugent à propos d’emploïer. […] Ce qui achevera de montrer que le carmen comprenoit outre le vers, quelque chose d’écrit au-dessus du vers, pour prescrire les inflexions de voix qu’il falloit faire en les recitant ; ce sera un passage de Quintilien, l’auteur le plus grave qu’on puisse citer sur cette matiere. […] Ignoroit-il que ses comtemporains donnoient tous les jours, quoiqu’abusivement, le nom de carmen à des vers qui ne se chantoient pas, dont la déclamation étoit arbitraire, et dont les anciens appelloient la recitation une lecture, parce que celui qui les lisoit, n’étoit astreint qu’à suivre la quantité, et qu’il étoit le maître de faire en les récitant telles inflexions de voix qu’il jugeoit à propos.
Rien ne fit trembler dans sa main et ne ternit sous sa paupière le pur cristal de la lorgnette qu’il promenait sur tous les étages de cette grande salle de spectacle qu’on appelle le monde, et quand, de son encoignure, il se prit tout à coup à dire ce qu’il voyait, de cette belle voix d’or qui ressemble à la voix de Montaigne, mais sans ses fêlures et ses quintes, nulle des clameurs que soulève d’ordinaire la beauté d’organe du génie ne couvrit cette magnifique voix d’une si pleine et si merveilleuse résonnance !
La nuit suivante, l’ouïe se mit de la partie, et, ne dormant pas, il entendait ses images fredonner d’une voix lointaine, confuse, mélodieuse, de petites phrases musicales. […] Alors, de sa main dépliée, il embrasse pleinement cette main plus petite, il la sent dans la sienne, il palpe ces doigts, ce pouce, ces tendons, recouverts d’une peau souple, halitueuse et douce ; il arrive au poignet, mince et bien pris ; il sent parfaitement la tête du radius et cherche le pouls ; mais alors la figure à laquelle appartient cette main chimérique lui dit d’une voix fraîche, enfantine et souriante, mais sans relever la tête : “Je ne suis pas malade.” — L’alité allait lui demander : “Qui êtes-vous ?”
Albert Arnay Il y a dans ses poèmes d’étranges sonorités et des accords d’intimité berceuse comme des voix d’amante, de sœur on de mère au crépuscule des chambres. […] Pilon est l’un des poètes, de plus en plus rares, qui gardent au vers la plénitude qui contribue pour beaucoup à sa beauté… La voix de M.
Nous avons exposé en parlant de la musique, qu’elle devoit imiter dans ses chants les tons, les soupirs, les accens, et tous ces sons inarticulez de la voix, qui sont les signes naturels de nos sentimens et de nos passions. […] Nous ne sçaurions même prononcer avec affection les vers qui contiennent des sentimens tendres et touchans sans faire des soupirs, sans emploïer des accens et des ports de voix qu’un homme doüé du génie de la musique, réduit facilement en un chant continu.
» cria-t-il d’une voix perçante. « Le moment est venu ! […] Leur voix, assourdie, paraissait venir de très loin. […] Elle était si faible que sa voix assourdie s’éteignait. […] fit la voix de la Rouquine. […] dit une voix.