Cela détruirait l’intérêt comme cela détruit la vraisemblance, si l’admirable don de peindre du poète ne ressaisissait pas à l’instant son lecteur par l’admiration et l’enthousiasme, et ne lui faisait en quelques pages oublier le chemin pour le but. […] Dans tout ce qui a été raconté plus haut, le lecteur a sans doute moins tardé encore que Thénardier à reconnaître Jean Valjean.
C’était la grande flatterie de l’antiquité adressée à tous les partis qui veulent être adulés, assez de vérités pour être intéressant, assez de mensonges pour orner le vrai, et surtout assez d’élégance et de perfection de langage pour enchanter tous les lecteurs. […] Ce furent là les derniers chantres de poëmes épiques que le monde moderne pût lire, car leurs lecteurs ou leurs auditeurs y croyaient sincèrement avec eux ; mais l’âge épique passait avec eux.
« Nous penserions faire injure aux lecteurs en nous arrêtant à montrer comment l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu se prouvent par cette voix intérieure appelée conscience652 » : une citation de Cicéron par là-dessus, et voilà qui est fait. […] On a imprimé en 1842 un recueil de ses Pensées et Correspondance : c’est d’un esprit fin, chercheur, de cet esprit qui empêche un homme de rien créer et qui souvent fatigue le lecteur, parfois aussi l’illumine.
Mais il importait, pour assurer cette direction de la poésie, de rendre ces grandes vues familières par une critique de détail qui exerçât le goût du public, et qui formât des lecteurs pour les chefs-d’œuvre que l’esprit français allait enfanter. […] Il fut vrai avec lui-même, vrai avec ses lecteurs ; et c’est plaisir de l’entendre parler ainsi aux Muses, dont il venait de restaurer le culte : Quand le sang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs.
. — Au milieu des nouvelles contradictoires qui se succèdent chaque jour, nous renonçons à tenir nos lecteurs au courant de la question des représentations de Lohengrin à l’Opéra-Comique ; jusqu’au jour où sera prise une décision absolument officielle, aucune présomption sérieuse ne peut être donnée… le plus probable est que Lohengrin ne sera pas représenté. […] L’adresse aux lecteurs fait un premier point sur la Revue wagnérienne.
Les lecteurs de la Revue Wagnérienne auront rectifié l’erreur typographique de la page 178 de notre dernier numéro (3e ligne de la note) : il faut supprimer la date « 18 » et lire seulement « 16, 17, 19, 21 », ainsi que ces chiffres sont donnés dans les annonces du même numéro (1re page) [NdA] 33. […] De l’Association Wagnérienne Universelle la Revue Wagnérienne a entretenu ses lecteurs principalement dans un article du numéro de juillet 1885.
Plus d’un lecteur y fut pris et se dit avec étonnement : « Mais est-il possible qu’une personne comme Mme de Duras, qu’une femme du monde et qu’une femme, soit allée choisir une pareille donnée ? […] [NdA] L’épigramme de Millevoye est adressée À un lecteur de société ; la voici : Vos vers tant lus, tant relus, Ont fait émeute au Parnasse ; Publiez-les donc, de grâce, Afin qu’on n’en parle plus.
Tenez, Henri, ce sera plus tôt fait, asseyez-vous là, à ma place, prenez ma plume, et pendant une heure faites-vous écouter de mes lecteurs. […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux.
Je présente des raccourcis qui me sont familiers ; je crains pourtant qu’ils ne soient pas toujours significatifs pour le lecteur qui a forcément une mentalité différente de la mienne. […] La méthode que j’ai exposée ici ne fait point fi des influences du milieu et du moment ; au contraire ; on a vu le rôle essentiel qu’elle leur attribue dans la ligne générale de l’évolution ; peut-être même quelque lecteur aura-t-il redouté comme conclusion un déterminisme inexorable et niveleur.
» Le beau mouvement par où débute cette strophe ne peut échapper au lecteur. […] Plus ambitieux, avec un instinct moins sûr, Ronsard avait été trompé par l’éclat de la Renaissance et par l’éblouissement dont les chefs-d’œuvre antiques frappaient leurs studieux lecteurs.
Mais pour que cette convenance soit rigoureuse et se fonde sur un devoir, il est besoin que le poëte ne se complaise pas aux misères qu’il décrit, qu’il ne joue pas avec l’infamie qu’il étale, comme font certains chirurgiens sans humanité83, et que ce dégoût vertueux qu’il veut exciter dans le lecteur réside continuellement sur sa lèvre et palpite dans son accent.
J’espère que la mémoire de mes lecteurs, si j’en ai, voudra bien se rappeler ce volume charmant de leur édition de Voltaire, intitulé Facéties, et dont je rencontre souvent dans le Miroir des imitations fort agréables.
Le maître d’école dans les petites villes juives était le hazzan ou lecteur des synagogues 125.
Le lecteur est comme présent à la scène.
Je prie le lecteur de vouloir bien réfléchir.
Il ne ressemble pas à tous les autres, et même il est marqué d’un caractère si particulier, — si peu ordinaire aux bas-bleus, — que le lecteur et moi, — malgré la tristesse du sujet qu’elle traite, — nous aurons peut-être de l’agrément à nous entretenir aujourd’hui de Mme Quinet.
Que si, par hasard, nos lecteurs étaient parmi ceux-là, nous voulons le leur faire connaître.
Il fait, tour à tour, le Caton, le Thraséas et le Sénèque, mais les hautes dissertations auxquelles il se livre contre nous n’ont pas plus d’action sur le lecteur que n’en auraient ses discours officiels de professeur à la distribution des prix d’un collège, s’il était possible de les relire après les avoir entendus.
Obligé, par le sujet même de son livre, de parler d’hommes qui n’eurent jamais nulle part, à l’exception de quatre ou cinq d’entre eux peut-être, ce haut pavé historique qui agit tant et tout d’abord sur l’imagination du lecteur, il n’a pas, selon nous, assez contenu son récit entre ces quelques hommes vraiment dignes du regard de l’histoire, et il est tombé dans les infiniment petits d’une longue suite de biographies.
Eh bien, c’est dans ce ton qu’il va, qu’il va droit devant lui, comme s’il revenait de… Stockholm ou de Pontoise, ne faisant jaillir sur sa route ni aperçu nouveau, ni opinion nette dont l’esprit du lecteur puisse être reconnaissant au sien, sur ce règne brillant et délabré qui commença si bien et finit si mal, plus semblable à un carrousel ou à une représentation théâtrale qu’au règne d’un roi sérieux qui sent sa fonction jusque dans le plus profond de sa conscience !
I Ces lettres inédites de Collé causeront deux surprises au lecteur, et voici pourquoi.
On assure que la secte publie des brochures mystérieuses, pleines d’informations et d’instructions du plus haut intérêt au point de vue de la pathologie morale, mais de l’effet le plus bizarre sur les lecteurs qui ne sont pas initiés.
Je n’ai point à refaire ici, en la racontant, cette histoire… Il faut en laisser toute la sensation, qui en vaut la peine, au lecteur.
» On ne l’entend pas ici, mais on le lit… et ce n’est qu’à la réflexion et quand on a refermé ce livre, comme on referme une solfatare, que le sens critique revient au lecteur qui le juge pour ce qu’il vaut, c’est-à-dire comme un tour de force exécuté dans le faux par un talent qui pouvait s’y tuer et qui n’en meurt pas, — du moins de cette fois, car on ne jouerait pas longtemps impunément à ce jeu.
Voici la pétition que je demande à tous mes lecteurs de signer et de faire signer et qu’ils peuvent se procurer aux bureaux de la Ligue des Patriotes, 4, rue Sainte-Anne, Paris : Pétition pour le Suffrage des Morts soumise au Parlement par les familles des mobilisés.
Enfin ce sont trop souvent des réflexions qui, au lieu de naître, et de forcer, pour ainsi dire, l’orateur, paraissent arrangées, que l’esprit fait de sang-froid, et que l’âme des lecteurs reçoit de même.
Aussi le lecteur le plus complaisant a peine à le suivre. […] Quinet sont conçus et exécutés sérieusement ; ils ne veulent et n’acceptent que des lecteurs et des juges sérieux. […] Au reste, ce défaut, que je blâme en toute sincérité, est, pour la plupart des lecteurs, une qualité précieuse. […] L’auditoire, si attentif qu’il soit, a bien d’autres distractions que le lecteur. […] Pour des lecteurs sérieux, il y a autre chose dans un livre que le sujet pris en lui-même.
