. — « Et moi », — dira-t-elle plus tard à Oreste, — « j’étais tenue à l’écart, méprisée, abjecte, chassée au dehors comme une chienne malfaisante ; et ma seule joie était de cacher mon deuil. » — Exclue du foyer, reléguée parmi les esclaves, Électre erre autour du palais maudit, couvant sa haine et nourrissant son espoir. […] Vois cette toile tissée par les mains, et les figures de lions qui y sont brodées. » — La sœur embrasse avec de tendres transports ce frère retrouvé, le seul amour qui survive aux pertes affreuses de son âme, toute autre affection en elle étant morte ou dénaturée. — « Ô douce lumière de mes yeux, toi qui as quatre parts dans mon cœur ! […] Ces larmes d’Électre, les seules qui ne soient pas amères, le rafraîchissent un instant. […] Les Choéphores ont arrêté Gilissa au passage : Clytemnestre l’a chargée de dire à Égisthe de ne rentrer au palais qu’entouré d’une escorte année : — « Garde-toi, — lui disent-elles, — de rapporter cela au tyran maudit ; prends un air joyeux pour qu’il t’écoute sans soupçon ; dis-lui de revenir seul et en hâte. […] En exécutant l’ordre d’Apollon, il prend son langage : il ne discute pas, il décrète ; on croit entendre la voix de l’Oracle répercutée par la grotte d’airain de son temple. — « C’est le destin, mon enfant, qui est le seul coupable !
Il sait que, lorsqu’il s’agit de lutter pour la liberté de l’intelligence et de la pensée, il n’ira pas seul au combat. […] Expliquons-nous pourtant, non pas avec la police à laquelle, moi, honnête homme, je défends de parler de ces matières, mais avec le petit nombre de personnes respectables et consciencieuses qui, sur des ouï — dire ou après avoir mal entrevu la représentation, se sont laissé entrainer à partager cette opinion, pour laquelle peut-être le nom seul du poëte inculpé aurait dû être une suffisante réfutation. […] Son seul passe-temps est d’entre-heurter sans relâche les seigneurs contre le roi, brisant le plus faible au plus fort. […] la malédiction du vieillard atteindra Triboulet dans la seule chose qu’il aime au monde, dans sa fille. […] Il n’est que trop vrai que ce vers a suffi pour que l’affiche déconcertée du Théâtre-Français reçut l’ordre de ne plus offrir une seule fois a la curiosité du public la petite phrase séditieuse : le Roi s’amuse.
Ils se firent de ces ouvertures de cœur, de ces épanchemens que les seuls dévots connoissent. […] On l’a défini le seul homme éloquent parmi beaucoup d’écrivains de génie. […] L’attention de Fénélon à lui renvoyer son amie, comme au seul oracle qu’il falloit consulter, avoit l’apparence du procédé le plus louable. […] Un écrivain célèbre observe que, dans le temps qu’on tenoit en France madame Guyon enfermée, on sollicitoit à Rome la canonisation de Marie d’Agréda, plus visionnaire elle seule que tous les mystiques ensemble. […] La seule chose qui le perdit à la cour, c’est sa réputation de quiétiste & d’homme à projets.
L’atomisme épicurien est le vrai et le seul matérialisme rigoureux, parce qu’il se représente les derniers éléments des corps sur le modèle des corps réels : ce sont pour lui comme de petits cailloux insécables qui composent toutes choses. […] Cette grande unité, en lui supposant un moi, n’en aurait qu’un seul, et ne se démembrerait pas en consciences diverses et séparées. Supposez l’être infini, un et homogène, supposez-le affecté de phénomènes multiples, supposez enfin qu’il ait conscience de lui-même, je le répète, il y aura en lui une seule conscience, une conscience totale et unique, mais non une pluralité de consciences fermées les unes aux autres, comme le sont les consciences humaines : d’où je conclus qu’entre l’unité primitive, s’il y a une telle unité, et la multitude infinie des phénomènes, il doit y avoir des principes d’unité distincts, des points de conscience. […] Le moi l’occupait tout entier, et la pensée de l’absolu et du divin semblait dormir dans les profondeurs de sa conscience : une note mystérieuse ajoutée aux Rapports du physique et du moral était la seule indication d’une tendance religieuse et déjà mystique qui devait se développer plus tard dans sa dernière phase philosophique. […] La distinction des deux sujets est le seul point fondamental ; quant à la participation de l’un et de l’autre (selon l’expression de Platon), vous pouvez la supposer aussi intime qu’il vous plaira, pourvu qu’elle n’aille pas jusqu’à l’absorption.
L’unique auteur qu’il introduisait, jouait-il seul une tragédie ? […] Il y a lieu de croire que, bien qu’un seul acteur parût et récitât, il supposait une action réelle, et qu’il venait, dans les intervalles du chœur, en rendre compte aux spectateurs, soit par voie de narration, soit en jouant le rôle d’un héros, puis d’un autre, et ensuite d’un troisième. […] Homère, guidé par la raison, n’en a choisi qu’une seule, qu’il a conduite jusqu’à vingt-quatre chants fort étendus. […] Un outrage vengé, dans le Cid, a enfanté seul ce chef-d’œuvre d’intrigue, que le public révolté, comme dit Despréaux, s’est obstiné à toujours admirer, malgré une cabale puissante, des raisonnements spécieux et quantité de visibles défauts. […] Les changements légers dont il peut ne pas s’apercevoir, sont les seuls qu’il permet au poète, et que le poète doit employer pour l’artifice de l’intrigue.
Mais ni la fatuité nonchalante, ni la superficialité sans gêne d’une Critique qui n’aime que les livres bientôt lus ou aisés à pénétrer, ne suffisent aujourd’hui pour expliquer l’étrange silence, très injuste selon moi, qui, relativement à son importance, enveloppe, pour le moment, un livre fait, de sujet seul, pour retentir, et dont le titre pour les partis ressemble à une provocation d’amour ou de haine. […] pour nous, avec notre faiblesse, notre seule espèce possible d’impartialité11. […] Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M. […] Plus que protestant, libre penseur, le seul vice de l’histoire de M. […] Or l’Église seule nous suffisait.
du loisir, de la vanité et de l’imagination impuissante essayant de se frotter à tous les objets pour se féconder, il y a par hasard un seul livre qui ait, lui, sa physionomie, ce n’est pas, soyez-en certain ! […] Peintre de talent sur la toile, que nous n’avons pas ici à apprécier, Eugène Fromentin est allé demander deux fois à l’Afrique ce que les peintres vraiment inventeurs trouvent par l’intuition seule de leur génie, fussent-ils culs-de-jatte, et voilà qu’une fois parti il n’a pu résister à la facilité de ce livre de tout le monde que chacun peut faire, et même les enfants et les femmes, car les femmes et les enfants aiment très fort à parler de leurs impressions personnelles. […] Il n’a rien de niais dans sa forme, qui peut être fausse et même cruelle pour les esprits délicats et fins, mais qui, du moins, a de la décision et du relief ; mais, dans sa pensée, il tient à ces badauds actuels qui rêvent une humanité nouvelle, haïssent la guerre, médisent de la gloire, repoussent toute répression un peu forte, et croient que les peuples peuvent se passer de grands hommes et sont eux-mêmes assez grands pour se gouverner parfaitement tout seuls ! […] Le seul mérite du livre est de simplifier cette question de livres de voyages que nous avons traitée aujourd’hui, et qui, grâce à la multiplication des voyages, devient un fléau littéraire des plus menaçants. […] , et cette bouche, n’y en eût-il qu’une seule, n’oubliera pas le nom du premier historien de la Commune et dira le nom de du Camp, que ses ennemis, qui en rugissent, sentent, dès tout à l’heure, immortel.
La plus grande merveille du génie grec, c’est que ce feu, longtemps unique sur un seul point du monde, étincelait de plusieurs foyers, épars à courte distance et variés dans leur éclat. […] Dans une telle vie cependant, toute aux arts, mais à des arts faits pour entretenir la passion, le seul intérêt touchant, la seule dignité qui pût ennoblir les transports d’une âme agitée sans cesse par la musique et la poésie, c’était la piété maternelle, la tendresse pour une fille, cette Cléis que le philosophe Maxime de Tyr avait nommée, et dont quelques vers retrouvés de Sapho nous parlent aujourd’hui : « J’ai, dit-elle, une belle jeune fille semblable, dans sa forme élégante, aux fleurs dorées, Cléis, ma chère Cléis. […] L’espérance de cette gloire, l’orgueil, non plus de la beauté, mais du génie, éclate dans quelques vers d’une pièce perdue71 : « Morte, tu seras gisante », dit la Muse lesbienne à quelque femme ennemie ou rivale ; « il ne restera de toi nulle mémoire dans l’avenir ; car tu ne touches pas aux roses de la montagne des Piérides ; mais tu iras, obscure, visiter les demeures d’Adès, t’envolant sur le sol des aveugles morts. » Une autre fois, devant des femmes qui, riches et belles, semblaient enivrées de leur destinée, elle parut plus fière encore, en disant « que les Muses lui donnaient, à elle, le vrai bonheur et le seul digne d’envie ; car, même dans la mort, elle ne serait jamais oubliée ». […] Nous l’ignorons ; mais il nous reste à deviner dans de maladroites analyses ou à sentir dans un seul chef-d’œuvre le génie dont elle fut inspirée.
Charles Bowen est une forme de l’hexamètre anglais, avec le dissyllabe final contracté en un pied d’une seule syllabe. […] Sur un seul point, nous serons en désaccord avec lui. […] La seule proposition originale que M. […] C’est le seul résultat que puissent obtenir des Bureaux scolaires. […] Je crois en un seul art en plusieurs parties, indivisible.
Si la foule qui s’ouvre devant l’homme fier qui passe, s’inclinait ou se prosternait et qu’on remarquât un seul homme debout, on dirait, voilà Mardochée. […] Un seul fléchit le genou ; le reste est debout, et l’on cherche en vain le personnage intéressant.
Il est clair que cette représentation du cheval ailé, étant seule, sans qu’aucune perception ni aucun souvenir la contrarie, constituera toute l’actualité pour l’intelligence de l’enfant : le cheval ailé sera présent pour l’enfant, et, à lui seul, sera tout l’objet de sa conscience : ce sera son univers, ce sera la réalité au-delà de laquelle il ne peut rien concevoir et contre laquelle il ne peut rien élever. […] Spinoza a donc parfaitement raison de dire que toute représentation non contredite est objectivée, affirmée comme elle est, par cela seul qu’elle est représentée. […] A quel mouvement de la volonté et des organes aboutit une vague sensation d’odeur, comme celle que Condillac prête seule à sa statue ? […] La question revient donc à savoir si le temps, à lui seul, exerce une influence. […] Au reste, répétons qu’une seule expérience peut suffire pour déterminer l’antécédent véritable d’un phénomène, si l’on est certain que cet antécédent est la seule condition nouvelle qui ait été introduite dans l’ensemble des conditions préexistantes.
Sa seule dissemblance avec Gœthe, c’est qu’il en a senti le poids. […] Il vit le plus souvent seul avec la nature. […] Il allait errer seul à l’écart et dans une rêverie sans charme. […] Seul, les fantômes m’assiègent… Ah ! […] Victor Hugo est le seul survivant.
Le seul acteur qui, après M. […] C’est la seule chose qui ne soit pas à discuter. […] Ces lettres l’ont elles un seul instant troublée ? […] Mais c’est là, à mon avis, la seule exception. […] Un seul ne triomphe pas de tous.
Cette Piece a donné lieu de nos jours à une petite supercherie qui n’a peut-être pas été la seule en ce genre. Un jeune homme qui l’avoit manuscrite, s’imagina qu’elle n’étoit point imprimée, & l’envoya à une Académie de Province, où elle eût remporté le prix, de l’aveu des Académiciens, sans un seul qui découvrit le plagiat & en avertit ses confreres.
La nature, la vue des choses ont seules donné l’impression à M. […] Ceux-là seuls qui se rapprochent de la brute sont contents et satisfaits. […] Le marquis seul tremblait. […] Il n’est pas un seul Français qui ne prit joyeusement part à ces deux anniversaires. […] Il faut qu’une seule main, ferme au dedans, afin d’avoir le droit de l’être au dehors, dirige les affaires.
Notre amateur n’a vu Préville qu’une seule fois. […] Elle reste seule, seule et pauvre, et la voilà bien étonnée de ne plus avoir un petit coin de terre à habiter, elle à qui autrefois appartenaient en propre, de si beaux domaines dans le pays des Climènes. […] » et à lui seul il tenait tout le spectacle avec un bruit, un enthousiasme, une fête ! […] Toi seul tu peux calmer cet esprit agité, De ce nuage épais, toi seul es la clarté ! […] Je ne veux point de temps, non, pas même un seul jour.
Il écrit pour lui seul dans son Journal : « … Quant à mes livres, ils n’en ont pas lu une ligne. […] Fauriel ne fit jamais son livre ; mais on eut des pages de son livre découpées en leçons, quand il eut à faire un Cours à la Faculté des lettres ; ce fut la seule manière dont on put les lui arracher, et, tels quels, ces précieux cahiers ont été publiés après sa mort (1846). […] Je souffre donc au dedans de moi, sans même songer à mes amis (à ses amis de France), de la seule pensée que les Français n’auront leurs propres lois, une liberté, un gouvernement à eux, que sous le bon plaisir des étrangers ; ou que leur défaite est un anéantissement total, qui les laisse, à la merci de leurs ennemis, quelque généreux qu’ils soient. […] L’homme d’esprit en lui, le philosophe avait parfois quelque remords de son bonheur qui lui ôtait de la curiosité : « Ma vie est heureuse, écrivait-il pour lui seul (26 février 1825), heureuse, mais uniforme ; je n’ai presque aucun désir qui me soit personnel ; j’ai aussi peu de craintes, sauf celles qui se rapportent aux destinées du genre humain. […] Cette ressemblance seule est trop frappante pour ne pas rendre inutiles tous les autres déguisements. » — C’est là un admirable morceau de critique et le jugement définitif sur Adolphe que Sismondi a écrit sans y songer.
De plus érudits, en y regardant, diraient sans doute la source des autres pièces, qui doivent être le produit facile d’une seule et même méthode13. […] La rosée ajoutée aux roses par le vieux poëte français est une grâce de plus, que la rime seule peut-être lui a suggérée. […] Il ne faut pourtant pas s’attendre, même de sa part, à une délicatesse de goût qui n’existait pas alors, ni à une longue suite de bons vers, tels qu’il n’était donné d’en produire, à cette date, qu’à la seule veine fluide de Marot. […] Le seul Mellin de Saint-Gelais survécut, mais il avait assez à faire de se maintenir lui-même contre le flot des poëtes survenants. […] Bonaventure des Periers n’y entrerait qu’avec une seule pièce, Gohorry, avec une seule stance ; le bon jurisconsulte Forcadel, un peu étonné, s’y verrait admis pour avoir une seule fois, je ne sais comment, réussi dans un dialogue rustique amoureux , traduit de Théocrite.
J’y étais seul, pendant un séjour que mon père, ma mère et mes sœurs étaient allés faire en Bourgogne, chez l’abbé de Lamartine, dans sa terre auprès de Dijon. […] Ce sera la seule révolution durable, la révolution de la vertu ! […] Nous n’eûmes plus un seul rapport ensemble, soit en Angleterre, soit en France. […] Janvier d’entrer seul, et quant à moi elle m’annonça que sa maîtresse ne pouvait pas me recevoir. […] C’est la seule blessure que j’aie jamais reçue dans ma vie, et par une femme à qui je venais offrir mes services.
Ils vont : et, quand s’endort la splendeur de leurs glaives Un chœur de harpes sur le seul rhythme serein Remémore l’horreur de l’Idéal des rêves. […] Pour la première et la seule fois, Richard Wagner nous apparaît vacillant, se contredisant ; placé entre la nécessité de subvenir à la vie quotidienne et la pratique d’un métier qu’il abhorre, entre la possibilité de la renommée et le rêve d’une gloire inimaginable, il hésite. […] Son désespoir était souvent tel, que « de nouveau il tournait les yeux vers Paris » (Tappert, Biogr. : 48) ; ou bien il allait à Berlin, faire répéter Rienzi, qu’il aurait préféré qu’on ne donnât pas, et la seule fois de sa vie, il essaya par le mensonge, la flatterie, l’hypocrisie, d’obtenir les bonnes grâces des personnes influentes, ce qui eut peu de succès, puisqu’il ne savait pas assez bien mentir (1847, — IV, 370). […] Il en résulte que Lohengrin est une œuvre, — la seule de Wagner— qui ne soit pas entièrement sincère. […] Le rôle de Mime seul a été très bien tenu ; exécution médiocre ; succès restreint.
Pourquoi les admirateurs du Chantre d'Henri IV se sont-ils tant pressés de lui attribuer l'honneur exclusif d'avoir donné le seul Poëme épique dont notre Nation puisse se glorifier ? […] Le seul genre où il est véritablement incomparable, est celui qu'on appelle Poésies légeres, ou Pieces fugitives. […] Dès qu’il trouve la moindre trace de superstition, il étale un air de triomphe ; il proscrit les abus avec un ton de confiance propre à persuader qu’il est le seul à ignorer, ou à feindre d’ignorer qu’on les a condamnés avant lui. […] Nous ne parlerons pas de la Princesse de Babylone, Roman plus satirique que moral, plus ordurier qu’ingénieux : le désœuvrement & le libertinage peuvent seuls procurer des Lecteurs à cette Production indécente & médiocre. […] Ils savent, d’après des principes invariables, fortifiés par une expérience constante, que le beau seul & l’honnête peuvent soutenir les épreuves du temps.
Toute idée, toute image a une force de projection et d’objectivation : cette force tend à s’imposer et s’impose en effet quand elle est seule. […] Mais il est rare qu’une image soit seule, qu’une idée soit ce qu’on appelle une idée fixe : n’oublions pas qu’une foule d’autres images luttent pour la vie et exercent leur pression sur l’image actuellement dominante, en déployant dans la lutte des intensités variables. […] L’association des semblables et la reconnaissance des souvenirs, dit Spencer, sont « un seul et même acte ». […] Spencer lui-même finit par reconnaître que « le changement incessant n’est pas la seule chose nécessaire pour constituer une conscience et une mémoire ». […] Aussi le contraste s’établit-il tout seul entre la perspective d’images faibles constituant le passé et le tableau d’images vives constituant le présent, comme font contraste au grand soleil mon corps et son ombre, parce que les différences sont données ensemble et éclairées d’une même lumière.
Il convient de noter à cette occasion que les nations ne sont pas les seules collectivités qui existent. […] Mais par le seul fait qu’ils se groupent, l’idée commence déjà de se contredire elle-même, car ce troupeau de faibles, réuni en un organisme, devient une force avec laquelle bientôt il faudra compter. […] On jugeait, en effet, qu’il n’était pas seul offensé par un crime qui mettait en péril le bonheur et la sécurité de tous les ascendants. […] En Grèce, Solon permit de tester à celui-là seul qui n’avait pas d’enfant. […] Le frère, seul héritier, pouvait à son choix épouser sa sœur ou la doter.
Sainte-Beuve a des qualités, je ne veux pas le nier, qui servent beaucoup à la critique, mais qui à elles seules sont impuissantes à la constituer. […] Il n’en est pas un seul où il se soit montré le critique, dans toute la portée et la plénitude de ce mot. Il n’en est pas un seul où il ait été, fût-ce une fois, ce qu’il a été par exemple une fois comme poète. […] Des Mémoires étaient le seul livre qu’il pouvait complètement bien faire : Et il n’en aura pas laissé ! […] Les gens qu’il attaque, ses confrères d’institut, les ministres, auxquels il met des épingles — son seul genre de poignard — dans le dos, me sont de la plus mortelle indifférence.
