Son personnage principal, le duc Pompée-Henri de Joyeuse, un lion à la mode, beau, aimable, doué de tous les talents, un ténor et un virtuose comme on en a connu, — comme un Mario ou un Belgiojoso, — arrivé à l’âge de quarante ans, cette extrême limite de la jeunesse, à bout de ressources et de désordres, tout à fait ruiné, est appelé en Allemagne par un ancien ami de sa famille, un ami de sa mère, le comte Herman qui, en mourant, l’adopte et lui laisse par testament son immense fortune, à la condition de prendre son nom et de séjourner en Allemagne au moins une année. […] Cette divine cantatrice n’est autre que l’élève, la fille chérie, la création, l’esclave, la maîtresse (comme vous voudrez l’appeler) du duc Pompée qui, au temps de ses triomphes désordonnés et de sa gloire, lui avait donné son nom, procuré une fortune, et qui l’a laissée dans la douleur en s’éclipsant… Enfin elle a fait son deuil et elle rentre… La conversation s’engage alors forcément sur ce duc Pompée, ce mystérieux élégant si soudainement disparu : M. de Noirmont ne dit que ce qu’il en faut pour satisfaire à la curiosité des personnes présentes qui ne soupçonnent pas Pompée dans le comte Herman. […] On saurait à quoi s’en tenir sans écouter les calomnies et les noirceurs délatrices qui de tout temps se sont attachées aux agapes secrètes, mais qui alors appelaient à leur aide le geôlier et le bourreau. […] La meilleure guérison, en fait de passion, est de tâcher de s’inoculer une passion nouvelle ; c’est, je crois, ce qu’on appelle en médecine la méthode substitutive.
On a pu dans ces derniers temps, par analogie avec d’autres époques légendaires mieux connues, distinguer divers moments durant cette période ; il y eut probablement d’abord l’âge des chants narratifs de peu d’étendue, de ce qu’on appelait épos : l’âge de l’épopée a suivi, dans lequel ces chants plus simples étaient repris, remaniés, et transportés avec souffle dans des compositions plus larges et déjà savantes. […] À nous en tenir même aux époques littéraires distinctes, que ne pourrions-nous pas remarquer sur les génies voisins, presque simultanés ou légèrement successifs, sur les génies parents et qu’on peut appeler congénères ? […] Il paraît de plus qu’il était un grand bavard, ce qu’on appelle un moulin à paroles. […] Giguet, on aura remarqué que les traces qu’il signale de la colère d’Achille, dans les chants IV, V et VII de l’Iliade actuelle, sont des fils bien légers pour former ce qu’on appelle un nœud.
Le duc de Noailles dont il est question ici et qui mourut comblé de jours, de considération et d’honneurs en 1766, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, est celui que Saint-Simon a peint en traits saillants, terribles, très flatteurs aussi à bien des égards, exagérés sans doute sur quelques points ; mais cela précisément appelle la discussion et l’examen. […] Appelé au Conseil et ministre d’État depuis 1743 et pendant treize années, il donnait de bons avis, il avait de belles maximes et, ce qui était déjà à la mode, il trouvait, au sujet des affaires du Parlement et sur ces interminables conflits où il y avait matière à popularité, des paroles et des démonstrations de citoyen. […] Il est l’antipode du courtisan ; on l’appelle à la Cour d’Argenson la bête : c’est bien lui qui a un fond de cœur de citoyen ; mais l’écorce est revêche, la parole rustique et rude, même grossière. […] La guerre appelle la guerre.
Amelot (le ministre des Affaires étrangères), qui lui enverra, ne sache pas que je vous écris, et, de plus, cela lui donnera un petit tire-laisse dont je me réjouis d’avance. » Un roi qui fait une niche à son ministre en se frottant les mains, et qui appelle cela lui donner un petit tire-laisse ! […] La phrase à la Louis XIV, ou qu’on appelle de ce nom, est ample, un peu longue, mais majestueuse. […] Dans une lettre que le général Jomini me fait l’honneur de m’écrire à l’occasion même de ces articles, l’illustre historien est plus explicite sur le compte du maréchal de Noailles, qu’il appelle un triste général : « Quant à M. de Noailles, dit-il, la malheureuse échauffourée de Dettingen n’a jamais été bien expliquée. […] Et pourtant tous les contemporains qui en valent la peine sont d’accord là-dessus : le maréchal est homme à donner d’admirables conseils, même au comte de Saxe (voir Lettres et Mémoires tirés des papiers de ce dernier) ; il a de l’entrain quand il écrit ; il appelle le maréchal de Saxe son fils : il a des effusions et des démonstrations qui ne déplaisent pas : mais en tout il écrit mieux qu’il n’agit, ; il fait de beaux mémoires pour justifier ses lenteurs (Journal du duc de Luynes, tome VI, page 73) ; il a des quantités de projets et des infinités d’idées à la fois, qui donnent de l’éblouissement et qui se nuisent (ibid.
Si, dans cette circonstance, Saint-Simon eut des ridicules aux yeux des autres ; si, quand il prit la parole pour protester au nom des ducs, on n’entendit qu’une petite voix dont quelques-uns dans l’assistance se moquèrent ; s’il y eut du plaisant pour quelques spectateurs dans l’incident, il est certain que, plein de son objet et de sa passion, il ne s’en apercevait pas lui-même : mais, en revanche, si vous lui passez ce travers, ce tic nobiliaire (pour l’appeler par son nom), que ne distinguait-il pas sur tous ces bancs autour de lui, dans les plis de ces fronts et de ces visages, dans cette multitude de masques où la nature lui avait accordé de lire ! […] Il a rassemblé quantité de témoignages du temps qui sont tous à la louange de ce premier président, et notamment des passages de Mme de Sévigné où il est appelé une belle âme. […] J’appellerais cela l’homme aux deux réputations. […] Pour tout ami de la science morale et des études où se complaît la réflexion, j’appelle cela d’inappréciables bienfaits.
Mais il lui manque cette curiosité attentive de recherche et d’étude qu’on appelle l’érudition ; il se garderait surtout de paraître viser à l’exactitude du détail, qui est pourtant le fond de la trame en ce genre de portraits et de biographies littéraires. […] il laisse ces scrupules aux Étienne Pasquier, aux Antoine Du Verdier et autres pédants, comme il les appelle tout net (tome I, page 7). J’avoue humblement que je ne me fais pas de la pédanterie une idée si particulière ni si limitée à telle forme d’affectation ; je pense avec Nicole que c’est un vice, non pas de robe, mais d’esprit, et, au lieu d’appeler pédants d’honnêtes écrivains qui s’appliquent à être exacts quand il importe de l’être, je serais tenté bien plutôt de voir une sorte de pédanterie retournée dans la prétention qu’on affiche de se passer de ces humbles qualités là où elles sont nécessaires. […] La Remontrance du poëte captif au conseiller du parlement M. de Vertamont, qui était son juge, appelle l’intérêt par la situation et par quelques tons de fraîcheur ; il décrit à ce magistrat le retour du printemps deviné à travers ses barreaux, et il demande la clef des champs, que la nature en cette saison accorde à toute créature ; aujourd’hui, dit-il : Que l’oiseau, de qui les glaçons Avoient enfermé les chansons Dans la poitrine refroidie, Trouve la clef de son gosier Et promène sa mélodie Sur le myrte et sur le rosier… Cela fait ressouvenir de ces autres vers d’un poëte prisonnier : Soleil si doux au déclin de l’automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor !
Ces expressions : illusionnisme social, mensonge de groupe, appellent quelques explications. […] Ce sont ces mensonges que nous appelons proprement mensonges de groupe. […] Mais ces deux éléments : illusion, mensonge, sont malaisés à discerner dans les choses sociales et fausses comme les appelle A. de Vigny. — Le plus souvent, ils sont si bien emmêlés et enchevêtrés qu’il est impossible de déterminer la part exacte qui revient à l’un et à l’autre élément dans les croyances collectives. […] Ce qu’on appelle aujourd’hui pragmatisme n’est qu’une théorie et une apologie du mensonge utile.
Souvent la pierre arrachée de l’œuvre d’autrui, reconnaissable non seulement à son grain mais à sa taille, est transportée telle quelle au tas informe que le didactique appelle son monument. […] Montégut a trop de respect pour le positivisme — mais par une étrange taquinerie scientifique qui s’appelle, paraît-il, la télégonie : il a un fils qui ressemble au premier mari et il se tourmente jusqu’à en mourir de la présence de ce spectre approuvé par l’Académie de Médecine. […] J’ai vu souvent, même dans ceux de ses livres qui se prétendent sans prétentions, un personnage qui « risquait l’incertitude du parquet glissant », ou qui, au lieu de s’appeler Suin, « s’autorisait du nom de Suin ». […] Voyez-le ensuite s’égayer, l’œil grivois et la lippe grasse, de ce « pseudonyme à deux places » et pousser du coude une camarade rosse, pour qu’elle appelle Victoria : « Sacrée omnibus. » Cette drôlerie grossière n’est pas sans amuser une minute.
L’Église, dit-il en parlant des temps de mélange et de confusion semblables aux nôtres, l’Église alors appelle à son secours une parole qu’il serait difficile de définir par des caractères constants, à cause de la variété des erreurs qu’elle doit combattre et des âmes qu’elle veut convaincre, mais qu’on peut appeler la prédication extérieure ou apostolique. […] Dans sa conduite comme dans son éloquence, l’abbé Lacordaire a de ces tours imprévus, de ces hardis élans, de ce qu’on appellerait dans un général d’armée des illuminations soudaines. […] Mais, assurément, si un tel sentiment avait quelque part sa place légitime, et si l’orateur a eu droit d’en user, ce dut être dans l’éloge du général Drouot, ce lieutenant fidèle, homme rare et simple, tout patriotique, qui représentait la probité dans les camps, que Napoléon appelait le sage de la Grande Armée, et qui, au sortir des grandes batailles dont il avait dirigé les formidables batteries, ne demandait au ciel d’autre faveur que de venir mourir sur la paroisse où il avait été baptisé.
Dès l’avènement de la Restauration, il sentit que, sous un gouvernement non militaire, qui admettait le droit de discussion et la parole, il était de ceux que leur vocation naturelle et leur mérite appelaient à compter dans les affaires et dans les délibérations du pays. […] Il n’eut pas seulement ce que j’appelle la chaleur de son ambition, il en eut par instants la flamme dans sa parole. […] Clarendon se trompa sur son époque ; il méconnut le sens des grands événements auxquels il avait assisté… Ainsi, vous paraissez croire que la Providence s’y prend avec plus de façons quand il s’agit de ces hommes éminents qu’on appelle Mazarin ou Walpole, que quand il s’agit des simples honnêtes gens privés ! […] Mais ceux d’entre-deux (comme il les appelle) nous gâtent tout ; ils veulent nous mâcher les morceaux : ils se donnent loi de juger, et par conséquent d’incliner l’histoire à leur fantaisie ; car depuis que le jugement pend d’un côté, on ne se peut garder de contourner et tordre la narration à ce biais.
Tout poète, en tout pays, cherche son Auguste et son Mécène ; appelez ce Mécène du nom que vous voudrez : Ferdousi cherchait le sien. […] Il s’achemina lentement vers la ville voisine, appelée Sémengan. […] Ce fils est beau et au visage brillant ; on l’appelle Sohrab. […] Roustem est appelé ; il arrive, il se trouve seul en présence de son fils, et le duel va s’entamer.
Mais il n’en est pas ainsi de Saint-Simon, qui, après ces journées de Versailles ou de Marly que j’appellerai des débauches d’observation (tant il en avait amassé de copieuses, de contraires et de diverses !) […] Laissons la part due à tout ce que vous voudrez reconnaître de mystérieux et d’invisible dans ces opérations du dedans, même à ce qu’on appelle la grâce ; laissons sa part au vénérable duc de Beauvilliers, gouverneur excellent ; mais, entre les instruments humains, à qui donc fera-t-on plus large part qu’à Fénelon, à celui qui, de près comme de loin, ne cessa d’influer directement sur son élève, de lui inculquer, de lui insinuer cette maxime de père de la patrie, « qu’un roi est fait pour le peuple », et tout ce qui en dépend ? […] J’appelle cela une douceur irritante, et l’impression qu’on éprouve vient bien à l’appui de cette remarque qu’avait déjà faite M. […] Il avoue qu’il serait curieux de le connaître et de l’observer : Ses actions de guerre sont grandes ; mais ce que j’estime le plus en lui, c’est des qualités auxquelles ce qu’on appelle fortune n’a aucune part.
Pendant que le vaisseau de la France va un peu à l’aventure, qu’il gagne les mers inconnues et s’apprête à doubler ce que nos pilotes (si pilote il y a) appellent à l’avance le cap des Tempêtes, pendant que la vigie au haut du mât croit voir se dresser déjà à l’horizon le spectre du géant Adamastor, bien d’honnêtes et paisibles esprits s’obstinent à continuer leurs travaux, leurs études, et suivent jusqu’au bout et tant qu’ils peuvent leur idée favorite. […] Ce n’est pas un siècle doux ni qu’on puisse appeler un siècle de lumières, c’est un âge de lutte et de combats. […] Daunou) a pu appeler le siècle « le plus tragique de toute l’histoire », Montaigne se garde bien de se croire né dans la pire des époques. […] Il n’est pas de ceux qu’enivrent et qu’entêtent ces honneurs de municipalité, ces « dignités de quartier », comme il les appelle, et dont tout le bruit « ne se promène que d’un carrefour de rue à l’autre » : s’il était homme à se prendre à la gloire, il la verrait plus en grand et la mettrait plus haut.
Mme des Ursins s’appelait alors à Paris Mme de Bracciano, elle y venait quelquefois, y faisait d’assez longs séjours ; elle y donnait de petits bals, qui finissaient à dix heures du soir, pour les héritières à marier. […] Il n’est plus question de me reposer après le dîner, ni de manger quand j’ai faim : je suis trop heureuse de pouvoir faire un mauvais repas en courant ; et encore est-il bien rare qu’on ne m’appelle pas dans le moment que je me mets à table. […] Sa Majesté s’accommode si bien de moi, qu’elle a quelquefois la bonté de m’appeler deux heures plus tôt que je ne voudrais me lever. […] Berwick, en signifiant à la Cour la nécessité de quitter Madrid, avait proposé un plan fait pour séduire : c’était que la reine vînt se mettre en personne à la tête de son armée, qu’elle lançât de là des proclamations et appelât tout ce qu’il y avait de loyaux sujets à combattre sous son étendard : « La princesse des Ursins et M.
Sur ce que Mme de Maintenon lui avait mandé que les Jésuites et les jansénistes s’étaient tour à tour entremis pour contrarier le choix qu’on voulait faire de deux ambassadeurs à Rome : De quoi se mêlent, s’écrie-t-elle, ceux qu’on appelle jansénistes, et le parti contraire, d’empêcher qu’on envoie à Rome des personnes qui soient ou ne soient pas dans leurs opinions ? […] Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur. […] Le roi s’avança à sa rencontre sur le chemin de Burgos, et Mme des Ursins prit elle-même les devants jusqu’à une petite ville appelée Xadraque. […] Ce qui est certain, c’est que la reine, chassant outrageusement Mme des Ursins de son cabinet, fit appeler M. d’Amezaga, lieutenant des gardes du corps, qui commandait son escorte d’honneur, lui ordonnant d’arrêter Mme des Ursins, de la faire monter sur-le-champ dans un carrosse et de la faire conduire aux frontières de France par le chemin le plus court et sans s’arrêter nulle part.
Hassenfratz, qui, l’œil hagard, le teint enflammé, le poing fermé, m’a dit d’une voix de tonnerre, et avec l’expression de la fureur : “Tu n’as point l’honneur, je ne suis point monsieur ; je m’appelle Hassenfratz. […] Il eut une dernière jouissance d’amour-propre, lorsque, le Théâtre-Français ayant repris son drame de La Mère coupable qu’il avait fait en 1791, il se vit appelé à grands cris et entraîné sur le théâtre, où il lui fallut paraître entre Molé, Fleury et Mlle Contat. […] et, comme quelqu’un l’a appelé, « un Grandisson un peu polisson ». […] C’est bien là l’homme qui fut aimé de tous ceux qui l’approchèrent, qui mêlait un fonds de bienveillance à la joie, un fonds de simplicité à la malice, qui avait écrit sur le collier de sa chienne : « Beaumarchais m’appartient ; je m’appelle Florette ; nous demeurons Vieille-Rue-du-Temple » ; et de qui son biographe et son fidèle Achate, Gudin, a écrit naïvement : « il fut aimé avec passion de ses maîtresses et de ses trois femmes. » Et ce n’est pas seulement Gudin qui parle ainsi, c’est La Harpe, peu suspect de trop d’indulgence, et qui dit, en nous montrant le Beaumarchais de la fin et au repos, tel qu’il était assis dans le cercle domestique et dans l’intimité : « Je n’ai vu personne alors qui parût être mieux avec les autres et avec lui-même. » C’est Arnault encore, qui, dans ses Souvenirs, lui a consacré des pages pleines d’intérêt et de reconnaissance ; c’est Fontanes enfin, qui, trouvant qu’Esménard l’avait traité bien sévèrement dans le Mercure, écrivait une lettre où on lit (septembre 1800) : Quant au caractère de Beaumarchais, je vous citerai encore sur lui un mot de Voltaire : « Je ne crois pas qu’un homme si gai soit si méchant » ; et ceux qui l’ont vu de près disent que Voltaire l’avait bien jugé.