Cette manière d’écrire est une grande perte pour la curiosité du lecteur. […] Amyot seul a trompé le lecteur. […] Le lecteur français souffre seulement d’y voir le caractère de Jeanne d’Arc indignement travesti par le préjugé brutal du poète. […] Mais, en dépit de ce suffrage, le génie de Milton fut méconnu par le public ; et son poème resta sans lecteurs. […] Les défauts du chantre du Paradis perdu sont grands, et le lecteur français doit en être plus blessé qu’aucun autre.
Les lecteurs mondains et qui se croient lettrés n’ont pas de bibliothèque. […] Zola, nos romanciers à la mode ont infiniment plus de lectrices que de lecteurs. […] MM. les lecteurs et professeurs, comme dit l’affiche, traitent de ce qu’ils veulent et comme ils veulent. […] Dans le tintement de la vaisselle la voix du lecteur, par intervalles, m’arrivait aux oreilles. […] Paul Arène, a amusé beaucoup plus de lecteurs que je n’aurais cru.
Je n’invoquerai pas le témoignage de quelque littérateur de profession, de quelque professeur d’éloquence ; on le récuserait, comme étant partie dans la cause ; je renverrai le lecteur à l’analyse de Tristan de Nanteuil, par exemple, telle que l’a donnée M. […] Ou bien encore, « brisant et anéantissant l’un par l’autre » Épictète et Montaigne, le pyrrhonisme et le stoïcisme, « pour faire place à la vérité de la révélation », débutait-il par une démonstration de l’impuissance de toute métaphysique, et se servait-il de la philosophie pour « conduire insensiblement à la théologie, centre de toutes les vérités », l’esprit de son lecteur ou de son adversaire ? […] Voici, dit-il, en présentant Nicomède au lecteur, « voici une pièce d’une constitution extraordinaire ». […] Voltaire compose la Henriade, et prend la peine lui-même d’en démontrer les beautés au lecteur français dans son Essai sur le poème épique. […] Fréron pour lui donner quelque chose », — je laisse au lecteur le plaisir de deviner ce que c’était que ce quelque chose, — tirent un homme de pair et le désignent bruyamment à la célébrité des salons ou à l’ornement des académies.
J’ai voulu seulement le signaler à mes lecteurs que passionnent les questions autres que celles de l’adultère romanesque, et les petits potins du boulevard. […] Pas un lecteur de bonne foi et de réflexion — si sévère soit-il — n’en pourra nier l’intérêt passionnant et l’étrange nouveauté. […] Si Le Mauvais désir n’est point un chef-d’œuvre en soi, c’est un fort beau livre et qui tranche vivement sur la monotonie des œuvres courantes, un des deux ou trois livres qui méritent de passionner et de retenir le lecteur dans la production d’une année. […] Avec les journaux, même avec les journaux d’un décorum aussi parfait que celui du Gaulois, on ne sait jamais à quoi s’en tenir sur le compte des vieux habitués… Et ils auraient peut-être de drôles de surprises, les lecteurs assidus — car il y a aussi les lecteurs assidus — s’ils pouvaient voir les drôles de types que recouvrent ordinairement ces masques troublants de « vieil habitué », de « vieil académicien », de « vieux général », de « vieux juriste », de « vieux sénateur », qui, de temps en temps, au moment des grands événements parisiens, viennent conter, dans les journaux, leurs souvenirs et leurs regrets. […] À mon tour, je la soumets à mes lecteurs qui pourront trouver quelque plaisir, en lui cherchant une solution.
Puisse le lecteur juger qu’elles font passer dans cette matière confuse quelque filet de lumière ! […] Des lecteurs subjugués expriment à l’écrivain un sentiment d’enthousiasme, ou plutôt d’extase quasi-religieuse, que n’ombre aucune réserve : « Mme de Verdelin soutient que Julie est une femme incomparable et que vous êtes un homme divin. […] Il y a longtemps que ces idées, si chaudes sous la plume de l’écrivain, se sont refroidies pour ses modernes lecteurs. […] Cette aberration consiste à livrer à la seule sensibilité la souveraineté du domaine esthétique, à considérer que l’ait, tant du côté de l’artiste qui crée, que du côté du lecteur, spectateur ou auditeur qui cherche plaisir à ses ouvrages, ne doit, s’il est fidèle à son nom et à s& nature, se nourrir que d’émotion, être qu’émotion. […] J’y renvoie le lecteur curieux du sujet.
Auger était un critique sage et froid (Nº du 26 avril), il aurait dû dire très froid, à l’effet qu’il produit sur vous ; car enfin, messieurs, à l’exception du titre de mon pamphlet, je ne vous ai pas encore lu une phrase de mon cru ; et je ne vous en lirai point ; je vois que toute réfutation est impossible, puisque, rien qu’en exposant les raisons de ma partie adverse, j’endors le lecteur. […] Imprimez cette lettre et votre réponse ; arrangez une préface pour faire sentir au lecteur le tour jésuitique et rempli d’une adresse sournoise que l’Académie cherche à jouer à l’imprudent qui voudra réfuter son Manifeste. » De deux choses l’une, se sont dit les membres du premier corps littéraire de l’Europe, ou l’homme obscur qui nous réfutera, ne nous citera pas, et nous crierons à la mauvaise foi ; ou il transcrira le feuilleton de ce pauvre Auger, et sa brochure sera d’un ennui mortel. […] Le lecteur a pris une idée de l’esprit voltairien, et de l’urbanité que M. de Jouy aurait portée dans cette discussion par l’extrait de la Pandore que j’ai cité en note ; les propos des halles auraient bientôt embelli les colonnes du Journal des Débats. […] 40 Ne craignez rien toutefois, au milieu du vif intérêt de nos circonstances politiques, je tiens que toute brochure qui a plus de cent pages, ou tout ouvrage qui compte plus de deux volumes, ne trouvera jamais de lecteurs.
Tant que leur vie n’est pas asservie à la matière, les jeunes femmes sont les meilleures lectrices des poètes et leurs plus douces amies. […] Si des critiques essaient de tirer de ce côté le jugement et l’attrait des lecteurs, ils se trompent et ils sont injustes. […] Mais pourquoi, Max, m’attarder à une appréhension et à un avertissement que le lecteur le moins expert, au premier fumet de ton ouvrage, à moins qu’il n’ait une arrière-pensée d’ordre politique, apercevra, aussitôt, l’inutilité. […] Cette maison d’édition fondée par Paul Laffitte a pour lecteur Félix Fénéon.
[1re éd.] et en tout cas il se dessine moins nettement dans l’esprit du lecteur après qu’on l'a terminé.
Ses émules l’ont adorée, ses lecteurs l’ont toujours bénie.
Le lecteur me trouvera mauvais fils, il aura raison. » En supposant même que tous les griefs de Stendhal aient été fondés, on se dit qu’il y a des sentiments qu’on peut sans doute éprouver malgré soi, mais qu’il est odieux de s’y complaire, de les développer par écrit, parce qu’ils offensent, tout au moins, des conventions trop anciennes, trop nécessaires à la vie des sociétés, et vénérables par là même.
Si elle n’est pas plus drôle au lecteur, elle est plus difficile au rédacteur.
C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï.
Je remarque ces circonstances pour que le lecteur ait une idée juste de l’état de la maison de Rambouillet depuis plusieurs années, Lorsque Molière mit ses Précieuses au théâtre de la capitale.
Il prétend que « les traductions en prose sont moins faites pour le plaisir des lecteurs que pour l’intelligence du texte ».
Comme ils ont beaucoup de justesse d’esprit, ils en concluent que ce ne sont pas les vers, en tant que vers, qui font bâiller tant de lecteurs, mais les vers vides de choses et d’idées, qui ne disent rien, qui n’expriment rien, où il n’y a rien ni à retenir, ni à remarquer, où l’on ne trouve, si je puis parler de la sorte, que les haillons usés de la poésie, et Zéphyre et Flore, et les ailes de l’Amour, et la montagne au double sommet, et l’Hippocrène où il faudrait noyer tous les mauvais vers, et peut-être aussi les mauvais poètes.
Cette rage retrouvée l’aveugle au point que lui, l’historien, l’homme des faits, dans une note de la page 129 qu’il nous est impossible de transcrire, non par pudeur, mais par honte (que le lecteur la lise sans nous !)
Effet de surprise, puissant et étrange, qui se renouvelle toujours sans s’affaiblir jamais, et qui met le lecteur de Carlyle dans l’impossibilité rare et heureuse de se blaser en le lisant.
