Son imagination se prit à l’instant, et l’objet de son culte fut trouvé. […] Puis, un incident heureux les ayant rapprochés, la fusion se fit, il prit insensiblement en main ce génie qui cherchait encore sa vraie voie. […] » Avec quel dédain un peu jaloux elle s’en prend à Mme de Staël, qui s’attendait d’abord à trouver dans Goethe un second Werther, et qui était toute désappointée et au regret de l’avoir trouvé si différent, comme si elle l’en avait jugé moindre ! […] Au reste, la douleur n’a pas le temps de se glisser à travers toutes ces explosions de fantaisie et ces fusées brillantes, et l’on se prend, en la lisant, à répéter avec Goethe lui-même que ce sont là d’aimables illusions : « Car qui pourrait raisonnablement croire à tant d’amour ? Il vaut mieux accepter tout cela comme un rêve. » Si Goethe était réellement amoureux, remarquez bien qu’il aurait souvent de quoi être jaloux de Bettina ; car elle se prend en courant à bien des choses et à bien des gens.
L’abbé de Choisy prit au mot l’ironie de Mme de La Fayette, et sur une si grande autorité, dit-il, il adopta l’habillement complet, coiffure et le reste. […] C’est un exemple que j’aime à prendre, parce que c’est, comme l’a remarqué M. de Lamennais, un exemple innocent, et où il ne se mêle à la coquetterie aucunes mauvaises mœurs. […] Il put, pendant des mois ou des années, s’établir dans le faubourg Saint-Marceau, y prendre maison, carrosse, avoir un banc à la paroisse, y suivre les offices avec honneur, être même un jour prié de faire en cérémonie la quêteuse, et tout cela sous l’habit et le nom de la comtesse de Sancy, bien qu’on soupçonnât fort ce qu’il était réellement. […] Ces Dialogues ne sont pas entièrement de lui ; c’est le résultat des conversations sérieuses qu’il eut avec un de ses amis, l’abbé de Dangeau, homme distingué, estimable, métaphysicien aussi exact qu’on peut l’être, grammairien philosophe, et qui, à dater de ce jour, prit sur l’abbé de Choisy un ascendant des plus salutaires. […] Ceux de Fouquet, de Le Tellier, de Lionne et de Colbert, de ces quatre hommes qui prirent rang après la mort de Mazarin, sont admirablement saisis et passent même la portée ordinaire de l’écrivain : Choisy a eu affaire à de bons causeurs les jours où il les a peints d’une main si sûre.
Prisonnier à Pontarlier, il s’était fait aimer d’une jeune femme, et il s’était pris pour elle d’une passion véritable. […] On se prend à répéter avec lui : « Somme toute, il n’y a que les hommes fortement passionnés capables d’aller au grand ; il n’y a qu’eux capables de mériter la reconnaissance publique… » Ne dirait-on pas qu‘à travers ses barreaux il aperçoit déjà le Panthéon ? […] Ne jugeons donc pas ces querelles de races et où, dans le fond, les génies de deux époques étaient aux prises, de notre point de vue domestique et bourgeois d’aujourd’hui. […] Mirabeau, de plus, avait pris de bonne heure et d’instinct cette habitude, j’ai presque dit cette méthode de copier les autres ou de se copier lui-même, de se compiler à l’avance des provisions de pensées et de tirades dont il usait sans scrupule, selon l’occurrence, jusqu’à en faire double et triple emploi. […] Moi, qui le connaissais, je ne pris pas tant de précautions.
Il commençait à prendre des leçons au collège de Provins, lorsque des circonstances firent quitter la ville à ses bienfaiteurs, qui allèrent habiter la campagne. […] Je prends plaisir à marquer ces premiers traits, parce que ceux qui ont le plus loué Moreau à l’heure de sa mort en ont surtout fait un poète de guerre, de haine et de colère. […] Ma Chansonnette, prends ton vol ! […] Il a ouvert toutes ses voiles au vent populaire qui le prenait en poupe : il a suivi son succès et ne l’a pas dirigé. […] Une fois qu’il tient son auditoire, il le prend, le fait à lui et s’y adapte.
Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et, en t’écrivant ceci, je pleure comme un enfant. » Cette première éducation pure, étroite et forte, acheva de déterminer la nature déjà énergique du jeune de Maistre ; il fut comme ces chênes qui prennent pied dans une terre un peu âpre et qui s’enracinent plus fermement entre les rochers. […] Prenons-le par les seuls côtés qui nous touchent. […] Cette vue sur Bonaparte, considéré comme le précurseur et le préparateur d’une restauration universelle en France et en Europe, est celle qui anime et soutient M. de Maistre pendant les longues années de l’exil, et qui lui fait prendre patience, même après Austerlitz, même après Iéna, même après Friedland, même après Wagram. […] Après Friedland et après Tilsitt, quand le général Savary vint à Saint-Pétersbourg, ce soldat homme d’esprit, et plein d’intelligence, y rencontra M. de Maistre, et il eut le mérite de se prendre d’intérêt et de goût pour lui. […] Il prit donc sur lui d’adresser un mémoire et une lettre à l’Empereur par Savary qui s’en chargea : il demandait à être appelé à Paris et admis à plaider confidentiellement devant l’arbitre des puissances.
Sur la Restauration, il a pris son parti ; il l’avait pris comme jeune homme passionné dès 1823, et comme homme de tactique depuis 1827. […] Il se décida donc à rester écrivain, à prendre la rédaction en chef du National, et il fit son article de déclaration le 30 août 1830. […] Ce même homme si chatouilleux sur le point d’honneur en ce qui le concernait, et qui laissait voir à l’instant la pointe de l’épée, était le plus conciliant et le plus soigneux quand il se voyait pris pour arbitre par d’autres. […] Le peuple ayant tout fait en trois jours, on est arrivé trop tôt, et l’on a été pris à l’improviste. […] Dans tous les cas, Carrel ayant pris parti comme on va le voir en avançant, c’était la première chose qu’il aurait dû réclamer dès le jour où il ressaisissait la plume.
Dans les discussions qu’excita la bulle Unigenitus, et par suite du rôle qu’il y prit, il en vint à compromettre et à sacrifier cette œuvre d’enseignement de la jeunesse, qui était chez lui un art et un don. […] Il avait déjà pris Rollin à partie pour une édition abrégée que ce dernier avait faite de Quintilien en 1715. […] Rollin « pour l’intérêt personnel, y est-il dit, qu’il a pris à nos mémoires, sur lesquels il a eu la bonté de nous aider plus d’une fois de ses conseils ». […] Je ne voudrais rien faire entendre au-delà de ma pensée : les modestes, sans doute, pas plus que les présomptueux, ne doivent être pris au mot ; l’homme, dans la plupart des cas, vaut plus ou moins qu’il ne se croit et surtout qu’il ne se montre. […] Aujourd’hui, s’il faut en toucher un mot, d’autres générations sont venues et ont pris rang, animées elles-mêmes d’une inspiration toute différente, mais qui n’ont pas fait pour cela un seul pas de retour vers le passé ; car le passé, pour la masse des générations humaines, ne revient jamais.
Il est désormais plus humble, plus circonspect ; il se méfie de ce désir de savoir et de ce besoin de croire, lesquels, combinés dans la jeunesse avec le besoin d’aimer, peuvent se prendre à des idoles et à de faux prophètes : et Rousseau, selon lui, a été un faux prophète. […] Dureau de La Malle, un jour qu’il allait se rendre à une séance du Sénat, faisant avec le nouveau possesseur le tour du jardin, il aperçut un vieux râteau qui avait été oublié par mégarde ; il le prit sous son bras et l’emporta. […] Survenue au fort d’une bataille entre les Lydiens et les Mèdes, elle causa, au dire d’Hérodote, une obscurité si grande que les combattants, effrayés, mirent bas les armes, et que les deux rois aux prises se réconcilièrent. […] Au lieu de laisser ces langues ce qu’elles sont, de les prendre historiquement et par groupes, et de respecter leur génie, leur physionomie distincte, il veut les traiter un peu comme il a fait les religions, et les faire passer sous le joug d’une unité artificielle qui les dépouille et les dénature. […] D’après ce que vous me dites de votre vie si douce, de vos jours si pleins, si courts, même en hiver, de votre souci à l’idée du moindre voyage, prenez bien garde à ce que vous ferez.
Aux ballades vulgaires, il prit la simplicité, la brièveté, le tour naïf et pénétrant de ces petites épopées, la malle émotion, les légendes pieuses et charmantes, et, comme la chanson populaire, il sait décrire en quelques couplets lyriques, des scènes d’intérieur mystérieuses ou souriantes, ayant le relief, les ombres profondes et la lumière blondissante des vieilles eaux-fortes : Il pleut, il vente et il neige. […] Par tous ces grand traits Henri Heine tient aux lettres germaniques ; les éléments constitutifs de sa poésie sont allemands, pris à la moelle même de l’art savant ou populaire d’Outre-Rhin. […] Il apportait à Paris les romances tendres, tristes et vagues que l’on chante de la Forêt Noire aux Alpes Tyroliennes ; il prit en France la souplesse et la prestesse d’intelligence, la grâce, la mesure et l’esprit que Beaumarchais a légués à ses petits-fils du boulevard. […] II Si Heine a été l’homme en effet de plusieurs races, s’il a pris au Midi et au Nord quelques unes des nuances du vêtement de ses idées, si son art est composite et son chant dissonant, c’est qu’il était lui-même étrangement inconstant, partagé et double. […] C’est en mai 1848, le jour où je suis sorti pour la dernière fois, que j’ai pris congé des charmantes idoles que j’ai adorées pendant mes temps heureux.
Changez seulement l’instant et prenez le discours de Denis à sa péroraison, lorsqu’il a embrasé toute la populace de son fanatisme, lorsqu’il lui a inspiré le plus grand mépris pour ses dieux. […] Si vous prenez des natures énormes, votre scène sera presque immobile. Si vous prenez des natures trop petites, votre scène sera tumultueuse et troublée ; mais il y a un milieu entre le froid et l’extravagant ; et ce point est celui où relativement à l’action représentée, le choix des natures se combine, avec le plus grand avantage possible, avec la quantité du mouvement. […] Tout étant égal d’ailleurs, les natures exagérées prennent moins aisément le mouvement que les natures faibles et communes. […] Je n’ai pas fait la satyre de l’évidence, mais j’ai pris la liberté de me moquer de ces pauvres diables de charlatans économistes qui nous ont offert depuis quelque temps le mot évidence comme une emplâtre douée d’une vertu secrète contre tous nos maux ; j’ai le malheur de croire que les mots ne guérissent de rien.
Vous ne peignez pas, à peine savez-vous calquer ; vous n’avez pas, peut-être même êtes-vous incapable de prendre la première notion du rythme. […] Monsieur Loutherbourg, cela est mieux, mais ne vous appartient pas, vous avez pris cet incident à Vernet. […] Puis un amas de foin, une grande vache debout ; autour de cette vache sur le devant, des moutons couchés et un ânon accroupi. — fermez les yeux, prenez de ces six dessins le premier qui vous tombera sous la main, et soyez sûr d’avoir une chose précieuse. Je ne sais si, à tout prendre, ils ne sont pas plus faits dans leur genre que les tableaux de l’artiste ; ici il n’y a rien à reprendre. […] Mon ami, y avez-vous bien pris garde ?
Les règles ne sont destinées qu’à être le frein du génie qui s’égare, et non le flambeau du génie qui prend l’essor ; leur unique usage est d’empêcher que les traits vraiment éloquents ne soient défigurés par d’autres, ouvrages de la négligence ou du mauvais goût. […] Prenons-en donc une autre dont on ne puisse contester la beauté, la première du cantique d’Ézéchias traduite par le même poète, et rapprochons-la de l’original. […] Si on prend à la lettre ce qui se dit communément, que le caractère de notre langue est la clarté, on croira qu’il n’en est aucune plus favorable à l’orateur ; il ne faut pour se détromper qu’avoir écrit en français, ou interroger ceux qui ont pris cette peine. […] L’arrangement harmonique des mots ne peut quelquefois se concilier avec leur arrangement logique ; quel parti faut-il prendre alors ? […] Il arrive souvent d’être aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue ; la vraie manière d’arriver à un but, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre.
Parmi ces faits, qu’il faut aller prendre où ils sont et ne pas chercher dans une analyse trop rapide, il en est un pourtant que je signalerai, parce qu’il sent réellement le génie de la découverte. […] Quand Cassagnac écrira une Histoire de la monarchie française, c’est-à-dire des trois ordres, avec son esprit incisif et si audacieux à prendre le vrai où qu’il soit, je ne doute pas de la réponse qu’il saura faire à cette question. […] Ainsi, pour ne prendre que le siècle présent, le xixe siècle, sa philosophie, qui est le panthéisme, a poussé, comme un affreux polype, de vivaces et inévitables boutures dans tous les ouvrages contemporains, et particulièrement en histoire. Lisez, en effet, tous les livres composés, de 1830 à 1850, sur des sujets historiques, par les esprits les plus divers ; et voyez si, dans la plupart, le panthéisme ne réduit pas, plus ou moins, le jeu de la personnalité humaine au sein des luttes de ce monde, pour enrichir de tout ce qu’il prend à cette personnalité la vague notion de force des choses que le matérialisme connaissait bien un peu avant Hegel, mais que le panthéisme, qui a grandi et complété toutes les erreurs du matérialisme, a grandie aussi, comme les autres. […] Et savez-vous où ils étaient et où il les a pris ?
Le bon sens est une grande chose, et Bossuet l’appelle « le maître des affaires », mais le petit sens est souvent pris pour lui, et ce petit sens, qu’on adore aussi sous le nom de sens commun, est souvent faux, quand il s’agit de juger les phénomènes de providence, les hommes et les faits historiques. […] Thierry y a laissé la sienne, et, encore une fois, cette main ne manque pas de muscles ; c’est une main qui sait prendre et contenir. […] ), l’impulsion d’Attila, l’impulsion de tous ceux qui veulent brûler des Rome est toujours l’idée effroyable et naturelle d’un Communisme, éternel comme les passions de l’humanité, c’est toujours la pensée qui se cache perpétuellement dans les bas-fonds pour remonter aux surfaces de l’histoire ; qu’un jour arrive où chacun peut prendre tout ! […] Comme historien, il a des préjugés, il a des partis pris et ce que j’oserai appeler, moi, des pusillanimités. […] le monde, qu’il ne voit plus, prend dans sa tête les couleurs furieuses de l’impossible, qui valent mieux que tous les outre-mers et tous les vermillons !
Soit un cube ; son étendue en longueur, largeur et hauteur, c’est la distance qui sépare un point pris à l’un de ses angles de trois points pris à trois autres de ses angles. […] Voyons de quelle façon elles prennent ce rôle29. […] Au lieu de notre sensation de température, nous prenons pour indice l’élévation ou l’abaissement de l’alcool dans le thermomètre. Au lieu de la sensation musculaire que nous éprouvons en soulevant un poids, nous prenons pour indice l’élévation ou l’abaissement du plateau de la balance. […] À l’aspect d’une fusée qui s’élance, comme à l’aspect d’un oiseau qui prend son vol, nous nous mettons involontairement à la place de l’objet ; nous répétons mentalement son essor ; nous l’imitons par notre attitude et nos gestes.
Non, c’est un coup de soleil pris sur le fait par un manœuvre. […] Robert y prit le goût de la rectitude et de la sobriété des lignes de ses figures ; il ne pouvait y prendre ni l’expression des physionomies, ni la passion, ni le mouvement, ni le coloris, triple vie du tableau qui manquait entièrement à son maître. […] Corinne, pour lui, était trop théâtrale ; il ne pouvait prendre un tel modèle que sur la scène ou dans une séance d’Académie ; or ce n’était pas là qu’il étudiait la nature. […] Le génie de Robert y prit ce caractère de grandiose, de force, de sévérité dans le beau qui s’attacha depuis cette époque à son pinceau comme une couleur indélébile. […] Sa figure est triste et résignée au fond, mais à la surface elle prend toutes les expressions terribles ou tendres des situations des poèmes qu’il récite.
C’était pour savoir de quelle façon il prendrait ce projet. […] Il ajouta que si Sa Sainteté leur prêtait plus de force par l’ambassade dont lui, Cacault, avait pris l’initiative, ambassade qui manifesterait la bonne volonté du Pontife, son estime pour la France, et l’intérêt qu’il prenait à rattacher de nouveau cette nation à l’Église, les choses s’arrangeraient, sans aucun doute, surtout si, par une marque de considération personnelle, on flattait le chef du gouvernement français. […] « Le frère du premier consul prit alors la parole. […] À leur apparition, chacun courut prendre sa place. […] Il avait oublié, la première fois qu’il m’avait vu, de me délivrer cet argent, et il me pria de le prendre.
Il prit pour devise la modération, et ne goûta plus que la vérité pratique. […] Madame de Goethe prit aussitôt à son chapeau un ruban de couleur et l’attacha à la cafetière. […] Le 21 juin j’avais pris congé de Goethe. […] Madame de Goethe venait souvent lui prendre le bras, s’enlacer à lui et l’embrasser. […] Mon hôtesse me la vantait tellement, qu’il me prit un grand désir de la voir.
Je crois bien, nous leur avons tout pris ! […] Prends-moi ce cordial : Hugo, Michelet, Balzac, Shakespeare, et laisse les imbéciles les classer. […] Ne prenons donc point ces attaques au sérieux. […] Ces grands individus prennent une importance formidable. […] Comme ils ont surtout le souci de paraître sérieux, ils prendront honte de leur espièglerie.
Le génie de la France septentrionale a pris le dessus. […] L’amant lui-même a pris de l’humeur. […] » Dès lors toute résistance a cessé ; le château est pris. […] Elle prend ensuite ses conclusions. […] Il lui appartenait, comme femme, de prendre la défense de son sexe, et, comme poëte, de rappeler le but moral de la poésie.
L’exactitude en pareille matière, à moins que l’auteur n’ait pris la peine de commenter ses intentions, est chimère pure. […] Il faut dire qu’à d’autres moments la littérature prend sa revanche. […] Auber, en France, le prenait de haut avec le collaborateur de rencontre qu’il pouvait avoir pour les paroles. […] Le chapitre du poète est curieux à lire : on ne saurait le prendre au pied de la lettre. […] Les fauteuils prennent des contours onduleux.
Nous venons de donner, en notre Avant-propos, quelques exemples des procédés courants, pris cependant à des dates plus récentes. […] Francis Viélé-Griffin… Or, le tout, dont avec une si intuitive sûreté il sut prendre seulement ce qui convenait à son tempérament, M. […] Désormais la Matière évolue à prendre connaissance d’elle-même, à travers la sensation, l’instinct, la pensée. […] Mais aussi, la Méthode et l’Œuvre sont co-existantes : l’une n’a pas précédé l’autre, elles ont pris âme en même temps dans mon esprit. […] « Il est adversaire ardent de l’Ecole Symboliste, et il a pris une part prédominante dans les controverses littéraires de ces dernières années.