Il y a, par exemple, à Vérone un antiquaire appelé Muselli, qui a une médaille d’un certain petit roi peu connu, que Barthélemy convoite pour le Cabinet du roi et dont le possesseur ne veut pas se défaire. […] Mme Du Deffand, chez qui l’on apprend à connaître pendant quatorze ans, jour par jour, les Choiseul et l’abbé Barthélemy, goûtait ce dernier, le grand abbé, comme elle l’appelait, et le trouvait à son gré ; mais elle en parlait comme de tous ceux qu’elle connaissait, en toute liberté et sans indulgence. […] On en peut prendre quelque idée dans la correspondance même de Mme Du Deffand, et dans un petit poème héroï-comique de Barthélemy, appelé La Chanteloupée, qui est d’ailleurs bien frivole. […] Apportant à cette étude, comme en toutes celles qu’il abordait, un esprit philosophique, il avait su pourtant se préserver de ce qu’on appelait la philosophie du siècle, et, par sentiment de convenance autant que par réflexion, il avait de tout temps estimé ruineuses et funestes les attaques irréligieuses auxquelles se livraient les beaux esprits et les principaux écrivains d’alentour.
Pour bien saisir cette théorie très abstraite, il faut remarquer que ce que notre Platon moderne appelle ici l’ idée générale, le Platon ancien l’appellait la vérité ou le premier type. Ce type, cette vérité existait, suivant lui, dans l’entendement de Dieu, et les (…), les formes, ce que notre philosophe appelle la chose individuelle, étaient autant d’émanations de ces premiers types, de ces vérités existantes dans l’entendement de Dieu. […] La belle femme individuelle qui existe, que vous rencontrez aux spectacles, dans les assemblées, à la promenade, n’est qu’une émanation de l’idée générale, de ce que Platon appelait vérité. […] C’est un vieux conte, mon ami, que pour former cette statue, vraie ou imaginaire que les anciens appeloient la règle et que j’appelle le modèle idéal ou la ligne vraie, ils aient parcouru la nature, empruntant d’elle, dans une infinité d’individus, les plus belles parties dont ils composèrent un tout.
Malgré ses dires, il est chaste et pur comme l’enfant qui vient de naître ; mais il lui plaît de s’entendre appeler “monstre” par ces bons bourgeois à qui il ressemble si bien et qu’il brûle déjà d’imiter. […] Leur petit groupe, qu’on appelle communément l’Orphéon instrumentiste, est composé de : René Ghil, Achille Delaroche, Albert Mockel, Émile Verhaeren, Adolphe Retté, Albert Saint-Paul, Dauphin Meunier, Henri Bérenger, Maurice Beaubourg, auxquels on peut rattacher Jean Carrère, René de la Villoyo, Laurent des Aulnes, Eug. […] Ce sont les néo-décadents qu’on pourrait appeler aussi les néo-symbolistes car ils n’ont que des idées bien vagues et des théories poétiques empruntées aux deux écoles. […] Quelle est donc celle de ces écoles qui est appelée à prédominer, ou plutôt en quelle direction la littérature va-t-elle évoluer ?
Quelques-uns d’entre eux, les plus vivants et les mieux doués, se sont rappelés le mot anti-critique de Diderot, cet homme d’à-côté, cette cruche de verve bouillonnante renversée : « qu’une œuvre à juger n’était jamais qu’un prétexte pour produire », et ils ont fait ce que j’appelle de la poésie en critique, créant, à leur manière, au lieu de juger, et jouant sur la sensation et sur la langue, comme Paganini sur son violon, des motifs parfois merveilleux. […] Rossini, par exemple, n’y est pas seulement Rossini ; il s’y appelle : « le paganisme de la musique ». […] — croirait que, dans ce triste temps travailleur et égalitaire, il y aurait encore de ces espèces perdues en fait de femmes comme il en échantillonne quelques-unes dans son livre et qui sont, comme il les appelle : les Patriciennes de l’Amour, parce qu’elles sont la Noblesse de l’Âme, comme les Inscrits au Livre d’or étaient la noblesse de Venise ? […] Il y a les Simples qui sont les plus grands, les Naïfs, les Mélodieux, et il y a, en face, les Tourmentés, les Cherchés, qu’il faut bien appeler les Précieux.
S’appelât-on l’auteur des Fleurs du mal, — un grand poète qui ne se croit pas chrétien et qui, dans son livre, positivement ne veut pas l’être, — on n’a pas impunément dix-huit cents ans de Christianisme derrière soi. […] Car, pour Charles Baudelaire, appeler un art sa savante manière d’écrire en vers ne dirait point assez. […] — quelle matière à curiosité et à dissertations pour tous les genres de badauds, mais surtout pour les « badauds de l’ordre intellectuel », comme les appelle Baudelaire. Et d’autant que Baudelaire, qui va nous en conter… les merveilles, est un voyageur qui revient de ces Indes concentrées qu’on appelle le haschich et l’opium, comme le pauvre grand Dante s’en revenait de l’Enfer, disait-on, tout vert de terreur surmontée.
Rappelez-vous les Contes drolatiques de Balzac, à coup sûr la plus étonnante de ses œuvres, mais que personne n’oserait appeler « une œuvre de génie », parce que l’inspiration première et la langue — une merveille d’archaïsme ! […] Les « Gueux », pour employer le mot insolent et narquois que la race gauloise inflige presque gaiement à ceux que l’Église, dans sa tendresse sublime, appelle « les membres de N. […] jamais existé ; moralement, un livre qui s’appelle Les Blasphèmes ne pouvait pourtant pas avoir l’accent d’un livre de bénédictions ! […] Richepin en parlant de cet outlaw de toute société et qui s’appelle lui-même un bohème, un sauvage, un barbare !
« Il avait, dit-il lui-même, une pente naturelle vers les choses d’observation intérieure »… Il suivait « une lumière intérieure, un esprit de vérité qui luit dans les profondeurs de l’âme et dirige l’homme méditatif appelé à visiter ces galeries souterraines… Cette lumière n’est pas faite pour le monde, car elle n’est appropriée ni au sens externe ni à l’imagination ; elle s’éclipse ou s’éteint même tout à fait devant cette autre espèce de clarté des sensations et des images ; clarté vive et souvent trompeuse qui s’évanouit à son tour en présence de l’esprit de vérité. » Ainsi occupé, et ses regards concentrés sur lui-même, il avait fini, comme les philosophes indiens, par isoler et constituer à part, du moins à ses propres yeux, son être intérieur et sa volonté active. […] Voici d’abord ce que vous appeliez son grimoire : « Il y a immédiation entre l’aperception immédiate de la force constitutrice du moi et ridée de la notion de mon être au titre de force absolue, par la raison que je pense et entends la réalité absolue de mon être de la même manière que j’aperçois ou sens immédiatement l’existence individuelle et actuelle du moi. » La phrase est rude : Force constitutrice du moi, idée de la notion de mon être au titre de force absolue, réalité absolue de mon être, immédiation entre l’aperception et l’idée ; ce sont là autant de broussailles qui arrêtent l’esprit tout court. […] Ce qu’ils appellent une loi n’est qu’un fait fréquent et vaste. […] « Car nulle cause ou force ne peut se représenter sous une image qui ressemble à l’étendue ou à ce que nous appelons matière. » « Toute cause efficiente dans l’ordre physique même est une force immatérielle. » « Les êtres sont des forces, les forces sont des êtres : il n’y a que les êtres simples qui existent réellement à leur titre de forces ; ce sont aussi les véritables substances existantes. » « Aussi les esprits conséquents et qui pensent comme il faut, se trouvent-ils éconduits au point de spiritualiser le monde, comme a fait Leibnitz, en n’admettant d’autre réalité que celle des êtres simples dont toute l’essence est la force active.
Hugo apprécie peu et qu’il heurte volontiers dans sa manière ; il se soucie médiocrement, j’imagine, de l’aimable simplicité des Grecs, de ce qu’eux-mêmes appelaient aphéleia, mot que le poëte Gray a traduit quelque part heureusement par tenuem illum Græcorum spiritum , qualité délicate et transparente qui décore chez eux depuis l’ode à la Cigale d’Anacréon jusqu’aux chastes douleurs de leur Antigone. […] Le poëte, par manque de ce tact que j’appellerai grec ou attique, et qui n’est pas moins français, ne recule jamais devant le choquant de l’expression, quand il doit en résulter quelque similitude matérielle plus rigoureuse qu’il pousse à outrance. […] On contemple cet homme au flanc blessé, comme il s’appelle quelque part, saignant, mais debout dans son armure, et toujours puissant dans sa marche et dans sa parole.
On a beaucoup parlé d’art dans ces derniers temps, et il faut convenir, en effet, que jamais peut-être l’art n’a été mieux compris, mieux étudié dans ses variétés brillantes, dans ses branches parallèles et ses transformations successives à travers l’histoire ; et pourtant l’époque elle-même, malgré l’éclat de ses débuts, ne paraît pas destinée à prendre rang dans ces grands moments et siècles, comme on les appelle, qui comptent entre tous, qu’on vénère de loin, et qui se résument d’un nom. […] Très-probablement, avant le poëte appelé Homère, il y avait eu nombre de ces chanteurs dont il vint hériter, qu’il surpassa de tout point et qu’il absorba. […] Faut-il s’en remettre absolument et tout imputer au public, même au public d’alors, à la majorité des rhapsodes, ou du moins à ce que j’ai appelé la Commission de Pisistrate ?
On ne peut plus supporter les spectateurs sur la scène604: et cette scène rendue libre appelle l’action, le décor, la figuration. […] Plus de frère Laurent, plus d’alouette aussi : en revanche Dante est appelé à corser Shakespeare : Montaigu en prison dévore ses quatre fils ! […] Voici lady Macbeth : elle s’appelle Frédegonde.
Francisque Sarcey J’arrive aux Érinyes que nous appelions autrefois d’un terme phis simple et plus usité, les Furies. […] Est-il bien nécessaire d’appeler l’enfer Ades ? […] Il n’est pas de ceux qui, sous prétexte de cœur, de sincérité et de passion, se confient à ce qu’ils appellent l’inspiration, et arrivent trop souvent au délire, n’étant pas doublés d’un critique.
Les montres réglées de la sorte ne marqueront donc pas le temps vrai, elles marqueront ce qu’on peut appeler le temps local, de sorte que l’une d’elles retardera sur l’autre. […] Les phénomènes électriques, d’après la théorie de Lorentz, sont dus aux déplacements de petites particules chargées appelées électrons et plongées dans le milieu que nous nommons éther. […] C’est ce qu’on a appelé la pression Maxwell-Bartholdi ; elle est très petite et on a eu bien du mal à la mettre en évidence avec les radiomètres les plus sensibles ; mais il suffit qu’elle existe.
Dans mes écrits destinés aux gens du monde, j’ai dû faire beaucoup de sacrifices à ce qu’on appelle en France le goût. […] C’est ainsi qu’après avoir aperçu la première les vérités de ce qu’on appelle maintenant le darwinisme la France a été la dernière à s’y rallier. […] Je ne voyais pas assez nettement à cette époque les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal ; je ne me faisais pas une idée suffisamment claire de l’inégalité des races ; mais j’avais un sentiment juste de ce que j’appelais les origines de la vie.
Il tendit d’une manière tranchée à instituer le duel entre ce qu’il appelait les fils des croisés et les fils de Voltaire. […] J’avoue que je me méfie toujours un peu de ce qu’on appelle éloquence en de tels sujets, et je cherche avant tout à la distinguer de la déclamation. […] Il dénonçait chez nous les manifestations et ce qu’il appelait les excès du radicalisme, et il approuvait qu’on les tolérât.
Si hautes que semblent ses idées, si purs ses sentiments, si jeune sa vision et si nouveaux ses rêves, ils ne compteront pour rien s’il n’en a fait de la beauté : c’est-à-dire quelque chose qu’il appelle poème et qui est un monde en ce monde, un corps entre les corps et parmi les êtres un être. […] Empiriste en principe, le roman de Zola qui s’appela documentaire, empiriste en dépit de Zola lui-même. […] Et aussi bien, la révolution nouvelle qui secoua alors les lettres engourdies se fit moins contre le Parnasse encore, que contre ce qu’on appela le Réalisme.
Cesar donne ce talent aux gaulois, qu’il appelle, genus summae…etc. . […] Annibal à la tête de cent mille soldats demandoit passage aux peuples qui habitoient le païs qu’on appelle aujourd’hui le Languedoc pour aller en Italie, et il s’offroit à païer tout ce que ses troupes prendroient, menaçant en même-temps de désoler le païs par le fer et par le feu si l’on traversoit sa marche. […] Ceux qui sont nez d’un espagnol et d’une americaine s’appellent mestisses, et ils se nomment mulâtres quand la mere est négresse.
Albalat soumet à notre vigilance », Or, comme nous avons prouvé, manuscrit en mains, que tous les écrivains à peu près ont pratiqué cette méthode, depuis Malherbe jusqu’à Flaubert, il s’ensuit qu’on appelle uniques la majorité des exemples et qu’on traite d’exception ce qui est la règle générale. […] Son génie consiste à avoir compris l’importance du fait… C’est en ce sens qu’il a été vraiment chef d’école… initiateur d’une analyse qui a renouvelé le roman français… Il a influencé tous les grands écrivains de son époque, Taine, Mérimée, Balzac, Flaubert, Bourget, Chuquet, Erekmann-Chatrian… Il a créé Tolstoï… Taine a appelé Stendhal le plus grand psychologue du siècle. Le mot restera et suffit à la gloire d’un homme. » Voilà comment Stendhal est notre bête noire33 ; voilà notre mépris et notre pitié, et c’est ce qu’on appelle « prendre quelqu’un par la peau du cou et le jeter par la fenêtre », Nous avons, au contraire, on le voit, loué précisément ce qui, de l’avis de tous, caractérise le talent et l’originalité de Stendhal.
Je serais maintenant conduit à parler de cette littérature de mouvement, qu’on a appelée romantique, littérature absolument nouvelle, qui ne remonte pas plus haut que J. […] Nous ne connaissions point jusqu’à présent de genre classique ; nous appelions auteurs classiques ceux qui ont fixé la langue, et qui font autorisé sous ce rapport ; ensuite, par extension, nous donnions encore le nom de classiques aux auteurs qui sont restés fidèles au génie de la langue et à toutes les convenances de notre littérature nationale. […] Nous appelons littérature classique celle qui est fondée sur l’étude et les traditions des langues anciennes, celle qui a puisé ses règles dans l’analyse des chefs-d’œuvre de ces mêmes langues, celle enfin qui s’astreint à l’imitation de ces chefs-d’œuvre, et qui prend ses sujets à la même source.
Ce n’est donc ni les Girondins, qui furent un tonnerre pour ceux qui aiment le bruit, ni tant de discours éloquents, ni ce qu’on appelle enfin les œuvres politiques ou historiques de Lamartine qui font sa gloire immobilisée, — c’est-à-dire : son immortalité ! […] La France monarchique et catholique à la vie dure vivait toujours, malgré tout ce qu’on avait fait pour la tuer… Les causes du succès du Génie du Christianisme, qui fut un triomphe et qu’on pouvait appeler : le 18 brumaire de la pensée, car ce jour-là Chateaubriand avait jeté les idées de la Révolution par la fenêtre, comme Bonaparte y avait jeté les représentants, — les causes de ce beau succès n’étaient pas toutes dans le talent, nouveau comme le Nouveau Monde, d’où il venait, et qui se révélait tout à coup avec tant d’éclat… Mais le succès de Lamartine, beaucoup plus personnel, venait, lui, uniquement de son genre de génie. […] tous les sentiments de l’âme humaine, épanouis ou concentrés dans sa personne… Il chanta et pleura, et il fit de l’Élégie — car les classificateurs l’auraient appelé un élégiaque — quelque chose de si splendide et de si grandiose, qu’un poète épique, impossible, dit-on, en France, y aurait paru et s’y serait emparé subitement de l’imagination française, qu’il n’aurait pas produit d’effet plus grand !
Il pouvait être un historien et un écrivain, pourtant, le comte de Gasparin, et il a mieux aimé être ce qu’on appelle maintenant un conférencier, et un conférencier de Genève ! […] Malgré elle, la tentation de l’applaudissement l’y saisit, et elle y tombe promptement dans cette corruption, pire que l’esclavage sous un seul maître, et qu’on appelle la soif de cette popularité qui est l’esclavage sous plusieurs ! […] L’auteur de l’Innocent III, — qui ne veut pas plus en religion de gouvernement que de sacrements, qui a rejeté Luther et vomi Calvin, parce que ces deux Révoltés contre le gouvernement de l’Église ont essayé tous deux de bâtir une église et un gouvernement avec les ruines qu’ils avaient faites, — l’auteur de l’Innocent III a inventé, pour les besoins de sa thèse contre l’Église romaine, deux principes et deux définitions qu’il oppose l’un à l’autre et qu’il appelle : l’un, le principe païen ; l’autre, le principe chrétien.
Semblable à tous les hommes qui ont l’ambition de leur talent, il a pu rencontrer, dans cette forêt de Bondy enchantée qu’on appelle la littérature, les trois charmantes fées dont tout écrivain, comme le chevalier du Tasse, doit vaincre les charmes : la Bêtise, l’Envie et la Fausse Amitié ; mais ce n’est pas là une raison pour élever son ressentiment jusqu’à la Critique elle-même, dans sa notion pure et absolue. […] La seule pièce de ce recueil qui s’appelle Les Vignes du Seigneur, et qu’on pourrait appeler Les Reflets à plus juste titre, la seule pièce où l’auteur est enfin un peu lui-même, est un petit poème à la manière de quelques poètes anglais du siècle dernier, intitulé Le Musicien.
