J’ai visité la ferme où naquit et vécut l’animal qui porta ce jambon. […] Il semble que La Fontaine ait trop vécu dans la société des animaux qu’il a peints. […] Tu savais comme il se serait moqué de toi, si tu avais vécu de son temps. […] Ils ne vivent pas ; mais il semble qu’ils rêvent. […] Faire vivre, c’est là son talent.
Mais ceux-ci vivent isolés et négligés. […] Quand il vivait, la société voyait en lui un être exceptionnel, un peu monstrueux et elle l’abandonnait aux vicissitudes du sort. […] Leur désillusion est le fait d’esprits faussés, qui vivent dans un monde tellement artificiel qu’ils ne parviennent plus à rejoindre le monde réel. […] En quel temps vivons-nous ? […] Les familles, qui, elles, vivent plutôt dans des rez-de-chaussée sur cour, ne peuvent jamais se faire à ces usages.
Port-Royal avait à vivre et à combattre de puissants ennemis. […] Le grand moraliste du portique, Marc-Aurèle, donne-t-il un autre conseil : « Il faut vivre avec les Dieux. […] Je ne peux pas… Je ne sais pas comment les Latins vivaient. […] Ils vivent, ils palpitent, ils sont nobles, ils sont roturiers. […] Un homme qui a vécu une certaine vie, senti de certains sentiments, et qui raconte cela.
Convenez cependant que ce n’était pas la peine de vivre si longtemps, pour si peu. […] — Ma foi, vivent les chefs-d’œuvre de l’ancienne tragédie ! […] Vivent les grandes tragédiennes, mais quand elles n’ont plus rien à dire ! […] elle vivait dans une si dure contrainte ! […] Faites qu’il soit amoureux d’Éliante, il sera aussi facile à vivre que Philinte.
L’auteur de ce roman a longtemps vécu en Italie et y a beaucoup aimé le séjour de Rome, l’impression majestueuse et sévère des ruines, le profil encore conservé des caractères antiques sous la frivolité des mœurs et l’épicuréisme des sentiments. […] Tant de hautes facultés dissipées tour à tour dans un emploi mercenaire et dans d’indignes plaisirs, la confusion de tous les rangs et de toutes les conditions dans le même cercle d’intrigues sensuelles, cette familiarité délicate, ingénieuse encore dans sa licence, où vivent pêle-mêle, en confidents ou en rivaux, cardinal, prince, abbé, intendant, favori : c’était là un fonds de roman tout à fait hors des données vulgaires, et duquel, avec une âme sérieuse et tournée à l’histoire, on devait tirer de fortes leçons.
Vivez longtemps pour la science, pour ceux qui vous aiment ; vivez pour notre chère patrie, qui se console de bien des défaillances en montrant au monde quelques enfants tels que vous.
Thème à Variations (Notes sur un art futur) C’est une opinion surannée, où vivent divers stylistes, que tout est dit, qu’il s’agit de prendre garde à la décoration de nos émotions, de peur que nos émotions n’expirent de l’indifférence universelle. […] Car ils prennent garde que toutes choses vivent une vie métaphysique ; qu’il n’y a pas de si médiocre molécule qui ne soit le signe d’une existence abstraite ; que le visible demeure le symbole de l’invisible1 ; que la beauté extérieure dénonce la beauté intime2 ; que comme l’âme humaine est le miroir où reluit le monde, le monde est le miroir où reluit Dieu ; que tout s’exalte et tourbillonne dans un ouragan d’amour ; que tout halète et s’agenouille et prie pour l’offrande universelle au Seigneur.
Au contraire le poëte comique dépeint nos amis et les personnes avec qui nous vivons tous les jours. […] Si la comedie ne corrige pas tous les défauts qu’elle jouë, elle enseigne du moins comment il faut vivre avec les hommes qui sont sujets à ces défauts, et comment il faut s’y prendre pour éviter avec eux la dureté qui les irrite et la basse complaisance qui les flatte.
sinon que, tout ce que nous gagnons sur la volonté de vivre, nous le gagnons sur l’instinct et sur l’égoïsme ? […] Comme si ce n’était pas assez déjà que de la vivre, leur vie parisienne ! […] Et on en pourra vivre aussi longtemps qu’on en lira, c’est-à-dire aussi longtemps que l’homme aimera les « histoires ». […] C’est que, le plaisir du théâtre étant une forme du plaisir de vivre, et de vivre en société, le théâtre ne saurait s’accommoder d’une esthétique dont le premier mot est la négation ou la dérision de ce plaisir lui-même. […] À la vérité, ce sont les plus difficiles à faire marcher à faire parler, à faire vivre sur la scène.
