Jean Jacques Rousseau n’est venu que plus tard. […] Mais d’où vient-il ? […] Toutes les imperfections de Lamartine viennent d’elle. […] Qu’un rayon vienne, elle remonte au ciel. » Voilà l’image. […] L’âge vient, l’homme ne voit plus rien où se prendre.
Je viens, plus de cent ans déjà passés, vérifier les titres de sa paisible royauté. […] Avec quelle grâce et quel à-propos elle vient s’abattre au beau milieu d’une farce ! […] Le moment venu, il se glisse en bas, déterre la marmite et se sauve. […] …Je viens là-dedans de me laver les mains. […] Cette contradiction entre mille vient, à n’en pas douter, d’un parti pris contre Molière.
Elle s’en sert pour se défendre et pour protéger son fils ; c’est de sa vertu même qu’elle apprend l’influence de ses charmes et que lui vient la pensée d’en user. […] Racine, venu à une époque où les modes d’Espagne perdaient faveur, nourri dans une école où l’on pratiquait l’antiquité, s’attacha aux modèles du théâtre grec. […] Au second acte, Athalie vient d’interroger Joas. […] Après quelque conversation sur les auteurs alors à la mode, on en vint au dix-septième siècle et à Racine. […] L’heure de se retirer étant venue, je sortis avec un Français, ami fort ancien de cette famille, qui, à peine dans la rue, me dit : « Savez-vous ce que vous venez de faire ?
Gustave Larroumet Il n’est venu qu’assez tard à la poésie : « J’ai longtemps ignoré, dit-il, le poète qu’absorbait en moi l’opiniâtre travail du peintre. » Il adorait la poésie, il lisait avec enthousiasme : « La Fontaine, Racine, H. […] Après les vers, est venue la prose, puis les vers et la prose mêlés.
« Dès que Céphale m’aperçut, il me salua, et me dit : « Ô Socrate, tu ne viens guère souvent au Pirée ; tu as tort. Si je pouvais encore aller sans fatigue à la ville, je t’épargnerais la peine de venir ; nous irions te voir : mais maintenant c’est à toi de venir ici plus souvent. […] Mais, lorsque la discussion s’arrêta, et que j’eus prononcé ces dernières paroles, il ne put se contenir plus longtemps, et, prenant son élan comme une bête sauvage, il vint à nous comme pour nous mettre en pièces. […] « D’où viendraient toutes les dissensions qui naissent parmi les hommes à l’occasion de leurs biens, de leurs femmes et de leurs enfants, lorsque la matière de toute dissension sera ôtée ? […] Cette éducation ne sera terminée qu’à cinquante ans ; c’est une suite d’examens et d’épreuves qui viennent sans doute, dans l’esprit de Platon, des initiations d’Égypte et qui rappellent assez le mandarinat chinois.
Murray vint à Lochleven conférer avec sa sœur captive sur le sort du royaume et de Jacques, l’héritier enfant du trône. […] « Non, Madame, lui répondit Marie Stuart du château de Carlisle, je ne suis pas venue ici pour me justifier devant mes sujets, mais pour les châtier et pour vous demander vos secours contre eux. […] « L’on m’avoit, pensant me dégrader, fayt abattre mon days ; et, depuis, mon gardien m’est venu offrir d’écrire à leur royne, disant n’avoir fait cet acte par son commandement, mais par l’avis de quelques-uns du conseil. […] Aurait-on jamais cru qu’elle osât en venir à ces extrémités avec moi qui suis sa sœur, son égale, et qui ne saurais être sa sujette ? […] « Madame, nous venons vous consoler, dirent-ils en franchissant le seuil de la chambre. — Êtes-vous des prêtres catholiques ?
Hugo ; vienne l’homme qui inscrira son nom sur la colonne de la Révolution après ceux de Mirabeau et de Napoléon ! […] Victor Hugo assurent que le poète est venu, que ce troisième astre de gloire et de liberté a lui sur la patrie. […] Mais il a l’air de croire qu’elle s’est méprise dans son enthousiasme et que le véritable régénérateur de l’art n’est pas venu. […] Il lui vient l’ambition d’être comme Didier la voit. — Chose profonde : le croyant fait le Dieu ! […] Le poète qui vient d’ouvrir à l’imagination et au sentiment des voies nouvelles, révèle à la poésie française son harmonie.
C’est l’éloge qu’il en fait à Balzac, en l’invitant à s’y venir fixer ; peut-être parce qu’il n’a pas peur d’être pris au mot. […] Le doute de Descartes est l’état le plus actif : c’est une démolition, pièce à pièce, de tout ce qui est venu en son intelligence par l’imagination et les sens, sans l’assentiment de sa raison. […] Quel homme s’est rendu plus libre des opinions et des impressions du dehors, a mieux réussi à dégager sa pensée de tout ce qui ne lui était pas propre, ou ne venait pas directement de sa raison ? […] Ce grand nombre d’imitateurs ne rehausse pas la gloire du modèle ; il prouve tout au plus que ses défauts venaient du mauvais emploi qu’il a fait de grandes qualités, et que ses contemporains ont été médiocres. […] Voilà pourquoi les écrivains qui vinrent immédiatement après lui, quoique les plus originaux et les plus naturels de notre littérature, sont presque tous cartésiens.
Les jugements sont encore à venir. […] Permettez qu’avant d’en venir là il tende son chapeau à l’auditoire et fasse sa toute petite recette. Il abrège quand vient l’heure du souper. […] Il en est de même pour cette autre invocation au Diable que nous trouvons à la fin du deuxième volume de la Justice dans la Révolution : « Viens donc, Satan, viens, le calomnié des rois et des prêtres, que je te presse sur ma poitrine ! […] C’étaient ses pantoufles, et c’est ainsi qu’un jour l’y trouva Charles Grün, hégélien venu tout exprès d’Allemagne pour le voir.
Le fabliau vient-il de là ? […] La cour y venait d’arriver. […] D’où vint, d’où put venir cet excès d’injustice ? […] On ne vient plus en visite à Ferney, mais en pèlerinage. […] » C’était le 30 mars 1778 ; il venait d’entrer dans sa quatre-vingt-cinquième année.
Quelques secondes après, tout avait disparu, et la moitié d’une rame brisée vint s’échouer et clapoter à quelques pas de nous sur la grève. […] Il venait d’écrire son livre sur l’Indifférence en matière de religion. […] Il n’écrivait pas et il parlait peu ; mais c’est le seul orateur qui m’ait laissé l’impression de la souveraine éloquence, celle qui vient de l’âme, et qui va à l’âme parce qu’elle en vient. […] Ils venaient me demander l’hospitalité de quelques jours en allant en Suisse. […] … viens !
D’où vient que cette perception est conscience, et pourquoi tout se passe-t-il comme si cette conscience naissait des mouvements intérieurs de la substance cérébrale ? […] D’où vient qu’elle ne paraît pas être en soi ce qu’elle est pour moi ? […] Notre représentation des choses naîtrait donc, en somme, de ce qu’elles viennent se réfléchir contre notre liberté. […] La perception ressemble donc bien à ces phénomènes de réflexion qui viennent d’une réfraction empêchée ; c’est comme un effet de mirage. […] Ma croyance à un monde extérieur ne vient pas, ne peut pas venir, de ce que je projette hors de moi des sensations inextensives : comment ces sensations acquerraient-elles l’extension, et d’où pourrais-je tirer la notion de l’extériorité ?
Les nouveaux venus sont enlacés à leur tour par le passé et par la tradition. […] Et plus tard, son tour est venu aussi. […] C’est ainsi que le terrain sera prêt pour l’édifice à venir. […] Plus tard vient le procréateur. […] Femme, viens et unissons-nous !
Ouvrier faible, mais zélé, je viens apporter ma pierre ; je viens faire ma journée, je viens retirer du milieu des ruines ce qui n’a pas péri, ce qui ne peut pas périr. […] d’où viennent-elles ? […] D’où vient-elle ? […] Chacune d’elles mène à Dieu, parce qu’elle en vient. […] Le désir vient du besoin que l’homme ne fait pas, mais qu’il subit.
Mais, la besogne achevée, un autre scrupule m’est venu. […] Dans le tumulte des domestiques réveillés, il vient chez sa femme parce qu’il faut qu’on sache qu’il est venu une nuit chez sa femme. […] Comme il s’inquiète quand celle dont il est épris n’est point venue au rendez-vous ! […] Elles viendront bien tard. […] Il était venu me voir l’avant-veille du jour où le mal le prit pour ne plus le lâcher.
Mais vint Chénier, et puis Lamartine, et Hugo. […] Mais d’où viendra-t-elle ? […] De là vient son inquiétude. […] … — Venez déjeuner avec moi. […] Claude Debussy vint lui rendre une vie sonore.
Le poète se considère comme un Breton venu du Midi et qui y retourne… Sa poésie est toute pleine de bons sentiments qu’il propose, d’idées et de visées qui ennoblissent, d’images qui observent l’austère beauté. […] Georges Rodenbach Certes, les idylles de Marie demeurent le plus durable de son œuvre, mais son originalité lui vint aussi de son zèle à transposer dans ses poèmes toutes les choses de sa Bretagne natale : les noms, légendes, traditions, coutumes, jeux et croyances.
Manuel : l’un vient du fond d’une vie sincère, souvent troublée, mais plus forte que ses troubles, et d’une âme virilement attachée au devoir, défendue, par lui, contre les lâches défaillances ; l’autre vient, non plus de ces profondeurs émues de l’existence humaine, mais des hauteurs de la pensée pure, de ces sommets sacrés où l’esprit se sent plus voisin de l’infini.
Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs L’autre mois, le défenseur d’un de nos amis, expliquant aux assises de la Seine quelle variété d’opinion politique professait son client, le présentait comme un anarchiste littéraire ; ce littéraire venu à l’anarchie ne s’y sentait point dépaysé, retrouvant des confrères de notoriété, des camarades de talent. […] C’est d’ailleurs la seule voie pour eux ouverte ; car certain socialisme, qui a les sympathies de la jeunesse des écoles pour ce qu’il est une plate-forme moins foulée aux électorats à venir, ce socialisme est odieux à l’artiste qu’il enregimenterait, et plus seulement pour trois ans.
Quand la peste est répandue dans un pays, on forme un cordon de troupes, afin que rien ne sorte des lieux infectés, & ne vienne corrompre ceux qui n’ont pas encore senti la contagion. […] Si la Mettrie a donné, dans quelques-uns de ses Ouvrages, l’exemple monstrueux des derniers excès d’une absurde Philosophie, la Raison est venue du moins éclairer ses derniers momens.
Rendre sensible cette unité, telle devait être la pensée de celui qui au bout d’un siècle venait offrir à un public français un livre si éloigné par la singularité de sa forme des idées de ses contemporains. […] Le jour n’est pas loin sans doute où, le nom de Vico ayant pris enfin la place qui lui est due, un intérêt historique s’étendra sur tout ce qu’il a écrit, et où ses erreurs ne pourront faire tort à sa gloire ; mais ce temps n’est pas encore venu.
Quand l’idée philosophique vint à naître chez M. […] Ballanche, qui, de compagnie avec son père, s’occupait de réimpressions d’ouvrages classiques et religieux, d’une édition de la Poésie sacrée des Hébreux de Lowth, vint à Paris en 1801 ou 1802, quelques mois après la publication du Sentiment. […] Sous ces grands et magnifiques noms royaux, il figurait l’épopée domestique de la foule des hommes : la tentative d’épopée sociale devait venir plus tard dans l’Orphée. […] A la mort de son père, il avait hérité d’une modeste indépendance ; il vint à Paris pour pouvoir la contempler chaque jour à son aise jusqu’à son dernier soupir. […] Il est impossible de dire à quel degré de gêne il en serait venu si une sœur ne lui était morte peu après qu’il eut épuisé ses ressources, et ne lui avait laissé de quoi payer ses dettes et subsister.
En 1876, elles furent reprises, du 3 juin au 6 juillet : la répétition générale eut lieu les 6, 7, 8 et 9 août ; et, devant un public venu des extrémités de la terre, le 13 août, les représentations commencèrent de la Tétralogie. […] Friedrich Schœn, de Worms ; il était destiné à fournir les moyens, à des artistes ou amateurs pauvres, de venir aux représentations de Bayreuth. […] VIENNE 15 Mai. […] Victor Wilder, viennent d’être publiés, séparément, pour chant et piano, en deux tons. […] L’humanité à venir saura retrouver l’unité et un art synthétique.
À seize ans il vint les terminer à Paris, au collège d’Harcourt. […] Tous deux avaient leur entrée chez elle aux heures que le roi y venait jouer, et Mme de Maintenon était ordinairement présente à la lecture. […] Ils la rencontrèrent dans la galerie, et lui demandèrent pourquoi elle ne venait plus écouter leur lecture. […] Des mêmes ennemis je reconnais l’orgueil ; Ils viennent se briser contre le même écueil. […] Arme-toi, viens nous défendre : Descends, tel qu’autrefois la mer te vit descendre !
Mignet sont en partie redevenus libéraux et amateurs déclarés de la pensée, ils n’en sont pas encore venus à être philosophes au point de repousser le christianisme et de le combattre. […] Mais tout cela, d’abord, ne vint pas à la fois ni tout d’un coup ; ceux qui vivaient alors et qui parlent si bien aujourd’hui étaient les premiers à se plaindre des années mauvaises, des mauvais jours, comme on les appelait, du pouvoir oppresseur, et ne se cachaient pas de l’espoir qu’ils avaient d’en être délivrés. […] Ce sont là de ces traits un peu trop appuyés, qui font rire aux dépens des gouvernements les gens mêmes qui sont le plus en peine quand les gouvernements viennent à leur manquer. […] Il n’est pas exact non plus de dire que, vers la fin de ces leçons à huis clos, quand le professeur, qui était lent à s’animer, venait à déployer toute son étendue d’inspiration et toute sa veine, « il courût des frissons, comme il en descendait autrefois de la tribune politique dans la vaste assemblée où s’entretenait l’intelligence et où battait le cœur du pays ». […] L’humilité lui est venue.
La grande préférence païenne de Bossuet, si l’on peut ainsi parler, a été tout naturellement pour Homère, ensuite, pour Virgile : Horace, à son jugement et à son goût, ne venait que bien après. […] Bossuet vint à Paris pour la première fois en septembre 1642. […] Il commence avec grandeur et par une large similitude : Comme on voit que de braves soldats, en quelques lieux écartés où les puissent avoir jetés les divers hasards de la guerre, ne laissent pas de marcher dans le temps préfix au rendez-vous de leurs troupes assigné par le général ; de même, le Sauveur Jésus, quand il vit son heure venue, se résolut de quitter toutes les autres contrées de la Palestine par lesquelles il allait prêchant la parole de vie ; et sachant très bien que telle était la volonté de son Père qu’il se vînt rendre dans Jérusalem, pour y subir peu de jours après la rigueur du dernier supplice, il tourna ses pas du côté de cette ville perfide, afin d’y célébrer cette Pâque éternellement mémorable et par l’institution de ses saints mystères et par l’effusion de son sang. […] Un passage de ce discours en donne la date : à l’occasion des discordes civiles qui éclatent dans Jérusalem assiégée et qui font que ces insensés, en rentrant du combat contre l’ennemi commun, en viennent aux mains les uns avec les autres, Bossuet a un retour sur la patrie : Mais peut-être vous ne remarquez pas que Dieu a laissé tomber les mêmes fléaux sur nos têtes.
Les exaltations de cette première flamme, que des obstacles vinrent traverser, respirent dans ses premiers ouvrages, dans Les Dernières Aventures du jeune d’Olban, fragments des amours alsaciennes (Yverdon, 1777), et dans un volume d’Élégies en deux parties, également imprimées à Yverdon en 1778. […] Flatté de l’attention du célèbre petit-maître en poésie, que de loin on se figurait moins frivole qu’il ne l’était, il lui adressait de Paris où il était venu, à la date du 4 février 1778, la lettre suivante, qui accompagnait l’envoi de ses Élégies : Le jeune auteur d’un drame auquel M. […] Dans quelques-unes, on doit reconnaître le ton sauvage qu’inspire la vue des Alpes et de l’Apennin ; longtemps réfugié au sein de leurs glaces éternelles, je ne sais si je suis de mise au milieu d’une grande ville, et c’est avec quelque méfiance que je viens y porter un ton et des mœurs étrangères. […] Ici, pas plus que pour Le Jeune d’Olban, l’heure de la transplantation n’était venue. […] En ne considérant même ce pèlerinage que dans le sens philosophique, n’a-t-on pas quelques réflexions satisfaisantes à faire dans un lieu où la faible et souffrante humanité vient chercher des secours contre les maux de l’âme, un lieu que les consciences effrayées regardent comme un port assuré contre les orages qui les tourmentent, où l’infortuné dévoré de scrupules trouve contre des remords, peut-être imaginaires et factices, des remèdes sûrs, et par cela même précieux ?
Il dit : Mon ordre, mon cordon bleu ; il l’étale ou il le cache par ostentation ; un Pamphile, en un mot, veut être grand ; il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand. » Puis vient Saint-Simon, qui profite beaucoup du journal de Dangeau pour établir ses mémoires, pour en fixer bien des faits et en rajuster des souvenirs, mais qui se moque constamment et de l’œuvre et du personnage ; il achève de nous peindre Dangeau en charge, en caricature, tant il donne de relief à ses ridicules et tant il efface ses bonnes qualités : C’était le meilleur homme du monde, dit-il, mais à qui la tête avait tourné d’être seigneur ; cela l’avait chamarré de ridicules, et Mme de Montespan avait fort plaisamment, mais très véritablement dit de lui qu’on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ni de s’en moquer. […] Et à la Cour, car pour faire tant que de se figurer avoir vécu sous Louis XIV, c’est à la Cour qu’il faut aller, — à ce Versailles donc que d’embarras pour un nouveau venu du xixe siècle, que d’ignorances et de faux pas à éviter, que de pièges ! […] Sur ce fond tout uni et qui s’est dessiné en nous sans qu’on y pense, se viendront ensuite placer les scènes piquantes des divers témoins, les anecdotes et les aventures ; mais le tous-les-jours, ce qui fait qu’on se souvient d’une époque non par saillie et fantaisie, mais par cette imagination positive qu’on appelle la mémoire, c’est à lui plus qu’à tout autre qu’on l’aura dû. […] Ces vapeurs de Mme de Montespan lui viennent-elles de ce qu’elle apprend que le roi est encore malade, ou de ce qu’elle ignore encore si elle sera du voyage, grand écueil pour elle aux yeux de tous ? […] il devient sensible que Monseigneur, même les jours où il chasse, chasse moins longtemps ; il se promène plus volontiers à pied dans les jardins : « Jeudi 2 (mai 1686), à Versailles. — Monseigneur alla courre le loup dans la forêt de Livry, d’où il vint d’assez bonne heure pour se promener avec les dames. — Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola. » Et le samedi 4, deux jours après : « Mme la Dauphine se devait embarquer sur le canal avec Monseigneur, qui lui avait fait préparer une grande collation à la ménagerie ; la pluie rompit cette promenade-là ; Monseigneur ne laissa pas d’y aller avec Mme la princesse de Conti. » Et toujours le refrain de chaque jour : « Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola. » Eh bien, tout cela veut dire : Monseigneur, qui n’était jusqu’alors qu’un farouche Hippolyte et un chasseur de bêtes sauvages, s’est apprivoisé ; il y a auprès de la princesse de Conti et dans sa suite quelque beauté qui a opéré le miracle ; la Dauphine, qui est maussade, et qui vit trop seule, enfermée avec sa Mlle Bezzola, a contribué peut-être à cet éloignement, et, comme elle en est triste, elle va en parler plus que jamais avec cette même Mlle Bezzola.
