Ils ont eu droit de vivre. Vivez, amis ; vivez contents En dépit de Bavus, soyez lents à me suivre ; Peut-être, en de plus heureux temps J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune, Détourné mes regards distraits ; À mon tour aujourd’hui mon malheur importune. Vivez, amis ; vivez en paix.
Dès lors, il vécut ébloui ! […] Des refrains qui nous fassent vivre Bien loin, bien loin dans l’infini ! […] Telle fut notre attitude, après l’outrage, tant que Richard Wagner a vécu. […] On répondra : « Tuer la légende, c’est faire vivre l’histoire. […] Ils seront les évocateurs sacrés de morts qui n’auront jamais vécu.
Qui aurait eu le temps de lire un roman dans ces journées fiévreuses où Paris, debout et en armes, vivait dans la rue ? […] Où donc vivez-vous, et où croyez-vous que nous vivions pour venir nous raconter de pareils contes de fée à propos de romans ? […] Il faut vivre et bien vivre. […] Vivre, aimer Lesbie, et se moquer du qu’en-dira-t-on, tel est le refrain de la bohème et le refrain aussi du pays latin, les deux latitudes sous lesquelles Mürger a le plus vécu. […] Victor Hugo était enfant en 1815, mais enfin il vivait à cette époque, comment ose-t-il donc travestir à ce point l’histoire ?
Il portait cette gratitude souriante des rêveurs bien élevés à ceux qui leur épargnent de vivre. […] Cette douleur de vivre, qui tire ses raisons du labeur littéraire, Flaubert nous a rendus familiers avec elle. […] « L’absence d’aucun souffle unie à l’espace, dans quel lieu absolu vivais-je ? […] Transposition, bien mallarméenne, aux roses artificielles et à l’écrit, du vers de Malherbe Et rose elle a vécu ce que vivent les roses. […] La vie qu’il vivait à fait place à la vie pour laquelle il vivait.
En général, la condition dans laquelle un artiste a vécu, les hasards auxquels il a été mêlé, la situation prospère ou infortunée de la nation à laquelle il a appartenu, l’état des mœurs, relâchées ou guerrières, rigides, pacifiques, luxueuses, austères, laisseront probablement dans son œuvre un reflet, une trace ; mais cette influence n’a rien de fixe ni de constant. […] Assurément les petits maîtres hollandais représentent assez exactement l’époque bourgeoise et gaillarde dans laquelle ils vivaient, comme nos classiques sont pour la plupart d’excellents résumés de l’élégance et de la mesure de la cour qu’ils fréquentaient. […] Tandis que, soumise à l’action du soleil, une pierre s’échauffe, un animal conserve sa température ou meure, et si l’espèce de cet animal persiste dans une contrée tropicale, ce n’est pas que ces êtres se sont modifiés pour y vivre ; c’est qu’il s’en est trouvé par hasard qui étaient faits de façon à pouvoir durer. […] A cette période de l’histoire, un invincible génie pourra seul vivre et ne se pas laisser assimiler. […] Taine, le fait que, dans un même milieu et une même race, des auteurs et des artistes ont vécu, dont les œuvres ont des caractères absolument contraires entre elles, excellent par des qualités adverses et recourent à des émotions et à des effets incompatibles.
Nous allions un peu à l’aventure, nous vivions au jour le jour, sans plan arrêté, et suivant tous les hasards de l’existence quotidienne. […] L’heure où nous vivons deviendra rapidement le passé et servira alors aux esprits chagrins pour dénigrer les temps futurs. […] Le temps présent a ce caractère impérieux que nous sommes obligés de le vivre. […] C’est vous qui avez été chargé de créer l’atmosphère dans laquelle nous allons être obligés de vivre à notre tour. […] Vous avez trop d’énergie, trop de curiosité d’esprit, trop d’ardeur à vivre pour ne pas sentir toute la valeur d’une époque intense et passionnée comme la nôtre.