Oscar de Vallée, qui a voulu concentrer sur ses pages, qui ont assurément leur éloquence, l’attention du lecteur comme la sienne, n’a pu éviter le fascinant regard qu’ont les poètes, même après leur mort, et qui empêche de voir en eux autre chose qu’eux !
Elle nous promène de faits en faits, contradictoires souvent, toujours inexpliqués, et n’a pas de conclusion claire qui se fixe dans l’esprit du lecteur et lui dise, avec l’ascendant de la connaissance : « Sur l’Amérique, ses institutions et ses hommes, voilà ce que tu dois penser !
Une des raisons probantes du génie d’Hoffmann que nous donne Champfleury dans cette introduction, est l’effet produit par les Contes fantastiques sur la mémoire des enfants : « Celui de mes lecteurs qui est assez jeune — dit-il — pour avoir lu Hoffmann étant enfant, doit avoir dans une des cases de son cerveau quelques personnages bizarres, quelque souvenir de maisons étranges », et, pour élever son idée à la majesté d’un axiome et glacer l’objection, qu’il ne glacera pas, il ajoute carrément : « Tout ce qui s’oublie n’est pas né viable », ce qui peut très bien être une fausseté, si ce n’est pas une simplicité, ce que les Anglais appellent un truism.
Nulle aventure n’y prend aux cheveux le lecteur et ne l’enlève.
J’écris uniquement pour le lecteur et ne me soucie que de l’approbation silencieuse de ceux qui ferment un livre de bonne humeur et avec une entière satisfaction. » Ailleurs, enfin, il ajoute : « À cette distance, je suis traité comme un cadavre… » Au moins, ce cadavre, on le respectait !
Cette théorie de « la perception, — de l’appréhension de l’idée, — de sa subsumption dans les concepts », cette théorie, très travaillée, très allemande, très subtile, mais dans le détail de laquelle nous ne pouvons entrer sans donner une congestion cérébrale au lecteur, se réduirait, si on la dépouillait de sa logomachie d’école, à une de ces inutilités logiques qu’un enfant de la Doctrine Chrétienne mépriserait !
Seulement, le docteur n’est pas un conscrit, et il n’y a de pris que le lecteur !
C’est un peu long, diront peut-être les délicats lecteurs de romans qui durent un an, dans les journaux… Certes !
Maurice de Guérin28 I Était-il un seul de nos lecteurs qui eût jamais entendu parler de Maurice de Guérin, quand on en publia les œuvres ?
a une magie qui met la vision, dans l’esprit du lecteur, à la place de la pensée.
craint-on de prévenir l’esprit du lecteur et de nuire à l’indépendance de son jugement, à la liberté de sa pensée ?
Plume appuyée, mordante, solidement éclatante, même quand elle appuie sur les choses vulgaires, procédant d’habitude par comparaisons plus pratiques que poétiques, mais qui font entrer l’objet comparé dans l’esprit du lecteur comme un coup de cette bûche emmanchée — le marteau des fendeurs de bois — qui enfonce le coin de fer dans le tronc noueux de l’arbre abattu… Vous voyez qu’ici, dans l’homme aux opinions et aux créations antiviriles de ce roman à petite morale, puisqu’elle est vide de Dieu, se retrouve le mâle que nous connaissions.
C’est elle, en effet, leur célébrité, qui a, malgré les précautions et les abat-jour plus ou moins habiles, éclairé pour tous les lecteurs, les sévères et les charitables, les renseignés et les ignorants, tous les faits et tous les personnages de ces deux romans.
C’est elle, en effet, leur célébrité, qui a, malgré les précautions et les abat-jours plus ou moins habiles, éclairé pour tous les lecteurs, les sévères et les charitables, les renseignés et les ignorants, tous les faits et tous les personnages des deux romans publiés aujourd’hui.
Nulle aventure n’y prend aux cheveux le lecteur et ne l’enlève.
Le peuple des lecteurs, par curiosité ou par faiblesse, veut tout connaître de ceux qu’un rang élevé expose à ses regards, Le philosophe observe comment on voit les objets sur le trône ; l’historien cherche dans les écrits d’un roi l’histoire de ses pensées ; le critique qui analyse, étudie le rapport secret qui est, d’un côté, entre le caractère, les principes, le gouvernement d’un prince, et de l’autre, son imagination, son style et la manière de peindre ses idées.
Le premier devoir d’un écrivain est de devancer l’imagination de ses lecteurs, qui marche toujours.
Le lecteur choisit à son gré, simplifie à sa mesure. […] Il faut une entente entre le lecteur et l’écrivain. […] Le lecteur accepte du poète la poésie toute faite. Or, c’est justement tout le contraire de cette obéissance que les poètes d’aujourd’hui prétendent demander à leur lecteur. […] Le lecteur aura moins à comprendre qu’à deviner.
Rosny, quoiqu’il ait déjà beaucoup écrit, est peu connu, et ses livres, tout pleins qu’ils soient de talent, ont peu de lecteurs. […] Huysmans à ses lecteurs c’est de mettre à leur portée des auteurs généralement peu connus du public frivole. […] Et de même les conseils que donne M. de Montesquiou à ses lecteurs sont tout à fait acceptables. […] À cause de cela, il amènera beaucoup de lecteurs à M. […] Mes lecteurs ne s’en plaindront pas.
Le lecteur en jouit par sympathie. […] On fournirait aux lecteurs toutes les indications nécessaires pour leur permettre de prendre de l’objet décrit une connaissance exacte. […] Il aimera suggérer plus d’images qu’il n’en exprime formellement, abandonnant en partie le lecteur à sa libre fantaisie, et par conséquent laissant indécise et inexprimée une partie de sa pensée. […] Le lecteur perd l’habitude d’en interpréter aucun à la lettre ; la pensée se trouve ainsi délivrée de l’obligation de prendre une forme définie ; l’idée reste flottante, indécise et libre entre ces mots dont aucun n’a de prise sur elle. […] Le vers a encore cette particularité, qu’il doit être lu plus lentement que la prose, puisqu’il oblige le lecteur à articuler chaque syllabe ; il lui fait prendre des temps.
Qu’est-ce donc que la gloire des livres, sinon l’accord de tous les lecteurs éclairés pour s’y reconnaître ? […] Mon article laissait peut-être au lecteur plus de préventions contre la théorie fataliste de l’historien que d’admiration pour son talent. […] Rouher, plus d’un lecteur sera peut-être tenté de passer ces pages dont le nombre est si disproportionné à l’importance du sujet. […] Ils découvrent, dans les chefs-d’œuvre relus, un genre de nouveauté qui se dérobe aux lecteurs trop jeunes, la nouveauté des choses immortelles. […] Je souhaite qu’il y ait un temps où tout lecteur français, qui a l’amour de son pays, demande des lectures de ce genre. (12 novembre 1877.)
Ces petites œuvres, qui flattent la paresse du lecteur, ont l’inconvénient d’abaisser l’art d’une époque. Elles vous gâtent le lecteur : ensuite, il refuse une nourriture plus forte. […] Mais, s’il ne tâche point d’être, dans la difficulté, aussi clair que la qualité même de l’idée le lui permet, il rebute son lecteur. […] Une telle œuvre impose le respect ; je crois qu’elle déconcerte aussi son lecteur. […] Il va si lentement qu’à chaque instant le lecteur, au lieu de le suivre, le précède.
Puis j’inviterai le petit nombre de lecteurs qui se piquent d’impartialité, de peser mûrement la réponse qui me reste à faire à ce reproche et à quelques autres tant de fois répétés. […] Luimême, en plusieurs endroits de ses ouvrages, a suggéré cette conséquence à la malice de son lecteur ; et plus il est devenu célèbre par son talent et l’austérité prétendue de ses mœurs, plus il me semblait important de rompre le silence. […] J’invite le lecteur à méditer ces lignes, et à nous apprendre, si, consulté par le philosophe incertain s’il s’éloignera ou s’il restera, il ne lui dira pas : « Vous éloigner après la mort de votre collègue ! […] On lit dans un auteur grave que j’ai déjà cité quelquefois : « Agrippine, fille, sœur, femme et mère d’empereurs, fut d’un esprit composé de toutes sortes de méchancetés. » Il est rare qu’un ouvrage ait encore trouvé des lecteurs aussi sévères que le mien. […] Ce passage, auquel nous renvoyons le lecteur, arrêtera tout homme de goût et toute âme noble et généreuse.