D’abord ça été, sur toutes les figures, une tristesse apitoyée, puis, longtemps contenue par le respect pour la personne et le talent de Flaubert, la déception des spectateurs a pris sa vengeance, dans une sorte de chûtement gouailleur, dans une moquerie sourieuse de tout le pathétique de la chose. […] Dimanche 19 juillet Hier, le comte de Banneville prenait sa place, à l’Hôtel de Bavière de Lindau, pour le souper. […] S’il le fait voir, cela se passe à peu près ainsi : il invite un ami, un collectionneur comme lui, à prendre une tasse de thé. […] Au milieu de la lecture, Popelin se met à prendre de petits morceaux de papier, et sur leur surface mouillée, fait tomber des taches de couleur, imitant les marbrures du papier peigne. […] Dans l’atelier, je suis seul, désœuvré, et un blanc soleil d’hiver éclaire si joliment toutes les choses qui sont là, qu’il me prend la tentation de les décrire.
Job lui-même essaye de se modérer et de parler leur langage, afin qu’on ne puisse pas le prendre par ses paroles. […] » Il veut prendre Dieu corps à corps. « Pourquoi l’homme ne peut-il pas entrer en jugement avec Dieu comme avec son égal ? […] « La terre, comme une molle argile, prend une face nouvelle ; elle se pare d’un nouveau vêtement. […] Il ne lui reste qu’à prendre ce monde au sérieux et à vivre avec résignation, ou bien à prendre ce monde en facétie et à dire : Ô Jupiter ! […] Ce sont là tous les philosophes, tous les prosateurs, tous les poètes burlesques qui, profondément impressionnés de la misère morale de l’humanité, mais pas assez généreux pour la plaindre, ont pris le parti de la railler.
Voyons-le donc un peu chez lui, avec ses qualités propres et dans son courant de récit ; prenons-le à sa vraie date comme un contemporain de Corneille, et comme étant avec Rotrou l’un des derniers Gaulois. […] Les voici, monseigneur, représentés et par la plume et par le burin, qui paraissent avec les plus beaux ornements de leur grandeur royale ; et, tout chargés qu’ils sont de palmes et de couronnes, je prends la hardiesse de les offrir à l’auguste majesté de leur successeur. […] En quelque endroit qu’il porte ses armes, il trouve à son arrivée toutes choses prêtes à le couronner de gloire, et vous faites beaucoup plus pour lui que jamais le bonheur ne fit pour César, puisqu’il a vaincu souvent avant même que d’avoir vu… Résumant dans un tableau qui n’est pas trop emphatique cette politique armée qui se montre partout à la fois en divers pays, qui soutient des luttes et des alliances sans nombre, et où la supériorité de la pensée se fait toujours sentir dans l’exécution : J’en prendrais à témoin, s’écriait-il, et La Rochelle et Nancy…, si Perpignan n’en était un témoignage plus nouveau et pour le moins aussi glorieux. […] Mézeray est d’humeur libre et non servile, d’humeur même républicaine, à prendre le mot dans l’antique acception de nos pères ; il n’a qu’à se laisser aller pour être caustique et satirique. […] Ce qu’il dit là n’est vrai qu’en avançant ; car il est certaines de ces harangues, comme celle qu’il prête à Charles Martel au moment de livrer bataille aux Sarrasins, qui sont plus académiques que véritablement historiques, même à le prendre dans le sens de la définition précédente.
Pour le déplacer, il a bien fallu le nommer, le prendre à partie ; on l’a attaqué comme au premier jour, et d’autres aussi l’ont défendu : c’est bien là de la gloire. […] Il y eut cependant une première époque de ferveur durant laquelle Santeul se tourna vers les idées de retraite, et il prit l’habit de chanoine régulier de l’abbaye de Saint-Victor en 1650, à l’âge de vingt ans. […] Puis, ayant pris son déjeuner, ses devoirs remplis et les offices entendus, il sort à midi sonnant, et va par le quartier latin pour réciter et produire les nouveau-nés, ce sont ses vers que je veux dire ; car les vers faits, vite la louange. […] Les siens étaient déjà tout pris et le plus souvent payés, et même à l’avance… Sa gibecière n’était jamais vide ; c’était le poète replet et exultant. […] Du Périer, à sa manière, le rendait bien à Santeul, qu’il prétendait avoir formé, et dont il se repentait, disait-il : « Paenitet me fecisse hominem » Leurs querelles, leurs paris en présence de Ménage pris pour arbitre, faisaient alors d’amusantes histoires.
» don Juan sentant que la partie était perdue et que tout lui échappait, fut pris de désespoir et d’une mélancolie profonde, qui devint une maladie pleine d’incidents inconnus : « Les médecins, qui traitaient son corps d’un mal qui était dans son esprit, lui firent souffrir durant trois semaines assez de tourments pour achever sa vie ; il mourut le 17 septembre 1679, âgé de cinquante ans. […] Il était d’une parfaite ignorance, d’un tempérament mélancolique, maladif, parlant peu, pensant encore moins, un de ces individus exemplaires marqués d’un signe, et au front desquels il est manifestement écrit : Comment les races royales finissent, tellement soumis à son confesseur, qu’il n’y avait pas moyen de lui faire prendre une détermination quelconque, sans que le confesseur en décidât : aussi ceux qui avaient intérêt à agir sur lui usaient-ils de ce secret ressort, qui ne manquait jamais son effet ; quand on voulait lui faire changer d’idée, on lui changeait son confesseur, et il en eut jusqu’à sept en cinq ans. […] La camarera-mayor, par les mesures qu’elle prit pendant ce premier séjour au Retiro, se conduisait véritablement comme une gouvernante ; la reine était traitée en pupille et vraiment esclave. […] Le peuple de Madrid ne vivait plus que de l’air du temps, comme nous dirions ; et, comme on dit là-bas, il ne vivait plus que de prendre le soleil. […] Ils l’envoyèrent reconnaître par des médecins affidés ; ils allèrent même jusqu’à faire partir quelques mulets pour porte, des équipages par avance, et ne rompirent le voyage qu’un jour avant celui qu’on avait pris pour le départ.
Mme de Staël prit dès lors la résolution de quitter Paris et de ne pas attendre le retour de l’Empereur : « Elle partit, dit M. de Lavalette, peu avant le 20 mars, et l’Empereur, à qui j’en parlai, parut contrarié de son éloignement. […] Craufurd qui avait dû, en quittant Paris, prendre des mesures pour que les lettres, à lui adressées, lui parvinssent sans retard, a pu fort bien recevoir celle-ci juste au moment où il partait pour Londres, ou même après y être arrivé ; et, cette lettre reçue, il dut écrire immédiatement à lord Castlereagh pour la lui envoyer. […] Mme Lenormant, si ce chapitre est d’elle (et elle a bien assez d’esprit, — assez de finesse et de précision dans l’esprit, — pour avoir mené cette discussion comme on l’a fait), l’a pris vraiment sur un ton un peu trop haut. […] Les phrases même tiennent peu, prises en détail ; elles ne se déplacent pas. […] Je prendrai, par exemple, la plus célèbre de ses phrases s’il fallait en choisir une, celle dans laquelle on a résumé sa vie : « J’ai toujours été la même, vive et triste ; j’ai aimé Dieu, mon père et la liberté. » C’est ému, cela fait rêver, mais c’est elliptique.
Je conçois que de temps en temps on attaque, s’il y a lieu, si l’occasion vous tente, s’il y a une justice à faire, une revanche à prendre : puis on passe outre, et l’on n’y revient plus que de loin en loin et le moins possible ; le public vous en sait gré. […] je n’en prenais ni moins de liberté ni moins de plaisir. […] » Le mot nous parut légèrement suranné, et nous le crûmes plus banal qu’il ne l’était, à le bien prendre. […] L’optimisme fut sans doute le défaut de la philosophie politique du xviiie siècle, à la prendre dans sa source, à son origine, chez les Fénelon, les Vauban même, les abbé de Saint-Pierre, et presque dans tout son cours ; il y eut une recrudescence d’optimisme sous Louis XVI à partir de Turgot, de Malesherbes, jusqu’à M. […] Il semblait plus facile, avec des intentions droites et des idées justes, de faire le bien des hommes et des peuples que cela ne s’est vérifié, au fait et au prendre ; on ne comptait assez ni avec les passions, ni avec les intérêts, ni avec les vices.
Mais bientôt, quand Dieu a pris en pitié et en gré les époux et qu’on apprend qu’Anne est enceinte, ces mêmes bergers expriment leur joie et se promettent de grandes réjouissances : Melchi, l’un des bergers. […] Je ne tiens pas à prendre en défaut mes savants confrères qui ont tant à me renseigner sur ces sujets un peu ingrats, où notre légèreté se rebute aisément ; mais eux-mêmes, je le leur demande, n’ont-ils pas commencé à me faire querelle tout les premiers, en me reprochant d’anciens jugements un peu trop absolus peut-être, que je crois vrais pourtant dans le fond, et que je suis prêt d’ailleurs à modifier, à amender, autant que mon goût mieux informé pourra y consentir ? […] assez je me hâte, car l’impatience me prend. […] Paulin Paris s’y prend pour annoncer sa dissidence avec son frère Louis Paris sur cette grosse question de savoir quel était au juste notre Jean-Michel : « L’argumentation de mon frère est vigoureuse », dit-il en faisant mine d’admirer et en rendant chevaleresquement justice à l’adversaire… « Certes, en l’absence des manuscrits, il « était impossible de raisonner d’une façon plus irréprochable et plus persuasive. […] Je vais dire mes raisons, et je ne demande pas mieux, en vérité, que de perdre ma cause. » Il semble, en vérité, que la tendresse des deux frères, soit aux prises parce que l’on croit que le Jean Michel du mystère était le médecin, et que l’autre penche pour l’évêque.
Je reçus les premières leçons de l’usage du monde, et je pris le goût de la bonne compagnie qui m’a toujours fait fuir ce qui ne lui ressemblait pas. […] Pendant deux années que dura cette sorte d’inspection, il ne négligea rien pour s’instruire à fond des principes et des formes de l’administration de laquelle il relevait : « J’avais un accès libre dans tous les bureaux où je voulais prendre des renseignements. […] En toute discussion il avait pour principe de prendre dans les opinions extrêmes en présence ce qui lui paraissait raisonnable pour composer la sienne, et il comptait un peu trop ensuite, pour la faire prévaloir, sur la force et la justesse de ses raisonnements. […] Au mois de septembre 1776, Malouet s’embarqua au Havre pour Cayenne et la Guyane ; il n’en revint que deux ans après, en septembre 1778 ; on était en pleine guerre d’Amérique : il fut pris dans la traversée par un corsaire et conduit en Angleterre, où il trouva tous les égards et tous les secours, mais il dut y laisser bonne partie de ses collections. […] C’est dire qu’il était mûr et tout prêt quand les suffrages des électeurs de Riom, ses compatriotes, vinrent le chercher et le prendre pour député aux États généraux.
La nation française était, à quelques égards, trop civilisée ; ses institutions, ses habitudes sociales avaient pris la place des affections naturelles. […] Quoique la littérature doive s’affranchir dans la république, beaucoup plus facilement que dans la monarchie, de l’empire du ton reçu dans la société, il est impossible que les modèles de la plupart des ouvrages d’imagination ne soient pas pris dans les exemples qui s’offrent habituellement aux regards. Or, que deviendraient les écrits qui prennent nécessairement l’empreinte des mœurs, si les manières vulgaires, ces manières qui font ressortir les défauts et les désavantages de tous les caractères, continuaient à dominer ? […] Il y a des vertus qui vous attachent à votre famille, à vos amis, aux malheureux ; mais dans tous les rapports qui n’ont point pris encore le caractère d’un devoir, l’urbanité des mœurs prépare les affections, rend la conviction plus facile, et conserve à chaque homme le rang que son mérite doit lui obtenir dans le monde. […] Où prendrait-on le type des vertus, lorsque les femmes elles-mêmes, ces juges indépendants des combats de la vie, auraient laissé flétrir en elles le noble instinct des sentiments élevés ?
Le roman, qui n’avait pas à figurer les choses, mais à suggérer l’image des choses, n’était pas limité de ce côté dans sa puissance, et ce fut encore une raison de la prépondérance qu’il prit. […] Le Diable boiteux, dont le cadre et le titre étaient pris à l’Espagnol Guevara, mais où l’invention devient plus personnelle à mesure que l’ouvrage se développe, gagnerait à être allégé de plusieurs nouvelles et de nombreux portraits. […] Sa vanité lui attire de dures disgrâces : il comprend qu’elle est un piège où nous nous prenons nous-mêmes ; il s’instruit à la rendre intérieure. […] Il est visible que l’auteur, depuis onze ans, a pris une meilleure idée du personnel qui gouverne. […] La passion n’est pas ici quelque chose de mystérieux, de magique, qui élève l’homme au-dessus de l’humanité, qui l’affranchisse des conditions communes de l’existence : la passion, pure et souveraine, est aux prises avec les petitesses des caractères et les misères de la vie.
Beaumarchais a pris le public par son faible, par l’amour des personnalités, de la satire anecdotique et individuelle. […] Il avait pris un vieux sujet, le sujet pour ainsi dire essentiel et primitif de la Comédie Italienne : le tuteur faisant office à la fois de père et de rival, la pupille, l’amoureux, le valet. […] Le public prit Figaro comme Beaumarchais le lui donnait, pour le défenseur de la liberté contre le despotisme, de l’égalité contre les privilèges. […] En 1747, elle prit un appartement au couvent de Saint-Joseph, rue Saint-Dominique. Devenue aveugle, elle prit pour lectrice Mlle de Lespinasse, à qui elle ne pardonna point d’avoir charmé par son esprit beaucoup de ses amis.
Il est très difficile de marquer aujourd’hui où s’arrête la littérature : l’intelligence est diffuse, la curiosité vaste ; hors des genres définis qui promettent des impressions d’art, jamais, je crois, plus d’ouvrages spéciaux n’ont pris place dans la littérature. […] Si souvent qu’on le prenne en faute, si nombreuses qu’aient été ses erreurs certaines et ses hypothèses téméraires — je m’en rapporte absolument aux gens compétents, — il reste que nous n’avons en France aucun travail synthétique qui se compare à ces deux ouvrages. […] Il a pris la voie dure, périlleuse, incertaine, au lieu de la voie facile. […] Toutes les précautions que ce loyal esprit a prises pour éviter le parti-pris, les vues étroites ou exclusives, pour saisir toutes les parties et manifester tous les aspects de la vérité, ont donné le change aux esprits superficiels ou prévenus : en même temps que notre grossière façon d’entendre l’opposition théorique de la science et de la foi nous faisait mal juger tous ces fins sentiments, ces expansions affectueuses ou enthousiastes, qui se mêlaient sans cesse chez Renan aux affirmations du déterminisme scientifique. […] Renan n’a pas été populaire : il offre peu de prises, par sa richesse et sa souplesse, aux moyens esprits.
Et bien a pris à Pierre Loti de passer par la désespérance et la négation absolues ; car, à partir de ce moment, il parcourt le monde sans autre souci que d’y recueillir les sensations les plus fortes ou les plus délicates. […] Au reste, s’ils les voyaient bien, ils y prendraient tant de plaisir qu’ils n’auraient plus de courage pour l’action ; puis ils comprendraient l’abîme qui sépare les races et renonceraient à leur tâche impossible et sublime. […] Nous nous laissons très facilement prendre à l’exotisme. […] Et alors les délices de l’île paradisiaque prennent pour l’homme du vieux monde une saveur de fruit défendu. […] je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.
alors que ceux-là s’y pâment comme devant un évangile nouveau où chaque parole est grosse de révélations et mettent à les défendre une ardeur si jalouse que la moindre objection prend à leurs yeux figure de sacrilège et que la critique en reste intimidée. […] Charles Cros disait : « Mallarmé est un Baudelaire cassé, dont les morceaux n’ont jamais pu se recoller. » Ne prenons la boutade que pour ce qu’elle vaut, mais avouons que Mallarmé est resté sous l’empire de Baudelaire et que son œuvre, comme on l’a dit, n’est qu’un appendice édulcoré des Fleurs du Mal. […] Autre chose est de se murmurer des paroles à soi-même dans la solitude, au coin du feu, ou de les proférer en plein air, quand on se sent écouté et qu’on prend charge d’âmes. […] Ma vue avait affaire à des silences qui auraient pris corps. […] Il y prit l’impression que le texte de Mallarmé était calqué sur le texte de l’univers, « texte de clartés et d’énigmes qui parle et qui ne parle pas, qui affirme et qui nie ».
Rien n’est plus rare que le bon goût, à le prendre en son sens exquis, et je crois que, dans le cas actuel, il ne faudrait viser qu’au suffisant, mais aussi ne jamais perdre une occasion de favoriser l’amour du simple, du sensé, de l’élevé, de ce qui est grand sans phrase. […] Souvestre a pris, de plus, le soin d’y noter l’effet que les divers morceaux ont paru produire sur l’auditoire ; on a là une sorte d’échelle dans les impressions populaires, qui ne laisse pas d’être instructive et curieuse. […] À cette époque si rude de la saison, dans une salle de spectacle non chauffée comme celle du Conservatoire, il serait difficile de prendre une juste idée de ce que sont les réunions en temps ordinaire ; l’auditoire se trouve nécessairement très réduit. […] Les personnes qui ont le mieux connu Napoléon ont remarqué que, dans cette éducation littéraire rapide qu’il dut s’improviser à lui-même quand il eut pris possession de la puissance, il commença par préférer hautement Corneille ; il n’en vint que plus tard à goûter Racine, mais il y vint. […] On arriverait même, j’en suis sûr, en sachant s’y prendre, à faire pleurer avec le Priam d’Homère, et à faire applaudir Démosthène.
Depuis que Gabriel Naudé avait pris la plume pour le défendre, le cardinal Mazarin n’avait jamais été si bien ni si complètement défendu. […] L’évêque de Beauvais, Potier, principal ministre alors, était incapable : la reine avait besoin d’un Premier ministre ; mais qui prendrait-elle ? […] À partir de ce jour il fut maître, et aurait pu prendre pour devise : Qui a le cœur, a tout. […] Et, par exemple, voyez cette première scène de la Fronde, lorsqu’après l’emprisonnement du conseiller Broussel, le coadjuteur, c’est-à-dire Retz, prend le parti de se rendre au Palais-Royal pour représenter à la reine l’émotion de Paris et le danger imminent d’une sédition. […] C’est la scène de Versailles pendant qu’on prend la Bastille, ou à la veille du 5 octobre ; c’est la scène, tant de fois répétée, de Saint-Cloud ou des Tuileries, le matin des émeutes qui balaient les dynasties.
Le fiacre arrivait du Panthéon, et le cocher avait eu ordre de prendre par les rues les plus désertes. […] Les autres piétinèrent dessus pour lui ôter son air de terre fraîchement remuée, un des assistants prit pour sa peine le sac comme le bourreau prend la défroque, on sortit de l’enclos ; on referma la porte, on remonta en fiacre, et sans se dire une parole, en hâte, avant que le soleil fut levé, ces hommes s’en allèrent. […] Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui. Les rhétoriques, officielles et officieuses, nous avons signalé cette sagesse, prennent de fortes précautions contre les génies. […] Les rhétoriques, inquiètes des contagions et des pestes qui sont dans le génie, recommandent avec une haute raison, que nous avons louée, la tempérance, la modération, le « bon sens », l’art de se borner, les écrivains expurgés, émondés, taillés, réglés, le culte des qualités que les malveillants appellent négatives, la continence, l’abstinence, Joseph, Scipion, les buveurs d’eau ; tout cela est excellent ; seulement il faut prévenir les jeunes élèves qu’à prendre ces sages préceptes trop au pied de la lettre on court risque de glorifier une chasteté d’eunuque.