Quand il appelait un de ses volumes : Stalactites, il ne savait pas ce qu’il faisait, et c’est pour cela qu’il faisait bien. « Stalactites, — disait-il, — larmes gelées », et c’était vrai pour l’épithète. […] Nous indiquerons le grand morceau : Le triomphe de Bacchus à son retour des Indes, pris, sauf erreur, au vieux Baïf : Le chant de l’Orgie avec des cris au loin proclame Le beau Lyœus, le Dieu paré comme une femme, Qui, le thyrse en main, passe rêveur et triomphant, A demi couché sur le dos nu d’un éléphant, etc., etc, et, avec plus d’éloges encore, la pièce appelée Désespérance, où l’assonance la plus inattendue a presque sur l’esprit puissance de pensée, et dissout les nerfs dans la plus noble des mélancolies : Tombez dans mon cœur, souvenirs confus, Du haut des branches touffues ! […] à moitié vides ou tout à fait vides, comme l’autre harmonica, ne peuvent pas constituer cette chose émue et puissante, intimement puissante, qui s’appelle un livre de poésie pour les esprits mâles et bien faits, même quand toutes les pièces du recueil ressembleraient à celle que nous venons de signaler, quand toutes seraient d’un timbre aussi mélodieux et aussi pur !
Nous appelons beauté ce que nos pères, aux yeux desquels l’Univers insoupçonné n’existait pas, appelaient monde, c’est-à-dire un grain de sable perdu dans l’immensité. […] C’est là ce qu’on peut appeler proprement une création, pour laquelle il ne suffit pas de posséder le goût et l’ingéniosité, mais surtout la puissance individuelle de concevoir.
En tant que cette qualité devient le signe de cette quantité, et que nous soupçonnons celle-ci derrière celle-là, nous l’appelons intensité. […] Passant ensuite au concept de la multiplicité, nous avons vu que la construction d’un nombre exigeait d’abord l’intuition d’un milieu homogène, l’espace, où pussent s’aligner des termes distincts les uns des autres, et en second lieu un processus de pénétration et d’organisation, par lequel ces unités s’ajoutent dynamiquement et forment ce que nous avons appelé une multiplicité qualitative. […] Mais au lieu d’en conclure que la durée réelle est hétérogène, ce qui, en éclaircissant cette seconde difficulté, eût appelé son attention sur la première, Kant a mieux aimé placer la liberté en dehors du temps, et élever une barrière infranchissable entre le monde des phénomènes, qu’il livre tout entier à notre entendement, et celui des choses en soi, dont il nous interdit l’entrée.
Quand on a remporté la victoire sur des lions, des léopards et des tigres, on compte tous ceux dont on a fait couler le sang dans les forêts : quand on a vaincu des hommes, il faut compter tous ceux qu’on a sauvés ; encore n’extermine-t-on pas entièrement les bêtes féroces, on en laisse subsister la race dans les déserts ; et une nation d’hommes, (qu’on les appelle barbares, ils n’en sont pas moins des hommes) une nation tout entière, soumise et tremblante à ses pieds ; il eût donc fallu l’exterminer et la détruire ? […] J’admire et j’appelle grand celui qui la conserve. […] Un autre s’appela Macédonien, parce qu’il avait fait de la Macédoine un vaste désert ; mais toi, prince, je veux que tu tires ton nom de la nation que tu as sauvée ; ainsi nous nommons les dieux, des pays qu’ils protègent. » Outre l’humanité et la clémence qui sont les premiers devoirs, l’orateur parcourt toutes les autres qualités du prince.
Je doute cependant que tous liens de la sorte (comme il les appelle) finissent aussi misérablement que la liaison de son héros et de son héroïne. […] On répondit qu’Ellénore était une Mme Lindsay, « la dernière des Ninon », ainsi que l’a appelée Chateaubriand, et qui avait été l’amie, la maîtresse d’un des hommes de la société vers le temps du Consulat, de Christian de Lamoignon.
Les grands hommes ne leur manqueront pas, elles peuvent le croire ; l’âge brillant des poëtes n’est peut-être pas fermé encore ; l’infatigable humanité n’a peut-être pas épuisé tous ses génies ; mais, en laissant à la Providence le soin de susciter les génies en leur temps, les générations nouvelles, en présence de ces tombes glorieuses dont elles sont appelées à sceller les pierres, doivent y contracter le saint engagement de ne pas s’arrêter dans la route de la civilisation et des lumières bienfaisantes, de rester probes, sincères, amies de tout progrès, de toute liberté, de toute justice. […] C’était, dans le roman, un de ces génies qu’on est convenu d’appeler impartiaux et désintéressés, parce qu’ils savent réfléchir la vie comme elle est en elle-même, peindre l’homme de toutes les variétés de la passion ou des circonstances, et qu’ils ne mêlent en apparence à ces peintures et à ces représentations fidèles rien de leur propre impression ni de leur propre personnalité.
Je remarquerai ensuite qu’historiquement parlant, ce qu’on appelle la mémoire des hommes tient souvent en littérature au rôle attentif et consciencieux de quelque écrivain contemporain dont le témoignage est consulté. […] Ce qu’on appelle littérature, d’ailleurs, a pris un tel accroissement de nos jours que, par elle, on se trouve introduit et induit sans peine à toutes les considérations sur la société et sur la vie.
L’homme, environné de tant d’institutions respectées, de tant de préjugés éclatants, de tant de convenances reçues, ne pouvait pas en appeler à l’indépendance de ses réflexions ; sa raison ne devait pas tout examiner, son âme n’était jamais affranchie du joug de l’opinion ; la solitude même ne ramenait pas sa réflexion aux idées naturelles ; l’ascendant du monarque et du culte monarchique avait pénétré dans la conviction intime de tous. […] Ces dogmes, ces cérémonies, cet appareil religieux, étaient alors la seule barrière de la puissance : on la citait devant l’éternité ; et si les hommes abandonnaient à un homme la disposition de leur existence, ils en appelaient à Dieu, qui faisait trembler les rois.
En 1772, l’abbesse s’appelait Mme de Chabrillan, et la maîtresse générale Mme de Rochechouart. […] Elles ont, par un soupirail, des conversations avec un marmiton d’un hôtel voisin, qui leur joue de la flûte et qui les appelle par leurs noms : « Hé !
Ils ne sauraient soutenir longtemps le faux et le fragile et ce qui n’a pas en soi de quoi durer : mais leur zèle, quoique ignorant, peut hâter le triomphe de ce qui est appelé à vivre. […] Ce qu’on appelle les bons esprits, c’est-à-dire ceux qui sont à la fois dociles et modestes, seraient plutôt capables de retarder cette victoire.
Dès l’année suivante, il rassembla une nouvelle troupe qui s’appela les Comici Fedeli, les Comédiens Fidèles. […] Quoi qu’il en soit, le personnage de Francischina ou Fracischina eut et conserva à Paris une popularité plus grande que celui de Ricciolina : c’est le nom de Francisquine qu’adopta cette Anne Begot qui faisait le rôle de la femme de Tabarin ou de Lucas sur les tréteaux de la place Dauphine, « comédienne ordinaire de l’île du Palais », comme on appelait ces acteurs en plein vent, commère dessalée, aussi preste à la riposte et probablement plus « forte en gueule » que sa devancière et sa contemporaine de la commedia dell’arte 22.
À vrai dire, les Époques littéraires ne doivent être datées que de ce que l’on appelle des événements littéraires1 : — l’apparition des Lettres provinciales, ou la publication du Génie du christianisme ; — et non seulement cela est conforme à la réalité, mais c’est encore le seul moyen qu’il y ait d’imprimer à l’histoire d’une littérature cette continuité de mouvement et de vie, sans laquelle, à mon sens, il n’y a pas d’histoire. […] J’appelle également l’attention du lecteur sur quelques citations dont je n’ai pu retrouver l’origine précise ; et il y en a une dans cet Avertissement même.
Il édifie et renverse ; il donne les exemples et les préceptes les plus contraires ; il élève aux nues le siècle de Louis XIV, et attaque ensuite en détail la réputation des grands hommes de ce siècle : tour à tour il encense et dénigre l’antiquité ; il poursuit, à travers soixante-dix volumes, ce qu’il appelle l’infâme ; et les morceaux les plus beaux de ses écrits sont inspirés par la religion. […] Ce qu’on peut dire sur lui de plus raisonnable, c’est que son incrédulité l’a empêché d’atteindre à la hauteur où l’appelait la nature, et que ses ouvrages, excepté ses poésies fugitives, sont demeurés au-dessous de son véritable talent : exemple qui doit à jamais effrayer quiconque suit la carrière des lettres.
Ce que les anciens appelèrent l’isonomie, et la conquête successive du droit commun seront expliqués, surtout dans la Formule générale, objet du cinquième volume de la présente publication. […] Le même philosophe me contestait aussi la magistrature que la France est appelée à exercer sur l’Europe dans ces temps de rénovation.
Mais si vous ajoutez que ledit coquebin est un roi, et un roi de ce pays gaulois qu’on appelle la France, la France, qui ne craint pas que le ciel lui-même tombe sur sa lance ! si vous mettez encore que c’est le fils d’Henri IV, par-dessus le marché, lequel recule si fort devant ce qui eût fait si bravement avancer son père, et qu’enfin ce sont tous des grands seigneurs du pays et tous les ambassadeurs étrangers, à commencer par celui de Notre Très Saint Père le Pape, sa barrette de cardinal à la main, qui font la chaîne autour de ce coquebin de tous les diables, non pour l’éteindre, mais pour l’allumer, et pour le décider une bonne fois à ce que ce polisson de Beaumarchais appelait la consommation du badinage, est-ce que le comique ne prend pas alors des proportions incommensurables ?
Cette faculté de toucher et de pénétrer, qu’on appellerai le don d’intime séduction, si l’idée du mal ne rampait pas au fond de ce mot trop charmant de séduction, créa sur-le-champ, dans l’opinion des connaisseurs en cœur humain, une grande importance à Nicolas. […] En effet, le protestantisme ne s’appelle pas seulement Luther et Calvin.
D’impression et d’enfance, il est de cette religion qu’on peut appeler la religion des peintres, et d’où sont sortis Michel-Ange et Raphaël. […] Il hait Paris ; il l’appelle « cette goule si cruelle aux âmes naïves ».
Le soir, disait-on, le prêtre, au moment où il fermait les portes du temple de Delphes, l’appelait à haute voix par ces mots : « Pindare le poëte est invité au souper du Dieu. » Cette vocation religieuse semblait attachée de naissance il la personne du poëte, venu au monde durant une des fêtes du Dieu, comme l’attestent quelques mots d’un de ses hymnes perdus29 : « C’était la fête qui revient tous les cinq ans, où, pour la première fois, je fus nommé, enfant chéri dans les langes. » Et, selon le commentaire ancien qui cite ces paroles, elles rappellent le cri Évoé, qui commençait les mystères d’un autre Dieu. […] La vieille femme, une fois éveillée, écrivit tout ce qu’elle avait entendu en songe ; et il fut dit que, dans cet hymne posthume, le poëte, parmi différents surnoms donnés à Pluton, l’avait appelé le conducteur aux rênes d’or , par une allusion manifeste à l’enlèvement de Proserpine.
Le feuilletoniste appelle cet essai poétique de M. […] Scudo est ce qu’on appelle, en style de presse « une autorité musicale ». […] Voilà ce que j’appelle avoir l’héroïsme de l’ennui et le courage de sa littérature ! […] Les chefs du mouvement romantique n’ont pas eu le droit, suivant lui, de s’appeler Hugo et Lamartine. […] On appelle ces réunions la Petite Bourse.
Voulez-vous que j’appelle ma femme de chambre ? […] Et Denise aussi l’appelle « monsieur le comte ». […] Appelez cela comme vous voudrez. […] Cela s’appelait, du temps de Charles de Bernard, une femme incomprise ; cela s’appelle, aujourd’hui, une névropathe. […] Renan et l’appeler familièrement par son prénom.
Seulement, chez nous, Yacoub s’appelait Hafiz. […] c’est plus de deux fois ce que Tacite appelle « un grand espace de la vie humaine ». […] Le bourg où l’on s’arrêtait s’appelait « Hernani ». […] À la rigueur, leur tragédie eût pu s’appeler drame, mais cela eût été bien vif pour un sujet romain traité en vers. […] Quoique dès lors elle eût passé l’âge qu’on appelle jeunesse pour les autres femmes, elle était de la plus étonnante beauté.
Le caractère factice d’une telle existence apparaît bien dans ce qu’on peut appeler les amours de Jean-Jacques. […] Isabelle est un pendant au livre d’Obermann ; et on l’a justement appelé un Obermann en jupons. […] Auguste Barbier a pris pour sujet d’une poésie celui qu’il appelle « Le noble Obermann » ; et, plus récemment, un autre écrivain, M. […] Si l’on vous disait : il est un jeune homme, heureusement doué par la nature et formé par l’éducation ; il a ce qu’on appelle du talent, etc., etc. […] Pouchkine a été appelé le Byron russe.
Le soin que les mauvaises mœurs prennent de se cacher est donc, de notre temps, un hommage rendu à la moralité publique ; et ce qu’on appelle la pruderie de notre siècle en pourrait bien être le plus bel éloge. […] J’en ai déjà cité quelques preuves ; mais nulle part sa présence d’esprit ne se montre avec plus d’éclat que sur cette mer de montagnes, comme il l’appelle, qui sépare la province de Cachemyr de celle de Lahore. […] Il semblait pressé d’entrer en matière ; mais j’appelai mon maître d’hôtel pour m’apporter un verre d’eau sucrée, ce qui fut long à préparer. […] Dès que la science l’appelle, il marche ; adieu la santé ! […] Indiana, Valentine, appelaient les femmes à la révolte ; le Secrétaire intime les affranchit légalement.
» vous appelez cela un crime ? […] Dans la pièce russe, Damis s’appelle Borodkine. […] Catherine l’a appelé en face : « Misérable ! […] Grenier l’appelle-t-il Gallus ? […] Cette casserole s’appelle la Carcasse.
Nous en appelons ! […] Ils appellent cela être en villégiature. […] Les petites prêtresses, comme on les appelait, se sont laïcisées. […] Il appela son chien et rassura poliment la compagnie. […] Etc… Je vais appeler, et montrer à tout le monde qui tu es !
Ce pêcher s’appelle l’arbre de la science du bien et du mal. […] Sa critique, si elle peut s’accommoder d’une définition, doit s’appeler une critique d’idées. […] Cela s’appelle une exécution sommaire, renouvelée du jeu de massacre. […] Benjamin Constant appelle ce mal de tous ses vœux. […] Paul et Victor Margueritte ont écrit leur plaidoyer pour ce qu’on peut appeler « l’union demi-libre ».
Noble faculté qui, à ce degré de développement, appelle et subordonne à elle toutes les passions de l’être et ses autres puissances ! […] Vers ce temps, à défaut de l’emploi des infiniment petits, l’enfant avait de lui-même cherché, m’a-t-on dit, une solution du problème des tangentes par une méthode qui se rapprochait de celle qu’on appelle méthode des limites. […] Ampère appelle l’idéogénie, serait venue, dans sa méthode, plus tard à fond ; mais elle ne serait venue qu’après le dénombrement et le classement complet, mais surtout la préoccupation des facultés distinctes ne scindait pas, dès l’abord, les groupes analogues, et ne les empêchait pas de se multiplier à ses regards dans leur diversité. […] J’indique en ce genre le phénomène qu’il appelait de concrétion, sur lequel on peut lire l’analyse de M. […] Gay-Lussac et Thénard, et plus hardiment qu’eux, à considérer le chlore (alors appelé acide muriatique oxygéné) comme un corps simple.
Quand on ne sait pas tirer parti des réalités, on s’impatiente contre les sociétés, et on se jette dans ces violences de l’esprit qu’on appelle le radicalisme. […] Fénelon n’était nullement politique : il était ce que nous appelons socialiste, c’est-à-dire poète du paradoxe, fabuliste de la société. […] Rousseau fût ce qu’on appelle une belle âme, une âme plus riche que les autres ; loin de nous cette pensée. […] Père dénaturé, qui signalait sa tendresse menteuse pour l’humanité en faisant ces forçats de naissance appelés des enfants trouvés, dans ces tours, égouts de l’illégale population des cités. […] C’est ce qu’on appelle la profession de foi du vicaire savoyard.
Cet état, sans ivresse, n’est cependant pas sans douceur ; c’est le recueillement du soir dans le demi-jour d’une triste enceinte ; c’est la mélancolie qui n’espère plus, mais qui n’aura plus à désespérer ; c’est ce qu’on appelle la résignation précoce, où les pensées religieuses surgissent en nous après les tempêtes, comme ces rayons calmants de l’astre nocturne qui se glissent entre deux nuages sur les dernières ondulations de l’Océan qui se tait. […] La situation complexe de la cour de Naples, les conseils secrets où nous fûmes appelés et les négociations confidentielles avec les chefs de partis et avec les membres les plus influents du parlement, rendaient notre action très intéressante, quelquefois périlleuse et dramatique. […] Je m’étais logé moi-même, et je lui avais proposé un appartement dans une maison isolée et poétique, à l’extrémité de la rue di Borgo ogni Santi, entourée, au premier étage, d’un jardin en terrasse planté de magnifiques caroubiers, et dominant un parc immense, qu’on appelait la villa Torregiani. […] Je veux parler de lord Byron, ce proscrit volontaire de sa famille et de sa patrie, qui avait eu le courage, comme le Renaud du Tasse, de quitter mieux qu’Armide, pour voler au secours d’une ombre de peuple par amour pour l’humanité et pour ce que nous appelions alors la gloire. […] Je l’écrivis tout d’une haleine, trop vite, comme tout ce que j’ai écrit ou fait dans cette improvisation perpétuelle qu’on appelle ma vie, excepté quand l’événement qui presse ne laisse pas le temps de délibérer, et où le meilleur conseil, c’est l’inspiration.