Que le lecteur essaye de se figurer cet enfant dans cette rue de commerçants, au milieu de cette famille bourgeoise et lettrée, religieuse et poétique, où les mœurs sont régulières et les aspirations sont élevées, où l’on met les psaumes en musique, et où l’on écrit des madrigaux en l’honneur d’Oriana la reine432, où le chant, les lettres, la peinture, tous les ornements de la belle Renaissance viennent parer la gravité soutenue, l’honnêteté laborieuse, le christianisme profond de la Réforme. […] Je n’oserais traduire devant un lecteur moderne les gigantesques périodes qui ouvrent le Traité de la Réforme. […] C’est à ce moment que les discours interminables fondent sur le lecteur, aussi nombreux et aussi froids que des douches de pluie en hiver. […] Si je l’ai prévue, la prescience n’a point d’influence sur leur faute, qui, non prévue, n’eût pas été moins certaine… Ainsi, sans la moindre impulsion, sans la moindre apparence de fatalité, sans qu’il y ait rien de prévu par moi immuablement, ils pèchent, auteurs en toutes choses, soit qu’ils jugent, soit qu’ils choisissent517. » Le lecteur moderne n’est pas si patient que les Trônes, les Séraphins et les Dominations ; c’est pourquoi j’arrête à moitié la harangue royale. […] Le lecteur jugera par la grandeur des outrages de la grandeur des ressentiments : « L’humble pétition du docteur Alexandre Leighton, prisonnier dans la Flotte.
Thiers a rencontré du premier jour deux classes inconciliables de lecteurs. […] Et puis l’idée du grand homme s’ajoute aussitôt à son expression simple, l’imagination du lecteur fait le reste, et l’œil ébloui met le rayon. […] Dans ce qu’il nous a été donné de lire, il n’est pas un point qui ne porte sur un fait, sur une notion précise ; quelques réflexions sobres, quelques maximes d’expérience et de morale sociale, jetées à propos, ne font que donner jour aux idées qui naissent en foule dans l’âme du lecteur.
Nous oserons en reproduire quelques-unes en vers, prévenant le lecteur, une fois pour toutes, que nous savons toute l’infériorité de l’imitation, que nous avons par instants paraphrasé plutôt que traduit, et que bien souvent, par exemple, nous avons mis cinq mots là où il n’y en a que trois. […] Les lecteurs de Pétrarque ne sauraient désirer un meilleur guide dans les mille sentiers du charmant labyrinthe ; il s’y moque finement, à la rencontre, du commun des lettrés italiens qui ne remontaient ni si haut ni si avant. […] Avant de mourir, je vais protester contre cette invention de la faiblesse et de la vulgarité, et prier mes lecteurs de s’attacher à détruire mes observations et mes raisonnements plutôt que d’accuser mes maladies. » J’ajoute, avant de donner le commentaire, cette autre phrase d’une lettre écrite de la campagne près de Naples (22 décembre 1836), et qui touche, dans un sentiment plus doux et avec délicatesse, cette idée de la vie d’au delà ; cette fois je traduis : « Adieu, mon excellent ami, j’éprouve un continuel et bien vif désir de vous embrasser ; mais comment et où le pourrai-je satisfaire ?
Cet étonnant amas de lectures et d’observations s’ébranle en un moment tout entier et tombe comme une montagne sur le lecteur accablé. […] De la pensée première à la conclusion finale, il conduit le lecteur par une pente continue et uniforme. […] Nous supplions le lecteur de nous pardonner les grossièretés de Jonson.
Il faut bien que le lecteur se résigne à lire un peu d’anglais, s’il veut les compter : Know then thyself, presume not God to scan. […] Le lecteur n’est guère ému, ni moi non plus ; il pense involontairement ici au livre de Pascal, et mesure l’étonnante différence qu’il y a entre un versificateur et un homme. […] Voyant « certains jeunes gens d’une délicatesse insipide », Ambroise Philips par exemple, qui écrivait des pastorales élégantes et tendres, dans le goût de notre Fontenelle, il s’amusa à les contrefaire et à les contredire, et, dans la Semaine du Berger, fit entrer les mœurs réelles dans le mètre et dans la forme de la poésie d’apparat. « Courtois lecteur, dit-il dans sa préface, tu trouveras mes bergères occupées, non pas à souffler dans des chalumeaux, mais à lier les gerbes, à traire les vaches, ou à ramener les porcs à leur auge ; mon berger ne dort point sous des myrtes, mais sous une haie ; il ne veille pas diligemment à préserver son troupeau des loups, car il n’y en a point1128. » Figurez-vous un pâtre de Théocrite ou de Virgile à qui l’on met de force les souliers ferrés et l’attirail d’un vacher du Devonshire ; ce sera un grotesque qui nous divertira par le contraste de sa personne et de ses habits.
La nature, qu’on ne trompe pas, le découvre, et la main rejette le livre qui veut tromper le lecteur ! […] Je souffrais dans mon amour-propre, mais je conquérais, comme vous aussi, cent mille lecteurs et un million d’auditeurs, au lieu de quelques centaines d’admirateurs. […] Les anciens grammairiens, chez qui on serait tenté de chercher une biographie positive du poète, y ont mêlé trop d’inepties et de fables ; mais, de quelques traits pourtant qu’ils nous ont transmis et qui s’accordent bien avec le ton de l’âme et la couleur du talent, résulte assez naturellement pour nous un Virgile timide, modeste, rougissant, comparé à une vierge, parce qu’il se troublait aisément, s’embarrassait tout d’abord, et ne se développait qu’avec lenteur ; charmant et du plus doux commerce quand il s’était rassuré ; lecteur exquis (comme Racine), surtout pour les vers, avec des insinuations et des nuances dans la voix ; un vrai dupeur d’oreilles quand il récitait d’autres vers que les siens.
L’agrément qui résulte de ces sons réguliers et harmonieux pour l’oreille, ainsi que l’agrément qui résulte des images, des peintures, des compositions, pour les yeux de l’âme, enchantent l’auditeur ou le lecteur de son histoire, et la gravent ainsi, comme un air dont on se souvient ou comme un tableau qu’on se retrace, dans la mémoire des hommes. […] Durant tout le jour, chacun des deux coursiers agite tour à tour, en secouant la tête, le joug qui les rassemble et qui les lie au timon. » — « À l’exception du joug qui unissait alors les encolures des deux chevaux pour les faire marcher d’un pas égal, joug qui n’est plus aujourd’hui que sur le cou des bœufs, ne croyez-vous pas voir, dit la lectrice aux enfants, votre père, quand le chef de l’écurie lui présente les rênes, qu’il fait monter à côté de lui, dans sa voiture, un de ses hôtes pour le conduire à la ville, et que de la mèche de son fouet sonore, il caresse alternativement le flanc des deux chevaux ? […] Ils sont les lecteurs du poème de Dieu !
Je suis obligé, bien qu’à regret, d’y renvoyer le lecteur curieux, pour ne pas trop abonder ici en ces sortes d’images12 ; mais j’oserai citer au long le sonnet xiv, admirable de sensibilité, et qui fléchirait les plus sévères ; à lui seul il resterait la couronne immortelle de Louise : Tant que mes yeux pourront larmes espandre, A l’heur passé avec toi regretter ; Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir. […] Louise Labé, nous l’avons pu voir en l’étudiant de près, était beaucoup moins fille du peuple et moins naïve ; mais qu’importe qu’elle ait été docte, puisqu’elle a été passionnée et qu’elle parle à tout lecteur le langage de l’âme ?
Delphine est certainement un livre plein de puissance, de passion, de détails éloquents ; mais l’ensemble laisse beaucoup à désirer, et, chemin faisant, l’impression du lecteur est souvent déconcertée et confuse : les livres, au contraire, qui sont exécutés fidèlement selon leur propre pensée, et dont la lecture compose dans l’esprit comme un tableau continu qui s’achève jusqu’au dernier trait, sans que le crayon se brise ou que les couleurs se brouillent, ces livres, quelle que soit leur dimension, ont une valeur d’art supérieur, car ils sont en eux-mêmes complets. […] En un mot, Gustave réussit véritablement à laisser dans l’âme du lecteur, comme dans celle de Valérie, ce qu’il ambitionne le plus, quelques larmes seulement, un de ces souvenirs qui durent toute la vie, et qui honorent ceux qui sont capables de les avoir.
Mais j’ai hâte d’en revenir à de plus riantes ébauches, et de m’ébattre avec lui, avec le lecteur, comme par le passé, dans sa renommée gracieuse. […] Cela ôte de la grâce. » Je ne crois pas abuser du lecteur en l’initiant ainsi à la rhétorique secrète d’André63.