Moreau (de Tours) a pris l’apparence pour la réalité, l’accident pour la substance, les symptômes plus ou moins variables pour le fond et pour l’essence. […] Confondre tant de faits différents, les expliquer tous de la même manière et pour des analogies superficielles qui peuvent se trouver incidemment entre l’un de ces états et la folie, conclure que le génie pris en soi est essentiellement de même nature que la folie, c’est méconnaître toutes les lois de l’observation scientifique. Supposons cependant que l’on soit arrivé à une idée exacte et précise du génie, pris psychologiquement, et qu’on ait ramené toutes ces formes à une seule, que faudrait-il pour établir l’identité physiologique de la folie et du génie ? […] Tantôt ce sont les sens qui prennent, dans de certaines conditions maladives, un degré de finesse et de pénétration qu’ils n’avaient pas antérieurement. […] En outre, pour ce qui est de l’hallucination, il faut éviter de prendre trop au sérieux toutes les anecdotes qui sont rapportées sur les grands hommes, ou qu’ils rapportent sur eux-mêmes.
Nous ne nous appartenons plus, il est vrai ; mais c’est peut-être pour cela que nous avons pris en main un romancier ou un poète. […] J’avais entrevu cela, je ne l’avais pas vu ; j’en avais l’intuition, je n’en avais pas pris possession. » Le roman, s’il est bon, nous aide à capter la vie elle-même qui nous fuyait, qui échappait à demi à nos prises nonchalantes. […] On demandait à Massillon, très honnête homme : « Où prenez-vous donc la matière de toutes les peintures de vice que vous faites ? […] Du jour, où déjà, bon lecteur, nous nous avisons de comparer les personnages d’une fiction, non aux gens connus de nous, mais à nous-mêmes, nous prenons cette habitude, et nous nous lisons comme un livre, du moins comme un manuscrit difficile, avec attention et application, et quand nous revenons aux livres, nous avons acquis une aptitude plus grande à les comprendre et à les juger, ce qui, du reste, est la même chose. […] — En une certaine mesure au contraire, parce que c’était la façon dont, généralement, les auteurs classiques nous étaient montrés, qui nous les faisait prendre en horreur ; parce que Virgile et Horace ne pouvaient rester dans nos souvenirs qu’accompagnés de l’idée d’ennui ; et parce que, laissés de côté par les professeurs d’à présent, ils se présenteront aux écoliers dans toute leur beauté propre, avec leur charme inaltéré et, si j’ose ainsi parler, sans encrassement.
Bachaumont, dont il a pris le nom, n’était guères qu’un anecdotier. […] Fervaques et Bachaumont prennent bien exactement la mesure de ma critique et de mes paroles ! […] Donc, cette cocotte à blason, qui se laisse mener, comme toutes ces filles-là, par sa femme de chambre (son habilleuse) et par son coiffeur, prend pour de l’argent comme amant son beau-frère, qu’elle vole à sa sœur, et, maîtresse impure d’un cabotin, devenu communard, finit par se marier à un Prussien, pendant que Paris flambe encore ! […] Je me prends à la regretter. […] Ce jeune écrivain, qui s’est intitulé Bachaumont et qui vaut dix fois mieux, que le masque qu’il a pris, ne se contente pas, comme l’homme de son masque, de ramasser, sans choix et à la pelle, les cancans et les mots et tous les détritus d’un siècle, et de les jeter dans un tombereau qu’il pousse à la postérité.
Les femmes, et toutes les âmes charmantes quel que soit leur sexe, pour lesquelles Éloa avait été écrite, durent prendre secrètement le deuil en voyant cette infidélité du plus pur des poètes à la plus pure des Muses, qui ne lui avait rien refusé… Est-ce pour cela qu’il était infidèle ? […] Mais les prendre, ces pathétiques récits, pour en faire un argument contre tous les gouvernements possibles, là est le vice peut-être, et serait, chez un autre que Vigny, certainement le danger. […] Vigny, poète toujours et cachant les injustices de sa poésie sous les formes les mieux fourbies du raisonnement, va jusqu’à dire, dans le délire partagé de Rousseau : « L’individu n’a presque jamais tort, l’ordre social toujours », et cela étonne d’un homme de ce temps et d’autant de soleil dans la pensée ; car, s’il était nécessaire de dresser des maximes absolues dans la grande casuistique de l’Histoire, ce serait le contraire, à coup sûr, de l’axiome de Vigny qu’il faudrait prendre pour la vérité ! […] … en cela moins intellectuel que Vigny et plus sensible, prit, avec son insupportable doute, le parti violent que Sapho prit avec son insupportable amour. […] Alfred de Vigny n’est point désespéré pour les raisons sentimentales et romanesques qui font les désespérés de la terre ; mais pour une raison d’une tout autre noblesse, pour une raison métaphysique, une raison qui est une idée, et du mutisme de laquelle, quand il l’a sans cesse interrogée, il ne prit son parti jamais… Pour vous en convaincre, lisez cette page si triste et si belle, triste comme tout ce que Pascal a écrit.
Imprégnez-vous de ces quelques lignes de l’esthéticien, prises au hasard : « Ces caractères de Beauté que Dieu a mis dans notre nature d’aimer, il les a imprimés sur les formes qui, dans le monde de chaque jour, sont les plus familières aux yeux des hommes…. […] Il a pris les Lois de Fiesole pour les règles éternelles de l’art, et celui qui a décrit l’atmosphère en des pages si merveilleuses, n’a pas senti que son introduction dans la vieille et lourde peinture l’avait bouleversée de fond en comble. […] Ce sont des âmes étonnées d’être prises dans des corps. » Ne pourrait-on pas dire que ce « mal mystérieux fait chanceler » également le préraphaélisme tout entier ? […] Bon œuvre demeurera l’exemple de la plus extraordinaire aberration de la peinture, et j’imagine que l’avenir, s’il prend souci de comparer les œuvres des préraphaélites avec les jugements qu’elles ont suscités, demeurera stupéfait de ce que l’on ait pu, pendant de longues années, considérer comme de la peinture, ce qui n’en est le plus souvent que la parodie ou la négation. […] Cette fidèle observation des couleurs réelles de la nature l’a conduit à les traduire sur la toile dans leur authentique et intégrale valeur, à les prendre pour ce qu’elles sont.
Le projet, pris en main par les Jésuites, groupa de suite un certain nombre d’adhérents. Lorsqu’il parut présenter assez de surface, il fut soumis à l’archevêque de Paris qui, un an plus tard, l’approuva officiellement et en prit même la direction. […] Ceux qui, en petit nombre, prirent la parole en ce sens manquaient de perspicacité, et pas un n’attaqua la question de fond, clairement et vigoureusement. […] Corbon qui approcha le plus près du point vital de tout ce débat, sous une forme vigoureuse et passionnée : « Je prendrai la question, dit-il, à un tout autre point de vue que celui auquel on l’a discutée. […] Jean Brunet — avec un sens opposé à celui que je lui donne — au cours de la discussion du projet de loi, je dis : « C’est un culte spécial et le fonctionnaire principal de ce culte qui prennent l’initiative de la mesure et qui viennent vous dire, à vous, Assemblée nationale : Sanctionnez ce que nous vous proposons et appliquez-y à notre profit l’autorité légale et supérieure de la France », — je demande si l’État peut, sans commettre la plus coupable des folies, sanctionner ce culte spécial, lui qui n’en propose aucun par son principe même.
Son discours étudié prenait l’accent d’une improvisation sublime ; la philosophie l’illuminait. […] Pour les gens qui vivent en eux-mêmes, le scepticisme est insupportable ; n’ayant rien d’extérieur où ils puissent se prendre, uniquement soutenus, occupés et animés par leurs croyances, ils sont contraints de croire ou de mourir. […] On se dissipe, on s’occupe, on oublie, on rit : bonheur léger et passager qu’il faut prendre ou perdre, sans beaucoup le regretter ni l’attendre, et sur lequel il ne faut pas réfléchir. […] On prend courage, et on estime la raison humaine, quand on la voit si assidûment victorieuse, si assurée dans sa démarche, capable de surmonter tant de si grands obstacles, pourvue de tant de finesse, de rectitude, de solidité et d’attention. […] Prises à la lettre, ces expressions sont des monceaux de contradictions et de non-sens.
Nous avons pris trois sciences au hasard. […] Prenons le cas de Daniel de Foë. […] C’est le terrain sur lequel ils comptent prendre leur revanche. […] Prenons cette idéologie comme type, puisque aussi bien elle est à la mode. […] Prenons la guerre comme un de ces faits.
Prends ton arc et tes flèches. […] Cependant Zo d’Axa fut pris et voici comme. […] Puis la nostalgie d’autres cieux le prend : il passe en Italie. […] Mallarmé a pris la peine de nous donner la clé de toutes ces énigmes. […] prend quelque chose de la pratique de Polichinelle : “Oh !
Toulon fut pris. […] Ils avaient pris part, glorieusement, aux grandes guerres de la République. […] Il prit à peine le temps d’admirer, sur la place Vendôme, la colonne que MM. […] On se prend. […] Si j’avais pris part au meurtre, je me serais enfui ou caché.
Il prend son tædium vitæ au sérieux. […] Ainsi en prend aux Muses désorbitées par le cruel vieillard à la faux ! […] Il ne faut pas s’étonner que Kant ait engendré les pessimistes, ces « papillons fatigués » dont parle Nietzsche, las de se heurter à des plafonds pris pour des planchers, à des planchers pris pour des plafonds et à des vitres prises pour le plein air. […] Thiers prendra alors la place de Victor Hugo et de Michelet. […] Prenons un métier déterminé, l’hôtellerie, par exemple.
N’ayant aujourd’hui rien de mieux à donner, prenez ce don pour ce qu’il vaut. […] Les conclusions, que l’auteur nous laisse partout tirer, en prennent une portée toute générale. […] Avec La Fin d’un beau jour au contraire le moteur est au point et le livre prend son vol. […] Mais comment fallait-il s’y prendre pour nous mettre en possession des faits indispensables ? […] En même temps Proust ne prend jamais parti.
Puis, des livres Là se prend aussi le repas. […] Jean Moréas a pris la plume de M. […] J’y avais pris goût et je me dorlotais, et je me maniaquais si gentiment. […] Xavier de Ricard prendront la parole. […] Une heure après il prenait le train pour Bruxelles.
Prenons des comparaisons dans la géométrie. […] Prenons d’abord le temps et l’espace, notions corrélatives. […] Elle prend alors le nom de fantaisie. […] Pourquoi ai-je pris cette résolution ? […] Prendre pour cause ce qui n’est qu’un antécédent.
Louis XVI ne sut jamais prendre un parti. […] Sans doute l’Assemblée nationale une fois produite et les principes de 89 inscrits sur les drapeaux, il y avait des conséquences qui devaient sortir, des conquêtes qui ne se pouvaient plus éluder ; ce n’est pas à nous à nous en plaindre : mais en plus d’une crise subséquente, il aurait dépendu encore de Louis XVI, si cet excellent prince avait eu ombre de caractère, que les choses tournassent différemment, que les diverses étapes que la rénovation sociale avait à parcourir prissent une autre assiette, se choisissent d’autres points de station. […] Il n’est pas jusqu’au 10 août, cette journée suprême pour sa royauté, où Louis XVI n’eût pu tirer un parti tout différent de la situation fatale qu’il s’était faite, et où il n’eût pu forcer l’histoire, — cette histoire telle qu’elle s’est déroulée et que nous la connaissons —, à prendre un autre tour, et à se briser devant lui.
Jean Moréas, qui est philologue et curieux de langage, n’invente pas un grand nombre de termes ; mais il en restaure beaucoup, en sorte que ses vers, pleins de vocables pris dans les vieux auteurs, ressemblent à la maison gallo-romaine de […] Moréas a beau, comme sa Phébé, prendre des visages divers et même couvrir sa face de masques, on le reconnaît toujours entre ses frères : c’est un poète. […] Cet heureux Athénien, après nous avoir restauré plus d’un genre lyrique, l’ode, la chanson, l’épigramme, l’épître, même la satire et surtout l’élégie qu’il a rendue si belle, nous promet une tragédie : la première représentation d’une nouvelle Iphigénie, imitée d’Euripide, dont quelques scènes achevées courent déjà de main en main, verra tous ces instincts classiques, refoulés depuis soixante ans aux veines de la France, prendre enfin leur revanche du désastre de Hernani.
D’un autre côté, le parti de l’amitié n’est point pris nettement ; tant de beauté encore et tant d’orgueil se réduisent difficilement à la seconde place. […] Je prends trop sur moi pour que l’esprit et le corps n’y succombent pas, peut-être tous les deux. » Vous avez l’explication de cette mélancolie dans un mouvement de jalousie dont ne se défend pas l’amour le plus chaste. […] Il y avait du bon esprit à prendre ce parti.
La volonté, grâce à l’intelligence, prend donc nécessairement deux formes et deux directions : l’une de concentration sur le moi, l’autre d’expansion vers le non-moi, l’une qui est l’intérêt proprement dit, l’autre qui est le désintéressement. […] Un plaisir auquel on ne fait aucune attention, qu’on n’« aperçoit » pas, qu’on n’achève pas en le mettant au point visuel de la conscience, ne s’intellectualise en rien et ne prend pas ce caractère de jouissance intelligente qui est la base du sentiment esthétique. […] Et, comme la jouissance, ainsi intellectualisée, peut pleinement jouir d’elle-même, jouir de sa propre conscience, elle prend un caractère pleinement esthétique.
En dehors du système officiel, mètre a été d’une terrible fécondité ; allié tantôt à un mot grec, tantôt à un mot latin, car tout est bon aux barbares qui méprisent la langue française, il donna une quantité de termes inutiles et déconcertants tels que chronomètre, microchronomètre, célérimètre (que l’instinct a tout de même éliminé pour prendre compteur), anthropométrie. […] Récemment la racine [mot en caractère grec] est venue donner naissance, d’abord à l’hippologie (qui n’est autre que la maréchalerie), puis à l’hippophagie ; les palefreniers sont devenus très probablement des hippobosques et enfin, ceci est plus certain, la colle faite avec la peau du cheval a pris le nom magnifique d’hippocolle. […] Je ne suis pas éloigné de songer qu’il serait plus utile de faire apprendre aux enfants les termes de métier que les racines grecques48 ; leur esprit s’exercerait mieux sur une matière plus assimilable, et si l’on joignait à cela des exercices sur les mots composés et les suffixes, peut-être prendraient-ils plus de goût et quelque respect pour une langue dont ils sentiraient la chaleur, les mouvements, les palpitations, la vie.
Bacon Bacon Lard Bargain Bargain Marché Postage Postage Frais de port Coercion Coercion Coercition Drive Driver Drave Drave Draver Draveur Flotter Flotteur Flottage du bois Shirting CheurtineChatine Toile Bother Bâdrer Ennuyer, raser Boat Baute Bateau Promissory Promissoire Boom Bôme Barrage Bun Bonne Brioche Log Logue Tronc d’arbre Runner Ronneur Coureur Safe Saîfe Coffer-fort107 ShaveShaverShape SéhverShéveurShaipe Raser usurier forme108 Clear Clairer (ce verbe a pris plusieurs des sens de to clear, to clear up, etc.) […] C’est un devoir strict envers notre langue de n’ouvrir les portes sévères de son vocabulaire qu’à des termes nouveaux qui apportent avec eux une idée nouvelle et qui prennent au dépourvu nos propres ressources linguistiques. […] Il y a de ces emprunts anglais, réempruntés parle français, qui ont pris au cours de ce double voyage une forme bien curieuse.
Ainsi quand la distance est telle qu’à cette distance les caractères qui individualisent les êtres ne s’y font plus distinguer, qu’on prendrait, par exemple un loup pour un chien ou un chien pour un loup, il n’y faut plus rien mettre. […] Elle est d’observation absolue dans le premier genre de peinture dont j’ai parlé dans l’article précédent ; elle n’est pas de même nécessité dans le second genre : le peintre y néglige tout ce qui ne s’aperçoit dans les objets que dans les points plus voisins du tableau que ceux qu’il a pris pour son point de vue. […] Outre ce que le peintre perdrait du côté de la variété des formes et des lumières qui naissent des plis et du chiffonnage des vieux habits, il y a encore une raison qui agit en nous sans que nous nous en apercevions, c’est qu’un habit n’est neuf que pendant quelques jours et qu’il est vieux pendant longtemps, et qu’il faut prendre les choses dans l’état qu’elles ont d’une manière la plus durable.
Le cours des études sera de quatre années, et chaque année les étudiants prendront les leçons de deux professeurs. […] Il prendra pour guides : L’ouvrage de Puffendorff intitulé des Devoirs de l’homme et du citoyen, de Officio hominis et civis ; ou revenir sur Le Droit naturel de Burlamaqui. […] Les étudiants prendront les leçons du professeur d’institutions du droit des gens et celles du professeur des Institutes de Justinien.
Le beau tableau, si le peintre avait su faire des montagnes au pied desquelles la Vierge eût passé ; s’il eût su faire ses montagnes bien droites, bien escarpées et bien majestueuses ; s’il eût su les couvrir de mousses et d’arbustes sauvages ; s’il eût su donner à sa Vierge de la simplicité, de la beauté, de la grandeur, de la noblesse ; si le chemin qu’elle eût suivi eût conduit dans les sentiers de quelque forêt bien solitaire, et bien détournée ; s’il eût pris son moment au point du jour ou à sa chute. […] Qu’il soit jeune, vigoureux, et d’une beauté rustique ; qu’il soit assis sur un bout de rocher ; que de vieux arbres qui ont pris racine sur ce rocher et qui le couronnent, entrelacent leurs branches touffues au-dessus de sa tête ; que le soleil penche vers son couchant ; que ses rayons, dorant le sommet des montagnes et la sommité des arbres viennent éclairer pour un moment encore le lieu de la scène ; que les trois déesses soient en présence de Paris ; que Venus semble de préférence arrêter ses regards ; qu’elles soient toutes les trois si belles, que je ne sache moi-même à qui accorder la pomme ; que chacune ait sa beauté particulière ; qu’elles soient toutes nues ; que Venus ait seulement son ceste, Pallas son casque ; Junon son bandeau. […] Sans le charme du paysage, quelque bien qu’on se tire des figures, on ne réussira qu’à moitié ; sans les figures et leurs caractères bien pris, sans l’âme ; quel que soit le charme du paysage, on n’aura qu’un petit succès.
La plûpart des hommes, appliquez dès l’enfance à de vils métiers, vieillissent donc sans avoir eu l’occasion d’apprendre ce qu’il étoit necessaire qu’ils sçussent, afin que leur génie pût prendre son essort ? […] Il prend donc en haine les métiers vils, ausquels on voudroit rabaisser l’élevation de son esprit. […] Si leur génie les pousse à la poësie, ils s’y livrent, et ils prennent un emploi, pour lequel ils n’avoient pas été destinez, mais dont leur éducation les a rendus capables.
La plûpart jugent mal des ouvrages pris en general, par trois raisons. […] La sensibilité vient à s’user dans un artisan sans génie, et ce qu’il apprend dans la pratique de son art, ne sert le plus souvent qu’à dépraver son goût naturel et à lui faire prendre à gauche dans ses décisions. […] Qu’on prenne donc un compas, qui est l’instrument propre à le mesurer.