(Vivre d’abord, philosopher ensuite.) […] Comme il ferait bon y vivre et même y mourir ! […] Bernardin de Saint-Pierre a vécu en qualité d’ingénieur parmi les pamplemousses où il a placé son célèbre roman de Paul et Virginie. […] Il faut vivre de ta plume. […] On n’était pas étouffé dans la foule. » Mais qu’il soit rude ou adouci, éclatant ou dissimulé, le servage économique des écrivains, j’entends par là leur dépendance à l’égard de ceux qui les font vivre, ne disparaît jamais ; il est un des facteurs perpétuels et importants de la littérature.
Car il ne me semble pas vivre, il ne connaît pas la consolation de la vie, le mortel qui, éloignant son cœur du vin, boit quelque autre boisson d’invention nouvelle15. […] On se remit à l’instant à vivre, à vivre avec délices, à jouir éperdument des dons naturels, de l’usage de ses sens, des plaisirs libres et faciles, du charme des réunions surtout et de la cordialité des festins. […] ; et, du café des Variétés au café de Chartres, on s’en allait fredonnant la devise de Désaugiers et du Caveau : Aime, ris, chante et bois, Tu ne vivras qu’une fois. […] Désaugiers, en ce genre, a la veine plus grasse qu’aucun de ses devanciers et de ses contemporains ; mais on ose mieux louer en lui les vifs et légers accès de son humeur jaillissante, au nombre desquels je rappellerai encore la Manière de vivre cent ans (1810). […] Celui qui plie à soixante ans bagage, S’il vécut bien, vécut assez longtemps.
— Pas un opéra ne réussit plus depuis nombre d’années ; les théâtres de musique vivent de vieilles renommées et d’accessoires chorégraphiques : au contraire les entreprises symphoniques prospèrent. […] Ainsi, pour le public parisien, mieux que ce n’eût été dans une salle de spectacle quelconque, cette première fois a vécu l’épopée du premier acte de la Walküre, —-l’une des plus brillantes pages du Maître, certes des moins affinées, des moins émotionnelles, grossière même en sa psychologie rudimentaire. […] Et cette représentation devait être un drame, car dans un drame seulement peuvent vivre les idéals ; et ce drame devait naître de la musique, car la musique seule peut exprimer l’âme profonde de l’homme, de la nature, et le Divin. […] Pour que ces deux mondes soient en harmonieuse contordance, il faut que cet art devienne en nous une vivante morale, il faut qu’en nous-mêmes nous vivions cet art, comme le Maître lui-même l’a vécu. Car voir et créer sont un dans l’artiste ; Wagner a dit : « Le vrai poète produit ce qu’il a vu, non ce qu’il a vécu : le voyant est par sympathie lié en créateur à ce qu’il a vu. » De cette sympathie naît l’harmonie de l’œuvre d’art, et la plus parfaite expression de la sympathie c’est l’art d’harmonie, la musique.
Bell et Beckford symbolisent la bourgeoisie orléaniste, qui n’estime que l’activité industrielle et l’argent ; le poète, délaissé, raillé, inutile, affamé, sent dans un tel monde une impossibilité de vivre. […] Comme dans ses poèmes, il a su donner aux figures symboliques une précision intense, qui les l’ait vivre : Beckford, avec sa sottise bouffie, Bell, avec sa vulgarité dure, le quaker, qui enseigne la vertu sans niaiserie et sans bavardage, et surtout cette exquise Kitty Bell, si pieuse, si dévouée, si pure, si tendre, que la pitié mène à l’amour, et qui n’avoue son amour que par sa mort, tous ces caractères sont fortement conçus, vrais à la fois comme réalités et comme symboles. […] Voyez l’oncle Van Buck, et la tante de Cécile, et l’abbé : ces gens-là ne sont pas compliqués, mais ils vivent. […] Les romantiques n’ont pas réussi peut-être à faire vivre leur drame : ils ont réussi du moins à empêcher la tragédie de vivre. […] Le drame historique ne vivait pas.
En vérité, serait-ce la peine de sacrifier sa vie et son bon-heur au bien de la société, si tout se bornait à procurer de fades jouissances à quelques niais et insipides satisfaits, qui se sont mis eux-mêmes au ban de l’humanité, pour vivre plus à leur aise ? […] L’humanité a vécu dans les formes anciennes jusqu’à ce qu’elles soient devenues trop étroites ; alors elle les a fait éclater ; mais croyez-vous que ce fût par colère contre ces formes ? […] Allez, les générations ensevelies sous ces masses ont plus vécu que si elles avaient végété heureuses sous leur vigne et sous leur figuier 176 J’ai sous les yeux en écrivant ces lignes la grande merveille de la France royale, Versailles. […] Car le but de l’humanité n’est pas que les individus vivent à l’aise, mais que les formes belles et caractérisées soient représentées et que la perfection se fasse chair. […] C’est qu’il fallait que les juifs fussent durs, vivaces, ce qui entraînait bien un inconvénient, c’était qu’ils vécussent au-delà du jour où ils étaient utiles.