Puisque ce premier chapitre sur la critique littéraire des Girondins par l’auteur des Girondins lui-même, à vingt ans de distance, a eu pour mes lecteurs un intérêt littéraire et politique que je ne prévoyais pas, continuons, et donnons-leur, pendant ces deux Entretiens encore, la suite de ces explications. […] Mais l’imagination des lecteurs voit toujours le crime ou la vertu d’une seule pièce ; elle s’irrite quand on lui montre dans un monstre une parcelle de vertu, et dans un homme de bien un atome de faiblesse.
C’est là ce qui a frappé au premier coup d’œil tous les lecteurs. […] Le souvenir de toutes ces férocités de caractère poursuit le lecteur à travers le livre ; malgré tous les actes de vertu gratuits et toutes les philanthropies transcendantes de ce galérien philanthrope, on ne voit pas comment tant de raison est survenue dans cet ignorant, tant de délicatesse dans cette brute, tant de notions raffinées de perfection dans ce forçat qui commence par le larcin, qui marche vers le vol, qui se laisse tenter par l’assassinat, et qui finit par accuser tout le monde !
C’était le plus souvent de délicieux romans d’Auguste Lafontaine, un auteur très à la mode alors, traduits de l’allemand, et tout mouillés de larmes de famille par les lecteurs des environs. […] Lecteur, toujours présent à ma pensée, et qui peut-être n’existeras jamais pour moi, si tu vois cet écrit après que j’aurais cessé d’être, donne quelques regrets à la mort prématurée qui m’enlève au sein de mes plus beaux jours… » VIII Cette merveilleuse relique de notre passé littéraire devait passer ainsi comme un legs funèbre de mourant en mourant dans nos mains.
Il l’indique avec une justesse admirable : « Sachez, lecteur, dit-il, que celui sera veritablement le poète que je cherche en nostre langue, qui me fera indigner, apayser, esjouyr, douloir, aymer, hayr, admirer, estonner bref qui tiendra la bride de mes affections, me tournant çà et là à son plaisir. » C’est l’image même de la haute poésie, et le portrait de nos grands poëtes. […] Mais là même il ne fut pas tellement accessible, qu’Antoine de Muret et Remy Belleau ses glossateurs et ses amis n’eussent à initier par des notes les lecteurs à bon nombre de ses mystères.
I Au lecteur qui pénètre dans l’œuvre colossale, touffue, confuse, et mêlée de M. […] Les strophes se suivent ainsi, bondissantes et fuyantes, emportant le lecteur à ne plus voir le chêne que quelques proscrits ont planté sur une plage, et l’idée révolutionnaire qu’il figure, mais un lutteur monstreux à forme demi-humaine opposant à l’assaut d’éléments passionnés, des racines douées d’obstination et des branches volontairement noueuses.
C’est vous, Monsieur, que je veux représenter en ce moment à mon lecteur, environné du cortège de vos zélés admirateurs, venant lire aux comédiens français votre premier évangile. […] Comme il serait trop long de les analyser, et que d’ailleurs cela intéresserait fort peu le lecteur, je me contenterai de vous prouver, par quelques raisonnements généraux, combien vous connaissez peu le théâtre.
Ferrari, lui, finit par voir le bien dans le mal même qu’il vient de signaler, et l’anxiété qu’il produit est si grande, que son lecteur est en droit de lui dire : Auquel de vos deux Charlemagne croirons-nous ? […] Seulement ces monstres d’une goutte d’eau ont beau être affreux à dégoûter de leur étude et à nous faire briser le microscope à travers lequel on les voit, ils n’ont jamais pour le lecteur qu’un intérêt très secondaire, et on peut leur appliquer une observation qui est de M.
L’esprit du lecteur est plus facile à rompre ou à faire grimacer que ce fil de la Vierge auquel j’ai comparé le vers de Victor Hugo, et toutes les énormités que ce vers merveilleux porte légèrement, l’esprit du lecteur les rejettera de fatigue et de peur d’en être écrasé.
Prevost-Paradol a entretenu avec intérêt les lecteurs du Journal des débats (13 août 1858), annonçaient que le patient investigateur était dès lors arrivé à des résultats neufs qui ajoutaient à la connaissance intime de la vie et de l’âme du grand écrivain.
Ce phénomène de guerre des plus singuliers est expliqué par l’historien à l’entière et triste satisfaction du lecteur.
Quant au sentiment du récit, on le trouvera assurément exagéré : l’amitié exaltée du capitaine pour Bug, ce désespoir violent qu’il éprouve en repassant sur la fatale circonstance, cette douleur durable, mystérieuse, qui depuis ce temps enveloppe sa vie, n’ont pas de quoi se justifier suffisamment aux yeux du lecteur déjà mûr, et qui sait comment les affections se coordonnent, comment les douleurs se cicatrisent.
On aurait de quoi défrayer plus d’un article avec maint extrait piquant, si le lecteur n’avait mieux à faire en recourant au livre même.
Une fois, chez madame Necker, Bernardin de Saint-Pierre, alors inconnu, essaya de lire Paul et Virginie : l’histoire était simple et la voix du lecteur tremblait ; tout le monde bâilla, et, au bout d’un demi-quart d’heure, M. de Buffon, qui avait le verbe haut, cria au laquais : Qu’on mette les chevaux à ma voiture !
Martial a dit dans une excellente épigramme, en s’adressant au lecteur épris des belles tragédies et des poëmes épiques de son temps : « Tu lis les aventures d’Œdipe, et Thyeste couvert de soudaines ténèbres, et les prodiges des Médées et des Scyllas ; laisse-moi là ces monstres… Viens-t’en lire quelque chose dont la vie humaine puisse dire : Cela est à moi.
Nous sentions le besoin de justifier, aux yeux de nos lecteurs et aux nôtres, les expressions de profond mépris qui éclateront plus d’une fois dans notre jugement sur ce pitoyable ouvrage.
Borel qui croit devoir mettre en tête de ses contes une biographie mortuaire sur un Champavert, avec lequel il identifie le Petrus Borel des Rhapsodies, de façon que, dans ce dédale de Champavert et de Petrus, le pauvre lecteur éperdu ne sait auquel de tous ces sosies se reprendre.
On trouve bien çà et là dans les auteurs quelques pensées philosophiques, quelques réflexions morales propres à guider le lecteur dans la recherche des causes qui amenèrent la chute de la République ; mais ce ne sont que des aperçus partiels, des données incomplètes, des systèmes vagues et quelquefois superficiels.
Les pays et les cours de l’Europe étaient inondés de Français, artistes, penseurs, poètes, précepteurs, lecteurs, secrétaires.
Mais croyez qu’il ne ménage pas à ses lecteurs le même mécompte.
I Les lecteurs du Gil Blas, qui se délectent deux ou trois fois par semaine aux amours de l’ami Jacques et aux aventures du commandant Laripète, ont-ils lu les Renaissances, les Paysages métaphysiques, et les Ailes d’or, et soupçonnent-ils que M.
Nul doute qu’Autour d’une tiare n’attire beaucoup de lecteurs aux solides et attachantes études sur l’Italie mystique, surtout sur Gerbert.
Allez donc dire à un lecteur de Quintilien, à La Fontaine, par exemple, quand il le lit avec une sorte de ravissement15 : Ce qui vous charme n’est que le bon ; le beau est ailleurs !
Les exemples abonderaient si je ne craignais, en les citant, de fatiguer l’attention du lecteur.
Claveau sur « l’Humanisme »a ayant vivement ému la jeune école littéraire qui s’inspire de cette doctrine, nous avons cru intéressant et utile, pour la loyauté de la discussion, de mettre sous les yeux de nos lecteurs la réponse de M.
Le lecteur voit déja par le peu que j’ai dit touchant cet art que les gestes dont il enseignoit la signification et l’usage, n’étoient pas ainsi que ceux de nos danseurs le sont ordinairement, des attitudes et des mouvemens qui ne servissent que pour la bonne grace.
Le poète qui n’est que peintre, traite ses lecteurs comme des enfants de beaucoup d’esprit ; le poète de sentiment, ou le poète philosophe, traite les siens comme des hommes.
Ici se présente une considération que je voudrais en quelque sorte cacher à mes lecteurs, à cause des réclamations trop vives qu’elle peut exciter chez la plupart d’entre eux ; mais, sans la développer, je l’énoncerai du moins, quand ce ne serait que pour acquitter un devoir de conscience, et afin que les sages en fassent leur profit.
