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31. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Les figures qui sont sur le devant de ce superbe morceau sont isolées. […] Enfin la composition finit par plusieurs figures, dessinées sur la superficie du marbre par de simples traits. […] Leurs sculpteurs ne sçavoient que couper des figures de ronde bosse par le milieu ou par le tiers de leur épaisseur, et les plaquer, pour ainsi dire, sur le fond du bas-relief, sans que celle qui s’enfonçoient fussent dégradées de lumiere. […] Avec deux ou trois pouces de relief, ils font des figures qui paroissent de ronde bosse, et d’autres qui semblent s’enfoncer dans le lointain. […] On peut donc dire que les anciens n’avoient point l’art des bas-reliefs, aussi parfait que nous l’avons aujourd’hui, quoiqu’on voïe des figures admirables dans des bas-reliefs antiques.

32. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Mais il est certain qu’elle est imposante, et qu’elle donne au livre à travers lequel elle est répandue la désolation immobile et saisissante des figures tumulaires, sobres de gestes, et une solennité sans emphase qui touche presque à de la grandeur. […] Au milieu des raisonnements politiques, appuyés de faits, qui sont le fond de cet ouvrage, évidemment écrit pour des lettrés qui savent ou doivent savoir l’histoire, et où il n’y a jamais le terre-à-terre d’une narration, se dressent, peintes, deux à trois figures, auxquelles l’auteur attache l’éclair qu’il a mis à la figure de Henri IV, ce sensé, qui n’eut jamais, en faisant le huguenot, une seule des passions huguenotes, qui voyait clair en se cachant, et honora toujours l’Église, même quand il l’insultait ! […] Mais de toutes les figures que Segretain nous a peintes, celle qui domine, à dessein, toutes les autres, est la majestueuse figure de Sixte-Quint, opposée à la figure de Henri IV, dans ce livre qui porte leurs deux noms, mais non dans un but d’antithèse. C’est autour de la figure de Sixte-Quint que l’allumeur d’éclairs que Segretain est dans l’Histoire en a fixé quelques-uns, que le préjugé ou la mauvaise foi, nous l’espérons, n’éteindront plus. […] Le détail dans lequel nous ne pouvons entrer, on le trouvera dans Segretain, qui a peint cette figure de Sixte, impersonnelle comme la Sagesse, la Justice et la Charité, avec l’intelligence d’un homme qui a le sentiment de la Papauté.

33. (1923) Paul Valéry

La figure de ce monde fait partie d’une famille de figures dont nous possédons sans le savoir tous les éléments de groupe infini. C’est le secret des inventeurs. » Le secret aussi de l’invention qui nous fait inventer nous-mêmes pour nous-mêmes et qui tire de cette famille de figures la figure que nous sommes. […] Une autre figure — meilleure ou pire ? […] La Jeune Parque elle aussi figure dans une partie du poème une Dormeuse. […] Mais lui-même ne figure, répétons-le, que le lieu de passage.

34. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nous ne pouvons concevoir une figure comme ayant trois côtés et en même temps comme ayant quatre côtés. […] Ce malade a vérifié, par l’expérience de ses autres sens, que ces figures ne correspondent à rien de solide. […] Il sait que, à l’endroit où il voit une figure humaine, il n’y a qu’un mur tendu de papier vert. […] Je rencontre par hasard dans la rue une figure de connaissance, et je me dis que j’ai déjà vu cet homme. Au même instant, cette figure recule dans le passé et y flotte vaguement sans se fixer encore nulle part.

35. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Les peintres intelligens ont si bien connu, ils ont si bien senti cette verité, que rarement ils ont fait des païsages deserts et sans figures. […] Ils y placent ordinairement des figures qui pensent, afin de nous donner lieu de penser ; ils y mettent des hommes agitez de passions, afin de reveiller les nôtres et de nous attacher par cette agitation. En effet on parle plus souvent des figures de ces tableaux que de leurs terrasses et de leurs arbres. Le païsage que le Poussin a peint plusieurs fois, et qui s’appelle communément l’ Arcadie , ne seroit pas si vanté s’il étoit sans figures. […] On se figure ce qu’elles vont se dire de touchant lorsqu’elles seront revenuës de la premiere surprise, et l’on l’applique à soi-même et à ceux pour qui l’on s’interesse.

36. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Leurs noms sont : acutus, … etc. on peut voir dans le livre que je cite, la figure propre à chaque accent. […] Ces figures s’appelloient semeia ou signes. Le mot de semeia signifie bien toute sorte de signes en general, mais on en avoit fait le nom propre des notes ou des figures dont il est ici question. Toutes ces figures étoient composées d’un monogramme formé de la premiere lettre du nom particulier de chacun des dix-huit sons du sistême general. […] Boéce nous a donné la figure de ces monogrammes.

37. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

En effet parmi tant de figures qui font si bien sur la toile, combien s’en rappelle-t-on qui pussent soutenir le marbre ? […] Les figures plates ressemblent à de belles et riches images collées sur toile. […] Le concert est le meilleur ; il y a une figure de femme charmante, bien habillée, bien ajustée et d’un caractère de tête attrayant. […] Les figures de la bonne aventure sont bien habillées, mais la couleur n’y est pas. […] La belle figure que ferait le buste de M. 

38. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Ce bras gauche est vrai, je le crois ; mais la position de la figure le fait paraître petit et maigre. […] Pour moi, je trouve que les deux jeunes filles, charmantes à la vérité, d’une physionomie douce et fine, se ressemblent trop d’action, de figure et d’âge. […] C’est une seule figure debout ; vue de faces ; un enfant qui tient un arc tendu et armé de sa flèche toujours dirigée vers celui qui le regarde ; il n’y a aucun point où il soit en sûreté. […] Il a fallu que le milieu de l’arc répondît au milieu de la poitrine de la figure. […] La figure a un air d’activité, de force et de menace ; et la flèche est une flèche, et non un morceau de fer de quelques lignes.

39. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 32, de l’importance des fautes que les peintres et les poëtes peuvent faire contre leurs regles » pp. 273-274

Si cette faute consiste, comme celle du Bandinelli, dans une figure de femme plus haute qu’une figure d’homme d’égale dignité, elle est facilement remarquée, puisque ces deux figures sont l’une à côté de l’autre. […] D’ailleurs les fautes réelles qui sont dans un tableau comme une figure trop courte, un bras estropié, ou un personnage qui nous présente une grimace au lieu de l’expression naturelle, sont toujours à côté de ses beautez.

40. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

mon ami, qui est-ce qui trouvera la vraie figure d’Euridice ? […] La tête d’Euridice est sotte, ses pieds et ses mains sont mal dessinés ; mais la couleur de toute la figure fait plaisir. Les pieds et les mains des autres figures sont aussi mal dessinés ; mais qui est-ce qui se donne aujourd’hui la peine de finir ces parties ? […] La forme bizarre du tableau peut avoir forcé la composition, ou bien le peintre a été fort sage de cacher des figures qu’il n’était plus en état de peindre. […] Comme ces figures sont agencées !

41. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Toutes ces figures occupent la partie inférieure du tableau et sont jettées de droite et de gauche sur le devant avec beaucoup de mouvement et de chaleur. […] Il y a derrière ces deux principales figures, dont la position, les vêtemens, les draperies, les plis sont si justes, qu’on ne songe pas à les vouloir autrement, un porte-dais et quelques autres ecclésiastiques assistans avec des cierges, des flambeaux et la croix. […] Il fallait encore éviter la ressemblance trop forte des deux prêtres administrans, à moins que ce ne soient les deux frères, car ils ont cet air de famille qui choque, surtout dans une composition où il y a si peu de figures, lorsqu’il n’est pas historique. […] Et puis ces diables sont de mauvais goût, insupportables de figures et de caractère ; ils forment une guirlande ovale dont l’intérieur est vide, nulle masse d’ombre ni de lumière. […] figure académique. du même.

42. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

La figure de femme peinte sur un morceau de stuc qui étoit chez le chanoine Vittoria, est presentement à Paris chez M.  […] Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d’un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l’état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu’il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le temps même que le mausolée fut elevé, et par consequent sous le regne de cet empereur. […] On la reconnoissoit sans peine pour la figure principale du tableau. […] Qui peut douter après avoir vû l’expression des figures du grouppe de Laocoon, que les anciens n’aïent excellé dans l’art qui sçait donner une ame au marbre et au bronze, et qui sçait prêter la parole aux couleurs. Il n’y a point d’amateur des beaux arts qui n’ait vû des copies du moins de la figure d’un gladiateur expirant, laquelle étoit autrefois à la vigne Ludovise, et qu’on a vûë depuis au palais Chigi.

43. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Ils disent qu’un mot est de la figure simple ou qu’il est de la figure composée ; en sorte que figure vient ici de fingere, & se prend pour la forme ou constitution d’un mot qui peut être ou simple ou composé. […] La figure, c’est d’être simple ou composé. Les adverbes sont de la figure simple, quand aucun autre mot ni aucune préposition inséparable n’entre dans leur composition ; ainsi justement, lors, jamais, sont des adverbes de la figure simple. […] Figure ronde. […] ) c’est une figure de mots qui est une espece d’ellipse.

44. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Au maréchal, ses figures sont aussi spirituellement dessinées qu’aux Berghem ? […] Ses deux paysages avec figures sont de vrais Berghem pour le choix des sites, l’effet et le faire ; sa petite bataille et son pendant tout à fait dans le style de Wouwermans, fins comme les ouvrages de cet artiste. […] Dans le cavalier espagnol de Casanove, et le cheval et la figure, tout est beau. […] Le cheval est un bon cheval de cavalerie, beau, bien dessiné, de belle couleur, et quoiqu’il n’y ait dans tout le morceau que deux figures, il est d’un effet grand et sévère.

45. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Regarder une figure qui charme, prendre dans sa main une poignée d’argile humide, pétrir cette argile sous ses doigts et chercher à lui donner les formes de la figure que l’on admire, quoi de plus naturel d’instinct ? […] Cette forme admirable, chef-d’œuvre de convenance et d’harmonie, apparaissait à ce peuple comme la figure de l’esprit, dont elle rendait pour ainsi dire les lois visibles. […] Les figures symboliques des dieux revêtent une majesté calme qui semble avoir été inspirée aux artistes par le spectacle de la nature. […] Autant que les idées chrétiennes de pénitence et d’ascétisme, les formes élancées de l’architecture du moyen âge commandaient aux figures qu’on y associait l’allongement et la maigreur. […] On souffre du poids qui les écrase ; on voudrait soulager leurs membres qui semblent plier en se roidissant sous cette masse ; on sent que le ciseau de Phidias tremblait, brûlait dans sa main, quand ces sublimes figures naissaient sous ses doigts.

46. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Mon imagination s’était idéalisé cette figure. […] L’attrait était le caractère dominant et magique de cette figure ; le regard s’y collait comme le fer à l’aimant ; c’était une physionomie aimantée : elle aurait enlevé une enclume au ciel. […] maintenant je comprends l’émotion que cette céleste figure a donnée au monde dans sa fleur, et tout ce qui m’étonne c’est que cette émotion ne se prolonge pas jusque dans sa maturité ! […] Bernard avait épousé Julie Matton, femme d’une figure qui présageait celle de sa fille. […] Marie-Antoinette s’extasia sur cette ravissante figure ; elle la compara à celle de sa propre fille (depuis madame la duchesse d’Angoulême, captive du Temple), du même âge que Juliette Bernard et d’une figure trop tôt flétrie par des deuils éternels.

47. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

J’ai passé souvent bien des heures, au palais Barberini de Rome, à contempler cette naïve et opulente figure de la belle Fornarina, dont l’attrait consuma Raphaël. […] Son attitude rappelle, sans les imiter, les attitudes les plus naturelles et les plus articulées des figures de Phidias, dans les bas-reliefs du Parthénon. […] Ce groupe, qui fait contraster la mort et l’enfance, est digne, par l’expression des figures et par la naïveté des poses, de Corrége, ce poète des enfants. […] Une transe courageuse, mais prévoyante, jette le même frisson sur tous ces visages, à l’exception du jeune adolescent ; celui-là n’a sur la figure que la mâle fierté de son métier et la présomption de son ignorance. […] Enfermé avec le seul compagnon de sa vie, son frère Aurèle Robert, dans le grenier d’un palais de Venise qui lui servait d’atelier, il retouchait et modifiait infatigablement ses figures.

48. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Examen du clair-obscur Si une figure est dans l’ombre, elle est trop ou trop peu ombrée, si la comparant aux figures plus éclairées et la faisant par la pensée avancer à leur place, elle ne nous inspire pas un pressentiment vif et certain qu’elle le serait autant qu’elles. […] Moyen technique de s’assurer si les figures sont ombrées sur le tableau comme elles le seraient en nature : c’est de tracer sur un plan celui de son tableau, d’y disposer des objets soit à la même distance que ceux du tableau, soit à des distances relatives, et de comparer les lumières des objets du plan aux lumières des objets du tableau. […] Mieux un habit collerait sur les membres, plus la figure aurait la figure d’un homme de bois.

49. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

La figure ci-contre nous aidera à comprendre ce problème un peu difficile. […] La figure représente la série continuée jusqu’à la dix-millième génération et, sous une forme simplifiée, jusqu’à la quatorze-millième génération. Mais je n’entends pas dire que le procédé de transformation continue toujours d’agir aussi régulièrement que la figure le représente, bien que la figure elle-même soit à dessein irrégulière. […] Les nouvelles espèces qui, selon la figure, descendent des onze espèces originelles, seraient donc, d’après cela, au nombre de quinze. […] On a quelquefois représenté les affinités des êtres de même classe sous la figure d’un grand arbre : cette comparaison est très exacte.

50. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

C’est un choc de cavalerie très-vif d’action, savamment composé, figures d’hommes et de chevaux bien dessinées et pleines d’expression. […] Il n’y a ici ni éclat, ni tumulte, ni fracas de couleur et de figures, rien de ce qui impose à la multitude, mais du repos, de la tranquillité, un art sévère. […] deux paysages avec figures. du même. […] Les figures de la gauche, quoique très-agréables, sont un peu collées au rocher dont la face est coupée à pic et égale de forme et de ton. En changeant la forme et pratiquant à cette surface des enfoncemens, des saillies, les figures seraient venues plus en devant ; en laissant à cette masse son égalité plane, il eût fallu varier le ton, et faire passer de l’air entre les figures et le rocher.

51. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

J’ai eu en moi, toute la nuit, le sombre et concentré désespoir de sa figure, de sa voix, de son attitude. […] bien, je lirai ce soir du Chateaubriand. » Lire tout haut les Mémoires d’outre-tombe, c’est son idée fixe, sa manie ; il m’en persécute, du matin au soir, — et il faut que ma figure ait l’air d’écouter. […] Il s’enferme dans un silence entêté, sa figure se couvre d’un nuage méchant, et apparaît en lui, comme un être nouveau, inconnu, sournois, ennemi. * * * Sa physionomie s’est faite humble, honteuse ; elle fuit les regards comme des espions de son abaissement, de son humiliation… Depuis bien longtemps sa figure a désappris le rire, le sourire. […] Les yeux du mourant, s’il lui était accordé un instant de reconnaissance des siens, ne doivent pas rencontrer une figure étrangère.

52. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Je laisse là le reste de la figure, et je vais m’occuper seulement de la tête. […] Lorsque le poète dit, vero incessu patuit dea, il faut chercher en soi cette figure-là. […] Allons, nigaud, tendez-moi ce jarret, déployez-moi cette figure ; ce nez un peu au vent. […] Vous académiserez, vous redresserez, vous guinderez vos figures. […] Nous avons cependant quelques caractères traditionnels, quelques figures données par la peinture et par la sculpture.

53. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

Ce sont deux figures liées par des guirlandes sur un fond bleu. […] La Flore est une figure muette qui ne me dit rien. […] Les deux figures sont de chair ; mais elles n’ont ni l’élégance, ni la grâce, ni la délicatesse qu’exigeait le sujet. […] une grande pureté de dessin, une grande simplicité de draperie, une élégance infinie dans toute la figure ?

54. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Les actions que figure le mime sont tantôt des souvenirs et tantôt des projets. […] Ce fut la figure réelle du Parnasse. […] Il ne figure dans le vers que si Orgon le garde dans sa main. […] Rappelons-nous aussi, dans le Cygne de Baudelaire, la même figure d’exil. […] Mais, des figures calmes et sculpturales aux figures de la flexion et du vol, des racines de la forêt à l’« instrument des fuites », le même genre subsiste, et la transition ne s’interrompt point.

55. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Par un phénomène inexplicable et pourtant bien réel, s’il est vrai que les diverses figures peintes d’un même comédien ne se ressemblent jamais entre elles, il est également vrai que les portraits des comédiens d’une même époque se ressemblent tous, tous  comme des frères. […] Peut-être de « l’air de théâtre » également répandu sur toutes ces figures. […] Et c’est que toutes les autres sont coiffées et habillées à peu près comme les figures allégoriques de la place de la Concorde. […] Comme Bouddha, ils se résignent à revêtir diverses figures ; ils font le sacrifice de celle qu’ils auraient pu avoir, de celle à laquelle ils avaient droit. […] le diable lui-même ne s’y reconnaîtrait pas), — nous ne saurions trop les fêter pendant que nous jouissons d’eux, ni leur tresser trop de couronnes, ni trop multiplier ce que nous prenons pour leurs figures, ni trop les décorer, ni trop les gorger de louanges et d’honneurs, — dussions-nous pour cela faire violence à leur inexorable modestie.

56. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Ses figures se remuent. […] Il a voulu que ces figures fussent aériennes ; et cette imagination me paraît de génie. […] Si le peintre eût gardé cette proportion entre ses figures, les hommes auraient été des pygmées, et l’ouvrage aurait perdu son intérêt et son effet. […] Il fallait racheter la légèreté, la transparence et la fluidité de ces figures, par une énergie, une étrangeté, et une vie toute extraordinaire.

57. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

Le sacrifice d’Iphigenie, par exemple, ne convient qu’à un tableau où le peintre puisse donner à ses figures une certaine grandeur. Un pareil sujet ne veut pas être répresenté avec de petites figures destinées à l’embellissement d’un païsage. Un sujet grotesque ne veut pas être traité avec des figures aussi grandes que le naturel. Des figures plus grandes que nature ne seroient point propres à répresenter une toilette de Venus.

58. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Carle Vanloo » pp. 183-186

C’est une longue figure, soutenue sur deux longues jambes fluettes. […] Une figure toute nue n’est point indécente. Placez un linge entre la main de la Venus de Médicis, et la partie de son corps que cette main veut me dérober, et vous aurez fait d’une Venus pudique une Venus lascive, à moins que ce linge ne descende jusqu’aux pieds de la figure. […] Un amas confus de petites figures pressées, toutes pareilles d’ajustements, de position et de physionomies.

59. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

Quelle immense variété de scènes et de figures ! […] Les figures en sont du dessin le plus correct. […] Les deux figures du peintre n’arrêtent, ni n’intéressent. […] Cela se peut, mais c’est une absurdité ; car pour les figures et pour moi qui m’assieds à côté d’elles, elles ne sont qu’à peu de distance.

60. (1922) Gustave Flaubert

Intellectuel d’Yonville, il figure le Voltaire local. […] Homais fera au Sénat aussi bonne figure que beaucoup d’autres. […] S’il n’y a pas de Lheureux ni d’Homais parmi les figures principales, il y en a des traces dans ces figures secondaires. […] La figure du grand bourgeois parlementaire, M.  […] Le Cochon garde sa figure symbolique, mais tient moins de place.

61. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Ce tableau était le vrai piédestal de cette figure de madame de Staël, une conversation éloquente dans un salon. […] Il travailla assidûment et lentement à étudier et à placer les paysages, les flots, les écueils, les groupes secondaires de son tableau ; mais il laissa toujours en blanc la figure de l’improvisatrice, ne trouvant rien, dans son imagination éminemment vraie, naturelle, sérieuse, de cet enthousiasme de convention qu’il fallait nécessairement donner à cette figure de jeune fille du Nord, psalmodiant et pleurant des lamentations imaginaires sur les catastrophes des vieux Romains. […] En vain il copie le mâle visage de la sœur aînée de Thérésina, Maria Grazia : cette figure n’a que des passions vraies dans ses traits ; elle enfonce la toile ; elle fait frémir Oswald et pâmer d’effroi les élégantes Écossaises de la société de Corinne. […] Sa figure est triste et résignée au fond, mais à la surface elle prend toutes les expressions terribles ou tendres des situations des poèmes qu’il récite. […] voilà le tableau que Léopold substitue à l’instant sur la toile aux figures fausses et fardées de Corinne !

62. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  De Machy  » p. 151

Ce sont des masses qui en imposent par leur grandeur ; et le petit nombre de figures que l’artiste y a répandues m’ont paru de bon goût. En général il faut peu de figures dans les temples, dans les ruines et les paysages, lieux dont il ne faut presque point rompre le silence ; mais on exige que ces figures soient exquises.

63. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

La servante Nicaise reste une servante peinte avec le même souci de vérité qu’une figure hollandaise. […] Le Renégat ne vise qu’à évoquer la figure de Saint-Louis. […] Benoit sait animer de vrais feuillages dans l’air autour de la figure d’Aurore. […] La littérature française a pris depuis quelque temps figure d’un champ de bataille politique. […] Ce sera toujours une figure plus ou moins ridicule ou odieuse.

64. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Granet, dont c’était le genre, lui dit un jour : « Laissez donc ces tableaux de murailles pour les gens qui ne savent pas faire la figure. » La figure humaine, cette figure d’un être que l’Écriture nous apprend avoir été fait à l’image de Dieu, avec sa grandeur, sa noblesse, sa force, sa grâce, et surtout sa gravité et sa tristesse, c’est en effet le triomphe de Léopold Robert : il s’y est consacré et consumé. […] Ce n’est pas ici le lieu d’examiner si Raphaël, même en les ayant vues ainsi réunies, eût cherché à exprimer les figures juives avec ce caractère marqué et absolu que leur voit et que leur veut Léopold Robert. […] Cette figure de Corinne est ingrate à faire, car on ne sait quel caractère lui donner ni quel costume. […] Dans son séjour de Rome, il commençait à se lasser de ne faire que de petits tableaux à une ou deux figures et de les répéter. […] Les uns, qui ont la promptitude de l’observation, se font les moyens prompts de la rendre ; ceux au contraire qui, comme Ingres, vont chercher dans le cœur les expressions qui animent leurs figures, mettent plus de lenteur ; ils cherchent ce qu’ils sentent, mais qu’ils ne voient pas.

65. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

., et tout à côté, en contraste, des cercles et des ellipses, je prononce à propos des premiers le nom de polygone, je n’ai pas en moi-même la représentation sensible du polygone pur, c’est-à-dire abstrait ; car le polygone pur est une figure à plusieurs côtés, sans que ces côtés fassent un nombre : ce qui exclut toute expérience et représentation sensible ; dès que les côtés sont plusieurs ils font un nombre, trois, quatre, cinq, six, etc. ; qui dit plusieurs dit nombre déterminé, fixé. […] De même, en entendant le mot polygone, je trace en moi-même fort indistinctement des lignes qui se coupent et tâchent de circonscrire un espace, sans que je sache encore si la figure qui est en train de naître sera quadrilatère ou pentagone. […] Le triangle est une figure fermée par trois lignes qui se coupent deux à deux, et non cette image indécise sur fond noirâtre ou blanchâtre, aux pointes plus ou moins aiguës, qui tour à tour, à la moindre insistance, se trouve scalène, isocèle ou rectangle. […] Si lucide et si compréhensive que soit la vue intérieure, après cinq ou six, vingt ou trente lignes, tirées à grande peine, l’image se brouille et s’efface ; et cependant ma conception du myriagone n’a rien de brouillé ni d’effacé ; ce que je conçois, ce n’est pas un myriagone comme celui-ci, incomplet et tombant en ruine, c’est un myriagone achevé et dont toutes les parties subsistent ensemble ; j’imagine très mal le premier et je conçois très bien le second ; ce que je conçois est donc autre que ce que j’imagine, et ma conception n’est point la figure vacillante qui l’accompagne. — Mais d’autre part cette conception existe ; il y a en moi quelque chose qui représente le myriagone et qui lui correspond exactement. […] La figure de la bonne ou de la mère disparaissant derrière un meuble, le soleil disparaissant derrière la colline forment l’autre classe.

66. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Mais Raphaël voit un moment le pere éternel peint par Michel-Ange : frappé par la noblesse de l’idée de ce puissant génie, que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent. […] La figure qui représente Dieu le pere dans ces trois tableaux, est véritablement noble et venerable, mais il y a trop de douceur et point assez de majesté. […] Le Correge qui n’étoit pas encore sorti de son état, quoiqu’il fut déja un grand peintre, étoit si rempli de ce qu’il entendoit dire de Raphaël, que les princes combloient à l’envi de présens et d’honneurs, qu’il s’étoit imaginé qu’il falloit que l’artisan, qui faisoit une si grande figure dans le monde, fût d’un mérite bien superieur au sien qui ne l’avoit pas encore tiré de sa médiocrité. […] Au contraire, un poëte capable par son génie de donner l’être à de nouvelles idées, est capable en même-temps de produire des figures nouvelles, et de créer des tours nouveaux pour les exprimer. […] On y voit que Raphaël cherchoit déja comment il feroit pour varier les airs de tête, qu’il vouloit donner de l’ame à ses figures, qu’il dessinoit le nud sous les drapperies, enfin qu’il faisoit plusieurs choses que son maître ne lui enseignoit point apparemment.

67. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Comme il n’y a point de mérite à dérober une tête à Raphaël ou une figure au Dominiquin : comme le larcin se fait sans grand travail, il est défendu sous peine du mépris public. Mais comme il faut du talent et du travail pour animer le marbre d’une figure antique, et pour faire d’une statuë un personnage vivant, et qui concoure à une action avec d’autres personnages, on est loüé de l’avoir fait. […] Il y a bien de la difference entre emporter d’une gallerie l’art du peintre, entre se rendre propre la maniere d’operer de l’artisan qu’on vient d’admirer, et remporter dans son portefeüille une partie de ses figures. […] Il emportera donc une des figures, mais il n’apprendra point à traiter dans le même goût une figure qui seroit de son invention.

68. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Ils faisoient sortir de la bouche de leurs figures par une précaution bizarre, des rouleaux sur lesquels ils écrivoient ce qu’ils prétendoient faire dire à ces figures indolentes ; c’étoit-là veritablement faire parler ces figures. […] Au contraire rien n’est plus facile au peintre intelligent que de nous faire connoître l’âge, le temperament, le sexe, la profession, et même la patrie de ses personnages, en se servant des habillemens, de la couleur des chairs, de celle de la barbe et des cheveux, de leur longueur et de leur épaisseur, comme de leur tournure naturelle, de l’habitude du corps, de la contenance, de la figure de la tête, de la physionomie, du feu, du mouvement et de la couleur des yeux, et de plusieurs autres choses qui rendent le caractere d’un personnage reconnoissable par sentiment. […] Saint Petrone vêtu en évêque, et portant sur la main la ville de Boulogne caracterisée par ses principaux bâtimens et par ses tours, n’est pas une figure connuë en France generalement comme elle l’est en Lombardie. Saint Martin coupant son manteau, action dans laquelle les peintres et les sculpteurs le répresentent ordinairement, n’est pas d’un autre côté une figure aussi connuë en Italie qu’elle l’est en France. […] Ils ont une idée de l’air du visage et des habillemens de ceux qui ont fait la plus grande figure dans ces tems-là.

69. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

En s’y promenant, il prit goût tout d’abord aux types de figures qui l’environnaient, et il y élut en quelque sorte domicile en y louant une chambre qui lui servait d’observatoire et d’atelier. […] Il en rapporta quantité de types pittoresques aussi neufs que charmants, le Joueur de cornemuse, la fille des rues à Édimbourg (l’élégance même, nu-pieds et en lambeaux), et toutes sortes de figures rustiques et campagnardes (Rustic groups of figures), très beaux dessins publiés par Day à Londres. […] De même, dans la mélancolie et le spleen final de Childe-Harold et d’Oswald, à ces longues figures aristocratiques plus allongées que de coutume, on reconnaît sensiblement un lord invalide à sa manière, et pas un autre. […] Pour voir et pour rendre tant de scènes et de figures, comment s’y prend Gavarni ? […] Jamais il n’a fait une figure sans en avoir ridée nette dans son imagination ; il a le bonhomme dans la tête.

70. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé ! […] Mais chaque fois qu’il en descend, il semble, jusqu’au jour où l’ardent Visionnaire verra l’ange Gabriel face à face, en descendre plus lourd et plus chargé de l’électricité divine… IV C’est cette figure de Mahomet si longtemps déguisée par l’ignorance, l’erreur et l’injustice, que Barthélemy Saint-Hilaire a fait émerger des plus profonds travaux contemporains. […] À la place de ces caricatures historiques, il y a la figure du grand homme, doux et inspiré, qui apprit aux Arabes la miséricorde et l’aumône, et dont le cimeterre, qu’il a fini par tirer dans les intérêts de sa foi, n’a pas aveuglé de son éclat Barthélemy Saint-Hilaire, puisqu’il a écrit fermement cette parole vraie : c’est que le livre du Coran a fait plus que le sabre pour la domination du monde. […] En écartant respectueusement Celui qu’il faut laisser sur ses autels et qu’un chrétien ne peut comparer à personne, Mahomet est une des trois ou quatre figures qui dominent l’humanité et son histoire.

71. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Prenez la plus simple de toutes, celle que provoque une figure reflétée dans une glace ; si la glace est bien pure et occupe toute une paroi de la chambre, si le jour est bien ménagé et si vous n’êtes pas prévenu, vous croirez voir la figure devant vos yeux à un endroit où il n’y a que des moellons du mur. […] Soit cette table d’acajou vers laquelle je tourne les yeux ; quand je la perçois, j’ai, à propos de la sensation de ma rétine, une conception affirmative, qui est celle d’un quelque chose étendu, résistant, dur, lisse, faiblement sonore, d’un brun rougeâtre, de telle grandeur et de telle figure, bref d’un être ou substance, doué des qualités ou propriétés susdites. […] Or, limite signifie cessation ; la surface, la ligne, le point et les figures qui en dérivent ne sont donc que des points de vue de la solidité, des manières diverses de considérer sa cessation et son manque, c’est-à-dire le manque et la cessation de la sensation de résistance. — Reste l’étendue elle-même. […] Sa figure est l’ensemble de ses limites. […] Dès lors deux séries nouvelles de propriétés viennent s’ajouter à lui et parfaire son être. — D’un côté, nous remarquons qu’il est capable de tels changements précis sous telles conditions précises ; il peut changer de lieu, de figure, de grandeur, de consistance, de couleur, d’odeur, être divisé, devenir solide, liquide, gazeux, être échauffé, refroidi, etc.

72. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

C’est un homme à longs cheveux gris, d’une jolie figure fatiguée, l’œil vif, souriant et pénétrant et caressant ; une tête d’artiste et de médecin. […] Il parle encore fort spirituellement des trois décompositions de physionomie de Sainte-Beuve, de ses trois têtes, qu’il appelle : sa figure Balzac, sa figure Hugo, sa figure Michelet, lorsqu’on parlait de ces trois individualités, qu’il abominait. […] Et sur le seuil de ces antres de terre et de débris de démolition, des vieillardes si vieilles qu’elles ont comme du blanc de champignon, comme du moisi sur la figure. […] On le voit bien à la figure de Sainte-Beuve. […] Balzac arrivait avec la taille massive et la figure monacale de ses portraits.

73. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Il prépare des fonds sombres et frottés de bitume à ses figures lumineuses, il met des fonds blancs derrière ses figures brunes. […] Où un écrivain de moindre génie eût fait un portrait, Balzac a fait une figure. […] Les figures de coquins ne manquent pas, il est vrai, dans la Comédie humaine. […] Il avait une de ces figures qu’on n’oublie pas. […] Peu à peu les figures changent, l’une s’allonge, l’autre s’élargit, une autre devient rouge, une autre devient verte.

74. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il est bon que la critique la voie et la pense parfois sous cette forme, sous cette figure de société. […] C’est elle qui s’est traduite sous la figure latine. […] Elle figure une impression picturale plutôt qu’elle n’indique une impression littéraire. […] Mais le métier de peintre figure ici une matière tandis que le métier d’écrivain figure une forme. […] Une figure maternelle, de pitié et de dévouement.

75. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Il jette ses figures, les groupe et les plie à volonté avec la hardiesse de Michel-Ange et la fécondité de Rubens. […] Delacroix l’injure d’un éloge exagéré pour avoir si bien vaincu la concavité de sa toile et y avoir placé des figures droites. […] Le tableau est composé d’une seule figure et d’une pique qui est d’un effet assez désagréable. […] Malgré la finesse étudiée des figures de M.  […] Lenglet un autre signe particulier aux figures antiques, qui est une attention profonde.

76. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Cela est certain, tout investigateur, tout Allemand qu’il paraît être, Blaze de Bury n’aurait pas songé à faire un livre sur tous ces égaux, sur tous ces Ménechmes dans la bravoure folle, la rapacité, l’orgueil, les vices conquérants ou tyrans de la vie, et finalement dans l’oubli des hommes, si (nous le répétons) la figure du dernier des Kœnigsmark n’avait appelé réellement un peintre comme elle appelle encore un poète, comme elle appelle un historien. Pathétique, fatale et mystérieuse figure ! […] D’ailleurs, cette figure est le centre d’un groupe, et, comme toutes les figures centrales dans l’histoire, autour d’elle vivent et se meuvent d’autres physionomies qui concentrent sur son front la prismatique influence de leur brûlante intensité. […] Quelle objection contre les systèmes de température et de race que la figure de cette femme du Nord (madame de Platen) qui, sous une peau blanche, est une brune italienne du temps des Borgia !

77. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

sans avoir dit son dernier mot complet sur le prêtre, et peut-être est-ce ce dernier mot, qui n’a pas été dit, qui a tenté Ferdinand Fabre et lui a donné l’idée de faire, de face, lui, une grande figure de prêtre, comme il l’a faite dans son Abbé Tigrane, candidat à la Papauté ! […] Souvent aussi, malgré sa force, Fabre manque du trait précis qui achève un mouvement ou une figure commencée ; il n’a pas le coup d’ongle définitif qui les fait tourner et les pose tels qu’ils doivent rester toujours dans l’imagination qui les a contemplés une fois ! […] nous n’aurions pas eu la figure de l’abbé Mical, — la plus profonde figure du livre et la plus belle sans en avoir l’air ; — l’abbé Mical, qui croit en Capdepont, qui le veut évêque ; l’abbé Mical, au conseil de prêtre, à l’amitié de prêtre qui va jusqu’aux coups, qui les reçoit et qui les pardonne ; l’abbé Mical, le petit poisson qui conduit ce requin aveugle et qui a plus de mérite que le petit poisson, que le requin ne mangera pas, quand, lui, peut être dévoré par le sien ; l’abbé Mical, enfin, le Père du Tremblay du Richelieu futur, mais autrement sublime, car Richelieu, qui suivait les conseils du Père Joseph, ne le battait pas. […] Si l’homme qui a trouvé une telle figure, qui comprend ainsi l’amitié du prêtre et son dévoûment, n’est pas encore un catholique, il est bien près de le devenir.

78. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Quand on descend de la Papauté au xive  siècle, de l’altière figure de Boniface VIII et des grandes contentions du schisme d’Occident et du Concile de Constance1 au Triumvirat littéraire 2 de Charles Nisard, on manque d’air et il semble que tout se rapetisse. […] En un siècle égoïste et pressé comme le nôtre, qui s’arrête à peine devant les grandes choses et devant les grands noms, était-ce bien la peine de faire poser devant nous la figure, ou plutôt la momie, de trois scholiastes comme eux ? […] Tufière énorme, qui cachait sous les rides bilieuses du front de l’érudit l’orgueil d’une naissance chimérique, plus intraitable encore que son orgueil de savant, Joseph Scaliger, dans les mains d’un écrivain moraliste et d’une certaine vigueur de pinceau, serait une figure et un caractère.

79. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

. : ouvrage enrichi de Cartes géographiques nouvellement composées sur les observations les plus authentiques, de plans & de perspectives, de figures d’animaux, de végétaux, habits, antiquités, &c. […] Son voyage est orné de figures. […] in-12. avec figures. […] Description de l’Afrique, traduite du Flamand d’Olfert, Dappers, avec des cartes & des figures, in-fol. […] Aulon, Ambassadeur du Roi à Maroc, avec figures in-12.

80. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Notre malade, fort bien du reste et ne se plaignant que de la faim, vit à son réveil une image gracieuse assise près de son lit, dans la pose du tireur d’épine (chevelure et épaules toutes semblables), mais dont la main droite était étendue vers le lit du patient ou de l’observateur (comme on voudra), et posée sur la couverture à 30 centimètres de ses yeux, c’est-à-dire tout près de sa figure et à portée des investigations les plus minutieuses du regard. […] Et le plus doucement possible, avec lenteur et circonspection, déplaçant sous le drap celui de ses bras qui se trouvait le plus éloigné de la figure imaginaire, il l’allongea avec précaution dans la direction opposée, afin de sortir sa main aussi loin que possible de celle qu’il contemplait et de revenir sur celle-ci par un détour fait en l’air, bien lentement, comme on fait quelquefois pour atteindre un papillon ; il s’attendait à voir la main s’envoler avant de l’avoir touchée ; mais pas du tout, les légers plis de la couverture qui se firent malgré ses soins pendant cette grande opération ne modifièrent en rien l’apparence de cette main charmante : voilà que la sienne en est tout près et va pouvoir la saisir. […] Alors, de sa main dépliée, il embrasse pleinement cette main plus petite, il la sent dans la sienne, il palpe ces doigts, ce pouce, ces tendons, recouverts d’une peau souple, halitueuse et douce ; il arrive au poignet, mince et bien pris ; il sent parfaitement la tête du radius et cherche le pouls ; mais alors la figure à laquelle appartient cette main chimérique lui dit d’une voix fraîche, enfantine et souriante, mais sans relever la tête : “Je ne suis pas malade.” — L’alité allait lui demander : “Qui êtes-vous ?”

81. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre. Vous ne savez pas qu’un paysage est plat ou sublime ; qu’un paysage où l’intelligence de la lumière n’est pas supérieure est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage faible de couleur, et par conséquent sans effet, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage qui ne dit rien à mon âme, qui n’est pas dans les détails de la plus grande force, d’une vérité surprenante, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage où les animaux et les autres figures sont maltraités, est un très-mauvais tableau, si le reste poussé au plus haut degré de perfection, ne rachète ces défauts ; qu’il faut y avoir égard pour la lumière, la couleur, les objets, les ciels, au moment du jour, au temps de la saison ; qu’il faut s’entendre à peindre des ciels, à charger ces ciels de nuages tantôt épais, tantôt légers ; à couvrir l’atmosphère de brouillards, à y perdre les objets, à teindre sa masse de la lumière du soleil ; à rendre tous les incidens de la nature, toutes les scènes champêtres, à susciter un orage, à inonder une campagne, à déraciner les arbres, à montrer la chaumière, le troupeau, et le berger entraînés par les eaux ; à imaginer les scènes de commisération analogues à ce ravage ; à montrer les pertes, les périls, les secours sous des formes intéressantes et pathétiques. […] Moi, Monsieur Juliart, dont ce n’est pas le métier, je montrerais sur une colline les portes de Thèbes ; on verrait au devant de ces portes la statue de Memnon ; autour de cette statue des personnes de tout état attirées par la curiosité d’entendre la statue résonner aux premiers rayons du soleil ; des philosophes assis traceraient sur le sable des figures astronomiques ; des femmes, des enfans seraient étendus et endormis, d’autres auraient les yeux attachés sur le lieu du lever du soleil ; on en verrait dans le lointain qui hâteraient leur marche, de crainte d’arriver trop tard.

82. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Cela figure au quatrième volume de ses Propos Littéraires, et c’est écrit au sujet de M.  […] Défiance qui prend une insidieuse figure morale et qui est une tentation du diable. […] Le chapitre sur Montaigne n’y figure pas inutilement. […] Les idées générales, il en a pareillement fourni l’amorce, le plan, lorsqu’il a donné, par sa vie, par ses œuvres, par son influence, une figure extérieure de lui-même, cette figure dont Auguste Comte fait, sous le nom d’existence subjective, le meilleur et le but de l’homme. […] Engendrer une figure géométrique, c’est établir une identité entre cette figure et le mouvement qui l’a décrite, et ce rapport d’identité n’est réel que parce que ni cette figure, ni ce mouvement ne sont réels.

83. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

C’est que la philosophie anti-intellectualiste, en récusant l’analyse et « le discours », se condamne par cela même à être intransmissible, c’est une philosophie essentiellement interne, ou tout au moins ce qui peut s’en transmettre, ce ne sont que les négations ; comment s’étonner alors que pour un observateur extérieur, elle prenne la figure du scepticisme ? […] Au lieu d’envisager directement la relation du corps A et du corps B, nous introduisons entre eux un intermédiaire qui est l’espace, et nous envisageons trois relations distinctes : celle du corps A avec la figure A′ de l’espace, celle du corps B avec la figure B′ de l’espace, celle des deux figures A′ et B′ entre elles. […] Par exemple si A et B sont deux corps solides naturels qui se déplacent en se déformant légèrement, nous envisagerons deux figures invariables mobiles A′ et B′. Les lois des déplacements relatifs de ces figures A′ et B′ seront très simples ; ce seront celles de la géométrie. […] Nous avons une relation entre deux corps A et B que nous avons remplacée par une relation entre deux figures A′ et B′ ; mais cette même relation entre les deux mêmes figures A′ et B′ aurait pu tout aussi bien remplacer avantageusement une relation entre deux autres corps A″ et B”, entièrement différents de A et B.

84. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Alors Charlet était jeune, il ne se croyait pas un grand homme, et sa popularité ne le dispensait pas encore de dessiner ses figures correctement et de les poser d’aplomb. […] Tout cet homme est musclé et charpenté comme les figures des grands maîtres. […] Toutes ses figures sont bien d’aplomb, toujours dans un mouvement vrai. […] Au lieu de saisir entièrement et d’emblée tout l’ensemble d’une figure ou d’un sujet, Henri Monnier procédait par un lent et successif examen des détails. […] Il faisait des têtes d’expression, et entre deux bougies il illuminait successivement sa figure de toutes les passions.

85. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Excepté deux figures dans la demi-teinte, tous les personnages ont leur portion de lumière. […] — Quoi de plus complet que ces deux figures et cette meule ? […] Janmot, c’est une femme assise avec des fleurs sur les genoux. — Cette simple figure, sérieuse et mélancolique, et dont le dessin fin et la couleur un peu crue rappellent les anciens maîtres allemands, ce gracieux Albert Durer, nous avait donné une excessive curiosité de trouver le reste. […] Ce n’est qu’un semblant de peinture sérieuse ; ce n’est pas là le caractère si connu de cette figure fine, mordante, ironique. — C’est lourd et terne. […] Meissonier exécute admirablement ses petites figures.

86. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Diki-Barine était le seul dont la figure restât impassible ; il se tenait toujours immobile. […] Après avoir gardé le silence pendant quelques instants, Iakof regarda autour de lui et se couvrit la figure avec la main. […] Lorsque Iakof se découvrit la figure, il était pâle comme un mort, et ses yeux étaient presque entièrement fermés. […] Ses cheveux trempés de sueur tombaient en désordre, et sa figure était d’une pâleur effrayante. […] Vous avez un peu froid, et vous vous couvrez la figure avec le collet de votre manteau ; le sommeil vous gagne.

87. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

La vie que menait l’auteur dans ces lieux peuplés de souvenirs, on se la figure sans peine. […] que par les songeurs et les poètes ; donner une figure à cette leçon des sages ; faire de cette abstraction philosophique une réalité dramatique, palpable, saisissante, utile. […] Il se dit qu’il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d’hommes de guerre et d’hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude ; qu’il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l’esclavage complet ; et qu’enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu’elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu’elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion des ténèbres, c’est-à-dire la haine, et dans l’esprit la science des ténèbres, c’est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité. […] Ces idées germèrent dans son esprit, et il pensa qu’en disposant de la sorte les figures par lesquelles se traduirait sa pensée, il pourrait, au dénoûment, grande et morale conclusion, à son sens du moins, faire briser la fatalité par la Providence, l’esclave par l’empereur, la haine par le pardon.

88. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Voila pourquoi Boëce qui a vécu sous le regne de Theodoric roi des ostrogots, et quand les théatres étoient encore ouverts à Rome, dit, en parlant d’un compositeur de musique qui met des vers en chant : que ces vers ont déja leur mesure en vertu de leur figure ; c’est-à-dire en vertu de la combinaison des sillabes longues et des sillabes breves dont ils sont composez. […] Quant aux chants composez sur des vers, la mesure de ces chants, le nombre des temps de chaque mesure se trouvoit être déja reglé par la figure du vers. […] Voila pourquoi la plûpart des auteurs grecs et latins qui ont écrit sur la musique, traitent fort au long de la quantité des sillabes, des pieds et des figures du vers ; ainsi que de l’usage qu’on en peut faire, pour donner plus d’agrément et plus d’expression au discours. […] Je l’ignore, mais j’imagine comment on pouvoit donner une valeur certaine dans la musique instrumentale à chaque semeia ou note organique, par des points placez soit au-dessus, soit au-dessous, soit à côté : ou bien en mettant au-dessus de chaque note l’un des deux caracteres qui servoient à marquer si une sillabe étoit breve ou si la sillabe étoit longue, et dont chacun a sçu la figure dès les premieres classes. […] Comment s’y prenoient-ils pour marquer chaque mouvement des pieds et des mains, chaque attitude et chaque démarche par une figure particuliere qui désignât distinctement chacun de ces mouvemens ?

89. (1890) L’avenir de la science « XII »

Quand un résultat est acquis, on ne se figure pas ce qu’il a coûté de peine. […] Le dessin général des formes de l’humanité ressemble à ces colossales figures destinées à être vues de loin, et où chaque ligne n’est point accusée avec la netteté que présente une statue ou un tableau. […] Grèce, Perse, Inde, judaïsme, islamisme, stoïcisme, mysticisme, toutes ces formes étaient nécessaires pour que la grande figure fût complète ; or, pour qu’elles fussent dignement représentées, il ne suffisait pas de quelques individus, il fallait d’énormes masses. […] Non ; car ils ont fait figure ; sans eux les lignes auraient été maigres et mesquines ; ils ont servi à ce que la chose se fit d’une façon luxuriante ; ce qui est plus original et plus grand. […] Ces pauvres femmes, séparées, eussent été vulgaires et n’eussent fait presque aucune figure dans l’humanité ; réunies, elles représentent avec énergie un de ses éléments les plus essentiels du monde, la douce, timide et pensive piété.

90. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Sa taille était médiocre, sa figure pâle, son expression sèche et grave. […] Quant au reste des objets rassemblés avec ordre et une symétrie élégante dans ce lieu, il consistait en figures, en fragments de figures ou d’ornements antiques moulés en plâtre. […] Mais cette étrange figure occupa le centre de l’esplanade des Invalides. […] il y a là quelques figures, un groupe même, dont je m’arrangerai bien. […] « Ce bon vieillard, disait-il, quelle figure vénérable !

91. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Tout ce que je sais, c’est qu’il y avait cette année au sallon beaucoup de portraits, peu de bons, comme cela doit être, et pas un pastel qu’on pût regarder, si vous en exceptez l’ébauche d’une tête de femme dont on pouvait dire, ex ungue leonem ; le portrait de l’oculiste Demours , figure hideuse, beau morceau de peinture ; et la figure crapuleuse et basse de ce vilain abbé De Lattaignant , c’était lui-même passant sa tête à travers un petit cadre de bois noir. […] Tort ou raison, c’est la figure qu’il a peinte qui restera dans la mémoire des hommes à venir.

92. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Pourquoi ne pas lui assigner sa place, à lui aussi, dans la figure symbolique que nous venons de construire ? […] Bref, cette figure ne me montre pas l’action s’accomplissant, mais l’action accomplie. […] C’est attribuer à la figure qu’on a tracée la valeur d’une image, et non plus seulement d’un symbole ; c’est croire que l’on pourrait suivre sur cette figure le processus de l’activité psychique, comme la marche d’une armée sur une carte. […] Et pourtant, une fois la figure construite, on remonte par imagination dans le passé, et l’on veut que notre activité psychique ait suivi précisément le chemin tracé par la figure. […] Il ne restera plus guère alors d’autre parti à prendre qu’à découper des figures dans l’espace, à les faire mouvoir selon des lois mathématiquement formulées, et à expliquer les qualités apparentes de la matière par la forme, la position et le mouvement de ces figures géométriques.

93. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Tout d’un coup mes yeux tombèrent sur une figure de femme qui força mon attention pour l’absorber dans une de ces contemplations qui vous arrachent à la vie extérieure. […] Les figures d’arrière-plan ne valent que comme touches complémentaires, qui viennent préciser et vivifier le décor d’un drame tout intérieur. […] Ce n’est plus là simple parti pris de faire figure dans le monde littéraire, mais ambition justifiée par des mérites correspondants. […] Ce n’est pas qu’on ne rencontre, dans notre littérature contemporaine, des figures féminines issues d’une même veine poétique. […] Voir nos Figures de Rêve : Les Jeunes-Hommes de Luini.

94. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Supprimez la selle, l’ébauchoir et le buste et vous prendrez la figure simbolique d’un art pour une impératrice. " mais elle impose " . […] Si la figure étoit achevée, les jambes s’en iraient sur le fond. […] Y auroit-il des figures ingrates ? […] Michel Van Loo est vraiment un artiste : il entend la grande machine ; témoins quelques tableaux de famille où les figures sont grandes comme nature et louables par toutes les parties de la peinture.

95. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Il y a je ne sais quoi du Job de la Bible sous l’armet du chevalier de la Triste Figure. […] triste figure, en effet, mais pour tous ceux qui ont gardé un peu d’idéal dans leur pensée, n’écrase-t-elle pas de sa hauteur et de son originalité la face vulgaire de Sancho, l’un des fils de cette mère Gigogne qu’on appelle la Sagesse du Monde, dont tous les enfants se ressemblent, qu’ils se nomment Sancho ou Panurge, Falstaff, Chrysale, Figaro, Pangloss, et même Méphistophélès ? […] cette admirable figure de Don Quichotte, d’où sort tant de mélancolie qui se répand dans tout le livre et pénètre jusqu’aux endroits où il semble être le plus gai, cette figure et ce sentiment, supérieurs dans l’œuvre de Cervantes à tous les personnages qui y vivent et à tous les sentiments qui s’y expriment, voilà précisément ce qui manque à l’œuvre de son continuateur.

96. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Dans le bas de la figure, autour de la bouche, comme un tourment apaisé et un travail de haut souci. […] Des figures qui ont l’air de sortir d’un suaire de basalte, qui les moule d’un jet coulant et sans pli. […] Une figure qui, sous le dessous d’une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans, et qui prend, par instants je ne sais quoi de terrible d’une morte fardée. […] Elle a la figure grise des pauvres. […] Nous le trouvons assis sur son petit canapé, les mains sur les cuisses, dans une pose d’idole, avec un sourire extatique sur la figure.

97. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

L’ironie était sa figure favorite de conversation. […] Je fus frappé et attiré par sa noble figure de gentilhomme de campagne qui me rappelait celle de mon père. […] Molé, qui portait l’élégance et l’atticisme de sa figure dans la politique ; M.  […] Elle m’accueillait comme elle aurait accueilli non un poète, mais la poésie elle-même sous la figure d’un jeune inconnu. […] Cette foule avait en général l’œil doux, la figure souffrante, le visage pâle, les lèvres tremblantes d’émotion.

98. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Aussi, fatras de figures, d’effets et de sensations contradictoires. […] De la manière dont ce sujet est composé, il ne peut guère y avoir que le mérite du technique ; la figure principale tourne le dos, et un dos n’a pas beaucoup d’expression ; voyez pourtant ce dos, car il en vaut la peine, et la manière dont cette figure est assise sur son coussin, la vérité des chairs et du coussin.

99. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

L’essence des poëmes bucoliques consiste à emprunter des prez, des bois, des arbres, des animaux ; en un mot de tous les objets qui parent nos campagnes, les métaphores, les comparaisons et les autres figures dont le stile de ces poëmes est specialement formé. […] Il seroit entierement contre la vrai-semblance qu’ils fissent assez d’attention sur les objets qui se présentent à la campagne pour en tirer leurs figures. […] Il est vrai que nos bergers et nos païsans sont si grossiers, qu’on ne sçauroit peindre d’après eux les personnages des églogues ; mais nos païsans ne sont pas les seuls qui puissent emprunter des agrémens de la campagne les figures de leurs discours.

100. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Il est difficile de passer devant ces maisons sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres, et qui couronnent d’un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d’entre elles. […] Au-dessus du cintre régnait un long bas-relief de pierre dure sculptée représentant les quatre saisons, figures déjà rongées et toutes noires. […] À l’âge de vingt-deux ans, la pauvre fille n’avait pu se placer chez personne, tant sa figure semblait repoussante ; et certes ce sentiment était bien injuste : sa figure eût été fort admirée sur les épaules d’un grenadier de la garde ; mais en tout il faut, dit-on, l’à-propos. […] À Tours, un coiffeur venait de lui refriser ses beaux cheveux châtains ; il y avait changé de linge et mis une cravate de satin noir combinée avec un col rond, de manière à encadrer agréablement sa blanche et rieuse figure. […] Mais alors, comme autrefois, la figure d’Eugénie eût dominé le tableau ; comme autrefois, Charles eût encore été là le souverain.

101. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Bébé signifie donc pour elle quelque chose de général, ce qu’il y a de commun pour elle entre tous ces tableaux et gravures de figures et de paysages, c’est-à-dire, si je ne me trompe, quelque chose de bariolé dans un cadre luisant. […] … Les premiers objets que l’enfant ait reconnus sont ma figure, jointe au son de ma voix, et presque en même temps celle de la femme de chambre. Il devenait attentif en les revoyant respirait plus vite, faisait une sorte de bruissement avec ses lèvres et, vers le troisième mois, souriait. — Ensuite il a reconnu les autres figures, celles de sa mère, de sa grand’mère, de sa petite sœur. — Vers la même époque, on voyait son attention se fixer sur le dos d’un fauteuil d’une couleur vive et tranchée, sur un rideau, sur le jour qui venait par la fenêtre, sur la lumière d’une lampe. […] On se cache la figure dans les mains en lui disant ce mot, et il rit ; souvent alors, il le répète, en se cachant aussi le visage dans la poitrine de la personne qui le tient ou en détournant la tête et en fermant les yeux. — 2º Avoua (au revoir) ; on lui dit ce mot, et il le répète quand on le ramène dans la chambre des enfants et qu’on ferme la porte ; il cesse alors de nous voir, et probablement ce mot signifie pour lui disparition de quelqu’un, disparition de certaines figures qu’il connaît. — Nul autre mot ; il ne comprend pas les mots papa, maman, quoiqu’il les dise parfois en façon de ramage. […] — Aujourd’hui, il a fait sur mes bras le tour de mon cabinet, regardant dans les passe-partout quantité de figures encadrées, et, à l’aspect de ces gravures, il a répété Bédames, pendant une demi-heure, avec l’accent vif et heureux de la découverte. — Il vient de dire plusieurs fois et plusieurs jours de suite Bédames, en voyant sa propre image dans le globe en cuivre poli de la lampe. — Jamais il ne dit ce mot devant une personne vivante ni devant un simple paysage sans figures.

102. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

On le surprenait toujours le crayon à la main, dessinant des figures sur ses livres. […] Phidias dessine plus correctement et proportionne plus suavement ses figures à la taille et aux contours des modèles parfaits que lui fournit l’Attique ou l’Ionie, ces deux terres de la beauté virile et de la beauté féminine. […] Aussi tous les hommes de cette profession resteront-ils stupéfaits d’admiration en contemplant cette extrémité de l’art atteinte et dépassée par l’ébauche de ce tableau que Michel-Ange leur découvrit ; d’où ceux qui contemplèrent ces figures surnaturelles confessèrent unanimement que jamais, ni de la main d’aucun artiste, ni de la main de Michel-Ange lui-même, rien n’avait jamais été vu qui attestât par aucun génie une telle divinité de l’art. […] Les juifs de Rome trouvèrent la figure de leur législateur tellement divinisée par Michel-Ange, qu’ils ne cessèrent plus, depuis le jour où la statue fut dévoilée au public, d’aller le jour du sabbat contempler leur prophète transfiguré en marbre avant le jour de la suprême transfiguration. […] La nature, qui se complaît plus souvent dans les analogies entre l’âme et la forme, se complaît aussi quelquefois dans les contrastes ; mystérieuse en tout, adorable en tout ; cependant le physionomiste qui déchiffre avec intelligence l’hiéroglyphe de la figure humaine, peut facilement ici percer le mystère.

103. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

J’étudiais la valeur d’un coup de soleil sur sa figure, avec la densité de l’ombre portée par la visière de sa casquette. […] Jamais la figure humaine vivante et respirante dans la lumière n’est venue sous des pinceaux comme là ; c’est sa coloration animée, c’est le reflet rayonnant qu’elle jette autour d’elle, c’est la lumière que la physionomie et la peau renvoient, c’est le plus divin trompe-l’œil sous le soleil. […] Puis au second plan, dans ces quatre têtes, cette figure indéfinissable, au sourire errant sur les lèvres, cette figure au grand chapeau gris, mélange de gentilhomme et de bouffon, héros étrange d’une comédie du Ce que vous voudrez ; et à côté, cette espèce de gnome et de pitre idéal, qui semble glisser à son oreille les paroles des confidents comiques de Shakespeare… Shakespeare ! […] * * * — Pour moi, le plus étonnant trompe-l’œil de la vie sur des figures, le plus merveilleux morceau de peinture, le plus beau tableau de la terre : c’est le tableau des Quatre Syndics de Rembrandt. […] Je la vois de dos, la nuque dans l’ombre, sa figure tout en lumière dans la glace.

104. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine était singulièrement préoccupé de cette figure maladive et moribonde de Casimir Perier, de cette frénésie d’un homme dévoué (sacer) qui, pour rendre à l’État le règne de la paix et d’Astrée, semblait avoir amassé sur sa tête la colère des dieux infernaux. […] Je crois que l’artiste ne peut trouver dans la nature tous ses types, mais que les plus remarquables lui sont révélés dans son âme comme la symbolique innée d’idées, et au même instant. » Et il ajoute avec justesse que Decamps a le droit de répondre au critique qu’il a été, en peignant, fidèle à la vérité fantastique, à l’intention d’un rêve, à la vision nocturne de ces figures sombres courant sur un fond clair. […] Ainsi que me le faisait remarquer un ami, homme d’esprit, Robert a recueilli d’abord en lui les figures que lui offrait la nature, et de même que les âmes ne perdent pas dans les feux du purgatoire leur individualité, mais seulement les souillures de la terre, avant de s’élever au séjour des heureux, ainsi ces figures ont été purifiées dans les flammes brûlantes du génie de l’artiste, pour entrer radieuses dans le ciel de l’art, où règnent encore la vie éternelle et l’éternelle beauté, où Vénus et Marie ne perdent jamais leurs adorateurs, où Roméo et Juliette ne meurent jamais, où Hélène reste toujours jeune, où Hécube au moins ne vieillit plus davantage. » Voilà de la critique certainement éloquente, et je crois, très judicieuse.

105. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Les plis de ce vêtement sont anguleux, petits et raides ; je n’ignore pas la cause de ce défaut, c’est qu’elle a drapé sa figure comme pour être peinte de jour. […] L’Antiope à droite était couchée toute nue, la jambe et la cuisse gauche repliées, la jambe et la cuisse droite étendues ; la figure était ensemble et de chair ; et c’est quelque chose que d’avoir mis une grande figure de femme nue ensemble, c’est quelque chose que d’avoir fait de la chair, j’en connais plus d’un, bien fier de son talent, qui n’en ferait pas autant, mais il était évident à son cou, à ses doigts courts, à ses jambes grêles, à ses pieds, dont les orteils étaient difformes, à son caractère ignoble, à une infinité d’autres défauts, qu’elle avait été peinte d’après sa femme de chambre ou la servante de l’auberge. […] N’en déplaise à Boucher, qui n’avait pas rougi de prostituer lui-même sa femme d’après laquelle il avait peint cette figure voluptueuse, je dis que si j’avais eu voix dans ce chapitre-là, je n’aurais pas balancé à lui représenter que si, grâce à ma caducité et à la sienne, ce tableau était innocent pour nous, il était très-propre à envoyer mon fils, au sortir de l’académie, dans la rue Fromenteau qui n’en est pas loin et de là chez Louis ou chez Keyser ; ce qui ne me convenait nullement.

106. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

… Ce Rochereuil et cet abbé Goujet, ces figures de premier plan, ont-ils une individualité qui leur appartienne, qui émeuve l’imagination et qui s’impose à la mémoire ? […] Et s’il ne l’a pas fait pour la tête principale, — pour Rochereuil, — pour son Rochereuil, — l’a-t-il fait pour les figures moins exigeantes, et secondaires ? […] Chez Ranc, au contraire, excepté un mufle assez drôle d’espion, qui voudrait avoir aussi sa petite conspiration pour faire croc-en-jambe à la police, — fantoche d’espion, qui est aux terribles et impérissables figures de Contenson et de Corentin (dans Une ténébreuse affaire) ce que le Brididi du vaudeville serait aux plus glaçantes figures de Shakespeare ; — excepté ce marmouset d’une originalité comique, dont l’idée était heureuse, mais qu’il fallait creuser davantage, il n’y a pas un personnage vraiment individuel dans ce Roman d’une conspiration.

107. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

De temps en temps, des figures de l’extrême gauche, qu’on nomme à côté de moi, viennent cueillir les vivats de la foule, et Rochefort montrant, une minute, sous sa tignasse révoltée, sa figure nerveuse, est acclamée comme le futur sauveur de la France. […] … N’avez-vous pas vu ces matassins auxquels on a retourné leurs habits… et à la figure desquels, on a convié la population de cracher ? […] La petite mort met sur la figure des unes de l’extatisme, sur celle des autres de l’apoplexie. […] Les figures s’éclairent ou s’attristent à un mot de celui-ci, à un mot de celui-là. […] On ne se figure pas, à l’heure présente, l’aspect provincial d’un grand café de Paris.

108. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Il est tout frisotté, avec une figure joufflue, de beaux yeux caressants, un petit air endormi. […] Sur leur figure au teint des gens mal nourris, et noire d’une barbe non faite, on lisait je ne sais quoi d’hostile, de rétracté, d’un passé de bohème qui fait amer. […] Et il est devenu, pour ainsi dire, l’ombre transparente du petit et maigrelet homme qu’il était autrefois : une ombre avec quelques rares bouquets de poils blancs épars sur une figure spectrale. […] C’est un acteur qui a fait ses classes et qui a l’air d’arriver de la campagne avec une gaie figure de vicaire de village et de madré campagnard. […] Nous y faisons très bonne figure, malgré une crise nerveuse qui nous donne envie de vomir, chaque fois que nous portons quelque chose à nos lèvres.

109. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Chaque vers est plein, achevé en lui-même, muni d’une antithèse habile, ou d’une bonne épithète, ou d’une figure abréviative. […] Is it possible that human nature can rejoice in its disgrace, and take pleasure in seeing its own figure turned to ridicule, and distorted into forms that raise horror and aversion ? […] I discovered every moment something so charming in her figure that I could scarce take my eyes off it. — On its right hand there sat the figure of a woman so covered with ornaments, that her face, her body, and her hands were almost entirely hid under them. […] Her garments had a thousand colours in them and were embroidered with crosses in gold, silver, and silk ; she had nothing on, so much as a glove or a slipper, which was not marked with this figure. Nay, so superstitiously fond did she appear of it, that she sat cross-legged… The next to her was a figure which somewhat puzzled me.

110. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il se récrie sur les côtés bêtes, bourgeois de la figure. […] Une figure flasque, de longs cheveux de savant, et une cravate blanche sous une immense redingote de propriétaire. […] Je la forçai, et au moment où je passai la figure que je vous disais, par la porte entrouverte, le Roi en conférence avec Soult, me jeta : « Tout est arrangé…, on a pleuré !  […] Sur la cheminée, préparée comme un théâtre pour la lecture, et où quatorze bougies, reflétées dans la glace et dans les appliques, font derrière lui, un brasier de lumière, sa figure, une figure d’ombre, comme il dirait, se détache cerclée d’une auréole, d’un rayonnement courant dans le ras rêche de ses cheveux, de son collier blanc, et transperçant de clarté rose ses oreilles fourchues de satyre. […] Une voix. — Buffet, sa figure est antipathique… il a toujours le visage crispé d’un homme qui se brosse les dents.

111. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Les personnes délicates souffrent-elles dans leurs cabinets des tableaux dont les figures sont hideuses, comme seroit le tableau de Promethée attaché au rocher et peint par le Guerchin. […] Qu’on se souvienne de la défense que les tables de la loi font aux juifs de peindre et de tailler des figures humaines : elles faisoient trop d’impression sur un peuple enclin par son caractere à se passionner pour tous les objets capables de l’émouvoir. […] Enfin il est facile de concevoir comment les imitations que la peinture et la poësie nous présentent, sont capables de nous émouvoir, quand on fait reflexion qu’une coquille, une fleur, une médaille où le tems n’a laissé que des phantômes de lettres et de figures, excitent des passions ardentes et inquietes : le desir de les voir et l’envie de les posseder.

112. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Ils sont si stériles qu’après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; et quand on sçait le tableau qu’ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l’ouvrage. […] C’est la premiere qui s’offre aux peintres qui cherchent la composition, et les figures des tableaux qu’ils ont entrepris plûtôt dans leur mémoire que dans leur imagination. […] En effet, ces artisans de retour à Paris, n’y trouvoient pas aussi facilement qu’à Rome l’occasion de dérober des parties et souvent des figures entieres pour enrichir leurs compositions.

113. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Elles doivent figurer parmi les héros, car il y en a dans toutes les classes de l’armée plus que partout ailleurs, et j’ai le bonheur de n’avoir que des faces bien caractérisées. » Il fait d’avance sa provision de têtes et de figures martiales : tout chez lui sera d’après nature, les sites, on va le voir, et les figures aussi. […] Figure-toi une délicieuse décoration d’opéra, tout de marbre blanc, et des peintures de couleurs les plus vives d’un goût charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées d’orangers, de myrtes, etc. ; enfin un rêve des Mille et une Nuits. […] Figure-toi que la suite du prince a tout dévasté et qu’il ne reste rien, mais rien dans l’intérieur. […] Qu’on ne lui oppose plus Gros, l’épique et le grandiose, avec ses deux ou trois héroïques figures militaires ; le théâtre comme la tactique a changé. […] Flandrin excelle dans cette discipline des objets subordonnés aux figures.

114. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Lui il est peintre de mœurs ; il n’a jamais fait une figure grimaçante exagérée. […] On jouait aux maximes autour du fauteuil de Mme de Sablé, dans le même temps que La Rochefoucauld, de son côté, faisait les siennes : on pourrait de même jouer aux légendes, le soir, autour de la table où Gavarni dessine ses figures non encore baptisées, et pendant qu’elles se succèdent de quart d’heure en quart d’heure sous sa plume rapide. […] De même, dans les Lorettes vieillies, dans ces figures de portières, de mendiantes et de balayeuses, au-dessous desquelles on lit : « … a figuré dans les ballets » ; ou bien : « On a fait des folies pour Dorothée » ; ou bien : « Et moi, ma livrée était bleu de ciel » ; dans cette autre série des Invalides du sentiment, où figurent tous les éclopés de l’amour et des passions, il a montré et étalé l’affreux revers. […] Qu’on se rappelle, au milieu même des joies, des accidents burlesques ou des turpitudes de Paris le soir, cette figure de femme au bras d’un jeune homme, et qui se baisse vers un groupe de pauvres petits mendiants couchés à terre et endormis, avec cette légende : « Le plaisir rend l’âme si bonne ! » — et plus loin ces deux figures d’un petit mendiant accroupi et d’un malheureux adossé à la muraille, avec ces mots au bas : « Souperont-ils ? 

115. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Daphné, chrétienne par docilité, mais l’imagination et le cœur encore pleins des divinités anciennes, mêlant avec candeur le culte du Christ, dieu des morts, au ressouvenir des dieux de la vie, est une figure d’une vérité délicate et charmante. […] C’est la figure la plus originale qu’il ait dessinée. […] Et cette figure presque symbolique, M.  […] Mais bien qu’il sache décrire d’un trait saillant ces figures, toujours il les observe du point de vue d’un philosophe qui a acquis la faculté de s’étonner que le monde soit ce qu’il est. […] Tout passe puisque vous avez passé ; mais la vie est immortelle : c’est elle qu’il faut aimer dans ses figures sans cesse renouvelées.

116. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Ainsi les Peintres grouppent leurs figures ; ainsi ceux qui peignent les batailles mettent-ils sur le devant de leurs tableaux les choses que l’oeil doit distinguer, & la confusion dans le fond & le lointain. […] Par exemple : Si la nature demande des peintres & des sculpteurs, qu’ils mettent de la symmétrie dans les parties de leurs figures, elle veut au contraire qu’ils mettent des contrastes dans les attitudes. Un pié rangé comme un autre, un membre qui va comme un autre, sont insupportables ; la raison en est que cette symmétrie fait que les attitudes sont presque toûjours les mêmes, comme on le voit dans les figures gothiques qui se ressemblent toutes par là. […] Ces sortes de surprises font le plaisir que l’on trouve dans toutes les beautés d’opposition, dans toutes les antithèses & figures pareilles. […] Dans son fameux Bacchus, il ne fait point comme les peintres de Flandres qui nous montrent une figure tombante, & qui est pour ainsi dire en l’air.

117. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Le bien et le mal de l’homme sont dans ces figures. […] Hamlet, Macbeth, Othello, Lear, ces quatre figures dominent le haut édifice de Shakespeare. […] Immense figure fatale. […] Une fois cette figure rêvée et trouvée, Shakespeare a créé son drame. […] Et quelle figure que le père !

118. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Ces figures que nous nommons Lettres, les Grecs les appelloient Gramma. […] L’auteur expose d’abord dans cet ouvrage, à peu-près comme il a fait depuis dans l’Encyclopédie, au mot figure, ce qui constitue en général le style figuré, & montre combien ce style est ordinaire, non-seulement dans les écrits, mais dans la conversation même. Il fait sentir ce qui distingue les figures des pensées communes à toutes les langues, d’avec les figures de mots, qui sont particuliéres à chacune, & qu’on appelle proprement tropes. […] Ces sortes de figures appartiennent à ceux qui les hazardent, & non pas à la langue. […] Il est bon d’ailleurs de savoir de quelle langue nous avons tiré tel ou tel terme, du moins si l’on veut conserver en écrivant les restes de la figure primitive de chaque mot.

119. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Les figures, sur la langue de terre bien dessinées et coloriées à plaisir. […] Mais on le compare malheureusement avec un Vernet qui en alourdit le ciel, qui fait sortir l’embarras et le travail de la fabrique, qui accuse les eaux de fausseté, et qui rend sensible aux moins connaisseurs la différence d’une figure faite avec grâce, facilité, légèreté, esprit, mollesse, et d’une figure qui a du dessin et de la couleur, mais qui n’a que cela ; la différence d’un pinceau vigoureux, mais âpre et dur et d’une harmonie de nature ; d’un original et d’une belle imitation ; de Virgile et de Lucain. […] Ce tableau est plus soigné et moins beau. à la tempête, le local est trop noir, les vagues lourdes, la pluie semblable à une trame de toile, à un réseau à prendre des bécasses ; il est monotone, point de clair, pas la moindre lueur ; les figures très-bien pensées, très-maussadement coloriées. […] Au morceau où la laitière donne de son lait au chien du berger, le chien est de bonne couleur, les figures sont bien dessinées, et la dégradation de la lumière prolonge du centre du tableau à une distance infinie, la campagne et le lointain. […] Dans ses tableaux de paysages, il y a quelquefois des figures qui visent un peu à l’éventail ; j’en appelle à l’un de ses tableaux du matin ou du soir, et à cette petite femme qu’on y voit montée sur un cheval avec un petit chapeau de paille sur la tête et noué d’un ruban sous son cou.

120. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Les regles de la poësie latine prescrivent un certain métre ; elles prescrivent une figure particuliere à chaque espece de vers. Cette figure est composée d’un nombre de pieds déterminé. […] Quand la regle laisse le choix d’une alternative ; c’est-à-dire, la liberté d’emploïer un pied à la place d’un autre dans la figure ; elle prescrit en même tems ce qu’il faut faire suivant le choix auquel on se determine. […] Un peu de figure fait tout comprendre, dit le proverbe italien. […] Il devoit suppléer les figures de lui-même.

121. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Cet aplatissement systématique des figures qui bombent le plus dans l’histoire, nous le trouvons avec regret dans le livre de M.  […] Elle nous a donné beaucoup de choses, de faits, de détails que les historiens futurs, qui s’occuperont de la période immense dont la figure d’Attila est le centre, seront heureux de retrouver. […] Amené, nous dit l’introduction, par l’ensemble de ses travaux sur la Gaule romaine, à s’occuper d’Attila et de son irruption au midi du Rhin, en 451, l’historien s’est arrêté avec une curiosité indicible devant l’étrange et terrible figure du roi des Huns, et il a eu la prétention de le contempler dans sa réalité, et en dehors de toute fantasmagorie et de tout mirage. […] Les Saints du temps, ces figures inouïes d’inspiration et de grandeur, éprouvent aussi le même déchet que la figure du roi des Huns. […] Il y a comme dans l’Attila, dans ces Récits du cinquième siècle deux ou trois grandes personnalités d’évêques à peindre, de ces saints évêques qui furent vraiment les Anges Gardiens de l’univers chrétien en son bas âge ; mais le surnaturel, le miraculeux, l’auréole de ces immenses figures, je ne les vois pas.

122. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Une salle contenant le dessus du panier du tout-Paris, au milieu duquel figure le jeune ménage Daudet-Hugo, et où Jeanne, qui a ressenti, dans la journée, les premières douleurs de l’enfantement, est accompagnée de son accoucheur. […] Comme je lui parle des obstacles, des empêchements qu’on rencontre au théâtre, elle m’affirme — et sa figure prend un caractère de résolution — qu’elle a une volonté, que rien ne décourage, que rien ne rebute, et qui arrive toujours au but qu’elle s’est fixé. […] Une douceur des yeux, une blondeur des cheveux, une bonté de la figure, une bonté intelligente, spirituelle, qui met parfois sur son visage d’ange, de la jolie gaminerie d’enfant. […] Un charmant trio, que la réunion de ces trois femmes : ma tante avec sa figure brune, pleine d’une beauté spirituelle ; sa belle-sœur, une créole blonde, avec ses yeux d’azur, sa peau blanchement rosée, et la paresse molle de sa taille ; ma mère avec sa douce figure et son petit pied. […] Des rires, des exclamations, des bravos, au milieu desquels je remarque, ce que n’ont vu ni Méténier, ni Alexis, la figure de bois de Sizos.

123. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ; faire apparaître, dans une sorte de miroir sombre et clair ― que l’interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu’il ait la dimension rêvée par l’auteur ― cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l’Homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l’on veut, est sortie la Légende des Siècles. […] Comme dans une mosaïque, chaque pierre a sa couleur et sa forme propre ; l’ensemble donne une figure. La figure de ce livre, on l’a dit plus haut, c’est l’homme.

124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Elle l’emporte veritablement sur la poesie de la Jerusalem delivrée, dont les figures ne sont pas souvent convenables à l’endroit où le poete les met en oeuvre. Il y a souvent encore plus de brillant et d’éclat dans ces figures, que de verité. […] Il est vrai néanmoins pour continuer la figure, qu’on trouve quelquefois de l’or le plus pur, à côté de ce clinquant.

125. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Notre idée du cercle n’est pas la figure sensible que nous imaginons, mais un groupe de noms combinés, représentants mentaux de certains caractères abstraits. — Substitution de la formule à l’expérience impossible. — Nous pensons l’objet idéal par sa formule. — Emploi universel de la substitution en mathématiques. […] Ceux que nous voyons ou faisons ne sont tels qu’à peu près. — Et cependant nous en concevons de parfaits ; nous raisonnons sur des figures dont la régularité est absolue. […] Bien mieux, quand, pour comprendre un théorème de géométrie, nous traçons une figure sur le tableau, nous nous soucions fort peu que sa justesse soit parfaite ; nous la fabriquons grossièrement à la craie ; nous souffrons sans difficulté des lignes tremblotantes à notre polygone, ou une rondeur bosselée à notre cercle. […] Rien, sinon une première série de mots abstraits qui désignent le genre de la figure, et une seconde série de mots abstraits qui désignent l’espèce de la figure, la seconde étant combinée avec la première, comme une condition ajoutée à une condition.

126. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Nulle part une représentation si matérielle et si intense n’a donné aux figures du rêve un être si solide et si borné. […] Des élèves de Raphaël atténuent ses figures pour, leur donner l’expression mystique. […] La figure n’est pas à la fois idéale et vivante. […] Dans les figures réelles, ce caractère était obscur, incomplet, fragmentaire ; c’est la figure idéale qui le dégage, le précise et le manifeste à tous les yeux. […] Avec le naturel inné, la figure idéale exprime aussi la culture acquise.

127. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Vien » pp. 95-96

Le Christ y a l’air benêt comme de coutume ; tout le côté droit est brouillé d’un tas de figures jetées pêle-mêle, sans effet et sans goût. […] Ces gens-ci croient qu’il n’y a qu’à arranger des figures.

128. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

En se livrant à cette occupation, sa bonne grosse figure avait un air de recueillement inexprimable, ses lèvres se serraient, ses sourcils se fronçaient. […] Il se rappela madame Kobus, sa mère, une femme jeune encore, à la figure longue et pâle, jouant du clavecin ; M.  […] … » De sorte qu’à la fin, la sueur lui coulait sur la figure. […] » Et la joie intérieure rayonnait sur sa figure, il reconnaissait en ces choses le doigt de Dieu. […] » Alors tous ces gens qui pleuraient se mirent à rire, et la petite Sûzel, souriant à travers ses larmes, cacha sa jolie figure dans le sein de Kobus.

129. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

CCLIII Enfin elle passa ; je n’osai pas, par mauvaise honte, m’approcher beaucoup de la loge où Hyeronimo attendait, sans vouloir m’appeler, la tête en ses deux mains, appuyé sur la grille du cachot, me regardant à travers les mèches de ses cheveux rabattus sur sa tête ; et moi, du haut de ma fenêtre, plongeant mes regards furtifs sur sa figure immobile dans la demi-ombre de sa loge. […] Quand elle m’eut regardée un moment et interrogée sur mon état de grossesse, qui rendait ma présence au couvent suspecte et inconvenante, sa figure se rembrunit : — Non, dit-elle, mon enfant, la duchesse n’y a pas pensé ! […] J’irai moi-même vous visiter souvent dans cette cahute et vous porter les consolations et les encouragements que votre figure honnête commence à m’inspirer. […] CCLXXII Enfin, monsieur, nos deux figures amenaient trop de foule dans la rue, et la supérieure me fit venir pour me dire que l’enfant et moi nous étions trop beaux à présent pour rester plus longtemps à Livourne, que cela pourrait donner lieu à de nouveaux bruits, bien qu’il n’y eût rien à me reprocher que l’enfant, dont tout le monde ne connaissait pas l’origine ; que Hyeronimo n’avait plus que six semaines pour achever sa peine, après quoi il pourrait revenir en liberté rejoindre, dans notre montagne, sa femme, son fils, sa mère et son oncle, et qu’il convenait que je disparusse immédiatement de Livourne, où ma jeunesse et ma figure faisaient trop de bruit et de scandale. […] Le bonheur était incrusté sur toutes les figures, comme si aucun accident de la vie ne pouvait jamais l’altérer.

130. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172

La figure est un peu raide et droite, fichée comme elle l’aurait été par le maître à danser, position la plus maussade, la plus insipide pour l’art, à qui il faut un modèle simple, naturel, vrai, nullement maniéré, une tête qui s’incline un peu, des membres qui s’en aillent négligemment prendre la place ordonnée par la pensée ou l’action de la personne. […] Marcel cherche à pallier les défauts, Van Loo cherche à rendre leur influence sur toute la personne ; il faut que la figure soit une.

131. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

En ses premiers vers d’une qualité d’art qui nous charma, Dierx disait le bruissement des filaos, la houle vaste où s’endormait son île natale, et les grandes fleurs qui en encensaient les étendues ; — puis, les forêts, les lointains, l’espace, et les figures de femmes, ayant des yeux merveilleux, Les Yeux de Nyssia, par exemple, apparaissaient en ses transparentes strophes. […] Léon Dierx, d’une bien haute inspiration dans son Lazare, étrange et sombre poème où est évoquée la figure du ressuscité, incapable de se reprendre à la vie, maintenant qu’il a vu la mort face à face. […] Il n’y a nulle exagération à dire, et le disant on n’apprend rien à personne, qu’il est et demeurera une des plus hautes figures littéraires de notre temps, et par un très haut talent et par cette vie entièrement dédiée à la poésie, et à la plus hautaine.

132. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Quelle que soit sa cause, sitôt qu’elle naît, la couleur naît et, en même temps, ce que nous appelons la figure visible. […] Quand on comprime l’œil avec le doigt, on aperçoit des figures lumineuses « tantôt annulaires, tantôt rayonnées, quelquefois divisées régulièrement en carrés. […] Parfois, après une compression de l’œil, cette figure arborisée paraît lumineuse. […] Supposez ces centres excités et ces conducteurs inactifs ; la figure colorée naîtra et paraîtra intérieure. […] S’il est piqué, il se figure la forme, la couleur, la distribution des petits filets blanchâtres et mollasses qu’on appelle nerfs et que la piqûre a touchés.

133. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — La Grenée » p. 97

Au lieu de cela, c’est une grande toile nue, où quelques figures oisives et muettes se perdent. […] La seule figure qu’on remarque, c’est un homme placé sur le devant qui soulève une poutre ferrée par le bout.

134. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Drouais, Roslin, Valade, etc »

Celui de Madame De Marigny est assez bien entendu pour l’effet d’une couleur agréable, mais la touche en est molle, il y a de l’incertitude de dessin, la robe est bien faite ; la tête est tourmentée ; la figure s’affaisse, s’en va, ne se soutient pas, elle a l’air mannequiné ; les bras sont livides et les mains sans formes, la gorge plate et grisâtre ; et puis sur le visage un ennui, une maussaderie, un air maladif qui nous affligent. […] Cette allégorie de Valade choque les yeux par le discordant ; elle est pesamment faite, sans aucune intelligence de lumières et d’effet ; figures détestables de couleur et de dessin ; nuage dense à couper à la scie ; femmes longues, maigres et raides ; grands manequins en petit ; énorme Minerve, bien corpulée, bien lourde.

135. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Venevault, Boizot, Bachelier et Francisque Millet » p. 222

Sa figure de la Sculpture, et il dit : Au pont Notre-Dame. […] En effet, si vous vous en souvenez, la tête de l’Adam est du plus antique et du plus grand caractère ; la figure de la fille est large et belle ; cette femme échevelée sur le fond, jointe à l’horreur du paysage qui l’entoure, fait frissonner.

136. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Ces deux pastels représentent l’Innocence sous la figure d’une jeune fille qui caresse un agneau, et le Plaisir sous la figure d’un jeune garçon enlacé de soie, couronné de fleurs et la tête entourée de l’arc-en-ciel.

137. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Ce n’est pas, à coup sûr, la traduction des sentiments, des passions, des variantes de ces passions et de ces sentiments ; ce n’est pas non plus la représentation de grandes scènes historiques (malgré ses beautés italiennes, trop italiennes, le tableau du Saint Symphorien, italianisé jusqu’à l’empilement des figures, ne révèle certainement pas la sublimité d’une victime chrétienne, ni la bestialité féroce et indifférente à la fois des païens conservateurs). […] Voici des figures délicates et des épaules simplement élégantes associées à des bras trop robustes, trop pleins d’une succulence raphaélique. […] Remarquons aussi qu’emporté par cette préoccupation presque maladive du style, le peintre supprime souvent le modelé ou l’amoindrit jusqu’à l’invisible, espérant ainsi donner plus de valeur au contour, si bien que ses figures ont l’air de patrons d’une forme très-correcte, gonflés d’une matière molle et non vivante, étrangère à l’organisme humain. […] Voici Dante et Virgile, ce tableau d’un jeune homme, qui fut une révolution, et dont on a longtemps attribué faussement une figure à Géricault (le torse de l’homme renversé). […] Delacroix arrive à ce prodigieux résultat ; mais par l’ensemble, par l’accord profond, complet, entre sa couleur, son sujet, son dessin, et par la dramatique gesticulation de ses figures.

138. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Claretie lui propose Baretta, et il désirerait avoir Moreno qui, pour lui, donnerait l’illusion d’une figure avec son recul dans le passé. […] L’église était complètement noire, mais à la lueur d’une allumette qu’il a allumée, il a pu voir le mort, dont la figure exsangue, était pareille à une figure de cire, et dont le bas du corps semblait une bouillie, sur laquelle se répandaient ses entrailles. […] Un rude et beau saint Pierre, bien tempétueux dans l’envolée autour de lui de sa tunique, une franche et jeunette figure de saint Jean l’Évangéliste. […] Et cependant, il aurait une grande curiosité de la figure du Saint-Père, et de la succession de chambres papales, pour y arriver. […] Le second kakémono, de Gankou, figure un tigre, mais un de ces tigres un peu fantastiques, comme les imaginent les artistes d’un pays, où il n’y en a pas.

139. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Carle Van Loo » pp. 92-93

La figure serait mieux appuyée sur le plat de la main, et cette main aurait été d’un meilleur choix. […] Les femmes occupées à servir les figures principales sont éteintes avec jugement ; vraies, naturelles et belles, sans causer de distraction.

140. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279

C’est une figure d’homme vu par le dos, les mains appuyées à la manivelle coudée d’un tambour de puits. […] Si vous ne m’en croyez pas sur les dessins d’Amand, celui où au bas d’une fabrique à droite il y a un groupe de gens qui concertent ; à gauche une statue de Flore sur son piédestal ; à droite un escalier ; au-dessus de l’escalier une fabrique ; plus vers la gauche, sur une partie du massif commun de la fabrique, une cuvette soutenue par des figures, et au-dessous de la cuvette, un bassin qui reçoit les eaux ; revoyez cela, et jugez si j’ai tort de dire que rien n’est plus bizarre, plus dur et plus mauvais.

141. (1933) De mon temps…

Ce propos nous amena à évoquer certaines figures et certains faits de jadis. […] Aux représentations, il était une des « figures » de la salle. […] J’ignore d’où et comment elle y était venue, mais elle y faisait figure discrète et rangée. […] Toute la figure offrait une expression de bonté et de rêverie, de douceur et de tristesse. […] Degas y fit vraiment la figure d’un grincheux de comédie et j’admirai la patience de Forain.

142. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Bida, c’est l’intime expression des figures. […] Cette figure, généralement remarquée, a suscité quelques critiques selon nous trop faciles. […] Franceschi avait simplement mis debout une figure couchée de Michel-Ange. […] Or, dans la malheureuse figure dont je parle, tout ce qui constitue la force et la beauté est absent. […] Tout le monde a remarqué récemment dans la cour du Louvre une charmante figure de M. 

143. (1901) Figures et caractères

Son portrait n’est nulle part ; sa figure est presque inconnue. […] Tout travailla à faire de lui une figure unique. […] Sa charmante figure de poète prend des traits de critique avisé. […] Cette Angleterre-là fait grande figure à distance. […] Ils sont unis à jamais à la divine figure de leur âme : ils sont heureux.

144. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

L’ancien ambassadeur de Prusse, Luchesini, homme d’une finesse et d’une grâce qui voilaient son habileté consommée, me rappelait au-delà des Alpes et des Apennins la figure et la sagacité du prince de Talleyrand. […] L’inspiration même, qui manquait quelquefois à la figure au repos, reparaissait en elle aussitôt qu’elle oubliait le monde pour s’abandonner à son génie plastique. […] Sa figure aussi douce qu’intelligente, ses yeux bleus, ses cheveux blonds, sa taille souple, sa physionomie heureuse sous un voile de mélancolie paisible, plaisaient aux regards impartiaux. […] Je retenais ma respiration pour mieux contempler cette divine figure ; elle ressemblait à une belle villageoise le matin du dimanche, qui va faire sa toilette à la source, au lever du jour, derrière le jardin. […] En parlant ainsi, je jetai involontairement un coup d’œil à la dérobée sur l’angélique figure de la jeune mère, qui était allée donner le sein à son enfant sur le seuil de la cabane.

145. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

La fiction survint bientôt avec les figures ; j’entens les figures hardies, et telles que l’eloquence n’oseroit les employer. […] Pour les figures, ceux qui ne cherchent que la vérité, ne leur sont pas favorables ; et ils les regardent comme des piéges que l’on tend à l’esprit pour le séduire. […] Le nombre et la cadence chatouillent l’oreille ; la fiction flate l’imagination ; et les passions sont excitées par les figures. […] Ces figures quelquefois si excessives, ces maniéres de parler aussi obscures qu’emphatiques, étoient du goût de son siécle. […] Enfin Horace a presque traité tous les sujets, toujours d’une maniére nouvelle, avec des figures et des expressions également heureuses et hardies.

146. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

L’expérience, disait-il, ne nous montre aucune figure géométrique parfaite, ni, en général, aucune forme parfaite ; donc nous en prenons l’idée dans un monde supérieur. Kant lui-même considérait les figures géométriques comme des synthèses a priori que l’expérience ne peut fournir, mais qui pourtant ne répondent pas, comme le croyait Platon, à des objets réels. — Il est bien vrai, peut-on répondre à Platon et à Kant, que nous construisons par la pensée des figures d’une exactitude parfaite dont l’expérience ne nous montre jamais une complète réalisation, comme une ligne exactement droite ou exactement circulaire ; mais nous n’avons besoin pour cela que de l’abstraction. […] Au fond, toutes ces notions de figures parfaites sont des notions incomplètes, tenant à l’imperfection même de notre vue, qui n’aperçoit pas les réelles sinuosités d’une ligne droite ou d’un cercle, ni les vagues montantes et descendantes de la mer lointaine. […] Dans tout cela, la perfection proprement dite n’a rien à voir, et il est inutile de nous attribuer une faculté spéciale pour la construction des figures mathématiques. […] Le naturalisme matérialiste se figure un monde complet en soi indépendamment de tout élément d’ordre mental, de tout rudiment de conscience, de sentiment, de désir, une sorte d’univers qui existerait et se suffirait alors même que nulle part il n’arriverait à sentir, à penser, à vouloir ; mais alors, d’où viendrait cette pensée surajoutée au monde par surcroît, étrangère à sa nature essentielle et pourtant capable de surgir du sein des choses, de sentir et de comprendre l’insensible et inintelligent univers ?

147. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Dès lors, quelle meilleure détente que de laisser courir cette imagination, avec la sécurité que les paysages et les figures qu’elle s’amusera à combiner seront tout de même de bon aloi historique, puisque cette imagination vagabonde est encore une imagination de savant. […] Il y a, dans Autour d’une tiare, où parmi les péripéties les plus grandioses et les plus douloureuses d’un étonnant pontificat, naît, sourd doucement, enfin clame l’amour de deux enfants, il y a des silhouettes sombres de moines fanatiques et meurtris, des aventuriers sataniques et des cardinaux de tapisserie ; mais la figure préférée, je suis sûr, c’est ce bon évêque Joachim, évêque sans évêché, puisqu’on l’a chassé, pour cause de pauvreté, de son diocèse d’Assise, et qui est devenu l’hôte du pape et le familier du Latran. […] Et il a la malice nécessaire pour n’être pas, aux yeux des autres hommes, qui ne sont pas des anges, une figure ennuyeuse. […] Parmi les conjonctures les plus extrêmes, d’un îlot de déportés jusqu’à un trône de l’Europe orientale et jusqu’à un radeau de naufragés, de définitives figures se mesurent à la vie, apprennent pour les avoir entiers sentis le désastre et le bonheur, et reviennent désemparés et las du jeu d’enfer dont ils ont épuisé toutes les émotions.

148. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Dans l’espèce d’illusion magnétique qu’il a la puissance de créer, nous voyons passer dans son histoire de grandes figures étranges que nous ne reconnaissons qu’à moitié ; mais qui nous attirent et nous captivent tout à la fois par ce que nous savons d’elles et par ce que nous n’en savons pas. […] On les reconnaît encore, ces deux figures, à travers les interprétations psychologiques de leur historien ; mais il n’en est pas de même de l’inquiétante figure de Tibère, qui est ici presque un grand homme de grandeur pure, un justicier, — le croira-t-on ?  […] c’est un moderne, qui se jette et tombe dans son sujet avec son armature moderne, — et c’est d’une originalité et d’une sensation surprenantes que cette langue moderne, hardie, familière, pittoresque, cette langue que nous parlons tous dans le plain-pied de notre vie : à souper, entre les portants de deux coulisses, partout ; la langue du monde et non de la littérature, qui touche presque à l’argot et au néologisme, qui ne craint ni le mot plaisant, ni le mot débraillé, ni le mot cru, ni le mot nu, et que voici parlée comme les chroniqueurs de notre temps la parleraient dans un journal de notre temps, et appliquée hardiment aux plus hauts sujets et aux plus majestueuses figures, avec une aisance, un sans-façon et un brio dignes de Fervacques et de Bachaumont dans des chroniques d’hier !

149. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Où sont ces hommes aux figures calmes et majestueuses, au port et aux vêtements nobles, au langage épuré, à l’air guerrier et classique, conquérant et inspiré des arts ? […] On aura beau chercher à ravaler le génie de Bossuet et de Racine, il aura le sort de cette grande figure d’Homère qu’on aperçoit derrière les âges : quelquefois elle est obscurcie par la poussière qu’un siècle fait en s’écroulant ; mais aussitôt que le nuage s’est dissipé, on voit reparaître la majestueuse figure, qui s’est encore agrandie pour dominer les ruines nouvelles205.

150. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Les uns font leurs figures longues et sveltes ; d’autres les font courtes et lourdes ; ou les parties sont trop ressenties, ou elles ne le sont point du tout. […] Puisqu’il y a des groupes de commande, des masses de convention, des attitudes parasites, une distribution asservie au technique, souvent en dépit de la nature du sujet, de faux contrastes entre les figures, des contrastes tout aussi faux entre les membres d’une figure, il y a donc de la manière dans la composition, dans l’ordonnance d’un tableau.

151. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Voici deux figures d’hommes ou d’animaux ; vous jugez qu’elles diffèrent ou se ressemblent ; vous avez donc les idées de chaque figure, plus l’idée de la différence ou de la ressemblance. […] Les figures, on peut les dessiner ; la différence, la ressemblance, comment la dessiner ? […] La forme positive par excellence de cette fusion d’images, c’est la satisfaction du besoin, — ce modèle de coïncidence entre la représentation et la sensation, dont les superpositions des figures géométriques ne sont qu’une pâle esquisse. […] « Puisque l’égalité, dit Hume, est une relation, elle n’est pas, à proprement parler, inhérente aux figures elles-mêmes, mais elle dérive de la comparaison que l’esprit établit entre elles. » Habemus confitentem reum : si l’égalité n’est pas inhérente aux figures, lesquelles sont des impressions, l’égalité n’est donc ni une impression, ni la copie d’une impression, et Hume est réfuté par lui-même. — Je réponds qu’on triomphe beaucoup trop vite. De ce que l’égalité n’est pas inhérente à l’impression de figure colorée, comme telle, il n’en résulte pas qu’elle ne soit inhérente à aucune impression, extraite d’aucune impression : l’odeur n’est pas non plus inhérente à l’impression de figure ; elle n’en est pas moins une impression.

152. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

L’auteur des quarante éditions de Monsieur, Madame et Bébé, est un homme court, aux mains grasses, ayant sur la figure, quand il parle, de la nervosité de Fromentin. […] À la longue, la figure de l’ancien ministre de la guerre, cette figure qui semble la figure d’un puritain d’un roman de Walter Scott, s’allonge, s’assombrit, et le nouveau dîneur a l’air de trouver qu’on cause chez nous, trop longtemps de la même chose. […] Dans une longue causerie avec lui, sous les marronniers du jardin, un rayon de soleil lui arrivant en pleine figure, il me sembla tout à coup voir un vieillard sous l’apparente jeunesse de sa figure. […] je suis heureuse dans le moment, j’ai un vieux très riche… figure-toi que c’est un ancien ébéniste… il vient tous les lundis chez moi… me fait déshabiller toute nue, et se met à vernir mes meubles… Moi, je le suis en le tapotant, et en lui disant : « Comme tu vernis bien !  […] Les gens qu’on coudoie, on ne voit pas leurs figures ; le gaz qui commence à s’allumer dans les boutiques y met une lueur diffuse, où l’on ne distingue rien, et la locomotion remue votre cervelle, sans que les yeux soient distraits, au milieu de ces choses endormies, et de ces vivants à l’état d’ombres.

153. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Les idées ne se combinent indépendamment de toute figure que dans les esprits cultivés. […] Il a reçu aussi le don mystérieux et divin d’assembler dans un tout harmonieux la figure et la pensée. […] Une figure de jeune femme a toujours passé pour ce qu’il y a de plus difficile dans la peinture. […] Le propre de la poésie, c’est de parler par figures. […] Qu’est-ce que la figure, l’image poétique ?

154. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il y règne une simplicité, une tranquillité, surtout dans la figure principale, qui n’est guère de notre temps. […] Le Socrate est la seule figure très apparente.

155. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

La figure brisée avec l’ornement est d’excellent goût ; ces eaux ramassées sur le devant ont de la transparence ; mais le tout est gris ; mais il est sec, mais il est dur, mais la lumière forte est trop égale, mais son effet blesse les yeux, mais les figures sont mal dessinées ; mais ce tableau, mis malignement à côté de la galerie antique de Robert, fait sentir l’énorme différence d’une bonne chose et d’une excellente.

156. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Mais, avant que le mal ait pris le dessus et que la manie s’en mêle, quand l’art tient encore chez lui le gouvernail, il se rend très bien compte de l’effet ; c’est un effet triste et assombri, il le veut tel ; c’est bien un jour d’hiver qu’il veut faire régner sur l’ensemble, et avec lequel il saura mettre en accord toutes les figures : J’aime bien voir là (à Venise) le caractère d’un jour d’hiver ; je ne veux pas faire de la neige, c’est trop froid ; mais je voudrais donner l’idée d’un de ces jours qui ont une poésie si je puis dire, et qui laissent dans l’âme une mélancolie profonde. Si j’y réussis et que l’expression de mes figures soit en rapport, mon tableau aura quelque mérite. […] On a remarqué que, jusque dans les figures des Moissonneurs, il y a de la cambrure, de la pose du Romulus ou du Léonidas, quelque chose de théâtral : lui-même il en convient ; il aurait désiré que ce fût simplement mâle et viril. […] Ensuite, quand il est question de faire une grande composition, pensez-vous que le premier modèle que je trouve soit convenable pour servir à rendre une figure, un sujet que je veux faire ? […] Cette théorie, qui est celle d’Ingres, et qui habituellement n’est pas celle de Léopold Robert, semble pourtant le frapper et le pénétrer en passant, lorsqu’il dit : Je trouve une grande différence à faire les figures d’hommes et celles de femmes.

157. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Dans cette figure animée, où il y avait l’intelligence, l’ironie, cette fine et joliment méchante mine de l’esprit, je vois se glisser, minute par minute, le masque hagard de l’imbécillité. […] Il s’enferme dans un silence entêté, sa figure se couvre d’un nuage méchant et apparaît en lui, comme un être nouveau, inconnu, sournois, ennemi… sa physionomie s’est faite humble, honteuse ; elle fuit les regards, comme des espions de son abaissement, de son humiliation. » Vers le 30 avril : « Ce qui me fait désespérer de lui, c’est quelque chose d’indéfinissable, que je ne puis mieux comparer qu’à l’apparition d’un autre être se glissant en lui. […] Me voici relevé et remplaçant Pélagie près du lit de mon pauvre et cher frère qui n’a pas repris la parole, qui n’a pas repris connaissance depuis jeudi à deux heures de l’après-midi. » Période agonique : Continuation de la nuit de samedi à dimanche, quatre heures du matin : « La mort s’approche, je la sens à sa respiration précipitée, à l’agitation qui succède au calme relatif de la journée d’hier, je la sens à ce qu’elle met sur sa figure. […] … Le jour arrive à cette heure sur sa figure, dessine les creux et les ombres des yeux et de la bouche, le décharnement presque instantané, me montrant, dans sa chair aimée, la sculpture de la mort… 10 heures du matin : Toutes les secondes, je les compte par ces douloureuses aspirations d’une respiration brève, haletante… 4 heures de l’après-midi : Tant de souffrances pour mourir ! […] Lundi 20 juin, 5 heures du matin : Le petit jour glisse sur sa figure qui a pris le jaune briqué et terreux de la mort.

158. (1925) Portraits et souvenirs

Il est assez probable que Laclos eut recours à une sorte de calque qui lui fournissait le dessin vrai de ses figures. […] Pour cela, il a sa figure, son esprit et le reste. […] C’est elle qui en est le personnage principal et sympathique et la figure de prédilection. […] Sur quel fond, mieux que sur l’âpre et sobre décor tolédan, se détache sa figure hautaine et tourmentée, sa figure, pour ainsi dire, à la Greco ? […] Il nous y montre dans « une idylle entre Dilettanti » de curieuses figures d’autrefois.

159. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

Qu’on se figure les madrigaux d’un Petit Poucet très précoce, dédiant des vers écrits, à la loupe, sur le pétale d’une rose, à la petite fille de l’Ogre. […] soit qu’il dessine en un sonnet, comme sur une stèle de marbre, la figure d’Euripide ou de Damœtas ; soit qu’il dépeigne Éros endormi, Et la blanche Artémis qui passe au fond des bois.

160. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Le Moine » p. 321

Sans exagérer, c’est un quartier de roche auquel on s’est amusé à donner une figure grotesque. […] C’est une des figures hétéroclites de cet ouvrage ; et puis un jabot et des manchettes brodés, un gothique st esprit étalé sur la poitrine.

161. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Voilà que les plumes les plus illustres s’y associent ; voilà que les intelligences les plus sérieuses, séduites et gagnées par la fragilité même d’aimables figures, pratiquent, dans une amoureuse familiarité, et dans leurs grâces les plus secrètes, les âmes charmantes d’un grand siècle. […] * * * Nous tentons de reconstruire avec la lettre autographe, figure à figure, un siècle que nous aimons. […] En effet, ils ne donnent pas pour le portrait de la Reine, la figure de convention, l’espèce de fausse duchesse d’Angoulême, fabriquée par la Restauration. […] Elle tirera de l’anecdote le bronze ou l’argile de ses figures. […] Elle groupera, autour de cette figure choisie, le temps qui l’aura entourée.

162. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Nous voilà dans l’obscurité de la petite loge, avec la salle encore vide, où émergent, çà et là, quelques têtes ayant sur la figure de l’implacabilité de juge, qui va juger des criminels. « J’ai comme le bout des doigts aimantés !  […] Il arrive quelques instants après, la figure décomposée, la bouche en fer à cheval, et si troublé, qu’il me donne, ce qu’il ne faisait jamais, une poignée de main, — poignée de main qui me gêne. […] À chaque coup de tonnerre, il survenait, sur la grasse et rubiconde figure du moribond, une épouvante d’un caractère particulier. […] Et quand il disait cela, de la porte derrière laquelle elle écoutait, apparaissait la vieille servante, la figure cachée dans ses mains, et qui lui jetait : « Mais, mon cher maître, vous avez perdu la tête, comment pouvez-vous dire des choses comme cela ?  […] » * * * — X… le vieux beau orléaniste n’a plus aujourd’hui pour figure, qu’une bouillie de papier mâché, tenue en place par le triangle de fer de son faux-col.

163. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

En effet, elle se compose de deux éléments : les figures audacieuses, et le vers. […] On force sa pensée, on la déforme, on l’obscurcit par l’embellissement des figures ; on l’estropie, on la mutile, on la fausse par la contrainte du vers, de la mesure, de la rime. […] Pour mettre de l’art, on recourt aux figures de rhétorique et aux machines poétiques : personne n’y croit, mais c’est la mode, et cela fait bien.

164. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Il faut voir la douleur et toute la figure de celui-ci. […] Que les bras de cette figure d’ailleurs charmante, sont roides, secs, mal peints et sans détails… Oh pour cela, rien n’est plus vrai. […] Je vous défie de me nier que cette figure ne vous regarde, et ne vive.

165. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Entre ces multitudes déchaînées apparaissent plusieurs figures distinctes, le Gaulois Autharite, le Grec Spendius, le Libyen Mathos, le Numide Navarase, Hannon, Gescon, et surtout Hamilcar, qui domine tous les autres. […] Il vous a paru commode de réduire l’Olympe punique à ces deux figures, d’opposer la Vénus à demi ascétique au minotaure toujours affamé, les prêtres-eunuques aux prêtres gorgés de sang, Tanit à Moloch. […] Ô poétiques figures qui avez enchanté notre jeunesse, figures si dissemblables et pourtant de même famille, vous qui aviez une âme, Elvire, Esmeralda, Kitty Bell, Marie, Rachel et Ahasvérus, Valentine et Bénédict, Frédéric et Bernerette, Amaury et Mme de Couaën, qu’êtes-vous devenues ? Nos entreprises sont nouvelles, répondent les partisans de la secte réaliste, et c’est précisément à l’idéalisme de l’école précédente que nous opposons des figures prises hardiment dans le vif de la nature. — Ici encore j’invoque l’autorité de Goethe, et je me demande ce que penserait le grand réaliste à la vue de ces inventions barbares qui prétendent se rattacher à lui. […] Quand je vois l’auteur de Salammbô, tantôt pour reconstruire Carthage, tantôt pour conduire au combat les multitudes féroces, s’agiter, se démener, accumuler les détails, ajouter traits sur traits, figures sur figures, et prolonger des énumérations sans fin, je ne puis m’empêcher de penser à cette histoire de Diogène si plaisamment contée par Rabelais.

166. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

» À la fin du dîner, au café, dans ce monde dînant en manches de chemise, Dinochau, le cheveu frisotté, la figure émerillonnée, vient se mêler à la littérature, et raconte des charges d’Auvergnat. […] Nous avons déjeuné avec Paul Mantz, un petit brun, au clignement d’œil intelligent, à la parole monosyllabique ; avec Dussieux, professeur à Saint-Cyr, qui a quelque chose d’universitaire dans la tournure et de militaire dans la voix, et un coup d’œil scrutateur de commissaire de police dans le regard qu’il vous jette par-dessus ses lunettes bleues ; avec Eudore Soulié, aux traits sans âge, à la figure en chair d’un gibbon, à la chevelure pyramidale, ébouriffée et jouant la perruque, à la gaieté et à l’espièglerie gamines riant dans une voix de fausset. […] On voit passer des figures de buis, balayées des flasques barbes d’un bonnet de nuit, le châle dépassant la camisole : des caricatures lentes, appuyant leur pas qui tremble sur la béquille d’un vieux parapluie. […] Asselineau s’étirant sous un rayon de soleil qui lui chatouille la figure : — À la campagne, à la campagne, je n’ai pas le sou ! […] Une porte s’ouvre, et un homme paraît, à la grosse tête carrée, aux gros traits, aux grosses moustaches, à la forte figure des portraits de Frédéric Soulié ; il est en robe de chambre de velours noir, aux grandes manches pendantes d’astrologue.

167. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

C’est un vieux chien qu’on purge très souvent, et sa figure de chien prend un aspect navré, quand il aperçoit la préparation de la médecine. […] Je me figure que c’est Charpentier, qui est venu me dire, que le livre était saisi. […] Il est accompagné d’une jeune femme, d’une nationalité interlope, avec un bout de nez rouge de clown anglais, dans une figure toute blême. […] Il n’y a plus sur les jeunes figures, cet éveil, cet air un peu fou, un peu casseur, mais qui se faisait pardonner par l’inoffensivité, et comme par le restant d’une joyeuse et remuante enfance. […] Le vieux, le procréateur du jeune, la figure turgide, boursoufflée, un œil clos, laisse par instants entrevoir, dans un demi-éveil clignotant, la prunelle perfide de son bon œil.

168. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

La cassolette et les vases d’un faire recherché, sans attirer l’attention aux dépens des figures. […] Pour votre st Bruno , c’est un très-joli morceau, bien dessiné, bien posé, tout à fait intéressant d’expression, largement drapé, peint avec vigueur et liberté, bien éclairé, bien colorié ; on le prendrait pour un petit Chardin, quand celui-ci fesait des figures.

169. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

L’homme, avec ses yeux lumineux, le poli de marbre de la chair de sa figure, sa bouche sarcastique, ressemble beaucoup à un prélat de race supérieure, à un prélat romain. […] Il y avait, chez ma mère, une femme de chambre jolie, ayant l’air bête, mais vous savez, il y a quelques figures, où l’air bête met une grandeur. […] C’est Marsaud, l’homme qui met sa signature sur les billets de banque, et qui semble, sous son noir faux toupet, une figure allégorique de l’implacabilité de l’Argent. […] On m’a couché sur un divan de la salle à manger, les jambes en l’air, on m’a jeté de l’eau de Cologne à la figure, la princesse m’a été chercher son éventail aux abeilles d’or — et je suis revenu. […] Ils sont là, penchés sur le papier, avec une figure qui peine, avec un grand pli à la joue, et l’avancement de leur grosse bouche sérieuse.

170. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Mais, le groupe posé sur l’étagère, il n’y pense plus ; le voilà qui sculpte en marbre une Diane chasseresse ou quelque figure mythologique dont la blancheur se détache d’un fond de fraîche verdure. […] Arsène Houssaye aura été une figure très particulière, en un temps où les personnages semblent coulés dans de certains moules, uniformes.

171. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Derrière l’amabilité figée des figures, tous ces figurants du monde enfoncés dans l’absorption égoïste de leur moi, qu’ils dissimulent sous le badinage vague du bout des lèvres et des paroles vides, et l’on sort de là, le cœur froid, comme si on avait passé la soirée au milieu de vivants de glace. […] Un cocher ivre, que nous prenons à Auteuil, nous jette, bride abattue, dans la roue d’un camion, quai de Passy, et le choc est tel que Edmond, jeté dans la glace devant lui, la casse avec sa figure. Il en ressort… nous nous regardons… un regard mutuel et profond, où chacun tâte l’autre… Du sang plein la figure, plein l’œil. […] Du quai, nous montons à Passy, moi le soutenant sous le bras, lui marchant le mouchoir rougi sur la figure, comme un accident ensanglanté qui passe. […] La figure bourgeoise des jurés a pris une espèce de sévérité de grands juges.

172. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

C’est un doux et pur sujet d’étude que la figure et la vie de Marie Leckzinska, et l’on comprend qu’une jeune femme de mérite s’y soit arrêtée. […] On sent suffisamment ce qu’elle ne dit pas et ce qui est en dehors de son cadre : le cadre se détache avec une figure simple, unie, souriante, touchante, une figure de bonne reine et presque de sainte. […] Je donnerai de ce Portrait peu connu les principaux endroits ; et le physique d’abord, — ayez soin seulement de le rajeunir un peu en idée pour voir Louis XV dans ce premier éclat de beauté dont chacun a été ébloui : « La figure de Louis XV était véritablement belle ; il avait les cheveux noirs et bien plantés, le front majestueux et serein ; ses yeux étaient grands, son nez bien formé ; sa bouche était petite et agréable ; il n’avait pas les dents belles, mais elles n’étaient pas assez mal pour défigurer son sourire, qui était charmant, Un air de grandeur très remarquable était empreint sur sa physionomie, qui était encore rehaussée par la manière dont il s’était fait l’habitude de porter sa tète. […] Lorsque, avant son arrivée à Fontainebleau, on louait devant elle la figure et les grâces du roi, elle avait répondu : « Hélas !

173. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Le vase avait deux anses ornées de figures et de feuillages, parfaitement travaillés, et c’était le plus beau que j’eusse encore vu. […] Pour faire épanouir sa charmante figure un peu mélancolique, je jouais souvent de la flûte. […] Alors il prit une figure terrible, en ajoutant : Choisis donc entre ma malédiction paternelle et ma bénédiction. […] J’en vins à bout dans trois mois, et je l’ornai de figures et de feuillages si bien imités qu’il n’y avait qu’à admirer. […] Il avait jeté sa mèche tout allumée par terre, et se déchirait la figure, en pleurant à chaudes larmes ; ce que faisaient aussi les autres bombardiers.

174. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La Force reste muette, étant inconsciente et irresponsable : on ne distingue guère plus sa figure qu’on n’entend sa voix ; ce n’est qu’un valet de bourreau vu de dos. […] Une parenté primordiale l’unit intimement à toutes les puissances physiques qu’il implore, et dont il est la figure. […] L’Orient et l’Occident du ciel s’accouplent ainsi dans la figure de leur précurseur. […] Ses mille hymens aériens prirent corps et figure, le ciel et la terre furent peuplés de ses concubines. […] Les Océanides, restées fidèles à son agonie, lui apparaissaient comme les figures lointaines des Saintes Femmes, pleurant au pied de la Croix.

175. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Elle soulève dans l’esprit où elle s’exerce des émotions extraordinaires, et l’auteur verse sur les objets qu’il se figure quelque chose de la passion surabondante dont il est comblé. […] Frappé d’un spectacle quelconque, il s’exalte, et éclate en figures imprévues. […] Il avance sur la pointe du pied, comme s’il avait peur de réveiller l’homme imaginaire qu’il se figure couché dans le lit. […] Dickens fait l’hypocrisie si difforme et si énorme, que son hypocrite cesse de ressembler à un homme ; on dirait une de ces figures fantastiques dont le nez est plus gros que le corps. […] It is a mere question of figures, a case of simple arithmetic.

176. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

C’est une grande figure, froide, imbécile, sans action, sans passion, sans mouvement, sans caractère, ne prenant pas le moindre intérêt à ce qui se passe. […] Vulcain est la plus hideuse figure de l’Odyssée et la plus fortement peinte.

177. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Toute la figure, bien peinte et assez bien coloriée. […] Voilà une Mort de César où les figures sont maigres, roides et isolées.

178. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Toute belle que soit la figure du Pigmalion, on pouvait la trouver avec du talent ; mais on n’imagine point la tête de la statue sans génie. […] Mes figures seraient encore mieux groupées que les siennes.

179. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Vers 689, Butadès de Sicyone a l’idée de modeler et de cuire au feu des figures d’argile, ce qui le conduit à orner de masques le faîte des toits. […] Mais les principales sont les gymnopédies, grandes revues où figure toute la nation distribuée en chœurs. […] On demeure un idolâtre sec et borné, si, au-delà de la figure personnelle, on n’entrevoit pas dans une sorte de lumière la puissance physique ou morale dont la figure est le symbole. […] Aux beaux siècles de la statuaire, cet arrière-fond perçait encore visiblement sous la figure humaine et précise par laquelle la légende l’avait traduit. […] Par degrés sa figure s’était dessinée et son histoire s’était accrue.

180. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On opposoit elegans signum à signum rigens ; une figure proportionnée, dont les contours arrondis étoient exprimés avec mollesse, à une figure trop roide & mal terminée. […] (Littér.) exprimé en figure. […] On peut dans une allégorie ne point employer les figures, les métaphores, & dire avec simplicité ce qu’on a inventé avec imagination. Platon a plus d’allégories encore que de figures ; il les exprime élégamment, mais sans faste. […] Les graces dans la figure, dans le maintien, dans l’action, dans les discours, dependent de ce mérite qui attire.

181. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il fabriquait des poésies, etc., etc., et finissait par tenir un Hôtel de la Farce, où il y avait la Fête de la Vidange… Homais me semble la figure réduite, pour les besoins du roman, du Garçon. […] Crepuit medius, oui, son ventre éclata, sans figure aucune. […] Tel, je me figure, le sommeil d’Adam, dans la nuit, où une compagne lui fut donnée. […] On distingue les cordes du dessous du cou, une barbe forte et noire, le nez pincé, des yeux caves ; autour de sa figure, sur l’oreiller ses cheveux, étalés, sont plaqués ainsi qu’un paquet de filasse humide. […] Il a de longs et rares cheveux blancs, la figure osseuse et décharnée, les yeux tout caves et au fond une petite lueur.

182. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Il ressent la luxuriante abondance du style, la profusion des mots, des tournures, des périodes, la variété des figures, la richesse des terminologies, l’entassement de paragraphes sur paragraphes, les infinies suites de strophes. […] Victor Hugo le porte dans le portrait physique ou moral de ses héros : Il y avait de l’illisible sur cette figure. […] Les strophes se suivent ainsi, bondissantes et fuyantes, emportant le lecteur à ne plus voir le chêne que quelques proscrits ont planté sur une plage, et l’idée révolutionnaire qu’il figure, mais un lutteur monstreux à forme demi-humaine opposant à l’assaut d’éléments passionnés, des racines douées d’obstination et des branches volontairement noueuses. […] Que l’on admette ce don d’exprimer longuement et de penser peu, de développer magnifiquement et abondamment, le moindre jet d’émotion et d’idées ; que l’on se figure en outre que pendant ces successives rémissions de l’intelligence, M.  […] Le mot « chêne » figure un arbre robuste et énorme ; le mot «  or » rutile plus brillamment que le pâle métal de nos monnaies.

183. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Certaines de ces figures se dressent dans la mémoire et oppriment les autres ; certains de ces romans laissent d’eux-mêmes une impression plus nette et plus profonde : et c’est de ceux-là seulement qu’il importe de parler. […] Je ne m’arrête point à l’abbé Mouret ni à la demi-douzaine de prêtres qu’on trouverait chez Flaubert, Zola et les Goncourt, et qui n’y sont que des figures épisodiques. […] Parmi tant de belles et vivantes figures ecclésiastiques, je n’en prendrai que quatre : du côté des saints, l’abbé Courbezon et l’abbé Célestin ; du côté des ambitieux et des violents, l’abbé Capdepont et l’abbé Jourfier. […] Et, quand Rufin serait dans le clergé une figure d’exception, je ne vois pas en quoi il serait moins intéressant. […] Et voici, tout à côté, d’exquises figures ; Méniquette et Marie Galtier, d’une pureté de fleurs, pareilles à des bergères de vitraux, à des petites saintes de Puvis de Chavannes, et le neveu de l’abbé Célestin, échappé à travers la grande nature maternelle comme un petit faune en soutanelle rouge, petit faune innocent qui a des pudeurs de petit clerc ou de jeune fille… Le Chevrier et Barnabé ne sont pas de moindres chefs-d’œuvre que Lucifer ou Mon oncle Célestin.

184. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

On peut trouver des figures plus régulièrement belles : je ne crois pas qu’on en puisse trouver de plus agréables. Quelque idée qu’en aient pu donner en France ceux qui l’ont vue ici, on sera surpris du ton de bonté, d’affabilité, de gaîté qui est peint sur cette charmante figure. […] Il se rapporte à l’année 1776 : nous en donnerons les parties principales ; de telles esquisses d’après nature dispensent de bien des imaginations et des songes plus conformes à la poésie qu’à la réalité, et elles viennent à propos pour rompre de temps en temps la légende toujours prête à empiéter sur l’histoire : « La reine est très-bien de figure, et quoiqu’elle ait pris assez d’embonpoint, il n’y a néanmoins pas encore d’excès. […] Voilà une figure touchante entre toutes, une figure épique et tragique s’il en fut, image et victime de la plus grande calamité qui ait passionné le monde.

185. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

La passion ingénue, coquette parfois, sans cesse attrayante, d’Athénaïs et d’Eugène, se détache sur un fond inquiétant de mystère : même quand elle s’épanouit le long de ces terrasses du jardin ou dans la galerie vitrée, par une matinée de soleil, on craint M. de Rieux quelque part absent, on entrevoit cette figure mélancolique et sévère du père d’Eugène ; et si l’on rentre au salon, cette tendresse des deux amants s’en vient retomber comme une guirlande incertaine autour du fauteuil aimable à la fois et redoutable de la vieille maréchale qui raille et sourit, et pose des questions sur le bonheur, un La Bruyère ouvert à ses côtés. […] Pourtant, dans celui d’Eugénie, au moment de la dispersion des communautés par la Révolution, il y a des scènes éloquentes ; et cette prieure décharnée, qui profite avec joie de la retraite d’Eugénie pour gouverner la maison, ne fût-ce qu’un jour, est une figure d’une observation profonde. […] Eugénie, qui a été forcée de quitter son couvent, et qui devient comme l’ange tutélaire des siens, attire constamment et repose le regard avec sa douce figure, sa longue robe noire, ses cheveux voilés de gaze, sa grande croix d’abbesse si noblement portée. […] Cherchez sur la figure de l’homme en place si votre fils n’a pas compromis son avancement ou sa fortune ; regardez sur le visage de ces femmes légères qui vont lui sourire, regardez si un amour trompeur ou malheureux ne l’entraîne pas ! […] » — Elle vit l’humeur au front du sphinx redoutable : Si je réponds oui, songea-t-elle, il dira : C’est une sotte ; si je réponds non, il y verra de l’insolence… — « Oui, sire, répondit-elle, on y aime la France…, comme les vieilles femmes aiment les jeunes. » La figure de l’empereur s’éclaira : « Oh !

186. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il est sorti d’un sermon apocryphe de saint Augustin sur cette idée fondamentale que l’Ancien Testament est tout entier une figure et une préparation du Nouveau : l’auteur du sermon traduisit cette idée en évoquant treize témoins prophétiques, qu’il faisait déposer en faveur de la mission de Jésus-Christ. […] Alors, que le Sauveur arrive, vêtu d’une dalmatique ; devant lui se placeront Adam et Eve : Adam vêtu d’une tunique rouge, Eve d’un vêtement de femme blanc, et d’un voile de soie blanc ; tous deux seront debout devant la Figure (Dieu) ; Adam plus rapproché, le visage au repos ; Eve un peu plus bas. […] Ce sont quatre ou cinq brefs couplets, deux ou trois figures à peine ébauchées — les chrétiens en chœur — un chrétien — un jeune chrétien nouveau chevalier — un ange idéalement impersonnel ; et cette gaucherie de primitif, toute sèche et raide, nous donne l’impression du grand art par la hardiesse de la simplification. […] Marion et Robin sont des figures d’opéra-comique, dans l’action traditionnelle qui les oppose au chevalier : dans la description, qui échappe à l’action tyrannique du lyrisme, ce même couple, et surtout les paysans qui viennent se grouper autour de lui, sont dessinés avec une verve énergique et une sensible recherche de réalité. […] Il en faudrait dire autant, pour le xve  siècle, du Livre des quinze joyes du mariage, et en général des œuvres de nos conteurs satiriques où ils ont bien voulu regarder, au lieu de l’anecdote et des individus, les figures en quelque sorte schématiques des divers états de la vie et des divers tempéraments de l’homme.

187. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Sa figure avait un caractère antique, et son buste ne peut être bien placé qu’entre ceux de Platon et d’Aristote. […] Cette jeune femme, sur laquelle tous les portraits s’accordent, était, dès l’âge le plus tendre, une perfection mignonne de bon sens, de prudence, de grâce et de gentillesse : Mme de Stainville, à peine âgée de dix-huit ans, nous dit l’abbé Barthélemy, jouissait de cette profonde vénération qu’on n’accorde communément qu’à un long exercice de vertus : tout en elle inspirait de l’intérêt, son âge, sa figure, la délicatesse de sa santé, la vivacité qui animait ses paroles et ses actions, le désir de plaire qu’il lui était facile de satisfaire, et dont elle rapportait le succès à un époux digne objet de sa tendresse et de son culte, cette extrême sensibilité qui la rendait heureuse ou malheureuse du bonheur ou du malheur des autres, enfin cette pureté d’âme qui ne lui permettait pas de soupçonner le mal. […] Sa figure est jolie, pas très jolie ; sa personne est un petit modèle. […] Il était encore à Rome, et dans les derniers temps de son séjour, il avait envie d’une douzaine de petites figures de terre cuite qu’on avait récemment découvertes dans un tombeau de marbre ; mais on en demandait un prix exagéré. Il racontait cela par hasard à quelqu’un devant Mme de Choiseul, et le lendemain il trouvait les douze figures sur sa table sans savoir d’où elles lui venaient.

188. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Je dirai tout d’abord qu’ils n’y répondent qu’en partie ; mais, tels qu’ils sont, ils achèveront de déterminer avec précision, vérité, et sans exagération aucune, dans tous les esprits qui se laisseront faire, les traits de cette belle et juste figure de Bossuet. […] Ses oraisons funèbres, les plus lus de ses ouvrages oratoires, nous ont accoutumés à entendre surtout ses éclats et ses tonnerres, bien qu’il y ait telle de ces oraisons funèbres (celle de la princesse Palatine, par exemple) qui émeuve plus doucement et fasse pleurer ; mais en général la première chose qu’on se figure quand on songe de loin à l’éloquence de Bossuet, ce sont les foudres. […] Au travail, il jetait sur le papier son dessin, son texte, ses preuves, en français ou en latin indifféremment, sans s’astreindre ni aux paroles, ni au tour de l’expression, ni aux figures : autrement, lui a-t-on ouï dire cent fois, son action aurait langui et son discours se serait énervé. […] On ne se lasse pas de repasser devant cette grande figure, qui offre la plus juste proportion avec l’époque où elle parut et où l’on peut dire qu’elle régna.

189. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

La fortune est venue doter son berceau, sous la figure d’un jeune phtisique romanesque qui l’a fait héritier d’un demi-million. […] Aussi bien le personnage n’est point tendre, pas plus que la thèse qu’il incarne et dont on entend crier les arguments, secs comme des rouages, sous la figure qui l’enveloppe. […] La pièce aurait dû écarter de l’honnête et touchante figure de Clara Vignot le soupçon de seconde faute et de captation qu’un pareil don suggère inévitablement, et que son fils lui-même partage un instant. […] Ajoutons encore à cette addition la ronde et brave figure du notaire Aristide Fressart, un type de bourgeois bourgeoisant, fin comme l’ambre, sous son écorce vulgaire, mêlant, à la plus juste dose, les habiletés professionnelles aux vertus domestiques.

190. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

C’est même par cette raison qu’Aristote dit dans le chapitre quatriéme de sa poëtique, que les metres sont les portions du rithme ; c’est-à-dire, que la mesure resultante de la figure des vers, doit dans la recitation regler le mouvement. Personne n’ignore qu’en plusieurs occasions les anciens emploïoient dans leurs pieces dramatiques des vers de differentes figures. Ainsi celui qui battoit la mesure sur le théatre, étoit astreint à marquer les temps de la declamation, suivant la figure des vers qu’on recitoit, comme il pressoit ou rallentissoit le mouvement de cette mesure, suivant le sens exprimé dans ces mêmes vers, c’est-à-dire, suivant les principes qu’enseignoit l’art rithmique.

191. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

, dit Ciceron en parlant des anciens poëtes grecs qui avoient trouvé le chant et la figure des vers. […] Quant au moïen d’écrire en notes la déclamation, soit celui que nous avons indiqué, soit un autre, il ne sçauroit être aussi difficile de le réduire en regles certaines, et d’en mettre la méthode en pratique, qu’il l’étoit de trouver l’art d’écrire en notes les pas et les figures d’une entrée de ballet dansée par huit personnes, principalement les pas étant aussi variez et les figures aussi entrelacées qu’elles le sont aujourd’hui.

192. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

Pierre Quillard s’évade de ce musée aux blanches figures antiques dont il étudie et retrace sans cesse les immobilités, il faut convenir qu’il a le don du vers condensé et de l’image évocatrice, mais évocatrice du passé. […] C’est un beau fronton, et les figures qui y sont sculptées valent par l’ampleur du geste et la robuste musculature.

193. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il montra un dessin d’une figure nue tenant une hache, couchée dans un pendentif architectural, figure qui, comme il eut soin de l’expliquer, n’était point celle de M.  […] La robe peut être la robe d’Athènes, mais la figure est ordinairement la figure de Brompton. […] Les figures centrales sont exagérées, mais le fond est admirable. […] C’est réellement une figure très bien posée. […] Ne perds pas une vision de sa figure passagère.

194. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Toutes les figures ont l’air de figures de malades, de convalescents. […] Sur la place Louis XV, les villes de France ont la figure voilée de crêpe. […] Une voix de stentor leur crie dans la figure : Vive la République et à bas la Commune ! […] Sur leurs figures est la colère, persiste l’ironie. […] Le colonel, une de ces figures olivâtres, commande : « Garde à vous ! 

195. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Considérez la figure de l’homme en repos : elle est plus belle que celle de l’animal, et la figure de l’animal est plus belle que la forme de tout objet inanimé. […] Nous avons dit que chez l’homme et chez l’animal même la figure est belle par l’expression. […] Toute figure est composée de traits individuels qui la distinguent de toutes les autres et font sa physionomie propre, et en même temps elle a des traits généraux qui constituent ce qu’on appelle la figure humaine. […] Les figures ont toutes de la beauté. […] Un étonnement naïf se peint sur la figure du jeune pâtre qui regarde avec bonheur sa belle compagne.

196. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime. […] Il excelle, à propos des nouveautés qui passent, à se tailler un sujet à part dans une étoffe souvent vulgaire qu’il rehausse aussitôt, à en détacher et à y découper pour son compte un personnage historique, une grande figure, un type, et il s’y applique, il s’y déploie avec sa vigueur d’expression, sa couleur éblouissante, avec son instruction et sa vaste lecture toujours neuve, originale, inventive et heureuse d’allusion et d’à-propos, qui n’a rien de banal ni d’usé dans ses citations, et qui même, lorsqu’elle sort d’un coffre antique, a la splendeur d’une étoffe d’Orient. « Quand je lis Saint-Victor, je mets des lunettes bleues », disait Lamartine. […] La littérature proprement dite est bien loin d’être absente dans ce Recueil ; mais elle n’y est représentée que par un petit nombre de figures familières et connues, qui s’y montrent avec une distinction rare.

197. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Le peuple, qui a l’avenir et qui n’a pas le présent ; le peuple, orphelin, pauvre, intelligent et fort ; placé très bas, et aspirant très haut ; ayant sur le dos les marques de la servitude et dans le cœur les préméditations du génie ; le peuple, valet des grands seigneurs, et amoureux, dans sa misère et dans son abjection, de la seule figure qui, au milieu de cette société écroulée, représente pour lui, dans un divin rayonnement, l’autorité, la charité et la fécondité. […] Mais, dans l’histoire comme dans le drame, Charles II d’Espagne n’est pas une figure, c’est une ombre. […] De même, pour tomber d’une très grande chose à une très petite, ce drame, dont nous venons d’indiquer le sens historique, offrirait une tout autre figure, si on le considérait d’un point de vue beaucoup plus élevé encore, du point de vue purement humain.

198. (1888) Études sur le XIXe siècle

Parfois il se figure que des « distractions » le sortiraient de cet état ; mais son « unique distraction », à Recanati, c’est l’étude, et l’étude le tue. […] La puissance des figures et la puissance de la phrase dépendent essentiellement de la qualité des mots qui servent aux figures et à la phrase. […] La plume qui d’une aile allongeait l’envergure, Frémit sur le papier quand sort cette figure. […] Peu de jours se passent sans que cette aimable figure se présente devant moi et vienne me faire rêver tristement. […] Paul Mariéton me communiqua une lettre de Rossetti, dont l’autographe figure dans sa collection.

199. (1894) Textes critiques

. — Elle étonne par la perfection de ses tons rares — mais j’aime mieux les lignes nues des arbres, mers ou cimetières de Seguin, et que Filiger envoie de lui seul, figure ou paysage. ‌ […] De Jeanne Jacquemin, trois paysages avec figures, toutes d’une pâleur plus blanche cette fois, sur la dérive des barques au ruisseau fantastique par-delà les aulnes.‌ […] Admirateur de ses paysages, ses figures me paraissaient vulgaires — avant celle-là.‌ […] C’est pourquoi : « Ne faites jamais ni pleurer ni rire, vos figures », disait Filiger devant les Sirènes chantantes (d’un art différent, valable aussi) d’Eric Forbes-Robertson. […] Ollendorff. — Figures contemporaines, tirées de l’Album Mariani, 76 biographies, notices, autographes et portraits gravés sur bois par A.

200. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Pour parler sans figure, cette seconde partie a perdu considérablement et elle perdra de plus en plus dans l’opinion de ceux qui examinent. […] Tous les prophètes, à sa suite, prédisent et dépeignent à l’avance ce mystère du Messie, et non seulement ils étaient les prophètes de Jésus-Christ, ils en étaient la figure par diverses circonstances de leur propre vie. […] L’imagination a beau jeu, on le conçoit, pour grouper à sa fantaisie les nuages et les assembler en toutes sortes de figures monstrueuses ou grandioses à ces horizons les plus lointains de l’histoire. […] Il est vrai qu’à la fin la plupart attendent un Messie sous une tout autre forme que la véritable, et qu’ils ne le conçoivent que sous la figure d’un guerrier, d’un roi-pontife à la manière des Macchabées, et d’un libérateur terrestre.

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