Et Garat, « qui s’est fait député du Tiers, et qui va être de l’Académie : c’est un pauvre mérite que ce Garat » ; — et le Chamfort, quelle force bel et bien de rétracter une de ses atrocités sur une pauvre morte qui n’est plus là pour se défendre ; — et le Raynal, dont elle se prive très volontiers à la lecture : « Je ne connais que sa conversation, très fatigante, et ses prétentions, très satisfaites : mon âme est naturellement chrétienne, et tout ce qui me ferait perdre ce sentiment, si cela était possible, il m’est facile de m’en abstenir » ; — et Cérutti, qui avait alors son instant de lueur et jetait sa première et dernière étincelle : L’administrateur Cérutti vient d’achever sa rhétorique : il promettait beaucoup, il y a vingt ans ; il n’a pas fait un pas depuis ce temps-là. […] Ce n’est plus Rousseau qui vient, c’est Chateaubriand : il étonne, il trouble et bouleverse à son tour et les jeunes cœurs et les vieilles formes de langage ; il frappe les têtes, il séduit à tort et à travers, à droite et à gauche, et projette jusque dans les rangs de ses adversaires ses fascinations éclatantes. […] On n’est pas encore remis de la commotion violente produite par ces deux talents, et de l’imitation forcée qu’elle entraîne, que viendra Lamartine, cet autre enchanteur et fascinateur, suivi de bien d’autres : les Lamennais, les Sand, les Michelet… Ce n’est pas un crime que je leur fais, mais tout grand talent est presque nécessairement perturbateur d’atticisme. […] Ce sont les idées qui me venaient à l’esprit en lisant les lettres de Mme de Créqui à M. de Meilhan, et en réfléchissant sur cette ancienne société dont elles nous rendent un moment la note rapide et précise, le dernier mot aigu et arrêté. […] Plus rien de libre ni de léger ; comme chez les fabuleux Phéaciens, ce qui l’instant d’auparavant était le navire ailé qui allait et venait sans cesse et volait aussi vite que la pensée, s’était tout d’un coup changé en un rocher fixe, en une écrasante montagne qui barrait la vue et couvrait la ville d’effroi.
Beuvron, dès auparavant amoureux, en avait été quelque temps détourné, parce que « la légèreté qu’elle témoignait en toutes choses lui faisait appréhender de s’embarquer avec elle. » L’abbé Fouquet, le frère du surintendant, intrigant au premier chef, homme de sac et de corde, et qui avait la conduite la plus éloignée de sa profession, « s’était embarqué d’abord à aimer plus par gloire que par amour » ; mais le goût lui en était venu par degrés ; et il n’est bientôt plus question que de ses embarquements. […] Faux goût de pointe, d’épigramme, de galanterie froide, venu des derniers troubadours, et le plus contraire à l’imagination vraie et au génie de la poésie. […] Pour s’être donné le malin plaisir de faire un livre de Régence et de Directoire, qui est bien de la date où le surintendant Fouquet faisait collection de ses billets doux, et dressait une liste de ses bonnes fortunes, il manque le grand siècle, les guerres de Flandre, celle de Franche-Comté qui vient passer presque sous ses fenêtres ; tous ses compagnons d’armes y seront : « Il vient de passer dix mille hommes à ma porte (à la porte de son château de Bussy) : il n’y a pas eu un officier tant soit peu hors du commun qui ne me soit venu voir ; bien des gens de la Cour ont couché céans. » Vite il écrit au roi pour demander à servir cette campagne, et le roi impassible répond : « Qu’il prenne patience ! […] Paulin Paris trouvera de nouveaux renseignements à ajouter à ceux qu’on a déjà donnés ; la notice qu’il prépare ne viendra que dans le dernier volume, qui n’a point encore paru25.
Dans le volume que j’annonce et que je ne parcourrai point en détail, je saisis ce qui me paraît le mieux et le plus vrai, le personnage du duc de Bourgogne, de ce petit-fils de Louis XIV, l’objet de tant d’espérances, tant promis au monde, tant regretté et pleuré, et j’en viens parler à mon tour après M. […] Cette humeur étrange s’en va comme elle vient. […] Représentons-nous Fénelon lisant à haute voix cette lettre qu’il vient d’ouvrir, en présence du duc de Bourgogne et d’une ou deux des personnes attachées à son éducation, un matin, à déjeuner. […] Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Mais après les avertissements et les réprimandes, voici les satisfecit aussi bien imaginés, aussi bien tournés dans leur genre, et de la plus fine louange. […] Dans un bocage, au bord de l’Alphée, les deux oiseaux qui tout le jour chantaient, l’un ses anciens malheurs, l’autre ses plaisirs, aperçoivent un jeune berger qu’ils n’avaient point vu encore, et à l’instant tous deux, Rossignol et Fauvette, inspirés par les Muses, ils s’accordent à le célébrer dans un duo mélodieux : « Quel est donc ce berger, ou ce dieu inconnu, qui vient orner notre bocage ?
Le meilleur des hommes est celui qui trouve en soi et de lui-même la sagesse ; vient ensuite celui qui est capable de l’entendre et de la recevoir d’autrui. […] Mais ce n’est pas une raison pour ravir les biens ; attendons qu’ils nous viennent des dieux : n’acquérons que légitimement. […] Dans cette belle fable de Pandore, par où il commence, il avait déjà fait dire par Jupiter à Prométhée : « Tu es tout joyeux de m’avoir volé le feu et de m’avoir attrapé, long sujet de repentir pour toi et pour les hommes à venir ! […] Il est beau et glorieux sans doute (et vous l’avez très bien raconté) d’avoir reçu et vu s’asseoir à son foyer un duc de Malakoff, mais il ne serait pas mal non plus d’avoir convié et vu venir un jour votre illustre voisine du Berri, — ou quasi voisine, — George Sand. […] Bien entendu que les sacrifices que je demande à l’auteur seraient plus que compensés par de nouveaux tableaux qui lui viendraient et lui souriraient dans l’intervalle.
Il viendra un jour où le seul amour de la vérité animera des écrivains impartiaux. […] Un cours d’eau, détourné d’une source prochaine, vint par ses soins fertiliser ce jardin dont il devait jouir si peu. […] Il n’obligeait personne à y venir, mais il approuvait qu’on y assistât. […] … Ils viendront à ma rencontre… ils ressentiront encore une fois l’ivresse de la gloire humaine… Nous parlerons de ce que nous avons fait, nous nous entretiendrons de notre métier avec Frédéric, Turenne, Condé, César, Annibal… » Puis, s’arrêtant dans son rêve des Champs Élysées, dans sa vision d’Ossian, il ajoutait avec le sourire de l’homme qui, même tout près de l’agonie, sait maîtriser l’illusion : « À moins que là-haut comme ici-bas on n’ait peur de voir tant de militaires ensemble. » Il mourut le 5 mai, à six heures et demie du soir, au moment où le canon de l’île donnait le signal de la retraite et où le soleil se couchait dans l’océan. […] Et si l’on en vient au style tant discuté, tant contesté, qu’on me permette d’y revenir encore moi-même dans un dernier mot.
Là elle vient solitairement s’agenouiller, faire fumer l’encens, et adorer le dieu de l’infini, celui du Ciel et de l’Océan. […] La science lui est venue, par grâce infuse, avec la vertu. […] Sibylle venue à Paris, chez ses grands-parents maternels, y voit le monde, soupçonne, sans y entrer, le tourbillon de la capitale et le-juge très-bien ; elle écrit là-dessus de fort jolies pages. […] Dès qu’un de ses romans paraît chez son éditeur, il faut voir, nous dit-on, comme son public, à lui, se dessine ; d’élégantes lectrices viennent en foule et elles viennent en personne ; les équipages se succèdent : en général, on ne demande pas un, mais plusieurs exemplaires du roman nouveau.
Mais, il y a un peu plus d’une année, d’autres élèves, et d’une tout autre origine, lui sont venus et ont réclamé le docte office de sa parole. […] On sait cette énumération grandiose des victoires et conquêtes d’Auguste, qui se termine par ces simples mots : « … Les Indes recherchent son alliance ; ses armes se font sentir aux Rhètes ou Grisons… ; la Pannonie le reconnaît ; la Germanie le redoute, et le Weser reçoit ses lois : victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus : tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde. » Ici Bossuet arrive à sa région propre : on dirait qu’il va prendre l’essor, ou du moins l’aile s’entr’ouvre et se fait sentir ; mais il se réserve ; il attendra, pour se déployer, la seconde partie. […] J’avoue que j’admire cette première partie au moins autant que les deux autres. » Cette première partie ainsi expliquée, et les grands événements de l’histoire ancienne étant une fois distribués chronologiquement et par époques, de manière à venir se ranger, pour ainsi dire, « chacun sous son étendard,) » on est préparé et l’on n’a plus qu’à entrer avec Bossuet, le grand généralissime, dans ce qui fait l’objet principal et le vrai dessein du livre, à savoir les considérations sur la suite du peuple de Dieu, et sur celle des grands empires. […] Mais c’est à Moïse et à la loi écrite qu’il en faut venir, à ce degré de révélation de plus, et Bossuet y insiste de toute sa puissance et de toute sa hauteur. […] Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699.
Il y a une trentaine d’années, un poëte naturel, sorti des rangs du peuple, Jasmin, est venu remettre à la mode, étendre et comme renouveler cette flore du Midi, restée longtemps si morcelée et si locale : homme d’esprit et de sensibilité, artiste habile, acteur et poëte, vrai talent, il avait su, par ses heureuses combinaisons et par ses récitations chaleureuses, remettre en honneur le vieux patois, nécessairement altéré, et faire accroire un moment à toutes les populations du Midi qu’elles s’entendaient entre elles, puisqu’elles l’entendaient, lui, et qu’elles l’applaudissaient. […] Le poëte vieillissant a mis ses goûts à la raison ; il s’efforce d’accepter la loi du temps, de s’y soumettre sans murmure ; lui si fier de sa chevelure de jais, si épris dans sa jeunesse de la beauté réelle et sensuelle, il en est venu aux délicatesses morales, aux subtilités mortifiées ; il célèbre, il a l’air d’aimer les cheveux blancs ; il dira, par exemple : L’AMOUR PUR. […] C’est dommage, vraiment, que de telles strophes n’aient pas été faites il y a deux siècles, au lendemain de Malherbe : on s’en souviendrait peut-être ; mais elles viennent trop tard ; c’est trop de mots pour trop peu de sens : Ô Rose, en toi que l’amour rende Hommage aux fragiles destins ! […] Dans les jours de la Grèce antique, On te mêlait aux noirs cyprès ; Des Anciens le deuil poétique Par toi disait les longs regrets ; L’âme d’Achille consolée A son belliqueux mausolée Vit les Thessaliens venir, Parés de ta fleur solennelle : Leur deuil voulut montrer en elle L’éternité du souvenir. […] Anatole Leroy-Beaulieu, un nouveau venu sympathique, avec ses Heures de solitude ; et une ancienne connaissance, M.
Rejeton prédestiné entre beaucoup d’autres, il venait à temps. […] 67 Lorsque le petit-fils de Fouquet, M. de Belle-Isle, âgé de seize ans, vint à Paris, jeune homme de bonne mine, ayant « de l’esprit, du tact, les sentiments et les façons d’un vrai gentilhomme », grandement apparenté d’ailleurs, allié aux Lévis et aux Charost, l’intérêt de la société se porta sur lui ; on ne pensa à rien moins d’abord qu’à le faire entrer dans les mousquetaires du roi : on y réussit. […] Le comte de Gisors étudiait de près les hommes, les institutions ; il fut guidé et piloté à certains jours en Angleterre par Horace Walpole, qui garda de lui la meilleure idée, et qui, en apprenant sa mort, écrivait : « Je suis très chagrin de la mort du duc de Gisors ; il m’avait été recommandé quand il vint en Angleterre. […] 70 La triste bataille de Crefeld (23 juin), où les troupes firent si bien leur devoir, mais où elles furent si mal commandées, est exposée de point en point ; et, quoique le hasard de la guerre soit aveugle, on a quelque peine à ne pas mettre sur le compte du général en chef et de ses conseillers ou, comme on disait ironiquement, de M. l’abbé et de ses novices, cette mort du comte de Gisors qui n’était plus alors colonel de Champagne, mais qui venait d’être promu au commandement des carabiniers. […] Ces dames, qui sont sur la paroisse de Saint-Sulpice, allèrent trouver le curé de cette paroisse, qui est aussi celle de M. de Voltaire, et firent promettre à ce pasteur imbécile et aussi fanatique qu’elles de ne point enterrer M. de Voltaire s’il venait il mourir.
On vint lui contester le droit, à lui sénateur, d’écrire dans un journal qui n’avait ni couleur ni attache gouvernementale. […] Blondel, qui vint le voir au lendemain de sa querelle avec M. de Ségur-d’Aguesseau, au sujet de la nomination de M. […] Sainte-Beuve d’une amitié constante et qui ne s’est pas démentie un seul instant : la dernière fois qu’il vint le voir, c’était à la veille d’un départ pour Prangins ; il ne voulut pas partir sans lui dire adieu. […] Lorsque M. le docteur Phillips vint pour le sonder de nouveau en juillet 1869, il n’était plus temps. […] » — Et ici une parenthèse et une note se rapportant au critique dont il vient d’être question dans la lettre : « Il s’agissait, dit en renvoi M.
Un aveugle-né que l’on vient d’opérer demeure assez longtemps avant de pouvoir mettre d’accord les perceptions de son toucher et les perceptions de sa vue. […] Or, lorsque nous examinons de près l’idée d’une sensation et l’idée d’un mouvement moléculaire des centres nerveux, nous trouvons qu’elles entrent en nous par des voies non seulement différentes, mais contraires. — La première vient du dedans, sans intermédiaire ; la seconde vient du dehors, par plusieurs intermédiaires. — Se représenter une sensation, c’est avoir présente l’image de cette sensation c’est-à-dire cette sensation elle-même directement répétée et spontanément renaissante. […] Selon que sa représentation viendra du dehors ou du dedans, il apparaîtra toujours comme un dehors ou comme un dedans, sans que jamais nous puissions faire rentrer le dehors dans le dedans, ni le dedans dans le dehors. […] Les philosophes du xviie siècle, Leibniz et Malebranche en tête, avaient nettement aperçu cette conséquence et concluaient hardiment qu’il y a là une harmonie préétablie, l’accord artificiel de deux horloges indépendantes, un ajustement extrinsèque et venu d’en haut, un décret spécial de Dieu. — Rien de moins conforme aux méthodes de l’induction scientifique, car elles excluent toute hypothèse qui n’explique pas, et, comme on le montrera, le principe de raison explicative est un axiome qui ne souffre aucune exception157.
Le nouveau venu n’est pas plus heureux que les autres. […] Ce fils, devenu grand garçon, vient voir son père, « seulement pour le voir, pour le connaître. […] C’est ce pauvre aga Si-Sliman, décoré par erreur le 15 août, venu à Paris pour réclamer sa décoration, renvoyé de bureau en bureau et salissant son burnous sur les coffres à bois des antichambres, à l’affût d’une audience qui n’arrive jamais84. […] » les « doubles muscles » du même Tartarin, et presque tous ses mots : « Qu’ils y viennent Ça, c’est une chasse Des coups d’épée, messieurs, mais pas de coups d’épingle C’est mon chameau ! […] Ainsi nous revenons, après un long détour et sans nulle préméditation, au mot qui nous était naturellement venu en commençant l’examen des Contes.
C’était lors du premier voyage de Wilde à Paris où il était venu, précédé d’un renom de grand poète et qui ne fut qu’une longue suite d’ovations. […] La preuve en est que, quelques jours après, me rencontrant sur le boulevard des Capucines, au sortir de l’hôtel où il était descendu, il vint à moi de bonne grâce : « J’approuve, me dit-il, Moréas et son école de vouloir rétablir l’harmonie grecque et de ramener chez nous l’état d’esprit dionysien. […] Par quel mystère les éléments de cette matière friable qu’est le charbon en viennent-ils à constituer un bloc résistant, doué de privilèges spéciaux ? […] Le mot juste ne lui venait pas toujours qu’il remplaçait soit par le terme anglais, soit par un équivalent français, hasardé au petit bonheur, et dont le choix n’était pas toujours heureux. […] Ridé, long et maigre, dans ses vêtements floches, la chemise issant en bourrelet de son pantalon tire bouchonné, mais aussi chargé de joyaux qu’une châsse de basilique, il vint à nous et se fit charge de nous introduire.
Dans son malheur, il s’attacha aux Gibelins ; et comme en ce moment Henri de Luxembourg était venu se faire couronner à Rome, ce parti avait repris vigueur, et l’Italie était dans l’attente de quelque grande révolution : si bien que Dante conçut le projet de se faire ouvrir par les armes les portes de Florence. […] Renonçant enfin à tout espoir de retour, il se mit à voyager, parcourut l’Allemagne et vint à Paris, où, comme on l’a dit de Tasse, on assure qu’il travaillait à ses poëmes. […] Rousseau dit quelque part : « L’univers ne serait qu’un point pour une huître, quand même une âme humaine informerait cette huître. » Enfin c’est de là que semble venir la persuasion générale, que l’homme montre au dehors ce qu’il est au dedans, et que le visage est le miroir de l’âme. […] Il fait ailleurs une vive apostrophe à l’Empereur, qu’il appelle César tudesque, le conjurant de ne pas oublier son Italie, le jardin de l’Empire, pour les glaçons de l’Autriche, et l’invitant à venir enfourcher les arçons de cette belle monture qui attend son maître depuis si longtemps. […] C’est un des grands défauts du poëme, d’être fait un peu trop pour le moment : de là vient que l’auteur, ne s’attachant qu’à présenter sans cesse les nouvelles tortures qu’il invente, court toujours en avant, et ne fait qu’indiquer les aventures.
Rien n’est moins commode que de venir parler convenablement de ces livres, car Rabelais a de ces licences qui ne sont qu’à lui, et que la critique la plus enthousiaste ne saurait prendre sur son compte. […] Quoique Newton soit venu, et quoique M. […] Après cette petite leçon en plein air, viennent les leçons du dedans, trois bonnes heures de lecture ; puis les jeux, la balle, la paume, tout ce qui peut servir « à galamment exercer les corps, comme ils avoient auparavant exercé les âmes ». […] Après le repas viennent les cartes, mais c’est encore pour apprendre sous ce prétexte mille petites gentillesses et inventions nouvelles, qui toutes dépendent de l’arithmétique et des nombres. […] , et curé après avoir été moine, Molière venu dans un siècle où tout esprit libre avait à se garder des bûchers de Genève comme de ceux de la Sorbonne, Molière enfin sans théâtre et forcé d’envelopper, de noyer dans des torrents de non-sens, de coq-à-l’âne et de propos d’ivrogne son plus excellent comique, de sauver à tout instant le rire qui attaque la société au vif par le rire sans cause, et il m’a semblé qu’on aurait alors quelque chose de très approchant de Rabelais.