Vainement j’en appelais à ma conscience, qui m’avait conseillé de renoncer à tous les agréments attachés à la faveur de Bonaparte ; tant d’honnêtes gens me blâmaient, que je ne savais pas m’appuyer assez ferme sur ma propre manière de voir. […] le général Bonaparte s’est fait de la Convention. » Pendant longtemps, les Jacobins voulaient qu’un homme eût voté la mort du roi pour être premier magistrat de la République : c’était ce qu’ils appelaient avoir donné des gages à la révolution. […] On y sent à chaque page l’amertume d’une âme qui aurait voulu réunir dans une seule vie ce qui illustre l’existence et ce qui la voile, mais qui combat contre la nature des choses et contre la véritable destinée de la femme, qui est vaincue par le bons sens ou par ce qu’elle appelle les préjugés de la société. […] Il est facile de dire ce qui n’est pas de la poésie ; mais si l’on veut comprendre ce qu’elle est, il faut appeler à son secours les impressions qu’excitent une belle contrée, une musique harmonieuse, le regard d’un objet chéri, et par-dessus tout un sentiment religieux qui nous fait éprouver en nous-mêmes la présence de la divinité. […] Nous avons en français des chefs-d’œuvre de versification ; mais comment peut-on appeler la versification de la poésie ?
Aussi, au lendemain de l’Empire, y a-t-il une telle disette d’hommes ayant fait des études supérieures que ce sont des jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans, comme Villemain, Cousin, Guizot, qui sont « bombardés » professeurs à la Sorbonne, élevés aux plus hautes chaires, appelés à enseigner ce qu’ils savaient à peine. […] D’autre part, conformément aux vues de Richelieu, elle devait avoir dans la république des lettres une autorité officiellement reconnue ; et, conformément à l’esprit du temps, elle crut qu’elle pouvait fixer cette chose vivante et par suite incessamment changeante qui s’appelle une langue. […] Le respect de certaines convenances, que d’aucuns appelleront conventions (mais le nom importe peu) leur est imposé par le titre commun qui les lie. […] De nos jours chaque province a voulu avoir son association locale ; en Normandie, l’on s’est mis sous l’invocation de la Pomme ; les poètes du Midi se sont souvenus que les cigales étaient jadis chères aux muses ; ils se sont appelés cigaliers et leurs fêtes n’ont pas été étrangères à la renaissance de la langue d’oc en notre siècle. […] Z. a trouvé la formule du théâtre de demain qui est pour l’appeler par son nom : l’idéo-réalisme.
c’est que le mot s’appelle Légion ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Dans cette voie, on aboutit à ce qu’on pourrait appeler la littérature glaciale. […] La période de transition que nous traversons a été appelée un « interrègne de l’idéal » ; cet interrègne ne saurait durer toujours. […] L’anathème est éloquent lorsqu’il est sincère et il nous appelle au spectacle de sa victoire sur cet éternel absent ; mais comment peut-il être sincère lorsqu’il s’adresse à quelqu’un dont on commence par déclarer solennellement la non-existence ? […] Quelques pages plus loin, le poète nous donne sans s’en douter ce qu’on pourrait appeler une démonstration ex bacillo de l’existence de Dieu : S’il dédaigne mon injure, Pour être certain qu’il est Je ferai sur sa figure Tomber un large soufflet.
En vérité, quand l’homme est arrivé à l’horizon sérieux de la vie par les années et par la réflexion, il ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine honte de lui-même et un certain mépris de ce qu’on appelle si improprement encore les conditions de la poésie. […] XV Un mot maintenant sur ce qu’on appelle les différents genres de poésie d’école. […] Les plus remarquables de ces dialogues sont intitulés en effet d’un titre qui signifie « les Séances, c’est-à-dire : Cours de sagesse dans lesquels les disciples sont assis aux pieds du maître et écoutent sa parole. » D’autres fragments moraux, contenus dans les immenses poèmes indiens, s’appellent le Chant du Seigneur ou du Très-Haut. […] Plusieurs des plus grandes races humaines, appelées nations, n’ont laissé pour trace de leur passage sur la terre qu’un poème épique. […] Ses lamentations remplissent la forêt, le délire s’empare de ses sens ; elle appelle Nala et le redemande aux arbres et aux montagnes, avec un accent qui attendrirait, en effet, les arbres et les rochers.
Je sors à l’instant de l’exercice d’un jeune homme appelé Guéneau de Montbéliard16, qui a soutenu au collège d’Harcourt une thèse sur les calculs intégral et différentiel ; ce jeune homme n’a pas encore seize ans, et il a été assujetti à tous les autres exercices du collège. […] Pascal avait trouvé un certain nombre de propositions d’Euclide à l’âge où l’on appelle un cercle un rond, une ligne une barre ; et pourquoi un autre enfant n’entendrait-il pas ce que Pascal inventa ? […] Le traité de ces règles générales s’appelle grammaire générale raisonnée ; celui qui la possède a la clef des autres, et il est prêt à étudier avec intelligence, et à apprendre avec rapidité, quelque langue particulière que ce soit. […] Xénophon, le doux Xénophon qu’on appela la Muse attique, a pris l’histoire de son pays où Thucydide l’avait laissée. […] Et nous voilà parvenus à la fin du premier cours des études d’une université ou à la sortie de la faculté qu’on appelle des arts.
Plus tard, au Collège de France, il se méprit même, à ce qu’il semble, sur le rôle qu’il était appelé à jouer. […] Cousin, et en 1838 il fut appelé à la chaire d’histoire et de morale au Collège de France. […] Son amour ne s’adressait pas seulement à cet être collectif qu’on appelle la nation ou à cette abstraction qu’on appelle l’humanité. […] On peut l’appeler un halluciné, mais non un rêveur ; il apportait au travail une force de volonté, une énergie extraordinaires. […] Il appelle les bains de mer la vita nuova des nations.
Mais il y a toujours le dévouement féminin instinctif pour braver cette autre guillotine de poche qu’on appelle la calomnie. […] Bourget d’étudier toutes choses avec trop de soin et, par excès de conscience, de créer dans son livre ce qu’on appelle des « longueurs ». […] Léon Daudet a excité la curiosité de la critique, Hærès, le second, va appeler et je voudrais dire retenir sur lui l’attention des lecteurs sérieux. […] Il n’ose peut-être pas en langage connu appeler l’œil du Très-Haut sur la pâture des jeunes prisonniers […] Le commandement par lequel il appelle Adam à se lever a je ne sais quoi d’attendri et d’affectueux.
Malherbe ne s’interdisait pas des facéties que j’appellerai pré-voltairiennes. […] On appelle Perrault « l’Homère des enfants ». […] Fernand Xau l’appela aussi au Journal. […] Il l’appelait « le gars Dumas ». […] Vous savez ce qu’on appelle les quantités imaginaires.
L’Église avait l’habitude de se faire appeler « notre sainte mère l’Église ». […] J’en appelle à la vôtre. […] C’est cela que vous appelez une nation. […] C’est ce qu’on a appelé, très justement, le mensonge du gouvernement parlementaire. […] Voilà ce que j’appelle ne pas enseigner.
Il appelle les amants à revivre devant lui leurs lascives tendresses. […] Bergerat, naguère, l’a appelé le prince des fumistes. […] Renan appelle Dieu, combien de définitions opposées ! […] Il avait appelé la matière par son vrai nom : le Néant. […] Il appelle la civilisation « une barbarie savante ».
Cela fait une notable divergence entre ce que j’appelais la critique préalable et ce que je permets qu’on appelle la critique retardataire. […] C’est ce qu’on appelle une réforme préalable. […] C’est ce que j’appelle ne rien comprendre à la tragédie. […] Quand je m’appellerais Josse, cela ôterait il quelque chose à la justesse de mon raisonnement ? […] De là va naître tout ce qu’on a appelé « la littérature personnelle ».
Sa plus vive aversion est pour les affirmations sans preuves qu’il appelle préjugés, pour la croyance immédiate qu’il appelle crédulité, pour l’assentiment du cœur qu’il appelle faiblesse d’esprit. […] Ce genre s’appelle aujourd’hui réalisme. […] Les savants appellent cela une méthode ; les artistes, un talent. […] Chose étrange, l’empereur entre en colère, l’appelle « coart, mauvais garçon ». […] Qu’il se garde bien d’être vraiment amoureux ; les petits-maîtres l’appelleraient butor et niais.
Lucas-Montigny qui vient, après trente années de soins, d’examen pieux et de collations scrupuleuses, instruire de nouveau ce grand procès, en appeler des jugements antérieurs, et, avec une quantité de pièces précieuses en main, tenter la réhabilitation de cette renommée qui est pour lui domestique. […] Mirabeau lui-même, écrivant à une personne à laquelle il ne parlait que le langage de la plus sincère conviction, disait : « Mon père a autant de supériorité sur moi par le génie, qu’il en a par l’âge et le titre de père. » Après un admirable récit de la vie de son grand-père, Jean-Antoine, récit composé dans une captivité au château d’If sur les notes de son père, il termine par ces mots : « Ceux qui seraient étonnés des couleurs que nous avons osé employer pour peindre un homme qui n’est resté ni dans les fastes des cours qu’on appelle histoire des nations, ni dans les recueils mensongers des gazettes, auraient tort, à ce qu’il nous semble…. […] Victor Hugo ; jamais notre langue n’avait rendu tant de chocs et d’éclairs ; jamais le despotisme du génie tribunitien n’avait été inauguré dans une telle pompe ; jamais cette sorte de bête fauve, comme l’écrivain l’appelle, ne s’était montrée si puissamment déchaînée : nous regrettons un certain souffle moral que nous n’avons nulle part senti circuler. […] L’exemple de l’Angleterre lui faisait entendre à quel point cet être complexe qu’on appelle nation peut vivre, se maintenir et prospérer, au milieu de mille irrégularités peu géométriques, et selon une harmonie plus occulte et bien supérieure. […] Et cet homme avait mille qualités sensibles, profondes, compatissantes, et par moments l’éloquence sublime du cœur, comme le prouvent ses lettres adressées au conseil des prud’hommes qu’il avait fait élire à ses vassaux ; il avait des accents de morale riante ; il appelait La Fontaine son vrai père de l’Église ; il aimait les champs, la vie agreste et simple, les coups de chapeau des fermiers, la gaieté diligente des faneuses, ou la mélancolie des automnes prolongés ; et chaque soir, en mettant la main au premier bouton de son habit pour se déshabiller, il se disait : « Voilà la démission d’un des jours qui te furent donnés : qu’en as-tu fait ?
Le désintéressement que réclame la chose publique trouve sous sa plume une vertueuse énergie d’expression : « Quand on ne s’est pas habitué, dit-elle, à identifier son intérêt et sa gloire avec le bien et la splendeur du général, on va toujours petitement, se recherchant soi-même et perdant de vue le but auquel on devrait tendre. » Mais au même moment son noble cœur, si désintéressé des ambitions vulgaires, se laisse aller volontiers à l’idée des orages, et les appelle presque pour avoir occasion de s’y déployer. […] on dirait le cri de la sentinelle sur le rempart, qui appelle le combat avec l’aurore. […] Comme on conçoit, en lisant les descriptions subtiles et les périodes cicéroniennes de celui qui n’osait flétrir ni Clodius ni Catilina, comme on conçoit l’indignation de Mme Roland pour ces palliatifs, pour cette douceur de langage en présence de ce qu’elle appelait crime, pour les prétentions conciliatrices de cette souple intelligence toute au service d’une imagination vibratile ! […] Lanthenas, dont Mme Roland parle en ses Mémoires comme d’un amoureux peu exigeant, et qu’elle appelle en ses lettres le bon apôtre, l’était en effet, dans toute l’acception, même vulgaire, du mot. […] Avec quelle satisfaction souriante elle se peint à sa petite table, dans ce cabinet que Marat appelait un boudoir, écrivant, sous le couvert du ministre, la fameuse lettre au Pape !
La Bruyère Vers 1687, année où parut le livre des Caractères, le siècle de Louis XIV arrivait à ce qu’on peut appeler sa troisième période ; les grandes œuvres qui avaient illustré son début et sa plus brillante moitié étaient accomplies ; les grands auteurs vivaient encore la plupart, mais se reposaient. […] Quoi qu’il en soit, il venait d’acheter une charge de trésorier de France à Caen lorsque Bossuet, qu’il connaissait on ne sait d’où, l’appela près de M. le Duc pour lui enseigner l’histoire. […] Il est obligé de nier la réalité de ses portraits, de rejeter au visage des fabricateurs ces insolentes clefs comme il les appelle : Martial avait déjà dit excellemment : Improbe facit qui in alieno libro ingeniosus est. […] beaucoup de savoir-faire, de facilité, de dextérité, de main-d’œuvre savante, si l’on veut, mais aussi ce je ne sais quoi que le commun des lecteurs ne distingue pas du reste, que l’homme de goût lui-même peut laisser passer dans la quantité s’il ne prend garde, le simulacre et le faux semblant du talent, ce qu’on appelle chique en peinture et qui est l’affaire d’un pouce encore habile même alors que l’esprit demeure absent. […] L’ouvrage de M. de La Bruyère ne peut être appelé livre que parce qu’il a une couverture et qu’il est relié comme les autres livres.
C’est un art que j’appellerai moyen, une manifestation subalterne de l’esprit créateur. […] On procède par analogie en choisissant dans trois vocabulaires au lieu d’un ; c’est ce que les décadents appellent transposer. […] Les poètes décadents — la critique, puisque sa manie d’étiquetage est incurable, pourrait les appeler plus justement des symbolistes, — que M. […] Jean Moréas ne veut pas qu’on appelle ses amis des décadents. […] C’est ce qu’on appelle, en style parlementaire, une majorité de coalition.
Tout, dans ces poésies, roule sur les peines de l’amour ; tout est mauvais traitements, angoisses ; il n’y a ni relâche ni congé dans ce que les poëtes de cette école appellent le service de l’amour. […] Il fallait rendre la poésie populaire, appeler le plus grand nombre aux pures délices et aux sévères enseignements de l’art ; trouver, pour un pays encore partagé en classes, une langue qui ne fût ni au-dessous de la délicatesse des classes élevées, ni au-dessus de l’intelligence de la foule, une langue commune à la cour, à la ville et au peuple. […] Il avait fait ses preuves comme homme de guerre, et il n’était pas messéant pour celui qui allait devenir le tyran des syllabes comme l’appelèrent les poëtes de l’école de Ronsard, d’avoir porté l’épée honorablement. […] Il avait, dit un biographe, Horace dans son cabinet, sous le chevet de son lit, sur sa toilette, dans sa mémoire, à la ville et aux champs ; et il l’appelait son bréviaire. […] que veut toute cette guerre aux sons durs, aux assonnances, aux chevilles qu’il appelle bourre ou vent 123, sinon décourager les méchants poètes, et ôter aux bons des tentations de se négliger ?
Ils forment ce qu’on peut appeler la langue intermédiaire entre celle que parle le peuple et celle que créent ces rares esprits, pour lesquels il faut réserver le nom d’hommes de génie. […] Viennent ensuite la nièce même de cette princesse, la seconde Marguerite de Valois fille de Henri II et femme de Henri IV, auteur de quelques pages de Mémoires que l’Académie française, par un jugement où il entrait peut-être de la galanterie, regardait comme le modèle de la prose au xvie siècle158 ; le cardinal d’Ossat, ambassadeur de Henri IV près la cour de Rome, esprit pénétrant, simple et droit, qui expose au roi son maître, d’un style abondant et ferme, toute sa négociation relative à certains projets politiques de Henri IV, et notamment à l’affaire de l’abjuration 159 ; Brantôme, dont la curiosité ne se renferme pas dans les choses de son temps et de son pays ; qui recueille çà et là dans les livres et dans les ouï-dire les matériaux de sa chronique scandaleuse ; du reste, dans ce goût peu honorable pour les immondices de l’histoire, plein de sens, de finesse et d’excellent style, et plus à blâmer peut-être pour avoir eu la plus malhonnête curiosité dans un siècle si curieux, celle des musées secrets, que pour avoir exploité de propos délibéré la corruption de son temps160 ; le maréchal de Montluc, dont Henri IV appelait les Mémoires la Bible des soldats, jugement qui peint le livre161. […] On l’appelle M. de Rieux le jeune, parce qu’il n’est pas de l’ancienne maison de Rieux. […] Aussi Montaigne appelle-t-il le latin et le grec au secours de l’écrivain : « Et que le gascon y arrive, ajoute-t-il, si le françois n’y peut aller. » C’est la théorie de Ronsard. […] On dirait un théologien que Montaigne a converti à son doute, un opiniâtre affirmatif, comme Charron appelle ses contradicteurs, gagné par un sceptique.
Cet élargissement progressif du système, l’organisation progressive qui y correspond, l’accroissement de l’harmonie des éléments, c’est ce que nous appelons évolution. […] Et on l’appellera respect des convenances ou des situations, habileté ou prudence. […] Ce que l’on appelle hypocrisie n’est souvent qu’une prudence ou une réserve que l’on juge, peut-être à tort, hors de propos. […] Et ce qu’on doit appeler le bien est une marche vers l’union plus étroite, vers l’identification complète ; ce qu’on doit appeler le mal, une marche vers l’incohérence et la division.