Mais il n’a pas plongé une seule fois dans les entrailles de cette société corrompue et à la corruption de laquelle ses chefs ont si misérablement travaillé ! […] On ne vit jamais tant de gens sérieux que sous la Régence et peut-être n’y a-t-on pas ri une seule fois. […] Capefigue a signalés contre elle, subsiste toujours cet adultère royal, certain, authentique, ineffaçable, qui suffirait seul pour interdire jusqu’à l’idée d’une réhabilitation à tout esprit droit. […] Capefigue avait cru repétrir la statuette, j’imagine, pour le seul plaisir d’y toucher. […] Cela seul suffirait pour qu’elle eût droit, comme concubine adultère d’un roi, à tout le mépris de l’histoire, et comme victime parmi les trente mille victimes (plus ou moins peut-être) que la Révolution égorgea, à son trente millième de pitié !
Bien souvent on caractérise avec un seul trait. […] Une seule lui a manqué, précisément celle-là sans laquelle toutes les autres tournent en ruine. […] » Au lieu de prendre ce parti qui était le seul pour être lu, M. […] Il disait l’autre jour, convaincu et aimable, et sous l’influence d’un bon dîner, au duc de Luynes : « Nous sommes, vous et moi, les seuls gentilshommes qui restent à cette heure ! […] Seul détail gracieux de cet amour qui commença alors, mais qui resta voilé, jaloux, reprochant, presque maussade, seul parfum qui se dégagea de cette froide fleur de nénuphar, éclose sur un immense lac d’ennui !
Dans la réalité on passe de l’individu à l’être social, de l’effet à la cause, par des transitions insensibles ; tout cela est inextricablement mêlé, sans être pourtant une seule et même chose. […] Dans le seul domaine de la science nous voyons la marée montante des médiocrités, la surproduction fiévreuse où la « recherche de la vérité » masque plus ou moins l’envie de parvenir ; en tous pays les professeurs ont constaté chez leurs étudiants la préoccupation grandissante de l’examen aux dépens des études désintéressées. […] et dans nos Salons combien de médiocrités admises pour leur seule « intention » ! […] Chacune des solutions a ses défenseurs ; aucune ne me semble juste, à elle seule, mais l’une n’exclut pas l’autre. Il m’est impossible de concevoir un individu isolé, renonçant à un trésor séculaire et prétendant le remplacer par son seul effort ; il serait condamné à la fantaisie stérile, au bégaiement puéril.
Le seul qui soit connu par l’intérêt des matieres, est celui qui a pour titre, Causes célebres, en vingt volumes in-12. […] Garsault a réduit cet Ouvrage énorme en un seul volume, sous le titre de Faits des Causes célebres & intéressantes.
L’exemple de Nodier est là qui les réfute aujourd’hui et de la seule manière convenable en telle matière, c’est-à-dire qui les réfute avec charme. […] Depuis que je vieillis, et qu’une femme, un ange, Souffre sans s’émouvoir que je baise son front ; Depuis que ces doux mots que l’amour seul échange Ne sont qu’un jeu pour elle et pour moi qu’un affront ; Depuis qu’avec langueur j’assiste à la veillée Qu’enchantent son langage et son rire vermeil, Et la rose de mai sur sa joue effeuillée, Je n’aime plus la vie et j’aime le Sommeil ; Le Sommeil, ce menteur au consolant mystère, Qui déjoue à son gré les vains succès du Temps, Et sur les cheveux blancs du vieillard solitaire Épand l’or du jeune âge et les fleurs du printemps. […] C’est pour moi qu’elles vont ; c’est moi seul qui les charme, C’est moi qui les instruis à ne rien refuser. […] C’est un honneur de ce pays-ci et de cette France, on l’a remarqué, que l’esprit, à lui seul, y tienne tant de place, que, dès qu’il y a eu sur un talent ce rayon du ciel, la grâce et le charme, il soit finalement compris, apprécié, aimé, et qu’on sente si vite ce qu’on va perdre en le perdant.
Les princes traînaient derrière sournoisement, et le laissaient seul, afin, disaient-ils, de lui faire moins de poussière. Seul il traversait les ennuyeuses forêts du Maine, de méchants bois pauvres d’ombrage, les chaleurs étouffées des clairières, les mirages éblouissants du sable à midi. […] Il était seul parmi des traîtres… Qu’avait-il fait pourtant, pour être ainsi haï de tous, lui qui ne haïssait personne, qui plutôt aimait tout le monde ? […] Dans Corneille, des faits de conscience produisent des actes, qui donnent naissance à de nouveaux faits de conscience, jusqu’à ce qu’on atteigne par ces actions et réactions successives à l’événement final Dans Racine, des faits de conscience engendrent d’autres faits de conscience, pour n’aboutir en général qu’à un seul acte physique, qui est le dénouement.
Le peuple, sauf un seul jour, ne paraît pas. […] L’idée de la fonction sociale de la royauté s’efface : on ne voit plus que l’exploitation de tous par un seul, le sacrifice de tous les intérêts aux passions d’un seul. […] On croit bonnement que la société peut se refaire par une simple opération de raisonnement, et que les faits se mettront tout seuls d’accord avec les vérités idéales.
Car la suppression du christianisme, d’un idéal religieux qui fournit une règle de vie avec une espérance de bonheur ultra-terrestre, mais infini, cette suppression seule explique la fureur de zèle humanitaire avec laquelle les philosophes veulent refaire la société pour mettre dans cette vie toute la justice et tout le bonheur. […] Seul à l’Académie, il vota contre l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre, contre cette mesure d’hypocrite servilité. […] Il avait montré — avec une pénétration peut-être imprudente — que toutes les pièces de la tradition se tiennent, que l’on ne peut commencer à refuser soumission à l’Église sans aller jusqu’à l’incroyance absolue, que la négation, logiquement, doit gagner de dogme en dogme jusqu’à ce que rien du dogme ne subsiste, et que les seuls sociniens sont conséquents, qui sont arrivés à dépouiller la religion de tous les mystères. […] Ceux-ci ne touchaient plus seulement, comme les Bénédictins, aux ornements de la religion, mais à ses fondements, qu’ils ébranlaient par le seul emploi d’une méthode qui écartait la tradition de l’Église comme une idée préconçue.
Mais il est, lui, profondément désolé, parce que cela va le déranger dans ses habitudes et parce qu’il n’aura plus sa femme à lui tout seul… L’enfant vient au monde. […] Il se dit : « Vivre pour les autres, oui, c’est là le but de la vie. » Il nous raconte alors l’histoire d’une vieille demoiselle qu’il a connue dans son enfance, qui a passé ses jours à se dévouer, et qui, seule, paralytique, presque pauvre, sans une joie extérieure, a vécu sereine à force de résignation, de douceur et de charité. […] Édouard Rod est bien de mon avis : et, la seule fois où il ait connu une vraie douleur, il n’a pas craint de confesser la vanité des autres. […] Alors son orgueil s’écroule enfin, il sent peser sur lui comme un poids matériel le vide dont il s’est entouré et qui l’absorbe ; il se révolte contre la tyrannie de son intelligence dont il a fait une inexpugnable forteresse… En vain … et pour s’être complu en lui-même, il est éternellement isolé en lui seul. » Cela est fort bien dit, et c’est cette misère qui a inspiré à M.
Surtout, où trouvera-t-il ce recours quand l’État, scion la tendance qu’il semble manifester, aura résorbe tous les pouvoirs et toutes les fonctions sociales, quand il sera devenu le seul éducateur, le seul employeur, le seul administrateur, quand tous les citoyens seront ses fonctionnaires ? […] Mais quand l’État sera le seul employeur, le simple fait de grève sera un délit de lèse-État.
L’appréhension de lui déplaire était la seule chose que craignait l’armée romaine ; jamais les soldats ne méprisèrent autant l’ennemi et ne redoutèrent si fort leurs chefs ; jamais ne furent tous ensemble si ders et si dociles, ne se débordèrent avec tant d’impétuosité à la campagne, et ne reprirent leur place dans le camp avec moins d’apparence d’en être sortis. […] Il croit que ce mot, chez les Romains, s’entendait principalement de la science de la conversation et du don de plaire en bonne compagnie ; que les Grecs ont abusé de cette connaissance, et que les seuls Romains, même en Italie, en ont connu le vrai et le légitime usage. […] Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté. […] Mais dans une monarchie ancienne dont rien ne menaçait l’existence, où les affaires publiques étaient gouvernées par un pouvoir héréditaire, où une grande fortune donnait de longs loisirs, où des études suivies étaient le plus sûr moyen d’éviter les ennuis du désœuvrement, où la culture de l’esprit pouvait seule assurer des jouissances à l’âge mûr et à la vieillesse, les études de la marquise de Rambouillet étaient éminemment raisonnables.
deux questions pour lesquelles il s’est élevé sur le Parnasse une double guerre civile, & que je traiterai dans un seul article à cause de leur rapport. […] On s’appuya de l’exemple de ce beau génie pour la faire employer partout, & la rendre désormais le seul langage d’Apollon. […] Deux syllabes ont toujours la double valeur d’une seule dans l’énumération des pieds & dans la prononciation. […] Le mauvais poëte, celui qui veut porter un poids au-dessus de ses forces, tombe seul dans cet inconvénient.
Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance. […] Le seul reproche qu’on puisse peut-être lui adresser, à cette plume pure qui finit par être trop pure, c’est la perfection, que j’ai déjà signalée, de ses personnages. […] Certes, ce n’est pas Mme Sand, par exemple, qui aurait écrit une seule ligne de ce roman de Dosia ; ce n’est pas elle qui aurait fait partir une seule de ces fusées !
Frères par la pensée comme par le sang, espèces de Ménechmes littéraires, tellement semblables (du moins quand on les lit) qu’on ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence, et qu’ils semblent n’avoir à eux deux qu’une seule plume et qu’un même cerveau, MM. de Goncourt, pleins de confiance en eux-mêmes, par amour fraternel sans doute, — ce qui les préserve de la fatuité, — se sont dit un beau jour, après avoir collectionné des anecdotes et jeté l’épervier dans les courants les plus ignorés du renseignement, qu’ils étaient en mesure d’écrire cette œuvre immense, de détails concentrés et d’ensemble, que l’on appelle l’histoire d’une société. […] L’histoire d’une société, c’est-à-dire l’histoire des idées, des sentiments et des influences, qui font les mœurs et qui les changent, et, pour tout exprimer avec le seul mot qui convienne : l’histoire de l’Histoire ! […] Et pourtant ces deux jeunes gens, qui n’ont pas craint de se mesurer avec un sujet formidable et de s’adonner au seul genre d’histoire, l’histoire des mœurs, que Malebranche ne méprisait pas, ces deux jeunes gens, de si bonne volonté et de tant de courage, ne manquent, croyez-le bien ! […] Un mot aurait suffi, et nous avons même pensé un instant à ne dire qu’un seul mot, mais nous nous sommes ravisés, et puisque ces MM. de Goncourt ont le bonheur d’être jeunes, le hasard d’avoir du talent… quelquefois, et le projet d’écrire encore une histoire de la société sous le Directoire, nous avons cru utile et sympathique de leur rappeler que pour une œuvre si sévère et si grande il faut étreindre comme on embrasse ; — qu’il faut plus que de lier ou d’éparpiller des glanes d’anecdotes et d’être, après coup, les Tallemant des Réaux proprets et fringants d’une époque dans laquelle on n’a pas même le privilège d’avoir vécu.
Tous, au contraire, en supputant sur leurs dix doigts les dommages faits à la France de l’industrie par la politique de Louis XIV, trouveront sérieusement moins grand ce grand homme à la lueur tremblotante de leurs chiffres… Et quoique Weiss n’ait pas dans l’âme cette profondeur de rancune qui attend le moment pour frapper et fait jeter un livre à la foule, comme Ravenswood, dans Walter Scott, jette sur la table la tête coupée de son taureau, l’auteur de l’Histoire des réfugiés aura peut-être, en fin de compte, le mieux vengé le protestantisme en démontrant placidement, et d’un ton très doux, à une société qui ne croit plus guères qu’à des chiffres, qu’économiquement la révocation de l’Édit de Nantes fut une grande faute, — car, en faisant cela, il aura insurgé contre Louis XIV la seule chose qui soit vivante et qui ressemble à une passion dans notre temps ! […] On eût dit qu’à partir des commencements de la monarchie cette question s’endormait par moments, puis avait ses réveils de lion, avec quelque grand homme qui tout à coup venait à naître… Quand Charlemagne conférait le baptême sous peine de mort ; lorsque Louis XI frappait la féodalité à la tête ; lorsque Catherine de Médicis ne craignait pas de laisser peser sur sa mémoire l’effroyable décision de la Saint-Barthélemy ; quand Richelieu, plus tard, abattait de la même main les restes de l’aristocratie féodale et le protestantisme de son temps retranché dans la Rochelle, achevant à lui seul la double besogne de Louis XI et de Catherine de Médicis, nulle de ces grandes têtes politiques n’avait cédé à des passions vulgaires. […] Ce reproche, qui s’applique sans nul doute à la guerre de la succession d’Espagne, montre combien la faculté politique est muette chez Weiss ; car c’est un fait maintenant acquis, et grâce à des travaux récents très complets, que sur cette question de la succession d’Espagne Louis XIV soutint la seule politique qui convînt à la nature des choses, au droit européen et à l’intérêt de la France. […] Au point de vue de la recherche et de la recherche acharnée, Weiss est le plus laborieux historien ; son érudition est immense, et les livres seuls ne l’ont pas faite.
Les curieux seuls le lisent, et parmi ces curieux (le petit monde est bâti sur le grand) vous trouvez une majorité de connaisseurs qui se fourre l’idée du chansonnier à califourchon sur le nez et qui ne voit plus clair à travers de pareilles lunettes. […] Aimer sa femme et se vanter de l’aimer, ce qui est plus fort dans le temps où l’épicurisme de Richelieu et du chevalier de Faublas était à la mode, double courage en ce grivois de chansonnier si profondément à part de son époque, de son théâtre, et du genre de génie qu’il avait, mais qu’il n’avait pas seul ! […] comme il lui prêche la séduction de ses chefs par ce charme de la flatterie, le seul charme qui n’ait pas besoin d’être délicat. […] Collé est peut-être le seul homme dont il parle dans son livre qui n’y soit pas flatté, tandis que toute la littérature de notre temps y est l’objet des plus amples révérences et d’un moulinet de flatteries qui atteint toutes les oreilles.
Ce fut l’esprit, l’esprit tout seul : L’esprit, l’aigle vengeur qui plane sur la vie, comme a dit un poète de ma connaissance, — et qui la vengea ! […] Elle avait, à elle seule, la grâce bonne enfant du délicieux prince de Ligne, l’image opulente de Rivarol et la morsure de Chamfort. […] De cela seul qu’ils étaient hommes de lettres, Voltaire, le prince de Ligne, Rivarol et Chamfort, ont pu sauvegarder beaucoup de leur esprit, puissancialisé par la causerie et qu’ils ont jeté dans leurs livres. […] III C’est cet empire de l’esprit seul et réduit à lui-même, exercé si souverainement et si longtemps par une coquine méprisée, honnie, exécrée et laide, qu’il fallait détacher, pour l’expliquer, de tout ce qui n’était pas cet empire.
N’y aurait-il qu’une âme — une seule âme — qui sentît la beauté de ces lettres et le charme de leur pureté, qu’il faudrait les publier pour cette seule âme ! […] Lui seul, qui a dit si grandement celle d’Henriette d’Angleterre cherchant par toute l’Europe des poitrines et des canons qu’elle pût envoyer à son mari, Charles Ier, combattant pour sa couronne et pour sa race, serait digne de raconter cette autre Odyssée de Mademoiselle de Condé, errante aussi par toute l’Europe pour trouver un monastère dans lequel elle pût rester agenouillée devant Dieu et attendre ainsi son éternité… S’être immolée dans son amour lui avait donné la soif de toutes les immolations. […] D’après les lettres seules de Mademoiselle de Condé, La Gervaisais, malgré l’auréole de son amour qu’elle lui met autour de la tête, fait l’effet d’un homme meilleur peut-être que les hommes de son temps, mais affecté pourtant des vices de son temps.
Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité ! […] Une telle manière de voir et de lire dans l’histoire n’est pas, du reste, reprochable aux anglicans seuls. […] Toutes questions redoutables que les Mémoires historiques sur l’Australie pressentent, et que les événements résoudront seuls dans un temps plus ou moins éloigné. […] La seule chose qu’il ait négligée, c’est la description de l’Australie considérée au point de vue des sciences naturelles et de la recherche de l’or ainsi qu’on l’y pratique maintenant.
De même, tous ceux qui écrivent dans la Revue des Deux Mondes ne se font rien sauter du tout, ni à eux ni aux autres, mais deviennent, même les gens d’esprit, considérablement ennuyeux de cela seul qu’ils y écrivent. […] Tout seul, — chez lui, — en ces deux volumes, — nettoyé et essuyé du contact de Buloz, Rémusat paraît moins ennuyeux et moins torpéfiant qu’il ne l’était à la Revue des Deux Mondes, où il se maléficiait, sans doute, du voisinage de ses confrères, et faisait cascade pour son compte dans le vaste ennui épanché par tous. […] Il faut lire la préface qui précède ces études, et l’on aura, par cette seule préface, le diapason d’un livre qu’on pourrait appeler Souvenirs et Regrets, du nom de la fameuse gravure qui fait le bonheur des bourgeois. […] Rien, d’esprit, moins historique… De cela seul qu’il est un philosophe, Rémusat méconnaît le beau côté historique de l’Angleterre, pays avant tout de tradition et de coutumes, et qui a le bon sens et l’honneur de tenir même à ses préjugés, pour peu qu’ils soient séculaires.
En 1633, le commandeur du Jars et d’autres sont condamnés à perdre la tête ; un seul a sa grâce sur l’échafaud ; tous les autres sont exécutés. […] Il n’y a point de loi ; on déterre une vieille loi dans le code romain, rendue par des ministres despotes, sous deux princes imbéciles, employée une seule fois en France, sons un tyran. […] Ce n’est pas qu’on prétende attaquer ici les qualités que peut avoir ce ministre ; on convient qu’il eut du courage, un grand caractère, cette fermeté d’âme qui en impose aux faibles, et des vues politiques sur les intérêts de l’Europe ; mais il me semble qu’il eut bien plus de caractère que de génie : il lui manqua surtout celui qui est utile aux peuples, et qui, dans un ministre, est le premier, s’il n’est le seul. […] Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.
Parfois un couple s’y dissimulait, trahi aux intervalles de silence par son seul chuchotement. […] Georges d’Esparbès, explosant de lyrisme, ambitionnait de n’œuvrer que dans le seul sublime. […] Il jugeait de haut et, d’un seul mot, clouait ses désaveux au front des faux talents.
. — Chacun d’eux est un idiome spécial construit pour représenter un seul ordre de faits. — Théorie générale des sens. — Tous sont des idiomes. — Le sens du toucher est un idiome général. […] Par un heureux coup de chimie psychologique, nous la retirons du composé ternaire où l’enfermait le cours ordinaire des choses et où la théorie seule la démêlait. […] — Et cependant, de cette seule donnée qu’il est chimique, nous pouvons conclure quelque chose sur la composition des sensations que, par l’entremise du nerf, il éveille en nous. […] Ainsi les quatre sens spéciaux sont quatre langues spéciales, chacune appropriée à un sujet différent, chacune admirable pour exprimer un ordre de faits et un seul ordre de faits. […] La seule chose que les faits attestent, c’est que les trois sortes de sensations ont des conditions spéciales, et que ces conditions peuvent être détruites isolément. — Quelles sont ces conditions ?