Ce Ducis, auteur dramatique, qui fut très contesté en son temps, mais qui réussit, somme toute, en dépit des résistances de Le Kain, des impatiences de Voltaire, des rudesses de Geoffroy, ce Ducis, qui fit couler bien des larmes sous Louis XVI, et que Talma, dans notre jeunesse, nous a ressuscité parfois avec génie, est aujourd’hui mort, ou à peu près mort ; et, s’il n’y avait que ce côté-là en lui, nous ne viendrions pas le tirer de ses limbes. […] Puis quand les émissaires du duc de Cornouailles arrivent, on essaie de le cacher, et Oswald, le chef de cette troupe, ne l’ayant point trouvé d’abord, dit au vieillard qui habite la caverne : « Si Léar vient te demander asile et un lit, refuse » ; ce qui dans le style de Ducis se traduit en ces incroyables vers : Si Léar, par ses pleurs, sous cette horrible voûte, Vient implorer tremblant, la nuit, saisi d’effroi, La grâce d’y fouler ces roseaux près de toi, Sois sourd à sa prière et demeure inflexible. […] Un sentiment de famille se mêlait sans cesse à cette joie chrétienne du solitaire, et venait la tempérer par quelques regrets : il se reportait à son enfance, aux années meilleures, à ses jouissances de fils, de père et d’époux : Les mœurs ne s’apprennent pas, c’est la famille qui les inspire. […] Les lettres qu’on a de lui mériteraient d’être recueillies à part dans un volume ; elles disposent à être moins sévère pour ses tragédies, elles y révèlent la trace de talent qui s’y noie trop dans le mauvais goût du siècle, et on en vient à reconnaître qu’avec tous ses défauts, et en usant d’une moins bonne langue, Ducis, dans la série de nos tragiques, va tendre la main à Rotrou par-delà Corneille.
Mme de Krüdener, qui n’était encore à cette date qu’une ambassadrice et une jolie femme, se mit à copier et à apprendre par cœur de longs passages d’Anacharsis ; Mme de Staël, qui venait d’écrire ses Lettres sur Jean-Jacques Rousseau et qui naissait à la célébrité, adressait à l’abbé Barthélemy, dans un souper, des couplets où résonnaient les noms de Sapho et d’Homère. […] Le coup d’œil général vient trop tard, et est faible. […] Si vous voulez faire parler Platon au Sunium (ce qui est difficile), inspirez-vous de lui à l’avance, remplissez-vous de son esprit et de ses formes ; et alors, si l’imagination vous le dit, parlez de source et en toute abondance de cœur, improvisez un moment ; mais ne venez point citer de mémoire des centons cousus ensemble de ses pensées. […] En attendant qu’il fût connu, et que ses élégies, confiées à l’amour ou à l’amitié, dussent se répandre après sa mort par la bouche des admirateurs, on avait, à la fin du xviiie siècle, un goût croissant et plus ou moins bien entendu pour l’antique : c’est ce goût et presque cette mode que le Voyage du jeune Anacharsis est venu servir et accélérer. […] » L’abbé Barthélemy devait avoir, au fond du cœur, moins de facilité à bien augurer de l’avenir : c’est lui qui avait écrit dans une lettre de Callimédon à Anacharsis, en parlant des préjugés et des superstitions populaires : « Mon cher Anacharsis, quand on dit qu’un siècle est éclairé, cela signifie qu’on trouve plus de lumières dans certaines villes que dans d’autres, et que, dans les premières, la principale classe des citoyens est plus instruite qu’elle ne l’était autrefois. » Quant à la multitude, sans excepter, disait-il, celle d’Athènes, il la croyait peu corrigible et peu perfectible, et il ajoutait avec découragement : « N’en doutez pas, les hommes ont deux passions favorites que la philosophie ne détruira jamais : celle de l’erreur et celle de l’esclavage. » Tout en pensant ainsi, il n’avait nulle misanthropie d’ailleurs, et n’était point porté à se noircir la nature humaine : « En général, disait-il, les hommes ont moins de méchanceté que de faiblesse et d’inconstance. » Les événements de la Révolution vinrent coup sur coup contrister son cœur, et détruire l’édifice si bien assis de sa fortune.
On arriverait ainsi à comprendre ce que c’est que l’esprit du savant, de quel point de vue il considère les choses, comment il associe les idées, comment il passe du connu à l’inconnu, comment il se trompe, comment il se corrige, comment il invente, et on pourrait tirer de là de grandes conséquences pour l’éducation même de l’esprit humain ; mais laissons là ces vues ambitieuses, et bornons-nous, quant à présent, à bien faire connaître le livre que nous avons sous les yeux, et qui vient enrichir d’une œuvre nouvelle cette histoire de la logique faite par les savants dont nous avons esquissé quelques traits. […] Venons d’abord aux critiques. […] Puis viennent les faits limitrophes, qui sont sur les confins de deux classes de phénomènes, et servent de passage de l’un à l’autre. […] Quant à l’idée elle-même, comment vient-elle naître dans l’esprit ? […] Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants.
L’esprit humain ne vient-il pas de traverser, sans en éprouver aucun retardement, tout le despotisme de Bonaparte, c’est-à-dire le despotisme le mieux conçu et le plus savant qui ait jamais existé, puisqu’il était décoré de la gloire militaire, toujours si séduisante pour les hommes, et qu’il avait forgé ses chaînes avec le secours de tous les arts et de toutes les industries d’une civilisation avancée ? L’esprit humain survit aussi aux catastrophes qui viennent quelquefois changer la face du globe. […] Mais ce que nous disons ici ne doit point être oublié, lorsque nous en serons venus à cette partie de notre examen. […] La haine pour les traditions juives a, dans ces derniers temps, jeté les hommes hors de bien des vérités, et, entre autres, hors de celle que nous venons d’énoncer. […] Le Tasse, qui parmi les poètes modernes a fait la seule épopée dont la conception se rapproche de l’épopée ancienne ; le Tasse vient ici nous offrir l’appui de son témoignage.
On peut faire sur une idée comme sur un jugement deux opérations, l’addition et la soustraction que nous venons d’appeler abstraction. […] Quelqu’un disait : « La métaphysique s’occupe à souffler des ballons ; la grammaire vient, et les crève avec une épingle. » Par quelle opération formons-nous ces jugements nécessaires et ces idées d’objets infinis ? […] La substance n’est donc pas quelque chose de réel, distinct et différent de ses qualités ; c’est par illusion qu’on se la représente comme une sorte de siège et d’appui sur lequel les qualités viennent se poser. […] J’analyse celle de qualité, et j’y retrouve ce que je viens d’y mettre, l’idée de substance L’axiome est formé. […] La question qu’on vient d’examiner est celle-ci : Où est la vérité ?
C’est du notaire de la famille que viendra le salut. […] D’où vient donc le malentendu ? […] Voici venir le buffle des buffles ! […] c’est joli de venir parler de ce que vous faisiez chez M. […] Alors la tête se releva pour voir d’où venait le rayon capricieux.
Et d’où venait-elle, cette tradition ? […] L’idée n’en pouvait même pas venir à Rimbaud. […] Mais les grammairiens sont venus comme les intendants. […] Savez-vous à qui il vient raconter cela ? […] Pâques et la Trinité sont venus.
D’aucun trait plus galant se peut-on souvenir ; Et ne dormait-on pas, s’il n’en eût fait venir ? […] le Docteur accorde le pas à la matière, Arlequin soutient le contraire, et le prouve en racontant qu’un cordonnier lui ayant cassé la tête d’un coup de forme, la matière ne vint que longtemps après. […] Molière instruit de cet aveu, lui écrit : « je vous envoie un ordre du roi, de l’argent, prenez la poste, venez me joindre ». […] Venez voir un tel, vous serez enchanté. […] Venez admirer un tel, vous dis-je, grâce à son talent, il n’a que vingt-cinq ans.
Puis vient la composition de la figuration, et son instruction orchestique, s’il y a lieu. […] C’est qu’en effet la suite de cette scène a la contingence de la vie : il pourra venir d’autres visiteurs, comme il pourra n’en pas venir. […] L’esprit n’est sollicité en rien à chercher un rapport entre cette scène et une scène subséquente qui ne viendra jamais. […] Dans l’Ami Fritz, c’est sur la ligne optique que Sûzel vient se jeter dans les bras de Fritz. […] Il vient d’apprendre la mort violente de Jocaste et d’entendre le récit lamentable de l’attentat d’Œdipe sur lui-même.
On y trouve aussi des coq-à-l’âne (« Sais-tu d’où vient ce mot ? […] Et d’où cette belle science enfin peut-elle être venue aux hommes ? […] — D’où vient cette boutade ? […] L’auteur dans le monde bourgeois vient d’abord se faire admirer. […] Henriette parle de ses enfants à venir ; elle vient d’en parler, elle en parle encore : Et ne supprimez point, voulant qu’on vous seconde, Quelque petit savant qui veut venir au monde.
Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit Quand on a longuement médité un sujet, et qu’on a reconnu les idées qui lui appartiennent, quand on a distribué ces idées selon leur importance particulière et leurs rapports mutuels, quand enfin on a mis par écrit tout ce qu’on avait conçu, et bien exécuté le plan qu’on avait arrêté, a-t-on fini sa tâche, et ne reste-t-il qu’à se reposer dans la joie de l’effort qui vient d’aboutir ? […] Cependant, si fastidieux qu’il soit d’insister encore, et de repasser par toute la route déjà faite, la perfection est à ce prix : il faut reprendre son travail phrase par phrase, mot par mot, juger l’ensemble et scruter le détail, pour redresser tout ce qui serait mal venu, et y apporter la correction nécessaire.
Je fonde l’École romane française, où viendront ceux à qui l’amour de notre langue gréco-latine fera jeter de superbes rameaux de renaissance littéraire et morale. […] C’est dans ce noble but que les poètes Maurice du Plessys, Raymond de La Tailhède, Ernest Raynaud, et le savant critique Charles Maurras sont venus à moi, non en « escorte », mais pour avoir trouvé dans mon Pèlerin passionné les aspirations de leur race et notre commun idéal de Romanité.
Les portraits qu’elles présentent tirent leur principal agrément de la Critique, & non de la Satire, comme ceux de quelques Poëtes comiques qui sont venus après lui. […] Il y a quinze jours que sa Blanchisseuse, à qui il devoit trente pistoles, vint les lui demander, en lui disant qu’elle en avoit besoin pour se marier à un Valet-de-chambre qui la recherchoit.
« Missa, dit-elle, voilà une panthère qui vient sur nous ». […] Puis j’irai prévenir Kéléké que tu viens d’être étranglée par une panthère et qu’elle est en train de te dévorer.
Le pouvoir absolu du peuple sur les langues s’étend sous un rapport à la législation : le peuple donne aux lois le sens qui lui plaît, et il faut, bon gré malgré, que les puissants en viennent à observer les lois dans le sens qu’y attache le peuple. […] Lorsque l’esprit humain s’habitua à abstraire les formes et les propriétés des sujets, ces universaux poétiques, ces genres créés par l’imagination (generi fantastici), firent place à ceux que la raison créa (generi intelligibili), c’est alors que vinrent les philosophes ; et plus tard encore, les auteurs de la nouvelle comédie, dont l’époque est pour la Grèce celle de la plus haute civilisation, prirent des philosophes l’idée de ces derniers genres et les personnifièrent dans leurs comédies.
Elle voudrait qu’il quittât Croisset, vînt résider auprès d’elle à Paris. […] Mais là encore il lui vient autre chose que ce qu’il avait espéré. […] Le coup, paraît-il, vient du ministre de l’Intérieur. […] » Elle est tout de même venue, et pas mal venue. […] Elle est venue pour mettre le pied sur la tête du serpent.
Je les puis détruire par plus de cinquante passages d’Hippocrate et de Galien à point nommé, et par l’expérience même… L’expérience ici ne vient pourtant qu’après les textes d’Hippocrate et de Galien. […] Une masse de remèdes pour le moins inutiles, dangereux souvent, d’une superstition traditionnelle, et très coûteux, venaient tout d’abord masquer la maladie au début, et en bien des cas l’accroître. […] Mais quand le roi fut mort et qu’on fut sous la bonne régente, la Faculté jugea que le moment était venu d’avoir raison du Gazetier que Richelieu n’était plus là pour protéger. […] J’ai à peine, dans tout ce qui précède, donne idée de Gui Patin, qui n’est nullement un homme tout d’une pièce ni un esprit d’une seule venue. […] Son humeur, ses rancunes, ses préventions, ses préjugés de corps, de classe, de pays et de quartier viennent à tout moment interrompre ses parties saines et bigarrer, en quelque sorte, ses fortes et brusques qualités.
Cette espèce d’incertitude et d’embarras, cette question qu’on s’adresse à soi-même pendant la lecture, vient à cesser et elle s’explique lorsqu’on a recouru, comme je l’ai dû faire, et comme M. […] Il était assez reçu autrefois que l’histoire devait être écrite en beau langage par quelque académicien, et qu’il fallait quelque abbé ou bénédictin de métier pour faire les recherches : on ménageait le bel esprit brillant et qu’on savait volontiers impatient de sa nature ; il ne venait qu’à la fin tout frais et tout reposé. […] Louis XI vient au monde ; il naît à Bourges dans le palais archiépiscopal le samedi 3 juillet 1423. […] Pourquoi omet-il ce trait qu’avait ajouté le docte abbé, et qui caractérise un goût de Louis XI : « Il fit venir ses livres de Dauphiné ? […] Duclos avait encore présentes certaines scènes de 1711, de 1712, et en avait gardé les poignantes émotions, comme nous avons eu celles de 1812 et de 1814 ; les victoires de Marlborough, les menaces et les outrageuses espérances du prince Eugène, l’épuisement de la France dans cette lutte extrême60, la carte du démembrement projeté, il rend cela avec nerf et dans un sentiment patriotique : c’est lorsqu’il en vient aux portraits des personnages qu’il s’en remet purement à Saint-Simon.
En définissant le genre de talent de La Motte, il va nous définir une partie de son talent à lui-même, ou du moins de son idéal le plus sévère, tel qu’il le conçoit : L’expression de M. de La Motte, dit-il, ne laisse pas d’être vive ; mais cette vivacité n’est pas dans elle-même, elle est toute dans l’idée qu’elle exprime ; de là vient qu’elle frappe bien plus ceux qui pensent d’après l’esprit pur, que ceux qui, pour ainsi dire, sentent d’après l’imagination. […] Et quand nous avons entendu ainsi Marivaux s’exprimer avec esprit et calcul, dans un style perlé et distillé, faire des mines charmantes et caresser chaque syllabe en y mettant une intention, n’allez pas lui dire, avec la plupart des critiques d’alors, qu’il n’écrit pas assez simplement, qu’il court après l’esprit, et autres reproches qui, au milieu des éloges, viennent tout d’abord à la pensée. […] Jouir d’une mine qu’on a jugée la plus avantageuse, qu’on ne voudrait pas changer pour une autre, et voir devant ses yeux un maudit visage qui vient chercher noise à la bonne opinion que vous avez du vôtre, qui vous présente hardiment le combat, et qui vous jette dans la confusion de douter un moment de la victoire ; qui voudrait enfin accuser d’abus le plaisir qu’on a de croire sa physionomie sans reproche et sans pair : ces moments-là sont périlleux ; je lisais tout l’embarras du visage insulté : mais cet embarras ne faisait que passer. […] Cette sœur est venue à Paris pour recueillir un héritage et y a conduit Marianne, âgée de quinze ans ; elle y tombe malade et meurt bientôt en apprenant la mort ou l’apoplexie du curé son frère, et voilà Marianne seule, sans ressources, sur le pavé de Paris, avec un comptant des plus minces et son joli visage. […] En sortant de l’église, Marianne, qui entend venir derrière elle un carrosse, se hâte, tombe et se foule le pied ; un jeune homme de qualité qui l’a fort remarquée à l’église, celui même à qui appartient le carrosse, se trouve là tout à point pour la secourir, pour la faire conduire chez lui à deux pas.
Au moment d’entreprendre ce passage, il en marquait les difficultés : « Ceci n’est pas une jonction, écrivait-il au roi ; pour cela il faut qu’une armée vienne au-devant de l’autre : c’est celle de Votre Majesté qui marche en Allemagne, pendant que celle de M. l’électeur est vers Passau, c’est-à-dire à près de cent cinquante lieues d’ici. » Enfin l’opération se fit et réussit parfaitement. […] Villars en était venu à se défier de la fidélité de l’électeur dans l’alliance, tant il le voyait indécis, mal entouré, et sollicité en sens contraire par sa famille et par ses proches ; il craignait d’un moment à l’autre une défection : « Cette bataille empêche un grand changement », écrivait-il à Chamillart au lendemain d’Hochstett ; et il ajoutait : Je crois devoir vous supplier, monsieur, de représenler à Sa Majesté qu’il est bon qu’elle paraisse entièrement satisfaite de la valeur de M. l’électeur, de celle du comte d’Arco, des troupes de M. l’électeur, bien que dans la chaleur du combat je n’aie pu m’empêcher de me plaindre un peu de leur flegme10. […] Marcin plus souple vint le remplacer, et à moins d’un an de là on s’aperçut trop de l’absence de Villars, lorsqu’on perdit la seconde bataille d’Hochstett sur le même terrain où il avait gagné la première. […] Nous verrons comme les affaires sérieuses se passeront. » Ces choses sérieuses ne vinrent pas. […] Il rêvait mieux, même dans son état de faiblesse ; il avait conçu cette fois l’idée du siège de Landau, qu’il savait, à un moment, dégarni d’artillerie et qu’il comptait prendre en dix jours, lorsque la nouvelle du désastre de Ramillies vint tout arrêter.
J’ai marqué les erreurs de l’abbé et de son ami : ce qu’il faut dire maintenant à leur avantage, c’est qu’ils pensaient par eux-mêmes, qu’ils voyaient clair là où leur vue portait ; qu’ils avaient raison contre ceux qui prétendaient trouver dans les poèmes d’Homère un dessein moral réfléchi, et de plus une règle et un patron de composition savante pour tous les poèmes épiques à venir ; c’est enfin qu’en forçant les adversaires à déduire leurs raisons et à débrouiller leur enthousiasme, ils hâtaient le moment où l’on saurait faire les deux parts, et où l’admiration pour Homère ne serait plus qu’une libre, une vive et directe intelligence de ses beautés sans aucune servitude. […] Je reprends les diverses pièces que je viens d’énumérer. — Dans sa Dissertation sur le poème épique, contre la doctrine de Mme Dacier (1717), l’abbé de Pons a raison sur presque tous les points, excepté un seul que nous dirons à la fin. […] La Dissertation de l’abbé de Pons amena l’aimable jésuite du Cerceau à le réfuter dans le Mercure du mois suivant, et à venir plaider la cause de la poésie et de la versification dans un article fort poli, assez juste, et où il s’applique à disculper les vers de ce reproche d’air gêné et d’affectation : Pour moi, observait-il assez finement, si j’ose dire ce que je pense, je m’en aperçois bien davantage (de cet air contraint) dans des ouvrages de prose, pleins d’esprit d’ailleurs, mais dont le style me paraît bien plus gêné et plus affecté que celui de la poésie. […] Fénelon s’est raillé de l’uniformité de la construction française : « On voit toujours venir d’abord un nominatif substantif qui mène son adjectif comme par la main. […] Ces riches rameaux des langues, venus et mûris sous tant de soleils, ont eu naturellement des fruits différents, et quelques-uns ont porté des fruits d’or.