— à peine le roi de Bavière, Louis II l’avait-il appelé à Munich et lui avait-il ôté tout souci, qu’il s’occupait à établir le projet définitif de ce drame. Le Ring n’était pas terminé, les préparatifs pour les solennelles représentations de Tristan devaient commencer, le roi avait ordonné d’élaborer, immédiatement, les projets pour l’école d’art dramatique et pour le Théâtre de Fête qu’il voulait ériger à Munich … : avant tout il s’agissait, pour le maître, de fixer les lignes et de tracer l’esquisse de ce que lui-même appela toujours « sa dernière œuvre ». […] Dans de récents articles, M. de Wyzewa a résumé la théorie wagnérienne de l’Art : « l’Art doit créer la Vie … il faut, au-dessus de ce monde des apparences habituelles profanées, bâtir le monde saint d’une meilleure vie : meilleur par ce que nous le créons … » Il montre ensuite que « l’artiste ne peut prendre les éléments de cette vie supérieure nulle part, sinon dans notre vie inférieure, dans ce que nous appelons la Réalité. » Or, dans Parsifal, Wagner, tout en se servant de signes empruntés à cette Réalité, a voulu créer une Vie aussi éloignée que possible des « apparences habituelles profanées ». […] Ainsi, vous vous voyez — peut-être pour la première fois de votre vie d’artistes, — appelés à vouer vos forces à un but idéal d’art, c’est-à-dire à montrer au public allemand ce dont l’Allemand est capable en son art, et en même temps à montrer aux étrangers, desquels nous avons vécu jusqu’à présent, une chose qu’ils ne pourront pas imiter. […] Au second acte, Klingsor appelle Kundry ainsi : « Rose infernale !
Cette modestie si difficile à observer me rappelle un mot de Diderot, parlant, en 1767, d’un « jeune poète appelé Chamfort, d’une figure très aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie, et la suffisance la mieux conditionnée. […] Aussitôt la pièce jouée et applaudie, la reine fit appeler Chamfort dans sa loge, et voulut lui annoncer la première que le roi lui accordait une pension de 1 200 livres sur les Menus. […] mais quand je n’apercevrai que des hommes plus ou moins spirituels, intrigants, hâbleurs, vaniteux et, légers, viveurs et prodigues, des hommes de luxe et de fantaisie, jouant à la république comme ils joueraient à tout autre jeu, pariant de ce côté sans avoir le sérieux ni les habitudes du régime qu’ils appellent et qu’ils préconisent, je douterai et je sourirai. […] Un jour le marquis de Créqui lui disait : « Mais, monsieur de Chamfort, il me semble qu’aujourd’hui un homme d’esprit est l’égal de tout le monde, et que le nom n’y fait rien. » — « Vous en parlez bien à votre aise, monsieur le marquis, répliqua Chamfort ; mais supposez qu’au lieu de vous appeler M. de Créqui, vous vous appeliez M.
Aussi renvoient-ils le problème de la reconnaissance, comme celui de la notion du temps, à ce que les Allemands appellent la « critique de la connaissance ». […] Mais il est rare qu’une image soit seule, qu’une idée soit ce qu’on appelle une idée fixe : n’oublions pas qu’une foule d’autres images luttent pour la vie et exercent leur pression sur l’image actuellement dominante, en déployant dans la lutte des intensités variables. […] Les Anglais appellent quelquefois la reconnaissance d’un nom expressif : le « sentiment de la familiarité ». […] Notre activité se sent couler dans un lit tout fait ; notre pensée rencontre un cadre tout préparé à la recevoir : l’image présente, et en ce sens nouvelle, se trouve remplir une sorte de vide intérieur dont nous avions le sentiment, et c’est ce sentiment vague que nous appelons attente. […] Quand l’enfant voit le soir, dans sa chambre, l’obscurité s’éclairer tout à coup, il pense qu’en tournant les yeux il reverra la bougie souvent admirée : l’image renaissante appelle pour ainsi dire son objet et tend à s’y superposer.
Le savant aura beau sourire des larmes du poète ; même dans l’esprit le plus froid, il y a une multitude d’échos prêts à s’éveiller, à se répondre ; une simple idée, venue par hasard, suffit à en appeler une infinité d’autres, qui se lèvent du fond de la conscience. […] En nous la montrant partout, la science ne fait que remplacer la beauté toute relative des anciennes conceptions par une beauté nouvelle, plus rapprochée de la vérité finale, de ce que les astronomes appellent le ciel absolu. […] Gémir, pleurer, prier, est également lâche, Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu l’appeler ; Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler87. […] Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer ; hors de là tout est vain. […] De quelque façon qu’on t’appelle, Bramah, Jupiter ou Jésus, Vérité, justice éternelle, Vers toi tous les bras sont tendus.
Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle « volontaires ». […] Il en est qui se traduisent par ce que nous appelons des sensations, d’autres par des souvenirs ; il en est, sans aucun doute, qui correspondent à tous les faits intellectuels, sensibles et volontaires : la conscience s’y surajoute comme une phosphorescence ; elle est semblable à la trace lumineuse qui suit et dessine le mouvement de l’allumette qu’on frotte, dans l’obscurité, le long d’un mur. […] , que si l’on appelle « scientifique » ce qui est observé ou observable, démontré ou démontrable, une conclusion comme celle qu’on vient de présenter n’a rien de scientifique, puisque, dans l’état actuel de la science, nous n’entrevoyons même pas la possibilité de la vérifier. […] Je ferme donc la parenthèse que j’aurais pu me dispenser d’ouvrir, et je reviens à ce que je disais d’abord, à l’impossibilité d’appeler scientifique une thèse qui n’est ni démontrée ni même suggérée par l’expérience. […] Pourtant, lorsque j’articule la dernière syllabe du mot, les deux premières ont été articulées déjà ; elles sont du passé par rapport à celle-là, qui devrait alors s’appeler du présent.
C’est ce que j’appelle les groupes, plus exactement encore : les groupes de contiguïté. […] Le fait des groupes grandissants par agrégation est ce que j’appelle le facteur de l’espace. […] Ces tendances générales nous amènent à un second facteur essentiel, que j’appelle le facteur du temps. […] C’est ce qu’on a appelé le progrès en spirale. […] Cette marche à la liberté, sur laquelle j’ai souvent insisté déjà et qui sera notre conclusion dernière, n’est pas l’œuvre de la masse, mais des individualités que nous appelons les artistes.
William Morris appela un jour les « Bibles du Monde ». […] « Et c’est ce que vous appelez gouverner l’Irlande ! […] C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte. […] Et, comme l’écho, il ne répond que quand on l’appelle. […] Elle m’a appelé, me disant : « J’ai entendu un cri pendant la nuit ?
Vers le même temps où se mettait en marche ce jeune esprit, assurément le moins rêveur, un autre grand talent se déclarait aussi, qui semblait, au contraire, appelé à donner à la moderne rêverie et au monde intérieur son expression la plus suave et la plus ample, la plus enchanteresse et la plus harmonieusement sensible. […] « Ces concessions que vous appelez des bienfaits, et moi des restitutions, n’ont été conquises que par la Révolution ; ce mot seul les rappelle toutes, et le mot opposé rappelle leur privation. […] » Certes la conviction, le sentiment profond de ce que j’appellerai la vérité sociale, éclate dans ces pages où le jeune écrivain, si prononcé pour les choses, ne se montre guère disposé à de grandes illusions sur les hommes. […] Un gouvernement composé de bourgeois, nos égaux, régissait la république avec modération ; les meilleurs étaient appelés à leur succéder. […] Ce fut lui-même qui rédigea la protestation ; il y mit l’idée essentielle : « Les écrivains des journaux, appelés les premiers à obéir, doivent donner l’exemple de la résistance. » Là était le signal.
Son second chant, sa seconde messénienne, comme on peut l’appeler, au sujet du monument préparé à Dante, est dans le même ton que la première, mais encore plus empreinte, s’il se peut, de sombre et patriotique amertume. […] Ce beau chant finit par un salut sympathique et un cri ardent vers Alfieri, que Leopardi appelle Vittorio mio et auquel il se rattache comme au dernier de la noble race, au seul que ces temps de ruine aient laissé debout. […] Le poëte était retourné de Rome à Recanati, à l’abborrito e inabitabile Recanati, comme il l’appelle. […] (L’édition que nous appelions de nos vœux a paru à Florence, en 1845, chez Félix Le Monnier. […] Parlant ailleurs de la gloire, à la fin de son Épître au comte Pepoli, Leopardi l’appelle « non pourtant une vaine déesse, mais une déesse plus aveugle que la fortune, que le destin et que l’amour. » 154.
Swaran frappa son bouclier et appela le fils d’Arno. […] Connal court à pas précipités à la grotte ; il appelle Galvina : nulle réponse dans le rocher solitaire. « Où es-tu, ô ma bien-aimée ? […] Starno, rentré dans ses forêts de Loclin, s’assit dans la salle où il donnait ses fêtes ; il appelle Snivan, vieillard aux cheveux blancs, qui chanta plus d’une fois autour du cercle de Loda. […] cria le héros, dis aux bardes d’appeler par leurs chants le doux sommeil sur tes guerriers fatigués. […] Il appela le brave Connal et le vieux Carril.
J’insiste sur ces jours intérieurs qu’il nous ouvre, parce que l’histoire secrète de Roederer fut celle alors de beaucoup d’autres, parce qu’il ne fut pas le seul à avoir ce qu’on peut appeler sa période de Rousseau, et pour qu’on voie aussi à quel degré primitif de chaleur mûrirent tant de qualités solides et fortes que plus tard on apprécia en lui. […] Je vis que ce qu’on y appelait utile n’était autre chose qu’une influence étroite et précaire sur quelques objets la plupart minutieux, influence qui tirait son principe du sein des abus mêmes ; je répugnai dans cette pensée à des engagements irrévocables dans de pareilles voies. […] Pour bien juger des hommes de ce temps, pour faire équitablement la part de l’éloge ou du blâme, pour ne pas appeler sage tel acte ou telle résistance isolée qui, en son lieu, n’était qu’imprudence et folie, il importe (et Roederer l’a dit dans une très belle page, mais trop longue pour être rapportée) de se bien rendre compte du courant général, immense, qui entraînait alors la nation. […] Écoutons-le, écoutons l’homme qui a vu de plus près Louis XVI au dernier moment critique de la royauté et dans toute sa faiblesse : On a appelé anarchie, dit-il, la situation de la France en 1792 ; c’était tout autre chose.
Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases. […] Que la vanité (puisqu’il veut l’appeler ainsi), élevée jusqu’au sentiment de l’honneur, produise des héros, je l’accorderai encore ; mais que cette vanité produise la gaieté vive, franche, amusante et délicieuse d’un Collé ou d’un Désaugiers, c’est ce que je conçois difficilement, et tous les Condillac du monde ne m’expliqueront pas cette transformation d’un sentiment si personnel en une chose si imprévue, si involontaire. […] C’était donc des tragédies ou drames en prose qu’il appelait de tous ses vœux. […] Je n’entre pas dans le point particulier du débat, et je n’examine point s’il entendait parfaitement l’idée de l’école saint-simonienne du Producteur qu’il avait en vue alors ; je note seulement qu’il revendiquait la part éternelle des sentiments dévoués, des belles choses réputées inutiles, de ce que les Italiens appellent la virtù.
Frédéric appelle à lui Maupertuis et lui écrit la lettre suivante, qu’on a de sa main : À Königsberg, ce 14 de juillet 1740. Monsieur de Maupertuis, vous ne sauriez me prévenir, ma voix vous a appelé dès le moment que je suis arrivé à la régence, et avant même que vous m’eussiez écrit. […] Ma voix et mon cœur vous ont appelé dès le moment que je suis arrivé au trône, avant même que vous m’eussiez écrit. […] [NdA] Le père de lord Bolingbrocke n’était pas lord et on ne l’appelait pas milord ; mais il ne faut jamais demander à La Beaumelle une parfaite exactitude.
En effet, elle mit une grande importance à quitter, après examen, la communion grecque, que nous appelons schismatique et qu’ilsappellent là-bas orthodoxe, pour se faire catholiqueromaine. […] Nous sommes de bien grossiers personnages, et ce beau monde qui vit de blanc-manger littéraire a bien raison de nous mépriser ; mais enfin, quand nous avons quelque chose à dire, nous le disons autrement, nous appelons les choses par leurs noms. […] En fait de sentiments, dépensées portant sur les affections et les passions humaines, j’ai parcouru un cercle immense et creusé jusqu’aux antipodes ; je suis vraiment docteur en cette loi-là… C’est dans l’enceinte de mon propre cœur que j’ai appris à connaître celui des autres, et la seule connaissance de moi-même m’a donné la clef de ces énigmes innombrables qu’on appelle les hommes. » Elle se flatte et s’exagère sans doute un peu cette connaissance universelle, cette clef, ce passe-partout qu’elle croit tenir et qui l’a conduite, en définitive, à la possession d’un monde très-distingué, mais restreint. […] Elle même, la nobledame, aguerrie à toutes les vicissitudes par le christianisme, elle se montrait calme, indulgente, ne s’exagérant en rien la portée des événements déjà si graves, rendant justice à tout ce qui lui paraissait bon et méritoire chez les adversaires ou chez ceux qu’elle eût été tentée la veille d’appeler de ce nom.
Alfieri, comme une âme rigide qui se fige pour jamais en un moment décisif et en un sentiment unique, nous voua dès lors une malédiction immortelle, et emporta en son cœur la haine de la France et des « singes-tigres », comme il les appelait, qui y avaient usurpé la domination. […] Si vous saviez combien de fois j’appelle la mort à mon secours ; mais elle est sourde, elle ne vient que pour ceux qui sont utiles à leurs parents ou à leurs amis. […] C’est pour cela que je vous ai appelée à Paris, où vous pourrez tout à loisir satisfaire votre goût pour les beaux-arts. » Mme d’Albany était traitée comme une puissance, elle s’en serait bien passée. […] devait-elle s’appeler, en se remariant, ou Mme B. ou Mme F. ou de tout autre nom ?
Il est ressaisi du désir de vivre dans « le pays céleste du bleu », comme il l’appelle. […] On arrive à la limite des terres cultivées ou cultivables appelées le Tell : ce n’est pas le désert encore, on est à la lisière du désert. […] Il aime, dit-il, en arrivant dans une ville arabe, à choisir, pour bien voir, le point de vue le plus élevé, le pied d’une tour, ce qu’on appellerait en Grèce l’acropole ; et là, montant dès le matin, il passe en contemplation et en rêverie des heures entières. […] Nous avons laissé le voyageur à la lisière du désert : il le cherchait encore, il l’appelait dans son âpre nudité ; il voulait le pays du bleu, le pays de l’éternel azur, le royaume du soleil ; il le voulait affronter dans sa saison la plus violente ; il l’aura.
À quelques lieues de Compiègne, à un endroit qu’on appelle le Pont-de-Berne, elle trouve le roi et le dauphin venus à sa rencontre. […] Il arriva à Marie-Antoinette, peu après son arrivée à Versailles, le même contre-temps qu’à Marie Leckzinska : le ministre qui avait contribué à l’appeler au trône ne resta pas auprès d’elle pour diriger ses premiers pas et pour éclairer ses premières démarches. […] Le comte d’Artois hasarde pendant les repas des folies que le comte de Provence appelle des entremets ; quand nous avons quitté la table, il y a des jours qu’il redouble de gaieté et fait éclater d’un si gros rire M. le Dauphin qu’il nous en fait tous éclater en larmes. […] Feuillet, me remerciant une quinzaine de jours seulement après que ce premier article eut paru, supposait, dans sa lettre, que dans l’intervalle j’avais dû recevoir son Introduction ou Avertissement, ce qui n’était pas ; il m’écrivait : « Après huit jours de repos à Trouville, j’arrive et je trouve votre article dont je vous remercie, bien que vous ne me trouviez pas nouveau : mais je suis abondant pour confirmer vos idées… Je présume que ma plomberie (l’imprimeur Plon) vous aura envoyé de ses œuvres et que vous avez eu, la semaine dernière, mon Avertissement que je n’ai voulu appeler ni Préface, ni Introduction encore moins : tout cela est bien solennel, etc. » Or, à l’heure où je recevais cette lettre, je n’avais pas encore cet Avertissement et j’en étais à mon troisième article.
Ces Œuvres inédites, qui se composent en très grande partie de lettres de La Mennais, ont trop peu appelé l’attention. […] » Sa correspondance d’alors donne l’idée d’une vie toute d’étude, de prière, à peine accidentée par quelques voyages de La Chesnaie à Saint-Malo, traversée par de courts et brusques éclairs de gaieté, assujettie d’ailleurs à bien des soins domestiques et de ménage, fort occupée dans un temps à la construction d’une chapelle à La Chesnaie ; mais bientôt la maladie que vous appellerez, si vous le voulez, la maladie du génie, l’inquiétude vague, le mécontentement et la nausée du présent, qui sera l’état fondamental et constitutionnel de La Mennais, se dessine et se déclare, et pour ne plus cesser. […] Je suis habituellement dans l’état que les Anglais appellent despondency, où l’âme est sans ressort et comme accablée d’elle-même. […] Ils méritent d’être donnés en entier et sont le plus éloquent commentaire de ce qu’a raconté de ce Concile national M. d’Haussonville au tome iv de l’Église romaine sous le premier Empire « (La Chesnaie, 1811.) — Gratien arrive et me remet tes paquets. — Comme la Providence se joue des passions humaines et de la puissance de ces hommes qu’on appelle grands !
Je dis que cela est touchant, parce que cela est désintéressé ; et c’est l’honneur éternel des lettres, de ce que les Anciens appelaient studia, d’entretenir en ceux qui les aiment de ces piétés qu’on appellera, si l’on veut, des manies : les hommes qui ne visent qu’au présent et à user à leur profit des circonstances sont incapables, je l’avoue, de telles illusions, qui supposent le rêve d’immortalité, et c’est pourquoi, avec toute sorte de considération pour ces hommes utiles, je préfère les autres. […] Gresset vieillissant tournait sans cesse autour du Vert-Vert ; il en avait repris, développé, enjolivé les deux derniers chants ; une partie nouvelle qui s’appelait l’Ouvroir fut par lui récitée à la famille royale dans un voyage qu’il fit à Paris en 1774. […] Le succès en effet répondit à la méthode, et, « dès les premier mots, c’est encore Garat qui nous le dit, les applaudissements furent si bruyants, si universels, si continus, que Gresset lui-même ne put se méprendre à leur intention38. » Qu’est-ce donc que cette chose légère qu’on appelle le goût, l’urbanité, qui est si en danger de s’évaporer sitôt que l’on s’éloigne d’un certain centre et qu’on ne respire plus en un certain lieu ?
