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171. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 428-429

Il les a rendus raisonnables, intéressans, les a soumis aux regles de l’intrigue, de l’unité ; s’il ne les eût pas faits si longs, le commun des Lecteurs pourroit s’en accommoder encore, à l’exemple de quelques Poëtes qui y ont puisé tant de fois les situations, les sujets même de leurs Opéra & de leurs Tragédies. […] Le Cardinal de Richelieu, quoiqu’admirateur indulgent, ne put s’êmpêcher de dire d’une des Tragédies de la Calprenede, que le moindre de ses défauts étoit d’écrire en vers lâches.

172. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 283-284

Où a-t-il pris, entre autres choses, que la Morale n’a jamais été développée avec plus de vérité & plus de charmes que de nos jours ; que ce sont nos Ecrivains modernes qui ont réduit les Romans à être l’image de la Nature & l’Ecole de la Vertu ; que nos Tragédies modernes ont plus de pathétique & d’utilité que celles de Corneille & de Racine ; que les maximes des Tragédiens de nos jours sont plus vraies, & inspirent plus d’humanité ? M. de Méhégan n’avoit sans doute pas lu tous ces Ouvrages où la Morale est si fort défigurée sous le pinceau philosophique ; ces Romans où la vertu n’est rien moins que le but de ceux qui les ont composés ; ces Tragédies où le sentiment a beaucoup plus d’appareil & de machinisme, que de naturel & de réalité ; ces tirades aussi déplacées qu’audacieuses, qui ne peuvent plaire qu’à des esprits gâtés, qui ne peuvent être pardonnées que par des ignorans qui ne sentent pas combien elles sont hors de propos.

173. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 130-131

Rotrou, [Jean] né à Dreux en 1609, mort dans la même ville en 1650, le meilleur, après Corneille, des cinq Poëtes choisis par le Cardinal de Richelieu, pour exécuter les sujets de Tragédie ou de Comédie que ce Ministre leur fournissoit lui-même. […] Sa facilité étoit étonnante : une Tragédie s'imaginoit, se composoit, s'exécutoit souvent en quinze jours, ce qui n'est certainement pas le moyen d'atteindre à la perfection.

174. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Les idées philosophiques ont pénétré dans les tragédies, dans les contes, dans tous les écrits même de pur agrément ; et Voltaire, unissant la grâce du siècle précédent à la philosophie du sien, sut embellir le charme de l’esprit par toutes les vérités dont on ne croyait pas encore l’application possible. […] Mais sans imiter les incohérences des tragédies anglaises, sans se permettre même de transporter sur la scène française toutes leurs beautés, il a peint la douleur avec plus d’énergie que les auteurs qui l’ont précédé. […] L’émotion produite par les tragédies de Voltaire est donc plus forte, quoiqu’on admire davantage celles de Racine. […] Les pensées qui rappellent, de quelque manière, aux hommes ce qui leur est commun à tous, cause toujours une émotion profonde ; et c’est encore sous ce point de vue que les réflexions philosophiques introduites par Voltaire dans ses tragédies, lorsque ces réflexions ne sont pas trop prodiguées, rallient l’intérêt universel aux diverses situations qu’il met en scène.

175. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

J’ai pu retarder le tableau du développement de la comédie, comme celui du développement de la tragédie, et pour les mêmes raisons. […] La tragi-comédie et la pastorale, qui étaient plus en faveur que la tragédie même, enfermaient quelques éléments de la comédie : les autres étaient détenus par la farce, dont la représentation suivait à l’ordinaire la tragédie et la comédie. […] Même de 1649 à 1656, la comédie prend le pas sur la tragédie : sa vogue est parallèle à celle du burlesque. […] La comédie garda donc une liberté, qui fut refusée à la tragédie. […] Ses tragédies abondent en traits et en couplets qui font regretter qu’il n’ait pas résolument rejeté, comme plus tard Marivaux, la forme de la tragédie.

176. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 222-223

La Conjuration de Venise a fourni à Otwai. le sujet de sa Tragédie de Venise sauvée, représentée à Londres en 1682. […] de la Place, qui a composé aussi une Tragédie sur le même sujet, prétend que la Piece d’Otwai. est antérieure à l’Ouvrage de l’Abbé de Saint Réal.

177. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Qu’est-ce que la tragédie ? […] Et s’ils ne sont pas toute la tragédie, n’en feront-ils pas au moins les linéaments nécessaires, ou, en d’autres termes, la définition ? […] Il en est de même pour la tragédie. […] Même à Laharpe en effet, il n’eût pas pu décemment reprocher d’avoir borné sa critique à celle des « défauts » ; car qui a rendu aux « beautés » des tragédies de Voltaire une justice plus partiale, et jusqu’à leur sacrifier quelquefois les « beautés » même de la tragédie de Racine ? […] Vous intéressez vous aux tragédies de Thomas Corneille ou aux romans de Mme Cottin ?

178. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Ses Tragédies ne valent pas l’Alzire, la Mérope, &c. de M. de Voltaire ; il n’en a aucune de comparable à la Didon de M. […] La Tragédie d’Alcibiade ne fut pas moins accueillie.

179. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 102-104

Ses Tragédies lyriques sont fort inférieures à ses Ballets ; aussi est-ce à ces derniers qu’il doit la réputation qu’il conserve encore parmi les Amateurs de l’Opéra. […] Il ne se permit jamais un seul vers satirique au milieu des Critiques, des Epigrammes & des Brocards, que la médiocrité de ses Tragédies lyriques lui attira.

180. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Guizot ajoute, avec raison, qu’ils annonçaient la tragédie. Oui, la tragédie française date de là. […] Il n’y a rien de moins vivant que la tragédie ancienne, et la tragédie ancienne est fort belle. […] Le théâtre de la Renaissance eut aussi ses tragédies sacrées. […] Voilà une mort qui vaut plusieurs belles tragédies.

181. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girardin, Delphine de (1804-1855) »

. — Judith, tragédie (1843). — Cléopâtre, tragédie (1847). — C’est la faute du mari, proverbe en vers (1850). — Lady Tartufe (1853). — La Joie fait peur, comédie (1853). — Le Chapeau de l’horloger (1854).

182. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

Observations sur la comédie et la tragédie. […] Trois âges dans la poésie lyrique, comme dans la tragédie.

183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 322-324

Théophile est Auteur d'une Tragédie, intitulée Pyrame & Thisbé, que Pradon, intéressé à louer les mauvais Ouvrages, n'a pas craint de louer sans mesure. […] Quand on s'exprime ainsi, est-on propre à faire de bonnes Tragédies ?

184. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Les Suppliantes offrent le type de ce qu’Aristote appelait la « tragédie simple ». […] Les cinquante Danaïdes agglomérées en un groupe unique, n’ayant qu’une âme et qu’une voix, forment l’héroïne de cette tragédie collective ; et, quand on se rappelle leur origine aquatique, on croit voir une sorte d’Hydre féminine à têtes de vierges, qui prieraient et gémiraient à la fois. […] III. — La tragédie des Suppliantes. — Débarquement des Danaïdes à Argos. — Pélasgos les interroge. — Débats et supplications. — Vote de la cité. […] Perséphone précipitée sous la terre par le sombre Hadès, Europe emportée par le taureau divin à travers les flots, Orythie saisie par Borée, le Vent orageux dont le souffle fécondait les femmes, figurent peut-être, par un côté, ces tragédies de la plage. […] Les derniers mots de la seconde tragédie prédisent la troisième et sa nuit sanglante, où les vierges timides, transformées en furies haineuses, massacraient leurs époux d’Égypte pris au piège du lit nuptial.

185. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Ils ont ensemble de longues conversations ; ils suivent la marche de la tragédie. […] Ces tragédies ayant trouvé des défenseurs, l’abbé redoubla de colère. […] Jamais pièce n’ennuya plus méthodiquement que Zénobie, tragédie en prose, & composée suivant les règles prescrites dans le traité de la Pratique du théâtre. […] Le prince de Condé disoit : « Je sçais bon gré à l’abbé d’Aubignac d’avoir si bien suivi les règles d’Aristote ; mais je ne pardonne point aux règles d’Aristote d’avoir fait faire à l’abbé d’Aubignac une si méchante tragédie. »   Outre Ménage & Corneille, mademoiselle de Scudéri trouva dans cet abbé un censeur impitoyable.

186. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Le grand point sur la scène est de faire illusion aux spectateurs & de leur persuader, autant qu’on le peut, que la tragédie n’est point une fiction ; mais que ce sont les héros mêmes qui agissent & qui parlent, & non pas les comédiens qui les représentent. […] On lui répondit que la déclamation tragique, quoique chargée, ne détruisoit point l’illusion nécessaire au spectacle ; que l’imagination des spectateurs se prêtoit à ce langage comme à la mesure, à la rime & au chant de nos opéra ; que cette supposition, une fois admise, est une source de plaisir, pourvu que l’auteur ne la pousse pas trop loin, & qu’en conservant « la sublimité du ton de la tragédie, il suive, autant qu’il est possible, la nature, & ne fasse que l’élever sans la guinder, l’aggrandir sans l’enfler, l’ennoblir sans la détruire ». […] Ils veulent seulement que tout réponde à la dignité de la tragédie : ils s’appuyent de l’exemple de nos grands acteurs. […] Riccoboni reprit la plume pour défendre son sentiment, & pour démontrer qu’on doit réciter une tragédie, un sermon, comme on récite un plaidoyer.

187. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le Directoire disparaissait, et avec lui la dernière renaissance de la tragédie antique. […] De républicaine, la tragédie était redevenue monarchique, mais sans devenir plus nouvelle. […] Que faire d’une tragédienne, si la tragédie était morte ? Et si la tragédie n’était pas morte, que devenait le drame romantique ? […] Elle était plus qu’une tragédienne, elle était la Déesse de la tragédie.

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