Elle avait sept mois quand elle vint en France, et ne la quitta plus. « Je ne sais rien, disait-elle, de mon pays paternel ; je suis Anglaise, God bless the King ! […] Le meunier, couvert de farine, est venu voir pourquoi nous faisions ce bruit. […] Notre curé, sans être un érudit, n’en est pas moins un bon prêtre, et il me fait plaisir lorsqu’il vient manger des raisins avec moi. […] Évidemment, tout l’art de vieillir est de quitter, quand l’heure est venue, les désirs et les passions qui nous quittent ; de ne pas se faire une passion unique et fixe de celle qui n’a qu’un temps et ne doit avoir qu’une ou deux saisons ; de ne point opiniâtrer son imagination en arrière ; d’adoucir par degrés quelques-unes de nos passions, et de les terminer en goûts ; de saisir à propos, d’avancer, s’il se peut, quelques-uns de nos goûts derniers et durables et d’en faire presque des passions. […] Elle en était venue à dire, elle que nous avons vue si légère et toute propre au cortège de la reine des fées dans ce voyage de Plombières : Il n’y a point d’autre jeunesse que la parfaite santé et la vigueur d’esprit : quand on possède ces avantages, on est toujours jeune, lors même qu’on aurait cent ans.
Il fut un temps où, sous prétexte que l’esprit est au premier rang et que la matière ne vient qu’après, bien après, un homme qui lisait dans les livres et qui en faisait avait assez en dédain les artisans, si habiles qu’ils fassent : il se mettait sans façon au premier rang et dans une autre classe, naturellement supérieure. […] De projets de bonheur la calèche était pleine ; Nul ne sait quels regards venaient s’y caresser, Ni de quelle main blanche on ôtait la mitaine Pour cueillir un premier baiser ; Ni quelles voix ont fait de ces aveux qu’inspire L’ombrage parfumé des arbres défendus. […] Or, il s’agit de trouver, de ressaisir exactement ce propos, et à l’endroit le plus intéressant, le plus significatif. — J’ai vu ou entrevu autrefois en Suisse un bien savant homme et des plus sagaces, M. de Gingins ; il était sourd, mais complètement sourd, comme une souche ou un rocher ; de jour, dans le tête-à-tête, personne ne s’en serait douté ; il en était venu, à force de finesse, à deviner les paroles au mouvement des lèvres. […] fait le marchand, le bonheur ne joue pas, il calcule. » Le moine vient à son tour : — « L’heureux croit, mes frères, la beauté prie. » Mais tout à coup : — « Malédiction ! » — C’est la voix du maître qui vient effrayer les chanteurs. — « Malédiction !
Un jour vint et une heure, un moment social, non calculé, non prévu, général, universel, où il se trouva, — sans que personne pût dire ni à quelle minute précise, ni par quelle transformation cela s’était fait, — où, dis-je, il se trouva qu’une langue nouvelle était née au sein même de la confusion, que cette langue toute jeune, qui n’était plus l’ancienne langue dégradée et dénaturée, offrait une forme actuelle et viable, animée d’un souffle à elle, ayant ses instincts, ses inclinations, ses flexions et ses grâces : le français des XIe et XIIe siècles, cette production naïve, simple et encore rude et bien gauche, ingénieuse pourtant, qui allait bientôt se diversifier et s’épanouir dans des poèmes sans nombre, dans de vastes chansons chevaleresques, dans des contes joyeux, des récits et des commencements d’histoires, venait d’apparaître et d’éclore aux lèvres de tout un peuple. […] Il emprunte à tous les ouvrages du temps des témoignages et des descriptions qui viennent à l’appui de ses définitions techniques. […] L’ornementation, à laquelle aujourd’hui on sacrifie tout, ne vient qu’en seconde ligne, et elle doit, comme la disposition générale, tirer son caractère de sa destination. […] qui donc nous rendra une architecture originale, si elle est encore possible, celle de la société présente et à venir ? […] comment se débarrasser du malheur de venir si tard et d’avoir l’imagination encombrée de souvenirs ?
La misanthropie et l’orgueil qui venaient à la traverse, les perpétuelles discussions qui entrecoupent ses rêveries, le recours aux hypothèses hasardées, et, pour parler juste, un génie politique et logique, qui ne se pouvait contraindre, firent de lui autre chose qu’un poëte qui charme, inonde et apaise. […] Quand tout n’était que bouleversement et tempête, comment ce doux nid était-il venu à éclore sur la colline pierreuse ? […] La fortune, en effet, qu’il obtint plus tard de son chef par héritage d’un oncle, n’était pas près de lui venir, et, comme tous les fils de famille, il sentait quelque gêne de sa dépendance. […] Et de là nous viendront tes dernières moissons, Peinture, hymne, lumière immensément versée, Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée ! […] C’est donc aux Harmonies qu’il faut venir, pour le voir se déployer tout à l’aise, sans mélange ni entourage, dans l’effusion de sa grande manière.
D’ailleurs j’ai purement passé les jours mauvais, Et je sais d’où je viens, si j’ignore où je vais. […] Vinrent les Cent-Jours : les dissidences domestiques entre madame Hugo et le général s’étaient envenimées : celui-ci, redevenu influent, usa des droits de père, et reprit d’autorité ses deux fils, ce qui augmenta encore la haine des enfants contre le gouvernement impérial. […] » Tendre ami des Neuf Sœurs, mes bras vous sont ouverts ; Venez, j’aime toujours les vers. […] On sait comment son royalisme lui était venu : quant à la religion, elle lui était entrée dans le cœur par l’imagination et l’intelligence ; il y voyait avant tout la plus haute forme de la pensée humaine, la plus dominante des perspectives poétiques. […] C’était après la conspiration de Saumur : Delon, son ancien camarade d’enfance, venait d’être condamné à mort, et la police cherchait à l’atteindre.
Ampère en vint à s’établir définitivement au cœur de l’histoire littéraire comme en son domaine propre, il se trouva y apporter précisément cette faculté d’enchaînement, ce besoin instinctif des rapports et des lois, cette sagacité investigatrice des origines et des causes, dont son noble père avait fourni de si hautes preuves dans un autre ordre de vérités. […] Durant ces quatre ou cinq siècles, il a pu disposer, à travers son histoire, ses lignes ingénieuses de perspective, dont plusieurs viennent déjà aboutir, avec un imprévu piquant, à des extrémités visibles de notre histoire littéraire bien connue. […] Les luttes du gnosticisme se passaient au sein du Père en quelque sorte et remettaient en question Jéhovah ; celles de l’arianisme, qui viennent ensuite, s’agitent entre le Père mis hors de cause et le Fils, et comme au sein du Fils. […] Mais j’ai hâte d’en venir à un autre rapprochement que les érudits n’ont pas manqué de soulever, et que M. […] Dom Rivet, le digne janséniste, très-peu philosophe, extrêmement attaché, nous dit-on, aux convulsions en faveur desquelles il alla jusqu’à écrire, ne se doutait pas, en vérité, que cette histoire, qui débutait à Pythéas, venait finir à M. de Voltaire.
et si quelque chose de véritablement essentiel ou de piquant, d’original en un mot, est en jeu ; c’est à ce fond qu’il faut venir pour classer les œuvres et surtout les hommes. […] Dirait-on cela de Tite-Live, si Niebuhr, ce téméraire provocateur, n’était pas venu ? […] L’essentiel d’abord serait de former un bon corps d’histoire, d’établir les grandes lignes de la chaussée ; les perfectionnements viendraient ensuite. […] Que ce débris vienne du temps ou de l’homme même, c’est bientôt de loin la seule marque qui reste de lui. […] Dans les trois morceaux suivants, où le critique aborde des ouvrages plus ou moins historiques, il se disposait insensiblement à en venir aux portraits de quelques historiens contemporains.
Que sera-ce quand M. le duc d’Aumale en viendra au fils et au petit-fils du vainqueur de Rocroy ? […] A quinze ans il vient à Paris faire sa révérence au roi, se rend à Saint-Maur auprès de sa mère, « qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de voir souvent », et va rejoindre son père dans son gouvernement de Dijon, où il complète ses études. […] Mais la princesse, blessée par ces prescriptions, peut-être aussi trouvant que son fils « ne faisait pas d’assez bonne grâce son compliment aux dames », lui dit « qu’il n’était pas nécessaire de venir souvent ». […] Mais tout de suite après ce furieux noviciat, il tombe dangereusement malade. « Un instant on le crut fou. » Il en réchappe ; il vient à Paris. […] Alors, par une inspiration digne d’un grand capitaine, il avait arrêté ses escadrons, les avait reformés, puis, tournant brusquement en arrière de l’armée espagnole, était venu prendre en queue leur aile droite triomphante.
L’ame, indépendamment des plaisirs qui lui viennent des sens, en a qu’elle auroit indépendamment d’eux & qui lui sont propres ; tels sont ceux que lui donnent la curiosité, les idées de sa grandeur, de ses perfections, l’idée de son existence opposée au sentiment de la nuit, le plaisir d’embrasser tout d’une idée générale, celui de voir un grand nombre de choses, &c. […] L’art vient à notre secours, & nous découvre la nature qui se cache elle-même ; nous aimons l’art & nous l’aimons mieux que la nature, c’est-à-dire la nature dérobée à nos yeux : mais quand nous trouvons de belles situations, quand notre vûe en liberté peut voir au loin des prés, des ruisseaux, des collines, & ces dispositions qui sont, pour ainsi dire créées exprès, elle est bien autrement enchantée que lorsqu’elle voit les jardins de le Nôtre, parce que la nature ne se copie pas, au lieu que l’art se ressemble toûjours. […] Mais s’il faut de l’ordre dans les choses, il faut aussi de la variété : sans cela l’ame languit ; car les choses semblables lui paroissent les mêmes ; & si une partie d’un tableau qu’on nous découvre, ressembloit à une autre que nous aurions vue, cet objet seroit nouveau sans le paroitre, & ne seroit aucun plaisir ; & comme les beautés des ouvrages de l’art semblables à celles de la nature, ne consistent que dans les plaisirs qu’elles nous font, il faut les rendre propres le plus que l’on peut à varier ces plaisirs ; il faut faire voir à l’ame des choses qu’elle n’a pas vûes ; il faut que le sentiment qu’on lui donne soit different de celui qu’elle vient d’avoir. […] Souvent la surprise vient à l’ame de ce qu’elle ne peut pas concilier ce qu’elle voit avec ce qu’elle a vû. […] * La gloire de M. de Montesquieu, fondée sur des ouvrages de génie, n’exigeoit pas sans doute qu’on publiât ces fragmens qu’il nous a laissés ; mais ils seront un témoignage éternel de l’intérêt que les grands hommes de la nation prirent à cet ouvrage ; & l’on dira dans les siecles à venir : Voltaire & Montesquieu eurent part aussi à l’Encyclopédie.
Mais ses progrès avaient été si contrariés et si lents, sa marche si incertaine, que le jour où il lui vint comme un guide pour le prendre par la main et le pousser en avant, telle fut sa gratitude, qu’il ne songea plus à distinguer sa part dans l’immense progrès qui se fit tout à coup. […] La Réforme vint ensuite et, de même que la Renaissance nous rendait l’antiquité païenne, les luttes de la Réforme allaient nous rendre l’intelligence de l’antiquité chrétienne. […] S’il faisait venir d’Italie le Primatice, et s’il visitait Léonard de Vinci mourant, il laissait mourir en exil Marot. Tout ce que la protection royale peut avoir de plus efficace et de plus fécond vint donc de Marguerite. […] Quelques seigneurs, venus aux Pyrénées pour y prendre les eaux, s’y voient retenus par le débordement du gave béarnais.
Aussi, quelle que fût la valeur de ses premiers travaux en analyse mathématique, Condorcet en vint assez vite à n’être plus que le secrétaire le plus fidèle, l’interprète le plus élevé et le plus éclairé des travaux d’autrui. […] Quand on vient, comme moi, de lire les écrits du Condorcet révolutionnaire, non pas les écrits recueillis dans cette édition de famille, et les seuls dont M. […] Mais ce qui me frappe surtout chez Condorcet, et ce qui constitue sa plus grande originalité, c’est l’abus, c’est la foi aveugle dans les méthodes, c’est cette idée, si contraire à l’observation, que toutes les erreurs viennent des institutions et des lois, que personne ne naît avec un esprit faux, qu’il suffit de présenter directement les lumières aux hommes pour qu’à l’instant ils deviennent bons, sensés, raisonnables, et qu’il n’y a rien de plus commun, de plus facile à procurer à tous, que la justesse d’esprit, d’où découlerait nécessairement la droiture de conduite. […] Au sortir de ce livre terne et soi-disant consolateur, où pas une expression, pas une pensée ne vient, chemin faisant, dérider l’esprit et réjouir le regard, il faut bien vite ouvrir les Mémoires du cardinal de Retz et Gil Blas : ce sont les deux livres qui guérissent le mieux du Condorcet. […] Toutes les fois que le peuple en personne se met en communication avec l’Assemblée, Condorcet y applaudit : On sait, écrivait-il le 21 novembre 1791, que les séances du dimanche sont consacrées au saint et indispensable devoir d’entendre les pétitionnaires… L’Assemblée doit aimer à se sentir quelquefois électrisée par les expressions que l’enthousiasme d’un peuple libre et généreux vient porter dans le sein même de ses séances.
Ce n’est pas une réhabilitation que je viens tenter, mais il est bon de mettre des idées exactes sous de certains noms qui reviennent souvent. […] Ayant perdu son oncle, elle hésitait entre Rouen et Paris ; mais son frère, qui prenait rang alors parmi les auteurs dramatiques et dont les pièces réussissaient à l’hôtel de Bourgogne, la décida à venir s’établir dans la capitale. […] La vraie date de Mlle de Scudéry est à ce moment, à l’heure de la régence, aux beaux jours d’Anne d’Autriche, avant et après la Fronde, et sa gloire dura sans aucun échec jusqu’à ce que Boileau y vînt porter atteinte, en vrai trouble-fête qu’il était : « Ce Despréaux, disait Segrais, ne sait autre chose que parler de lui et critiquer les autres : pourquoi parler mal de Mlle de Scudéry comme il l’a fait ? […] Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu. […] Mlle de Scudéry approchait de la soixantaine lorsque Boileau parut et vint, dès ses premières Satires (1665), railler les grands romans et reléguer le Cyrus au nombre de ces admirations qui n’étaient plus permises qu’aux gentilshommes campagnards.
Thieriot venait de le féliciter d’avoir joint Ferney aux Délices, et d’avoir pied en deux endroits : Vous vous trompez, lui répond joyeusement Voltaire, j’ai quatre pattes au lieu de deux : un pied à Lausanne, dans une très belle maison, pour l’hiver ; un pied aux Délices, près de Genève, où la bonne compagnie vient me voir : voilà pour les pieds de devant. […] Au moment le plus vif de la contestation, il poussera la bouffonnerie et la parodie jusqu’à dire : « J’ai fait le bien pour l’amour du bien même, et le ciel m’en récompensera ; je vivrai longtemps, parce que j’aime la justice. » On ne peut tout dire en détail, et il faut bien en venir à la plus grosse et à la misérable affaire qui fit la rupture. […] Cette chétive affaire, qui vint couronner les autres, prit des proportions extrêmes par l’opiniâtreté de Voltaire et la mauvaise foi qu’il mit à défendre son dire. […] ce mot de curé nous dit tout : ce n’était qu’une autre passion chez Voltaire, qui venait à la traverse, et qui suspendait un moment l’autre passion moins forte et moins emportée. […] Et comme il était occupé, en ce temps, de son Commentaire sur Corneille : « Corneille, s’écriait-il, me reproche de le quitter pour des fagots. » Passant toutes les limites dans son invective contre le président, il en venait aux menaces : « Qu’il tremble !
Aussi la volonté a-t-elle la conscience continue de soi, sans que cette conscience, comme telle, ait une forme autre que celle qui lui vient des sensations résultant de son contact avec le monde extérieur. […] Mais la conception populaire de la volonté comme d’une faculté en opposition avec l’intelligence vient elle-même de ce sentiment obscur d’un tout continu de réactions, qui forment à chaque instant une seule réaction d’ensemble en un sens déterminé. […] Au lieu de prendre pour point de départ les sensations calmes et contemplatives des sens supérieurs, derniers venus dans l’évolution, il faut, au contraire, prendre pour élément primordial la sensation organique, profonde et générale, encore à peine différenciée dans des organes spéciaux. […] Nous ne pouvons avoir une idée du mouvement de notre oreille jusqu’à ce que notre oreille ait été mise en mouvement ; si, par la diffusion du courant nerveux, nous venons à être avertis du mouvement de notre oreille, nous serons en possession d’un certain plan de mouvement, que nous pourrons ensuite volontairement exécuter. […] La force motrice de Biran, qui viendrait s’ajouter aux idées et à la volonté même, comme un intermédiaire entre l’acte de conscience et le mouvement musculaire, est une pure entité.
Je viendrai à Paris faire abjuration entre vos mains. […] » Ma coutume est d’écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d’eux : vous verrez, quand vous daignerez venir à Ferney, les marges du Christianisme dévoilé chargées de remarques, qui prouvent que l’auteur s’est trompé sur les faits les plus essentiels. » (Correspondance gén. […] De là vient qu’il dit aux Corinthiens : « J’ai été au milieu de vous avec beaucoup de crainte et d’infirmité222 » ; d’où il est aisé de comprendre combien sa personne était méprisable. […] » Et d’où vient cela, chrétiens ? […] De là vient que nous admirons dans ses admirables épîtres une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles, ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte ses coups droit au cœur.
Et ils viennent, et ils se rangent en cercle, et ils jouent. […] Quant à la noblesse, qui dispose à *** de douze ou quinze voitures, c’est au pas solennel de ses chevaux caparaçonnés qu’elle va, vient et revient le long de la chaussée qui borde les Allées Neuves. […] Il vient à son tour, il s’approche, me demande le journal… nous causons ; et de Gazette en Charivari… Demain le secret de la grand-poche est à moi ! […] pensai-je… et Philarète Chasles sera bien content. » Le soir, le petit vieux ne vint pas au café, — le lendemain non plus. […] L’Anglais fait marcher ses bataillons carrés de guinées sur Paris, — et un jour viendra où quelque maître d’hôtel lui présentera les clefs de la France sur un plat à rôti.
D’où qu’elle soit venue, cette Révolution, — et Cassagnac va tout à l’heure nous montrer et nous entrouvrir le faible gland dont elle est sortie, — elle s’appuie sur toutes les forces révoltées du cœur humain, sur l’imbécillité de la raison, sur les monstruosités de l’orgueil, et voilà ce qui l’éternise ! […] Nous en sommes venus à ce point qu’il faut qu’elle disparaisse du monde, ou que le monde, tel qu’il est constitué, disparaisse. […] Les grandes sources sont donc fermées maintenant d’où l’on voulait que s’en vînt sur nous ce fleuve de sang et de fange, dans l’effronterie de sa hideuse majesté ! […] Telle est, ramassée en quelques mots, cette Histoire des Causes de la Révolution qui vient l’éclairer par en-dessous, qui nous la montre sous le vrai jour de ses événements intérieurs, et non à la lumière trompeuse et rétrospective des nôtres. […] Dirai-je que l’auteur — l’un des premiers journalistes de ce temps — est un de ces écrivains de grande venue qui touche enfin à la maturité de ses facultés ?