Du moins, même chez les meilleurs, ce qu’on appelle le progrès de la vie est bien inférieur à ce premier idéal que réalisa un moment la jeunesse. […] Elle a parlé dans ses Mémoires de ce qu’elle appelait proprement ses extraits, de ses Œuvres de jeune fille ; ces lettres-ci en sont le complément. […] Mais l’amour-propre, le grand et détestable ennemi, n’est pas abattu pour cela : « Je l’appelle détestable, écrit-elle, et je le déteste aussi avec beaucoup de raison, car il me joue souvent de vilains tours ; c’est un voleur rusé qui m’attrape toujours quelque chose. […] Elle en est dès longtemps à ce qu’elle nomme ses fredaines de raisonnement : « L’universalité m’occupe, la belle chimère de l’utile (s’il faut l’appeler chimère) me plaît et m’enivre. » Elle juge en philosophe sa dévotion d’hier, et se l’explique : « C’est toujours par elle que commence quelqu’un qui à un cœur sensible joint un esprit réfléchi. » Son idéal d’amitié pourtant, avec la pieuse et indulgente Sophie, ne reçut point de ralentissement de ce côté-là.
Cette rigueur, surtout celle de Boileau, peut souvent s’appeler du nom d’équité ; pourtant, même quand ils ont raison, Malherbe et Boileau ne l’ont jamais qu’à la manière un peu vulgaire du bon sens, c’est-à-dire sans portée, sans principes, avec des vues incomplètes, insuffisantes. […] On a appelé Boileau le janséniste de notre poésie ; janséniste est un peu fort, gallican serait plus vrai. […] Il appellera Alexandre ce fougueux l’Angeli, comme si l’Angeli, fou de roi, était réellement un fou privé de raison ; il fera monter la trop courte beauté sur des patins, comme si une beauté pouvait être longue ou courte. […] Je l’appelle ainsi, parce qu’il n’y a point de jour où il n’y ait quelque nouvel écot, et souvent deux ou trois qui ne se connoissent pas trop les uns les autres.
Faut-il admettre alors que ces voyageuses ailées et invisibles, parties d’un seul point, ont, avec la vitesse de l’éclair, franchi ces lignes idéales qu’on appelle des frontières ? […] Par exemple, le premier coup d’œil révèle, au xviiie siècle, une nouvelle renaissance de l’antiquité classique et une transfusion partielle du génie anglais dans les âmes françaises ; mais on risque d’oublier un apport venant de l’Orient et des contrées sauvages de l’Amérique et de l’Océanie, apport considérable pourtant, témoin tant d’écrits où les Persans, les Chinois, les Arabes sont appelés à donner des leçons aux sujets de Louis XV, témoin tant de robinsonnades et d’utopies où l’état de nature est opposé à la corruption des grandes villes. […] Musset fut appelé par quelques camarades malins « miss Byron ». […] Les romantiques, au début de leur lutte contre la tradition classique, appellent à la rescousse le moyen âge ; ils le réhabilitent, l’idéalisent, le proclament poétique, et leur révolution littéraire est ainsi aidée par la restauration monarchique et chrétienne, qui trouve son compte à cette renaissance de la vieille France.
Comparée à la doctrine de la finalité, ou, comme l’appelle M. […] Dans le germe d’un polype, comme dans l’œuf humain, l’agrégat de cellules d’où l’animal doit sortir, donne naissance à une couche périphérique de cellules qui se subdivise plus tard en deux : l’une inférieure, appelée muqueuse ou endoderme ; l’autre extérieure, appelée séreuse ou ectoderme. […] Les choses que nous appelons égales (lignes, angles, poids, températures, sons, couleurs), sont celles « qui produisent en nous des sensations qu’on ne peut distinguer l’une de l’autre », l’idée d’égalité est tirée par abstraction des objets artificiels.
Mlle Louise-Florence-Pétronille Tardieu d’Esclavelles, qui, dans le roman, s’appelle du joli nom d’Émilie, fille d’un officier mort au service du roi, dut naître vers 1725. […] Il avait du mépris pour Francueil qu’il jugeait un homme de peu de cervelle, et qu’il n’appelait que le hanneton : « Vous n’êtes pas heureuse, pauvre femme, s’écriait-il, et c’est votre faute. […] On a appelé Diderot la plus allemande de toutes les têtes françaises : on devrait appeler Grimm le plus français de tous les esprits allemands.
Voyons-le tel qu’il était à Montbard ; mais entrons-y non pas, comme le fit Hérault de Séchelles, en espion léger, infidèle et moqueur ; entrons-y plutôt avec ce sentiment élevé et pénétré qui fit que Jean-Jacques, passant à Montbard en 1770, voulut voir ce cabinet de travail qu’on a appelé le berceau de l’histoire naturelle, et en baisa à genoux le seuil. […] Il n’aimait ni sa personne ni ses talents : il ne l’appelait que le grand phrasier, le roi des phrasiers ; il le contrefaisait en charge (d’Alembert avait ce malheureux talent de singer les gens). […] Dans cet ordre qu’il appelle le plus naturel de tous, et qui n’est que provisoire, Buffon ne va donc classer d’abord les animaux et les êtres de la nature que selon leurs rapports d’utilité avec l’homme, et non d’après les caractères essentiels qui sont en eux et qui peuvent en rapprocher de très éloignés en apparence. […] Il semble qu’un tel acte de témérité ou de sublimité, comme vous voudrez l’appeler, un tel acte d’usurpation ne se puisse expier qu’en tombant à genoux aussitôt après et en s’humiliant dans la plus profonde des prières.
Né le 11 juillet 1625 à La Rochefoucauld, placé d’abord chez un procureur à Angoulême, il en revint pour entrer comme valet de chambre chez l’abbé de La Rochefoucauld, frère de l’auteur des Maximes ; c’est là que ce dernier, qu’on appelait alors le prince de Marcillac, le trouva, et il l’emprunta à son frère pour en faire son maître d’hôtel dans la campagne de 1646. […] Il est en toutes choses ce que les Quinola sont à la petite prime ; et, quand j’aurai besoin de canon, je vous demanderai encore Gourville… Le tout signé : « Armand de Bourbon. » Et on lit au post-scriptum : Nous marchons après demain pour aller attaquer une place en Cerdagne, appelée Puycerda : j’attends Gourville pour en faire la capitulation. Cette lettre du prince de Conti est caractéristique sur Gourville, qu’on s’accoutume à traiter comme la cheville ouvrière universelle : c’est ce qu’on peut appeler son brevet de Quinola ou de Figaro. […] Charles II appelait Gourville « le plus sage des Français ».
Et je leur ai dit : Sortez de l’Italie, et passez chez mon peuple que je me suis élu dans la plénitude de ma bonté, et dans le pays que je compte d’habiter dorénavant, et à qui j’ai dit dans ma clémence : Tu seras la patrie de tous les talents… Et je les ai tous rassemblés dans un siècle, et on l’appelle le siècle de Louis XIV jusqu’à ce jour, en réminiscence de tous les grands hommes que je t’ai donnés, à commencer de Molière et de Corneille qu’on nomme grands, jusqu’à La Fare et Chaulieu qu’on nomme négligés. […] Grimm, au moment où il se lia plus étroitement avec Mme d’Épinay, était complètement fixé d’opinion sur le caractère de Jean-Jacques : on peut dire qu’il fut le premier de ses amis qui vit avec certitude sa folie poindre, et qui l’appela de son vrai nom. […] Elle, ou son mari, possède dans la forêt de Montmorency une petite maison appelée l’Ermitage. […] Malherbe, en son temps, ne s’appelait-il pas aussi le Tyran des mots et des syllabes ?
Au temps de Grimm, c’était encore l’habitude d’appeler extraits les articles qu’on écrivait sur les livres, et ces extraits, autorisés et consacrés par l’exemple du Journal des savants, se bornaient le plus souvent en effet à une exacte et sèche analyse de l’ouvrage : « sous prétexte d’en donner la substance, on n’en offrait que le squelette ». […] En France, il salue donc comme incomparable le siècle de Louis XIV ; et, au xviiie siècle, il ne trouve qu’une classe d’hommes supérieurs et d’une espèce particulière, la seule qui manquât au grand siècle : « Je les appellerai volontiers philosophes de génie : tels sont M. de Montesquieu, M. de Buffon, etc. » Voltaire est le seul des littérateurs purs et des poètes qui soutienne le vrai goût par ses grâces., son imagination et sa fertilité naturelle : mais, selon Grimm il ne fait que soutenir ce qui fléchissait déjà. […] Grimm et Diderot causaient un soir ensemble, le 5 janvier 1757 ; Diderot était dans un de ces moments d’exaltation et de prédiction philosophique qui lui étaient familiers : il voyait le monde en beau et l’avenir gouverné par la raison et par ce qu’il appelait les lumières ; il exaltait son siècle comme le plus grand que l’humanité eût vu jusque-là. […] Au milieu de ces conversations où elle s’oubliait, elle se levait tout à coup et disait gaiement qu’il fallait vaquer au gagne-pain : elle appelait ainsi les affaires et le métier de roi.
Comme cette réalité, qui nous est par définition même inaccessible, est simplement un objet de pensée, on l’appelle le noumène, c’est-à-dire ce qui est purement conçu par l’intelligence, ou l’intelligible. […] Aussi pourrait-on l’appeler mieux encore l’inintelligible que l’intelligible. […] IV Idée de l’infini — Infini mathématique On appelle infini, au sens propre du mot, une grandeur sans limites. […] Le principe de causalité et celui d’identité se retrouvent au fond de ce que Spencer appelle tantôt le « postulat » a priori, tantôt l’axiome a priori.
Elle établit une tradition en philosophie : à travers tant de systèmes changeants, elle retrouve et essaye de dégager ce que Leibniz appelait la philosophie perpétuelle, perennis philosophia. […] Au reste, ce travail de restauration, qui consiste à retrouver et à préserver la tradition philosophique, à sauver cet héritage successivement accru par les âges, mais trop souvent renversé et détruit par les révolutions et les réactions, les révoltes et les coups d’État, les anarchies et les dictatures (car les écoles passent par les mêmes crises que les États), ce travail conservateur et réparateur ne doit pas être confondu avec ce que l’on a de nos jours appelé l’éclectisme. […] Nous sommes tentés trop souvent d’appeler esprit faux quiconque ne pense pas comme nous : or c’est là un cercle vicieux. […] Rien de plus juste, je dirai même rien de plus évident qu’une telle opinion ; mais ce que l’on appelle synthèse n’est précisément que cet éclectisme idéal dont nous parlons, et dont nous venons de faire voir les difficultés.
Mais quelque souvenir que la patrie de Luther ait gardé de son xve siècle, elle se sent appelée à jouer un rôle nouveau dans le nouveau monde enfanté par la Révolution française. […] D’un autre côté, qui ne sait pas que l’esprit religieux, quand il est énergique, a pour conséquence et pour caractère d’appeler de grandes contradictions ? […] Il était donc presque né dans la pourpre, et eût pu s’appeler Porphyrogénète, comme certains empereurs de Constantinople. […] L’histoire n’a dit qu’à moitié mal quand elle l’a appelé persécuteur.
Ernest Hello est, en effet, ce qu’on peut appeler : un suggestif. […] Baillet fut même appelé un dénicheur de Saints par ces tristes-à-pattes affreux, qui trouvaient ce surnom plaisant. […] En ce genre, son chapitre sur François de Sales est un modèle… Enfin, il a en lui du mystique, car le poète décuplé par le croyant finit par toucher à ce phénomène et à ce mystère qu’on appelle la mysticité. […] Il a voulu, dit-il, montrer à un siècle turbulent ceux qu’il appelle les Pacifiques ; et pour dire ces choses tranquilles et immortelles, il a choisi le temps où le monde passe en faisant son fracas… « L’Église — ajoute-t-il — a pour caractère son invincible calme.
Il en est d’autres, généralement inaperçues ou dont la signification échappe, qui sont mille fois plus complexes et plus vitales, composant dans leur ensemble ce que nous pouvons appeler la sociabilité de l’hyper-organisme nation. […] Comment ne pas comprendre, en effet, que la vie intérieure de l’homme, ce que nous appelons son individualisme, est à la fois base et produit de sa vie extérieure, c’est-à-dire solidaire, et inversement ? […] Les rapprochements gouvernementaux ne réalisent qu’en une proportion minime ce que j’appelle la solidarité inter-nationale ; seuls l’accord libre, l’alliance intime, peuvent déterminer dans l’humanité de vastes courants de sympathie. […] De même qu’à la vie organique se superpose la vie sociale ou hyper-organique, à la vie sociale se superpose une autre vie que nous pourrions appeler hyper-sociale, et qui n’est peut-être que la vie humaine, au sens plein du mot.
J’ai lu quelque part l’histoire d’un sous-lieutenant que les hasards de la bataille, la disparition de ses chefs tués ou blessés, avaient appelé à l’honneur de commander le régiment : toute sa vie il y pensa, toute sa vie il en parla, et du souvenir de ces quelques heures son existence entière restait imprégnée. […] Maintenant, que l’attention à la vie vienne à faiblir un instant — je ne parle pas ici de l’attention volontaire, qui est momentanée et individuelle, mais d’une attention constante, commune à tous, imposée par la nature et qu’on pourrait appeler « l’attention de l’espèce » — alors l’esprit, dont le regard était maintenu de force en avant, se détend et par là même se retourne en arrière ; il y retrouve toute son histoire. […] Leibniz disait que chaque monade, et par conséquent, a fortiori, chacune de ces monades qu’il appelle des esprits, porte en elle la représentation consciente ou inconsciente de la totalité du réel. […] Il aurait pu arriver de temps en temps à des pêcheurs, s’aventurant au large des côtes d’Irlande ou de Bretagne, d’apercevoir au loin, à l’horizon, un navire américain filant à toute vitesse contre le vent — ce que nous appelons un bateau à vapeur.
Ils l’appelèrent le curé fou. […] J’en appelle à M. […] Il l’appelle nymphe et la traite en écolière ! […] Une secte s’était établie, posant en principe que le monde était une garde-robe d’habits ; « car qu’est-ce qu’on appelle terre, sinon un pourpoint bariolé de vert, et qu’est-ce que la mer, sinon un gilet couleur d’eau ? […] Qu’est-ce que notre puissance, puisqu’un insecte, roi d’une fourmilière, peut se faire appeler comme nos princes « majesté sublime, délices et terreur de l’univers ?
Exposez-moi votre théorie ; je m’en retournerai plus instruit qu’après avoir vu les tas de briques que vous appelez Londres et Manchester. […] Il y a donc une science des sciences : c’est cette science qu’on appelle logique, et qui est l’objet du livre de Stuart Mill. […] Ils appellent définitions les propositions qui la désignent, et décident que le meilleur de notre science consiste en ces sortes de propositions. […] Ce qu’on appelle la nature d’un être est le réseau des faits qui constituent cet être. […] Dans la définition du triangle, il y a deux propositions distinctes, l’une disant qu’il peut y avoir une figure terminée par trois lignes droites ; l’autre disant qu’une telle figure s’appelle un triangle.
Exposez-moi votre théorie ; je m’en retournerai plus instruit qu’après avoir vu les las de briques que vous appelez Londres et Manchester. […] Il y a donc une science des sciences : c’est cette science qu’on appelle logique, et qui est l’objet du livre de Stuart Mill. […] Ils appellent définitions les propositions qui la désignent, et décident que le meilleur de notre science consiste en ces sortes de propositions. […] Ce qu’on appelle la nature d’un être est le réseau des faits qui constituent cet être. […] Dans la définition du triangle, il y a deux propositions distinctes, l’une disant qu’il peut y avoir une figure terminée par trois lignes droites, l’autre disant qu’une telle figure s’appelle un triangle.
On l’appelle académicien : il prouvera à la tribune, et coup sur coup, son éloquence politique. […] Il est venu jeune à Paris, de Lyon je crois ; il s’appelait Genou.
L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé. […] Personne ne sait à l’avance, combien peut être longue l’histoire de chaque journée, si l’on observe la variété des impressions qu’elle produit, et dans ce qu’on appelle avec raison, le ménage, il se rencontre à chaque instant de certaines difficultés qui peuvent détruire pour jamais ce qu’il y avait d’exalté dans le sentiment ; c’est donc de tous les liens celui où il est le moins probable d’obtenir le bonheur romanesque du cœur, il faut pour maintenir la paix dans cette relation une sorte d’empire sur soi-même, de force, de sacrifice, qui rapproche beaucoup plus cette existence des plaisirs de la vertu, que des jouissances de la passion.
Les joueurs aiment à appeler une partie du nom de bataille, ils livrent combat au hasard ; un coup heureux est une victoire ; un coup malheureux est une défaite, et quand ils ont tenu longtemps, quand ils se sont obstinément, stupidement acharnés à se ruiner, ils se donnent le mérite d’une héroïque résistance et ne sont pas bien sûrs de n’avoir pas déployé la même espèce de courage que Wellington à Waterloo : s’ils nommaient les choses par les mots propres, peut-être auraient-ils moins de complaisance pour leur passion ; du moins elle ne se colorerait pas à leurs yeux d’une telle beauté ; ils céderaient peut-être autant, ils s’en feraient moins honneur. […] Pourquoi est-il ridicule d’appeler un fauteuil la commodité de la conversation, et un miroir le conseiller des grâces ?
