Incontestablement, le théâtre classique avait eu grand tort de renoncer à cette heureuse liberté dont les tragiques grecs ne se sont pas fait faute d’user, et l’école romantique a bien fait de secouer une réserve nuisible ; cependant Lorenzaccio passe les bornes de ce qui est permis, et non seulement l’action est surchargée de personnages qui tous ne sont pas utiles, mais encore la brièveté fatigante des scènes, et le changement continuel de sujet et de lieu, aboutissent à multiplier tellement les fils de la composition, que le livre achevé, il devient très difficile de résumer ce qu’on a lu. […] Il commence à propos d’un livre ou d’une pièce de théâtre par raisonner sur le temps qu’il fait ; il s’attendrit ou il s’irrite, il se rappelle combien le ciel était gris ou bleu un autre jour ; il regarde le soleil se lever ou se coucher et quelquefois il se trompe, il met le couchant à l’Orient, et l’Orient au couchant.
Sa ruelle, est-il dit, devint le théâtre des beaux discours, du fameux duel des deux sonnets, et aussi de préludes plus graves.
Le stoïcisme, le calvinisme, un certain catholicisme janséniste, sont contraires et mortels au sentiment de la nature ; l’épicuréisme, qui ne veut que les surfaces et la fleur ; le panthéisme, qui adore le fond ; le déisme, qui ne croit pas à la chute ni à la corruption de la matière, et qui ne voit qu’un magnifique théâtre, éclairé par un bienfaisant soleil ; un catholicisme non triste et farouche, mais confiant, plein d’allégresse, et accordant au bien la plus grande part en toutes choses depuis la Rédemption, le catholicisme des saint Basile, des saint François d’Assise, des saint François de Sales, des Fénelon ; un protestantisme et un luthéranisme modérés, que les idées de malédiction sur le monde ne préoccupent pas trop ; ce sont là des doctrines toutes, à certain degré, favorables au sentiment profond et aimable qu’inspire la nature, et aux tableaux qu’on en peut faire.
Mais nous ne jouons sur les mots que sur les théâtres forains ou triviaux de nos capitales : les Grecs d’alors jouaient sur le mot dans la chaire des philosophes et dans l’académie présidée par Platon.
Monté sur un échafaud dressé en face des fenêtres du palais d’Holyrood, théâtre de son délit et séjour de la reine, il mourut en héros et en poëte. « Si je ne suis pas sans reproche comme le chevalier Bayard, mon ancêtre, dit-il, je suis du moins sans peur comme lui. » Il récita pour toute prière sur l’échafaud la belle ode de Ronsard sur la Mort ; puis, portant son dernier regard et sa dernière pensée sur les fenêtres du château qu’habitait le charme de sa vie et la cause de sa mort : « Adieu, s’écria-t-il, toi si belle et si cruelle, qui me tues et que je ne puis cesser d’aimer !
Au théâtre, les Espagnols nous donnèrent des sujets, dispensant nos poètes du labeur de l’invention.
Vie de Pascal S’il est inutile pour comprendre le théâtre de Corneille d’étudier les circonstances de sa vie, la biographie de Pascal est inséparable de son œuvre ; il n’y a pas d’écrivains qui soit plus engagé dans ses livres de toute sa personne et de toutes les parties de son humanité.
C’est Descartes que je sens dans une des plus étonnantes beautés du théâtre de Molière, dans cette logique du dialogue si libre dans ses tours, et toutefois si serrée.
Mais on a bien soutenu que ce monde n’a d’autre raison d’être que de devenir le théâtre de la moralité.
Quand, tout à coup, s’ouvrait dans la muraille de pierres de taille, une baie qui me montrait sur un petit théâtre, éclairé par une rampe de gaz, deux femmes de la prison de Clermont, deux femmes de la prison de mon livre.
C’est sans doute que la justice, bannie du reste de l’univers, a son refuge dans le cœur de l’homme, et c’est ainsi que le monde moral, né de la conscience humaine, va se relever en face du monde physique, théâtre des jeux éternels de l’atome, instrument et matière du destin.
Et ces défauts sont encore plus apparents dans le théâtre actuel de Maurice Magre, toute son œuvre présente ainsi l’aspect du camp de Wallenstein.
Je souris de voir nos Aristarques errant au foyer du théâtre après le troisième acte, dissimulant leur incertitude sous une sérénité de bon goût, s’ingéniant à trouver d’élastiques formules pour répondre sans se compromettre, et s’efforçant d’entendre le mot d’ordre, tout en paraissant le donner.
Comédien fort au-dessous de ceux du théâtre, il n’est jamais emporté par un sentiment, par la fascination d’une expression qui l’excuserait.
Au théâtre, il est encore obligé de compter avec elles.
Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains jouaient la pièce officielle et majestueuse.
Les querelles quotidiennes qui rendent intolérables les rapports d’Adolphe et d’Ellénore n’ont rien de commun avec les dissensions qui punissent souvent les unions irrégulières si exploitées de nos jours par le roman et le théâtre et qu’on est convenu de qualifier du nom de chaîne. […] Il ne fait que changer le théâtre de ses chagrins, et pour achever cette existence courte et troublée il va se battre pour la libération de la Grèce, et il meurt au moment où il se prépare à attaquer la citadelle de Lépante. […] Il résolut enfin de quitter sa patrie… Rassasié de plaisirs, il soupirait presque après le malheur : pour changer de théâtre, il serait descendu volontiers même dans le séjour des ombres. » Tel est l’état de spleen dans lequel il entreprend son pèlerinage où je ne le suivrai pas. […] De 1830 à 1840, sans parler des pièces de théâtre, on n’a pas compté, en moyenne, moins de 382 recueils de vers par an, et en 1830 ce chiffre s’était élevé à 498.