Pourquoi enfin le Rembrandt annoncé, le Rembrandt n’est-il pas venu ? […] Ainsi dans L’Invocation, qui est l’impuissance d’un cœur appelant à grands cris l’amour, l’amour qui nous soulèverait de cette morne vie, et qui ne vient pas ! […] Sainte-Beuve n’en avait-il pas annoncé publiquement la naissance et la venue en publiant, il y a des années, ses deux recueils officiels, — les Pensées d’août et Les Consolations ? […] À la désolation du Werther indécis qui agaça la languette de son pistolet, mais qui ne lira pas, à la sauvagerie hagarde du solitaire de la plaine crayeuse de Montrouge, qui, le soir Venu, s’apprivoisait sous les réverbères des faubourgs, a succédé la convenance sociale, religieuse et poétique, d’un faiseur de vers voués au blanc et qu’on peut donner sans inconvénient aux jeunes filles qui n’ont pas besoin d’être consolées… La seule convenance que je n’y trouve pas, c’est l’emploi abusif et presque insolent des images empruntées à ce que nos Évangiles ont de plus divin pour dire… quoi ? […] Si dans l’ombre et la paix leur cœur timide habite, Si le sillon pour eux est celui qu’on évite, Que guerres et périls s’en viennent les saisir, Ils ont chef Catinat, le héros sans désir !
Les passions souhaitées ne viennent pas. […] Elle vient amender la réalité. […] Vous venez, toujours original, de procéder autrement. […] À lire le récit de ces tristes années la pitié vient. […] Venu un peu tard à la prose, il sut écrire des romans sans analogue.
Les voici tels qu’ils sont venus au monde avec toutes les souillures baptismales. […] Je suis presque avec vous tous, bientôt j’y serai mieux encore. » Et il m’écrivait le 7 mai 1829 : « Adieu, mon ami, si vous n’avez pas embrassé mon Victor sur les deux joues, j’irai vous chercher querelle. » Je n’ai nullement dessein de publier les lettres de M. de Vigny toutes remplies de compliments et d’éloges pour moi : mais, puisqu’il niait en 4 835 le droit et la légitimité de ma méthode critique, je me contenterai de lui opposer ce passage d’une de ses lettres, du 29 décembre 1829 (je venais d’écrire dans la Revue de Paris un premier article sur Racine) : « Je suis distrait, et outre cela il m’arrive presque toujours d’être en présence de mes amis ce qu’est un amant devant sa maîtresse, si aise de la voir qu’il oublie tout ce qu’il avait à lui dire. Je ris encore en pensant que j’ai passé, il y a quelque temps, deux heures avec vous sans vous rien dire de votre bel article sur Racine, et je venais d’en parler toute la matinée à quatre personnes de différentes opinions, à qui je disais ce que j’en pense.
Aujourd’hui même le moment ne me semble pas encore venu pour chercher et pour donner la clef de cette organisation d’artiste et de poëte qui est assurément la plus extraordinaire et la plus inattendue qu’ait vue paraître la littérature française . […] Nous aurons un jour une république, et quand elle viendra, elle sera bonne. […] Hugo étant venu chez moi sans me rencontrer et m’ayant laissé sa carte, j’allai lui rendre sa visite le lendemain vers midi, et je le trouvai à déjeuner.
Venu à une époque philosophique, il n’a pu choisir que le point de vue du second ; venu après la plus complète et la plus irrésistible des révolutions humaines, il a dû, à l’exemple du premier, être tenté d’enchaîner toutes les phases des événements dans un système d’explications unique, universel, inflexible. […] Qualités et défauts, tout lui vient d’elle : forte et complexe, féconde en rapports nombreux qu’elle embrasse dans une merveilleuse symétrie, il la représente et la peint aux yeux par l’ordonnance sévère de ses formes et le mécanisme régulier de ses balancements.
C’est ce que fut cette appellation de citoyen dont on fit un terme égalitaire : une conception politique qui devait aboutir à substituer, plus fortement que ne l’avait fait le pouvoir royal, l’état à la cité, était mal venue à relever ce titre de citoyen, d’origine si particulariste, inventé naguère pour consacrer une distinction et un privilège. […] Il semble en effet difficile de faire honneur à l’antiquité, si pauvre sous ce rapport, de l’étonnant essor de l’esprit scientifique et il paraît plus équitable de voir, en cette manifestation de l’esprit où excellera l’humanité moderne, le fruit venu à maturité de la discipline et de l’ardeur intellectuelle du moyen âge. […] Les écrivains du xviie siècle réformèrent, la fausse conception que l’on s’était faite de nos nécessités verbales sous l’empire d’un enthousiasme aveugle ; les mots mal venus et qui n’étaient point en harmonie avec nos formes sonores furent en partie chassés du langage.
Méditant ce petit traité littéraire et didactique, il était encore dans cette mystérieuse ivresse de la composition, instant bien court, où l’auteur, croyant saisir une idéale perfection qu’il n’atteindra pas, est intimement ravi de son ouvrage à faire ; il était, disons-nous, dans cette heure d’extase intérieure, où le travail est un délice, où la possession secrète de la muse semble bien plus douce que l’éclatante poursuite de la gloire, lorsqu’un de ses amis les plus sages est venu l’arracher brusquement à cette possession, à cette extase, à cette ivresse, en lui assurant que plusieurs hommes de lettres très hauts, très populaires et très puissants, trouvaient la dissertation qu’il préparait tout à fait méchante, insipide et fastidieuse ; que le douloureux apostolat de la critique dont ils se sont chargés dans diverses feuilles publiques, leur imposant le devoir pénible de poursuivre impitoyablement le monstre du romantisme et du mauvais goût, ils s’occupaient, dans le moment même, de rédiger pour certains journaux impartiaux et éclairés une critique consciencieuse, raisonnée et surtout piquante de la susdite dissertation future. […] ; les autres par ceux-ci : La célébrité européenne que vient d’acquérir ce roman, etc. […] Il allait clore cette trop longue note, lorsque son libraire, au moment d’envoyer l’ouvrage aux journaux, est venu lui demander pour eux quelques petits articles de complaisance sur son propre ouvrage, ajoutant, pour dissiper tous les scrupules de l’auteur, que son écriture ne serait pas compromise, et qu’il les recopierait lui-même.
Toutes les ironies, les plaisanteries & les critiques de Socrate, vinrent bientôt à la connoissance d’Aristophane. […] On y voyoit Socrate enflé de vaine gloire, chantant ses propres louanges ; répétant sans cesse qu’il étoit initié dans tous les secrets de la nature ; qu’il étoit envoyé des cieux pour éclairer la terre ; que la jeunesse vînt à lui pour s’instruire ; qu’il avoit une méthode à laquelle étoient attachées la gloire & la félicité des générations à venir.
Alors, s’il vient à être subitement soustrait à la cause excitante, il tend à regagner son état normal par une marche analogue à celle d’un ressort qui, écarté de sa l’orme d’équilibre, revient à cette forme par des oscillations décroissantes, en vertu desquelles il la dépasse alternativement en deux sens opposés… De là des phases dont les unes sont de la même nature que la sensation primitive et peuvent être appelées les phases positives, tandis que les unes sont de nature contraire et peuvent être appelées négatives. » Or, suivant M. […] Étant donnée une série d’états ou de modifications, chacune contenant quelque chose de la précédente, et la dernière les renfermant toutes, vient une nouvelle sensation. […] Je ne sais si je comprends bien l’hypothèse que je viens d’exposer, mais il me semble qu’elle représente d’une manière bien peu satisfaisante les phénomènes de la mémoire.
1° Les premiers principes de la métaphysique ou de la distinction des deux substances : de l’existence de Dieu, de l’immortalité de l’ame et des peines a venir, s’il y en a ; 2° la morale universelle ; 3° la religion naturelle ; 4° la religion révélée. […] Elle pense que la crainte des peines à venir a beaucoup d’influence sur les actions des hommes, et que la méchanceté que la vue du gibet n’arrête pas, peut être retenue par la crainte d’un châtiment éloigné. […] Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement.
Oubliant pour un moment ses petites compositions qui me fourniront des choses agréables à lui dire, j’en viens tout de suite à son tableau de la Piété filiale, qu’on intitulerait mieux : De la récompense de la bonne éducation donnée. […] Devant lui, du même côté, son gendre vient lui présenter des aliments. […] Je jure que ce portrait est un chef-d’œuvre qui un jour à venir n’aura point de prix.
D’où vient cette fureur générale de galanterie ? […] A-t-on crié dans les rues un édit qui promette un intérêt décuple à un capital ; l’enfant de la maison pâlit ; l’héritier frémit ou pleure ; ces masses d’or qui lui étaient destinées, vont se perdre dans le fisc public, et avec elles l’espérance d’une opulence à venir. […] Regardez avec le même œil des êtres à venir qui sont à la même distance de vous.
On voit fréquemment dans la campagne de Rome un phénomene qui doit obliger de penser que l’altération de l’air y vient d’une cause nouvelle, c’est-à-dire, des mines qui se seront perfectionnées sous la superficie de la terre. […] Une autre preuve de ce que je viens d’avancer, c’est que dans la partie de la province de Hollande qui a fait une portion du païs des anciens frisons, on trouve souvent en faisant les fondations, des arbres qui tiennent encore au sol par les racines quinze pieds au-dessous du niveau du païs. […] Après tout ce que je viens d’exposer il est plus que vrai-semblable, que le génie particulier à chaque peuple, dépend des qualitez de l’air qu’il respire.
Quand l’archiduc Albert entreprit le fameux siege d’Ostende, il fit venir d’Italie pour être son principal ingénieur, Pompée Targon le premier homme de son temps dans toutes les parties des mathematiques, mais sans expérience. […] Ce grand capitaine n’avoit étudié aucune des sciences capables d’aider un ingénieur à se former, quand le dépit qu’il conçut, parce qu’un autre noble genois lui avoit été préferé dans l’achat du palais Turfi de Genes, lui fit prendre le parti de venir se faire homme de guerre dans les païs-bas espagnols en un âge fort avancé, par rapport à l’âge où l’on fait communément l’apprentissage de ce métier. Lorsque le grand prince De Condé assiegea Thionville après la bataille de Rocroi, il fit venir dans son camp Roberval, l’homme le plus sçavant en mathematique qui fut alors, et mort professeur roïal en cette science, comme une personne très-capable de lui donner de bons avis sur le siege qu’il alloit former.
Les solides eux-mêmes, ils les réduisaient aux chairs, viscera [vesci voulait dire se nourrir, parce que les aliments que l’on assimile font de la chair] ; aux os et articulations, artus [observons que artus vient du mot ars, qui chez les anciens Latins signifiait la force du corps ; d’où artitus, robuste ; ensuite on donna ce nom d’ars à tout système de préceptes propres à former quelques facultés de l’âme] ; aux nerfs, qu’ils prirent pour les forces, lorsque, usant encore du langage muet, ils parlaient avec des signes matériels [ce n’est pas sans raison qu’ils prirent nerfs dans ce sens, puisque les nerfs tendent les muscles, dont la tension fait la force de l’homme] ; enfin à la moelle, c’est dans la moelle qu’ils placèrent non moins sagement l’essence de la vie [l’amant appelait sa maîtresse medulla, et medullitùs voulait dire de tout cœur ; lorsque l’on veut désigner l’excès de l’amour, on dit qu’il brûle la moelle des os, urit medullas]. […] Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour. […] L’héroïsme galant des modernes a été imaginé par les poètes qui vinrent bien longtemps après Homère, soit que l’invention des fables nouvelles leur appartienne, soit que les mœurs devenant efféminées avec le temps, ils aient altéré, et enfin corrompu entièrement les premières fables graves et sévères, comme il convenait aux fondateurs des sociétés.
Personne n’était encore venu pour apprendre à bien douter. […] Quant, aux principes, ils viendront quand ils pourront. […] Sa lumière ne lui vient pas d’un nouveau raisonnement, mais d’un nouveau sens. […] Il se peut que j’en vienne à partager votre sentiment ; mais d’abord je voudrais le connaître. […] Il venait d’acheter une charge de trésorier à Caen, lorsque Bossuet le fit venir à Paris pour enseigner l’histoire à Louis de Bourbon, petit-fils du grand Condé.
Elle vient, elle aussi, de ce que nous transportons à la spéculation un procédé fait pour la pratique. […] En fait, la matière y vient surajouter son vide et décroche du même coup le devenir universel. […] D’où vient cette détermination ? […] D’où vient, en d’autres termes, que tout n’est pas donné d’un seul coup, comme sur la bande du cinématographe ? […] Alors, comme la succession à venir finira par être une succession passée, nous nous persuadons que la durée à venir comporte le même traitement que la durée passée, qu’elle serait dès maintenant déroulable, que l’avenir est là, enroulé, déjà peint sur la toile.
La forte séve qui, plus haut, s’en va mûrir et se transformer merveilleusement sous un soleil dont les rayons ne viennent pas également à chacun, on la voit sortir et monter de cette terre qui est notre commune mère à tous. […] On avait fait de Mirabeau de brillantes et fantastiques peintures ; Dumont venait qui remettait deux ou trois verrues à leur place sur ce grand visage, et il a été honni. […] Lucas-Montigny qui vient, après trente années de soins, d’examen pieux et de collations scrupuleuses, instruire de nouveau ce grand procès, en appeler des jugements antérieurs, et, avec une quantité de pièces précieuses en main, tenter la réhabilitation de cette renommée qui est pour lui domestique. […] Oui, certes, les grands hommes qui aboutissent sont marqués, je le crois, par la Providence et peuvent se dire en ce sens prédestinés ; mais toutes les graines de grands hommes n’éclosent pas, ou du moins toutes ne viennent pas dans les circonstances propres à les faire valoir. […] Ceux-ci n’osaient venir toucher leurs redevances, et ils attendirent qu’il fût mort pour réclamer de sa veuve les arrérages qui montèrent à 50,000 francs à la fois.
Cette manifestation, couvée depuis longtemps, vient d’éclore. […] Cependant le Suprême Enchantement n’est pas encore consommé : un labeur opiniâtre et jaloux sollicite les nouveaux venus. […] Mon embarras vient surtout de ce que je ne sais pas exactement ce que c’est que le symbolisme. […] Les symbolistes attendaient qu’en ses vieux jours ce poète savant et charmant chantât, à leur venue, le cantique de Siméon. […] Ses adversaires eux-mêmes ont été tentés de lui venir en aide et de lui citer Les Milésiennes, La Célestine, les Picaresques.
On le met à part : l’idée de disputer à La Fontaine le prix de son art, ou même de se faire compter après lui, n’est venue à personne, pas même aux gens d’esprit qui se sont crus fabulistes. […] La fable appartient à La Fontaine comme la comédie à Molière : l’idée en est venue après la chose. […] Je ne parle ni de Lessing, ni de l’Allemagne : c’est un pays d’où il nous est venu des attaques même contre Molière. […] Pour arriver à sa vraie pensée, pour se trouver lui-même, il fallait que le goût vînt lui donner du doute sur ce qu’il avait écrit dans cette première faveur de l’esprit pour ce qu’il vient de produire. […] L’idée lui en vint, comme on sait, d’une grande dame de la cour, fort voluptueuse, laquelle ne se plaisait qu’aux écrits qui lui présentaient des images de sa vie galante et en prolongeaient ainsi les plaisirs.
alors viennent expirer comme aux pieds de cette incarnation, non sans qu’un lien certain les apparente ainsi à son humanité, ces raréfactions et ces sommités naturelles que la Musique rend, arrière prolongement vibratoire de tout ainsi que la Vie. […] J’ai entendu les Maîtres chanteurs à Londres, fort bien interprétés par les chanteurs de Münich et de Vienne et par un orchestre que dirigeait Richter, et l’indifférence des femmes décolletées et des hommes en habit venus là pour la mode, m’a gâté mon plaisir. […] L’époque souhaitée est venue : les Fêtes, annoncées depuis plusieurs mois, commencent : les Représentations du théâtre Bayreuthien sont reprises, et, de tous côtés, les Fidèles, quittant, chacun, leurs occupations ordinaires, s’en vont, là bas, à Bayreuth. […] Brunnhilde, scène finale de L’Anneau du Nibelung bt La dernière journée va être achevée : l’heure est venue, pour le Crépuscule des Dieux. […] Celle que vous, tous, avez trahie, sa femme s’en vient pour la vengeance. » Elle s’approche, calme.
. — Les quatre premières représentations du mois d’août viennent d’avoir lieu, avec le même succès que les précédentes. […] Sur la scène on a mis également l’électricité ; la rampe n’a plus qu’un rôle très restreint ; la lumière vient principalement d’en haut. […] Mort de Liszt Liszt était arrivé depuis quelques semaines à Bayreuth : il venait du château de Colpach en Luxembourg où l’avaient reçu M. et Madame de Munkacsy. […] Ensuite vinrent les pénibles années qui vont de l’automne 1859 à l’été 1864, les années de Tannhaüser à Paris, des éternels projets de Tristan à Vienne, des tournées de concerts en Russie, etc., et qui conduisirent le maître à un état de dénuement tel, que, littéralement, il n’avait plus de quoi manger. […] Tu fus Hérodiade, tu fus tant d’autres femmes, Gundryggia là-bas, Kundry ici : Viens, viens donc, Kundry !
Mais Wagner y tenait furieusement ; et l’on sait qu’il se fâcha avec le baron de Hülsen, qui, un jour qu’il était venu exprès à Wahnfried lui proposer de représenter le Ring, lui demandait la suppression du « bétail ». […] En même temps que l’ensemble grandit, chaque détail grandit, et d’autres illusions viennent s’ajouter à la première. […] C’est de cette région bienheureuse qu’est venu Lohengrin, le chevalier au cygne, le fils de Parsifal. […] Ainsi, le bonheur reposait sur la confiance, sur la foi ; mais le doute est venu : le doute a tué l’amour, et avec l’amour le bonheur. […] Mapleson vient d’annoncer pour sa prochaine saison ; Orfeo, Nozze di Figaro, Flauto Magico… Et ainsi de suite.
Tel mouvement de l’esprit humain a eu déjà ses phases complètes en Angleterre ou en Allemagne quand il vient se reproduire et trop souvent s’exagérer en France. L’école réaliste par exemple, dont un roman nouveau vient remettre en cause les étranges prétentions, cette école assez bruyante, et qui proclame si fièrement son indépendance, sait-elle bien d’où elle vient ? […] Presque toujours, comme ici, le point de départ est juste, et l’arrangement, l’explication, l’amplification viennent tout détruire. […] Nous prions le lecteur de nous pardonner une discussion de cette nature ; mais puisque de telles choses sont proposées à notre administration, il faut bien expliquer d’où viennent nos répugnances. […] Les prétendus acteurs que l’écrivain met en scène ne sont pas de chair et de sang, ce sont de misérables marionnettes qui vont et viennent à sa fantaisie et auxquelles il fait exécuter toute sorte de grimaces et de contorsions.
Certain quaker, personnage non moins essentiel de la pièce, venait compléter cette morale naturelle de Betty et empêcher à temps l’ingrat Belton de la sacrifier, ce qu’il était bien près de faire. […] Avec une pension sur le Mercure, une autre sur les Menus, une place de secrétaire des commandements du prince de Condé ou de lecteur du comte d’Artois, une place de secrétaire de Madame Élisabeth (car Chamfort eut tout cela), avec une place à l’Académie où il arriva en 1781, avec un logement que M. de Vaudreuil lui donna dans son hôtel, rue de Bourbon, on se disait : « M. de Chamfort a une position faite, il a de quoi vivre ; qu’il vienne donc dans le monde, que nous en jouissions, et que son charmant et malin esprit nous amuse ! […] Tant d’amertume, toutefois, ne saurait venir d’un esprit sain ni d’un homme bien portant. […] Il n’épargne pas plus les gens de lettres ses confrères qu’il n’a épargné la société et la nature : Au ton qui règne depuis dix ans dans la littérature, la célébrité littéraire me paraît une espèce de diffamation qui n’a pas encore tout à fait autant de mauvais effets que le carcan, mais cela viendra. […] Son œil bleu, souvent froid et couvert dans le repos, lançait l’éclair quand il venait à s’animer.