Paul Bourget s’appellera Péché d’Islande. […] » Et ce roman s’appellera Guy de Valcreux, et je vais vous en confier les premières lignes : « Par une belle matinée de printemps, le digne M.
Et, d’autre part, vous pouvez constater que cet esprit est celui de son œuvre entière et que, dans les trente volumes qui la composent, il n’y a pas une seule idée d’importance qui ne soit au moins en germe dans ce livre qu’il appelle plaisamment « son vieux pourana ». […] Renan… Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.
Daunou appelait si bien paperasser. […] Toute littérature, toute poésie, toute science qui ne se propose que d’amuser ou d’intéresser est par ce fait même frivole et vaine, ou, pour mieux dire, n’a plus aucun droit à s’appeler littérature, poésie, science.
Voilà pourquoi un fabricant de romans-feuilletons peut faire une brillante fortune et arriver à ce qu’on appelle une position dans le monde, tandis qu’un savant sérieux, eût-il fait d’aussi beaux travaux que Bopp ou Lassen, ne pourrait en aucune manière vivre du produit vénal de ses œuvres. J’appelle ploutocratie un état de société où la richesse est le nerf principal des choses, où l’on ne peut rien faire sans être riche, où l’objet principal de l’ambition est de devenir riche, où la capacité et la moralité s’évaluent généralement (et avec plus ou moins de justesse) par la fortune, de telle sorte, par exemple, que le meilleur critérium pour prendre l’élite de la nation soit le cens.
Les architectes ont imité en France les fenêtres appelées par les Anglais bow-window ; voilà un mot dont je ne sais rien faire. […] C’est le mot latin tout vif, malleus (mail, maillet). — Ce jeu est appelé le Jeu du Palle-Mail dans la Maison des jeux académiques, etc.
Nous regrettons de ne pouvoir citer tout entière l’Épître aux Martyrs, devenue plus intéressante pour nous depuis la persécution de Robespierre : « Illustres confesseurs de Jésus-Christ, s’écrie Tertullien, un chrétien trouve dans la prison les mêmes délices que les prophètes trouvaient au désert… Ne l’appelez plus un cachot, mais une solitude. […] Il y fait l’histoire de sa vie et de ses souffrances… Il prie, il enseigne, il explique les mystères, et donne des règles pour les mœurs… Il voulait donner à ceux qui aiment la poésie et la musique des sujets utiles pour se divertir, et ne pas laisser aux païens l’avantage de croire qu’ils fussent les seuls qui pussent réussir dans les belles-lettres191. » Enfin, celui qu’on appelait le dernier des Pères, avant que Bossuet eût paru, saint Bernard, joint à beaucoup d’esprit une grande doctrine.
Si les heros du poëte tragique ne m’interessent point par leurs caracteres et par leurs avantures, sa piece m’ennuïe, quoiqu’elle soit écrite purement, et quoiqu’il n’y ait pas de fautes contre ce qu’on appelle les regles du théatre. […] On appelle génie, l’aptitude qu’un homme a reçû de la nature, pour faire bien et facilement certaines choses, que les autres ne sçauroient faire que très-mal, même en prenant beaucoup de peine.
Sans sa foi absolue à la surnaturalité de l’Église, il n’aurait pas écrit sur celui qu’il appelle « le Révélateur du Globe » une histoire aussi surnaturelle que l’Église elle-même, et il ne les aurait pas fondues, l’une et l’autre, dans une identification si sublime. […] Cette partie dogmatique du livre de Léon Bloy est réellement de l’histoire sacrée, comme aurait pu la concevoir et l’écrire le génie même de Pascal, s’il avait pensé à regarder dans la vie de Christophe Colomb et à expliquer la prodigieuse intervention, dans les choses humaines, de ce Révélateur du Globe, qu’on pourrait appeler, après le Rédempteur Divin, le second rédempteur de l’humanité !
Un jour, quelqu’un l’appela spirituellement « un cueilleur de muguet », et c’était un mot doux et juste… Mais aurait-on jamais pu croire que cet aimable cueilleur de muguet pour les jeunes personnes qu’il ne faut qu’honnêtement émouvoir, aurait l’incroyable ambition de protéger le catholicisme ? […] Que sont, en comparaison, et le dernier volume de l’Histoire de Thiers, cette glace sans tain, comme il l’a lui-méme appelée, et les Nouveaux Éloges de Mignet, et l’Italie des italiens de madame Colet, et tout le reste de la liste si vite épuisée des livres d’histoire de cette année ?
En général, Oreste, tel que la fable nous le dépeint, était un jeune homme violent, une mauvaise tête, un cerveau brûlé, et ce qu’on appelle un très mauvais sujet. […] La multitude préfère les armées qui se battent sur la scène, les poignards escamotés, les séditions, les tueries et autres puérilités qu’on appelle des tableaux. […] Junie, que Tacite appelle Junia Calvina, n’était point, comme l’auteur la suppose, une jeune fille douce, modeste et timide, vivant dans la retraite, fuyant le monde et la cour. […] Sénèque faisait sa cour en calomniant le frère et la sœur ; voilà pourquoi, dans sa satire contre l’empereur Claude, il dit, en plaisantant, que « tout le monde appelait la sœur de Silanus une Vénus, mais que son frère aimait mieux l’appeler Junon ». […] Si ma malheureuse fille n’a pas eu le bonheur d’être unie avec vous, on vous a du moins appelé son époux chéri.
Prenons garde cependant que, dans le langage officiel, tout le monde fait semblant, fait profession extérieure de croire, tandis que la grande majorité du dehors avance pourtant (bien lentement, il est vrai) dans ce qu’on peut appeler le sens commun. […] C’était l’époque qui peut à bon droit s’appeler celle du minimum de tolérance, et cela non point parce que le preux chevalier trouve tout simple de tomber à bras raccourci sur le juif et le mécréant, — de tout temps il se rencontre des chevaliers qui seraient disposés à en faire autant (Réclamations, murmures), — mais parce que le plus juste des rois l’approuve et ne le désavoue pas. […] La vérité ou ce qu’on appelle de ce nom en matière de foi, chacun se l’attribue à soi exclusivement et la dénie aux autres : à ce compte il n’y aurait jamais lieu qu’à une orthodoxie maîtresse et absolue comme au moyen âge. […] l’hypocrisie sociale, cette grande plaie moderne, comme l’appelait lord Byron ! […] Ce jeune homme que vous appelez incrédule et turbulent, il est turbulent peut-être, mais soyez-sûrs qu’il est moins incrédule que vous.
» L’enfant n’aimait pas non plus la reine italienne, elle l’appelait, dans son mépris enfantin pour la maison roturière des Médicis, cette marchande florentine. […] Dans le cas où Elisabeth, qui s’honorait du titre de la reine vierge, viendrait à mourir sans héritier, Marie Stuart pouvait être appelée à lui succéder sur les deux trônes. […] Tandis que les conjurés la menaçaient, si elle appelait, de la tuer et de la jeter par-dessus les murs, d’autres conjurés disaient aux bourgeois que tout allait bien, que seulement on avait dagué le favori piémontais, qui s’entendait avec le pape et le roi d’Espagne pour détruire la religion du saint Évangile. […] On ne lui laisse pour serviteurs, dans cette maison, que cinq ou six hommes subalternes vendus à Bothwell et qu’il appelait, par contre-vérité, ses agneaux. […] Un moment après, il appelle son valet de chambre et s’habille ; un de ses agents entre du dehors et lui parle bas à l’oreille ; il prend son manteau de cheval et son épée, couvre son visage d’un masque, sa tête d’un chapeau à larges bords et se rend à une heure du matin à la maison solitaire du roi.
Molière écrit pour les plaisirs de Sa Majesté des pastorales médiocres et des farces immortelles qui s’appellent l’Impromptu de Versailles ou le Bourgeois gentilhomme. […] La découverte de l’imprimerie qui va faire de la lecture un pain quotidien, la résurrection des œuvres grecques et latines qui fait bouillonner dans les cerveaux une sorte d’ivresse, ce grand réveil de la pensée qui s’appelle la Renaissance, cette ardeur de connaître qui, venue d’Italie, se propage dans l’Europe entière, le brusque agrandissement du monde en même temps que du passé, toutes ces secousses profondes et répétées éprouvées par les intelligences ont une répercussion presque immédiate sur le sort de ceux qui cultivent les lettres. […] Les « ratés » de la bohème s’épuisant à courir après un gîte et un souper problématiques, et ce qu’on appelle de nos jours le prolétariat intellectuel rejoignent à travers les siècles les misères d’un Rutebœuf, couchant sur la paille, toussant de froid, bâillant de faim, ayant pour toute fête l’espérance du lendemain, ou d’un Villon, vivotant d’expédients et de filouteries, frisant la potence et promenant de prison en prison son squelette plus noir qu’une mûre et plus maigre qu’une chimère. […] Il me semble difficile qu’on ne sente pas l’intérêt et l’importance des renseignements que peut fournir cette application à l’ordre d’études qui nous occupe de ce qu’on appelle « le matérialisme historique ». Cette théorie, qui consiste à donner la première place aux facteurs économiques dans l’évolution humaine, serait fort insuffisante à expliquer en totalité l’évolution littéraire ; mais elle appelle l’attention sur quelques-unes des causes les plus profondes dont la littérature subit l’influence et je n’ai pas craint d’insister sur les rapports étroits qui existent entre des phénomènes qu’on néglige trop souvent de rapprocher les uns des autres.
Poirier devait s’appeler d’abord, m’a-t-on dit, la Revanche de George Dandin, et je conviens, en effet, que le bonhomme avait une revanche à prendre. […] Le George Dandin du Gymnase s’appelle M. […] Cependant, en bon père qu’il est il cherche partout cet objet rare qu’on appelle un prétendant désintéressé, et, à force de chercher, il le trouve : M. de Trélan sera son gendre. […] Le Mariage d’Olympe Olympe Taverny, l’héroïne du Mariage d’Olympe, s’appelle Pauline Morin, de son petit nom. […] Il y avait une curieuse étude à faire à propos de cet aigrefin aimé pour lui-même, sur ce type étrange qu’il faudrait appeler le mâle de la courtisane, son camarade de chasse sociale : habitant, comme elle, les zones interlopes, doué des mêmes instincts et du même zèle carnassier.
La solution de cette antinomie semble être dans une sorte de panthéisme ; ce qu’on appelle la matière et l’esprit n’est peut-être que deux ordres de phénomènes irréductibles l’un à l’autre, en tant qu’ils relèvent de deux modes distincts de l’être universel, mais trouvant leur fondement dans cet être unique et commun. […] La guerre, l’horrible guerre est le privilège de l’espèce humaine : la sentence du meurtre est la seule que l’on respecte, et ce qu’on appelle dans les palais et dans les cathédrales la justice de Dieu n’est que la loi de la force. — Dans l’intérieur de l’état, c’est la même chose ; la loi du besoin y règne seule ; c’est l’intérêt de la réciprocité qui fonde l’apparence de ce qu’on nomme la justice. […] Ce que nous appelons le mal en dehors de nous n’est qu’un moyen fatal, la condition d’un ordre qui nous dépasse infiniment. […] Elle a fait l’homme en achevant lentement et pièce par pièce l’ouvrage ébauché par les infinis, que ces infinis s’appellent l’Éternité, l’Étendue, ou la Cause première qui n’a pas dit encore son vrai nom. […] Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines !
Chez les animaux domestiqués et chez l’Homme empêtré dans des notions, cette simultanéité ne se produit jamais à ce que j’appellerais l’état de veille. […] En aucune manière on ne saurait attribuer ce renversement des valeurs à l’instinct sinon à ce qu’on a appelé improprement l’instinct de destruction qui n’est en vérité qu’une résultante d’un état atrabilaire. […] Or, l’ami le plus intime de Ducasse avant son départ de Montevideo, s’appelait Georges Dazevk. […] L’Eglise appelait, en effet, les uns pour le combat, et les autres pour la paix ; et les uns combattaient comme des lions, tandis que les autres, les non-combattants, se comportaient comme des statues. […] C’est lui qui, en 1933, appelle Hitler à la chancellerie.
Quand on expirait, c’était sur une phrase limée, en style d’académie ; si l’on était grand homme, on appelait ses proches et on leur disait : Dans cet embrassement dont la douceur me flatte, Venez et recevez l’âme de Mithridate. […] Un jour, madame la princesse de Conti, à haute voix, devant toute la cour, appela madame de Chartres « sac à vin. » Celle-ci, faisant allusion aux basses galanteries de l’autre, riposta par « sac à guenilles. » Les effets se devinent : « madame la duchesse de Bourgogne fit un souper à Saint-Cloud avec madame la duchesse de Berry. […] Le roi confère gravement, longuement, comme d’une affaire d’État, du rang des bâtards ; et pour établir ce rang, voici ce qu’on imagine : « Il faut donner à M. le duc du Maine « le bonnet comme aux princes du sang qui depuis longtemps ne l’est plus aux pairs, mais lui faire prêter le même serment des pairs, sans aucune différence de la forme ni du cérémonial, pour en laisser une entière à l’avantage des princes du sang qui n’en prêtent point ; et pareillement le faire entrer et sortir de séance tout comme les pairs, au lieu que les princes du sang traversent le parquet ; l’appeler par son nom comme les autres pairs, en lui demandant son avis, mais avec le bonnet à la main un peu moins baissé que pour les princes du sang qui ne sont que regardés sans être nommés ; enfin le faire recevoir et conduire en carrosse par un seul huissier à chaque fois qu’il viendra au Parlement, à la différence des princes du sang qui le sont par deux, et des pairs dont aucun n’est reçu par un huissier au carrosse que le jour de sa réception, et qui, sortant de la séance deux à deux, sont conduits par un huissier jusqu’à la sortie de la grande salle seulement. » N’allons pas plus loin : de 1689, on aperçoit 1789. […] Un jour ayant vu une phrase injurieuse dans les Mémoires de la Rochefoucauld, « il se jeta sur une plume, et mit à la marge : L’auteur en a menti. » Il alla chez le libraire, et fit de même aux autres exemplaires ; les MM. de la Rochefoucauld crièrent : il parla plus haut qu’eux, et ils burent l’affront. — Aussi roide envers la cour, il était resté fidèle pendant la Fronde, par orgueil, repoussant les récompenses, prédisant que le danger passé on lui refuserait tout, chassant les envoyés d’Espagne avec menace de les jeter dans ses fossés s’ils revenaient, dédaigneusement superbe contre le temps présent, habitant de souvenir sous Louis XIII, « le roi des nobles », que jusqu’à la fin il appelait le roi son maître. […] « C’était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d’esprit, qui était en plein ce qu’un mauvais français appelle un sacre, mais qui ne se peut guère exprimer autrement.
L’homme s’appelle don Juan, Alcibiade, Borgia, Raphaël, ou Napoléon. Il y a erreur à croire qu’il se soit jamais appelé Jésus ou Marc-Aurèle. […] Mais il faut bien s’entendre sur ce que Stendhal appelle l’énergie. […] Les anciens appelaient cela impotentia sui, et croyaient que c’était faiblesse. […] Ce qu’ils appellent communément liberté n’est même pas autre chose.
Brieux continue à ne pas redouter ce qu’on appelle les grands sujets. […] Elle prétend garder son fils pour ce qu’elle appelle le « relèvement ». […] Elle est d’une simplicité et d’une monotonie accablantes ; et, au surplus, l’entreprise où on nous la montre engagée n’ayant rien qui lui soit propre historiquement, elle pourrait aussi bien s’appeler Gertrude ou Isabeau, et elle n’a aucune raison de s’appeler Frédégonde, sinon que son mari s’appelle Hilpéric et que l’évêque de Rouen s’appelle Prétextat, — de même que cet évêque et ce roi n’ont d’autre raison de s’appeler Prétextat et Hilpéric, sinon qu’elle s’appelle Frédégonde. […] Cela s’appelle une convention. […] Il vit, comme vécut Banville, dans ce que j’appellerai l’état de grâce lyrique.
Protégé par Apollon, il en appelle à Athéné. […] Aujourd’hui, le pardon s’appelle réhabilitation et rédemption. […] c’est ça que vous appelez une trouvaille ! […] On appelle ça la névrose aujourd’hui. […] J’en appelle à toutes les mères !
le jour où le mépris appela l’insulte, a-t-elle embrassé d’autre parti que la fuite ? […] Cette immobilité qu’ils appellent sainte, où ils s’enferment comme dans un tabernacle, ne les défendra pas contre l’ingratitude. […] Dans quel théâtre appellera-t-il ses auditeurs ? […] il les appelle blasphémateurs. […] Il creuse le marbre avec ses genoux, il appelle Dieu à son aide pour terrasser l’ennemi, pour triompher de Satan.
Il me prend des envies, quand je répète avec ma mère, de l’appeler « Nanette » et de lui crier que j’appelle « Jobin », ce qui est faux, on le sait, et ce qui est mal, je le sens bien ! […] et qui s’appelait Rachel. […] Ils sont bons, que Dieu les appelle ! […] Elle s’appelait Coralie. […] Et cette femme qu’il mettait si haut s’appelait Coralie !