Dans cette dernière affection, le sujet croit avoir déjà vécu plusieurs fois sa vie actuelle. […] Ici les deux expériences apparaissent comme rigoureusement identiques, et nous sentons bien qu’aucune réflexion ne ramènerait cette identité à une vague ressemblance, parce que nous ne sommes pas simplement devant du « déjà vu » : c’est bien plus que cela, c’est du « déjà vécu » que nous traversons. […] Un simple relâchement de l’effort de synthèse réclamé par la perception donnera bien à la réalité l’aspect d’un rêve, mais pourquoi ce rêve apparaît-il comme la répétition intégrale d’une minute déjà vécue ? […] Comment aurions-nous vécu déjà une partie de la situation si nous n’en avions pas vécu le tout ? […] Si j’assiste pour la seconde fois à une comédie, je reconnais un à un chacun des mots, chacune des scènes ; je reconnais enfin toute la pièce et je me rappelle l’avoir déjà vue ; mais j’étais alors à une autre place, j’avais d’autres voisins, j’arrivais avec d’autres préoccupations ; en tout cas je ne pouvais pas être alors ce que je suis aujourd’hui, puisque j’ai vécu dans l’intervalle.
L’amour, Tisbé, quand il ne fait plus vivre, tue. […] Nous avons longtemps vécu avec l’édition Lévy, et nous n’en dirons pas de mal. […] Vivre sans conversation piquante, est-ce mener une vie heureuse ? […] D’où le célèbre mot de Talleyrand sur la « douceur de vivre ». […] Et logiquement, il a voulu vivre en paysan, se faire ascète et cénobite.
Et le poète et le prosateur ont raison, car en matière d’art rien ne vit, rien ne vivra que ce qui a été souffert et vécu. […] Peut-être paraîtra-t-il un peu maigre d’action ; mais est-ce par ce qu’on appelle l’action que vivent les romans d’aujourd’hui ? […] c’est bon de vivre ! […] vivrait-elle même jusqu’au jour du triomphe ? […] Et elle vivait, dans la banlieue propre et claire de la petite ville, sans désirs, sans rêves, sereine.
On avait tout à craindre du ressentiment de Julie, tant qu’elle vivrait. […] Sénèque écrivit, vécut et mourut comme un sage. […] « Je me suis contraint à vivre, et c’est quelquefois magnanimité que de vivre. » Tel est le langage de sa philosophie et de son cœur ; telle fut la règle de sa conduite. […] Malheureuse condition des gens de bien qui vivent à côté d’un prince vicieux ! […] Je lis qu’il exhorta sa femme à vivre ; mais je ne lis point qu’elle l’ait exhorté à mourir.
J’entends par peuple la populace qui n’a que ses bras pour vivre. […] C’est le luxe qui fait vivre les Etats. […] Faut-il détruire les sociétés, anéantir le tien et le mien et retourner vivre dans les forêts avec les ours ? […] Ces inégalités sont bonnes, et les grandes fortunes et le luxe sont des stimulants sociaux et des sources artificielles de richesse qui font vivre le pauvre mieux qu’il ne vivrait s’ils n’existaient pas. […] Voulez-vous vivre paisibles ?
C’est que Paris devient la patrie universelle de tous ceux, de quelque pays qu’ils soient, qui y vivent en bonne compagnie. Le souvenir qu’on en garde ailleurs nuit souvent au plaisir qu’on aurait de vivre chez soi, si l’on n’en était pas sorti. […] À côté de parties désintéressées, il avait des coins d’avarice, comme on l’a remarqué pour Mézeray : Il n’a jamais vécu chez lui, dit Sénac de Meilhan, et, comme son bien était en argent comptant, la crainte d’être volé lui faisait prendre des précautions pour qu’on ne sût pas qu’il avait chez lui de grosses sommes : c’est par cette raison que, peu de temps avant de mourir, il emprunta vingt-cinq louis à l’un de ses amis.