. — Les seuls éléments réels de notre être sont nos événements. […] Un seul d’entre eux naîtra à chaque moment ; les autres, en nombre illimité, ne naîtront pas. Ils resteront à la porte ou sur le seuil ; l’autre, l’unique, le privilégié, entrera seul et fera seul partie de moi-même. […] Par cette opération plus ou moins perfectionnée, nous embrassons de très longs fragments de notre être en un instant et pour ainsi dire d’un seul regard. […] Il n’en est pas une dont la présence, la portée et les bornes ne nous soient manifestées à chaque heure, de sorte que son idée est associée à l’idée du moi par des anneaux à chaque heure reforgés et fortifiés. — Ajoutez au souvenir de mes événements et à l’idée de mes pouvoirs une dernière idée également renouvelée et affermie à chaque instant par l’expérience, celle de ce corps que j’appelle mien et qui se distingue par des caractères tranchés de tous les autres, étant le seul qui réponde à mon attouchement par une sensation de contact, le seul dont les changements puissent sans intermédiaire provoquer en moi des sensations, le seul en qui ma volonté puisse sans intermédiaire provoquer des changements, le seul en qui les sensations que je m’attribue me semblent situées.
L’intelligence est seule capable de concevoir l’unité ; seule elle est capable de l’introduire dans le monde social. […] Cela est si vrai que M. de Gobineau regarde la race comme le seul fondement possible d’une unité intellectuelle et morale véritable. […] Seule, d’après lui, la race unifie les intelligences. […] Cette dernière intuition est à nos yeux la seule intéressante, parce qu’elle est la seule que nous expérimentions véritablement en nous. […] Il en résulte que même ses idées personnelles qui sont les seules qu’il accepte sont aussi repoussées par lui.
Par suite de l’une des propriétés de la langue de Flaubert, de n’employer par idée qu’une expression, un seul vocable représente chaque fonction grammaticale et s’unit aux autres selon ses rapports, sans appositions, sans membres de phrase intercalaires, sans ajouture même soudée par un qui ou une conjonction. […] Seul, avec les plus grands des psychologues russes, il saisit les personnes successives qui apparaissent tour à tour au-dehors et au dedans de chaque individu. […] Soit par l’harmonie de phrases supérieures à leur sens, soit dans la grandeur d’âmes douloureusement séparées du commun, soit dans l’évocation d’époque mortes et sublimées dans son esprit en leur seule splendeur et leur seule horreur, il sut s’éloigner de ce qui existe imparfaitement. […] Quand je découvre une mauvaise assonance ou une répétition dans une de mes phrases, je suis sûr que je patauge dans le faux ; à force de chercher, je trouve l’expression juste qui était la seule et qui est, en même temps, l’harmonieuse. » (Ib. […] L’influence des acquisitions verbales sur les idées me semble le seul moyen d’expliquer l’unité des écoles littéraires, surtout de la romantique, l’unité même d’une nation formée d’éléments ethniques divers et notamment l’assimilation rapide des étrangers naturalisés.
Agathon, Aristophane et Socrate étaient seuls éveillés, et buvaient tour à tour, de gauche à droite, dans une large coupe. […] La gaieté, voilà le signe, le seul signe où se marque la franche comédie. […] Il y a des cas où la gaieté comique serait tout à fait déplacée, et où le ridicule doit paraître seul dans sa franchise et sa simplicité toute nue ; mais il va sans dire que cette exception ne s’applique jamais aux pièces de théâtre. […] Sans jamais tendre notre esprit par aucun effort d’attention soutenue, sans nous attacher même par aucun intérêt sérieux, son théâtre nous retient par les seuls attraits d’une poésie et d’une gaieté toujours épanouies. […] Le répertoire comique serait bientôt épuisé, s’il n’y avait qu’un seul caractère pour chaque passion.
Seuls, M. […] Et c’est, à être franc, la seule excuse de tous ces papotages. […] Ici-bas, le mieux ne se rencontre jamais ; le pire seul arrive. […] Pour la fécondité, peut-être (Le seul énoncé des livres de M. […] Seuls marque un progrès.
Le seul défaut qu’on y trouve, consiste dans une indiscrete profusion d’éloges ; tous les Auteurs y sont loués : c’est le moyen de n’en louer véritablement aucun. […] Une critique juste & réfléchie peut seule donner du poids à la louange, & quiconque n’a pas le courage de blâmer quelquefois, s’expose à l’être lui-même comme un fade adulateur.
Il eût mieux fait de ne pas voltiger sur tant d’objets différens, & de s’attacher à un seul genre, pour le conduire à sa perfection. […] N’eût-il pas mieux valu pour sa gloire, nous le répétons, qu’il se fût borné à un seul genre, & eût employé, pour s’y former, tout le temps qu’il a perdu à composer des Brochures éphémeres ?
C’est cela seul qui l’irrite. […] Jusqu’au dernier moment il persiste dans cette attitude ; car lorsque Alceste, pour un autre motif que l’infidélité de Célimène, veut fuir le monde, soit avec Célimène, soit tout seul (v, 1), l’intérêt de Philinte serait de le laisser aller, soit avec Célimène, soit seul, pour qu’Eliante se trouvât en face du seul Philinte. […] Remarquez en effet que le seul personnage sympathique de la pièce est Camille. […] Trois enfants d’un seul père en un jour fauchés par la guerre. […] Pas une seule fois Dorante ne dit à Lysidas : « Eh !
Un cri étouffé, le dernier et le seul. […] Le hasard seul avait fait de l’un le fils du comte X…, de l’autre le fils de la paysanne. […] cria-t-il une seule fois. […] Un seul pourtant se défendait encore. […] Si je connais un seul des états que font ces gens-là, ne comptez plus sur mon amitié.
Il en était transporté, il se faisait illusion à lui-même, et vivait ainsi seul à seul avec le sublime, comme un guerrier pontife qui, dans son armure rigide, ou dans sa chape étincelante, se tient debout face à face avec la Vérité. […] Le sectaire et l’écrivain sont un seul homme, et on va retrouver les facultés du sectaire dans le talent de l’écrivain. […] L’extase seule rend visibles et croyables les objets de l’extase. […] Des compliments philosophiques et des sourires moraux. « Je cédai, dit Ève, et depuis ce temps-là je sens combien la beauté est surpassée par la grâce virile et par la sagesse, qui seule est véritablement belle ! […] Elle se mutine avec une petite pique de vanité fière, comme une jeune miss qu’on ne voudrait pas laisser sortir seule.
Le seul honnête homme est George III, un pauvre lourdaud borné qui devint fou, et que sa mère avait tenu comme cloîtré pendant sa jeunesse. […] Ils sont recueillis, vivent beaucoup en eux-mêmes et pensent tout seuls. […] L’esprit puritain attiédi couve encore sous terre et se jette du seul côté où se rencontrent l’aliment, l’air, la flamme et l’action. […] La haute spéculation, qui seule peut en tenir lieu, s’est montrée ou déclarée impuissante. […] « La seule idée de fabriquer un nouveau gouvernement suffit pour nous remplir de dégoût et d’horreur.
Mon imagination me la représente au milieu de nous, travaillant à quelque ouvrage destiné à l’une de ses filles, égayant nos soirées par sa conversation si piquante et si variée, tantôt racontant, avec une originalité qui lui était particulière, mille histoires plaisantes, ou qui nous le paraissaient, parce qu’elle leur prêtait un charme qu’elle seule savait donner, tantôt animant la société par une discussion sérieuse qu’elle savait de même, et selon la convenance, ou prolonger avec intérêt, ou terminer avec saillie. […] Trop faible pour se soutenir dans sa vieillesse par ses seuls souvenirs, elle ne crut pas qu’il fallût cesser d’aimer avant de cesser de vivre. […] La raison austère et détrompée pouvait quelquefois sourire de cette éternelle jeunesse de son cœur ; mais ce sourire était sans malignité, et sur la fin de sa vie Mme d’Houdetot trouva encore dans le monde cette indulgence affectueuse que l’enfance aimable paraît avoir seule le droit de réclamer. […] Le lendemain matin, à leur départ, la Gloire ne put parvenir à graver mon nom sur son marbre ; l’Amour, après l’avoir tracé sur ses tablettes, l’effaça bientôt en riant : l’Amitié seule me promit de le conserver dans son livre. […] Je me hâte d’en sortir, car je vois d’ici les vrais témoins, les seuls qui ont vécu et qui savent, et ils sourient.
L’abus de leur corps avait totalement aboli en elles le désir : apaisées, endormies, amorties, angélisées, la seule approche de l’ancien péché les eût fait s’évanouir d’épouvante. […] Autant que j’en puis juger sur une seule épreuve, M. […] À un seul moment, le poète estompe les objets. […] Et, seuls vivants dans un pauvre paquet d’os et de muscles ankylosés, noués en boule dans une corbeille, les yeux d’une rachitique roulent, désorbités, effrayants du désir de vivre, de la volonté de guérir… » Mais il faut tout lire. […] Ce fut ainsi pourtant… Seul maintenant, sans honneurs, je survis à ma divinité.
De grands yeux noirs, sans innocence, protestaient seuls contre la pureté de cette physionomie virginale ; peut-être aussi la mobilité frémissante des narines, ouvertes à l’air, comme à l’aspiration d’un parfum. […] Seul Armand reste avec elle. […] Le mépris seul peut la séparer d’Armand. […] Le seul reproche qu’on puisse faire à l’auteur est d’avoir réhabilité trop pleinement un type dont il connaissait si bien le vice organique. […] Et puis, quand tout ce monde est sorti et qu’elle se retrouve seule avec l’amant, pour la gloire duquel elle vient d’endurer ce martyre, alors ce sont des ardeurs, des humilités, des tendresses !
C’est elle que la Critique, qui est une alchimiste aussi, doit, comme l’alchimiste de Rembrandt, montrer d’abord dans son œuvre, à travers ce flacon rose et noir taillé et orné par sa main d’artiste ; plus précieuse qu’elle est à elle seule, l’originalité, que tous les détails charmants du flacon, puisqu’elle en est la vie et l’âme ! […] Jack est écrasé par le fait seul de sa naissance, dont les conséquences sont effroyables, et l’auteur, qu’il veuille ou non être chrétien, croit, comme nous autres chrétiens, à ce dont rient les libres-penseurs, c’est-à-dire au péché originel. […] Sans cette faculté d’attendrissement, il resterait, je n’en doute pas, par son fond, mortellement antipathique aux esprits élevés et délicats, le vrai, le seul public pour un écrivain de la race de Daudet. […] C’est le Nabab de notre pays, et d’une époque qui jouirait de toutes les adorables platitudes de l’égalité, si l’argent n’était pas comme la seule montagne qui fasse ici bomber le sol. […] Il y a bien là une femme, — une femme héroïque, — la femme de Christian II, qui veut souffler dans le cœur de son mari le feu qui lui manque, qui ramasse comme elle peut, à chaque instant du roman, les morceaux de cette marionnette des vices de Paris pour les faire tenir debout et en reconstituer un homme, mais sans y réussir jamais… Elle est la seule qui ne soit pas ridicule dans le roman.
. — Cette explication nous fera mieux entendre le vers fameux : La crainte seule a fait les premiers dieux. […] Enfin pour s’assurer la vie commode dont ils jouissent, ils inclinèrent naturellement à se soumettre au gouvernement d’un seul ; voilà les nobles sous la monarchie. […] Le désir d’acquérir par le commerce, ou de conserver ce qu’ils ont acquis, peut seul les décider à quitter leur patrie momentanément. […] Le stoïcisme l’anéantit, parce qu’il ne reconnaît d’utilité ou de nécessité que celles de l’âme, et qu’il méconnaît celles du corps ; encore le Sage seul peut-il juger de celles de l’âme. La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.
Il en est qui sont peints, en passant, d’un seul trait qu’on remarquerait dans Tacite et qui échappe ici tout simplement. […] Moreau, discute cette opinion ; il la combat, ou du moins il l’infirme, et penche à croire que, dans tous les cas, Mézeray n’est pas le seul ni même le principal auteur de ces pamphlets. […] Je ne me permettrai qu’une seule considération et conjecture sur ce qu’a dû être le rôle et l’état d’esprit d’un Mézeray sous la Fronde. […] … » Ma seule conclusion, c’est qu’il y avait en ce temps-là pour cette classe moyenne d’esprits, engagés dans la Fronde et manquant leur but, un désappointement et une condoléance presque égale à ce qu’on peut voir aujourd’hui chez les plus étonnés de nos politiques déçus. […] Ma seule espérance est, monseigneur, que Dieu vous ayant rendu votre santé, vous ne me défendrez pas aujourd’hui de prendre part à la réjouissance publique, et que, pendant cette satisfaction universelle des gens de bien, vous ne voudrez pas que je sois le seul qui demeure dans une tristesse mortelle… Bref, Mézeray voulait garder sa pension.
Les problèmes difficiles seuls le piquaient. […] Cet ouvrage ne verra jamais le jour, et ne sera lu que cette fois seulement de tout ce qui sera chez moi ; je suis la seule indigne de l’entendre ; c’est un secret que je vous confie au moins. […] En traçant si curieusement ce qu’il nomme un détail de mœurs, si Bourdaloue n’avait pas en vue Pascal dans Les Provinciales, et s’il ne le traduit pas trait pour trait à sa manière devant ses auditeurs, dont plusieurs durent être à la fois choqués et transportés, et ne purent s’empêcher d’admirer tout en protestant, il n’y a pas un seul portrait chez Saint-Simon ni chez La Bruyère. […] Il a parlé quelque part de cette forme et de cette espèce de directeur à la mode et très goûté de son temps, « qui semble n’avoir reçu mission de Dieu que pour une seule âme, à laquelle il donne toute son attention ; qui, plusieurs fois chaque semaine, passe régulièrement avec elle des heures entières, ou au tribunal de la pénitence ou hors du tribunal, dans des conversations dont on ne peut imaginer le sujet, ni concevoir l’utilité ; qui expédie toute autre dans l’espace de quelques moments, et l’a bientôt congédiée, mais ne saurait presque finir dès qu’il s’agit de celle-ci » : directeur délicieux et renchéri, exclusif et mystérieux, dont Fénelon est le type idéal le plus charmant (le Fénelon de Mme Guyon et avant l’exil de Cambrai). […] Mille affaires me détournent et m’empêchent de travailler autant que je le voudrais à ma perfection, qui néanmoins est la seule chose nécessaire.
Selon lui, si les hommes pris en détail dans leur conduite et leur caractère diffèrent entre eux, les siècles pris dans leur ensemble ne diffèrent pas moins les uns des autres ; la plupart des hommes qui y vivent, qui y sont plongés et qui en respirent l’air général, y contractent certaines habitudes, certaine trempe ou teinte à laquelle échappent seuls quelques philosophes, gens plus propres à la contemplation qu’à l’action et à critiquer le monde qu’à le corriger : Il serait à souhaiter cependant que dans chaque siècle il y eût des observateurs désintéressés des manières de faire de leur temps, de leurs changements et de leurs causes ; car on aurait par la une expérience de tous les siècles, dont les hommes d’un esprit supérieur pourraient profiter. […] Le xviie siècle tout entier eût été voué à cet établissement du pouvoir d’un seul et à cet abaissement de ce qui s’était trop élevé auparavant, s’il n’y avait eu sous la régence d’Anne d’Autriche cette sorte d’interrègne turbulent et animé qu’on appelle la Fronde. […] En politique, il le voit toujours gouverné en craignant de l’être, seulement l’étant par plusieurs au lieu de l’être par un seul ; s’entêtant ou se désabusant de certains hommes sans beaucoup de sujet ; et il lui conteste cette haute appréciation, cette justesse et ce coup d’œil de roi qu’on accorde assez généralement aujourd’hui au noble monarque. […] Je chante tes bienfaits, favorable Paresse, Toi seule dans mon cœur as rétabli la paix… De quelle paix s’agit-il ? […] [NdA] Il y a bien du mélange dans ces Poésies de La Fare, mélange de bon et de mauvais, mélange de ce qui est de lui et de ce qui lui a été à tort attribué : on cite toujours comme de sa meilleur façon ces jolis vers sous le titre de madrigal : Présents de la seule nature, Enfantement de mon loisir, Vers aisés par qui je m’assure Moins de gloire que de plaisir, Coulez, enfants de ma Paresse : Mais, si d’abord on vous caresse, Refusez-vous à ce bonheur ; Dites qu’échappés de ma veine Par hasard, sans force et sans peine, Vous méritez peu cet honneur !
Si l’on ajoute aux huit vers cités par Mme Du Deffand et qui sont du chant de L’Automne, quelques vers assez beaux peignant les jours caniculaires de L’Été et cet accablement qui pèse alors sur tous les corps mortels : Tout est morne, brûlant, tranquille, et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière, on aura présent à l’esprit à peu près tout ce qu’il y a d’un peu remarquable pour nous dans ce poème si fort vanté à sa naissance et aujourd’hui tout entier passé. […] Dans un petit poème, qui est à peu près du même temps, intitulé Les Consolations de la vieillesse, Saint-Lambert décrit en des vers spirituels et assez brillants son bonheur à Eaubonne ou à Sannois, au sein de la nature et de l’amitié, puis il ajoute en terminant que, lors même qu’il y serait seul, il jouirait du moins de la saison nouvelle, du printemps, du soleil : Et j’y voudrais penser et rire tour à tour Entre Montaigne et La Pucelle. […] En 1782 (et c’est aujourd’hui le seul échantillon que je veuille citer), il publia son premier recueil de poèmes, et il y en avait un intitulé La Retraite, qui terminait le volume. […] Un petit nombre abandonne la foule, demande les yeux levés la richesse du ciel, et gagne les seuls biens réels, vérité, sagesse, grâce, et une paix pareille à celle de là-haut… Alors il se met à examiner les différents jeux, ces cailloux de différentes couleurs que s’amusent à ramasser les hommes et qu’ils continuent souvent de rechercher jusque dans la retraite et la solitude : car la plupart ne la désirent que pour s’y plus abandonner à leurs goûts favoris, et pour mieux caresser leur passion secrète. […] Traînant une chaîne qu’il ne peut vouloir rompre, son seul bonheur est de souffrir pour celle qu’il aime ; lui qui pourrait aspirer à la gloire et y atteindre, il n’a plus d’autre but que son sourire : ambitions plus hautes, adieu !
On peut même dire qu’on ne connaît bien la vie de Chanteloup et cet exil triomphant, qu’on ne s’en peut faire une juste et entière idée qu’après avoir lu ces lettres qui en sont comme un bulletin confidentiel, où l’enthousiasme des intimes et des intéressés ne faiblit pas un seul instant. […] L’attitude de Mme de Choiseul était d’accord avec la vérité : elle resta bien sincèrement, bien tendrement éprise de l’homme dont elle était glorieuse, dont elle disait que ce n’était pas seulement le meilleur des hommes, que « c’était le plus grand que le siècle eût produit », et de qui elle écrivait un jour avec une ingénuité charmante : « Il me semble qu’il commence à n’être plus honteux de moi, et c’est déjà un grand point de ne plus blesser l’amour-propre des gens dont on veut être aimé. » Elle eut fort à s’applaudir de l’exil de Chanteloup et fut seule peut-être à en savourer pleinement les brillantes douceurs ; elle y voyait surtout le moyen de garder plus près d’elle l’objet de son culte, et, sinon de le reconquérir tout entier, du moins de le posséder, de le tenir sous sa main, de ne le plus perdre de vue un seul jour. […] Ce n’est pas tout : un militaire pérore de l’expulsion des jésuites ; deux médecins parlent, je crois, de guerre, ou se la font peut-être ; un archevêque me montre une décoration d’architecture ; l’un veut attirer mes regards, l’autre occuper mon esprit, tous obtenir mon attention : vous seule intéressez mon cœur. […] S’ils ont examiné les sociétés, ils verront que les lois n’ont pu prévoir et statuer que sur des choses positives ; elles peuvent être l’effroi des criminels et le frein des crimes, mais les préjugés sont le seul frein des mœurs. […] je le suis de vous et de mon Horace… » Mais ces moments sont rares et passent vite ; ils font place à de longs intervalles de sécheresse et de stérilité : alors elle veut savoir ce qu’on pense d’elle au fond, si on l’aime vraiment, et de quelle manière : « Vous savez que vous m’aimez, dit-elle à Mme de Choiseul, mais vous ne le sentez pas. » Elle semble persuadée de cette terrible et cruelle maxime que j’ai vu professer à d’autres qu’elle, et dont le christianisme seul fournirait le correctif ou le remède, que « connaître à fond, et tel qu’il est, un être humain et l’aimer, c’est chose impossible ».