Quand la petite troupe arriva chez Zeynêbou le messager du chef dit à celle-ci : « Le sartyi nous envoie prendre ton taureau « pour l’abattre dès demain ». — « Je ne puis « m’opposer aux volontés du roi, répondit-elle. « Tout ce que je vous demande c’est de « ne m’enlever Takisé que demain matin. » Le lendemain, au point du jour, le dansama et les sept bouchers se présentèrent chez la vieille et se dirigèrent vers le piquet auquel était attaché Takisé. […] Elle se présenta, suivie de la vieille. « Ta fille est merveilleusement jolie dit le sartyi à cette dernière, je vais la prendre pour femme. — Sartyi, répondit la vieille, je veux bien te la donner comme épouse mais que jamais elle ne sorte au « soleil ou ne s’approche du feu, car elle fondrait « aussitôt comme de la graisse. » Le sartyi promit à la vieille que jamais Takisé ne sortirait aux heures de soleil et que jamais non plus elle ne s’occuperait de cuisine. […] La favorite d’autrefois, qui avait un sincère amour pour son mari, prit la forme d’un caïman et entra dans l’eau, elle aussi, pour ne pas quitter le sartyi.
Littérairement, ne soyez rien ou ayez du génie ; mais, si vous voulez beaucoup réussir, attachez la moindre loque politique en cocarde à votre œuvre : les taureaux, et même les bœufs de tous les partis, se mettront à meugler à l’unanimité, et feront ce vacarme que nous prenons si légèrement pour de la gloire ! […] … Il faut que nous soyons bien indignes de nos spirituels aïeux pour que le public du théâtre de Corneille, de Racine, de Molière, de Regnard et de Beaumarchais, ait, pu prendre un moment Émile Augier pour le successeur naturel de ces auteurs charmants et superbes ! […] Les cléricaux, comme on dit maintenant, — puisque la littérature française parle belge et cherche ses mots dans le dictionnaire de Havin, qui les prend lui-même dans l’Indépendance, — les cléricaux se sont crus pourfendus, du ventre à la tête, par la plumette d’Augier !
De l’autre côté la science, par ses découvertes grandioses et multipliées, construit pièce à pièce le fond de confiance et de déférence universelles qui, de l’état de curiosité intéressante, l’élève au rang de pouvoir public ; ainsi, par degrés, l’autorité de la raison grandit et prend toute la place. — Il arrive un moment où, la seconde autorité ayant dépossédé la première, les idées mères que la tradition se réservait tombent sous les prises de la raison. […] Pour entrer dans la pratique, pour prendre le gouvernement des âmes, pour se transformer en un ressort d’action, il faut qu’elle se dépose dans les esprits à l’état de croyance faite, d’habitude prise, d’inclination établie, de tradition domestique, et que, des hauteurs agitées de l’intelligence, elle descende et s’incruste dans les bas-fonds immobiles de la volonté ; alors seulement elle fait partie du caractère et devient une force sociale. […] Tel est l’effet des hostilités prolongées : en durant, la guerre s’exaspère ; on veut tout prendre, pousser l’adversaire à bout, le chasser de tous ses postes. […] À cela d’ailleurs l’amour-propre trouve son compte ; on est bien aise d’être le type de l’homme ; la statue qu’on se dresse en prend plus d’importance ; on se relève à ses propres yeux quand, en se confessant, on croit confesser le genre humain. […] Mais « un pistolet aux mains d’un brigand est aussi une puissance » ; direz-vous qu’en conscience je suis obligé de lui donner ma bourse Je n’obéis que par force, et je lui reprendrai ma bourse sitôt que je pourrai lui prendre son pistolet.
Louis XIV a pris en haine ces indociles, dont la résistance choque son instinct d’absolue autorité. […] De fait, on n’a pu le prendre en faute là-dessus. […] Il prenait cette voie périlleuse pour ne manquer ni à ses principes ni à ses promesses. […] Il a pris sa matière partout : peu érudit en théologie, il a causé avec M. de Saci et d’autres solitaires, il a lu saint Augustin. […] Ce n’est pas à Pascal qu’il prendra l’idée du néant et de la grandeur de l’homme, cette effrayante énigme dont la religion dit le mot.
Mais où l’artiste prendra-t-il les éléments de cette vie supérieure ? Il ne les peut prendre nulle part, sinon dans notre vie inférieure, dans ce que nous appelons la Réalité. […] Le même besoin de traduire, par les procédés de leur art, la vie de l’émotion, ce besoin a, très tôt, pris les peintres. […] Il reprend cette idée wagnérienne que les arts, pris isolément, ne peuvent exprimer la totalité de la vie. […] D’abord violoniste, il prit des cours de chant et de composition.
Le fond du poème, ce sont les épisodes, et ces épisodes sont du Rabelais, du bâton de Rabelais, empoigné par le bout… que personne ne prend. […] nous avons moins d’espace que Proudhon, mais nous ne voudrions pas en prendre tant pour dire si peu. […] Singulier impôt que celui qu’il prélève en admiration sur un public hostile, mais qu’il prend et soulève par l’envie et la haine et tous les mauvais sentiments ! […] Le sophisme prenait Proudhon dans sa griffe de Chimère ; Rousseau jouait avec le sophisme. […] il vous prendrait tout… Rousseau est spécieux et captieux ; mais comme Proudhon eût méprisé le filet de soie de ce rétiaire !
Il a bien pu prendre sur lui de continuer l’Histoire Ecclésiastique de Fleuri, mais peu de gens osent prendre sur eux de lire sa continuation.
Le général Lasalle étant célèbre par sa bravoure, par son dévouement à l’empereur, par ses services depuis quinze ans (il n’en a que trente-trois), et récemment encore ayant puissamment contribué, par son courage et l’habileté de ses manœuvres, au gain de la bataille de Médelin, étant remarquable par son ton militaire, par sa gaieté éminemment française qui ne se dément jamais au fort même des combats, enfin étant messin, mon compatriote, d’une famille que j’ai beaucoup connue, fils d’une mère que j’ai un peu aimée, cousin d’un de mes confrères au parlement de Metz, j’ai pris un extrême plaisir à le voir, à l’écouter, et je veux prolonger ce plaisir en écrivant ici, aussi exactement qu’il me sera possible, toute la conversation qui a eu lieu entre lui et moi, et a été commune, pendant tout le dîner, toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies. […] Seulement, quand vous avez passé Valladolid, il faudra laisser la route de Ségovie de côté et prendre l’autre. […] M. n’était pas de bonne humeur quand je suis parti de Madrid… Je lui ai apporté les drapeaux que nous avons pris aux Espagnols : superbes drapeaux, ma foi ! […] Tout à coup il prend un air grave et regarde son camarade ; il lui dit : « Monsieur, vous venez de passer une nuit dans la débauche ; cela est affreux ! […] Le général Lasalle a donné ses ordres pour son départ, a pris du café et du rhum, a allumé sa pipe dans un coin, et est revenu à la cheminée, où nous étions en cercle, debout.
Quand je veux m’instruire, je passe là-dessus, je marche sur ces cailloux au risque de m’écorcher un peu ; mais jamais pour le grand public français, jamais dans la patrie de Malebranche et de Jouffroy je ne croirai qu’il est nécessaire ou utile de se servir de ces termes que je prends au hasard, le déterminisme, l’hypothèse d’une chute préexistentielle, l’existence de l’inconditionné, etc. […] Il va sans dire qu’en parlant avec éloge de ces portraits, de la science comparée qu’y déploie l’auteur, du talent d’analyse et de discussion qu’il y porte, de la netteté, du nerf, de l’incisive, je ne prends point à ma charge la responsabilité de ses conclusions sur les individus. […] Ces trente pages sont à la fois une réfutation solide et un portrait. — Et cependant (car je suis l’homme des doutes et des repentirs), tout en reconnaissant, surtout quand je considère certains disciples, que cette conception théocratique, telle que l’a présentée de Maistre, est en effet comme une armure du Moyen Âge qu’on va prendre à volonté, dans un vestiaire ou dans un musée et qu’on revêt extérieurement sans que cela modifie en rien le fond, je me demande, quand je considère d’autres disciples, s’il n’y avait pas un côté mystique en lui, plus intérieur, et répondant aux sources secrètes de l’intelligence et de l’âme. […] Scherer ; il ne tâtonne pas, il n’hésite pas ; c’est un esprit assis et ferme qui a en soi de quoi prendre l’exacte mesure de tout autre esprit, c’est un pair qui rend son verdict sur ses pairs, un vrai juge. […] Je connais personnellement et j’honore par quelque endroit tous ceux qu’il prend à partie, à commencer par le père Gratry.
Il me prit fantaisie d’éprouver l’impression que j’en ressentirais, et si l’âge aurait affaibli en moi les échos de cette poésie qui m’avait autrefois transporté. […] J’y reviens : cette lettre si spirituelle et si bien troussée me rappelle, par je ne sais quelle réverbération, le joli billet de Pline écrivant à Tacite qu’il a pris trois sangliers dans une forêt, étant assis ses tablettes à la main. […] La grande prétention et l’ambition, on le sait, du Père Lacordaire est de réconcilier pleinement le Christianisme, le Catholicisme, avec le siècle, de ne le retrancher d’aucun des actes, d’aucun des emplois légitimes de la vie et de l’esprit, de lui faire prendre pied partout pour y porter avec lui la consécration et le rajeunissement : aussi nie-t-il formellement que le dogme soit ni puisse être en rien opposé à la raison ; loin de là, il s’empare de la raison même au nom du dogme, pour la restaurer et la sanctifier. […] qu’ils sont, essentiels, — aussi essentiels même que le commerce des femmes, — pour nous faire hommes tout à fait, pour nous rompre et nous désapprêter l’esprit et nous le déniaiser, pour nous guérir de la gourme originelle, pour nous ramener de temps en temps à la terre quand nous sommes tentés de perdre pied, pour nous avertir avec un léger croc-en-jambe et nous empêcher de faire l’ange quand l’envie par hasard nous en prend. […] Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.
On prendra idée de la masse de notions précises ainsi amassées par lui et passées ensuite au creuset, pour ainsi dire, de son rigoureux esprit, en sachant que depuis 1829 jusqu’en 1853, c’est-à-dire pendant vingt-quatre ans, il fit un voyage de six mois chaque année, et un voyage d’étude, non une tournée de plaisir. […] Et c’est ainsi que la partie morale et sociale, menée de front avec l’étude scientifique et technique, prenait insensiblement le dessus dans son esprit. […] Il les a pris dans tous les états et toutes les professions, depuis le pasteur du versant de l’Oural et le paysan agriculteur de la Russie méridionale jusqu’au moissonneur émigrant du Soissonnais, au maître blanchisseur de la banlieue et au chiffonnier de Paris. […] La nourriture, la boisson la plus recherchée et la plus agréable pour ces peuples pasteurs est du lait de jument fermenté, qui laisse ceux qui en ont trop pris dans un léger état d’assoupissement et d’ivresse d’où l’on sort d’ailleurs sans trop de fatigue et sans détérioration pour les organes. […] À l’instant il prit la parole et fit dire par son truchement à la dame en colère qu’il était un savant venu de fort loin pour observer les mœurs, les coutumes des Bachkirs, et voir ce qu’il pourrait en rapporter d’utile pour son pays ; mais qu’il n’était nullement dans son intention de jeter le moindre trouble dans la famille et que, s’il était la cause involontaire de quelque dommage pour ses hôtes, il prétendait les en indemniser et au-delà.
Ce n’est pas seulement pour eux un devoir, c’est un plaisir ; car la position de la Revue et des écrivains qui y prennent la plus grande part n’a jamais été plus nette, mieux assise et plus franchement dessinée. […] Il est vrai que c’est dans une comédie qu’il dit cela, et qu’on ne peut pas prendre tout à fait au sérieux ces sortes de saillies ; mais il faut pourtant reconnaître que, si les honnêtes gens en ce monde sont moins mal partagés d’ordinaire et dans les temps réguliers que Ménandre ne le dit, il est aussi des instants de crise où ils se conduisent de manière à avoir tout l’air en effet de ne venir qu’après les flatteurs, les calomniateurs et ceux qui vivent à petit bruit de la corruption. […] Dans une de ces réunions dont nous avons gardé souvenir, le noble et regrettable Jouffroy prenait l’idée d écrire le portrait de George Sand, idée piquante et heureuse, projet aimable, longtemps caressé par lui, et que tant d’autres soins, avant la mort, l’ont empêché d’exécuter. […] La Revue des Deux Mondes trouve occasion de vérifier ce mot-aujourd’hui ; elle en prend acte à son honneur. […] J’en avais pris sujet d’un article intitulé les Gladiateurs en littérature, que le peu d’importance des attaquants et l’inconvénient de paraître les accoster m’engagèrent ensuite à garder dans le tiroir : « Il est désastreux, leur disais-je, de débuter ainsi en littérature.
Cette idée de nécessité a aussi cela de bon qu’elle doit couper court à tous les regrets, à tous les gémissements rétrospectifs ; que, quelles qu’aient été à nous tous, amis de l’empire dès la première heure, nos vues d’avenir, nos ambitions pour ce régime d’une dictature éclairée et progressive, nos espérances plus ou moins réalisées, plus ou moins déçues, nous n’avons plus qu’une seule idée à suivre, un seul soin à prendre : — entrer sans arrière-pensée de retour dans la nouvelle voie commandée et imposée. […] » Mais on ne s’en tenait pas là, et il devenait trop clair que, pour une raison ou pour une autre, tout ce qui avait une plume et savait s’en servir d’une manière vive, acérée, spirituelle, venait se ranger dans des cadres opposés, et prenait plus ou moins parti contre vous. […] A le prendre ainsi, et vu l’urgence, vu la prorogation du Corps législatif, qui a pu être nécessaire, mais qui est survenue irrégulièrement et qui a choqué et interloqué ce Corps, vu bien d’autres circonstances que chacun sent assez sans qu’on les dise, il me semblait que le Sénat aurait pu procéder plus vite, motiver son empressement même par la condition fâcheuse qui était faite au Corps législatif, resté en l’air et en suspens, se mettre dès le premier jour avec ce Corps dans des relations d’égards et de bons procédés et, en vérité, quand je vois les modifications apportées au sénatus-consulte après une discussion si laborieuse, je trouve qu’il eût été mieux de l’accepter et de l’acclamer sous sa première forme. […] si vous tenez tant à mettre des contradictions en présence, je suis homme à vous proposer, moi aussi, mon amendement, et cet amendement, je le formule en ces termes : « Les ministres ne dépendent que de l’empereur, mais ils gardent en présence de l’empereur leur entière indépendance de jugement, de caractère et de langage. » Que si, encore une fois, on tient tant à faire antithèse et à mettre des contradictions aux prises, je propose celle-là. […] Que ne prend-il généreusement la tête du mouvement ?
. — Nous allons plus lentement ; nous prenons d’abord un très petit groupe, proportionné à l’amplitude bornée de notre esprit, et capable d’éveiller en nous une tendance et un nom. […] Nous savons, avec une certitude entière, quelle est l’ouverture de chaque angle dans un myriagone régulier, et combien tous ses angles pris ensemble font d’angles droits. […] Les deux font donc un couple dont le second terme, la définition, équivaut au premier terme, c’est-à-dire à l’objet. — Cet objet peut rester idéal, être situé par lui-même hors de toutes nos prises ; peu importe ; nous possédons son représentant. […] Nous prenons des abstraits fort simples, la surface qui est la limite du solide, la ligne qui est la limite de la surface, le point qui est la limite de la ligne, l’unité ou qualité d’être un, c’est-à-dire l’existence distincte parmi des semblables. […] Nous en prenons un fragment, telle courte portion de durée comprise dans nos sensations successives, telle étroite portion d’espace comprise dans nos sensations simultanées.
Prenons quelques exemples. […] On peut d’une façon générale prendre les oraisons funèbres et les panégyriques de Bossuet pour des démonstrations par induction, et les sermons pour des démonstrations par déduction. […] On se laisse tromper à l’apparence ; on prend pour réel ce qui ne l’est pas, comme dans l’histoire de la dont d’or, et l’on donne la raison de ce qui n’existe pas. […] Enfin toutes ces causes d’erreur peuvent se mêler et concourir dans une fausse généralisation ; on obéit à des préjugés, à une tradition, à l’intérêt ou à la passion, et l’on accepte pour vrais des faits imaginaires ; on jette un coup d’œil distrait sur la réalité ; on la voit de loin, indistinctement, confusément, ou l’on n’en prend qu’une partie ; on fait arbitrairement abstraction de ce qui gêne ou déplaît ; après quoi l’on se prononce avec autorité, et l’on établit des lois, universelles, éternelles. […] La difficulté n’est pas de tirer des conséquences justes, mais de prendre des principes véritables.
Ce nom avait si peu de notoriété, que Josèphe, à un endroit de ses écrits 376, le prend pour le nom d’une fontaine, la fontaine ayant plus de célébrité que le village situé près d’elle. […] D’un autre côté, la liberté, laissée à qui la voulait prendre, de s’instituer lecteur et commentateur du texte sacré donnait des facilités merveilleuses pour la propagation des nouveautés. […] Comme il y avait peu de pharisiens en Galilée, la discussion contre lui ne prenait pas ce degré de vivacité et ce ton d’acrimonie qui, à Jérusalem, l’eussent arrêté court dès ses premiers pas. […] Un juif évhémériste, habitué à prendre les dieux étrangers pour des hommes divinisés ou pour des démons, devait considérer toutes ces représentations figurées comme des idoles. […] La grande importance que prit le judaïsme dans la haute Galilée après la guerre des Romains permet de croire que plusieurs de ces édifices ne remontent qu’au IIIe siècle, époque où Tibériade devint une sorte de capitale du judaïsme.
Jésus prit enfin la parole, et, ne leur cachant plus ses pressentiments, il les entretint de sa fin prochaine 1041. […] Il se prit peut-être à douter de son œuvre. […] D’un cœur moins pur que les autres, Juda aura pris, sans s’en apercevoir, les sentiments étroits de sa charge. […] Par une illusion inévitable, on prête aux entretiens qu’on a eus alors avec elle un sens qu’ils n’ont pris que par la mort ; on rapproche en quelques heures les souvenirs de plusieurs années. […] Les discours placés par Jean à la suite du récit de la Cène ne peuvent être pris pour historiques.
Un curieux exemple de l’influence de la volonté sur les émotions, c’est l’induction ab extra qui consiste à prendre la manifestation extérieure d’un sentiment, à éveiller ainsi les courants nerveux qui la produisent, et finalement à produire les sentiments eux-mêmes. […] Vous hésitez, disait-il, sur un parti à prendre. […] Vous êtes dans une boutique ; plusieurs objets sollicitent votre préférence, un d’eux l’obtient ; vous avez pris votre résolution. […] Pourquoi, sinon parce que nous prenons pour accordée une certaine persistance et régularité dans l’influence des motifs, à peu près comme quand nous affirmons que le pain nourrit, que la fumée s’élève, ou tel autre attribut des corps matériels. […] De même, demander si nos volitions sont libres ou non, c’est tout confondre, c’est ajouter des difficultés factices à un problème qui de sa nature n’est pas insoluble ; c’est ressembler au personnage à qui Carlyle fait demander : « si la vertu est un gaz. » Un motif me pousse, la faim ; je prends la nourriture qui est devant moi, je vais au restaurant, où j’accomplis quelque autre condition préliminaire : voilà une séquence simple et claire ; faites-y entrer l’idée de liberté, et la question devient un chaos.