Viens donc ; et de ce bien, ô douce Volupté, Veux-tu savoir au vrai la mesure certaine ? […] On ne les viendrait point interrompre, ils écouteraient cette lecture avec moins de bruit et plus de plaisir. […] Quand le moment viendra d’aller trouver les morts, J’aurai vécu sans soins et mourrai sans remords. […] Je vous vois très bien venir ! […] D’où viennent ces noirceurs, dessus un front si doux ?
Le lion dit, pensant rugir : « Je n’ai pas la tête si folle ; Moi renoncer aux dons que je viens d’acquérir ? […] Tu t’en viens me traiter de bête carnassière ; Toi qui parles, qu’es-tu ? […] Voilà, un peu mêlés, les défauts et les qualités que La Fontaine voit dans un certain nombre d’animaux, mais c’est surtout sur les défauts que je viens d’insister. […] Ce qui vous intéressera peut-être, c’est que là où La Fontaine n’a pas parlé, ou a peu parlé d’une qualité des animaux, c’est Pascal qui vient, en quelque sorte, à son secours et qui le complète. […] Ensuite vient l’histoire exacte des castors, des castors qui, non seulement ont l’instinct animal, l’instinct proprement dit animal, mais l’instinct social, qui ont une hiérarchie dans les cités qu’ils édifient.
Et d’où venait cette infortune ? […] Cousin vient aujourd’hui présenter à nos admirations. […] Venue à une époque de trouble, de mouvement, d’anarchie, elle se jeta de premier bond et d’entêtement dans tout ce qu’une pareille époque eut de plus fou et de plus avorté. […] N’est-ce pas elle qui, cachant une lettre dans sa gorge, disait à Louis XIII par défi : « Venez donc l’y prendre ! […] Que pourrait-il prendre, en effet, et qui pourrait venir dans la galerie des types effacés et des figures décolorées qu’il aime à repeindre, après Mme de Hautefort, cette femme d’un effacement si complet ?
Certes, si l’on voulait marquer les deux extrêmes d’élévation et de bassesse chez un peuple poli, on ne pourrait en mieux choisir les termes que de prendre, d’une part, quelques strophes des grands tragiques à la gloire d’Athènes, ou cet hymne que Pindare vint chanter à ses fêtes, et d’autre part, la cantate à Démétrius Poliorcète. […] Bien des chances lui étaient offertes dès lors, et dans le siècle suivant, par la dispersion de la Grèce sur tant de points du monde, par cet appel qu’une langue, une civilisation savante et victorieuse venaient faire aux intelligences diverses de tant d’indigènes d’Europe, d’Asie et d’Afrique, rapprochés par la conquête d’Alexandre. […] Mais nul autre souffle de la poésie hébraïque ne vint-il toucher les lyres grecques d’Alexandrie ? […] Des peuples nombreux entassent pour lui des moissons grandies sous les eaux du ciel ; mais aucun sol n’en produit autant que la basse terre d’Égypte, quand le Nil débordé vient émietter les glèbes humides. […] Il donne beaucoup aussi à des rois courageux, beaucoup aux villes, beaucoup à de braves compagnons de guerre ; et, dans les lices sacrées que protège Bacchus, il n’est pas venu d’homme habile à moduler des airs, que ce roi ne lui ait donné un digne loyer de son art.
La seconde place vacante à l’Académie par la mort de M. l’archevêque de Paris a suscité jusqu’ici peu de compétiteurs : il semble qu’on ait senti qu’une haute décence venait ici se mêler à la littérature et la dominer en quelque sorte, pour restreindre les choix. […] Il est difficile en ce métier de persévérer sans passer outre ; on ne pique pas au premier sang, aussi longtemps qu’on veut, et il vient un moment où l’action l’emporte et où l’on ne calcule plus.
Les Rossignols déserteront les bosquets du Parnasse, pour y laisser glapir les Roitelets, à moins que le Dieu du Goût ne vienne en personne écorcher les Marsias, & distribuer des oreilles d’âne aux Midas qui les protégent ou les approuvent. […] De là vient que toutes les origines des anciens Peuples sont absurdes.
La Rochefoucauld venait là. […] Or quand il ajoute à son modèle, d’où lui vient ce qu’il y ajoute ? […] Mais voilà, les temps ne sont pas encore venus. […] Paul Margueritte vient d’étudier. […] Il vint à Paris.
Faubère, voici venir les deux forts volumes de M. […] Qui était-il et d’où venait-il ? […] Viens y cacher l’amour et ta divine faute. […] Un de ses petits-enfants venait d’être emporté par un mal foudroyant. […] Il vient d’ailleurs.
n’ira-t-elle pas à ceux qui lui viendront ? […] D’où vient que le génie de l’art et le génie de la science aient déserté l’Évangile ? […] Il vient, dit-on, d’écrire un livret d’opéra : titre, Le Mage. […] Qui dira : les temps sont venus ? […] Je viens d’avertir que des difficultés de toutes natures l’entravent.
Son harmonie, sa mélodie poétique, ne vinrent d’abord que d’elle, et furent tout instinct. […] Autrefois dès que tu entendais ma plainte d’amante (et tu l’entendais fréquemment), tu venais à moi, quittant aussitôt le beau palais de ton père. […] La poésie, elle du moins, venait toute seule, comme un chant, comme un soupir ou comme un cri. […] Les temps ne sont pas venus où je pourrai t’en envoyer plus souvent et de plus gros. […] Elle venait d’avoir soixante-treize ans.
Mme Bonaparte habitait dès lors la Malmaison, et Mme de Vergennes vint séjourner quelques mois à Croissi, tout près de là, dans le château d’un ami. […] Le débarquement à Fréjus la vint saisir au milieu de ses craintes et replacer brusquement sur le char. […] Les réflexions graves lui vinrent avant l’âge, et sa maturité data du cœur même de sa jeunesse. […] On y venait régulièrement ; on y causait beaucoup, à la manière de l’ancien régime, et son salon de la place Louis XV fut tout à fait un de ceux du temps de l’Empire. […] Les conditions d’une société nouvelle et d’un avenir laborieux se vinrent démasquer de toutes parts dans la lutte : elle y appliqua ses méditations et ses prévoyances de mère.
Settignano était, comme autrefois Paros, comme aujourd’hui Carrare, une carrière de marbre où les statuaires et les architectes de Florence venaient chercher leurs blocs et où ils les faisaient ébaucher par leurs élèves et leurs ouvriers. […] Pour venir plus commodément et plus familièrement assister au travail de son statuaire, il avait fait construire un pont-levis couvert par lequel il venait, sans être vu, du Vatican à l’atelier. […] La réconciliation entre le pape et lui se fit, avec un redoublement de crédit et de faveur, à Bologne, au prix de quelques chefs-d’œuvre de plus que Michel-Ange exécuta dans cette ville pontificale, pendant le séjour du pape. — « Il faut bien que je vienne à toi, lui dit le souverain pontife, puisque tu t’obstines à ne pas revenir toi-même à moi ! […] X Le peintre, pendant cette longue gestation et ce long enfantement du chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, avait tellement le sentiment du mystère et, pour ainsi dire, de la divinité de sa peinture qu’il ne permettait pas même au pape de venir la profaner d’un regard curieux. […] Mais Michel-Ange lui-même, sentant venir son heure, écrivit à son neveu de prédilection, Lionardo Buonarroti, fils d’un de ses frères, de venir à Rome au commencement du carême, parce qu’il était temps de se dire adieu.
Et, près les vastes piliers forts, des hommes sont, mâles voix, âmes glorifiantes, en l’attente de la divine Venue : « venons vers Dieu ! […] … les voix qui tonnent et les silences qui formidablement retentissent, les voix et les silences dans l’âme qui les ouit sont murmures. — Venons à Dieu ! […] D’un brusque sursaut, le Malade tressaille ; des sens lui viennent ; à demi il se dresse, et, en son siège, il se trouble, avec de vagues pensées, des gestes vagues : « Aïe ! […] paroles, parlez, toutes, en la précursion du Seigneur qui vient ! […] Motif 14 (p. 24). — Ne vient qu’une seule fois quand Eva, s’oubliant, dit à Walther qu’elle épousera « Euch, oder keinen !
Mais de plus, ce n’est pas de soi-même et sans cause que l’instinct de conservation est venu féconder ce premier germe de spécialisation. […] C’est donc de l’individu qu’émanent les idées et les besoins qui ont déterminé la formation des sociétés, et, si c’est de lui que tout vient, c’est nécessairement par lui que tout doit s’expliquer. […] Ce n’est pas de lui que peut venir cette poussée extérieure qu’il subit ; ce n’est donc pas ce qui se passe en lui qui la peut expliquer. […] Mais il est clair que ce n’est ni des uns ni des autres que peut venir l’impulsion qui détermine les transformations sociales ; car ils ne recèlent aucune puissance motrice. […] Les règles que nous venons d’exposer permettraient, au contraire, de faire une sociologie qui verrait dans l’esprit de discipline la condition essentielle de toute vie en commun, tout en le fondant en raison et en vérité.
Figurez-vous deux généraux, qui guerroient depuis un mois, qu’on vient prendre en carrosse et conduire dans la citadelle la plus renommée du Piémont, qui se trouvent au milieu de tout un état-major de généraux et officiers ennemis, qui faisaient entre eux plusieurs siècles, et qui brillaient comme des soleils. […] Le commandant répondit qu’il dépendait du gouverneur de la citadelle qu’il allait prévenir… Nous lui fîmes dire que nous ne venions pas avec des vues hostiles, et sans attendre davantage nous entrâmes avec quarante dragons. […] Toutes les fenêtres étaient garnies de têtes, toutes les rues remplies de curieux ; la place d’armes fut pleine en un instant, et nous fûmes obligés de traverser une foule innombrable qui venait voir ses vainqueurs. […] Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.
Le sujet de cette confession est celui-ci : Un jeune homme qui a dix-neuf ans au commencement du récit et vingt et un ans à la fin, Octave, né vers 1810, de cette génération venue trop tard pour l’Empire, trop tard (malgré sa précocité) pour la Restauration, et qui achève, en ce moment, son apprentissage dans le conflit de toutes les idées et sur les débris de toutes les croyances, Octave est amoureux ; il l’est avec naïveté, confiance, adoration, et, jusque-là, il ressemble aux amoureux de tous les temps ; mais au plus beau de son rêve, un soir à souper, étant en face de sa maîtresse, sa fourchette tombe par hasard, il se baisse pour la ramasser, et voit… quoi ? […] Confiné alors aux champs, il y voit une personne simple, douce, plus âgée que lui, mais belle encore, un peu dévote, assez mystérieuse, Mme Pierson ; il en vient à l’aimer, à être aimé d’elle ; ici mille détails simples, enchanteurs, des promenades dans les bois, avec chasteté, puis avec ivresse. […] D’où vient cette soif dévorante de métaphores qui ne s’arrête pas au calice sacré ? […] oui, je le dirai hardiment : là où le cœur est bon, la douleur est saine. » Un jour, s’il vient à parler trop gravement à Mme Pierson de son expérience prématurée, elle l’interrompt, et, comme ils étaient au sommet d’une petite colline qui descend dans la vallée, cette femme aimable l’entraîne ; ils se mettent à courir jusqu’au bas de la pente, sans se quitter le bras : « Voyez, dit-elle alors, j’étais fatiguée tout à l’heure, maintenant je ne le suis plus.
De loyaux militaires, d’anciens officiers de cavalerie se sont piqués d’honneur ; ils sont venus, plume en main, discuter le plus ou moins de convenance des historiettes racontées par le jeune abbé dans la société de Mme de Caumartin et s’inscrire en faux contre ses plus insinuantes malices. […] Ce repentir de sa part est d’autant plus sérieux et plus sûr qu’il ne vient pas s’étaler en vives images, et qu’il ne se plaît point à repasser avec détail sur les traces des faiblesses d’hier. […] La république des lettres ne s’étend point dans des lieux où elle sait qu’elle n’a que des ennemis, occupés sans cesse à désapprendre ou à oublier ce que la curiosité leur avoit fait rechercher, pour renfermer toute leur application et leur étude dans le seul livre de Jésus-Christ. » Chaque fois que l’incorrigible Nicaise recommence, Rancé réitère cette profession d’oubli : « Tous les livres dont vous me parlez ne viennent point jusqu’à nous, parce qu’on les regarde comme perdus et comme jetés dans un puits d’où il ne doit rien revenir. » Le bon abbé Nicaise ne se décourage point pourtant ; à défaut des ouvrages d’autrui, il enverra les siens propres, et il espère apprendre du moins ce qu’on en pense. […] Nous nous permettons de les lui recommander, si le recueil en vient à une seconde édition.
Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy. […] A ceux qui ont toujours dans leur poche et souvent dans leurs mains le petit Horace Elzevir non expurgé par Jouvency, à ceux qui savent par cœur les épigrammes salées de Catulle et de Martial, les vers de Solon, qui citent volontiers certains passages d’Ovide et de Tibulle, et les fredaines du Lucius d’Apulée, qui suivent sans répugnance la naïve Chloé dans la grotte des Nymphes, faciles nymphæ risere ; à ceux que notre vieille littérature grivoise et conteuse ne rebute pas, qui se dérident à La Fontaine, qui se délectent aux Amours des Gaules, qui ne perdraient pas une ligne des Mémoires de Choisy, si tout le manuscrit de l’Arsenal était imprimé ; à ceux que les premières pages des Confessions n’irritent nullement, que les lettres de Diderot à Mlle Yoland enchantent sans réserve, qui en aiment jusqu’aux propos de madame d’Aine, jusqu’aux allusions insinuantes de Diderot comptant les arbres de ses vordes chéries : à ceux-là, loin de le défendre, nous conseillerons plutôt Casanova ; ce ne sera pas pour eux une dangereuse nouveauté ni un scandale attrayant, ce sera un tableau de plus, non le moins vif et le moins varié, dans le réfectoire de leur abbaye de Thélème. — Un jour, durant l’année que le docte Saumaise passa à Stockholm près de la reine Christine, comme il avait la goutte et gardait le lit, la reine le vint visiter ; or, en ce moment, pour se désennuyer et tromper son mal, le grave commentateur lisait un livre très agréable, mais assez leste (perfacetum guidem, at subturpiculum), Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville. […] C’est, au reste, la même J…, qu’après diverses rencontres Casanova retrouvait, six ou sept ans plus tard, dans la galerie de Fontainebleau, devant être présentée au roi Louis XV le lendemain ; mais sa majesté étant venue à passer avec M. le maréchal de Richelieu, lorgna la galante étrangère un peu dédaigneusement, et dit au maréchal assez haut pour que J… pût l’entendre : « Nous en avons ici de plus belles. » L’iris fascinateur avait manqué son triomphe, et la présentation n’eut pas lieu. […] Ce qui me frappe surtout dans les amours de Casanova, dans les premières comme dans celles qui viendront plus tard, dans ses passions les plus vraies et les plus profondes au moment où il les a, dans ce qui n’est ni pur caprice ni désœuvrement, ni débauche, dans sa liaison avec dona Lucrezia, avec Bellino-Thérèse, avec madame F., avec la jeune comtesse A.
Ce qui est bon à rappeler, c’est qu’on n’en sort jamais, après tout, qu’avec le fond d’enjeu qu’on y a apporté, je veux dire avec le talent propre et personnel : le reste était déclamation, appareil d’école, attirail facile, à prendre, et que le dernier venu, eût-il moins de talent, portera plus haut en renchérissant sur tous les autres. […] On rencontre assurément, en France, de tels salons aujourd’hui, et plus qu’on ne voudrait ; mais c’est un singulier auditoire pour y venir plaider la vie privée et soutenir une thèse en faveur des humbles vertus. […] Simiane n’est autre chose qu’un Rousseau anticipé, un Rousseau qui n’a pas voulu l’être ; né dans les Alpes aussi, venu à Paris jeune et orphelin, avec mille livres de rente, il a tenté la route des lettres ; il a porté à Montesquieu un manuscrit, que le grand homme a jugé très favorablement ; il a fréquenté le café Procope et causé avec les beaux esprits. […] Mais ici, quand le roi, en hâte de partir, et dont le danger redouble à chaque minute, demande et commande à Steven des chevaux, et de lui rendre son compagnon de voyage, qu’on lui retient parce que c’est le fiancé de Mina ; quand Steven, non content de résister par piété domestique, étale cette piété, la discute, l’oppose avec faste au rôle du conquérant, quand il s’écrie : « L’homme que vous venez d’appeler un enfant se lève du sein de son obscurité pour se placer devant vous, et pour se mesurer à vous, sans orgueil comme sans crainte… Ce n’est pas parce que je commande que j’ose me comparer à vous, mais parce que j’obéis… J’ai vaincu un ennemi plus redoutable que vous…, je me suis vaincu moi-même » alors le drame cesse en ce qu’il avait de naturel et d’entraînant ; le système reparaît, se traduit de nouveau à la barre sous forme de plaidoyer.
Nous ne nous plaignons pas de cette recrudescence de colères ; nous avons bu depuis dix ans le calice jusqu’à la lie et nous n’y trouvons plus rien d’amer ; mais nous nous demandons quelquefois à nous-même d’où vient un tel redoublement d’outrages personnels. […] D’où viennent donc ces représailles sans griefs, sans justice et sans générosité ? […] On dit que d’Albion la vierge au front vermeil, Qui vient comme à Baïa fleurir à ton soleil, Achetant tes primeurs de la rosée écloses, Trouve plus de velours et d’haleine à tes roses ? […] … Te souviens-tu du temps où tes Guêpes caustiques, Abeilles bien plutôt des collines attiques, De l’Hymète embaumé venaient chaque saison Pétrir d’un suc d’esprit le miel de la raison ?
Théodore de Banville est un poète lyrique hypnotisé par la rime, le dernier venu, le plus amusé et dans ses bons jours le plus amusant des romantiques, un clown en poésie qui a eu dans sa vie plusieurs idées, dont la plus persistante a été de n’exprimer aucune idée dans ses vers… M. […] Pour ceux qui viendront après nous comme pour nous, M. […] Voyageur des contrées qui sont par-delà l’histoire, soudain transporté ici et qui, à peine dépaysé, exempt d’étonnements, continue d’apercevoir, à travers les choses présentes, l’enchantement de la patrie primitive, toujours ouverte à son souvenir… Venu comme pour clore une époque, alors qu’on s’imaginait assister à la disparition progressive du romantisme, il en concentra les suprêmes lueurs défaillantes, plus intenses de leur sûre agonie, et nous laissa ce spectacle imprévu d’un trophée d’artifice merveilleux. […] Au furtif baiser des amants sous les treilles, À l’admiration des jeunes gens — ô Maître Qui viennent quelquefois songer, devant ton ombre, À la gloire, à l’amour, aux danses, aux cadences D’une poésie pure et radieuse comme toi-même.
Ferdinand Brunetière Les vers de Baudelaire suent l’effort ; ce qu’il voudrait dire, il est rare, très rare qu’il le dise ; et sous ses affectations de force et de violence, il a le génie même de la faiblesse et de l’impropriété de l’expression… Prenez, une à une, dans ces Fleurs du mal, les pièces les plus vantées, à peine y trouverez-vous une douzaine de vers à la suite qui soutiennent l’examen ; et un examen où il en faut venir, parce que Baudelaire est un pédant… Le pauvre diable n’avait rien ou presque rien du poète que la rage de le devenir. […] Ferdinand Brunetière Tel quel, et malgré les subtilités qui rendent l’accès de son œuvre plus que difficile au grand nombre, Baudelaire demeure un des éducateurs féconds de la génération qui vient. […] Mais ce groupe est celui des intelligences distinguées : poètes de demain, romanciers déjà en train de rêver la gloire, essayistes à venir. […] Pour t’en venir, puissant et seul, vers les statues D’un art en marbre noir veiné de violet.