Il y aurait à faire de lui, sous ce dernier nom, un double portrait à la La Bruyère, ou plutôt un seul et même portrait avec variante : Étienne ou l’homme content de lui, — Étienne ou l’homme qui a eu toujours raison. […] Je vais droit à la partie originale et neuve, la seule qui vit pour nous de l’intérêt et qui ajoute quelque chose qu’on savait. […] Delécluze a subi l’ascendant, le seul des romantiques à qui il ait pardonné de l’être, et de qui il nous disait un jour dans un langage moins que classique : « C’est égal, c’est un fameux lapin ! […] Il estimait que ce sont les mœurs de chaque époque qui engendrent et suscitent les seuls écrits vivants, que le reste n’est que production de serre chaude et affaire d’Académie. […] Il n’oubliait dans tout cela qu’une seule chose, de se demander si Mlle Amélie voudrait bien.
» Quelques jours auparavant, j’avais vu au Théâtre-Français Athalie : — Macbeth et Athalie, deux grands vaisseaux désemparés, sans grands acteurs, sans amiral et sans pilote ; mais, des deux, Macbeth est encore celui qui se gouverne le mieux tout seul et par l’infernale diablerie qui l’anime, celui qui, dans le désarroi, se souffle le mieux à lui-même le vent à pleines voiles et les tempêtes. […] Sans doute il y a de belles scènes dans le Roi Lear, dans Hamlet, dans Roméo et Juliette, dans Œdipe chez Admète, et même dans ce Macbeth qui vient de tomber ; mais de belles scènes ne constituent pas seules un bel ouvrage. […] Les premières sont adressées à Sedaine, un homme de génie dans son genre, inégal, mais qui trouve du neuf à chaque pas, et qui s’était formé seul. […] L’un des ces roseaux pensants et gémissants dont Pascal est le roi, dont Rousseau n’est que le premier révolté et le rebelle ; pauvre Deleyre, qui avait besoin de soutien et de support, de confiance et de foi, et peut-être d’autel, la croyance au progrès humain et l’indéfinie perfectibilité, la religion de Diderot et de Condorcet put-elle jamais toute seule lui suffire ? […] C’est le seul mal au monde que vous aurez fait ; mais il peut avoir des suites funestes.
Y eut-il, au jour dit, un billet moqueur apporté par un petit commissionnaire au quai d’Orsay, lieu indiqué pour le rendez-vous, un billet mignon qui sentait l’iris, dont le cachet avait des armes, — couronne de duchesse ou de comtesse, — et contenant ces seuls mots à l’adresse de Michel : « Un des plus doux plaisirs d’une femme est de faire un regret » ; et ne fut-ce que plus tard, par l’effet d’un hasard nouveau, que Michel retrouva la belle inconnue et reconquit l’occasion ? […] Moi, j’ai recherché tout seul les rues que nous avions parcourues ensemble. […] » Marie écrit beaucoup ; elle aime à écrire : « c’est la seule chose d’elle qu’elle donne sans craindre trop. » Elle croit aimer : « Vous dites que vous m’aimez, Marie. […] Il faut au moins s’entrevoir… « Vous allez voyager, il est tout simple de vous dire que vous penserez quelquefois à moi ; pensez-y surtout quand le soir viendra et que la voiture montera lentement une côte ; imaginez que je suis auprès de vous et que nous ne sommes pas seuls, mais que j’ai pris votre main sous votre mantelet. […] La désillusion est venue d’elle, d’elle seule, mais elle est venue.
Vingt-sept noms font toute l’histoire des temps avant le Déluge, et tous les noms conservés jusqu’aujourd’hui ne font pas ensemble un seul siècle de vivants… » Pensée mémorable et qu’il faut répéter, même en présence du légitime orgueil de la science, reconquérant par lambeaux le passé, mais par lambeaux seulement. […] Milton, qui de loin nous paraît isolé, ne fut pas le seul poète de son bord qui le célébra, et en y regardant bien, on verrait aussi que, s’il n’y eut pas pléiade autour de Milton comme autour de Shakespeare, à cause de l’orage des temps, il y eut pourtant d’autres poètes énergiques, ses émules et ses rivaux. […] Il a préparé les éléments d’une révolution glorieuse et définitive (1688) ; seul il a rendu possible, à l’heure dite, le triomphe régulier des patriotes de cette époque. […] Il persista et il vint à bout de son projet ; il apprit presque tout ainsi de lui-même, allant à son gré à travers les auteurs, se faisant tout seul sa grammaire, et son plaisir était de traduire en vers les plus beaux passages qu’il rencontrait chez les poètes grecs ou latins. […] « J’ai appris, disait-il, tout l’art des vers de la seule lecture des œuvres de Dryden, et, lui-même, il eût sans doute mené cet art à sa dernière perfection, s’il avait été moins commandé par la nécessité. » Pope avait ce signe caractéristique des natures littéraires, le culte fidèle du génie.
» Cela est d’avance une réponse a ces artistes orgueilleux et vains, impatients de toute observation, comme nous en avons connu, et qui, confondant tout, ne savaient donner qu’une seule définition du critique : « Qu’est-ce qu’un critique ? […] Il termine modestement en disant que « sa muse sera contente, si elle aide les ignorants à voir ce qui leur manque, et les hommes instruits à réfléchir sur ce qu’ils savaient déjà » ; ce qui a été rendu d’après lui en un seul vers latin excellent qu’on croirait d’Horace : Indocti discant, et ament meminisse periti. […] » — « Je ne saurais réellement le dire au juste, répondit-il : tous deux ont extrêmement de charme. » Il est certain, toutefois, qu’il était loin de remplir le programme détaillé que Bowles propose au poète et les conditions pittoresques qu’il exige ; Wordsworth seul, depuis, a pu y suffire. […] Cette Épître nous montre par une suite d’exemples ou de remarques habilement choisies que pour qui veut connaître à fond un seul homme, un individu, tout trompe, tout est sujet à méprise, et l’apparence et l’habitude, et les opinions et le langage, et les actions même qui souvent sont en sens inverse de leur mobile : il n’y a qu’une chose qui ne trompe pas, c’est quand on a pu saisir une fois le secret ressort d’un chacun, sa passion maîtresse et dominante (the ruling passion), dans le cas où chez lui une telle passion existe. […] Taine, comme ont paru le faire ceux même qui le défendaient le mieux, j’aurais essayé, en le prenant tel qu’il s’offre, de présenter et de faire valoir, moins encore en sa faveur que dans l’intérêt de l’illustre Compagnie, une seule considération que je crois digne d’être méditée.
Peut-être tout n’échoua-t-il que parce qu’il manqua à Louis XVI, à ce souverain de vieille race, une seule petite chose, ce qui fait le souverain même, la fermeté. […] Sa Majesté regarderait comme un des succès les plus heureux de l’expédition qu’elle pût être terminée sans qu’il en eût coûté la vie à un seul homme. » C’est touchant, c’est honorable dans son principe ; mais, faut-il le dire ? […] Se flatter d’exécuter de si grandes choses sans un seul accident et sans coup férir, décèle aussi par trop d’innocence ; c’est méconnaître la part de péril nécessaire que contient toute entreprise humaine et ce qu’il faut y hasarder. […] L’idée de quitter son poste, ce poste d’honneur et de danger à côté du roi, ne lui entre pas un seul instant dans l’esprit : elle rougirait de honte à une telle pensée et se croirait l’indigne fille de sa magnanime mère. […] Louis XVI, au mois de juin 1789 et dès les premières divisions qui signalèrent l’ouverture des États-Généraux, dit au duc de Luxembourg qui lui proposait, à tort ou à raison, l’appui résolu de sa fidèle noblesse : « Je suis déterminé à tous les sacrifices ; je ne veux pas qu’il périsse un seul homme pour ma querelle. » Toujours le même esprit d’abdication.
On dirait la plainte d’un oiseau chantant tout seul à l’extrémité d’une forêt magique. […] Supposons que la confession n’ait pas été instituée par Jésus-Christ : ou bien elle aurait été inventée et imposée, à un moment donné, par un seul homme ; ou bien elle se serait répandue peu à peu dans le monde chrétien. […] La pensée n’a pourtant rien d’extraordinaire : l’orateur aurait pu, je crois, trouver cela tout seul, et on ne dérange pas un saint pour si peu ! […] Ouvrez quelque part un cœur qui reçoit les confidences du pécheur fatigué de porter tout seul le fardeau de ses fautes : tout à coup il se fait comme un mystérieux échange, je dis plus, une mystérieuse aliénation. […] Ambition, cupidité, égoïsme, rapine, envie, haine, débauche du cœur et des sens, dépérissement de la foi, oubli coupable du devoir, affaissement de la moralité, lâcheté du respect humain : voilà, messieurs, les raisons qu’on ne dit pas, les seules déterminantes, aussi honteuses que les autres sont niaises.
Mahmoud pourvut à ce que personne ne pût l’interrompre dans son travail, en défendant la porte à tout le monde, à l’exception d’un seul ami et d’un esclave chargé du service domestique. […] Un jour, il était allé seul à la chasse de l’onagre, du côté du pays des Turcs, monté sur son bon cheval Raksch, aussi rapide que le feu. […] Le prisonnier les énumère avec complaisance et les lui nomme tous, tous excepté un seul, excepté celui, précisément, qui l’intéresse. […] Roustem est appelé ; il arrive, il se trouve seul en présence de son fils, et le duel va s’entamer. […] Pourquoi donc les jeunes gens se réjouiraient-ils, puisque la vieillesse n’est pas la seule cause de la mort ?
Au moment de la mort du poète, il l’a loué par une jolie pièce latine dans laquelle il célèbre ses grâces ingénues, son naturel nu et simple, son élégance sans fard et cette négligence unique, à lui seul permise, inappréciable négligence, et qui l’emporte sur un style plus poli. […] Avec cela, il était dissipé, adonné aux plaisirs, à celui de la table, qui pour lui n’était pas le seul ; et l’on est obligé de convenir que le commerce qu’il eut avec Fénelon ne le convertit jamais bien à fond, puisque c’est lui qui passe pour être le père de d’Alembert, qu’il aurait eu de Mme de Tencin en 1717. Quoi qu’il en soit, Fénelon l’aimait, et ce seul mot rachetait tout. […] La veille, il était l’homme du règne futur et des prochaines espérances ; aujourd’hui il n’est plus rien, son rêve a croulé, et s’il pouvait l’oublier un seul instant, le monde est là aussitôt pour le lui dire. […] Cette rareté de bonnes gens, qui lui paraît être la honte du genre humain le ramenait d’autant plus à aimer les amis choisis qu’il s’était faits : « La comparaison ne fait que trop sentir le prix des personnes vraies, douces, sûres, raisonnables, sensibles à l’amitié, et au-dessus de tout intérêt. » Une seule fois, on lui surprend encore une curiosité d’esprit, c’est pour le prince Eugène, en qui il a cru apercevoir un vrai grand homme.
Quand, plus tard, elle sera devenue la personne indispensable de l’intérieur de Versailles, la compagne du roi, la ressource des princes, celle dont nul dans la famille royale ne pouvait se passer un seul instant, elle se montrera capable de miracles en fait de sujétion et d’ennui. […] Une femme de cœur et franche du collier n’aurait accepté ni supporté un tel rôle un seul instant. […] Cette conduite, qui lui a été reprochée, prouve une seule chose : elle était de ces femmes qui, dans ces instants de séparation et d’adieu suprême, s’en remettent à leur confesseur encore, plutôt que de prendre conseil de leur cœur. Il n’y eut pas un seul moment d’abandon de cœur dans toute la vie de Mme de Maintenon ; là est le secret de l’espèce de froideur qu’elle inspire. […] Un seul point de plus, et vous arriveriez au tendu et à la sécheresse.
La Cour était son élément, le seul théâtre où il pût exercer et développer ses facultés souples, liantes, patientes, assidues : ce fut son idéal dès ses premières années. […] Je me laissai donc aller à l’amour des grandeurs ; le penser m’en parut doux, j’y rêvais seul quelquefois, et faisais avec mes femmes mille châteaux en Espagne, qui commençaient, sans que je fusse en état de m’en apercevoir, l’esclavage de mon cœur et de mon esprit. […] Cette pensée seule est honorable ; et, même lorsqu’elle demeure inutile et vaine comme elle le fut ici, elle témoigne d’un effort non vulgaire. […] Au xixe siècle, dans ce monde positif et où, de plus en plus, la pensée spiritualiste est comme naturellement absente, je doute que, parmi ces victimes de la fortune, ces déchus du pouvoir, comme nous en voyons si souvent, il en soit beaucoup, il en soit un seul qui ait de telles idées de retraite intime et de recours à la pensée de l’éternité. […] Cherchant à rassembler dans sa raison toutes ses forces et tous ses motifs de renoncement, il se dit qu’il n’a guère plus de quarante ans ; qu’il y a moyen, après avoir consacré sa jeunesse au service du roi et de sa patrie, de vivre chez soi en honnête homme ; il se trace le plan d’une vie heureuse et privée : « Avoir du bien honnêtement, n’avoir rien à se reprocher (et, pour cela, commencer par payer toutes ses dettes), avoir mérité d’avoir des amis, et savoir s’amuser des choses simples. » Toutes ces conditions pourtant ne laissent pas d’être difficiles à rencontrer dans le même homme, et il suffit d’une seule qui échappe, ou d’un goût étranger qui se réveille, pour faire tout manquer, et pour corrompre ce tranquille bonheur.
Le second roman de Mme Sophie Gay, qui parut avec les seules initiales de son nom, en 1813, est Léonie de Montbreuse, et, si j’osais avoir un avis en ces matières si changeantes, si fuyantes, et dans lesquelles il est si difficile d’établir une comparaison, je dirais que c’est son plus délicat ouvrage, celui qui mérite le mieux de rester dans une bibliothèque de choix, sur le rayon où se trouveraient La Princesse de Clèves, Adèle de Senange et Valérie. […] Alfred, dès qu’il se porte mieux, fait des sorties à cheval et court les champs ; au retour, il a mille bonnes raisons pour s’excuser : En sa présence, dit Léonie, j’accueillais toutes ses raisons, et j’allais même jusqu’à me reprocher de l’avoir accusé ; mais, dès qu’il me laissait longtemps seule, je m’ennuyais, et c’est un malheur dont on se venge toujours sur celui qui le cause, et quelquefois sur ceux qui en sont innocents. […] Les personnes qui, comme Mme Gay, vivent jusqu’à la fin et vieillissent dans le monde, sans se donner de répit et sans se retirer un seul instant, échappent difficilement à la longue, et malgré tout l’esprit qu’elles ne cessent d’avoir, à une certaine sévérité ou à une certaine indifférence. […] Vers la fin, elle promettait quelquefois à ses amis qu’elle irait mourir chez eux : « Je ne veux pas que cette demoiselle (disait-elle de la mort) me trouve seule. » Ne lui demandez pas dans ses jugements cet esprit de justesse et d’impartialité qui prend sa mesure dans les choses mêmes et qui rend à chacun ce qui lui est dû. […] Tu sais que pour toi seule il fut imaginé ; Alors que du malheur nous ressentions l’outrage, À te distraire il était destiné.
Mais cette seule pensée tuait cette foule de beaux esprits et de rimeurs à la mode qui ne devaient qu’au hasard et à la multitude des coups de plume quelques traits heureux, et qui ne vivaient que du relâchement et de la tolérance. […] Les Montausier, les Huet, les Pellisson, les Scudéry en frémirent ; mais il suffit que Colbert comprît, qu’il distinguât entre tous le judicieux téméraire, qu’il se déridât à le lire et à l’entendre, et qu’au milieu de ses graves labeurs, la seule vue de Despréaux lui inspirât jusqu’à la fin de l’allégresse. […] Quand son droit sens était choqué, il ne se contenait pas, il était prêt plutôt à se faire toutes les querelles : Et je serai le seul qui ne pourrai rien dire ! […] quelle largeur de ton, et, sans une seule image, par la seule combinaison des syllabes, quelle majesté ! […] Le roi d’abord à part et seul dans un vers ; Condé de même, qui le méritait bien par son sang royal, par son génie, sa gloire et son goût fin de l’esprit ; Enghien, son fils, a un demi vers : puis vient l’élite des juges du premier rang, tous ces noms qui, convenablement prononcés, forment un vers si plein et si riche comme certains vers antiques : …………………… Que Colbert et Vivonne, Que La Rochefoucauld, Marcillac et Pomponne, etc.
François de Sales, qui entrait peu d’ailleurs dans ces distinctions, et dont la foi voyait partout un égal et horrible danger, se consacra, dans cette première ardeur de son âge, à la vie du missionnaire qui se jette seul au milieu des infidèles et qui va relever la croix. […] Saint François de Sales énumère les diverses sources d’où proviennent les jugements téméraires, et il ajoute : Plusieurs s’adonnent au jugement téméraire pour le seul plaisir qu’ils prennent à philosopher et deviner des mœurs et humeurs des personnes par manière d’exercice d’esprit. […] Saint François de Sales y énumère toutes les petites formes de partialité et d’injustice par lesquelles nous tirons à nous, dans la pratique de la vie, du côté de notre intérêt et de notre passion, sans vouloir l’avouer ni en avoir l’air, et sans nous croire moins honnêtes gens ; il fait toucher au doigt en quoi consistent ces défauts de raison et de charité, lesquels, au bout du compte, ne sont que de mesquines tricheries : « Car on ne perd rien, dit-il, à vivre généreusement, noblement, courtoisement, et avec un cœur royal, égal et raisonnable. » Par ce seul chapitre, où respire dans le moindre détail la vraie loi de charité, saint François de Sales s’élève en morale bien au-dessus du Montaigne et du Franklin. […] Son premier ouvrage resta seul dans la main des hommes, et surtout des femmes, comme le bréviaire des gens du monde. […] Les autres, ingénieuses, mais recherchées, sont empruntées aux auteurs qu’il a lus ; il veut égayer et éclairer, à l’aide d’une histoire naturelle le plus souvent fabuleuse, les vérités morales et chrétiennes qui d’elles seules se passeraient d’ornements.
« Le besoin seul nous apprend la juste valeur de ce qui sert à le satisfaire » (Le choix d’un lanmdo). — « Les chefs s’entendent entre eux comme larrons en foire et toujours les petits seront par eux tenus à l’écart » (Kahué — Le fils du sérigne — Les trois frères en voyage) […] Je n’en vois qu’un seul où une marâtre ait le beau rôle. […] Aussi la jalousie tragique semble-t-elle assez rare, si l’on en croit les contes, car je n’en vois qu’un seul où le désir exaspéré amène une tragédie domestique (V. […] Mais il y a des contes, au moins aussi nombreux, où l’association profite à un seul qui rémunère peu généreusement ses associés eu égard aux risques courus (V. […] Dans un seul conte on voit l’attachement désintéressé à un animal : l’affection maternelle d’une vieille pour son taureau.