Je prendrai donc le livre en lui-même ; je l’isolerai tant que je pourrai de la politique ; en oubliant le Lamartine de ces dernières années, je tâcherai de ne me souvenir que de celui d’avant les Girondins. […] M. de Lamartine, sans s’en apercevoir, a pris également l’habitude de couper sa pensée, sa phrase par trois membres, de procéder trois par trois. […] Le volume ne prend tout son intérêt qu’à partir de l’épisode de Lucy, et cet intérêt se prolonge jusqu’à la fin de l’épisode de Graziella. […] Quoique cet épisode de la Graziella soit écrit avec plus de fermeté et de simplicité que le reste des Confidences, on y trouve pourtant quelques-uns de ces tons discordants et forcés, tels que M. de Lamartine n’en admettait pas encore dans sa manière à la date de 1829 ; on se prend à douter de cette date ; et, en effet, l’auteur lui-même, qui a des instants d’oubli, nous dit, dans sa préface des mêmes Confidences, que c’est en 1843, à Ischia, au moment où il composait son Histoire des Girondins, qu’il écrivit comme intermède cet épisode de Graziella. […] à peine a-t-il commencé à le leur traduire, qu’à l’instant la scène change, les physionomies s’animent, tout a pris une expression d’attention et de recueillement, indice certain de l’émotion du cœur.
supposez un moment qu’après tout à l’heure deux siècles, d’Hacqueville soit revenu au monde, qu’il se mette à se ressouvenir de ce temps-là, à nous entretenir de Mme de Sévigné et de ses amis, à vouloir tout nous dire et ne rien oublier ; imaginez le récit intime, abondant, interminable, que cela ferait, un récit doublé et redoublé de circuits sans nombre et de toutes sortes de parenthèses ; ou, mieux encore, imaginez une promenade que nous ferions à Saint-Germain ou à Versailles en pleine cour de Louis XIV, avec d’Hacqueville pour maître des cérémonies et pour guide : il donne le bras à Mme de Sévigné, mais il s’arrête à chaque pas, avec chaque personne qu’il rencontre, car il connaît tous les masques, il les accoste un à un, il les questionne pour mieux nous informer ; il revient à Mme de Sévigné toujours, et elle lui dirait : « Mais, les d’Hacqueville, à ce train-là, nous n’en sortirons jamais. » C’est tout à fait l’idée qu’on peut prendre du livre de M. […] Mme de Grignan fut la grande, l’unique passion de sa mère, et cette tendresse maternelle prit tous les caractères en effet de la passion, l’enthousiasme, la prévention, un léger ridicule (si un tel mot peut s’appliquer à de telles personnes), une naïveté d’indiscrétion et une plénitude qui font sourire. […] Elle prit sur elle de dissimuler pendant huit jours, eu égard à l’équipage qu’on lui faisait et aux cadeaux ; puis elle ne se contint plus : Je crus, dit-elle, qu’il y allait de ma gloire de ne point paraître entêtée d’un homme que personne n’estimait, et je donnai un si libre cours à mon aversion pour lui, qu’en un mois toute la France en fut informée. […] Elle aurait dû naître à temps pour être de la Fronde ; elle y aurait pris place régulièrement après Mme de Chevreuse, Mme de Longueville et la Palatine, à côté de Mmes de Montbazon, de Châtillon et de Lesdiguières. […] Le malheur voulut qu’elle prît aussitôt pour Louvois une aversion presque égale à celle qu’elle avait pour son mari, et qu’elle se mît en tête de le leurrer.
Le ministre lui avait pris sa pièce, lui avait pris son droit, lui avait pris sa chose. […] Nous le répétons, dans le temps où nous vivons, lorsqu’un pareil acte vient vous barrer le passage et vous prendre brusquement au collet, la première impression est un profond étonnement. […] Ce père auquel le roi a pris sa fille, Triboulet le raille et l’insulte.
Bacchus ayant trouvé le secret de cultiver la vigne et d’en tirer le vin, l’enseigna à un certain Icarius, dans une contrée de l’Attique, qui prit depuis le nom d’Icarie. […] Je suppose, par exemple, que Thespis, ou quelque autre de ses successeurs, eût pris pour sujet, comme Homère, la colère d’Achille : je m’imagine, que son acteur, représentant le prêtre d’Apollon, venait dire que vainement il avait tâché de fléchir Agamemnon par des prières et des présents ; que ce roi inflexible s’était obstiné à ne lui pas rendre sa fille Chryséide ; que sur cela Chrysès implorait le secours du dieu pour se venger. […] Sophocle et Euripide coururent après lui la même carrière ; et en moins d’un siècle, la tragédie grecque, qui avait pris forme tout d’un coup entre les mains d’Eschyle, arriva au point où les Grecs nous l’ont laissée : car, quoique les poètes dont je viens de parler, eussent des rivaux d’un très grand mérite, qui même l’emportèrent souvent sur eux dans les jeux publics, les suffrages des contemporains et de la postérité se sont néanmoins réunis en leur faveur. […] Il s’imagine donc qu’on veut les flatter ; et il se trouve insensiblement guéri par le plaisir même qu’il a pris à se séduire. […] D’autres caractères, vertueux aussi, mais plus conformes à la nature commune, amolliraient l’âme et feraient prendre au spectateur une habitude de faiblesse et d’abattement.
On n’avait que le temps de lire ; car celui-là on le prenait. […] Eh bien, la femme de ce talent rare, — plus rare que des talents plus grands, — et que je vous donne comme la plus suave boîte à rouge nuancé que les femmes puissent se mettre sur la joue, et qui ne s’y fonce jamais trop, c’est cette femme qui prend le parti de nous écrire un roman ! […] Hélène, qui intéresse au moins par ses défauts, — parce qu’elle est une femme très bien observée de ce temps anémique et épuisé, qui n’a plus de passion réelle, qui voudrait en avoir ou s’en donner et qui ne peut, et qui n’a pas même la rage de son impuissance, — Hélène est, en somme, un type qu’on ne peut admirer que parce qu’il est ici admirablement exprimé ; mais, tel qu’il est cependant, il nous prend plus fort, à cause de sa réalité, que le type de l’Orpheline, de cette impeccable Madelaine, qu’on pourrait appeler la mécanique du devoir continu, remontée par son père pour sonner le dévouement et les services à rendre à toute heure de jour et de nuit. […] Il n’est pas bien sûr, quand Alfred de Musset écrivait son Spectacle dans un fauteuil, qu’il ne guignât pas du coin de l’œil le théâtre, qu’il traitait alors comme on traite les femmes qu’on prend parfois avec du dédain. […] L’auteur les a laissés très respectueusement dans la Bible, mais il s’est permis de prendre leurs noms pour mieux dire que c’est l’homme et la femme de tous les mariages qui vont lui passer par les mains !
Regarde la belle Thaïs à tes côtés ; prends ce que les dieux t’envoient ! […] L’empereur vint dans l’antichambre, où nous attendions que le café fût pris, et nous fit entrer lui-même. […] Ils prenaient Wolfgang pour un gentilhomme allemand ; d’autres l’ont même pris pour un prince ; le domestique les laissait dans cette croyance ; on me considérait comme un chambellan. […] il faut prendre les choses comme elles viennent. […] D’abord, personne n’ira dès ton arrivée renvoyer son maître pour te prendre.
M. de Talleyrand, aussi organisateur et aussi monarchique que son maître, avait pris dans l’Assemblée le rôle de la pensée, le rapport, au lieu du rôle de la parole, l’improvisation. […] Il lui fallait des réparateurs pris parmi les proscrits ; il fallait, de plus, que ces réparateurs fussent assez compromis dans la révolution philosophique pour que la réparation n’allât pas dans leurs mains jusqu’au royalisme. […] M. de Champagny prend le ministère, c’est-à-dire que Napoléon le retient à lui seul. […] Le roi d’Espagne prendrait, en outre, le titre d’empereur des Amériques. […] » demanda le nouveau roi à ses confidents avant de prendre un parti sur les affaires étrangères.
ensuite, il te prendra ton poème, lui, ton rival, l’amoureux de l’Eve glorieuse ! […] Il a pris pour symboles les miracles que l’art chrétien doit interpréter : Incarnation et Immaculée Conception ; Passion, Résurrection. […] Tour la première fois, une des créations de la seconde manière de Wagner était traduite en français et représentée par des chanteurs français : quelle physionomie prendrait la pièce ? […] Il nous faut prendre ici la forte expression de M. […] Reçu premier à l’agrégation d’histoire, il n’avait pas pris un poste immédiatement en raison de sa santé fragile, mais avait voyagé en Allemagne, en Italie et en Angleterre.
Son coloris est celui d’un grand Maître, & son expression prend toujours la couleur de sa pensée. […] On prendra une idée de ce Poëte dans l’Origine des Dieux du Paganisme & le sens des Fables, avec une Traduction des Poésies d’Hésiode par M. […] Comme elle s’y prit avec plus de modération, elle réussit beaucoup mieux. […] Elle s’y montre à découvert en plus d’un endroit ; & l’on ne peut prendre à cette lecture un plaisir innocent. […] Le soin qu’il prit d’habiller à la françoise le Poëte Romain, fait quelquefois un effet assez singulier.
Prenons par exemple cette pièce intitulée Regards. […] « C’est à l’âme que la science va se prendre », déclare Taine. […] À tout prendre les innovations de Hugo sont peu de chose. […] Gardons-nous de prendre ce mot idéal pour un lieu métaphysique. […] Il s’agit donc là de critique expérimentale et d’enseignement pris sur le vif.
Je vous ai fait une observation sur le code prussien, au sujet duquel vous aviez pris le change, — une autre au sujet de l’orientalisme des théologiens protestants, sur lequel vous preniez aussi le change58. […] Prenez-le, laissez-le ; dites-moi sincèrement si vous n’avez pu l’achever. […] Augustin Thierry et Cousin prenaient une vive part à ces discussions, M. […] Fauriel s’était aperçu que, tandis qu’il racontait, l’auditeur avide prenait au crayon des notes dans son chapeau. […] Fauriel n’avait fait que prendre les devants.
Parmi les papiers qui sont là, j’en prends un au hasard. […] En même temps la devanture des marchands et des fournisseurs de victuailles prend quelque chose de sinistre, par le néant de l’exposition. […] Le sous-sol a pris la physionomie d’un de ces cafés souterrains, où j’ai soupé à Berlin. […] Un pauvre vieil homme prend peur, à côté de moi, sur le pont-levis, et tombe dans le fossé. […] Les choses qui se passent accusent en haut une telle incapacité, que le peuple peut bien s’y tromper, et prendre cette incapacité pour de la trahison.
Il prit le chemin de la mer dans une grande irrésolution. […] Il ne prit que rarement le nom d’Auguste, et refusa toujours le surnom d’Imperator. […] Il prenait plaisir à porter dans ses écrits la mollesse de ses mœurs. […] Ce petit livre, à tout prendre, est d’une lecture agréable, et, pour le fond des aventures, aussi neuf que beaucoup de romans modernes. […] Plus tard, il prend, pour une somme assez forte, la moitié du bail des dîmes de la même paroisse.
je prenais pour des cymbales un mulet qui trotte sur le pont. […] Quiconque l’eût vu alors, l’eût pris pour l’assassin de Pepita. […] — Et je la prends par la main, — Ô mignonne, je t’aime ! […] — Et je la prends par la main. […] … (Elle a pris un couteau sur la table, se le plante dans le cœur et tombe ensanglantée.
Il fallait prendre l’offensive : et l’on perdit son temps. […] « Mulhouse est pris ! […] Elle a pris conscience de l’héroïsme qui lui est demandé. […] Certes, il l’invite à prendre un petit verre. […] Après cela, ne le prenez pas pour un écrivain fade.
Il s’en ira sur la place publique prendre les passants à témoin de « l’injustice » des hommes. […] Sa conscience morale prend à charge le sentiment que son cœur ne soutient plus. […] Elle prend possession directe du gouvernement religieux et moral. […] Aussi prend-il honte de son état et se suicide-t-il discrètement. […] Mais ce n’est pas, soyons-en sûrs, celui que le poète a pensé prendre.
Quant à moi, j’ai bien pris mon parti ; ma résolution est inébranlable : si on me fait l’honneur de songer à moi, ma lettre de remerciement est déjà prête ; je n’aurai plus qu’à la signer. […] Qu’on s’en prenne au potier qui a façonné ainsi mon argile ! […] Mon petit dîner, qui est mon seul repas, est assuré pour quelque temps comme vous voyez ; et je le prendrai, autant que je pourrai, chez moi et à la même heure. […] Encore aujourd’hui il n’y a qu’à se baisser et à prendre à poignée dans ses lettres. […] Ce jeune homme, pour lors âgé de dix-neuf à vingt ans, prenait note de ses promenades, de ses visites, de ses impressions.
J’ai laissé passer cela sans rien dire, mais je l’en ai mieux aimé. » Il était donc bonhomme, et pris un peu sur ce pied-là ; il ne l’était pourtant pas au point de ne passe servir quelquefois de son air de bonhomie pour se faire plus agréable, plus coulant, et pour mieux s’accommoder au monde où il se trouvait lancé. […] Nature chaleureuse, prompte à l’espérance, plus occupée des principes que des personnes, il prit feu à l’idée d’un réveil de la France, d’une conversion de l’Empire à la liberté, et se fit fort de défendre dans le Moniteur l’efficacité des garanties accordées aux citoyens français par l’Acte additionnel. […] Son temps était pris, son âme était comblée. […] Les idées religieuses de sa femme, protestante éclairée et sincère, agirent sur lui plus qu’il ne le pensait ; il n’était pas du même avis qu’elle, mais, tout en causant et en discutant, il s’en rapprochait : « Nous avons parlé ce soir de l’efficacité de la prière : ma femme, Jessie, est persuadée qu’on ne peut prendre l’habitude de prier tous les jours sans devenir meilleur. […] Il n’a aucun de ces partis pris décisifs, plus ou moins brillants ou séduisants, aucun de ces coups de clairon qui coordonnent les faits, les rangent à l’instant et les font marcher en bon ordre comme sous une bannière ; l’histoire avec lui va comme elle peut ; mais il est décidément trop long, et il n’a pas de courant qui vous entraîne.
ou bien ce vieillard ira-t-il prendre le jeune insensé par les cheveux et se complaire à le traîner durant une éternité sur le rivage90 ? […] comme elle épouse son auteur dès qu’elle y prend goût ! […] A la place de Diderot, Horace (je le suppose assez goutteux déjà pour être sage), Horace lui-même n’aurait pas donné d’autres préceptes, des conseils mieux pris dans le réel, dans le possible, dans l’humanité ; et certes il ne les eût pas assaisonnés de maximes plus saines, d’indications plus fines sur l’art du comédien. […] Ils ne s’occupent que du soin de leur équipage, du désir de commander aux compagnons de ce malheureux voyage, et de la recherche de quelque divertissement qu’ils peuvent prendre en passant. […] Trois ou quatre ans avant la mort de Diderot, Garat, alors à ses débuts, publia dans quelque almanach littéraire le récit d’une visite qu’il avait faite au philosophe, récit piquant, un peu burlesque, où les qualités naïves de l’original sont prises en caricature.
Il est jaloux de Veau, qui lui lave les mains ; du sommeil, qui lui clôt la paupière ; du vent, qui se joue dans ses beaux cheveux ; et prend des privautés dont il ne peut se trouver content. […] Il prit au mot ce dédain du profane vulgaire, dont se vante Horace ; et, pour rendre la poésie d’autant plus inaccessible, il la hérissa de mots pédantesques, qui la protégeaient en effet contre les regards de la foule. […] Il en fut si satisfait, qu’il voulut que M. de Bellegarde le prit dans sa maison, où Malherbe vécut désormais avec une pension du roi. […] Malherbe prit une à une toutes les pièces de l’édifice grotesque élevé par Ronsard, et il les brisa. […] Heureux qui a l’œil assez sûr pour voir à quelle hauteur Malherbe a suspendu la plume du poëte, et qui résiste à l’aller prendre témérairement, au risque des misères attachées aux entreprises vaines ou aux succès qui ne doivent pas durer !
C’est ainsi qu’un document administratif, une dépêche diplomatique, deviennent littéraires par le soin même qu’on a pris d’en exclure tout ornement. […] Voiture, du moins, en prend plus à son aise ; il raille la mode, tout en lui obéissant. […] On en venait prendre des copies jusque sur la table, avant que le cachet y fût mis ; et les voilà courant de mains en mains. […] Il ne s’employait à aucune modérément, mesurant toujours leur importance à l’intérêt qu’il y prenait. […] Il a pris un certain archaïsme qu’il a gardé jusque vers le milieu du dix-huitième siècle, comme une mode du temps.
Damas-Hinard dit à l’Impératrice : « Lisez ce livre, un livre nouveau qui vous intéressera. » L’Impératrice prend le livre, se met à le lire, et tout à coup part d’un grand éclat de rire. […] » À un quatrième, n’y tenant plus, elle s’écrie : « Sacré cochon de métier, où l’on ne peut pas prendre des ouvrières ! […] Lors de l’entrée de l’armée française à Moscou, il prend possession d’un palais. […] Elle était un repos, un déliement des affaires, une excuse de paresse, l’endroit où la conversation échappait aux choses de la vie et de la ville, où la pensée prenait sa récréation. […] Aujourd’hui, nous avons changé cela : ce sont les lettres qui ont pris cette libre misanthropie de l’art.
Toutes les pierres taillées pour la construction d’une pyramide et façonnées pour la place qu’elles doivent remplir prennent un extérieur uniforme. […] Rien de ce qui est passionné ne peut lui convenir, et dès que l’on imagine de lui faire jouer un rôle et prendre un parti dans la pièce même, on le dénature, et son effet est manqué. […] Nul doute que, dans une tragédie grecque, le chœur n’eût alors pris la parole, pour réduire en maximes les sentiments qui se pressent en foule dans l’âme du spectateur. […] Je suis tenté, je l’avoue, d’avoir du respect pour tout ce qui prend sa source dans la nature. […] Cela tient à ce que les Allemands prennent le sentiment pour base de la morale, tandis que pour nous cette base est la raison.
Évidemment le critique, à son tour femme aussi, mais trop femme, a pris les perles pour le front. […] Toujours et à propos de tout, Sainte-Beuve a trop pris Homère et Virgile à part l’un de l’autre. […] , cette tradition, en saisissant la pensée de Virgile, a l’air de cette main de Dieu qui prenait par les cheveux les prophètes et les portait au bout du monde. […] Il avait poussé l’amour de son article si loin, qu’il avait pris un professeur de grec, vrai grec, pour la beauté de son article ! […] Seulement, prenez bien garde que cette partie supérieure du Port-Royal n’est nullement de la critique, mais une étude d’histoire très bien faite dans un espace de temps assez étroit.
Or, ce moins est tout, prenez-y garde ! […] Tout ce que l’auteur dit de l’ouvrière, de l’institutrice, est d’une profondeur dans laquelle il se prend lui-même, écrasé par la plus magnifique des contradictions. […] Les casuistes (comme il appelle les éducateurs chrétiens d’autrefois) voulaient qu’on prit de bonne heure les enfants aux mains des femmes, pour les remettre aux mains des hommes. […] il ne les a pas inventés, et c’est toujours à nous, chrétiens, haïs et méprisés par lui, qu’il les a pris. […] Le croiront-ils, ceux-là qui prennent Michelet sur le pied du divinateur historique et du rénovateur social qu’il se donne, dans ce Cours de 1847 ?
