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1957. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Jésus, qui tenait fort aux bonnes vieilles mœurs, engageait les disciples à ne se faire aucun scrupule de profiter de cet ancien droit public, probablement déjà aboli dans les grandes villes où il y avait des hôtelleries 830. « L’ouvrier, disait-il, est digne de son salaire. » Une fois installés chez quelqu’un, ils devaient y rester, mangeant et buvant ce qu’on leur offrait, tant que durait leur mission. […] Plusieurs personnages qui avaient beaucoup aimé Jésus et fondé sur lui de grandes espérances, comme Joseph d’Arimathie, Lazare, Marie de Magdala, Nicodème, n’entrèrent pas, ce semble, dans ces églises, et s’en tinrent au souvenir tendre ou respectueux qu’ils avaient gardé de lui.

1958. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

« Je m’y suis toujours senti un intrus pour les initiés et un fourvoyé pour les autres. » On ne tiendra nul compte de ses protestations tardives, et ici ce n’est pas le sentiment public qui aura tort. […] Il affirme avec raison : « Je m’en tins à l’expression de mes sentiments intimes, de mes pensées, même des idées abstraites, ce qui a été, je l’avoue, mon écueil. » Qu’y a-t-il là de contraire aux tendances parnassiennes ?

1959. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Elle éprouvait elle-même un sentiment mal défini, où l’amour tient moins de place que le caprice de dominer et la fantaisie de faire souffrir. […] Elle tient à rester auprès du bien-aimé comme une sœur auprès de son frère.

1960. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Et tous les jours, à quatre heures, Armand tenait un cercle chez lui, où venaient quelques jeunes gens littéraires du quartier Latin qu’il habillait, et au milieu desquels Gaiffe tenait le haut bout, l’appelant familièrement Armandus, familiarité qui le grisait.

1961. (1902) L’humanisme. Figaro

On peut détruire les religions, on ne détruit pas le cœur de l’homme ; et il n’y a pas de philosophie qui tienne contre la force des choses. […] Il constitue le pire des attentats contre la justice, un mélo qui ne saurait faire recette et tenir sérieusement l’affiche.

1962. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Donc, nous hommes du dix-neuvième siècle, tenons à honneur cette injure : — Vous êtes 93. […] Tenir, c’est promettre.

1963. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Il avait fait une distinction psychologique importante, mais dont il ne tenait guère compte dans l’application. […] On doit donc tenir cette hypothèse pour tout à fait conjecturale.

1964. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Ernest Feydeau, Daniel, a tenu ce que promettait Fanny. […] — C’est bien pour cela que je tiens à la retirer, riposta le bohême.

1965. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Mais qu’on ne s’y trompe point ; et le christianisme, qui favorisa toujours l’avancement de la société, qui même le détermina, ne sera jamais un obstacle à ses progrès futurs ; qu’on ne s’y trompe point, disons-nous, les institutions nouvelles, réclamées si impérieusement par le besoin des peuples, ne peuvent, en aucune manière, tenir aux institutions anciennes. […] La faute, selon moi, tient, au contraire, à ce qu’on a enlevé des digues qui doivent subsister en tout temps ; car, en tout temps, il faut que les peuples soient gouvernés.

1966. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Ce ne fut que bien longtemps après que Mme Sand fut sûre de l’opinion publique, — de cette ânesse d’opinion publique, bâtée par elle et qui l’avait prise sur son dos comme un homme, qu’on la vit renoncer au califourchon sur cette bête bien apprise et ne plus faire une culotte de sa jupe, pour mieux s’y tenir. […] La Psychologie, qui devrait être le fond de ce roman, y tient fort peu de place.

1967. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

De tous, c’est celui qui tient le plus à son incognito et qui sait le mieux le défendre. […] En lisant le nom des deux célèbres sinologues au front du livre de Didot, nous nous promettions une grande volupté de lecture ; car un sinologue, ce doit être au moins la moitié d’un Chinois, tant la langue tient de place en Chine !

1968. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Puisqu’on a songé à le donner aux divers écrits de Daumas, qu’on nous permette de dire quelques mots sur cette espèce de panoplie littéraire, faite avec des livres beaux et étincelants comme des armes, et qui devront tenir une si noble place dans la littérature historique et militaire de notre temps. […] La bavarderie de l’art pour l’art lui est inconnue… L’étonnement qu’on eut donc quand le général Daumas donna ses livres au public fut un sentiment qui tenait à beaucoup d’ignorance, de superficialité et d’injustice, mais, bien loin de nuire à son succès, il en augmenta la rapidité.

1969. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Et comme tout se tient dans les sociétés, dans les idées et dans le langage, et que le désordre introduit quelque part amène le désordre partout, si les comédiens des sociétés modernes et chrétiennes sont mis là où la bassesse romaine et païenne mettait avant leur mort les empereurs, sous qui elle tremblait, où ces sociétés mettront-elles leurs vrais grands hommes, — ceux qui honorent, éclairent et servent la patrie, et, quand il le faut, meurent pour elle ? […] Nous n’avons voulu que les signaler à ceux-là qui, par l’exagération de leur langage, augmentent le danger d’un double fléau, Lorsque la société, en trop grande partie, se rue dans un cabotinage immense, lorsque le cerveau humain a besoin d’un Dieu et qu’on l’a ouvert à tout un Olympe de farceurs et de baladines, ceux qui tiennent pour les mœurs doivent s’inscrire en faux contre l’idolâtrie des comédiens et des comédiennes.

1970. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Qui tient l’idée générale d’un livre tient ce loup par les deux oreilles.

1971. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Ainsi, encrassement d’influences, fond de pot de toutes les idées, le xviiie  siècle est en nous à des profondeurs effrayantes, et ce n’est pas tout, nous tenons à lui par la préférence, par le choix de l’âme abaissée, par l’admiration et par l’amour. […] Il a, dans son énorme volume, dans cette Encyclopédie des immoralités du chef de la philosophie du xviiie  siècle, allégué un nombre de faits très intéressants pour tout le monde, pour les amis et pour les ennemis, et puisqu’on parle de la morale des philosophes comparée à la morale chrétienne, nous savons maintenant à quoi nous en tenir !

1972. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il avorta lâchement dans la monstruosité… En traçant ce portrait, le peintre qui tenait le pinceau ne l’a pas laissé mollir une seule fois. […] Mais ce qui est plus étonnant encore, c’est que la duchesse de Châteauroux et ses sœurs, qui sont le sujet même du livre, n’aient pas fait trembler une minute le pinceau dans la main qui le tenait.

1973. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Il savait trop l’Histoire pour l’écrire comme il l’a écrite s’il n’a pas menti aux autres et à lui-même ; si sa haine contre l’Église — une haine venue tard, dans son Histoire de France et dans sa vie, — ne l’avait pas égaré jusqu’à la honte du mensonge, d’autant plus grande qu’on tient la vérité, et Michelet la tenait !

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