Il n’y en a qu’un seul qui ait évité la redite et la ressemblance, et, il faut bien le dire, c’est le dernier venu ; c’est Saint-Bonnet. […] Avec tout son génie, indiscutable pour ceux qui l’ont lu et médité, que serait Saint-Bonnet, réduit à sa seule aptitude métaphysique, sans la réalité de la Révélation et de l’Histoire ! […] La science, la seule science qu’il reconnaisse, avec raison, et qui importe à l’homme : la science de son être et de l’Être, il ne l’entend que dans le sens révélé du mot. […] Dans un seul mot, c’était le livre que j’ai là sous les yeux. […] tout cela a le malheur, définitif et suprême, d’exprimer la vérité, l’invalidante vérité, et cette vérité est si haïe et méprisée que ceux qui pourraient lire ce livre pour sa seule beauté ne le lisent pas et n’y touchent pas, à cause de sa vérité !
… Le seul livre que j’aie constamment médité est celui qui est ouvert à tous, c’est-à-dire l’homme agissant sous les influences qui le dominent sans cesse, ses intérêts et ses passions ; et si quelquefois j’ai jeté un coup d’œil rapide sur La Bruyère et sur La Rochefoucauld, je ne l’ai fait que pour être certain de ne pas laisser de simples réminiscences se glisser parmi mes propres observations. » De cette manière de composer il est résulté quelquefois, en effet, que le lecteur, familier avec les écrits soit de Sénèque, soit de La Rochefoucauld et de La Bruyère, soit de Massillon, de Montesquieu et du comte de Maistre, sent se réveiller en lui des traces de pensées connues, en lisant tel passage de M. de Latena. Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, M. de Latena dit : « Une femme sincère, qui baisse ou détourne subitement les yeux au seul aspect d’un homme, trahit pour lui un amour naissant ou à son déclin, un amour dédaigné ou tourmenté par le remords. Mais le doute ne tarde pas à être éclairci par sa rougeur ou son air de contrariété, par son calme affecté ou sa triste préoccupation. » La Bruyère, sans entrer dans ces nuances un peu prolongées, avait dit vivement : « Une femme qui n’a jamais les yeux que sur une même personne, ou qui les en détourne toujours, fait penser d’elle la même chose. » Mais, dans bien des cas, on éprouve chez M. de Latena la satisfaction de rencontrer des pensées justes, exprimées avec une attention et une description circonstanciée qui montre qu’elles sont bien nées, en effet, dans l’esprit de l’auteur : son seul soin est d’être élégant d’expression en même temps que fidèle.
Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton, l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins. Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain. […] La plus intéressante des trois nouvelles, la seule même qui le soit, s’intitule la Torpille.
Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature. […] répondit Jouveroy, je ne me plais qu’avec les gens qui s’embêtent. » La Bruyère dit en parlant de certains financiers : « De telles gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut-être des hommes : ils ont de l’argent. » Je dirais volontiers des pareils de Servaise : « Ils ne sont ni chrétiens, ni citoyens, ni amis, ni parents, ni peut-être des hommes : ce sont des littérateurs chacun d’une religion littéraire distincte à laquelle il est seul à croire, et qu’il est seul à comprendre quand il la comprend ».
C’est le vrai mystique, le seul mystique d’aujourd’hui. […] Cela seul, avec le décor général, suffirait à faire des Sept Princesses une œuvre d’essentielle noblesse et de grandeur. […] Robert de Souza Voici un poète qui n’a pas voulu que l’âme de la châtelaine ne fût pas celle de la bergère, l’âme du pâtre celle de l’artisan ; il dépouilla la chanson de ses attaches locales, et c’est l’âme, l’universelle âme humaine qui chante, dénudée de tout ce qui n’est pas elle seule, partout semblable à elle-même, éternellement.
. — La Seule Nuit (1899). […] Il n’est pas resté, digne d’être lu, un seul écrit saint-simonien ; voici un écrit anarchiste auquel je souhaite d’être durablement représentatif, car, après toutes mes critiques, je l’avoue, sa lecture m’enchanta. […] La nature est sa seule école.
Evremont ne sont pas supportables, quoiqu’ils fourmillent de pensées ; tandis qu’un seul trait, un seul tour, une seule image échappée au Génie poétique, attache l’esprit, échauffe le cœur, & y laisse des impressions profondes.
Le seul défaut qu’on puisse reprocher à ces Mémoires [nous n’entendons parler que de la premiere édition], est une partialité qui nuit à l’autorité des jugemens, d’ailleurs justes pour la plupart. […] Si nous avions sérieusement à nous défendre de cette imputation, il nous seroit facile de prouver que les Trois Siecles étoient presque achevés quand ses Mémoires parurent ; nous ferions observer qu’un seul volume de la premiere édition des Trois Siecles en auroit fait deux plus gros que ne l’étoient alors ses Mémoires ; nous défierions enfin M. Palissot de pouvoir citer une seule phrase des Trois Siecles pillée dans ses Mémoires.
Athènes, réduite à combattre seule, n’avait que dix mille hoplites, avec mille soldats de Platée, son alliée fidèle, contre les deux cent mille de l’envahisseur. […] Elle ne comprenait pas les exploits de tous absorbés par la gloire d’un seul, l’idolâtrie du chef érigée sur le sacrifice de l’armée. […] Il ne serait plus resté une seule victime pour l’autel de Pan et des Nymphes.
Virgile est peut-être le seul poëte qui ne se soit point égaré dans une trop bonne opinion de ses talens. […] Virgile, d’un seul trait, les peignit* : Si Bavius te plaît, aime aussi Mœvius. […] Il n’est qu’un seul homme dont la prose égale au moins ses vers, l’auteur de la Henriade & du Siècle de Louis XIV.
On retrouvoit dans ce seul poëte les trois plus grands poëtes de l’antiquité, Pindare, Homère & Virgile. […] Car soudain qu’il eut fait imprimer ses amours & le quatrième livre de ses odes, on vit en même-temps une brigade de petits musquets frisés & rimeurs de cour, qui, pour faire une ballade & un rondeau avec le refrein, mal-à-propos s’imaginent avoir seuls mérité les lauriers du Parnasse. […] D’autre part, ceux qui tenoient pour Mellin de Saint-Gelais n’accordoient du mérite qu’à lui seul.
D’ailleurs tous les sujets ne sont point à la portée des yeux d’un seul homme. […] Pourquoi l’amour sera-t-il une passion privilegiée, et la seule qui fournisse des caracteres differens, à l’aide de la diversité que l’âge, le sexe et la profession mettent entre les sentimens des amoureux ? […] Eux seuls peuvent dire quel caractere resulteroit de ces traits, si ces traits étoient détachez des actions et des discours indifferens, si ces traits, rapprochez les uns des autres, étoient immediatement réunis entre eux.
Il a tout ce qui fait de l’existence un honneur, la seule félicité sur laquelle les âmes fières puissent compter ici-bas, quand Dieu leur est bon… Riche d’ailleurs, instruit, éloquent, beau, chevaleresque, artiste même (artiste ! […] Que cela plaise ou non aux esprits incapables d’en produire un seul, le roman est le livre des sociétés qui périssent en proie aux extrêmes civilisations. […] L’auteur du Blessé de Novare, qui croit à son héros, qui le choie, qui le berce sur son cœur et a pour lui toutes les tendresses de la maternité littéraire (la seule maternité qui ne soit pas touchante), n’a pas beaucoup remué les ornières du grand chemin de tout le monde dans lequel il a continué de marcher.
En cherchant bien, dans le Moyen-Age, trouverions-nous un seul romancier ? […] Mais au moment où s’éteignait radieusement Walter Scott, Balzac naquit à la publicité, et, à LUI SEUL, il allait établir un équilibre qui n’avait jamais existé entre la France et l’Angleterre. […] Fidèle au plan que s’est tracé l’Auteur des Œuvres et des Hommes (voir la Préface générale de l’ouvrage), il ne peut publier dans un seul volume que la première série des Romanciers contemporains, mais on y verra déjà très-clairement ce que Dieu donne pour remplacer un grand homme tombé !
Après avoir remarqué, dans sa description de Tanagre, que les habitants de cette ville ont su le mieux, parmi les Grecs, régler ce qui concerne le culte divin, toujours attentifs à placer les temples à part, dans un lieu pur, loin de l’habitation des hommes, il ajoute, apparemment par cette liaison d’idées naturelle entre le culte et la poésie : « Le tombeau de Corinne28, qui seule, à Tanagre, a fait des hymnes, est placé dans le lieu le plus découvert de la ville. […] Il n’avait pas moins honoré le courage de Sparte ; et les Lacédémoniens s’en souvinrent, lorsque, vainqueurs dans un combat contre Thèbes et maîtres de la ville, ils s’abstinrent de la seule maison qui portait pour inscription : Ne brûlez pas le toit du poëte Pindare. » Générosité facile qu’Alexandre imita plus tard et dont il fut trop vanté ! […] Quelques jours auparavant, Proserpine était apparue au poëte endormi, et, se plaignant à lui d’être la seule divinité qu’il n’eut pas encore célébrée, elle avait ajouté qu’il, le ferait du moins lorsqu’il serait venu près d’elle.
Un seul poète, un seul penseur, un seul homme élevant son front auguste au-dessus de l’universelle imbécillité. […] Mathias demeura seul sur la terre. […] Elle mérite à elle seule une description détaillée. […] Sarpan, la seule figure antipathique de l’ouvrage. […] Les poètes seuls possèdent ce pouvoir d’évocation.
Après ça, tu n’es pas la seule. […] Je mourrais de dépit si j’étais de vos amis le seul à l’ignorer. […] Seul, M. […] Il a été le seul qui ait osé faire quelques observations. […] C’est la seule chose qu’il ne sache pas ou ne veuille pas faire.
Oriane désirerait qu’il montât, afin de le voir ; et le marchand descend, comptant bien ramener en haut le nouveau chaland sous prétexte de quelque dentelle ; mais il revient bientôt seul. « Madame, dit-il à Oriane, je suis au désespoir de n’avoir pu vous satisfaire ; depuis que je suis descendu, Élomire n’a pas dit une seule parole ; je l’ai trouvé appuyé sur ma boutique dans la posture d’un homme qui rêve. […] L’entendre autrement, c’est ignorer ce qu’il y a de multiple et de complexe dans cette mystérieuse physiologie dramatique dont l’auteur seul a le secret. […] Mais véritablement l’auteur seul sait jusqu’où va la copie et où l’invention commence ; seul il distingue la ligne sinueuse, la jointure plus savante et plus divinement accomplie que celle de l’épaule de Pélops. […] Dans ce qu’on appelle les rôles à manteau où il jouait, le seul Grandmesnil peut-être l’a égalé depuis. […] Dans le tome Ier des Hommes illustres de Perrault, l’article Molière se termine par cet éloge : « Il a ramassé en lui seul tous les talents nécessaires à un comédien.
C’est à l’heure qu’il est, le seul valeureux dans les lettres, le seul prêt à compromettre un peu de la tranquillité de son esprit, le seul prêt à se donner un coup de torchon. Ç’a été mon seul défenseur, mon seul champion, quant aux habitués de mon Grenier, pas un n’a dépensé pour moi une plumée d’encre. […] Je lui répondais que non, et que pendant sa maladie, il n’avait pas une seule fois fait allusion à cet au-delà, dans ses conversations. […] Voyant un moment les yeux du docteur se tourner vers le petit plâtre, d’un geste allant de sa mère à sa triste personne, elle disait : « C’est cela seul qui peut me faire supporter la vie, la vie telle que je l’ai ! […] Et toute ma distraction est dans ma chambre aux volets fermés, et où les tapisseries sont comme serrées dans l’ombre, d’étudier la lumière sur le seul panneau où filtre un peu de jour.
Les voix de la nature « ne sont qu’un bégaiement immense », L’homme seul peut parler, et l’homme ignore, hélas ! […] si le mal devait demeurer seul debout, Si le mensonge immense était le fond de tout, Tout se révolterait. […] toi seul existes ! […] L’immensité, c’est là le seul asile sûr. […] Je conviens que vous seul savez ce que vous faites, Et que l’homme n’est rien qu’un jonc qui tremble au vent.
divine Sculpture, tu es ma seule amante ! […] Gygès est désormais le seul époux possible pour une reine si jalouse d’elle-même. […] Je plains les poëtes que guide le seul instinct ; je les crois incomplets. […] Dans quelle histoire a-t-on jamais lu que les grandes causes se perdaient en une seule partie ? […] Seul, M.
Mais comment Tallemant se trouve-t-il seul instruit de cette particularité ? […] Ce dernier seul, dit-on, fut écouté. […] Ce fut, comme l’a dit Chamfort, la seule action blâmable de sa vie. […] Le style d’un seul auteur, Beaumarchais, rappelle parfois celui de cette pièce. […] Enfin, dans cette admirable conception, il n’est pas une seule idée, il n’est pas un seul détail qui ne réponde à la sagesse, à la perfection de l’ensemble.
Le seul nom de Cléopatre, de Cassandre, de Pharamond, suffisent aujourd’hui pour faire peur à nos Lecteurs delicats, & pour mettre en jeu les plaisanteries des petits Auteurs. […] Ce trait seul suffit pour faire connoître le caractere de ce Romancier, à qui l’on reproche avec raison d’avoir communiqué son gasconisme à la plupart de ses Héros.
Il peut y avoir des recherches utiles dans ce Traité ; mais on conviendra que, d’après la seule inscription, il faut avoir bien du courage, pour faire de Chindonax un Prince des Vacies, des Druides, &c. […] Guenebauld ne fut pas le seul qui s’en enthousiasma.
— « Moi seule, a dit l’Étude ; J’ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours. » — Les livres ont dès lors peuplé ma solitude, Et j’appris que tout pleure, et je pleurai toujours. […] Souffle vers ma maison cette flamme sonore Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. […] La seconde fille de Mme Desbordes-Valmore, poète également si l’on peut appeler de ce nom la sensibilité elle-même, avait plutôt en elle la faculté de souffrir de sa mère, cette faculté isolée, développée encore et aiguisée à un degré effrayant ; pauvre enfant inquiet, irritable, malade sans cause visible, elle se consumait, elle se mourait lentement, et par cela seul qu’elle se croyait moins regardée et favorisée, moins aimée ; devenue l’objet d’une sollicitude continuelle et sans partage (car elle était restée seule au nid maternel), rien ne pouvait la rassurer ni apprivoiser sa crainte, et la plus tendre chanson de sa mère ne faisait que bercer son tourment sans jamais réussir à l’apaiser ni à l’endormir : Inès Je ne dis rien de toi, toi la plus enfermée.
Au 9 thermidor, la dictature républicaine a cessé, et pour la seconde fois l’anarchie recommence, non plus cette anarchie vive, confiante, aventureuse, animée au fond d’une seule pensée et d’une seule espérance, telle qu’on la vit du 14 juillet au 10 août, dans les luttes du peuple avec le trône ; mais une anarchie plus triste et parfois même Hideuse, plus en proie aux petites intrigues qu’aux grandes passions, pleine de peurs et de remords, de mécomptes et de rancunes, de découragement et de désespoir, espèce d’acharnement misérable entre des vaincus et des blessés sur un champ de bataille tout sanglant. […] Le vieux Ruhl, qu’on avait seul excepté du décret d’accusation, ne voulait pas de ce pardon ; il croyait la liberté perdue, et il se donna la mort d’un coup de poignard. […] Il était difficile, en effet, qu’on en découvrit, car ils ignoraient le mouvement, et ils ne se connaissaient même pas les uns les autres ; Bourbotte seul connaissait Goujon pour l’avoir rencontré dans une mission aux armées.
La liberté des opinions a commencé, en France, par des attaques contre la religion catholique ; d’abord, parce que c’étaient les seules hardiesses sans conséquence pour l’auteur, et, en second lieu, parce que Voltaire, le premier homme qui ait popularisé la philosophie en France, trouvait dans ce sujet un fonds inépuisable de plaisanteries, toutes dans l’esprit français, toutes dans l’esprit même des hommes de la cour. […] Voltaire a rempli à lui seul cette époque de la philosophie, où il faut accoutumer les hommes comme les enfants à jouer avec ce qu’ils redoutent. […] Dans cet avenir incertain qui se présente confusément au-delà du terme de notre être, ceux qui nous ont aimés semblent devoir encore nous suivre ; mais si nous avions cessé d’estimer leurs vertus, de croire à leur tendresse ; si nous étions déjà seuls, où serait l’appui d’une espérance ? […] Il trouvera des idées, des expressions que l’ambition du bien peut seule faire découvrir ; il sentira son génie battre dans son sein, il pourra s’écrier un jour avec transport, en relisant ce qu’il aura écrit, ce qu’il aura dit dans un tel moment, comme Voltaire en entendant déclamer ses vers : « Non, ce n’est pas moi qui ai fait cela. » Ce n’est pas, en effet, l’homme isolé, l’homme armé seulement de ses facultés individuelles, qui atteint de son propre essor à ces pensées d’éloquence dont l’irrésistible autorité dispose de tout notre être moral : c’est l’homme alors qu’il peut sauver l’innocence, c’est l’homme alors qu’il peut renverser le despotisme, c’est l’homme enfin lorsqu’il se consacre au bonheur de l’humanité : il se croit, il éprouve une inspiration surnaturelle.
Si vous échappez à la conquête, tous les vices néanmoins s’introduiront chez vous, parce qu’il n’existera plus parmi les hommes que le seul intérêt du plaisir, et par conséquent de la fortune. […] C’est elle qui sert à connaître tout ce qu’il y a de bien dans la nature ; c’est elle qui peut seule ajouter à tous les biens de la vie la durée et le repos. […] Je sais combien il est facile de me blâmer de mêler ainsi les affections de mon âme aux idées générales que doit contenir ce livre ; mais je ne puis séparer mes idées de mes sentiments ; ce sont les affections qui nous excitent à réfléchir, ce sont elles qui peuvent seules donner à l’esprit une pénétration rapide et profonde. Les affections modifient toutes nos opinions sur tous les sujets : l’on aime tels ouvrages parce qu’ils répondent à des douleurs, à des souvenirs qui disposent de nous-mêmes à notre insu ; l’on admire avant tout certains écrits, parce que seuls ils ont ému toutes les puissances morales de notre être.
Tancrède Martel Ceux qui, comme le grand et vigoureux poète de la Chanson des gueux , ont voué leur existence entière aux flammes d’un art élevé, savent seuls ce qu’il y a de bonheur dans l’enfantement laborieux d’une œuvre préférée. […] Le poète de la Chanson des gueux ne les peint pas que de par dehors, pour le seul plaisir île faire du pittoresque. […] Il sait s’incarner dans les gueux qu’il peint Mais il n’a pas, malheureusement, il faut bien le dire, le seul sentiment qui l’aurait mis au-dessus de ses peintures, le sentiment qui lui aurait fait rencontrer cette originalité que Villon, […] Disons tout d’abord que la conclusion de l’œuvre est qu’il y a, dans chaque individu, des milliers de « moi » et qu’il est fou d’espérer pouvoir les réduire à un seul, absolu, unique ; il ne faut, par conséquent, pas chercher un paradis, mais des paradis sans nombre ; le poète nous les montre dans les Îles d’or, qui ne sont autre chose que les bonheurs épars qu’il est permis à chacun de conquérir ou de rêver… On retrouve, dans ce volume, écrit avec une prodigieuse facilité, toutes les brillantes qualités du grand producteur qu’est M.