Les idées sont extrêmement maniables, plastiques ; elles prennent la forme des cerveaux. […] Il faut en prendre son parti. […] Ce que vous prenez pour l’effet est la cause, et réciproquement. […] On la prit pour modèle, et cela stérilisa tout le dix-huitième siècle. […] Albalat a pris la plume, faisant ce que Stendhal ne pouvait ou dédaignait.
La brièveté consiste à prendre son point de départ où il faut, sans remonter trop haut ; à ne point énumérer les parties où il suffit de montrer le tout (souvent on peut se contenter de dire le fait sans entrer dans le détail ni dire le comment) ; à ne point prolonger la narration au-delà de ce qu’on a besoin de savoir ; à n’y point mêler de choses étrangères ; à faire entendre parfois ce qu’on ne dit pas par le moyen de ce qu’on dit ; à écarter non seulement ce qui nuit au récit, mais aussi cc qui ne lui nuit ni ne lui sert, à ne dire chaque chose qu’une fois ; à ne point recommencer ce qu’on vient justement d’achever de dire. Souvent on se laisse tromper par une apparence de brièveté ; et l’on prend pour brièveté ce qui n’est que longueur : ainsi l’on tâche de dire brièvement beaucoup de faits, au lieu de s’attacher à en réduire le nombre et à n’exprimer que les nécessaires. […] Mais vous éviterez dans cette enquête les fameux écueils signalés dès longtemps par les faiseurs de logiques et de rhétoriques : prendre pour cause ce qui n’est pas cause, ou ce qui est effet de la chose même qu’il s’agit d’expliquer, ou un effet parallèle de la cause même qu’on cherche ; prendre pour effet un simple, conséquent, comme pour cause un simple antécédent ; dans les faits complexes, attribuer à une cause ce qui vient de l’action combinée de causes multiples ; donner pour cause ce qui n’est que la condition, ou l’occasion ; se contenter trop aisément des causes finales.
À Tibériade, sa résidence ordinaire, le tétrarque n’était qu’à une ou deux lieues du canton choisi par Jésus pour le centre de son activité ; il entendit parler de ses miracles, qu’il prenait sans doute pour des tours habiles, et il désira en voir 906. […] Mais prises en elles-mêmes, toutes ces vieilles précautions n’étaient que puériles. […] Il n’est disputeur que quand il argumente contre les pharisiens, l’adversaire le forçant, comme cela arrive presque toujours, à prendre son propre ton 936. […] La Judée l’attirait comme par un charme ; il voulut tenter un dernier effort pour gagner la ville rebelle, et sembla prendre à tâche de justifier le proverbe qu’un prophète ne doit point mourir hors de Jérusalem 938.
On voit aussitôt comment l’individu court le risque d’être égaré, de prendre le change, de se concevoir autre qu’il n’est à l’instigation de celles de ces images qui furent projetées dans sa conscience par des activités étrangères. […] Cette hérédité le constitue intégralement, impliquant jusqu’à l’élasticité qui lui permettra de prendre, avec plus ou moins d’aisance, un plus ou moins grand nombre de formes nouvelles, impliquant une tendance à varier dont elle détermine strictement la mesure. […] L’Éducation sentimentale, a dit Flaubert, désignant sous ce titre, un groupe de phénomènes où sa vision d’artiste s’est exercée dans un champ volontairement restreint ; c’est, par un raccourci de cette formule, l’éducation qu’il faut dire, si l’on veut fixer le lieu, où d’une façon générale, l’homme est le plus en danger de prendre de lui-même, des ressources et de l’emploi de son énergie une fausse conception. […] Pris d’admiration, je m’efforce avec les mêmes moyens d’obtenir les mêmes effets, et bien que je puisse encore, pour favoriser cette tentative, acquérir, à titre de notion, quelques-uns des procédés dont usa Vélasquez, je demeure incapable de composer des chefs-d’œuvre.
Ils ont vraiment péché aux faits dans les trois pieds d’eau qu’ils ont pris pour un océan historique, et le fretin qu’ils ont rapporté est assez joli, et ressemble à ces poissons rouges qu’on met en bocal. […] Comme la plupart des esprits troublés de notre temps, ils ont pris Paris pour la France, et, au lieu de nous donner l’histoire de la société française pendant la Révolution, ils nous ont donné l’histoire de la société parisienne. […] Et d’ailleurs, dans le livre d’Edmond et Jules de Goncourt, le mot de société est pris au sens le plus large, le plus mâle et le plus profond. […] Mais c’est ici surtout qu’apparaît dans toute sa misère la superficialité d’un ouvrage qui a la consistance de ces éventails de papier que les femmes prennent, pour l’usage d’un soir, et qu’elles jettent.
Tout manqué que son livre puisse être, malgré l’indigence absolue de conception supérieure et les vices d’un langage prétentieux et déplacé, le sujet qu’il traite n’en reste pas moins d’un intérêt prodigieux, qui prend l’esprit et le passionne. […] Toujours rêveuse et toujours imitatrice, l’Allemagne se rêvait France quand elle imitait les vices de la cour du grand roi, et elle en exagérait le scandale, comme, plus tard, elle prit les idées de la philosophie française, et en exagéra les conséquences pour s’en faire une originalité. […] Les plus beaux types (et nous prenons ici ce mot dans le sens criminel et tragique), les plus beaux types de la Poésie et de la Réalité, n’offrent rien, selon nous, de plus complet et de plus effrayant à ceux qui étudient la force d’impulsion des passions que cette Élisabeth de Platen, dont on n’aurait rien dit encore quand on l’appellerait la lady Macbeth de l’amour ! […] Avec cette invasion d’activité des grandes passions qui voudraient l’ubiquité de Dieu pour tout faire dans l’accomplissement d’un crime de cœur, elle dénonça l’amour de Kœnigsmark au duc régnant, extorqua l’ordre de le tuer, si on le trouvait chez la duchesse, écrivit de sa main faussaire un rendez-vous auquel ce malheureux se prit.
… Tout cela est incontesté aujourd’hui et demain sera incontestable, et nous le laisserons à qui fait la cour à la gloire en lui faisant écho, pour prendre seulement un détail de ces lettres, un détail entre mille, parce que ce détail donne à leur publication une spécialité de saveur morale et une nuance de beauté littéraire que nous n’avons jamais trouvées à un égal degré dans les autres Correspondances de Joseph de Maistre, et sur lequel, pour cette raison même, nous demandons la permission d’insister. […] Dans un pays comme la Russie, où la richesse est plus nécessaire que partout ailleurs, même qu’en Angleterre, Joseph de Maistre ne pouvait payer un secrétaire, et le plus souvent n’avait pas assez d’argent pour prendre une voiture. « On me dit, — écrit-il avec cette philosophie que j’appelle, moi, une sainteté, et qui fut toujours si piquante d’esprit quand elle était le plus touchante de résignation, — on me dit que j’ai de l’esprit, mais je ne puis cependant pas faire avec de l’esprit une berline ! […] vous pouvez prendre les plus spirituels parmi les plus spirituels quand l’esprit est aimable, vous pouvez prendre Hamilton, Rivarol et Voltaire lui-même, et vous n’aurez jamais rien de plus aimable que ce de Maistre qui parle si délicieusement des torts qu’on a envers lui avec ceux-là mêmes qui les ont !
Pour mon compte particulier, à moi, je préférerai, je crois, toujours le grand artiste taille par Dieu à l’archéologue qui s’est taillé lui-même, quelque adroitement qu’il s’y soit pris. Mais Daly n’en a pas moins eu raison de penser que Mérimée devait prendre un intérêt très vif, soit comme artiste, soit comme archéologue, à cette passionnante question des concours, si lucidement traitée dans le livre, et peut-être encore plus au talent qui y brille, à ce genre de talent qui a — sans rien couper ! […] Et, en effet, prendre un chef-d’œuvre où il a été laissé, le continuer ou le réparer dans ses parties endommagées ou croulantes, n’est-ce pas montrer que, si l’on n’est pas le créateur même du chef-d’œuvre, on en est aussi près que possible, puisqu’on peut le suppléer dans l’achèvement de sa création ? […] En cela il doit ressembler au poète dramatique, dont la plus haute faculté est l’impersonnalité, qui prend tour à tour l’âme de chaque personnage pour lui faire jeter son cri le plus pathétique et le plus vrai.
Mais Chamfort, qui n’était pas valétudinaire comme Vauvenargues, Chamfort, l’Hercule et l’Apollon des boudoirs mythologiques de son temps, et dont la vigueur n’était pas une fable, n’a pas eu de Voltaire qui l’ait pris dans son vitchoura d’Astrakan comme Hercule prenait les Pygmées dans sa peau de lion : Voltaire, le Roi de son époque, a la manie du favoritisme comme les rois. […] Sur une lettre, très peu merveilleuse, que nous pouvons lire dans l’édition de Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison. […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes, qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde.
Le Christianisme avait pris le monde par la tête et par le cœur ! Aux immunités personnelles et réelles, à l’exemption de la juridiction ordinaire, qui accordait aux clercs de ne pouvoir être traduits devant les tribunaux séculiers et de faire juger leurs causes, en matière même temporelle, par les tribunaux ecclésiastiques, s’ajouta l’arbitrage des évêques, qui prit le caractère d’une véritable juridiction et qui fit que les tribunaux séculiers purent dès lors être récusés par ceux qui désiraient soumettre les procès civils aux tribunaux ecclésiastiques. Outre l’exercice de ce pouvoir judiciaire qui mène à tous les autres pouvoirs, les évêques prirent une part élevée à l’administration, et le chef respecté de l’Église, dit Mignet, cité par M. de L’Épinois, fut le chef accepté du peuple. […] L’auteur du Gouvernement des Papes a pris pour épigraphe cette forte parole : Res, non verba !
Après le galbe de ses idées pris pour les penseurs, on nous fait l’histoire de ses sentiments et de sa vie de cœur, pour les petits jeunes gens et pour les femmes. […] De braves niais qui ne verraient dans la publication de Didier qu’une étude désintéressée du cœur, qu’une anatomie de la passion dans deux âmes, et rien de plus, parce que nulle question philosophique n’y est agitée, ne connaîtraient pas grand-chose aux tactiques de la Philosophie et mériteraient bien de se prendre à toutes les souricières qu’elle nous tend. […] Je lui demanderai la permission d’en prendre deux ou trois dans sa cassolette ; car on ne me croirait peut-être pas non plus si je parlais de ces parfums inconnus qu’on n’apprécie bien que quand on les a respirés : « À la vue d’un pareil sentiment, — (nous avons dit ce qu’il était, ce sentiment), — ne semble-t-il pas que l’Amour lui-même a passé devant nous — (bienheureuse hallucination !) […] ces deux années n’ont pas laissé de traces, sœurs gracieuses qui avaient pris pour elles toutes les joies nuptiales, etc., etc., etc. » Et M.
Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand. […] Mais elles doivent l’être comme l’expression d’un homme qui a une âme charmante, capable de faire oublier, en lisant ses lettres, les erreurs et les débilités de son esprit, — et c’est ici que la Critique va prendre son cœur à deux mains pour dire toute la vérité sur un livre qui lui a donné tant de plaisir… Doudan est, en effet, sur bien des points, un débile et un erroné. […] Il en a pris les goûts, les opinions et les mœurs. […] Les impressions d’un homme d’esprit sont toujours intéressantes ; car, nous qui ne sommes pas du salon de Broglie, nous ne prenons Ximénès Doudan ni pour un homme d’État, ni pour un homme de lettres, mais pour un homme d’esprit qui, comme un jeune chat, a joué toute sa vie avec cette queue que les académiciens voulaient lui couper.
Mademoiselle de Condé ne donna que Dieu pour rival à l’homme qu’elle aimait, mais elle emporta son amour pour cet homme jusque dans le sein de Dieu même… Sa vie, quand elle prit le parti héroïque de ne plus voir l’homme trop aimé qu’elle ne pouvait pas épouser, devint aussi héroïque que le parti qu’elle avait pris. […] C’était, au fond, une espèce de philosophe dans un amoureux pédantesque, mettant souvent les deux gros pieds de son pédantisme sur une âme charmante… qui prenait cela comme une caresse ! […] Elle sentit cette peur sublime qui est l’héroïsme contre soi… Elle arracha son cœur à l’homme qu’elle aimait comme on arrache son cœur à l’être qui l’a pris, en lui en laissant tous les lambeaux déchirés !
Mais Chamfort, qui n’était pas valétudinaire comme Vauvenargues, Chamfort, l’Hercule et l’Apollon des boudoirs mythologiques de son temps et dont la vigueur n’était pas une fable, n’a pas eu de Voltaire qui l’ait pris dans son vitchoura d’Astracan comme Hercule prenait les Pygmées dans sa peau de lion. […] Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison. […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde.
Après le galbe de ses idées pris, pour les penseurs, on nous fait l’histoire de ses sentiments et de sa vie de cœur, pour les petits jeunes gens et pour les femmes. […] Didier qu’une étude désintéressée du cœur, qu’une anatomie de la passion dans deux âmes, et rien de plus, parce que nulle question philosophique n’y est agitée, ne connaîtraient pas grand-chose aux tactiques de la Philosophie, et mériteraient bien de se prendre à toutes les souricières qu’elle nous tend. […] Je lui demanderai la permission d’en prendre deux ou trois dans sa cassolette, car on ne me croirait peut-être pas non plus, si je parlais de ces parfums inconnus qu’on n’apprécie bien que quand on les a respirés. […] ces deux années n’ont pas laissé de traces, sœurs gracieuses qui avaient pris pour elles toutes les joies nuptiales, etc., etc., etc. » Et M.
Et ce n’était pas assez encore, il a pris les colossales proportions d’un lieu commun. […] On a pris le ton du genre pour une qualité individuelle du livre et de l’auteur. […] Il n’en a pris que l’esprit même et l’a vêtu comme un pauvre qu’on veut réchauffer. […] Le parti qu’il a pris d’être simple, eu traduisant cette simplicité, l’a fait verser dans ce que nous appelons l’inconvénient de l’Imitation, c’est-à-dire la métaphysique.
Caro a prises, pour les analyser, dans ses petites pincettes philosophiques, il ne s’agit plus uniquement d’être un charmant philosophe, adroit, poli et joli comme un cœur… Car, savez-vous de quoi il retourne aujourd’hui ? […] Il ne l’a pas pris du pied des prodigieuses sornettes de Schopenhauer et de Hartmann, de ces deux immenses bouffons désespérés qui veulent, de désespoir, le suicide de l’homme et de l’univers ! […] Pope aussi était contrefait, mais, pris dans l’étau de son corset de fer, il n’envoya jamais, du fond de cette torture, d’injure à Dieu et de crachat sur la vie, dont Dieu, qui veut qu’on se soumette à sa Providence, a toujours gardé le secret ! […] Et l’inquiétude qu’il éprouve n’est pas seulement pour ses propres raisonnements ou pour la destinée d’un livre qui peut paraître la plus mauvaise des plaisanteries à ceux qui prennent les choses par le côté plaisant, mais c’est une inquiétude plus haute, plus nette et plus fondée… La pudeur du philosophe qui rougit de ces vésanies d’une ignominieuse extravagance, ne l’empêche pas de jeter sur le temps où ces vésanies courent le monde et ambitionnent de le dominer le regard inquiet de l’homme pénétrant que le philosophe ne peut abuser… C’est ici le côté profond de cette Étude sur le Pessimisme au xixe siècle.
Mgr Salvado rappelle en passant, dans les Mémoires historiques, les paroles sévères du Dr Lang, protestant très considéré, parlant d’une mission protestante fondée à Moreton-Bay, en 1838, au nord de Sydney, laquelle mission prit fin misérablement au bout de cinq ans d’existence, après avoir, comme tant d’autres, inutilement vécu. […] En soi et à le prendre au pied de la lettre, — de sa lettre si naïve et si pénétrante, — cet ouvrage ne semble qu’un récit, exact et touchant, de la Mission dont le pieux évêque de Victoria a été l’un des plus courageux apôtres. […] On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ. […] Jusqu’ici, malgré la vapeur qui raccourcit le monde sur la terre et qui ouvre au tourisme les pays les plus désespérés, malgré la glu d’or à laquelle l’Australie prend l’Europe fascinée, nous n’avions sur ce pays étrange, à moitié sorti de son chaos, que des renseignements suspects et vagues dont nous ne pouvions rien déduire, parce que nous devions nous en défier.
Il a pris de la peine et il en fait. […] Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création. […] L’honnête citoyen qui prend si tranquillement sa canne et son chapeau pour aller se rafraîchir aux sources premières, — à ces citernes qui s’appellent Ruth, Tobie, Josué, les Machabées, — n’est pas digne de ce nom de poète, et encore s’il y allait ! […] Seulement il y a près de lui et autour de lui des Écoles qui le vantent et qui lui assignent le rang difficile à reprendre lorsqu’on l’a donné à un homme ou qu’on a souffert qu’il le prît.
« Prenez acte de ceci, — a-t-il dit à ses amis, — que je meurs en libre penseur », c’est-à-dire sans souci de Dieu, de l’âme et de sa destinée. […] Aventurier de lettres, il prit assez bien le vent qui soufflait ; mais aventurier sans hardiesse, il tâta l’eau, avant de s’y jeter ! […] Alors le Socialisme, qui avait des doctrinaires, mais qui n’avait pas d’artistes, le prit pour son lauréat, son écrivain et son romancier, et lui jeta au cou cette chaîne d’éloges qu’un homme comme lui a dû impatiemment porter. […] Sue, ont tout pris aux Liaisons dangereuses de Laclos et à la Delphine de Mme de Staël, les deux plus beaux livres du dix-huitième siècle ; mais le style, le style a été oublié.
Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée ! […] Même dans cette fameuse et coupable Mademoiselle de Maupin, ce sujet flétrissant, que l’auteur n’a peut-être abordé dans sa jeunesse que par amour de la difficulté vaincue, l’indécence, froide et maniérée sous le relief et le luxe des mots, manque de la vraie chaleur de la vie, et le danger d’un pareil livre vient bien moins de ce qu’on le lit que de ce qu’on le prend pour le lire. […] Théophile Gautier, eut un jour la fantaisie d’art de faire un livre du passé dans le style du passé, et, dans le passé, il prit, pour se couler tout vivant dans son génie, le plus difficile génie auquel l’imitation pût atteindre. […] Quoique tous les genres de composition romanesque ne soient pas égaux, même devant le génie, et qu’il y ait une hiérarchie dans les œuvres aussi bien que dans les esprits, j’admets cependant que tous les genres de roman ont un intérêt assez grand pour saisir vivement la pensée et faire prendre l’essor au talent ; mais franchement, je ne vois pas très-distinctement à quel genre de composition romanesque peut appartenir Le Capitaine Fracasse de M.