Certes, le gros livre d’où tout cela venait, avec sa pesanteur et ses allures médiocrement littéraires, ne lui eût inspiré que de l’horreur. […] La pensée se présente à moi d’une manière complexe ; la forme claire ne me vient qu’après un travail analogue à celui du jardinier qui taille son arbre, l’émonde, le dresse en espalier. […] Le coup d’État qui vint peu après, acheva de me rattacher à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats, en me dégoûtant du peuple, que j’avais vu, le 2 Décembre, accueillir d’un air narquois les signes de deuil des bons citoyens. […] Je me disais que le vieux manuscrit serait publié après ma mort, qu’alors une élite d’esprits éclairés s’y plairait et que, de là peut-être, viendrait pour moi un de ces rappels à l’attention du monde dont les pauvres morts ont besoin dans la concurrence inégale que leur font, à cet égard, les vivants.
Maintenant, de quelque côté qu’on vienne, on le suit volontiers ; on accepte non pas seulement la vibration et l’éclat, mais le sens de ses nobles paroles. […] L’école ne fut ouverte que deux jours ; le commissaire de police vint la fermer, et les trois maîtres d’école (comme ils s’intitulaient) se virent traduits en police correctionnelle. […] il s’agit de nous-mêmes : C’est un vaincu, annonçait-il en commençant, qui vient parler à des vaincus, c’est-à-dire aux représentants de l’ordre social, de l’ordre régulier, de l’ordre libéral qui vient d’être vaincu en Suisse, et qui est menacé, dans toute l’Europe, par une nouvelle invasion de barbares.
En même temps le triomphe de ce pouvoir d’arrêt crée dans l’esprit une fiction : quelque objet fragmentaire et que le pouvoir de dissociation pourra dissoudre dès qu’il viendra à l’emporter sur le pouvoir adverse, quelque objet fragmentaire est tenu momentanément pour une unité indécomposable, pour un corps solide qu’il est possible de combiner avec d’autres unités analogues afin d’en composer la diversité des corps de l’univers. […] Au contraire, la digue qu’opposait au mouvement ce pouvoir d’arrêt vient-elle à se rompre, le caractère fictif qu’impliquait le récent état de connaissance se dévoile au regard de l’esprit qui va s’ingénier à recommencer son œuvre de construction systématique à l’égard d’un état plus fragmentaire de la substance phénoménale immobilisée par une intervention nouvelle et victorieuse du pouvoir d’arrêt. Ce processus de connaissance est aisément observable en tant qu’il se manifeste dans les procédés de la connaissance scientifique, c’est-à-dire de la connaissance la dernière venue. […] Dans une étude précédente sur la Nature des Vérités3, ces exemples ont été d’ailleurs mis à contribution pour illustrer des développements parallèles à Ceux que l’on vient d’exposer ici.
Le soir venu, il entre dans une auberge, et, pendant que le souper s’apprête, il demande une plume, de l’encre et du papier, il s’accoude à l’angle d’une table, et il écrit. […] Au moment de les faire paraître, un scrupule lui vint. […] Mais, au point de vue qu’on vient d’expliquer, ces altérations eussent été des falsifications ; ces lettres, quoique en apparence à peu près étrangères à la Conclusion, deviennent pourtant en quelque sorte des pièces justificatives ; chacune d’elles est un certificat de voyage, de passage et de présence ; le moi, ici, est une affirmation. […] En admettant que ces deux lignes aient un sens, ce ne sont pas elles qui sont venues se superposer aux événements, ce sont les événements qui sont venus se ranger sous elles.
Donc, ce brave sceptique n’a pu se résoudre à laisser passer mon troisième volume sans venir encore une fois discuter, ergoter, distinguer, fureter, trier, éplucher, déchiqueter. […] Après les classiques, venons aux modernes. […] Pour montrer comme il eût été facile d’éviter ce relâchement, nous disions que le premier venu pouvait trouver des équivalents et des synonymes, et nous essayions de les indiquer. […] Eux-mêmes n’en usent pas autrement, et c’est ce qui m’ébahit, qu’après tant de discussions ils en viennent à tomber d’accord avec nous.
— ou que la Portinari ne fût pas morte à douze ans, mais qu’elle eût vécu sur le cœur du Dante, — et supposez qu’on vînt vous dire, tout à coup, ce matin, que toutes les deux ont écrit, — l’une sur Pétrarque, l’autre sur Dante, — avec quelle violence d’intérêt ne vous jetteriez-vous pas sur le livre qu’elles auraient laissé ! […] la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme. Et quand je dis le premier bas-bleu venu, je dis trop, cependant… Mme Guiccioli ne l’était pas ; elle n’avait ni la morgue, ni l’insolence, ni la pose des bas-bleus vulgaires… Mais quand elle songea à nous donner son livre sur lord Byron, elle n’était déjà plus la suave Italienne à robe blanche et à esprit ingénu, que l’auteur de Childe-Harold avait aimée… Les années avaient pâli ses cheveux d’or… Dans d’autres temps, elle fût probablement devenue dévote. […] Et qui la forçait en effet à sortir d’un silence de plus de trente années pour venir toucher à cette retentissante mémoire, si elle n’avait pas à ajouter quelque grand accord à cet immense retentissement ?
Les autres, qui ont essayé de la singer, — qui lui ont rendu ce flatteur honneur de la singerie, — ont pu se croire de la même force d’ennui, et l’étaient peut-être, mais l’Opinion, cette reine du monde, qui a ses favoris, a toujours trouvé ses bâillements infiniment plus savoureux quand ils lui venaient par la Revue des Deux Mondes que par les autres recueils, créés, à son exemple, pour entretenir les mâchoires humaines dans cette vigoureuse et morale gymnastique du bâillement. […] aussi littérateur, dans son genre, que Buloz, nous dit fermement, dans son Dictionnaire, que le jeune Helvétien vint à Paris — non pour être suisse — mais pour finir ses études (françaises, hein ?) […] Eh bien, pas un abonné de ce journal, dont il était la vie et la gloire, n’a bougé, et je crois même qu’il en est venu d’autres ! […] On y parlait, au début, de Platon et des siens, et le pauvre rédacteur, épris d’antiquité, disait élégamment : « Lorsque les brises de la mer Égée parfumaient l’atmosphère de l’Attique, quelques hommes, préoccupés de l’éternel mystère, venaient, dans les jardins d’Acadème, se suspendre aux lèvres de Platon, etc. » Buloz prit peur de cette phrase comme de la plus audacieuse hardiesse, et de sa patte dictatoriale et effarée il supprima le tout et mit à sa place ; « Il y eut aussi dans la Grèce des sociétés savantes. » Une autre fois, dans une étude sur la mystique chrétienne, on disait : « L’amour de la vérité cherche celle-ci dans les solitudes intérieures de l’âme » ; mais Buloz, qui ne connaît pas les solitudes intérieures de l’âme, traduisit d’autorité : « Les esprits curieux fuient les embarras des villes », qu’il connaît !
D’où viennent-ils et qui sont-ils ? […] L’heure venue, de quelle triomphante manière il défend les droits de son cœur ! […] Et, maintenant, venons aux trois romans. […] Elle vient. […] Mais venons à notre sujet.
J’viens d’la foire d’Chassant, mon gars. — C’était-y une bonne foire ? […] Des injures, l’on vient aux coups. […] Le ménage vient à manquer d’argent. […] l’auteur n’avait pas du tout préparé sa venue ? […] Vient la guerre, dix ans plus tard.
Le moment vient même où l’entassement des images peut être appelé beauté. […] L’heure de la maturité est venue, et le germe avait disparu. […] Mais que vient faire, dans un roman, un pareil personnage ? […] Hugo ; car Shakespeare est venu avant Milton, qui est venu avant Byron. […] Elle vient retrouver Fernand.
Elle le fait venir en sa chambre et s’asseoir sur le pied de son lit. […] Il vient donc un moment fatal où le compromis est dénoncé. […] Venez, dit le poète, victimes de l’injustice et de la justice. […] Bien au contraire, on vient à eux pour leur faire des confidences. […] Mais il obéit à sa passion, comme le premier venu.
La métaphore est condamnée : à sa place vient l’image, qui n’est pas procédé d’écriture, mais façon de sentir. […] Le Père éternel, le Dieu consolateur, n’est pas : s’il y a un jour du jugement, ce sera le jour où Dieu viendra se justifier devant ceux qu’il a dévoués au mal par la loi de la vie. […] Le soldat obéit à un commandement venu d’en haut, qui peut être absurde, inique, cruel, qu’il peut ne pas comprendre : il obéit, il tue, ou se fait tuer, sans rien dire. […] En 1848, sous la République, il fera bonne figure à droite, soutenant d’abord le prince Louis Bonaparte : il viendra à l’idée républicaine et démocratique très tard, presque à la dernière heure, en 1850. […] Il était venu à la poésie par un atelier de peintre : et il ne fut jamais qu’un peintre fourvoyé — par bonheur — dans la littérature.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait dans les discours de Jean d’admirables éclairs ; des traits qui viennent vraiment de Jésus 48. […] L’histoire littéraire offre du reste un autre exemple qui présente la plus grande analogie avec le phénomène historique que nous venons d’exposer, et qui sert à l’expliquer. […] C’est celui des trois synoptiques qui est resté le plus ancien, le plus original, celui où sont venus s’ajouter le moins d’éléments postérieurs. […] Quand une cruelle épreuve vint hâter mon départ, je n’avais plus à rédiger que quelques pages. […] Qu’on lise attentivement Matthieu, on trouvera dans la distribution des discours une gradation fort analogue à celle que nous venons d’indiquer.
Nous nous félicitons d’abord d’y avoir au moins relevé une expression nouvelle : l’auteur nous dit que ce qui domine le phénomène est une sensation d’« inévitabilité », comme si aucune puissance au monde ne pouvait arrêter les paroles et les actes qui vont venir. […] Échappera-t-on à la difficulté en niant la dualité des images, en invoquant un « sentiment intellectuel » du « déjà vu » qui viendrait parfois se surajouter à notre perception du présent et nous faire croire à un recommencement du passé ? […] Nous avions d’ailleurs montré nous-même que la « familiarité » des objets de l’expérience journalière tient à l’automatisme des réactions qu’ils provoquent, et non pas à la présence d’un souvenir-image qui viendrait doubler l’image-perception 46. […] Cet instant qui va venir est déjà entamé par l’instant présent ; le contenu du premier est inséparable du contenu du second : si l’un est, à n’en pas douter, un recommencement de mon passé, comment l’instant à venir ne le serait-il pas également ? […] Sur cet étonnement vient se greffer un sentiment assez différent, qui a pourtant une parenté avec lui : le sentiment que l’avenir est clos, que la situation est détachée de tout mais que nous sommes attachés à elle.
Dans un article sur mademoiselle Bertin (Revue des Deux Mondes du 15 janvier 1842), je disais à la fin que c’était par le drame que la réforme encore pouvait venir, que l’original serait qu’elle vînt de là. — Voici ce passage : « Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un XVIIe siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas, mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière. […] Qu'il vienne donc, qu’il soit né déjà, celui de qui dépendent nos prochaines destinées !
. — On dit que l’esprit humain est inventif ; ce qui me frappe plutôt, c’est combien il l’est peu, et combien on se traîne sur les mêmes traces et l’on épuise les mêmes moyens à satiété, jusqu’à ce que vienne quelqu’un qui redonne du coude, comme on dit, et qui vous retourne d’un autre côté. Ce quelqu’un-là est rare ; aussi, quand il vient, on lui dresse des autels. — En attendant, nous sommes au plus bas fond de l’ornière ; nous ne roulons plus.
Ce fut autre chose quand vinrent ce que j’appelle les recrues de 1831-1833, et quand la Bohême de l’impasse du Doyenné apparut à l’horizon. […] Elles se perdent et disparaissent aujourd’hui dans l’ensemble du mouvement ; elles sont déjà oubliées de ceux même qui y assistèrent, et il faut, pour les y ramener avec précision, qu’une page d’une lettre toute jaunie, retrouvée entre deux feuillets d’un livre, vienne avertir et réveiller du plus loin leur mémoire.
Priscus, prince du Sénat, l’invite à se rendre ; Xéniclès, préfet des légions, lui annonce que l’armée refuse de sortir ; Chrysès, le grand-prêtre, vient proclamer que les Dieux ordonnent d’ouvrir aux Barbares : Hérakléa renie les Dieux, qui conseillent la lâcheté, et l’empereur, après un moment de défaillance, repousse ceux qui veulent la reddition. […] Aucune intrigue secondaire ne vient l’embarrasser ; il n’y a jamais que peu d’acteurs en scène, et l’auteur n’a point cherché à séduire le spectateur par le pittoresque des détails.
Dans les temples que les siècles n’ont point percés, les murs masquent une partie du site et des objets extérieurs, et empêchent qu’on ne distingue les colonnades et les cintres de l’édifice ; mais quand ces temples viennent à crouler, il ne reste que des débris isolés, entre lesquels l’œil découvre au haut et au loin les astres, les nues, les montagnes, les fleuves et les forêts. […] Les flots de l’Égée, qui viennent expirer sous de croulants portiques, Philomèle qui se plaint, Alcyon qui gémit, Cadmus qui roule ses anneaux autour d’un autel, le cygne qui fait son nid dans le sein de quelque Léda, mille accidents, produits comme par les Grâces, enchantent ces poétiques débris : on dirait qu’un souffle divin anime encore la poussière des temples d’Apollon et des Muses ; et le paysage entier, baigné par la mer, ressemble à un tableau d’Apelles, consacré à Neptune et suspendu à ses rivages210.
Les Tomaranké (Khassonkè172 et Malinké du Tomara dans la région de Médine) virent d’un mauvais œil la prospérité rapide de ces nouveaux venus et, poussés par la jalousie et la cupidité, leur déclarèrent la guerre. […] Un marabout de Souyama-Toran, qui devait plus tard fonder le royaume du Boundou et qui, à ce moment, voyageait dans le Haut-Sénégal pour s’instruire, vint alors à Bambéro.
Nous cherchons d’où vient en fait, dans une œuvre poétique quelconque, l’impression de poésie. […] L’heure de la poésie objective est venue. […] Mes personnages vont, viennent, discutent comme ils l’entendent ». […] De là un courant de représentations, parallèle à celui des idées pures, et qui vient l’enrichir. […] Il en viendrait à se complaire dans les transpositions de termes, dans les à-peu-près.
Elle viendra peut-être un jour. […] Mais le voilà qui vient dire aux écrivains : « Attention ! […] Et si vous désirez savoir comment vos genres évoluent, venez me trouver. […] Mais les deux dernières opérations ne viennent que comme des conséquences de la première. […] Mais, le diable est là, l’éternel Malin, et il vient nous tenter.
MARTIN LISTER fait venir du chyle toutes les sécrétions. […] D’où vient cette disparition des carbonates dans la salive mixte ? […] Le tableau suivant prouve la proposition que nous venons d’avancer. […] Il y a deux canaux pancréatiques : un qui est inférieur par rapport à l’autre et qui vient s’ouvrir isolément dans l’intestin en i ; l’autre conduit, plus petit, vient s’ouvrir plus haut et sur la même papille avec le canal cholédoque, en h. […] L’animal sur lequel nous venons d’opérer devant vous n’était pas éthérisé.
Votre enquête prouve que cela vient. […] Un moment vient cependant où la plupart des Manuellistes prennent leur courage à deux mains : c’est lorsqu’ils ont affaire au xixe siècle. […] Il me semble qu’il n’est pas de l’intérêt de la grandeur et de la pensée françaises de tenir pour nul et non venu un siècle qui pourrait aussi bien s’appeler le siècle de Hugo, de Lamartine, de Stendhal, de Sainte-Beuve, de Renan. […] Il y a eu, pour des raisons qui n’étaient pas toujours littéraires, une véritable ruée contre le romantisme, ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal. […] Il ne me vient pas à l’esprit de manifester mon enthousiasme en criant : Le stupide Bordeaux !
On plante une croix à l’endroit, et les bons cœurs viennent y pleurer. […] Ils trouvent mauvais que les administrateurs et les instituteurs des provinces viennent puiser à Paris une éducation qui les rendra supérieurs à leurs administrés. […] Tous les maux de la société viennent des gouvernements, qui corrompent l’homme en le violentant ou en le trompant. » Je suis de ceux qui ont cette confiance. […] D’où viendrait l’obstacle ? […] Il va sans dire que cette excuse, si c’en est une, ne s’applique jamais aux imbéciles plagiaires, qui viennent à froid imiter les fureurs d’un autre âge.
On ne comprend pas, par exemple, que le sentiment du temps puisse venir du dehors par simple répétition des relations temporelles entre les objets « extérieurs ». […] Un autre fait social d’importance majeure est venu corroborer cette nécessité d’une logique commune : c’est l’existence de la parole. […] Par une analyse et une critique approfondies des lois ou conditions de l’intelligence, on en devait venir à se poser ce problème : tout le réel est-il vraiment intelligible ? […] En d’autres termes le réel ne s’explique pas seulement par le rationnel pur, mais par le réel ; le réel vient du réel, non de l’abstrait. […] L’idée d’action immanente nous vient évidemment de la conscience que nous avons de nous-mêmes et, en particulier, de notre volonté.
Il en vient à se mépriser, tout en se diminuant. […] Elles lui donnent une magnifique idée de la puissance de son esprit, le lui font imaginer aussi immense que le domaine de sa raison, lui persuadent lentement sa supériorité sur toutes les existences qu’il vient d’apercevoir éphémères et fortuites. […] Ils ont été également accueillis avec faveur parmi les jeunes artistes de ce temps, comme ceux de Dostoïewski, et nul doute que dans quelques années, leur influence se manifestera, dans une mesure que l’on ne peut encore déterminer, dans les romans à venir. […] C’est sans doute en partie à ce besoin mal satisfait qu’il faut attribuer le succès de la plupart des écrivains étrangers que nous venons d’étudier comme plus Lard à la cruelle rudesse de nos naturalistes, à leur accent de haine plus que de pitié. […] Les nations en viennent ainsi à n’exister que par leurs lois.
. — D’où vient qu’on a pu méconnaître une vérité aussi simple, aussi évidente, et qui n’est, après tout, que l’idée du sens commun ? […] D’où vient alors qu’une existence en dehors de la conscience nous paraît claire quand il s’agit des objets, obscure quand nous parlons du sujet ? […] Envisagé de ce nouveau point de vue, en effet, notre corps n’est point autre chose que la partie invariablement renaissante de notre représentation, la partie toujours présente, ou plutôt celle qui vient à tout moment de passer. […] En S elle prendrait la forme bien nette d’une attitude corporelle ou d’un mot prononcé ; en A B elle revêtirait l’aspect, non moins net, des mille images individuelles en lesquelles viendrait se briser son unité fragile. […] La pathologie vient d’ailleurs confirmer ici, — sur des exemples grossiers, il est vrai, — une vérité dont nous avons tous l’instinct.