Toutes les questions que roulent les penseurs qui n’en peuvent mais du xixe siècle, y sont abordées avec une hardiesse qui n’a d’égale que l’impuissance qui l’accompagne : car patauger dans les questions n’est pas les résoudre, même quand on ferait sauter l’écume très loin autour de soi et dans les yeux de ses lecteurs !
comme dit Michelet) et toute mère qu’elle se trahisse encore » fait l’effet d’une vieille fille, à l’imagination de son lecteur.
Même dans Une faiblesse de Minerve, le plus récent de ses livres, qui, du moins, témoigne de plus d’attention, d’observation et de repli que ses romans si superficiellement militaires l’intérêt principal du récit qui est l’intérêt du dénouement, repose tout entier sur une méprise encore ; sur la substitution d’une personne à une autre, espèce de tour de passe-passe, manqué dans l’imagination du lecteur, par la manière dont on le raconte.
Homme de sens médiocre, empaumé par la prétention scientifique, il n’a jamais d’aperçu supérieur, ni comme Michelet, ce déboutonné, qui se permet tant d’insolentes libertés avec l’Histoire, de ces paradoxes (suggestifs même parfois de vérité) qui prouvent qu’on pense ou que du moins l’on veut faire penser son lecteur.
Cet ascendant moral, qui est tout à la guerre pour en déterminer le succès, selon l’auteur de ces Études sur le Combat, son livre l’a sur le lecteur.
Il dit, comme Montesquieu dirait : « Le lecteur aime les dénouements moraux, surtout dans les autres. » Il dit encore : « Il est permis aux hommes de se montrer inconséquents, pour qu’ils puissent parfois se retrouver raisonnables. » Est-ce assez Montesquieu comme cela ?
Cette différence ne prend-elle pas tout d’abord aux yeux l’esprit du lecteur ?
Que si, au contraire, l’oubli a eu raison de s’étendre sur les plateaux pyrénéens, si ces peuplades intermédiaires — Catalans, Aragonais, Navarrais, Béarnais et Basques, — ne sont placées aux frontières de France et d’Espagne que pour appointer des forces respectives et jeter dans la balance des intérêts de ces deux pays le poids de leurs atomes orageux ; si, enfin, toute cette paille d’hommes hachés par les événements et par la guerre n’est là — comme on pourrait le croire — que pour faire fumier aux grandes nations qui résument l’Europe, et par l’Europe le genre humain, à quoi bon remuer, avec un tel détail, ce monde de faits sans signification vive et profonde, et sous lesquels le lecteur périt accablé ?
Nous pourrions multiplier les citations du livre, mais nous pensons que nous en avons dit suffisamment et que le lecteur en a assez, de cette pensée et de ce style.
Ce livre, grec d’origine, m’était inconnu, et qui sait s’il ne l’est pas également à la majorité des lecteurs français, — moins les professeurs de l’École d’Athènes, retour d’Athènes, et peut-être encore !!
Probablement métempsychosiste comme le sont ses maîtres, mais avec discrétion et n’ayant pas besoin de l’être expressément dans une Histoire de France, de manière à troubler le Jean Jeannot de lecteur qui ne demande qu’à grignoter sa petite touffe de thym historique ; ne lâchant le mot « transformation » qu’avec prudence, mais le risquant parfois, comme une petite lumière pour les yeux prévenus et fidèles, qui savent bien ce que veut dire cette petite lueur, M.
Mais n’ayant rencontré, quand il tenta de pénétrer en France, que François Ier paganisé par la Renaissance, l’allié du Turc, le lecteur passionné de Rabelais et d’Érasme et le protecteur de Marot, flottant inconséquemment des bûchers allumés à des bûchers éteints, et du châtiment des Vaudois au repentir qu’il en exprima en mourant, le Protestantisme envahit bientôt, malgré la sécheresse de sa doctrine, un pays où il n’avait eu pour lui d’abord que les moqueries païennes de ses écrivains et l’attrait (lamentable toujours en France) de sa nouveauté… Révolté, dans son âme de moderne, contre la rigueur d’un temps qui avait une foi ardente et des mœurs séculairement chrétiennes, néanmoins catholique à ce point qu’il répète qu’il l’est incessamment dans son histoire, parce qu’il sait trop qu’on pourrait l’oublier, M. de Meaux ne paraît pas avoir compris que plus tard encore il était possible d’arrêter le Protestantisme envahisseur, comme l’Église, dans d’autres temps, avait arrêté l’Hérésie.
Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M.
Habitué à la méditation philosophique, à ce reploiement de la pensée qui s’aiguise en se pénétrant, il a entrepris de dégager cette loi de déduction qui, chez les autres écrivains, n’avait encore été qu’indiquée, et de la faire toucher par tant de côtés et à tant de reprises à ses lecteurs, qu’il fût impossible de la nier.
Je ne veux m’occuper ni occuper mes lecteurs des insensés et des imbéciles qu’Auguste Comte, mort récemment, a laissés après lui pour répandre la religion qu’il a fondée, et qui fonctionnent, eux et leur culte, pour le moment, dans quelque grenier.
Le Système du Monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de Sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre dans les arcanes de leur beauté que les livres même de Laplace.
Nous le regrettons pour la gloire de son livre et l’émotion de son lecteur.
il en est si près, que le critique, très bienveillant pour l’auteur, dont j’ai parlé en commençant, Armand de Pontmartin, estime que l’amant d’Armelle, ce héros de la vie privée, qui a ses héros comme la vie publique, diminue, dans l’intérêt que lui porte le lecteur, précisément de ce qui fait son héroïsme… Oui !
Oui, que les poètes se le disent : A l’heure qu’il est, tout poète qui ne sera pas chrétien, dans le sentiment ou dans la pensée, restera au-dessous du moindre lecteur qui le sera !
Toutes les fois qu’il est inspiré, il emporte l’âme de son lecteur comme il eût fait une barricade… On dit gaiement : « C’est un brave à trois poils !
Pour toute femme et pour tout lecteur, une pareille apparition pourrait empêcher à jamais l’amour de l’une et l’intérêt de l’autre.
Le romancier ni le lecteur ne peuvent être dupes, comme le monde.
Ici le médecin lui-même est en déroute comme le lecteur.
C’est à une question d’amusement, c’est à un résultat de temps, tué plus ou moins agréablement pour ses lecteurs, qu’aboutit toute la force, — très-réelle, — employée à produire cette immense quantité de romans qui se succèdent depuis vingt ans sous forme de feuilleton dans les journaux.
Il y répandrait une mélancolie douce qui découragerait vos honnêtes lecteurs. […] Les descriptions, entrecoupées de bouts de dialogue, se succèdent avec une monotonie dont le lecteur éprouve, je crains, quelque fatigue. […] Tout lecteur est volontiers un ami. […] Vaine poursuite, qui fatigua plus d’un lecteur ! […] Il n’est pas inutile de dire, avant de mettre ce portrait sous les yeux du lecteur, qu’il est de la main d’un rival malheureux du chevalier.
Des travaux nombreux, plusieurs tout récents, lui ont été consacrés, qui lors même qu’ils s’efforcent de la réfuter, n’en ont pas moins pour effet de familiariser les lecteurs avec une doctrine désolante. […] Mais celle qui rentre dans le cadre de ce travail est assez riche pour lui donner des proportions trop considérables peut-être au gré du lecteur. […] Combien de lecteurs, dès son apparition, accueillirent avec une ardeur inconsidérée les enseignements désolants de ce livre ! […] Il faut le dire, du reste, ces excès étonnaient plus d’un lecteur sans le séduire. […] C’est un jeu dangereux et cruel, une triste spéculation sur la crédulité et la sympathie de trop faciles lecteurs.
Un Poëme, un Drame, un Roman qui peint vivement la vertu, modèle le Lecteur, sans qu’il s’en apperçoive, sur les personnages vertueux qui agissent ; ils intéressent, & l’Auteur a persuadé la morale sans en parler. […] Et la malignité insatiable du lecteur (qui va toujours prêchant la concorde), ne trouvant point à se satisfaire, jette la feuille avec dédain, & dit : si cela continue, je ne souscrirai plus. […] L’Auteur qui s’abandonne au vrai mouvement de son âme, a donc un idiôme qui raisonne, non à l’oreille, mais à l’âme du lecteur ; & voilà l’éloquence. […] Le style serré, plein, nerveux, sentencieux, fort de choses, est le style des penseurs ; mais ce style-là n’est point agréable, il aura peu de lecteurs. […] Que le lecteur le médite avec réflexion ; qu’il compare les Drames de ce Souverain génie avec nos meilleures Tragédies-Françoise, il appercevra combien ce servile esprit d’imitation a égaré le talent ; & si, après cette lecture & cette comparaison, il n’est pas de notre avis nous lui dirons : Quid prodest gregis illius sementia ?