Toutes ces sortes d’idées que nous avons vues, tout cet ensemble de sentiments, toutes ces expressions rares prennent leurs racines dans des choses anciennes que la foule n’exprime pas, mais qu’elle sent aussi bien que nous. […] Après l’Évangile, le curé parla, et quand il eut terminé, il vint par un mouvement du cœur au banc du capitaine, l’inviter à prendre la parole. […] Ensuite, un officier catholique, parent du sous-officier protestant, prit la parole au bord de la fosse et exprima sa reconnaissance d’avoir entendu les représentants des deux églises chrétiennes symphoniser ainsi… » Ah ! […] « Il faut à la France de demain l’étroite collaboration du prêtre, de l’officier et de l’instituteur. » Je demande au prêtre, à l’officier et à l’instituteur qu’ils prennent sous leur protection la propagande pour le suffrage des morts.
Quelques teintes locales, prises au hasard, peuvent donner une idée du ton général de cette peinture. […] vous voilà averti, par des majuscules, de tout ce que la situation a de solennel, et il y a de bonnes gens qui s’y laissent prendre. […] Il a pris pour idéal Richelieu ou Ximénès, comme M. […] J’ai pris les mesures nécessaires pour empêcher cette indignité. […] Il a pris un bon moyen pour échapper à ces deux excès qu’il signale, et dont chacun cache un des côtés de la vérité.
En 1610, pendant que la société de Rambouillet prenait un heureux essor, la publication du ier volume d’un roman nouveau fit événement dans le monde, et concourut puissamment à déterminer le changement de mœurs qu’amenait le cours des choses, en dirigeant les esprits vers un nouveau genre de la galanterie tout opposé à celui qui régnait en France, depuis François Ier. […] Ayant été fait prisonnier de guerre, durant la Ligue, il prit rang entre les amants de Marguerite de Valois, femme de Henri IV, qui, par cette raison, le vit de mauvais œil. […] Il se piqua de la venger des privations que son premier mari lui avait fait éprouver ; mais de grands chiens avaient pris possession de la chambre et presque du lit de la dame ; il fallut partager avec eux.
Malgré cette prévention extrême, il prit sur lui de faire des politesses au jeune magistrat, & d’entendre ses vers. […] Le jeune magistrat, au lieu de le remercier, prit mal la chose. […] Il fit élever un mausolée à son fils, de l’argent qu’il consentit de prendre afin de ne pas poursuivre de Piles.
Ils laissèrent l’histoire à leurs ennemis, et l’on sait comment leurs ennemis s’en servirent… Plus tard, non plus, l’empereur Napoléon Ier, qui prenait et relevait les idées d’ordre partout où il les trouvait renversées, sans se soucier de l’opposition et des indignes cris de l’esprit révolutionnaire, Napoléon, qui fit un Grand-Juge, ne refit point d’historiographe. […] Ce champ, ils l’ont assez retourné, assez saccagé… Ils n’ignoraient pas ce qu’en France, le pays du bon sens et du fait, on peut toujours tirer de l’histoire, et que faussée, c’est l’arme la plus terrible encore, comme la balle qui, mâchée, fait les coups plus mortels… Trafiquants libres de l’histoire, plus libres que l’homme qui vend la plus chétive denrée et qui pour cela est obligé à prendre patente, ils ne se contentèrent point de cette liberté, et ils versèrent le mépris de l’historien libre sur le fonctionnaire de l’histoire, — sur l’historiographe. […] Nous souhaiterions qu’en matière d’histoire de France, l’État prît l’initiative d’une réserve, et qu’en créant des fonctions d’Historiographes, ces Gardes-nobles de l’Histoire, il sauvât notre histoire à nous, cette dernière forteresse morale de tout peuple, et empêchât qu’elle ne fût prise d’assaut par la tourbe des pamphlétaires contemporains, démagogues, fonctionnaires expulsés, prétendants anonymes, transfuges colères qui s’y cachent, la mettent au pillage et s’en font un asile !
Il se remit dès lors au latin, qu’il savait peu ; il se prit aux poëtes les plus difficiles, qu’il embrassa vivement. […] Tu conçois que j’avais pris la précaution de dire chez madame Beauregard, en quittant ma lettre pour aller à midi faire cette partie, que je n’irais pas dîner aujourd’hui chez elle. […] Prenez bien garde, mon cher et très-cher ami, vous êtes sur la pointe d’un précipice : pour peu que la tête vous tourne, je ne sais pas ce qui va arriver. […] A partir de 1816, la petite société philosophique qui se réunissait chez M., de Biran avait pris plus de suite, et l’émulation s’en mêlait. […] Autrement, s’ils s’aperçoivent qu’il hésite et croit dépendre, ils se sentent supérieurs à leur tour à lui par un point commode, et ils prennent vite leur revanche et leurs licences.
Le long de ces lignes finira par se distribuer la partie la plus excitable du protoplasma, et un nerf prendra ainsi naissance. […] Prenons des exemples. […] En faisant le triage de ce qui, dans la lutte pour la vie, peut protéger l’être, chaque organe des sens prend pour son domaine une certaine forme de mouvements et ignore les autres formes aussi complètement que si elles n’existaient pas. […] Où prendre sur le fait ce minimum de la conscience, cet atome mental ? […] La sensation de lumière relativement simple serait produite par un point lumineux excitant un seul cône ou bâtonnet, et une seule fibre du nerf optique : essayez de prendre sur le fait cette sensation.
Il se place à l’extrême bord des mystères chrétiens, il regarde au fond d’un œil effaré, il y prend le vertige, et il se parle à lui-même presque par monosyllabes. […] Le plus grand coloriste, c’est la passion, parce qu’elle ne prend pas ses couleurs sur une palette, mais dans son propre cœur. […] Ils prenaient, comme madame de Sévigné, leur sensation sur le fait ; ils n’écrivaient pas, ils causaient ; leur style n’est plus le style, c’est leur pensée même. […] Sa langue, jusque-là heurtée par la pensée, et hâtée par la précipitation qui ne lui laissait pas le temps de rien polir, y prit l’ampleur de Cicéron. […] L’espace nous manque ; nous le prendrons dans l’entretien suivant, et nous dirons pourquoi nous ne désespérons pas d’une littérature qui a peut-être autant de chefs-d’œuvre dans l’avenir qu’elle en a dans le passé.
La pensée cesse, pour ainsi dire, d’être pensée, c’est-à-dire immatérielle, en montant sur le théâtre ; elle est obligée de prendre un corps réel et de s’adresser aux sens autant qu’à l’âme. […] Il prit en aversion l’habit noir que son oncle lui faisait porter, les mœurs claustrales et la ville même d’Uzès. […] Pascal indigné prit la plume des Provinciales pour répondre ; on étouffa la querelle, heureusement pour Racine. […] Ignorez-vous l’intérêt qu’elle y prend ? […] C’est qu’un peuple ne prend jamais son originalité que dans sa foi.
Comme elle est à l’homme une explication totale des choses et de lui-même, elle doit le prendre et le gouverner tout entier. […] À le bien prendre, il n’a point de haines personnelles, et ce n’est pas uniquement parce qu’il le dit que je le crois. […] Prenez à la fois le mot dans le meilleur sens, et dans l’autre. […] Il se sent vivre et il se sent mourir … Il prend l’énigme au sérieux ; il va au sphinx, il l’interroge parmi les débris de ceux qui furent dévorés. […] Il l’a pris, dis-je, tel que son développement historique l’a fait, parce que ce développement est divin.
Cela prend une valeur documentaire aussi bien quant au jugeur que quant au jugé. […] On ne peut pourtant point exiger que je prenne ce personnage au sérieux ! […] Ghéon et plusieurs autres écrivains prennent peut-être un peu trop de licences. […] … Prends les devants ; sus, sus ! […] Autrement, pour prendre un exemple, le cas d’Angiolillo se présentera de nouveau.
. — Tel est pris, un acte (1897). […] Ce n’est que parce que son livre indique qu’il peut sûrement mieux et bien faire qu’il est ici exhorté à se débarrasser des défauts qu’il se connaît, à prendre pleine possession d’un talent possible.
Effrayé de la sentence, il prit aussi-tôt le parti de se soustraire à l’expérience de ces Messieurs, & leur dit avec indignation : Vilem animam appellatis pro quâ Christus mortuus est ? Puis il prit la fuite ; recette plus heureuse pour lui que tous les remedes.
Mais je ne sais quel découragement les a pris. […] L’homme nous prend des choses auxquelles nous avons droit, et, en échange, il nous ôte son chapeau. […] Il revint à la charge, risqua une pointe, et mal lui en prit. […] Heureusement, Rome, Byzance et lord Elgin n’ont pas tout pris. […] C’est sur ce point que la science française a pris sa revanche.
Il est rare qu’il n’ait pas pris toutes les précautions possibles. […] Ils ne prenaient pas trop de place. […] Lanson, je prends un bain de mer. […] Mais ils en prenaient leur part de bonne grâce. […] J’ai pris soin et j’ai pris plaisir à le remettre un-petit moment en mémoire.
Il prend sa plume, sa tête palpite, son cœur tremble. […] Où les aurait-il prises ? […] Il jette le pinceau et prend la plume. […] Nous prenions des glaces. […] Il prend mon bras et m’accompagne.
Balzac aurait pu prendre ce mot comme épigraphe de son livre. […] Il ne prend aux personnages de l’histoire que leur nom. […] Reybaud aussi en prenne son parti. […] Tout cela est vrai, tout cela est pris à la nature. […] Miette prend un drapeau et suit celui qu’elle aime.
J’y ai pris autant de plaisir qu’il y a vingt ans. […] Mais qu’on ne les prenne point pour des œuvres de jeunesse ! […] On ne prend plus garde aux noms de ses victimes. […] Lavisse a pris, comme on sait, position de conciliateur. […] Rimbaud ne prenait même pas la peine de publier les siens.
Le terme de témoignages est pris dans son sens originel. […] Elle s’est formée dans un climat, sur un terrain, elle y a pris des habitudes héréditaires. […] La tragique réalité lui a pris tout l’âme. […] Notre homme prend peur. […] En 1918 l’a saisi à la gorge, a pris une part prépondérante à la victoire.
Penda le Mercien tue cinq rois, et, pour prendre la ville de Bamborough, démolit tous les villages voisins, amoncelle leurs ruines en un bûcher immense capable de brûler les habitants, entreprend d’exterminer les Northumbres, et périt lui-même par l’épée à quatre-vingts ans. […] Quand la communauté prend quelque chose de lui, c’est qu’il l’accorde. […] Ils en font litière sitôt que leur idée les prend. […] Boëce avait pour lecteurs des sénateurs, des hommes cultivés qui entendaient aussi bien que nous les moindres allusions mythologiques ; toutes ces allusions, Alfred est obligé de les reprendre, de les développer, à la façon d’un père ou d’un maître qui prend entre ses genoux son petit garçon, lui contant les noms, qualités, crimes, châtiments que le latin ne fait qu’indiquer ; mais l’ignorance est telle que le précepteur lui-même aurait besoin d’être averti ; il prend les Parques pour les Furies, et donne gratuitement trois têtes à Caron comme à Cerbère. […] Et alors Edward, son fils, prit le gouvernement.
. — Pourquoi l’esprit avait pris cette voie. — L’amour mystique […] Il ne veut pas révéler le nom de celle qu’il aime ; il faut que Pandarus le lui arrache, prenne sur lui toutes les hardiesses, invente tous les stratagèmes. […] Mais où Dieu a-t-il fait mention de nombre, et à quel endroit a-t-il défendu de prendre un second ou un huitième mari ? […] Allons confesser les riches, « les vendeurs de victuaille. » On ne gagne honneur et profit que chez eux. — Mais il faut, comme lui, savoir s’y prendre. […] Le moine et l’huissier se prennent de querelle à propos de leur métier.
De tout ils ne prennent rien de ce qui trompe ou de ce qui grise. […] Toutes, en écoutant, prennent la tête d’expression de leur figure. […] En somme, c’est l’idée de l’innocuité du poison pris à haute dose. […] J’ai pris une grande fille, grande comme moi. […] Et, pour le raser, Veyne avait été obligé de prendre le rasoir du coiffeur, qui s’était trouvé mal.
À minuit, je me présente au théâtre ; le concierge prend connaissance de mon billet de répétition et me laisse entrer. […] Alexandre Dumas est las de sa propre fécondité ; il veut prendre du repos ; il veut voyager. […] Cependant, ne prenez pas cette lettre pour une vraie lettre ; ce n’est qu’une espèce de réponse. […] M. le ministre, priez M. le directeur des Beaux-Arts d’aller prendre des nouvelles de M. […] Tous les peuples se désaltèrent à ce grand fleuve qui prend sa source à Paris, dont chaque flot est une pensée, et qui se répand large et fécondateur sur le monde.
Peu à peu, ce mot s’est associé en elle à une intention distincte ; aujourd’hui, il signifie pour elle : donne, prends, voilà, regarde ; en effet, elle le prononce très nettement, plusieurs fois de suite, avec insistance, tantôt pour avoir un objet nouveau qu’elle voit, tantôt pour nous engager à le prendre, tantôt pour attirer sur lui notre attention. […] Mais il me semble plutôt que c’est un mot créé par elle et spontanément forgé, une articulation sympathique, qui d’elle-même s’est trouvée d’accord avec toute intention arrêtée et distincte, et qui, par suite, s’est associée à ses principales intentions arrêtées et distinctes, lesquelles sont aujourd’hui des envies de prendre, d’avoir, de faire prendre, de fixer son regard ou le regard d’autrui. […] D’autre part, le mot tem (donne, prends, regarde), dont j’ai parlé, est depuis deux mois tombé en désuétude ; elle ne le dit plus, et je ne vois pas qu’elle l’ait remplacé par un autre. […] Ainsi le pli est déjà pris ; une famille de sensations conduit à une autre. — Même opération au jardin sur des fleurs et branches d’arbustes qu’il avait vues depuis longtemps, mais non touchées ; aussitôt qu’il a pu diriger ses mains, on le soulevait à portée de l’arbuste, et il touchait, empoignait les fleurs et les branches, avec une attention et un intérêt très visibles. […] « Prenez n’importe quel mot dans toute langue qui a un passé, et, invariablement, vous trouverez qu’il est fondé sur un concept.
L’un disait : Ils nous laisseront ceci ; l’autre disait : Ils ne nous prendront pas cela. Fior d’Aliza prenait de la belle eau du bassin dans sa main, s’en lavait le visage et embrassait l’eau qui fuyait entre ses doigts roses, comme si elle avait dit adieu à la source. […] Il y en avait encore bien assez, tant il est gros et fertile, pour nous nourrir presque toute l’année, pourvu que le caprice ne prît pas aux propriétaires du fonds et du tronc de l’arbre de le couper. […] qu’on nous en avait pris long, et qu’il nous en restait peu. […] Un frisson nous prit à ces mots, nous pensâmes tous, et tous à la fois au châtaignier, notre seul nourricier sur la terre.
Ainsi, faites comme moi : priez, croyez et prenez patience ! […] Qu’on prenne tout, qu’on nous jette tout nus dans le chemin, mais qu’on nous rende nos deux pauvres innocents ! […] Je n’oserais prendre sur moi seul, sans l’aveu de mes supérieurs, sans le consentement de vos parents et sans la permission de l’évêque, d’unir secrètement deux enfants qui s’aiment dans un cachot, au pied d’un échafaud, et de mêler l’amour à la mort, dans une union toute sacrilège, si elle n’était toute sainte. […] l’ombre du cloître n’en descendait que plus vite sur la cour, et les étoiles ne s’en levaient pas moins dans le coin du ciel qu’on apercevait du fond du cachot ; il fallait nous séparer, coûte que coûte, de peur que ma veille dans la cour ne parût trop longue au bargello ; sa femme et lui étaient bien contents de mon service ; ils ne cessaient pas, les braves gens, de se féliciter de ma fidélité, de mon assiduité à mon devoir, et des soins que je prenais des prisonniers, des chiens et des colombes. […] — Quand il sera libre, continua la voix, tu revêtiras le froc et le capuchon des pénitents noirs qu’il aura laissés tomber de la fenêtre en s’enfuyant, et tu reviendras dans son cachot, avant le jour, prendre sa place, pour que les sbires te mènent au supplice, en croyant que c’est lui qu’ils vont fusiller pour venger le capitaine ; tu marcheras en silence devant eux, suivie des pénitents noirs ou blancs de toute la ville qui prieront pour toi ; et quand tu seras arrivée au lieu du supplice, tu mourras en prononçant son nom, heureuse de mourir pour qu’il vive !
Ici, la question de l’œuvre, la question de l’art, prend son importance. […] S’il était resté dans cette voie, il aurait pu dégager l’artiste du bloc de facultés qui sont en lui et dans lequel il se trouve pris. […] … Pour juger, il faut être un homme, — il faut avoir des principes, une morale, un bâton de longueur pour prendre la hauteur des choses, et M. […] N’était-elle vraiment plus, quand la Révolution la prit, pour trouver à sa place Coblentz et la Vendée, qu’une société de maîtres à danser ? […] Taine, — mais on veut tout prendre.
Henri, qui, à cette journée de Coutras, venait de prendre rang de capitaine, montra au lendemain qu’il avait encore à faire pour devenir le politique qu’on l’a vu depuis. […] Un homme du parti royaliste passa alors menant en main un cheval, un petit courtaud qu’il avait pris ; Rosny offrit à cet homme cinquante écus qu’il avait dans sa pochette : « car vous aviez cette coutume de porter toujours de l’or sur vous lorsque vous alliez aux combats ». […] Partant, prenez patience aussi bien que moi, et continuez à bien faire. » Cette grande et colossale fortune de Sully, ai-je dit, est lente à se construire et à s’élever : au moment où Henri IV entre dans Paris et pendant les années qui suivent, il n’est que simple conseiller d’État. […] Rosny, en parlant ainsi, ne faisait-il que donner à Henri IV le conseil que celui-ci désirait tout bas et qu’il eût pris sans doute de lui-même ? […] Durant son voyage, les membres du Conseil des finances lui détachèrent de Paris mille crocs-en-jambe et mille obstacles : il ne se rebuta de rien, prit à partie les officiers qu’il inspectait, de gré ou de force se fit représenter les comptes de l’année courante et des trois précédentes, examina de près toutes les prétendues dettes et les arrérages, les titres et obligations de tous genres, tondit à son tour sur le vif au profit du roi, et fit tant qu’il rassembla bien cinq cent mille écus : De toutes lesquelles sommes ainsi par vous recouvertes vous fîtes dresser quatre petits bordereaux pour vos quatre généralités, où étaient spécifiées par recettes et natures de deniers toutes les sommes par vous voiturées, et iceux signés par les huit receveurs généraux des deux années dernières comme leur ayant été mis ès mains par les receveurs particuliers ; lesquels bordereaux vous portâtes toujours sur vous, et vous vinrent bien à propos… Vous aviez un équipage de soixante et dix charrettes chargées, pour ce que vous aviez été contraint de prendre quantité de monnaie ; à la suite desquelles étaient les huit receveurs généraux, accompagnés d’un prévôt et de trente archers pour l’escorte.