À cette intelligence près d’une langue qui était pour elle la langue de la foi et de la prière, cette compatriote de Clémence Isaure eut le bonheur de vivre ignorante, — littérairement du moins, — et ne se développa que par le sentiment et la contemplation dans la solitude. […] Mlle de Guérin était une de ces imaginations avec lesquelles il est aisé de vivre. […] Ainsi, elle avait des amies, cette solitaire, des relations, des connaissances avec qui elle vivait, toute supérieure qu’elle fût, dans un charmant plain-pied de cœur. […] « Quand le ciel tomberait, écrivait Eugénie, il n’ajouterait rien à mon accablement. » Sans la foi, qui lui fit soutenir sa croix, à deux bras sur son cœur brisé, elle aurait, comme tant d’autres, qui ont l’air de vivre et qui sont finis, été finie à la source des palpitations et dans les racines mêmes de son être. […] si elle avait vécu plus longtemps, si elle avait vu s’élever de sa tombe cette gloire touchante dont elle ne se doutait pas et qui maintenant est la sienne, la faiblesse des plus purs comme des plus forts est si grande qu’elle se serait peut-être enivrée à cette coupe, que les âmes, émues par elle, appellent son génie, et l’auteur, la femme littéraire qu’elle ne fut jamais, aurait bien pu commencer de poindre et d’apparaître.
Ce n’est pas à dire qu’au siège de Paris (1590) Henri IV, prenant pitié de ceux mêmes qu’il pressait et qu’il affamait, ait favorisé, comme on l’a raconté, l’entrée des vivres dans cette capitale, qui était déjà la sienne. […] Ce furent ses capitaines et ses officiers qui, peu exacts et peu fidèles, non point par humanité, mais par avarice ou légèreté, permirent sur plus d’un point l’entrée des vivres « pour en retirer des écharpes, plumes, étoffes, bas de soie, gants, ceintures, chapeaux de castor et autres telles galantises ». […] L’anecdote de l’entrée des vivres dans Paris n’est qu’une hyperbole qui suppose un grand fonds de vérité. […] Il les compare spirituellement à cette fourmilière de procureurs au Palais, qui nourrissent les procès et qui en vivent. […] Durant le blocus de Paris, c’était une chose presque réglée que des bateaux chargés de vivres remontaient la Seine par la connivence des gouverneurs des places riveraines (Mantes, Meulan), que Henri IV avait recouvrées.
Sur les bords de l’Isère, apercevant les ruines du château Bayard : « Ici naquit Pierre Du Terrail, cet homme si simple, dit Beyle, qui, comme le marquis de Posa de Schiller, semble appartenir par l’élévation et la sérénité de l’âme à un siècle plus avancé que celui où il vécut. » Mais pourquoi, à la page suivante, en visitant le château de Tencin, Beyle, venant à nommer le cardinal Dubois, tente-t-il en deux mots une réhabilitation qui crie : « La France l’admirerait, dit-il de ce cardinal, s’il fût né grand seigneur ? […] Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie. […] Le reste n’est que l’ouvrage d’un homme d’esprit qui se fatigue à combiner et à lier des paradoxes d’analyse piquants et imprévus, auxquels il donne des noms d’hommes ; mais les personnages n’ont point pris véritablement naissance dans son imagination ou dans son cœur, et ils ne vivent pas. […] Celui-ci a tout simplement parlé de Beyle romancier comme il aurait aimé à ce qu’on parlât de lui-même : mais lui du moins, il avait la faculté de concevoir d’un jet et de faire vivre certains êtres qu’il lançait ensuite dans son monde réel ou fantastique et qu’on n’oubliait plus. […] Ampère, à ce que m’en dirait Jacquemont s’il vivait, ceux en un not qui l’ont beaucoup vu et goûté sous sa forme première. — Au physique, et sans être petit, il eut de bonne heure la taille forte et ramassée, le cou court et sanguin ; son visage plein s’encadrait de favoris et de cheveux bruns frisés, artificiels vers la fin ; le front était beau, le nez retroussé et quelque peu à la kalmouck ; la lèvre inférieure avançait légèrement et s’annonçait pour moqueuse.