Ici rien de semblable ; on fait connaître, sans tarder et dès la première ligne, l’ouvrage dont on doit compte aux lecteurs ; le plan, les divisions, quelquefois le nombre de pages, y sont relatés ; peu s’en faut que la table des matières n’y passe. […] Fidèle à sa méthode, l’auteur y adopte trois grandes divisions : 1° l’examen et le choix des faits, premier travail préalablement nécessaire à l’historien, et qui comprend la question de la certitude et des sources, celle des usages et du but de l’histoire ; 2° la classification des faits, quant aux lieux, quant au temps, c’est-à-dire géographie et chronologie ; 3° l’exposition des faits, ce qui aboutit à l’histoire proprement dite, telle qu’elle se dessine aux lecteurs ; les deux autres branches sont plutôt un travail de cabinet pour l’historien. […] Pénibles équivoques, auxquelles l’auteur a bien pu penser, mais qui échappaient au lecteur : Napoléon n’en demandait pas davantage. — Ce livre, au reste, était tellement une arme politique forgée ad hoc, que la troisième édition, imprimée à l’Imprimerie impériale en 1811, fut en très-grande partie détruite en 1813, au moment où l’on crut enfin avoir arraché un nouveau Concordat au prisonnier de Fontainebleau. […] E. de Sacy (Journal des Débats, du 29 novembre 1843) ; les caractères de ce cours y sont parfaitement définis et rendus avec une vivacité qui atteste non-seulement un lecteur d’aujourd’hui, mais un ancien auditeur.
Cet écrivain semble mettre autant de soins à fuir la publicité que d’autres à la rechercher : il écrit, dirait-on, pour lui-même, ou tout au plus, comme Stendhal, pour cent lecteurs. […] En voulant faire croire à vos lecteurs que M. […] Oui vraiment, il ne me paraît pas que le roman pur (et en art, comme partout, la pureté seule m’importe) ait à s’en occuper… Le romancier, d’ordinaire, ne fait pas suffisamment crédit à l’imagination du lecteur. » Allons-nous avoir une question du roman pur, après celle de la poésie pure, qui n’a pas fini de faire gémir les presses ? […] Tout cela est discret, enveloppé, et un lecteur très innocent pourrait à la rigueur ne pas comprendre de quoi il s’agit.
Valery Larbaud ajoute : « Voilà donc cette citation, qui peut être un faux, incorporée au reste de mes ouvrages écrits pour être publiés ; et un lecteur, un critique, peuvent désormais faire état de cette citation comme de n’importe quel autre passage des ouvrages que j’ai publiés. […] Le lecteur aura ainsi le point de vue d’un de nos meilleurs « chroniqueurs parisiens ». […] Situation paradoxale vraiment, que celle de ces hommes dont la vie privée et l’autre n’ont pas de démarcation précise, puisque eux-mêmes, par une nécessité esthétique, sont obligés de puiser dans la première pour alimenter la seconde, de faire passer leur intimité dans leur œuvre, d’une manière qui justement inspire au lecteur une curiosité grandissante. […] Comment ne pas entendre, ici, le Pierre-Quint lecteur des Faux-monnayeurs ?
Dans aucun livre l’art n’a consisté plus manifestement à savoir s’en passer, et à se priver de tous les moyens, même les plus légitimes, d’intéresser la sensibilité du lecteur à la vérité de la doctrine que l’on enseigne. Dans aucun livre enfin une pensée d’ailleurs plus ferme n’a revêtu, comme dit Bossuet, un style plus « triste » pour s’exprimer ; — et je pense qu’il veut dire un style plus capable de décourager le lecteur. […] J’en vois un curieux témoignage dans la coquetterie pédantesque et naïve avec laquelle, toutes les fois qu’ils expriment une idée générale, ils ouvrent les guillemets « » pour attirer l’attention du lecteur. […] Graux, dans son édition des Vies de Démosthène et de Cicéron] sur l’auteur des Vies Parallèles. — Attrait du genre biographique ; — habileté singulière de Plutarque à mettre ses héros « en scène » ; — tendance morale de son œuvre. — Que, comme auteur de ses Œuvres morales, Plutarque a fait le tour des idées de son temps ; — et, à ce propos, d’une supériorité des contemporains de l’Empire sur les écrivains plus classiques de la littérature grecque. — On ne pouvait donc mieux offrir que Plutarque aux lecteurs du temps de la Renaissance.
Il donne au lecteur comme une sorte de sécurité. […] Elles ont quelque chose de direct, et vont par les chemins courts de celui qui parle au lecteur qui écoute plutôt qu’il ne lit. […] Tabarin plus tard sera plein de cet esprit-là qui ne manque pas de saveur, du reste, pour les lecteurs au-dessous de douze ans. […] Telle l’anecdote de « petite pluie abat grand vent », que le lecteur voudra bien chercher lui-même, s’il tient à la connaître. […] Mérite secondaire peut-être, mais, à ce degré-là, si puissant, si décisif, que c’est pour ce don-là uniquement, presque uniquement, si l’on veut, que Rabelais a eu des légions de lecteurs et en aura toujours.
Mon frère Yves n’est pas pour les lecteurs qu’émeuvent les aventures des héros d’Alexandre Dumas ; il captive, lui aussi, mais d’une autre manière. […] C’est l’activité créatrice du lecteur et la seule qui lui reste. […] La tâche du lecteur, celle de l’auteur surtout, en est beaucoup simplifiée : il est plus facile de composer un certain nombre de fragments que de dérouler un plan fortement conçu, plus facile aussi de lire des morceaux détachés que l’on peut laisser ou reprendre à son gré. […] Elles se révèlent d’autant mieux au lecteur qu’il est plus impartial et ne lui paraissent point toutes également favorables. […] Le lecteur doit faire un constant effort d’imagination synthétique pour rassembler ces membres épars en un corps vivant et pour concevoir qu’un souffle de vie puisse animer des âmes pareillement démontées.
La réputation de Fléchier dans le monde lettré commençait à se faire, grâce à ses compositions de collège qui avaient leurs lecteurs et leurs juges, même à la Cour. […] N’allons pas faire comme des lecteurs peu avertis.
« Je pense que tout homme qui peut espérer quelques lecteurs rend un service à la société en tâchant de rallier les esprits à la cause religieuse ; et dût-il perdre sa réputation comme écrivain, il est obligé en conscience de joindre sa force, toute petite qu’elle est, à celle de cet homme puissant qui nous a retirés de l’abîme. […] Le lecteur devient complice de l’auteur.
Le seigneur qui a sa « librairie » et ses lecteurs, le bourgeois, dernier client du jongleur, veulent qu’on exprime leurs passions, leurs opinions ; le présent les possède, et que l’œuvre soit vieille ou neuve, ils n’en ont cure, pourvu qu’ils y retrouvent le présent. […] Même encore au xve siècle, l’éditeur de Gerson tournait en latin, pour l’utilité du lecteur, les discours dont il avait le texte français.
M. de Vogüé nous dit que deux traits les distinguent de nos réalistes à nous : 1º « L’âme flottante des Russes dérive à travers toutes les philosophies et toutes les erreurs ; elle fait une station dans le nihilisme et le pessimisme : un lecteur superficiel pourrait parfois confondre Tolstoï et Flaubert. […] Plus patients non point peut-être plus pénétrants, mais d’une plus grande endurance, si je puis dire, dans la méditation ou l’observation plus capables de se passer eux-mêmes de divertissement, ils s’adressent à des lecteurs qui ont moins besoin que nous d’être amusés.
(J’ai reçu d’un « vieux lecteur des Débats » ce renseignement : « L’acteur Valmore a créé le rôle du geôlier dans Marie Tudor en 1832 ou 1833 ; il disait d’une voix pâteuse, exécrable, les quelques lignes de ce rôle ; il était très mauvais artiste. ») Elle perd sa première fille, Junie. […] Son lecteur était clair et sec, mais le style !
Il n’en resta pas à ses premières insinuations contre le théâtre de ses devanciers ; il s’émancipa peu à peu du principe salutaire qu’il faut écrire pour être représenté et lu, et il fit passer le parterre avant le lecteur. […] Ce ne sont pas là de vieilles connaissances, comme les personnages de Corneille et de Racine, ou ceux de ce Shakspeare, le père de tant d’immortels enfants en qui les derniers lecteurs de ses drames reconnaîtront des frères et des amis.