Des femmes, des princesses considérables par leur crédit, leur esprit ou leur vertu, Mme de Longueville, la princesse de Conti, avaient pris hautement en main la cause des opposants et des vaincus, qui semblaient moins rentrés en grâce que réintégrés dans leurs droits. […] Mais cet art de Bourdaloue ne sera tout à fait sensible aux lecteurs d’aujourd’hui que quand j’aurai démontré, par un exemple déterminé et bien choisi, de quelle manière il s’y prenait pour mêler à la gravité morale de son enseignement une de ces intentions précises, et quelque allusion non équivoque à un incident ou à un personnage contemporain. […] Un des gentilshommes les plus instruits et des plus beaux esprits de ce temps-là, M. de Tréville, issu d’une noble famille du Languedoc, élevé avec Louis XIV, cornette de la première compagnie des mousquetaires, était de la société intime de Madame Henriette ; il fut si frappé de sa mort soudaine qu’il quitta le monde le lendemain et prit le parti de la dévotion. […] Membre d’une société qu’on accusait d’être accommodante et relâchée, il s’attache à prendre chez les adversaires ce qu’ils ont de juste, de moral, de profondément chrétien et de raisonnablement sévère ; il en ôte ce qu’ils y mettent d’excessif, et il ne leur laisse en propre que cette dureté. […] Personne n’était plus propre que Bourdaloue à rallier ces âmes effrayées, prises par violence, et à leur offrir un christianisme à la fois sévère et consolant70.
Il ne crut point non plus devoir se rendre de sa personne à Soleure pour y lutter d’intrigue et d’argent, et travailler à faire casser le décret : « La chose était possible, dit-il ; mais, indépendamment de ce que je trouvais le théâtre un peu petit pour me donner la peine d’y préparer cette scène, elle m’aurait demandé du temps que je ne pouvais prendre qu’au détriment de ma machine militaire qui commençait à se monter, et qui voulait ma présence pour tendre à sa perfection. » Après avoir écrit une lettre de soumission respectueuse, il s’en remit donc au cours naturel des choses. […] À tous ces titres, et puisqu’il a pris la peine d’écrire, il a bien quelque compte à rendre auprès de la postérité. […] Ministre petit-maître, secrétaire d’État presque au sortir de l’enfance, il ne prit jamais rien au sérieux. […] Il est certain, de l’aveu même de Besenval, qu’il ne négligea rien dès l’origine pour conseiller et peut-être pour dominer la femme aimable et trop peu souveraine, pour lui faire prendre goût aux affaires ou du moins au choix des ministres, pour lui préparer un crédit dont sans doute il comptait lui-même user, ne fût-ce qu’en amateur : c’était en tout le rôle qu’il préférait. […] Besenval, peu averti par ses cheveux blancs, aurait voulu passer les bornes, et il n’aurait eu à s’en prendre qu’à lui s’il s’était vu ramener en deçà79.
Si l’on fait la part des copies ou transcriptions qui en prennent à peu près un tiers, il reste environ six centsvolumes de pièces originales à lire, à étudier. […] Mme de Sévigné paraissait en prendre son parti de meilleure humeur, quand elle écrivait à sa fille : « Vous ne serez pas fâchée d’apprendre ce que c’est que d’avoir une belle compagnie ou d’en avoir une mauvaise. […] De plus il a sous lui toute une élite d’hommes secondaires que cette histoire nous découvre et qui prennent figure et vie à nos yeux : — en première ligne, Martinet, lieutenant-colonel du régiment du Roi, mort maréchal de camp, officier modèle, dont le nom devient proverbial dans l’armée, et qui est l’instrument de la réforme, le parfait instructeur, le praticien de la discipline nouvelle dans l’infanterie ; — après lui, le chevalier de Fourilles, qui rend des services pareils, et qui est un autre Martinet pour la cavalerie ; — des intendants comme Chaniel, agent zélé, ferme, intelligent, dont les plus grands généraux redoutent les écritures, qui ne paraît pas en avoir abusé toutefois, et que Louvois, fidèle au principe de la séparation des pouvoirs, soutient sans broncher dans ses contestations avec les maréchaux victorieux, après la conquête. […] C’est le duel éternel de tout ce qui finit et de ce qui succède, de ce qui se survit et de ce qui doit vivre ; cela s’est vu de tout temps, en grand, en petit, dans tous les genres et dans tous les ordres : César et, Pompée, Malherbe et le vieux Desportes, Descartes et Voët, Franklin et l’abbé Nollet… Le chevalier de Glerville sent désormais son maître dans celui qui fut longtemps son diacre, comme le disait plaisamment Vauban : « Il est fort chagrin contre moi, ajoutait celui-ci, quelque mine qu’il fasse ; c’est pourquoi il ne me pardonnera rien de ce qui lui aura semblé faute ; mais je loue Dieu de ce que lui et moi avons affaire à un ministre éclairé qui, en matière de fortification, ne prend point le change, et qui veut des raisons solides pour se laisser persuader et non pas des historiettes. » Une dernière rencontre a lieu entre les deux rivaux, au sujet des fortifications de Dunkerque ; elle est décisive. […] Et sur cela, Monseigneur, je prendrai la liberté de vous dire que les affaires sont trop avancées pour en demeurer là ; car je suis accusé par des gens dont je saurai le nom, qui ont semé de très-méchants bruits de moi ; si bien qu’il est nécessaire que j’en sois justifié à toute rigueur.
Ayant pris de bonne heure au sérieux, autant et plus que souverain en aucun temps, son rôle et ses attributions de roi, cette idée élevée, ce respect religieux de son état le mena à écrire, à dicter des instructions et des pièces assez nombreuses qui ont été recueillies. […] Rousset nous fait si heureusement profiter, me paraît être bien plus dans le vrai quand il nous montre Louis XIV, toutes les fois qu’il dicte ou qu’il écrit, « parlant en roi passionné pour la gloire, appliqué à ses affaires, qui agit par lui-même, qui prend connaissance et qui juge sainement de tout, et qui n’est pas tellement conduit par ses ministres qu’il n’influe beaucoup dans leurs résolutions, par son attention a les examiner et sa fermeté à les soutenir. » Cette conclusion mesurée est moins piquante que l’autre, qui suppose un Louis XIV. toujours maître et souverain en idée, et en réalité toujours dupe. […] Il n’hésite pas à dire avec une sorte de complaisance comment il s’y prit. […] A prendre le chemin qui semblait le plus court, « il ne fallait pas moins que déclarer la guerre à l’Espagne et passer sur le ventre de toutes les places fortes que cette couronne possédait aux Pays-Bas » ; ce qui ne faisait pas le compte de Louis XIV, au moins au début de la guerre, car il voulait, avant tout, porter la blessure au cœur de la Hollande. […] Les quatre places investies sont prises à point nommé, et l’on en vient à ce fameux passage du Rhin, poétiquement chanté par Boileau et très simplement raconté par Louis XIV.
Comment s’y prendre pour atteindre quelque autre source de documents précis ? […] Parmi tous ces objets on aime à voir Marie Cressé conserver avec soin, dans un coffret couvert de tapisserie, le linge qui a servi à ses enfants sur les fonts de baptême. » Le père de Mme Poquelin, Louis de Cressé (car il prenait le de), qui avait si bien pourvu et doté sa fille, possédait lui-même à Saint-Ouen, dans la Grande-Rue, une belle propriété avec cour, étables et jardin. […] Bazin, esprit ironique et critique, homme d’humeur, fit en 1847, sous le simple titre de Notes historiques sur la Vie de Molière, un premier examen très sévère de tout ce qu’on avait précédemment écrit à ce sujet ; il trancha et retrancha fort librement, tantôt se fondant sur des faits, tantôt se confiant à des raisonnements ou à des conjectures ; et, s’il fut quelquefois injuste pour le travail de ses devanciers, il a du moins obligé tous ceux qui, depuis, sont venus ou revenus à la charge, à plus d’exactitude et de prenez-y garde qu’on n’en mettait auparavant. […] Ce démon du théâtre a pris la forme de l’amour pour mieux réussir, et c’est parce qu’il est amoureux de Madeleine Béjart déjà comédienne, que Molière se fait, dit-on, comédien à son tour. […] Son nom, dans tous les actes, précède toujours celui de ses associés ; en même temps qu’il est le plus brave au jeu, à ce que nous appellerions le feu de la rampe et devant le public, il prend vis-à-vis des siens, dans l’affaire commune, la grosse part de la responsabilité ; il souscrit pour tous des obligations, il s’engage, et finalement, les recettes étant insuffisantes, les fournisseurs n’étant pas payés, les obligations n’étant pas remboursées au terme préfix, Molière se voit un jour appréhendé au corps et mis en prison au Grand-Châtelet.
Il la considère comme la personnification la plus brillante de la classe moyenne bourgeoise, étouffée, et de cette élite intellectuelle qui aspirait à prendre son rang par son mérite. […] J’ai pris pour Tacite une sorte de passion ; je le lis pour la quatrième fois de ma vie avec un goût tout nouveau, je le saurai par cœur ; je ne puis me coucher sans en avoir savouré quelques pages. » Et elle redit la même chose dans ses Mémoires : « Il me semble que nous voyons de même (Tacite et moi), et avec le temps, sur un sujet également riche, il n’aurait pas été impossible que je m’exprimasse à son imitation. » Mais pourquoi imiter Tacite ? […] Il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit ; mais aussi je ne touche guère la plume depuis un mois, et je crois que je prends quelques-unes des inclinations de la bête dont le lait me restaure : j’asine à force et m’occupe de tous les petits soins de la vie cochonne de la campagne. […] On a d’elle, lorsqu’elle était encore jeune fille, c’est-à-dire avant son mariage, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, un Essai moral, une espèce de dissertation sur l’amour qui commence ainsi : « Je pense à l’amour et je prends la plume… Que prétends-je faire ? […] Chloé nous est présentée comme une personne d’une raison précoce, « d’un naturel docile mais pénétrant, cultivé par une éducation aisée et prudente, d’un esprit juste mais gai », d’une humeur enjouée et vive, sur qui les amorces qui s’adressent à la vanité ne prennent pas, mais dont le cœur peut se laisser gagner au vrai mérite et au charme d’un entretien spirituel et instructif ; une conversation « gaiement sensée ou finement badine » a des chances de lui plaire.
Au retour du printemps, dès que la terre ne suffisait plus à ceux qui en vivaient, dès que la famille humaine devenait trop nombreuse, un essaim de jeunesse prenait son essor et s’envolait à la découverte, à l’aventure, vers des pays ou le soleil s’annonçait plus beau. […] Duveyrier, en se consacrant à une vie de voyage et d’exploration africaine, a procédé graduellement et s’y est pris avec méthode. […] Non, ce jeune homme de dix-neuf ans, qui n’en a pas encore vingt-cinq aujourd’hui, et qui après un voyage de près de trois années et l’interruption d’une maladie des plus graves, a pu rédiger un livre de cette précision et de cette maturité, n’est pas un simple curieux intrépide, c’est un voyageur pris au sens le plus élevé du mot, qui joint à toutes les qualités physiques et morales qu’une telle vocation suppose toutes les armes et la provision de la science la plus avancée et la plus exacte. […] dit l’imberbe Othman, au grand étonnement de tous ; car, si les chrétiens se font la guerre, le commerce en souffrira. » — Le lendemain, une caravane, chargée de produits soudaniens, partait pour Tripoli et devait-en retour prendre des marchandises d’Europe. […] On prendra idée de ce pays de famine lorsqu’on saura qu’ils ont trouvé moyen de faire un aliment de la graine de coloquinte.
Joseph Bertrand voulant écrire pour le public, c’est-à-dire pour la moyenne des gens instruits, a éludé ce genre de difficulté autant que possible : il eût pu trancher davantage et mettre plus en relief et en vedette les résultats scientifiques, sauf au lecteur à ne prendre que ce qu’il en pourrait saisir ; il a mieux aimé accuser moins à nu les côtés sévères pour fondre plus couramment le ton de l’ensemble. […] Le poëte, le prédicateur, l’hiérophante prend feu et l’astronome n’est plus qu’à la suite. Tout en lisant le présent ouvrage où l’ancien élève de l’Observatoire de Paris a réuni, comme en se jouant, toutes les découvertes de la science la plus avancée et les a combinées avec d’autres idées moins précises à l’appui de ses hypothèses, je me suis pris pourtant à rouvrir Fontenelle dans son ingénieux livre de la Pluralité des Mondes, publié en 1686, une année avant que Newton donnât le livre immortel des Principes, et j’ai de nouveau rendu justice à ce philosophe supérieur qui avait sans doute quelques défauts de manière, mais qui voyait si juste et si loin quant à ce qui est du fond des choses. […] Je crois en effet que Fontenelle aurait pu tenir un peu plus à ses pensées ; mais ne le prenons pas trop au pied de la lettre, le sage et prudent philosophe. […] Racine a pu faire de jolies épigrammes contre le Fontenelle poëte et auteur de tragédies ; mais convenons que Fontenelle prend bien sa revanche par la philosophie et la pensée.
Mais, si nous en jugeons par les monuments écrasants de masse et imposants de solidité, par les montagnes des Troglodytes trouées comme des alvéoles de ruches humaines, par les temples de granit d’un seul bloc, par les pyramides, ces Alpes du désert élancées au ciel d’un seul jet, par les canaux creusés à main d’homme comme des lits au plus débordant des fleuves, par ces bassins intérieurs que tout le sable de l’Éthiopie ne suffirait pas à boire et que le percement de l’isthme de Suez s’efforce aujourd’hui de surpasser pour déverser trois mers en une et pour placer trois continents sous la main de l’Europe ; si nous en jugeons, dis-je, par ces gigantesques alphabets de pierre qui couvrent le sol de l’Égypte, sa littérature dut être aussi puissante que son architecture, car tous les arts prennent en général leur niveau dans une civilisation. […] Alors Pisistrate, général des Athéniens, désirant s’acquérir de la gloire et faire revivre les poèmes d’Homère, prit la résolution suivante. […] Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais. […] C’est de ce jour que le ruisseau obscur qui serpente entre les cyprès et les joncs autour du faubourg de Smyrne a pris un nom qui l’égale aux fleuves. […] Phémius avait, pour tout salaire des soins qu’il prenait de cette jeunesse, la rétribution, non en argent, mais en nature, que les parents lui donnaient pour prix de l’éducation reçue par leurs fils.
Après l’élévation, le prêtre nous fit approcher, et déployant sur nos deux têtes un voile noir, que l’enfant de chœur prit pour un linceul du condamné, il nous glissa à chacun un anneau dans la main et nous bénit en cachant ses larmes. […] On me prit pour la sœur d’un galérien et on me l’indiqua avec bonté. […] J’avais apporté sa zampogne, afin qu’on me prît pour un des zampognero des Maremmes qui viennent jouer dans les rues de Livourne pour consoler les pauvres galériens. […] Un soir, cependant, le chagrin me saisit tellement dans la nuit, que les douleurs me prirent. […] c’est lui, j’ai reconnu l’air, s’écria-t-elle, et, pâlissant comme si elle allait tomber à terre, ramassant l’enfant dans le berceau, elle le prit dans son sein, l’embrassa, et, s’échappant avec lui vers la porte, courut avec la rapidité de la pierre lancée de haut, au devant d’Hyeronimo !
Dans le procès de l’école libre devant la Chambre des pairs (septembre 1831), l’abbé Lacordaire prit la parole. […] C’est à l’aide de ces qualités mêmes, que quelques-uns nommeraient des défauts, qu’il prend d’autant mieux sur la jeunesse. […] Des hommes de haut talent, M. de Chateaubriand, M. de Maistre, M. de Lamennais (je ne les prends que par les ressemblances les plus générales), l’un à travers l’encens de la poésie, les autres par l’éclatante hardiesse des interprétations, avaient ressuscité pour les générations du siècle le christianisme, et l’avaient offert sous des aspects qui ne sont point assurément ceux auxquels nous avaient accoutumés les Fleury, les Massillon, les Bourdaloue. […] « Il ne s’agit pas de suivre les règles de la rhétorique, mais de faire connaître et aimer Dieu ; ayons la foi de saint Paul, ajoute-t-il, et parlons le grec aussi mal que lui. » Ici, pourtant, ne le prenez pas au mot. […] L’abbé Lacordaire réussissait depuis deux années à Notre-Dame, lorsqu’il prit un parti qui dut sembler singulier et extrême à ses amis, même les plus religieux : il quitta brusquement cette position toute faite et s’en alla à Rome pour y étudier, disait-on, mais en réalité pour s’y préparer à prendre l’habit de dominicain, et nous revenir de là avec la robe blanche du frère prêcheur.
Guizot a pris deux fois la parole, comme écrivain, depuis février 1848 : la première fois, en janvier 1849, par sa brochure, De la démocratie en France ; la seconde fois, ces jours derniers, par le Discours dont il s’agit, et qui est à double fin. […] Pourtant (et je le confesserai tout d’abord avec franchise, pour en être ensuite d’autant plus à mon aise), j’ai éprouvé un moment d’embarras en me voyant en demeure d’exprimer un avis direct sur un travail dont la portée est si actuelle, et, par suite, sur un homme considérable dont il y a tant à dire, et à qui on ne saurait se prendre à demi. […] Les personnages ne vivent pas d’une vie à eux ; l’historien les prend, les saisit, il en détache le profil en cuivre. […] Cette faculté merveilleuse d’autorité et de sérénité (pour prendre un mot qu’il affectionne), cet art souverain de conférer aux choses une apparente simplicité, une évidence décevante, et qui n’était que dans l’idée, a été l’une des principales causes de l’illusion qui a perdu le dernier régime. […] En France, c’est à d’autres instincts encore qu’il faut s’adresser, c’est à d’autres fibres qu’il faut se prendre pour tenir même le pays légal.
Elle le jugea du premier coup d’œil, le prit en dégoût, le quitta, essaya par moments de se remettre avec lui, en trouva l’ennui trop grand, et finit par se passer avec franchise toutes les fautes et les inconséquences qui pouvaient nuire à la considération, même en ce monde de mœurs relâchées et faciles. […] On prit fait et cause pour ou contre Mlle de Lespinasse ; en général, le jeune monde et la littérature, les encyclopédistes en masse furent pour elle. […] En écrivant ainsi, il ne se doutait pas encore que celle qu’il appelait une débauchée d’esprit allait se prendre pour lui d’une véritable passion d’esprit, et que cette passion chez elle deviendrait une passion de cœur, la seule peut-être qu’elle ait eue, et qui dura quinze ans, aussi vive le dernier jour que le premier. […] mon tuteur, prenez vite un flacon, vous êtes prêt à vous évanouir ; voilà pourtant ce qui vous arrivera, si je n’ai pas de vos nouvelles deux fois la semaine. […] Vous autres Anglais, disait-elle à Walpole, vous ne vous soumettez à aucune règle, à aucune méthode ; vous laissez croître le génie sans le contraindre à prendre telle ou telle forme ; vous auriez tout l’esprit que vous avez, si personne n’en avait eu avant vous.
Le père signe toujours Delharpe, et sur l’acte de décès d’une fille morte, âgée de dix ans, le 3 novembre 1751, il prend les qualités de gentilhomme et officier suisse. […] Un homme honorable, illustré depuis par une heure de grand courage, Boissy d’Anglas, son ami, prit la plume pour le défendre, et il écrivit, dans le Mercure de France du 20 février 1790, une lettre dans laquelle il rétablissait à l’honneur de La Harpe les faits qu’on dénaturait et qui se rapportaient à sa première jeunesse ou à sa naissance. […] Qui a pris soin de moi quand mon père et ma mère m’ont été enlevés ? […] Il disait, et je ne sais s’il le pensait, que le jeune auteur « avait pris un vol d’aigle dans Warwick ». […] Cette calomnie a été imprimée et accueillie de tout Paris avec l’intérêt que l’on prend au pauvre diable qui en est l’objet.