Les peintres vantent ce qu’ils appellent, dans le trivial argot du métier, la patte et le chic ; les poètes vantent la rime riche. […] Il faut même une certaine éducation artistique pour comprendre ce que Rosenkranz a appelé l’esthétique du laid. […] Pour l’être doué du sens de la vue, le souvenir est une série de tableaux, c’est-à-dire d’images et de couleurs ; ces images se tiennent et s’appellent l’une l’autre. […] Puisque les Allemands ont déjà appelé tonalité le caractère agréable ou désagréable de la sensation, on nous permettra d’appeler timbre la combinaison esthétique des plaisirs, les uns dominants, les autres éveillés par association, parfois mêlés de quelques douleurs ou tristesses confuses, comme de dissonances propres à relever l’harmonie de l’ensemble. […] Cette perception de l’universelle analogie dans l’universelle différence n’est-elle pas identique à ce que Leibniz appelait le sens philosophique par excellence ?
Il appela, aucune voix ne répondit. […] J’en appelle à tous ceux qui l’ont approché, j’en appelle à M. […] Il s’appelle : La Guerre de demain. […] Cette œuvre s’appelle La Princesse Maleine. […] C’est peut-être cela, qui fait pleurer, que vous appelez de l’impuissance.
Que « d’intransigeants » de la veille appelés à devenir comtes et barons de l’Empire, et quelle leçon à l’adresse des exagérés de tous les temps ! […] Appelez-la patrie, république, ode ou satire, il y a une muse dans ce livre ainsi qu’aux préludes des chants d’Hérodote. […] Voici les tables des Saint-Simoniens et des Fouriéristes qui l’appellent. […] Cette plénitude de l’union et du respect mutuel entre les citoyens du même pays ne sera que la conclusion d’une prémisse existante et qui doit s’appeler la République libérale. […] Rien n’égala son émotion quand tout le long de la route il vit sur les bords du Rhin ce symbole de vie nationale qu’il appelle « le divin drapeau tricolore ».
Ces discours si loués des contemporains et qu’ils s’accoutumaient à personnifier dans le mot du texte toujours heureusement choisi, ce Depositum custodi, prêché devant la reine mère, ce Surrexit Paulus de l’abbé Bossuet, comme on les appelait, nous deviennent présents et distincts, chacun avec sa physionomie particulière. […] C’est qu’en effet celui qu’on a appelé l’Aigle de Meaux était essentiellement remarquable comme orateur par un caractère de douceur et d’onction. […] M. de Maistre a appelé quelque part Bossuet une des « religions françaises » : et l’on conçoit très bien en effet qu’il soit devenu cela.
C’est de sa part toute une confession, comme il l’appelle. […] Dans notre temps, où ce qu’on appelait autrefois le sens commun est si peu d’usage en littérature et se trouve le plus souvent remplacé par le caprice, M. de Sacy en est un des derniers représentants utiles ; je ne sais même si l’on trouverait aujourd’hui personne qui le représentât aussi nettement et aussi distinctement que lui, qui en offrît un exemplaire vivant aussi authentique et aussi sensible. […] Quand il eut fini, et qu’on fit ce qu’on appelle un tour d’opinions, il n’y eut qu’une voix chez tous ceux qui avaient entendu.
Moi qui lis cela avec intérêt, qui, bien que de ceux qu’on appelle sceptiques, me tiens pour parfaitement sûr et certain de ce qu’il y a de faux et d’imaginaire dans le point de départ et dans certaines suppositions premières de celui qui écrit ; qui n’en cherche pas moins avec plaisir les preuves de talent, d’élévation, ou les saillies d’esprit, j’en trouve une, de ces saillies, et qui me paraît des plus agréables, dans une lettre à laquelle l’éditeur, qui s’y connaît et qui s’entend à étiqueter les matières, a donné ce titre piquant : Un religieux à cheval. — « Tôt ou tard on ne jouit que des âmes. » Le commencement de la lettre se rapporte à des affaires de l’Ordre, au choix que venait de faire le Chapitre provincial d’un successeur du Père Lacordaire et à d’autres points particuliers ; mais voici le côté aimable, et qui me rappelle, je ne sais trop comment, de jolies lettres de Pline le Jeune : « Quant à vous, mon bien cher qui montez à cheval dans la forêt de Compiègne avec l’habit religieux et qui le trouvez tout simple, je n’ai rien à vous dire. […] Je n’entends rien à ces magies-là, ou plutôt j’appelle cela des magies et de belles impostures, comme elles le sont en effet. […] N’ayant jamais eu aucune diversion d’humaine tendresse, tout avait tourné chez lui à l’ambition spirituelle, mais aussi à une certaine tendresse, également spirituelle, qui se manifestait dans la familiarité avec ceux qu’il appelait ses enfants, tant ceux de son Ordre que les élèves venus du dehors et qu’il tenait dans sa main.
. — Ailleurs, plus à l’est de l’Europe, il était témoin d’un état d’organisation que nous appelons arriéré, et qui reproduisait assez fidèlement sous ses yeux l’ancien état féodal, mais qui lui expliquait aussi les ressources et les racines profondes de ce régime disparu. […] Avec l’instrument de précision dont il dispose (j’appelle ainsi la forme analytique expresse qui est la sienne), M. […] On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
« Les Tartarins de la douleur », les appelait Daudet en y mettant au premier rang les ataxiques au début, dont lui-même. Longtemps avant sa mort, il avait d’ailleurs projeté de publier son authentique observation, complétée de traits empruntés à ceux qu’il appelait ses « sosies de douleur » : H. […] Cette sorte de testament littéraire devait s’appeler Mes Douleurs.
Ce que les anciens appelaient l’esprit divin, c’était sans doute la conscience de la vertu dans l’âme du juste, la puissance de la vérité réunie à l’éloquence du talent. […] En appellera-t-elle à la nation ? […] Frappé de tous les abus qu’on a faits de la parole depuis la révolution, l’on déclame contre l’éloquence ; l’on veut nous prémunir contre ce danger qui, certes, n’est pas encore imminent ; et comme si la nation française était condamnée à parcourir sans cesse tout le cercle des idées fausses, parce que des hommes ont soutenu violemment et souvent même grossièrement de très injustes causes, on ne veut plus que des esprits droits appellent les sentiments au secours des idées justes.
Se pénétrant de son rôle, elle appelait les tortures et brûlait de souffrir… » Il m’eût donc plu que l’auteur conçût cette tragédie chrétienne de façon qu’elle signifiât principalement le triomphe moral des esclaves, des petites gens, des ignorants grands par le cœur. […] Les auteurs n’y eussent pas mis une idée de plus que dans leur prose ; mais de beaux vers (il les fallait beaux) nous eussent peut-être suggéré, par leur musique et par leur volupté propre, quelque chose des voluptés néroniennes et de ce que Cléopâtre avait appelé déjà « la vie inimitable »… La pièce elle-même est une broderie industrieuse sur le chapitre des Annales où Tacite conte l’assassinat de Pedanius Secundus et ce qui s’ensuivit. — Ce Secundus est un abominable homme. […] Cette destruction, ils l’appelaient de leurs vœux, et c’était assurément un désir permis.
Que ces esprits indifférens sur le désordre qui ne les touche pas, que ceux dont la foible prudence méconnoit cette vertu supérieure à toute crainte, l’appellent un insensé, ou le regardent comme un misantrope qui se livre au triste plaisir d’exercer une censure amere ; ce n’est pas à eux de sentir qu’il est impossible à l’homme vertueux de garder le silence, tandis que les cris plaintifs des victimes de l’oppression retentissent à son oreille & frappent son cœur sensible, tandis que les droits éternels de la Justice sont violés pour satisfaire quelques monstres avides, tandis qu’un peuple entier vit dans les larmes, ayant tout perdu jusqu’au droit lamentable d’élever ses soupirs ; ah ! […] Mais au sein de la retraite, on l’appelle dans le tourbillon du monde ; ceux qui se livrent aux plaisirs tumultueux veulent avoir le suffrage de la présence ; jettez-vous dans le tourbillon, frivoles Ecrivains, qui pour écrire n’avez pas besoin de penser, vous y perfectionnerez cet esprit léger tout fier d’idées sémillantes, il vous faut des éclairs, il vous faut un langage brillant qui puisse servir de voile à vos connoissances superficielles ; promenez-vous avec la folie, vous n’avez rien à gâter ; mais toi homme de génie qui as sçu méditer, poser des principes, affermir ta marche, & comme d’un tronc fertile, en suivre toutes les conséquences, toi qui vois en grand, garde-toi d’asservir tes mâles talens au goût des Sociétés ; elles corromproient ton éloquence, tes vues hardies & sublimes, ton héroïsme vertueux. […] Mais ce seroit peu d’avoir exposé la liberté dont jouit l’homme de Lettres, si je ne dévoilois les plaisirs délicats qui l’accompagnent à chaque instant qu’il les appelle.
Démoli en grande partie après la défection du connétable en 1527, il restait de cet hôtel une vaste salle ou galerie, qu’on appela la salle du Petit-Bourbon. […] Il appela ou il accueillit la plus excellente troupe d’artistes comiques que l’Italie possédât alors. […] On distinguait encore, dans la troupe de Scala, le fameux bouffon Burattino, qui donna son nom à toutes les marionnettes italiennes, qu’on appelle encore des burattini.
La critique et la vie littéraire Ce n’est plus ce qu’on Appelle une vie. […] Et s’il se dérobait, s’il se contentait d’appeler « aimable » un ouvrage insignifiant, il jugeait encore, quoique de travers. […] Elles ne s’émeuvent pas d’être appelées irrespectueuses.
Or il y a dans ce livre une vertu singulière et presque magnétique qui nous attire et nous appelle chaque fois que nous sommes témoins ou acteurs dans une crise morale de quelque importance. […] Ce qu’il souhaite, ce, qu’il appelle de ses vœux et de ses larmes, c’est une lutte publique, un triomphe éclatant, un amour qui puisse lui tenir lieu de gloire. […] Mais pardonner l’abandon, pardonner le délaissement qui n’a pas un autre amour pour excuse, pardonner l’hypocrisie, c’est une folie sans remède, c’est s’avilir pour quelques jours de répit, c’est appeler sur soi le mépris, c’est mériter l’oubli.
Il y a, je l’avoue, des sciences qu’on pourrait appeler umbratiles, qui aiment la sécurité et la paix. […] Quelle différence entre chanter un bout de latin qu’on appelle l’Épître et lire en société la correspondance des confrères, entre un morceau de pain bénit qui n’a plus de sens et l’agape des origines ? […] Nous les laisserons se convertir, et nous en appellerons de Voltaire malade à Voltaire en santé.
Les brebis entendent sa voix ; il les appelle par leur nom et les mène aux pâturages ; il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. […] « Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes : ils se promènent en longues robes ; ils portent de larges phylactères 979 ; ils ont de grandes bordures à leurs habits 980 ; ils aiment à avoir les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, à être salués dans les rues et appelés « Maître. » Malheur à eux ! […] D’autres fois, ils l’appelaient fou, possédé, samaritain 996, ou cherchaient même à le tuer 997.
Au bas de la montagne, à quelques pas de la porte, en entrant dans la zone voisine du mur oriental de la ville, qu’on appelait Bethphagé, sans doute à cause des figuiers dont elle était plantée 1053, il eut encore un moment de satisfaction humaine 1054. […] Je ne vous appelle plus des serviteurs, parce que le serviteur n’est pas dans la confidence de son maître ; mais je vous appelle mes amis, parce que je vous ai communiqué tout ce que j’ai appris de mon Père.
Elle est suivie d’un sentiment d’une nature particulière que nous appelons l’effort […] Les actions réflexes, les actes habituels sont de cette nature, « Les actes volontaires se distinguent des actions réflexes par l’intervention d’une conscience, et le phénomène est très remarquable, en ce qu’il nous introduit, pour ainsi dire, dans un nouveau monde Nous sommes même libres, si cela nous plaît, de dire que l’esprit est une source de puissance ; mais nous devons alors entendre par esprit la conscience jointe à tout le corps, et nous devons aussi être prêts à admettre que l’énergie physique est la condition indispensable ; la conscience, la condition accidentelle187. » V « Tout ce qui a été exposé jusqu’ici188 relativement aux actions volontaires des êtres vivants, implique la prédominance d’une uniformité ou d’une loi dans cette classe de phénomènes, en supposant toutefois une complication de nombreux antécédents qui ne sont pas toujours parfaitement connus. » La pratique de la vie s’accorde en général avec cette théorie : nous prédisons la conduite future de chacun d’après son passé ; nous appelons Aristide un juste, Socrate un héros moral, Néron un monstre de cruauté. […] La notion du libre arbitre humain apparaît pour la première fuis chez les stoïciens, et plus tard dans les écrits de Philon le Juif : par métaphore, on appelait libre l’homme vertueux, et esclave l’homme vicieux.
La seconde faute des phrénologues est d’avoir compliqué leur hypothèse physiologique de ce qu’ils appelaient la crânioscopie, qui consistait, comme on sait, à reconnaître et à mesurer les facultés de l’âme par l’inspection extérieure du crâne. Suivant eux, les circonvolutions du cerveau, siège des facultés intellectuelles et morales, se manifesteraient extérieurement par des protubérances, vulgairement appelées bosses, qui peuvent servir à juger de l’intérieur par l’extérieur. […] La question la plus importante soulevée par la doctrine phrénologique, et qui même aujourd’hui n’est pas encore entièrement jugée, est de savoir si les parties antérieures du cerveau, et que l’on appelle les lobes frontaux : ne seraient pas le siège spécial des facultés de l’entendement.
Ce fut une occasion de disputer le prix de la poésie ; et ce prix, au moins à la campagne, était un bouc, ou une outre de vin, par allusion au nom de l’hymne bachique, appelée depuis longtemps tragédie, c’est-à-dire, chanson du bouc ou des vendanges. […] Après cet effort, il lui était bien moins difficile de transporter de l’épopée à la tragédie, ce qui s’appelle intrigue ou nœud ; car il est plus aisé de faire oublier le poète et le narrateur, quand on vient à brouiller différents intérêts et à nouer le jeu de divers personnages, que quand on veut mettre les spectateurs au fait d’une action, sans qu’ils s’aperçoivent qu’on ait eu dessein de le faire. […] Les parties principales de toute tragédie sont l’exposition, le nœud ou intrigue, et le dénouement ou catastrophe : mais ces mêmes parties, qu’Aristote appelle les parties d’extension ou de quantité, en supposent plusieurs autres qui font corps avec elles, et que le même poète nomme parties intégrantes.
Il avait touché à cette baguette magique d’acier qui s’appelle une épée et qu’on ne touche jamais impunément, et il en avait gardé dans la pensée je ne sais quoi de militaire et, qu’on me passe le mot ! […] Pas de dédoublement de l’homme et de l’auteur, rien, en un mot, de ce qu’on trouve parfois dans ces délicieux recueils qu’on appelle des Correspondance, et cependant, malgré cela, malgré la déception, malgré cet esprit connu et d’autant plus connu qu’il se distingue par une de ces physionomies qu’on n’oublie plus quand une fois on les a regardées, la Correspondance de Stendhal a le charme inouï de ses autres œuvres, — ce charme qui ne s’épuise jamais et sur la sensation duquel il est impossible de se blaser. […] Un critique très fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là que toute la terre appelle le bonhomme avait naturellement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons, et qu’importe, du reste, pour le résultat !
L’éditeur anonyme de ce portefeuille de Madame Récamier, trié et surveillé, l’éditeur qui fait la main pieuse, déposant, de nuit, des fleurs sur un tombeau, nous raconte tout ce qui lui plaît sans mettre hardiment, en se nommant, comme il y était tenu, le poids de sa moralité et de son autorité en tête des récits qu’il nous donne et qu’il faudrait appeler, car c’est là leur vrai titre : Souvenirs sur Madame Récamier, par une personne qui l’a bien connue, mais qui n’a pas voulu y mettre son nom. […] Ici, Madame Récamier n’est pas remplacée, parce qu’elle n’est pas peinte, parce que la personne qui tient le dé pour elle dans ce livre de Souvenirs n’a pas plus pénétré cette femme et ne l’a pas plus reproduite que ne l’aurait fait la première venue qui sait écrire quatre lignes de narration française, dans cette société myope de regard et effacée de langage qu’on appelle la bonne compagnie ; parce qu’enfin sur cette femme, dont la supériorité fait l’originalité la plus rare et la plus exquise, on n’a eu à dire que des banalités élégantes, qui roulent sur tous les parquets depuis qu’il y a au monde des parquets ! […] Eh bien, excepté quelques lettres de cet enragé de vieillir et de mourir qu’on appelle Chateaubriand, et qui est le saule pleureur d’avant sa tombe, excepté plusieurs de ces lettres, dont les meilleures furent publiées dans le Congrès de Vérone, et une ou deux venant d’autres mains, il n’y a rien qu’on puisse citer comme dépassant le niveau épistolaire de tout le monde, et c’est à se demander si c’est vraiment là la plus grande société du monde dans son intimité.
C’était un homme d’action, fils d’une époque qui avait été l’action même, et qui portait la réverbération de Napoléon sur sa pensée ; il avait touché à cette baguette magique d’acier qui s’appelle une épée, et qu’on ne touche jamais impunément, et il avait gardé dans la pensée je ne sais quoi de militaire et, qu’on me passe le mot, de cravaté de noir, qui tranche bien sur le génie fastueux des littératures de décadence. […] Pas de dédoublement de l’homme et de l’auteur, rien, en un mot, de ce qu’on trouve parfois dans ces délicieux recueils qu’on appelle des Correspondances ; et cependant, malgré tout cela, malgré la déception, malgré cet esprit connu, et d’autant plus connu qu’il se distingue par une de ces physionomies qu’on n’oublie plus quand une fois on les a regardées, la Correspondance de Stendhal a le charme inouï de ses autres œuvres, — ce charme qui ne s’épuise jamais et sur la sensation duquel il est impossible de se blaser ! […] Un critique très-fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très-piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là, que toute la terre appelle le bonhomme, avait littérairement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons ; et qu’importe, du reste, pour le résultat !