Nul n’a mieux connu la mollesse du style, qui dérobe au lecteur la fatigue du travail et les ressorts de la composition. […] Mais si je n’avais pas mis le lecteur à portée de le faire lui-même, j’aurais bien mal réussi.
D’autre part, Mlle de La Fontaine (ce que j’avais omis de vous dire tout à l’heure), Mlle de La Fontaine n’était pas précisément ce qu’on a appelé un peu plus tard « un bas bleu », car on ne voit pas qu’elle ait rien écrit, mais elle était grande lectrice de romans son mari le lui reproche dans une lettre du Voyage en Limousin grande lectrice aussi de poètes du seizième et du commencement du dix-septième siècle ; et puis, elle n’a pas été, certainement, sans contribuer à la fondation, s’il vous plaît, de l’Académie de Château Thierry.
J’ai vu de ces lecteurs exaspérés accuser brutalement Gustave Flaubert d’être fou. […] peut-être arrêté et étranglé par l’ennui qu’il se causait à lui-même, et que le lecteur ne finira pas, à coup sûr, plus que lui, mais finira certainement bien avant d’être arrivé, comme lui, au chiffre affreux de quatre cents pages !
L’indécision et le vague même de cette fin contribuent au charme ; la rêverie du lecteur achève le reste. — Une fois, contre son ordinaire, le poète a faibli sur la rime (abattu, chenu), et je lui sais gré d’avoir préféré l’expression plus naturelle à une autre qui eût été amenée de plus loin et de force.
Si la Restauration n’avait fait dans toute sa durée et dans sa seconde carrière que ce qu’elle a fait dans la première et pendant l’année 1814, la question serait évidemment résolue pour tous les lecteurs de son livre, et elle le serait dans un sens tout autre que celui que l’historien paraît désirer.
Puissions-nous en avoir transmis quelque idée sensible et durable à nos lecteurs !
. — Nous renvoyons bien vite le lecteur, excité par notre analyse, à ce grand morceau de poésie ; nous n’y voudrions retrancher ou corriger que deux endroits.
Il en est résulté qu’il n’a pas toujours dit assez ; le lecteur a besoin d’être guidé à chaque pas plus qu’on n’imagine.
Le poëte n’y a d’autre objet que de s’amuser et d’amuser le lecteur.
Ce bonhomme, érudit à la mode du xvie siècle, solidement et lourdement, lecteur de vieux romans, admirateur de Ronsard, critique sévère de Malherbe, fait une ode à Richelieu qui est de la même étoffe que l’ode à Louis XIII, et, dans son dogmatisme enveloppé de pédanterie, indique déjà les deux grandes lois classiques : autorité de la raison, et autorité des anciens.
C’est parce qu’ils fournissent la naïve expression d’un tempérament personnel, et, en lui, de l’universelle humanité, que Paré209 et Palissy210 peuvent encore avoir d’autres lecteurs que les historiens de la chirurgie ou des sciences physiques et naturelles.
Il était sérieux, parce qu’il voulait l’être, parce qu’il croyait le devoir à son auteur, à son lecteur.
Nous avons été trop artistes, trop acrobates, persuadés vaniteusement que le lecteur ne venait pas chez nous pour connaître par nous Montaigne ou le romantisme, mais pour nous voir en représentation ; nous nous sommes estimés plus intéressants que notre matière, nous l’avons masquée, et nous nous sommes étalés.
Tout ce que je voudrais, à propos de ce souvenir, de cette carte de visite poétique adressée à quelques amis et à un petit nombre de lecteurs d’élite, ce serait de marquer dans la littérature contemporaine la place d’un poète auquel il me semble qu’on n’a pas jusqu’ici rendu pleine justice.
Ces pièces de vers, d’une saveur si exquisément étrange, renfermés dans des flacons si bien ciselés, ne lui coûtaient pas plus qu’à d’autres un lieu commun mal rimé… Avec ces idées, on pense bien que Baudelaire était pour l’autonomie absolue de l’art et qu’il n’admettait pas que la poésie eût d’autre but qu’elle-même et d’autre mission à remplir que d’exciter dans l’âme du lecteur la sensation du beau, dans le sens absolu du terme.
Il s’était créé un style à part qui devait lui aliéner le commun des lecteurs, une langue qui s’adressait à tous les sens, pleine d’onomatopées, d’artifices typographiques, où les adverbes, des majuscules imprévues, se mettaient à chevaucher follement la phrase, où des incidentes répétées revenaient avec l’obsession du leitmotiv ; une langue musicale et orchestrée.
Cette maladie a fait de nos jours bien des victimes ; je parle aussi des lecteurs.
Certaines maladies morales, trop complaisamment décrites, deviennent contagieuses ; elles le sont pour les lecteurs par la magie et je dirais presque par la complicité de l’art ; elles le sont pour les auteurs.
Mademoiselle de Scudéry a fait la description de l’hôtel de Rambouillet dans son roman de Cyrus, sous le nom de palais Cléonime ; ce détail ne sera pas inutile pour séparer dans l’esprit des lecteurs les cabinets de ce fameux hôtel, des réduits, des ruelles et des alcôves, ou plus tard s’assemblèrent les coteries, bourgeoises pour la plupart, qui singèrent les femmes de distinction8.
Il s’agissoit de prouver que les Trois Siecles, où l’on rend par-tout justice au vrai génie, où l’on tâche d’inspirer l’amour des regles, l’amour des devoirs, l’amour de la Patrie, l’amour de la Religion, devoit être soustrait aux mains des Lecteurs, pour y laisser de préférence l’Evangile du jour, le Bon Sens, le Systême de la Nature, le Systême Social, & tant d’autres systêmes qui ont déjà produit de si heureux effets parmi nous.
Je n’entrerai point ici dans le détail du caractere de chaque nation ni du génie particulier à chaque siecle, j’aime mieux renvoïer mon lecteur à l’euphormion de Barclai qui traite cette matiere dans celui des livres de cette satire, qu’on distingue ordinairement par le titre d’ icon animorum.
Disputer du mérite d’un poëte et de sa superiorité sur les autres poëtes, n’est-ce pas disputer de l’impression diverse que leurs poësies font sur les lecteurs, et de l’émotion qu’elles causent ?
III Ces règles répondent implicitement à une question que le lecteur s’est peut-être posée en nous voyant parler d’espèces sociales comme s’il y en avait, sans en avoir directement établi l’existence.
Vous feriez fuir indubitablement les abonnés, les lecteurs, les spectateurs ; et si nous sortons avec vous, nous sommes sûrs de rentrer bredouille.
Il n’y a pas de rumeur à ce « moment crépusculaire », et il est indifférent pour l’effet à produire qu’il y en ait une ou qu’il n’y en ait pas, et c’est à ce « reste de jour » mêlé à l’ombre que l’auteur et le lecteur doivent penser, pour bien voir le geste du semeur élargi jusqu’au ciel.
Toutes ces inventions de ragoût pour rendre plus piquant un récit de voyage, pour augmenter l’établissement du lecteur, cette large fleur bête de la flatterie étonnée que les voyageurs aiment à cueillir à leur retour, toutes ces misères de l’esprit ou de l’amour-propre, qu’elles soient des duperies ou qu’elles soient des combinaisons, ne se rencontrent point dans cette relation colorée et nuancée comme la vie, mais pas davantage !
III Aussi eut-elle, sinon immédiatement, un succès qui se consolida, et avec une telle force qu’on put le croire indestructible… Pendant vingt-cinq ans pour le moins, en effet, ni les fautes de Buloz, — de piéton modeste et incomparable devenu directeur assis et incompétent, — ni ses humeurs peccantes qui feraient le bonheur d’un médecin de Molière, ni sa tyrannie bourrue et tracassière, ni son orgueil durci par la fortune, ni les bornes sourdes de son esprit, ni ses procédés hérissons, ni ses grognements ursins, ni l’horreur de ses meilleurs écrivains mis en fuite par cet ensemble de choses charmantes, ni l’ennui enfin le plus compacte qui soit jamais tombé d’un recueil périodique sur le lecteur assommé, rien n’a pu le diminuer, ce succès étrange, ou l’interrompre un seul jour… C’est à n’y pas croire !
Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace.
Il y a dans le premier jet d’une chose considérable, qui se projette avec véhémence, des formes de polémique, des avertissements familiers, une espèce de conversation désordonnée avec le lecteur, qui nuisent à l’effet d’une composition qu’on souhaiterait plus nettement dessinée et ramassée dans un calme plus solennel et plus auguste.