Le nom seul du manoir est de ma façon. […] Duportal le soin de publier la vérité, qu’il est seul à savoir, sur ce personnage singulier. […] Le monde marche vers une sorte d’américanisme, qui blesse nos idées raffinées, mais qui, une fois les crises de l’heure actuelle passées, pourra bien n’être pas plus mauvais que l’ancien régime pour la seule chose qui importe, c’est-à-dire l’affranchissement et le progrès de l’esprit humain. […] Les malheurs de notre famille lui firent prendre une autre direction, et il traversa de dures épreuves, où son courage ne se démentit pas un seul instant.
Mais vous savez bien, vous, élève de tous les Renan, de tous les Taine, de tous les Maurras et de tous les Amouretti rencontrés, que votre pensée est empruntée ; vous n’avez d’autre esprit que « l’esprit de suite » et votre seule vertu intellectuelle se nomme docilité. […] J’en prends deux, au hasard, dans Leurs figures : « Dans cette plaie panamiste, si mal soignée par des médecins en querelle, les sanies accumulées mettaient de l’inflammation. » L’autre phrase est particulièrement basse et, joyeux d’une joie de latrines, vous avez souligné vous-même deux fois le mot qui en aggrave ignominie : « Resté seul, cet homme de valeur, subitement chassé de son cadre, fit de la poésie sentimentale, tel un influenzé eût fait de l’albumine. » Je vous souhaite, Monsieur, de ne jamais faire de poésie sentimentale et d’albumine. […] C’est cet article seul que je consens à prendre en main aujourd’hui. […] Ensuite l’écriture, grise, quelconque, ne se fait plus remarquer, sauf à longs intervalles par quelque gauche impropriété, trop souvent aussi par l’équivoque d’un même mot prononcé une seule fois et étourdiment employé dans deux significations voisines.
Le mécontentement de Pope ne fut pas le seul chagrin qu’eut à essuyer M. l’abbé Duresnel : on lui fit beaucoup d’autres tracasseries, qui l’ont empêché de donner une édition nouvelle de son ouvrage avec des corrections & des changemens. […] L’abbé Desfontaines, en parlant de sa traduction de Virgile, dit qu’il n’y a pas une seule ligne qu’il n’ait travaillée avec autant de soin que Despréaux travailloit ses vers. On a vu un traducteur, homme de mérite, être deux jours entiers à rendre une seule phrase de son original. […] Enfin toutes les manières possibles de traduire doivent aboutir à un seul objet, qui est de se faire lire de suite, avec plaisir, sans égard au texte, de ressembler à un excellent original.
Une femme seule dans ce temps épais, dans cette littérature sans élégance, pouvait être le svelte vicomte de Launay. Une femme seule pouvait nous donner ces feuilletons, qui feront certainement suite, dans l’histoire de la société française, aux lettres de Mme de Sévigné, cette feuilletoniste du grand siècle de Louis XIV, et déplier au regard qui craint qu’elles ne s’envolent ces fragiles peintures d’éventail On aura beau, par un tour de souplesse de l’imagination, se faire spirituel, dandy, Rivarol en habit violette expirante, grand seigneur, prince de Ligne, avec ses coureurs roses et argent, devant sa voiture rose, on n’arrivera jamais, si on n’est qu’un homme, à être le vicomte de Launay d’un siècle grave, par des choses que le siècle dédaigne ou n’aime plus, avec cette supériorité ! […] Malheureusement elle y rentre parfois, — dans la littérature, — et c’est la seule critique qu’il y ait à faire de ces Lettres parisiennes, dans lesquelles cependant, il faut bien en convenir, elle l’a tant oubliée ! […] C’est la seule chose qui, selon nous, soit à regretter, dans ces deux volumes où les chiffons sont les choses sérieuses, et les choses sérieuses des chiffons, et qui, miracle de légèreté, de grâce gaie et d’aisance souveraine, nous font l’effet d’être le chef-d’œuvre de Mme de Girardin.
La France, seule, a fait plus pour cette gloire que l’Angleterre, par exemple, dont le sang saxon touche au sang germain dans ses veines, et quoique son Walter Scott ait traduit Gœthe et que son grand Byron lui ait dédié respectueusement son Manfred. […] Je sais bien que Diderot, le précurseur Diderot, avait bien préparé la gloire de Gœthe avec la sienne ; mais Voltaire, le seul homme du xviiie siècle chez qui l’imbécille philosophie n’avait pas enniaisé l’esprit, resté français, Voltaire, qui méprisait Diderot, s’il avait vécu jusqu’au temps de Gœthe peut-être aurait-il respecté le Diderot allemand ! […] Il a, en effet, patiné pendant quatre-vingts ans sur cette glace fragile de l’admiration des hommes, qui, pour lui, ne s’est jamais rompue, et, sans accident et sans arrêt, il a glissé et est entré, d’un seul trait continu, dans sa tranquille immortalité. […] Trente-six autres depuis, et dont pas un seul ne mérite l’énorme réputation dont tous jouissent, lui valurent d’être le roi absolu — le Re netto — de l’esprit au xixe siècle.
Carlyle, dans son Histoire de la Révolution française, — si prodigieusement difficile à traduire, de l’aveu même de Philarète Chasles, ce Français-Anglais par la plume, le seul homme peut-être qui fût capable de triompher des difficultés de la langue et du génie de Carlyle, et qui essaya un jour, mais se fatigua et rentra bientôt dans son vagabondage et son lazzaronisme littéraires, — Carlyle est, en histoire (ce qu’on n’avait jamais vu !) […] Un de ses plus grands méprisants, Tacite, en a, mais sans un seul sourire. […] C’est la passion de son art d’historien toute seule, la passion de l’instrument dont il joue, et dont il ne joue au profit de personne qu’au sien ! […] Roche tout seul, — car ce singulier livre a la singularité de plus d’avoir changé de traducteur à chaque volume, ce qui prouve la difficulté de bien traduire Carlyle, — ce dernier volume commence en Septembre, à l’établissement de la Commune, jusqu’en Vendémiaire, aux mitraillades de Bonaparte, où finit, pour Carlyle, la Révolution.
En cela, il a été plus malheureux que Napoléon, qui, du moins, toucha à pleine main sa gloire, et fit des ennemis envieux de tout pouvoir d’un seul les très humbles et très obéissants valets du sien ! […] car les hommes n’ont pas assez de générosité intellectuelle pour s’incliner devant l’Esprit pur, réduit à sa seule force. […] Nous avions déjà, dans la littérature, des lettres d’amour célèbres et d’un intérêt irrésistible, de cela seul qu’elles sont des lettres d’amour ; mais, j’ose le dire, pas un seul de ces recueils de lettres n’a la valeur de celui-ci… Au siècle dernier, on eut les lettres de Rousseau, de Mirabeau, de Mademoiselle de l’Espinasse, mais Rousseau et Mirabeau tachent d’une sensualité, quelquefois grossière, l’amour qu’ils expriment ; Mirabeau surtout, ce porc à longue crinière qu’on prit trop facilement pour un lion, et qui avait roulé son âme dans la fange de toutes les impuretés de son siècle !
Elle vient de ce que les premiers sont des philosophes et les seconds des hommes politiques, et que la politique est maintenant la seule passion qui vive dans ce siècle tari, épuisé, mourant de faiblesse intellectuelle entre la négation et le doute, moins viril encore que la négation ! […] Il n’avait besoin ni de Cabanis, ni de Broussais, ni de Gall, ni d’Auguste Comte, ni de Littré, qui ont obéi comme des buffles à la lance stupide qui les pousse, c’est-à-dire à la tendance impérieuse et fatale du Matérialisme sans idées, plus puissant, à lui seul, que toutes les idées dont ils ont voulu le fortifier ! […] Réellement, dans cette phalange d’esprits — peu macédonienne — je ne vois pas une seule tête philosophique de valeur transcendante et qu’on puisse objecter à leurs doctrines, pour ne pas trop les mépriser… III Remercions le Matérialisme. […] IV Mais si la psychologie de Descartes a fait fléchir la rigueur d’une définition qui devait être rigoureuse sous la plume d’un aussi fort chrétien que l’auteur des Philosophes et la Philosophie, n’oublions pas que partout ailleurs, dans son livre, il reste l’homme irréprochable de ce Spiritualisme qui meurt actuellement sous l’étreinte du plus brutal Matérialisme, et que le Christianisme peut, seul, ressusciter, en l’en arrachant !
Je ne crois point, pour ma part, — moi, l’adversaire de toute académie quand il s’agit d’art ou de littérature, et qui me moque de ces sociétés, affectations organisées, coteries bonnes pour tous les Vadius et les Trissotins de la terre, — je ne crois point que Jules de Gères eût besoin d’un si pauvre stimulant pour revenir à la poésie, pour réveiller la Muse qui dormait au fond de son âme comme la Nuit de Michel-Ange… Quand toutes les sociétés de sonnettistes (s’il y en a plusieurs) auraient manqué à la France, qui ne s’en doute pas, il fût retourné à la poésie, qui est son destin, de par cette imagination que la vie peut blesser, comme les dieux sont blessés dans les batailles d’Homère, mais ne meurent pas de la perte de leur sang immortel… Jules de Gères est, de nature, très au-dessus des petites sociétés littéraires dont il peut avoir la condescendance, mais il n’a aucunement besoin d’elles pour se retrouver un poète, — c’est-à-dire un solitaire, un isolé, une tour seule (il me comprendra, le poète de la Tour seule !). […] Un seul homme de cette époque a dû sa situation au sonnet : c’est Joséphin Soulary. […] Fût-elle seule, une telle pièce sacrerait un homme poète… Quand mon ami (qu’on me passe cette fierté !)
Il y a quelque temps, le hasard, qui n’est pas toujours un imbécile, jeta dans nos mains un recueil de vers dont on a parlé bien sobrement, — l’auteur n’était pas de Paris, — et c’est ce recueil, très-inconnu en raison du peu qu’en ont dit les hospitaliers généreux de cette ville charmante, c’est ce recueil d’un luxe typographique qui est une poésie à lui seul que nous voulons signaler à l’attention de ceux-là qui aiment la poésie, et on ne peut l’aimer maintenant qu’avec désespoir. […] Soulary est un poète, malgré sa camisole de forçat volontaire, le seul genre de forçat que nous ne comprenions pas. […] La bouche seule me plaît dans tout cela, car, je l’ai dit, elle est amère. […] Il n’aime pas la mort comme Leopardi, le seul vigoureux élégiaque de ce monde affaissé, mais il en promène sur toutes choses l’ombre qu’il a toujours sur la pensée, et il n’y a pas que dans ses Papillons noirs que cette ombre terrible est projetée !
Au milieu des livres qu’elle écrivit et qu’on ne lit déjà plus, un seul fut un chef-d’œuvre et restera, et justement parce qu’il n’est pas un livre, parce qu’au contraire il est (heureusement !) […] Pour l’homme, elle est partout, quand il sait la trouver, quand il a la mystérieuse baguette d’Aaron qui la fait jaillir, même des rocs ; mais pour la femme, la femme normale, que l’esprit monstrueux des décadences n’a pas dégradée, elle n’est que dans les deux seuls grands sentiments à sa portée : l’amour et la maternité. […] Mme de Girardin, qui n’eut point d’enfants et qui le regrette dans des vers qui disent comme elle les eût chantés si elle en avait eu, Mme de Girardin ne put pas être une Valmore, et quand elle cessa d’être Delphine Gay, la poésie qui était en elle, la seule poésie qu’elle pouvait avoir, le cri du cœur ou sa rêverie, l’émotion de vingt ans disparut… et pour faire place à l’industrie des vers, à l’application volontaire, au technique de la chose, enfin au métier ! […] Les titres seuls de ces Poésies préviennent et en donnent l’accent : c’est La Noce d’Elvire, La Druidesse, Chant ossianique sur la mort de Napoléon, La Tour du prodige, L’Ange de poésie, Ourika, L’Écho des Alpes, etc. ; mais en 1838 la voix s’est affermie et étendue.
C’est la seule popularité qui ne soit ni une bêtise ni un mensonge, car les grands talents littéraires ne sont pas populaires, et dont le génie puisse être fier, parce qu’elle est en équation avec sa propre étendue. […] Tel est, selon moi, le plus grand mérite, — la plus grande originalité d’un homme qui en avait plusieurs à son service, quand une seule suffît bien souvent au talent ou même au génie ! […] Ainsi, l’originalité dramatique, car chaque fable, à elle seule, est tout un drame, dont les personnages, transposés de l’homme à l’animal, sont des caractères révélés par la plus merveilleuse divination physiologique. […] Et enfin, puisqu’il est descriptif, La Fontaine, l’originalité du paysagiste, quand, en France, de son temps, il n’y en avait pas encore un seul dans la littérature, et que Fénelon nous donnait (dans son Télémaque) une nature souvenue et tirée des Anciens… Eh bien, disons-le, à travers toutes ces originalités différentes, qu’on retrouve quand on les y cherche dans le génie décomposé de La Fontaine, la meilleure à mes yeux et la plus étonnante, celle qui le fait le mieux ce phénix de La Fontaine, celle qui complète le mieux toutes ses puissances par un charme vainqueur de tout, c’est la bonhomie, c’est cet accent de bonhomie qui se mêle à tous les détails de son œuvre, — et je n’entends pas ici que les Fables, mais les Contes !
Il n’y prononce pas une seule fois le nom de « vampire. » Il a même des habiletés singulières pour nous voiler le dénoûment de cette histoire dalmate, dont le titre est une distraction et nous avertit trop : mais il n’en est pas moins vrai que La Dame au manteau rouge est une monstruosité à la façon de lord Ruthwen. […] Dans sa Madame Gil Blas, où j’ai noté pourtant une scène très-belle, d’un tragique très-nouveau, inspirée par la physiologie (c’est un duel, horrible d’acharnement et de longueur, entre deux rivaux, au bord du lit d’une cataleptique, qu’ils croient morte, et qui, rigide, les voit, lus comprend, seul les coups qu’ils se portent et ne peut faire un cri, un geste, un mouvement de paupière pour les empêcher de se massacrer sous ses yeux ouverts, immobiles, marbrifiés par la catalepsie ! […] Mais la question que j’ai remuée ici n’est pas limitée à un seul point, n’est pas étranglée dans un seul phénomène : c’est la question du roman physiologique avec toutes ses inventions et toutes ses témérités.
, tandis que la réalité, faut-il dire pure pour dire toute seule, la réalité sans rien qui la relève, a d’ordinaire cette vile fortune que les hommes, ces fats en masse comme en détail, s’y reconnaissent, soit pour y applaudir, soit pour la maudire : mais, malédictions ou applaudissements, c’est toujours à peu près le même bruit ! […] C’est son genre, c’est peut-être à jamais son seul genre d’originalité ! […] Mais ce fait de n’être jamais que négativement et non pas affirmativement Russe, ce fait l’empêche, lui, d’être inventeur, comme les autres talents russes, qui ont toutes les puissances de l’esprit, excepté l’invention, la seule chose qui s’affirme et qu’on n’imite pas. […] Manière de travailler qui, seule, le classerait à un rang presque subalterne, car l’Inspiration n’a pas pour procédé de tendre la main, quand cette main est celle du talent, ou le chapeau, qui est plus grand que la main, quand cette main est celle du génie !
Aux robustes seuls à y toucher, et encore que de robustes elle a perdus ! […] Jamais on n’aurait trouvé dans Fanny, dans Catherine d’Overmeire, ni dans Daniel (le plus mauvais de ses romans avant ceux d’aujourd’hui), quelque chose de comparable au commencement d’Un Début à l’Opéra, qui est purement et simplement une dissertation technique et numérotée sur l’intérieur de l’Opéra, l’administration supérieure, le directeur, les sujets de la danse, les protecteurs du corps du ballet, les auteurs, compositeurs, professeurs, maîtres de ballet, les habilleuses, les coiffeurs, les chefs de claque, les abonnés, les feuilletonistes ; et qui, placée là en dehors du roman, comme un feuilleton à part, pouvait se publier toute seule, puisqu’elle ne se rattache en aucun lien appréciable à l’économie du récit qui va suivre. […] Ces trois romans : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse, qui ne font, comme je l’ai dit, qu’un seul livre, malgré leur triple étiquette, et qui devraient seulement s’appeler M. de Saint-Bertrand, ne sont que la vie de ce beau fils aimé d’une danseuse, homme entretenu (il faut dire exactement le mot), qui, pour jouer et bambocher, vend tout, se vend lui-même d’abord, puis vend sa maîtresse, puis sa femme, puis, quand sa femme n’est plus, son cadavre ! […] Restent donc les faits, les événements, les aventures, toute cette danse macabre des faits qui sont la vie même du roman-feuilleton… Eh bien, ces faits, — la seule ressource qui restât à Feydeau dans sa pénurie d’idées, de sentiment, de conception quelconque !
— Seule l’expérience, méthodiquement consultée, donnerait ici une réponse indiscutable : en nous faisant connaître les effets différents des différentes formes d’institutions, elle seule nous permettrait de distinguer celle qui produit bien les résultats demandés par l’idéal défini. […] Pour que cette science fût totale, il y aurait lieu de chercher dans les sens les plus différents les antécédents de l’égalitarisme : seules des recherches multiples, poussées de tous les côtés, nous en livreraient l’explication « exhaustive » ; toutes les sciences qui, directement ou indirectement, touchent aux phénomènes sociaux auraient sans doute leur mot à dire. […] Entre les formes sociales que nous pouvons distinguer, quelles sont celles qui favorisent l’expansion de l’égalitarisme, telles que leur seule présence dans un pays et dans un temps fournirait du progrès qu’y font les idées égalitaires, une explication partielle ?
Des villes entières furent consumées, sans qu’il en restât de trace ; d’autres ne conservèrent pas un seul habitant. […] Le sol de l’ancienne Rome avait été caché deux ou trois fois ; des restes de palais ou de temples noircis par les feux, et un terrain immense couvert de décombres, attestaient seuls son ancienne grandeur. […] Ce fut, pendant deux siècles, la seule éloquence qui régna d’un bout de l’Europe à l’autre. […] Parmi tant d’orateurs allemands, italiens, français, hollandais, suédois, comment n’y en eut-il pas un seul qu’on puisse lire aujourd’hui avec intérêt, et qui ait conservé du moins quelque célébrité ?
… Voilà la seule réserve que nous mettons à notre contentement. […] Un seul faux pas pourrait les perdre. […] Autrefois, cela allait tout seul. […] Je suis seul, absolument seul. […] Si chacun d’eux pouvait penser tout, seul et agir selon qu’il a pensé !
Les seules invectives qu’on puisse y relever ont trait à la Bourgeoisie et à ses apologistes. […] En 1894 et en 1895, je fus tout seul… Tout seul, non : une amitié fidèle ne m’abandonna pas un seul instant : celle de M. […] Homais, le capitaine Fracasse et les Gouvernants ne possèdent-ils plus qu’un seul cœur : ce cœur bat dans leur coffre-fort. […] Aussi faisait-il dire à Zarathustra : « Je m’en vais tout seul, ô mes disciples ! […] Aussi l’Anarchiste est-il le seul qui raisonne proprement lorsqu’il en demande l’abolition.
Rien que par ce seul cri Parny mériterait de ne point mourir. […] Tel a été son entortillage, que ce point a paru problématique à quelques personnes ; mais ce doute seul déciderait la question, et prouverait que M. […] O toi qui fus mon seul charme renaissant, ma seule illusion constante, sois-le à jamais ! […] il est désormais ma seule poésie ! […] Venez demain mardi ; nous serons seuls depuis onze heures du matin jusqu’à neuf heures du soir, y compris la demi-heure du dîner.