L’ardente jeunesse se presse de vivre ; elle prodigue des années pour quelques moments de gloire, et jamais elle ne se plaint lorsqu’elle a frappé ce but. […] Dans la vieillesse, à mesure que l’existence physique s’éteint, l’homme illustré par ses talents voit s’accroître la vaste carrière de la célébrité ; le court avenir qui lui reste se confond aisément avec celui que la postérité lui prépare, et s’agrandit par cette compensation heureuse ; tout l’invite à se rappeler avec délices les époques les plus brillantes de son histoire, et peut-être l’habitude que l’on a de vivre, jointe à cette douce illusion, est-elle plus que suffisante dans ces derniers moments pour détourner l’idée importune et fatigante d’une mort prochaine. […] À ces juges impétueux et qui sont sujets à secouer du geste la balance, il y aurait, s’ils daignaient écouter, à opposer maint passage excellent de ton, irréprochable de pensée et de goût : tel est, dans l’Éloge de M. de Lassone, ce morceau exquis sur Fontenelle et que peu de personnes ont lu, car l’Éloge de Lassone n’a pas même été recueilli dans les Œuvres de Vicq d’Azyr : Plusieurs médecins, dit-il, se sont vantés d’avoir compté Fontenelle parmi leurs malades, quoique ce philosophe si paisible et qui a vécu si longtemps n’ait dû que rarement avoir besoin des secours de notre art : M. de Lassone se félicitait seulement de l’avoir eu pour protecteur dans sa jeunesse, et pour ami dans un âge plus avancé.
Bien qu’il ait vécu à côté de Bossuet, il n’en a reçu aucun rayon pour l’expression, et sa manière de dire se passe toute dans l’ombre. […] À la date où le journal de Le Dieu commence, Bossuet est âgé de soixante et onze ans et n’a plus que trois ans et demi à vivre. […] Dans l’ordre social où il vivait, et dans ce cadre religieux-politique dont il était l’un des liens, si Bossuet se fût montré tolérant comme nous l’entendons aujourd’hui et comme cela eût convenu à Bayle, c’est qu’il eût été plus ou moins indifférent.
Mais qui nous dit que si, dès l’âge de vingt-cinq ans La Bruyère, dans un siècle différent du sien, avait été obligé pour vivre, pour se faire connaître, de tailler sa plume, d’écrire moins bien d’abord, mais vite, mais toujours, il n’aurait point tiré de lui autre chose encore que ce que nous en avons, et je veux dire autre chose de bien, qui sait ? […] Être homme de lettres comme on est avocat, comme on est médecin, ne vivre que de sa plume, ne relever que du public, des nombreux amis et des clients qu’on s’y est faite, quoi de plus noble et de plus honorable ? […] Quand il fait dire à chaque portion souffrante de la société et de la famille, à l’enfant, à la jeune fille, à l’épouse indigente, à l’aïeule glacée, quand il leur fait dire tour à tour à chacun : Cherchez l’or, nous en avons besoin pour vivre, pour grandir, pour travailler même et avoir toutes nos vertus, pour vieillir et pour mourir, — il a touché les fibres de tous et il arrache des larmes.
La situation est de celles sur lesquelles vivent tous les romans. […] Tandis que l’artiste jeune et tout moderne nage à torrent dans le présent, y abonde, s’y abreuve et s’y éblouit, nous vivons de ces rapprochements qui reposent, et nous jouissons des mille idées qu’ils font naître. […] est-elle une histoire vécue, ou simplement imaginée ?
On vécut là-dessus, et les corrections littéraires du chevalier, ajoutées aux suppressions et aux retranchements que Mme de Simiane avait cru devoir faire en vue de la morale et de la société, eurent force de loi. […] Mais il vaut mieux que je vous donne la vie, et que nous vivions en paix. […] J’ai une santé au-dessus de toutes les craintes ordinaires ; je vivrai pour vous aimer, et j’abandonne ma vie à cette occupation, et à toute la joie, et à toute la douceur, à tous les égarements, et à toutes les mortelles inquiétudes, et enfin à tous les sentiments que cette passion me pourra donner. » Ne sentez-vous pas la passion vraie qui déborde et qui ne trouve jamais ; à son gré, assez de mots ?