Il est devenu par là le prophète et le précurseur des générations qui viennent. […] De là vient sans doute la résignation et l’apaisement relatif de ses derniers moments. […] Les conséquences de l’égoïsme utilitaire, si lentes à venir, se révélaient à la fois dans tous les domaines. […] C’est pour demeurer que tu es venu, n’est-ce pas ? […] Il constate que le document biblique n’est pas un bloc unique ni d’une seule venue.
En arrivant, en effet, à l’embouchure du Dniepr, la flottille de l’impératrice trouve la ville d’Otchakov, qui appartenait encore à la Turquie, et découvre une dizaine de vaisseaux turcs qui viennent se placer en travers du fleuve. […] Une mère demande pardon que sa fille n’en ait pas encore : « Mais cela viendra bientôt, me dit-elle, car à présent c’est une honte, elle est droite et mince comme un jonc. » Les aperçus politiques se mêlent à ces jolies peintures. […] C’est en y songeant le moins qu’il nous la peint le mieux, et qu’il nous fait voir d’un même trait sa bonté et sa grâce : Elle s’occupait si peu de sa toilette, dit-il en un endroit, qu’elle se laissa, pendant plusieurs années, coiffer on ne peut pas plus mal, par un nommé Larceneur qui l’était venu chercher à Vienne, pour ne pas lui faire de la peine. […] Après l’avoir vengée sur les points essentiels, il finit, dans un sentiment chevaleresque et qui rappelle celui de Burke, par mettre sa royale mémoire sous la protection des jeunes militaires français qui ne l’ont point connue et qui, venus depuis, sont purs envers elle d’ingratituded : « Au moins, écrivait le prince de Ligne vers la date d’Austerlitz et d’Iéna, que ceux qui s’acquièrent tant de gloire sous les drapeaux de leur empereur, plaignent cette malheureuse princesse qu’ils auraient bien servie… » Ce sont là des alliances d’idées et de sentiments qui honorent. […] [1re éd.] et qui, venus depuis, n'ont pas été des ingrats
Venu au monde la même année que Buffon (1707), d’une famille de paysans et de ministres ou vicaires de campagne, il prit goût aux plantes tout en se jouant dans le jardin du presbytère paternel ; son père occupait ses loisirs à cette culture, et l’on raconte que la mère de Linné, pendant sa grossesse, ne cessait de suivre avec intérêt les travaux de son mari. […] Fiancé à la fille d’un médecin au commencement de l’année 1735, après s’être assuré du cœur de la jeune personne, il entreprit le cours de ses voyages dans les pays étrangers : il ne résida pas moins de trois ans en Hollande ; il vint ensuite quelque temps à Paris, où les Jussieu le reçurent : il n’était pas encore question de Buffon. […] Ainsi parle Linné : et, en regard, il nous faut voir Buffon seul en été à six heures du matin, à Montbard, montant de terrasse en terrasse et en ouvrant les grilles qui fermaient chaque suite de degrés, arrivant ainsi d’un pas seigneurial jusqu’au cabinet d’étude à l’extrémité de ses jardins, et n’en sortant que pour se promener lentement, la tête pleine de conceptions, dans les hautes allées d’alentour, où nul n’oserait le venir troubler. […] Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !) […] Il le montre lorsqu’il en vient aux oiseaux, obligé d’entrer décidément dans les voies de la méthode, à laquelle il avait résisté tant qu’il avait pu.
La Bruyère, chargé de raccommoder ces petites déchirures, écrivait à Santeul, ou le chapitrait quelquefois dans l’embrasure d’une croisée ; mais Santeul était difficile à former, et il fallait toujours en revenir sur son compte à cette conclusion du grand moraliste et du censeur amical, qui lui disait : « Je vous ai fort bien défini la première fois : vous êtes le plus beau génie du monde et la plus fertile imagination qu’il soit possible de concevoir ; mais pour les moeurs et les manières, vous êtes un enfant de douze ans et demi. » Cette insigne faveur de Santeul à Chantilly faisait grand bruit dans la rue Saint-Jacques et ailleurs, et ne laissait pas de donner quelque jalousie : « Santeul est fier, Santeul nous néglige depuis que des altesses lui font la cour ; il ne daigne plus venir même à Bâville, il ne s’abaisse plus jusqu’à nous. » Ainsi disait-on en bien des lieux. […] On demanda une épitaphe à Santeul, on l’invita à venir à Port-Royal, où il était déjà allé. […] Cependant, sur ce premier trouble du pauvre Santeul, un jeune jésuite, régent à Rouen, le père du Cerceau, lança une pièce en vers glyconiques et asclépiades intitulé Santolius vindicatus, qui courut manuscrite et vint siffler comme une flèche à l’oreille de l’imprudent. […] Comme il ne prétendait partir de Dijon que le jeudi suivant, nous devions, le jour qu’il tomba malade, dîner, lui et moi, chez M. le président Le Gouz-Maillard ; j’y allai à midi et demi, et fut bien surpris en y arrivant d’apprendre que Santeul, pour qui la fête se faisait, ne viendrait pas. […] La Monnoye continue en faisant de son côté l’éloge de Santeul, et cet endroit est trop caractéristique et vient trop bien à l’appui de ce que dit La Bruyère pour ne pas être ici rappelé : Vous ne sauriez croire combien les personnes qui aiment l’esprit le regrettent ici.
La science, pour lui, ne venait qu’après, à l’appui de sa foi, de celle qu’il avait pour le moment, et comme pièce de démonstration. […] Songez seulement à ce que seraient les nôtres, si nous étions venus au monde dix siècles plus tôt ou, dans le même siècle, à Téhéran, à Bénarès, à Taïti. […] Le moment le plus intéressant à observer dans la Correspondance, et qu’elle éclaire, toute brisée qu’elle est, c’est celui où il se transforme : on sent le nouveau Lamennais naître et venir sous le premier. […] En entrant à mon tour dans la chambre d’où sortait le prélat, en m’asseyant sur la chaise de paille où l’avait fait asseoir M. de Lamennais, je m’aperçus que celui-ci était très-agité ; il ne me laissa pas même commencer : « Mon cher ami, me dit-il sans plus de préambule, il est temps que tout cela finisse ; je vous ai prié de venir. […] L’avenir ne le reniera pas ; sa dernière forme, dégagée de quelques violences qui de loin, déjà, nous font seulement sourire, prévaudra dans la mémoire ; son dernier geste, dès qu’on veut bien oublier l’énergumène ou l’enfant colère, est d’un ami touché de tendresse jusqu’au fond de l’âme pour ceux qui viendront.
Puis sont venus ses propres livres, les vrais mémoires ou Ma Biographie, les Dernières Chansons, un choix des anciennes sous ce titre singulier : le Béranger des Familles. […] Le bon Quenescourt est le mieux loti et le plus riche de la bande, et il vient souvent au secours des moins heureux ; « Vous êtes prieur, tandis que je ne suis qu’un pauvre frère quêteur », lui dit Béranger. […] Je n’avais jamais eu un auditoire aussi redoutable ; aussi ai-je chanté assez mal… » Il a eu peur, c’est bon signe : de ce côté, l’amour-propre lui est venu désormais, et si bien qu’après ce premier succès, de peur de le compromettre, il refuse le dimanche suivant de rester à dîner chez M. […] Mais il est un autre rôle qui lui échut et dont il s’acquitta exemplairement jusqu’à la fin, celui de solliciteur universel, d’homme serviable, honoré sous tous les régimes, et qui venait, tant qu’il pouvait, en aide à tous ceux qui le réclamaient, sauf toutefois à mêler un grain de plaisanterie dans son obligeance : c’était son revenant-bon, à lui, et ses petits profits. […] C’est refaire du printemps, et voilà l’hiver qui vient.. » Tout cela, convenez-en, est bonnet charmant, avec une pointe de malice. — Que de choses encore il me reste à dire !
Je lis dans les Mémoires du duc de Rovigo, lequel ne s’attendait guère à la discussion soulevée aujourd’hui et qui vient y apporter son contingent, — je lis : « Les publicistes en étaient satisfaits (de l’Acte additionnel) ; Mme de Staël elle-même applaudissait aux garanties qu’il renfermait. […] Venir dire que la locution : « si les Belges prononcent pour les Français », au lieu de : « se prononcent », est d’une personne qui a dû longtemps séjourner en Espagne et qui en a pris le langage jusqu’à oublier le français, est une chicane aussi invraisemblable qu’ingénieusement trouvée. […] Même au plus fort de sa puissance, de l’usage exorbitant qu’il en faisait et qu’il proclamait nécessaire, il avait toujours dit que dans cinquante, ou soixante ans on pourrait gouverner autrement, mais que le temps n’était pas venu : jugea-t-il que ce temps, beaucoup plus rapproché qu’il ne l’avait pensé d’abord, était venu en 1815 ? […] J’en extrais les passages suivants, qui ne sont point contraires à la thèse que je viens d’essayer de soutenir, et qui lui seraient plutôt favorables.
Deleyre, dans le feu de la jeunesse, émancipé et venu à Paris, s’était concilié aussitôt des protecteurs et des amis par ses qualités aimables ; Montesquieu, Duclos, Diderot, le duc de Nivernais, lui portèrent intérêt, lui firent ou lui voulurent du bien. […] D’où vient que cette espérance n’entre plus dans mon cœur ? […] Tel qu’il apparaît jusque dans son incomplet, et tout mal servi qu’il était par l’instrument insuffisant de la langue poétique d’alors, par cette versification solennelle qui, dans le noble, excluait les trois quarts des mots, presque toutes les particularités de la vie et tous les accidents de l’existence réelle, ce poète en Ducis éclatait assez pour se donner à tout instant la joie de l’air libre et de la grande carrière, tandis que le pauvre Deleyre avec son expression hésitante, ses nuances exquises, suivies d’empêchement et de mutisme, n’était qu’un malade, un romantique venu avant l’heure et cherchant sa langue. […] … » Et cette visite encore à un curé, camarade de collège, cette tournée près de La Ferté-Milon, et qui doit le ramener sous le toit champêtre de son ami Deleyre : « Je vous écrirai de mon presbytère pour vous annoncer le jour de mon départ, et je croirai en arrivant à Dame-Marie me trouver chez un autre curé ; car tout père de famille est pasteur. » J’ai lu quelquefois, dans les lettres et mémoires des poètes anglais venus depuis soixante ou quatre-vingts ans, de ces promenades de campagne, de ces visites heureuses et saines à des cottages qui ont abrité, ne fût-ce qu’un jour, la joie innocente et le bonheur. […] Mais un grand malheur vient atteindre Ducis ; il est frappé par le côté le plus sensible, il perd une de ses filles, et sous le coup qui l’accable, il écrit à Deleyre une de ces lettres abreuvées d’amertume, où le cœur déborde, et plus faite peut-être que toutes les consolations précédentes pour le guérir par le spectacle de ce que c’est qu’une vraie et réelle douleur : « 4 mai 1783.
« Madame ma chère fille, la maladie de Mercy (l’ambassadeur) ne pouvait venir plus mal à propos ; c’est dans ce moment-ci où j’ai besoin de toute son activité et de tous vos sentiments pour moi, votre maison et patrie, et je compte entièrement que vous l’aiderez dans les représentations différentes qu’il sera peut-être obligé de vous faire sur différents objets majeurs, sur les insinuations qu’on fera de toutes parts de nos dangereuses vues, surtout de la part du roi de Prusse qui n’est pas délicat sur ses assertions, et qui souhaite depuis longtemps de se rapprocher de la France, sachant très bien que nous deux ne pouvons exister ensemble : cela ferait un changement dans notre alliance, ce qui me donnerait la mort, vous aimant si tendrement. » Quelques-unes de ces lettres sonnent véritablement l’alarme, et chaque ligne est comme palpitante de l’émotion qui l’a dictée : « Vienne, le 19 février 1778. […] Marie-Antoinette ne parle en tout ceci que d’après Marie-Thérèse, sans élever ni admettre aucune objection, et l’on peut dire que, cette fois, c’est en obéissant trop docilement à son illustre mère qu’elle manque à faire son métier de reine : « Après avoir causé avec Mercy sur le mauvais état des affaires, j’ai fait venir MM. de Maurepas et de Vergennes ; je leur ai parlé un peu fortement, et je crois leur avoir fait impression, surtout au dernier. […] Décidément, l’âge est venu, et il a opéré un changement dans ce cœur altier : la mère en alarmes l’a emporté sur la souveraine ; elle a fléchi : « Schœnbrunn le 6 août 1778 « Madame ma chère fille, Mercy est chargé de vous informer de ma cruelle situation, comme souveraine et comme mère. […] Je l’avoue, je m’en flattais un peu, surtout proposant de rendre la Bavière à l’Électeur… Vous serez informée par Mercy du détail et de nos dispositions ultérieures ; en attendant, la Bohême est saccagée le plus cruellement, et à la fin, si la jonction se fait des deux armées, cela viendra à une bataille qui décidera, et rendra tant de milliers de personnes malheureuses, et peut-être nous-mêmes dans notre famille… Cette perspective est cruelle, et j’aurais tenté l’impossible pour la pouvoir décliner ; car, je vous l’avoue, le pas que j’ai fait vis-à-vis de ce cruel ennemi m’a bien coûté. […] Dans les visites que nous allions faire dans l’après-midi du dimanche à notre aimable et cordial professeur, il nous entretenait souvent de ces idées de réforme, de ces plans d’amélioration pour le sort du grand nombre, de ces rêves de bon et philanthropique gouvernement et de régime sensé, humain, égal pour tous, essentiellement moderne ; le souffle, qui lui était venu, le matin, de cet ancien ami de Joseph II, respirait dans ses paroles et arrivait jusqu’à nous ; il nous communiquait, tout pénétré qu’il était, une véritable inspiration de bienfaisance.
Le comte de Loss, envoyé de Saxe à Paris, à qui ces bonnes idées vinrent coup sur coup, ne perdit pas un instant pour les produire, et à peine l’agrément obtenu de sa Cour, il en parla au marquis d’Argenson, notre ministre des Affaires étrangères. […] Le roi, ayant lu la note, fit venir le comte de Vaulgrenant qui, naturellement, parla dans le sens de ce qu’il avait écrit et y abonda. […] Il avait une sœur naturelle, légitimée, fille d’Auguste II et d’une danseuse, la princesse de Holstein ; séparée de son mari, elle avait longtemps vécu à Venise, et c’était lui qui, en un jour de belle humeur et de bienveillance, l’avait fait venir à Paris, il l’avait même installée à sa terre des Pipes (ou Piples), il avait fait donner un régiment à son fils. […] Dans une histoire sommaire des grandes guerres, venu entre le prince Eugène et le grand Frédéric, il est un peu perdu, il n’est pas à leur niveau ; au plus sera-t-il nommé et mentionné comme un jalon intermédiaire18. […] Elle doit le regarder comme son asile, son père, et lui tout dire, bien ou mal, comme cela viendra, et ne lui rien déguiser.
C’est de là qu’ils partent pour enseigner à l’homme ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ce qu’il peut devenir, ce qu’il doit être. […] Avant notre histoire, quelle longue histoire animale et végétale, quelle succession de flores et de faunes, que de générations d’animaux marins pour former les terrains de sédiment, que de générations de plantes pour former les dépôts de houille, quels changements de climat pour chasser du pôle les grands pachydermes Enfin voici l’homme, le dernier venu, éclos comme un bourgeon terminal à la cime d’un grand arbre antique, pour y végéter pendant quelques saisons, mais destiné comme l’arbre à périr après quelques saisons, lorsque le refroidissement croissant et prévu qui a permis à l’arbre de vivre forcera l’arbre à mourir. […] Les écrivains du dix-huitième siècle renversent ce procédé : c’est de l’homme qu’ils partent, de l’homme observable et de ses alentours à leurs yeux, les conclusions sur l’âme, sur son origine, sur sa destinée, ne doivent venir qu’ensuite, et dépendent tout entières, non de ce que la révélation, mais de ce que l’observation aura fourni. […] Que l’on compare le Discours de Bossuet sur l’Histoire universelle, et l’Essai de Voltaire sur les mœurs, on verra tout de suite combien ces fondements sont nouveaux et profonds Du premier coup, la critique a trouvé son principe : considérant que les lois de la nature sont universelles et immuables, elle en conclut que, dans le monde moral, comme dans le monde physique, rien n’y déroge, et que nulle intervention arbitraire et étrangère ne vient déranger le cours régulier des choses, ce qui donne un moyen sûr de discerner le mythe de la vérité339. […] Cherchons donc s’il n’est pas le fil dont toute notre trame mentale est tissée, et si le déroulement spontané qui le noue maille à maille n’aboutit pas à fabriquer le réseau entier de nos pensées et de nos passions Sur cette idée, un esprit d’une précision et d’une lucidité incomparables, Condillac donne à presque toutes les grandes questions les réponses que le préjugé théologique renaissant et l’importation de la métaphysique allemande devaient discréditer chez nous au commencement du dix-neuvième siècle, mais que l’observation renouvelée, la pathologie mentale instituée et les vivisections multipliées viennent aujourd’hui ranimer, justifier et compléter346.
De là vient la haute placidité de ces œuvres admirables : l’antithèse, l’opposition, la distinction en étant bannies, la paix et l’harmonie y règnent, sans être jamais troublées. […] Car conclure de ce principe : « Le système ultérieur est toujours le meilleur », que tel esprit léger et superficiel qui viendra bavarder ou radoter après un homme de génie lui est préférable, parce qu’il lui est chronologiquement postérieur, c’est, en vérité, faire la part trop belle à la médiocrité. […] Ils savaient moins exactement que nous, et ils avaient moins de critique ; ces éléments qu’ils mêlaient, ils ne savaient d’où ils venaient. […] Puis est venue l’époque de la distinction des genres, durant laquelle on eût blâmé l’introduction du lyrisme dans le drame ou de l’élégie dans l’épopée. […] Pour l’Allemagne, Voltaire est venu après Herder, Kant, Fichte, Hegel.
La Fontaine, Racine, la Bruyère viennent au monde dans les alentours ou à Paris même. […] Quelle que soit la partie du monde qui a ainsi l’honneur d’être le plus avant dans la faveur publique, cela se trahit dans la littérature par une multitude de traits ; ce sont des mots nouveaux désignant des choses exotiques, fleurs, arbres, animaux ; ce sont des comparaisons, des images, des sujets empruntés qui viennent enrichir le fonds national. […] Voltaire ne répondit pas sur-le-champ ; mais sa réponse vint plus tard sous une forme inattendue. […] Supposez qu’on vienne un jour à établir une communication entre la terre et quelqu’une des planètes qui tournent avec nous autour de notre soleil. […] Mais il ne voyait rien venir et s’inquiétait, quand il aperçut sa bonne, qui le cherchait, et qui ramena au logis, moitié content et moitié fâché, l’aventureux bambin.
Il vint étudier à Paris, au collège de Navarre, et s’y lia avec les fils du duc de La Rochefoucauld (l’auteur des Maximes), gens d’esprit eux-mêmes. […] L’illustre Sobieski venait d’être élu roi de Pologne ; il avait pour femme une d’Arquien. […] Je vois bien que ce seyait folie de faire venir ici mes gens… Cependant je suis ruiné ici. […] Ils ne sauraient guère avoir de meilleur maître… Il donna audience à l’envoyé des Tartares lundi ; il (l’envoyé) vint l’assurer de l’amitié du khan son maître, et de l’envie qu’il a de ménager une bonne paix entre le Turc et lui. […] Quand vint la goutte et une demi-retraite, il éleva son âme, il affermit ses accents, et il en a trouvé quelques-uns du moins qui méritent de vivre.