Il professe la vanité de la politique et de la philosophie ; une seule chose est réelle : jouir de la vie. […] » Les trois tons de l’ode, la prière, la colère, la philosophie, se combinent, comme on le voit, d’un seul jet dans cette ode. […] En cela seul nous différons du tout au tout, dans le reste jumeaux en goût et en amitié. […] Le seul vrai maître, là, c’était la liberté amicale des convives. […] Les amis se séparent à Brindes ; Horace alla seul, ou peut-être avec Virgile, visiter sa chère fontaine de Blandusie et les ruines de la maison de son père à Venusia.
j’étais seul, seul sur la terre ! […] De tous les romanciers, le seul Paul de Kock, souverainement méprisé par les aigles du roman, a su retrouver un peu de la gaieté animale et débordante de Rabelais et de nos vieux conteurs. […] Une littérature aussi pimentée pouvait seule convenir aux hommes qui sortaient de la Terreur. […] La vie politique intense qu’on avait menée pendant des années avait habitué aux longues discussions, qui à elles seules ne pouvaient distinguer un roman d’entre les douzaines paraissant tous les mois. […] Elle s’indigne que « des fortes têtes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain comme seuls dignes de l’estime des hommes… Mais combien d’êtres peuvent se flatter de quelque chose de plus glorieux que d’assurer à soi seul la félicité d’un autre.
le seul, — avant les romantiques. […] « Dieu seul est grand ! […] Poinsinet seul le savait ; et il n’a rien dit. […] Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? […] L’intérêt ne pourrait pas naître un seul instant.
Mais, étant un moraliste, s’il laisse la réalité toute seule, c’est pour la laisser parler toute seule. […] « Nous mourons seuls ! […] Mais, en un autre sens, nous ne mourons pas seuls. […] Napoléon, à Fontainebleau, est seul. […] et toute seule ?
La campagne seule, quand on est assez heureux pour en prendre le goût, dédommage de notre grande capitale. […] Dans une audience qu’il a du pape (Clément XIII), audience qu’il n’est pas empressé de rechercher, mais à laquelle il croirait peu séant de se soustraire puisque tous les Français connus se faisaient présenter, à la fin de l’entretien qui dure une demi-heure, il reçoit en cadeau de Sa Sainteté un chapelet et l’en remercie en lui baisant un peu brusquement la main, familiarité qui fait sourire les assistants, car c’est un privilège qui est réservé aux seuls cardinaux. […] Dès qu’un auteur produit une idée nouvelle, elle est aussitôt reçue comme vraie ; la nouveauté seule en est le passeport. […] Duclos était resté bon et tendre fils ; le chagrin qu’il éprouva en perdant « la seule personne, dit-il, dont on puisse être sûr d’être aimé », le rendit malade. […] [NdA] On a dit, et j’avais moi-même répété, que le mot de femme ne se trouve pas une seule fois dans l’ouvrage.
Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots. […] Ils montaient au Pic, et nous demandèrent si l’on voyait la plaine bien dégagée de vapeurs, car la curiosité seule les y conduisait, et ils venaient des montagnes du Béarn… Les Alpes ne m’ont point offert d’exemple d’une pareille curiosité : elle suppose cette inquiétude de l’esprit, ces besoins de l’imagination, cet amour des choses étonnantes, lointaines, fameuses, dont le bonheur paisible de l’habitant des Alpes ne fut jamais troublé, et dont le bonheur plus romanesque de l’habitant des Pyrénées se compose. […] À un certain endroit un pont, d’une seule arche se présente, jeté sur le gave, à quatre-vingt-dix pieds environ au-dessus du torrent : « Ce pont lui-même, antique et dégradé, revêtu de lierre qui pend de sa voûte en rustiques festons, a pris en quelque sorte l’uniforme de la nature, et a cessé d’être dans ce sauvage tableau un objet étranger. » L’uniforme de la nature est un de ces traits maniérés ou affectés qui se rencontrent quelquefois chez Ramond, mais qui ne sauraient compromettre le juste effet des ensembles. […] Tableau doux et champêtre dont la simple nature a fait les frais, il doit réunir comme elle la vénérable empreinte de l’antiquité aux charmes d’une immortelle jeunesse, et se renouveler au retour de chaque année comme la feuille des arbres et comme l’herbe des prés… Cette rencontre était un heureux hasard pour la troupe dont je faisais partie, et de pareils objets lui présentaient un bien nouveau spectacle ; mais nul ne leur pouvait trouver comme moi ce charme dû à la comparaison et au souvenir, et depuis longtemps ami des troupeaux, seul je les abordais en ami, jouissant de leur curiosité, de leurs craintes et de leur farouche étonnement. […] Il ne disait pas assez en parlant ainsi ; il ne disait pas que dans ses propres écrits comme dans ceux d’un bien petit nombre de savants exacts, il était entré quelque chose de la beauté de l’art et de la magie du talent, et qu’il y aurait à citer des disciples de premier ordre dans la postérité de Buffon : lui-même, fût-il le seul, en serait la preuve.
Il n’y a dans Fanny que deux personnages en présence, et un troisième toujours présent en idée et qu’on ne voit en face qu’une seule fois : Roger qui a vingt-quatre ans, Fanny qui en a trente-cinq, et le mari de Fanny qui en a quarante. […] La naissance, le progrès, les divers temps de ce mal de jalousie chez Roger, ses soupçons tantôt irrités, tantôt assoupis, et que le moindre mot réveille, son horreur du partage, l’exaspération où il s’emporte à cette seule idée, tous ces degrés d’inquiétude et de torture jusqu’à la fatale et horrible scène où il a voulu n’en croire que ses yeux et être le témoin de sa honte, sont décrits avec un grand talent, avec un talent qui ne se refuse aucune rudesse métallique d’expression, qui ne craint pas d’étreindre, de violenter les pensées et les choses, mais qui (n’en déplaise à ceux qui n’admettent qu’une manière d’écrire, une fois trouvée) a certainement sa forme à lui et son style. […] Dans toutes les parties d’Adolphe qui ne sont pas essentielles, on trouverait de ces espèces de défauts, et même des défauts de style. — « Mon père, dit Adolphe parlant de certaines liaisons, les regardait comme des amusements, sinon permis, du moins excusables, et considérait le mariage seul sous un rapport sérieux. » — La note perpétuelle d’Adolphe est une note sourde, intérieure : « Je m’agitais intérieurement. — Je me débattais intérieurement. […] Et Roger que ce nous négligemment jeté a déjà mordu au cœur, et que bouleverse la seule attente, se met à décrire le conflit fiévreux de sentiments contraires, de terreurs, d’espoirs confus et d’amertumes qui lui bouillonnaient dans le cerveau : Mais ce n’était rien auprès de ce que je devais éprouver à cette table trop étroite où, sous les nappes de clarté qui s’échappaient des globes des lampes, nul convive ne pouvait dérober à personne les pensées qui plissaient son front. […] ne daignant même pas pénétrer jusqu’au cœur les sujets oiseux que j’avais imprudemment choisis, mais qu’il me condamnait maintenant à poursuivre, comme s’ils eussent été les seuls qu’il jugeât dignes de moi.
Ballanche et de M. de Laval : M. de Chateaubriand n’y gagne pas, et sans doute ici, et sur ce seul point, la tendresse délicate de Mme Récamier aurait eu à souffrir, à s’inquiéter, de l’effet de la publication présente. […] On me dira que M. de Montmorency n’avait pas les mêmes raisons que M. de Chateaubriand d’être irrité au vif et ulcéré, que ses talents ne le dévoraient pas, qu’il n’avait pas la conscience d’être le plus habile et le seul capable de mener à bien la monarchie. […] C’est toujours Galatée qui vous jette une seule pomme d’or, et qui s’enfuit en se faisant désirer. […] Voilà ce que les plus misanthropes auraient eu à dire ; voilà la seule réserve qu’on pourrait faire, en parlant de ce coin de monde si orné et si délicieux. […] Le Chateaubriand politique, que nous avons autrefois essayé de peindre, achève de s’y dessiner tout entier, jamais content, toujours prêt à rompre, en ayant, dès le second jour, de cent pieds par-dessus la tête, voulant tout et ne se souciant de rien, n’ayant pas assez de pitié et de dédain pour ses pauvres amis, ses pauvres diables d’amis (comme il les appelle), croyant que de son côté sont tous les sacrifices, et se plaignant de l’ingratitude des autres, comme si seul il avait tout fait.
Les anciens poètes grecs avaient un seul mot pour dire lumière et homme (φώς), comme si l’homme était réellement le phare de la création. […] Duveyrier, qui est un auteur dramatique des plus distingués, qui connaît la mise en scène et l’art du dialogue, qui a excellé à faire parler des personnages naïfs et originaux, ait su donnera ce qu’il lisait l’accent, le ton, la physionomie, et que dans un seul monologue il ait diversifié les rôles. […] L’ignorance où l’on était de la géographie et du vrai système du monde eût seule suffi pour envelopper l’homme de ténèbres et pour tempérer la plus hardie curiosité par un certain effroi de l’inconnu. […] Dans toutes les conditions et toutes les carrières, en quelque rang que la fortune les ait fait naître, nombre de natures généreuses s’y livrent par le seul entraînement d’une vocation irrésistible. » M. […] Il y entrerait beaucoup de savants, mais non pas des savants seuls.
Laujon, qui en était le grand artisan à Berny, le disait avec grâce en publiant après plus d’un demi-siècle son Mélange de Fêtes… « Puissiez-vous ne pas oublier que le principal attribut du poëte de société, c’est la complaisance, et que le désir de plaire est le seul vœu qu’elle lui prescrive ! […] Le comte de Clermont croyait avoir fait tout seul cette pièce, absolument comme il croyait avoir pris Namur. […] Hors ce seul jour, il ne parut plus jamais à l’Académie. […] Quand j’ai dit qu’il ne remplit jamais ses devoirs de directeur, il y eut pourtant une circonstance où il en fit les fonctions : c’est lorsqu’on songea à réunir les différentes fondations successives, destinées à des prix d’académie, et à les constituer en un seul fonds pour un prix annuel qui subsiste encore sous cette forme, et qui est alternativement d’éloquence et de poésie. […] La même année qu’il prétendait à un siège à l’Académie et qu’il ambitionnait d’appeler confrères les gens de lettres, il méconnaissait ce qu’il y a de sérieux dans les Lettres mêmes et ce qui leur confère le seul caractère sans lequel elles resteraient à jamais futiles.
Il faut donc que le lecteur veuille bien examiner et vérifier lui-même les théories présentées ici sur les illusions naturelles de la conscience, sur les signes et la substitution, sur les images et leurs réducteurs, sur les sensations totales et élémentaires, sur les formes rudimentaires de la sensation, sur l’échelonnement des centres sensitifs, sur les lobes cérébraux considérés comme répétiteurs et multiplicateurs, sur le mécanisme cérébral de la persistance, de l’association et de la réviviscence des images, sur la sensation et le mouvement moléculaire des cellules considérés comme un seul événement à double aspect, sur les facultés, les forces et les substances considérées comme des illusions métaphysiques2, sur le mécanisme général de la connaissance, sur la perception extérieure envisagée comme une hallucination véridique, sur la mémoire envisagée comme une illusion véridique, sur la conscience envisagée comme le second moment d’une illusion réprimée, sur la manière dont se forme la notion du moi, sur la construction et l’emploi des cadres préalables, sur la nature et la valeur des axiomes, sur les caractères et la position de l’intermédiaire explicatif, sur la valeur et la portée de l’axiome de raison explicative. — En de pareils sujets, une théorie, surtout lorsqu’elle est fort éloignée des doctrines régnantes, ne devient claire que par des exemples ; je les ai donnés nombreux et détaillés ; que le lecteur prenne la peine de les peser un à un ; peut-être alors ce qu’au premier regard il trouvait obscur et paradoxal lui semblera clair ou même prouvé. […] Pourtant ces documents sont les seuls qui nous permettent de saisir sur le vif les nuances de l’aliénation mentale, de l’interpréter, de nous la figurer avec précision. […] Le cerveau humain est alors un théâtre où se jouent à la fois plusieurs pièces différentes, sur plusieurs plans dont un seul est en lumière. […] L’écrit finit toujours par une signature, celle d’une personne morte, et porte l’empreinte de pensées intimes, d’un arrière-fond mental que l’auteur ne voudrait pas divulguer. — Certainement on constate ici un dédoublement du moi, la présence simultanée de deux séries d’idées parallèles et indépendantes, de deux centres d’action, ou, si l’on veut, de deux personnes morales juxtaposées dans le même cerveau, chacune à son œuvre et chacune à une œuvre différente, l’une sur la scène et l’autre dans la coulisse, la seconde aussi complète que la première, puisque, seule et hors des regards de l’autre, elle construit des idées suivies et aligne des phrases liées auxquelles l’autre n’a point de part. — En général, tout état singulier de l’intelligence doit être le sujet d’une monographie ; car il faut voir l’horloge dérangée pour distinguer les contrepoids et les rouages que nous ne remarquons pas dans l’horloge qui va bien. […] L’œil extérieur n’atteint pas les mouvements moléculaires qui s’exécutent dans les fibres et les cellules de l’encéphale ; seul l’œil intérieur peut servir de guide ; il faut avoir recours à la psychologie pour démêler les sensations et les images dont ces mouvements sont l’aspect physique.
Et seuls y voient un illogisme les critiques eux-mêmes, qui sont imbus d’une idée essentielle ; c’est que beaucoup de feuilletonistes réunis constituent évidemment une critique, comme beaucoup de menuisiers réunis ont droit à constituer la menuiserie. […] Restent les revues, seules sauvegardes des lettres françaises, seuls lieux courtois où l’écrivain soit traité à son mérite, avec de la place pour exposer ses idées, un public sérieux et capable de relire ; mais s’il est aisé de parler tout à son gré d’un auteur, dans les revues, il n’est pas moins vrai de constater que la critique littéraire y est également réduite au minimum. […] On a dit que les producteurs étaient seuls capables de juger la production. […] Marcel Schwob parle comme seul Mallarmé savait le faire d’une certaine critique psychologique de la littérature étrangère.
Mais nous faisons une vie qui m’ôte toute espérance de pouvoir vous donner un rendez-vous sûr, car madame rie Montespan sort depuis le matin jusqu’au soir, et n’a gardé la chambre qu’un seul jour, et je n’en fus pas avertie. […] Je ne reçois de lettres que d’un seul homme, et si l’on continue, on me persuadera qu’il ne faut faire fond que sur des gens dont l’amitié est plus vive que vous ne le voulez. » Ce seul homme dont elle reçoit des nouvelles, et dont l’amitié est plus vive qu’elle ne voudrait, est évidemment le roi. […] La seule différence, c’est qu’on joue dans ces grands appartements que vous connaissez. » (Cette différence était fort grande pour les relations d’intimité.) […] Le 27 octobre, elle écrivait, de Bagnères, à l’abbé Gobelin : « Ces agitations (elle parle de celles que lui causait la santé du duc du Maine) ne sont pas les seules que je souffre.
L’auteur, en essayant d’appliquer à son héros le type de beauté du grand peintre d’Urbin, a oublié une seule chose ; c’est que la première, la souveraine impression que fait sur nous la vue d’une figure de Raphaël, est une impression de pureté virginale et de chasteté. […] Caton, César, Démosthène, Tasse, Shakespeare, Job et tutti quanti, tout cela en un seul homme, à la bonne heure ! […] S’adressant au lac chéri qu’il revenait seul revoir après une année, le poète, encore ému, s’écriait : Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés ! […] Je m’attache au seul personnage de Julie, qui fait l’âme du livre, et je lui applique ce que M. de Lamartine lui-même, dans l’un des beaux passages du volume, dans sa visite aux Charmettes, nous a dit de Mme de Warens : Je défie un homme raisonnable, affirme-t-il, de recomposer avec vraisemblance le caractère que Rousseau donne à son amante, des éléments contradictoires qu’il associe dans cette nature de femme. […] Si, à un certain moment, elle s’est convertie à Dieu, ce dut être au Dieu des chrétiens, au Dieu du crucifix, au seul Dieu enfin que confessât alors son amant.
Le titre seul effraya tellement le public, qu’il ne se trouva pas vingt souscripteurs. […] C’est le seul écrivain qui en ait imposé au fleau des auteurs. […] Tant de talens réunis dans Boursault firent avouer à Boileau, qu’il avoit eu tort de l’irriter & de le confondre avec les auteurs les plus décriés. « C’est le seul homme, disoit-il, que j’aie craint ». […] Ceux qui font la musique ou les paroles des opéra devroient, par cette seule considération, être toujours unis*. […] Cette seule plaisanterie empêcha l’abbé Cassaigne de prêcher à la cour un carême pour lequel il avoit été nommé.
Or, sur ce tableau, où figurent un certain nombre d’hommes supérieurs ou très-distingués, Cuvier et Byron sont seuls au premier rang. […] Ce n’est pas d’ailleurs le seul fait significatif de la liste de M. […] Un seul fait ressort de ces débats, c’est que l’on est loin d’être arrivé à des conclusions précises en cette matière. […] Il y a donc là une considération dont il faudra tenir compte ; mais que cette considération soit la seule, et que l’on puisse avec le phosphore, l’iode ou telle autre substance, remplacer l’âme, comme le pensait M. […] Peu m’importe la question d’origine ; je ne cherche pas si un seul couple a donné naissance à l’espèce tout entière.
Il n’est pas d’expression pittoresque qui puisse articuler, pour ainsi dire, les paroles du vieil Horace, quand il répond à celui qui lui demandoit ce que son fils pouvoit faire seul contre trois combattans : qu’il mourût. […] Je me suis étonné plusieurs fois que les peintres qui ont un si grand interêt à nous faire reconnoître les personnages dont ils veulent se servir pour nous toucher, et qui doivent rencontrer tant de difficultez à les faire reconnoître à l’aide seule du pinceau, n’accompagnassent pas toujours leurs tableaux d’histoire d’une courte inscription. […] Joints ensemble, ils feront ce qu’un seul n’auroit pû faire, et ils exprimeront ainsi l’idée du poëte dans toute sa force. […] Il n’en est pas de même du peintre qui ne peint qu’une seule fois chacun de ses personnages, et qui ne sçauroit emploïer qu’un trait pour exprimer une passion sur chacune des parties du visage où cette passion doit être renduë sensible. […] C’est même souvent en vain qu’il tente de corriger sa faute ; il recommence sans faire mieux, et semblable à ceux qui cherchent dans leur memoire un nom propre oublié, il trouve tout hormis le trait qui pourroit seul former l’expression qu’il veut imiter.
On y pleurait et on y riait, et seule l’Église anglicane ne riait ni ne pleurait. […] Il avait aimé toute sa vie, mais il n’avait jamais aimé assez longtemps pour être autre chose que le plus heureux des hommes… Cependant, voici la bande noire à l’étoffe rose : il mourut seul, dans un hôtel garni, je crois. […] Quant au livre lui-même, que ne devait-il pas être pour soutenir ce titre écrasant et terrible de Koran, qui éclate comme un météore dans l’Histoire, et avec lequel une colossale humour aurait seule pu lutter ? […] On n’analyse pas le pêle-mêle, — et c’en est un de pensées, de jugements, d’anecdotes, de choses inertes, de silhouettes manquées, d’argiles empâtées, sur lesquelles le doigt inspiré n’est pas, une seule fois, descendu. […] Stapfer se place seule entre les quelques détails trop succincts donnés par Walter Scott, lequel inventait mieux une vie qu’il n’en écrivait une, et les injures sanglantes et superficielles de Lord Byron.
Sans rien ôter de sa gloire littéraire, on auroit pu retrancher du Recueil de ses Œuvres un grand nombre de Pieces, & les réduire à trois ou quatre qui méritoient seules d’être recueillies. […] Ce seul exemple devroit suffire pour engager les Mécènes modernes à mieux accueillir les vrais talens, & à ne pas accorder leur protection & leurs bienfaits à des Auteurs dont ils devroient être eux-mêmes les redoutables fléaux.
Elle implora les bontés de la Reine seule. […] Cela seul, mon fils, est assez magnanime. […] Le cœur est seul capable de féconder ses rêves. […] Seul, un cerf brame au loin vers les eaux. […] Mais Platon resté seul, ne pleurait pas.
Le besoin des sens a seul survécu. […] Les sons s’y trouvent seuls engagés. […] Il a suffi quelquefois d’un seul homme pour dévier le cours des choses. […] Cela seul suffirait à prouver l’utilité, à établir la légitimité du système nouveau. […] Mais le seul sentiment qu’elle comporte, c’est une mélancolie virile.
Boileau, vieux, discourait volontiers à tout propos, un peu abruptement, et parlait seul à la façon d’un Royer-Collard ; mais les sujets étaient circonscrits ; il se renfermait dans la poésie et les Lettres pures. […] Tel homme qui a été trois heures attentif à la Comédie aurait peut-être, en rêvant ou demeurant seul, conçu quelque mauvais dessein ou de se tuer ou de tuer son voisin. […] Cette belle personne de l’âge de seize ans, qu’il se choisit pour se récréer la vue et pour s’entretenir avec elle lorsqu’il demeurerait seul, plutôt que pour aucun usage auquel il la pût appliquer, en ferait le principal ornement. […] Les œuvres de Marot et de Rabelais sont réduites à cinq ou six feuillets ; Saint-Évremond, à un très petit volume ; Bayle, à un seul tome ; Voiture, à quelques pages7. » Je ne loue pas cette méthode, je la constate. […] Bayle réduit à un seul tome, selon la recette française et à la dernière mode de Paris, quel déchet !
Les Espagnols, en vrais brutaux, lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes féroces ; ils tuent, brûlent, massacrent, pillent le Nouveau Monde comme une ville prise d’assaut, sans pitié comme sans discernement… Les Américains des États-Unis, plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs, et il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indiennes… » L’exposition ainsi faite, le moral et l’esprit de la scène ainsi expliqués complètement, il la raconte si bien que cela finit par être une peinture navrante : « Six à sept mille Indiens ont déjà passé le grand fleuve, ceux qui arrivaient à Memphis y venaient dans le dessein de suivre leurs compatriotes. […] Il n’avait d’ailleurs, disait-il, que des notes sans ordre et sans suite, des idées détachées dont seul il avait la clef : « Ce que je rapporte de plus curieux, ce sont deux petits cahiers où j’ai écrit mot pour mot les conversations que j’ai eues avec les hommes les plus remarquables de ce pays-ci. Ce chiffon de papier a pour moi un prix inestimable, mais pour moi seul qui ai pu sentir la valeur des demandes et des réponses. » L’idée de publier ces documents de première main, en les développant dans un simple récit, ne souriait nullement à son esprit plus compliqué et plus exigeant, qui aimait à avoir en vue plus d’un but à la fois : « Vouloir présenter un tableau complet de l’Union serait une entreprise absolument impraticable pour un homme qui n’a passé qu’un an dans cet immense pays. […] Je l’arrête sur un seul mot. […] Quand toutes les idées secondaires auront disparu, celle-là seule restera, et vous en serez le représentant.
Tous ont reçu des signes de satisfaction et de gloire ; celui seul qui, au dire du maréchal lui-même, avait le plus contribué à la victoire, est récompensé par les arrêts ! […] Entre Thiers et Charras, il y a lieu à un futur Jomini, qui soit à Napoléon capitaine ce que Jomini a été au grand Frédéric, n’étant occupé ni d’excuser ni d’accuser, ne surfaisant rien, ne diminuant rien, exempt même de patriotisme, mais opposant le pour et le contre au seul point de vue de l’art, et tenant grand compte dans son examen comparatif des documents étrangers. […] Alexandre fit un mouvement : « Général, je vous remercie de votre zèle, mais c’est à moi seul d’en juger. » Cette circonstance ne laissa pas de jeter du froid sur la suite des relations de Jomini et de l’empereur Alexandre. […] » On a appelé la bataille de Leipsick « la bataille des nations. » Ce sont elles en effet, avec toutes les passions et les haines vengeresses accumulées, ce sont elles seules, ardemment accourues de tous les points de l’horizon, qui retournèrent le destin et qui triomphèrent. […] Le maréchal Ney était le type de ce que l’on pouvait désirer de plus parfait en ce genre. » C’est qu’en effet, dans ce rôle de général d’arrière-garde, on ne perd pas de vue l’ennemi un seul instant.
L’abbé de La Mennais, avec cette éloquente énergie de conviction qui ne s’est pas relâchée un seul instant depuis, apparut tout d’un coup au siècle en 1817, par son premier volume de l’Essai sur l’Indifférence ; les deux ou trois écrits qu’il avait publiés auparavant l’avaient laissé à peu près inconnu. […] Après quoi le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, livré à lui-même et altéré de savoir, lut, travailla sans relâche, et se forma seul. […] Il n’en fut donc pas le seul, l’essentiel auteur, et on peut expliquer ainsi, s’il en est besoin, l’espèce de contradiction, d’ailleurs fort légère, qu’on s’est plu à faire remarquer entre certaines opinions énoncées par lui dans la suite, et un ou deux passages du discours préliminaire de ce livre. […] Les systèmes mitoyens n’ont d’autre effet que de tourner contre lui tout ce qui dans l’État est doué de quelque action… Trouverait-on, quelle que soit d’ailleurs la nature de ses opinions, un homme, un seul homme qui veuille ce qui est, et ne veuille que ce qui est ? […] Pendant les intervalles de la controverse vigoureuse à laquelle on l’aurait cru tout employé, serein et libre, retiré de ce monde politique actif où le Conservateur l’avait vu un instant mêlé et d’où tant d’intrigues hideuses l’avaient fait fuir, entouré de quelques pieux disciples, sous les chênes druidiques de La Chênaie, seul débris d’une fortune en ruine, il composait les premières parties d’un grand ouvrage de philosophie religieuse qui n’est pas fini, mais qui promet d’embrasser par une méthode toute rationnelle l’ordre entier des connaissances humaines, à partir de la plus simple notion de l’être : le but dernier de l’auteur, dans cette conception encyclopédique, est de rejoindre d’aussi près que possible les vérités primordiales d’ailleurs imposées, et de prouver à l’orgueilleuse raison elle-même qu’en poussant avec ses seules ressources elle n’a rien de mieux à faire que d’y aboutir.
Les proportions générales se sentent mieux, et les individus de génie détachent seuls leur tête. […] Je n’en citerai qu’un seul petit échantillon : après un mot sur Amyot et ses grâces françaises, « Ronsard cependant, dit M. […] Vinet en apprécie l’inspiration et l’influence, lorsque, pour le réprouver plus à coup sûr, il s’arme d’une citation empruntée à Voltaire lui-même, il devient éloquent de toute l’éloquence dont la critique est capable, et cela par le choix que lui seul a su faire d’une citation telle. […] Le vif seul des observations morales, ou le touchant des prières qui terminent, ressortent par instants. […] Un seul mot qui pourrait déplaire dans cette pièce sans tache est celui d’angoissée, mais je dois dire qu’il est d’usage habituel dans le canton de Vaud ; la lecture de la Bible en langue vulgaire maintient en circulation beaucoup de ces mots un peu étranges ou vieillis.
Sue visait surtout à exprimer certains résultats de précoce et fatale expérience, certaines vérités amères et plus qu’amères, que l’excès seul de la civilisation révèle ou engendre. […] Sue abordait le dix-septième siècle et l’époque de Louis XIV ; au moment donc où il avait l’air de se corriger, son pessimisme se déplaçait et se reportait sur la personne même de Louis XIV, sur cette auguste et égoïste figure qui était censée représenter à elle seule toute l’époque. […] Comme c’est là le seul grave reproche que j’aie à adresser en général à l’intéressant et instructif roman de M. […] Mais que sera-ce donc si j’ai à faire parler dans mon récit un de ces hommes dont le nom seul enferme tout un culte et un héritage évanoui de vertu, de gravité et d’éloquence, quelque Daguesseau, quelque Lamoignon ? […] En vain l’auteur semble le croire corrigé vers la fin, dans sa vie heureuse avec Marie ; le temps seul lui a manqué pour rompre encore ; un an ou deux de plus, et je réponds qu’Arthur aurait traité cette Marie comme il avait traité Catherine, Marguerite et Hélène.
Bossuet, jugeant les révolutions des empires, pensait comme De Maistre ; lui aussi, il n’envisage des factions, des nations entières, que comme un seul homme sous le souffle d’en haut ; il les fait marcher et chanceler devant lui comme une femme ivre. […] L’histoire est donc un art ; il y met du sien, de son esprit, il y imprime son cachet, et c’est même à ce prix seul qu’elle est possible. […] On eût accordé au seul prêtre parlant du haut de la chaire au nom de la Providence ce droit qu’un historien, procédant dans la froideur et la rectitude philosophique, parut usurper. […] Une seule fois, en 1833, il fut chargé d’une mission de confiance pour l’Espagne, à la mort de Ferdinand VII, et il alla porter à notre ambassadeur, M.de Rayneval, le mot du changement de politique dans les circonstances nouvelles que créait le rétablissement de la succession féminine. […] M.Mignet a plus fait pour Louis XIV que tous les panégyristes : il nous a ouvert l’intérieur de son cabinet et l’a montré au travail comme roi, judicieux, prudent dès la jeunesse, invariablement appliqué à ses desseins et ne s’en laissant pas distraire un seul instant, au cœur même des années les plus brillantes et du sein des pompes et des plaisirs.
Elle passait par ce moyen plus de temps seule auprès de lui, et plus que tout encore elle satisfaisait son aversion contre M. le Dauphin, Mme la Dauphine et Mesdames, en écartant le roi d’eux, et rendait vis-à-vis de lui leur conduite embarrassante. […] Je quittai donc Lemonnier, après en avoir appris l’état du roi, et après avoir su que lui-même en était exclu par Mme Dubarry, qui y était actuellement renfermée seule, ou avec M. d’Aiguillon. […] M. d’Aumont n’en était pas plus content ; il avait promis à M. d’Aiguillon de faciliter fréquemment les visites de Mme la comtesse ; il tint son petit conseil avec L……, et le détermina en conséquence à venir nous dire à tous dans la chambre que le roi voulait être seul. […] M. le comte de Provence, M. le comte d’Artois et leurs femmes sortirent aussi ; Mesdames seules restèrent. […] Son affaissement, le peu d’inquiétude qu’il témoignait, lui qui était l’homme du monde le plus douillet et le plus penaud, me paraissaient la preuve la plus décisive du danger de son état à ajouter au danger seul de la nature de sa maladie.
Dans la seule petite ville de Châtellerault (qui est de quatre mille habitants), il y avait dix-huit cents pauvres cet hiver sur ce pied-là… La quantité des pauvres surpasse celle des gens qui peuvent vivre sans mendier… et les recouvrements se font avec une rigueur sans exemple ; on enlève les habits des pauvres, leurs derniers boisseaux de froment, les loquets des portes, etc. […] Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620 Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre. […] Dans un seul canton, près de Preuilly, la bruyère couvre quarante mille arpents de bonne terre. […] Les paysans y vivent de seigle dont on n’ôte pas le son, qui est noir et lourd comme du plomb Dans le Poitou et ici, on ne laboure que l’épiderme de la terre, avec une petite vilaine charrue sans roues… Depuis Poitiers jusqu’à Montmorillon, il y a neuf lieues, qui en valent seize de Paris, et je vous assure que je n’y ai vu que quatre hommes, et trois de Montmorillon chez moi, où il y a quatre lieues ; encore ne les avons-nous aperçus que de loin, car nous n’en avons pas trouvé un seul sur le chemin. […] En 1715, la taille et la capitation, qu’il paye seul ou presque seul, étaient de 66 millions ; elles sont de 93 en 1759, de 110 en 1789655.
Seule la revue ou les feuilletons du Temps et des Débats offrent une place suffisante. […] 2º Les journaux devraient tous avoir un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. […] Ce malfaisant Procuste veut ramener tous les littérateurs aux proportions du lit qu’il a décrété, toujours arbitrairement, le seul confortable. […] Sa conscience le met à l’abri des tentations, son caractère l’élève au-dessus de son temps, son goût est entretenu par la seule lecture des maîtres. […] « Seule la revue », écrit M.
On la désirerait, à certaines places, secouée de plus de nouveauté, vivifiée par des trouvailles ; et, si elle devait ne chercher que sa propre beauté, s’arrêter à la seule splendeur de ses lignes sculpturales, il faudrait (mais je cherche ici par trop la petite bête !) […] Leconte de Lisle dans l’Inde et le Touran, M. de Hérédia — seul logique — chez les conquérants de l’or. […] L’afflux trop puissant de la littérature antique aux xve et xvie siècles nous a jetés trop loin de nous ; seul Rabelais avait pu se plonger dans ce courant sans qu’il l’emportât : les autres n’y purent résister et nous sommes partis pour ailleurs. […] Gérardy, Delchevalerie et Edmond Rassenfosse, y échappèrent complètement. — Je le dis sans regret : un seul exemplaire de des Esseintes nous suffit et il vaut mieux qu’il demeure isolé, plus prestigieux par son exception. […] Car il s’est trouvé des hommes pour fondre en un seul et indestructible métal les styles et le Style, le génie et le talent.
Clytemnestre seule ose et agit, exécute et frappe, et le coup porté par une femme paraît plus terrible. […] Il dit la flotte brisée par la tempête, et la nef d’Agamemnon échappant seule à l’assaut des flots. […] Aux dieux seuls de pareils honneurs ; je n’oserais jamais, moi mortel, marcher sur la pourpre. […] Restée seule avec le Choeur, Cassandre éclate en cris fatidiques. — « Ô Dieux ! […] Que je meure sans convulsions, dans mon sang versé d’un seul flot !
Je les entends de sang-froid ; je ne les vois que pour n’être pas toujours seule. […] Saint-Mauris fut le premier : Il était le seul, dit la marquise, qui pouvait pénétrer dans ma maison. […] Dans toutes mes lettres qu’il affiche peut-être, l’adresse seule peut me faire rougir. […] Une seule femme de chambre sûre est dans la confidence. […] Remarquez avec quel art il saisissait le seul moyen de mettre les apparences de mon côté et de légitimer aux yeux de tant de témoins son entrée nocturne dans ma maison.
Assise seule à l’écart, en le clair-obscur d’un boudoir, elle exhibe aux yeux des visiteuses dans un état intéressant, la toilette appropriée avec le plus de génie à la déformation de l’enfantement. […] — Mais lui crie-t-on, avec votre vitrail seul, la publication n’a aucune chance de succès… Vous en vendrez vingt exemplaires… puis, pourquoi vous butez-vous à une chose, que vous-même reconnaissez être absurde ? […] Il me dit n’avoir plus au monde qu’un seul plaisir, la causerie. « Et encore, ajoute-t-il, je n’ai pas le charme humain de cette si bonne chose, je n’ai pas le sourire de ceux avec lesquels je m’entretiens, et dans la nuit où je vis, la causerie avec des vivants a quelque chose d’une conversation avec de purs esprits. […] Il fait venir Loulou, qui seul pouvait être le coupable. […] Un pensionnat, où il mourut de faim et de froid, une seule année, soixante élèves, et dont le maître et la maîtresse de pension faillirent être pendus.
On a eu raison de soutenir, et c’est l’honneur de l’école doctrinaire, que le seul souverain légitime, le seul souverain absolu, ce n’est pas le prince, ce n’est pas le sénat, ce n’est pas la multitude, mais la justice et la raison, non pas la raison de tel ou tel homme, mais la raison en elle-même, telle qu’elle prononcerait si elle parlait et se manifestait tout à coup parmi les hommes. […] C’est donc un grand progrès dans la science d’avoir établi que nulle souveraineté n’est absolue, pas même celle du peuple ; mais ce point une fois gagné, ne reste-t-il pas encore à savoir à qui appartient cette souveraineté limitée, la seule qui soit possible à l’homme ? Est-ce à tous, est-ce à quelques-uns, est-ce à un seul ? […] Sans doute il eût reconnu facilement que cette égalité n’est pas immobile, qu’elle est au contraire en progrès : c’est même ce progrès continu et insensible, ce nivellement lent des classes sociales, cette diffusion du bien-être et des lumières, c’est cet ensemble de faits qu’il appelle d’un seul mot l’égalité des conditions. […] « Sa visée, dit-il en parlant de Platon, qui consiste à introduire le plus possible la morale dans la politique, est admirable. » Pénétré de ce principe, quoiqu’il ne fût lui-même qu’un publiciste observateur, il n’est jamais indifférent entre le bien et le mal, et il apportait dans la politique un esprit de haute moralité qu’il n’aurait jamais trouvé par la politique seule.
Il charme également votre sexe et le nôtre : Seule vous le fuyez, mais ne s’est-il point vu Quelque temps où peut-être il vous a moins déplu ? […] De plus, l’oracle se transforme en prescription et il prescrit d’exposer Psyché dans un lieu désert et sauvage et de l’y laisser seule en proie au monstre qui doit venir. Psyché est laissée seule. […] Vénus supplie Jupiter, qui seul peut, dans une certaine mesure, fléchir l’arrêt des Destins, et Psyché devient déesse. […] Corneille seul, qui avait ses raisons, a un peu adouci cette rigueur.
Cassandre représente à elle seule le chœur des captives. […] Aujourd’hui, à travers les débris du temps, le poëte seul a survécu pour nous ; et sept drames conservés lui font une immortelle couronne. […] La part plus grande qui nous reste de son nombreux théâtre permettrait sur lui seul toute une étude des formes lyriques. […] Seul, j’ai cette faveur, parmi tous les mortels ; je suis avec toi ; j’échange avec toi des paroles ; je puis ouïr ta voix ; mais je n’aperçois pas ton visage. […] Car seule tu nous viens en aide, à nous qui menons le rude labeur des champs.
On sent chez lui les vicissitudes tragiques de la lutte, le progrès d’un sentiment, la défaite des résistances, l’afflux lent du désir ou de la colère, jusqu’au moment où la volonté redressée ou séduite se précipite soudainement d’un seul côté. […] Mais quel brave cœur, et comment on entend, lorsqu’il est seul avec Antoine, le mâle accent, la profonde voix qui a tonné dans les batailles ! […] La flamme qui d’une seule illumination les révélait s’est éteinte ; il remarque des qualités, il note des points de vue, il classe des groupes d’actions, il juge et il raisonne. […] enseigne-moi à croire en toi, tout caché que tu demeures, — à ne rien chercher au-delà de ce que toi-même as révélé, — à prendre celle-là seule pour ma souveraine — que tu as promis de ne jamais abandonner ! […] Telle est cette ode pour la fête de sainte Cécile, admirable fanfare où le mètre et le son impriment dans les nerfs les émotions de l’esprit, chef-d’œuvre d’entraînement et d’art que Victor Hugo seul a renouvelé794.
Elle a une originalité puissante, trop puissante peut-être, car cette qualité, poussée à l’extrême, la jette en dehors des sentiers battus, ce qui la condamne à marcher seule, sans guide et sans appui. […] Cette glorification poétique et musicale de la Patrie c’est, en effet, elle seule qui l’a conçue.