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17. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Et qui donc sait mieux à quoi s’en tenir, en pareil cas, que celui qui s’observe sans cesse ? […] Il n’était pas propre aux travaux sérieux, suivis et d’ensemble, où tout se tient, où il y a commencement, milieu et fin. […] Sa note promet et ne tient pas ; là où il faudrait discuter ou trancher, elle s’arrête. […] Boissonade, M.Hase, le savant et profond philologue, l’homme minutieux et prudent, avant ses Éphèmèrides, mais il les tenait en grec. […] IL tenait même ses comptes de ménage en grec.

18. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il avait le poignet de sa chemise ensanglanté, de la main dont il tenait l’épée. […] Mécontent du prince de Condé, Bussy ne sut pas se tenir mieux avec M. de Turenne : il servit sous ce dernier après la Fronde (1653-1659). […] Il y eut de petites faveurs, ou du moins qu’il croyait telles, et qui le tenaient en haleine. […] Tout à cheval qu’il était sur sa naissance et ses aïeux, Bussy tenait à l’esprit et y était sensible autant qu’à chose du monde. […] Il tient tête à Mme de Sévigné dans sa première manière ; il la provoque avec bonheur.

19. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Toute composition dont on s’en tient à nommer le sujet, sans ajouter ni éloge ni critique, est médiocre. […] Il est de 8 pieds de haut, sur 5 de large.C’est bien pis, quand on cherche le sujet, et qu’après l’avoir appris ou deviné, on s’en tient à dire, comme de la Guérison miraculeuse de St Roch ; c’est un pauvre assis à terre, vis-à-vis d’un ange qui lui dit je ne sais quoi. […] Est-ce que l’idée de ce tonneau percé par l’autre satyre ; ces jets de vin qui tombent dans la bouche de ses petits enfants étendus à terre sur la paille ; ces enfants gras et potelés ; cette femme qui se tient les côtés de rire de la manière dont son mari allaite ses enfants pendant son absence, ne vous plaît pas [?] […] Il approche davantage de celui d’une foire qui se tiendrait en pleine campagne, où il y aurait des prés, des bois, des arbres, des champs, et une foule d’habitants de la ville et de la campagne diversement vêtus et mêlés les uns avec les autres ; comme à la foire de Bezon.

20. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IX. Chassez le naturel… »

Les deux animaux ne pouvaient se tenir en repos. […] protesta le lièvre, je saurais bien m’en empêcher, si j’y tenais absolument ». […] — « Tiens ! […] Tenons-nous en là.

21. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité. […] … Je tiens donc Victor Hugo pour l’auteur du livre : Mes premières années de Paris, d’abord par respect pour lui, et ensuite parce qu’il ne peut y avoir, dans notre ciel poétique, deux soleils de cette force : Hugo et Vacquerie ; nous serions cuits ! Je le tiens aussi pour l’auteur de ce livre, signé « Vacquerie », parce que ce livre est le plus ingénieux moyen qu’ait pu inventer une vanité aussi vaste, aussi profonde et probablement aussi blasée sur toutes les formes de l’admiration que doit l’être celle de Hugo, pour se donner la sensation dernière d’un coup d’encensoir qu’il puisse sentir encore, après en avoir tant recul II fallait, par Dieu ! […] » Et quand il tient cette ingénieuse troisième personne en parlant de lui-même, comme il la tient ! […] J’ai dans ma vie vu bien des êtres creux, coupes et cruches, bassins de toute espèce, imbécilles, ouverts et béants à toutes les choses qu’on jette dans leur vide, mais de capacité à tenir tout un homme, et quel homme !

22. (1932) Les idées politiques de la France

Maurras a appelé le Vatican la seule Internationale qui tienne. Internationale qui tient, Internationale aussi à laquelle le Vatican est tenu. […] Or non seulement l’Internationale qui tient a continué de tenir, mais la Cité du Vatican se trouve dans cette position, que le super-nationalisme, en la frappant, ne ferait qu’enfoncer et compléter l’Internationale vaticane, la faire mieux tenir encore. […] Le libéralisme tient dans une société d’idées moins la place que tient, que la place que devrait tenir la Genève du quai Wilson dans la société des nations. […] L’Église le tient pour naturellement mauvais.

23. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Loss le fit copier et le remit à M. d’Argenson sans lui dire de qui il le tenait. […] On tint la négociation secrète pour ne pas trop donner l’éveil au parti espagnol. […] Ce que l’on vous demande n’est rien ; et vous savez vous retourner, quand même vous promettriez plus que vous ne voulez tenir. […] Le duc de Luynes, un très bon esprit et qui est fort à consulter à son sujet, nous raconte une conversation de lui qu’il tenait d’un tiers digne de foi. […] Il s’y rencontre jusqu’au bout trop de détails curieux, qui tiennent aux mœurs, pour ne pas les relever.

24. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Cette Bourse-là a tenu mieux que l’autre. […] Il ne tint pas à elle que la duchesse de Bourgogne ne devînt la plus exemplaire des élèves de Saint-Cyr. […] Lisons donc du pur Louis XIV, ou mieux écoutons le grand roi causer et raconter : langue excellente, tour net, exact et parfait, termes propres, bon goût suprême pour tout ce qui est extérieur et de montre, pour tout ce qui tient à la représentation royale. […] Je vous prie, ma chère tante, de n’en point parler, en cas que je tienne la résolution que j’ai prise. […] Le roi n’a rien su de ces courses nocturnes. » Voilà les raisons qui, sans que j’y tienne beaucoup, m’ont fait hasarder un doute contraire au vœu du spirituel auteur de la Notice, et élever pour ainsi dire question contre question.

25. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Marguerite, au milieu de la vie la moins exemplaire, aura toujours avec sincérité ce coin de bonne catholique qu’elle tenait de sa race et qui, à ce degré et dans ce mélange, est plus peut-être d’une Italienne que d’une Française ; mais ce qu’il nous importe de noter, c’est qu’elle l’avait. […] C’est à quoi il veut parer : En cette appréhension, continue-t-il, songeant les moyens d’y remédier, je trouve qu’il m’est nécessaire d’avoir quelques personnes très fidèles qui tiennent mon parti auprès de la reine ma mère. Je n’en connais point de si propre comme vous, que je tiens comme un second moi-même. […] Cette liaison fraternelle et politique, ainsi nouée avec le duc d’Anjou, ne tint point. […] Ce n’est pas à nous de tenir la balance et d’entrer ici dans des détails qui seraient vite indélicats et honteux.

26. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Si Damiette avait tenu bon, on se demande ce que serait devenue tout d’abord cette multitude d’assaillants, guerriers ou pèlerins, débarqués avec femmes et enfants, et campant sur le rivage. […] À un moment, le roi eut affaire à six Turcs qui lui tenaient déjà son cheval par la bride et qui l’emmenaient : et il s’en délivra tout seul par les grands coups qu’il leur donna de son épée. […] Interrogé par lui, il n’a rien de plus pressé que de dire la vérité ; il n’est pas cousin du roi, mais il tient à l’empereur d’Allemagne Frédéric, dont sa mère est la cousine germaine. […] Le légat se fâche contre Joinville, qui tient ferme et appuie ses raisons. […] Et tout le monde qui avait à faire à lui, se tenait à l’entour debout, et lors il les faisait juger et renvoyer chacun en la manière que je vous ai dit auparavant du bois de Vincennes.

27. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Pourtant il y eut des moments où il ne tint à rien que cette existence capricieuse et violente n’allât donner sur l’écueil où ses pareilles se brisent d’ordinaire, et d’où la plus habile ne serait pas revenue. […] Ninon regrette son ami et le voudrait près d’elle : « J’aurais souhaité de passer ce qui me reste de vie avec vous : si vous aviez pensé comme moi, vous seriez ici. » À cette date, en effet, il ne tenait qu’à Saint-Évremond de rentrer dans sa patrie. […] Elles sont d’une parfaite sincérité, et la nature humaine ne s’y déguise et ne s’y guinde en rien : on lui voudrait par moments quelques efforts de plus pour se tenir au-dessus d’elle-même. […] Cependant on tient à un vilain corps comme à un corps agréable. […] Toutes les deux en ce temps-là tenaient le sceptre de l’esprit, et passaient pour les arbitres des élégances… La dernière avait été façonnée de telle sorte par la nature qu’elle semblait une Vénus pour la beauté, et pour l’esprit une Minerve.

28. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Un nez tors en nature n’offense point, parce que tout tient. […] Si j’étais initié dans les mystères de l’art, je saurais peut-être jusqu’où [l’artiste] doit s’assujettir aux proportions reçues, et je vous le dirais ; mais ce que je sais, c’est qu’elles ne tiennent point contre le despotisme de la nature, et que l’âge et la condition en entraînent le sacrifice en cent manières diverses. […] Qu’une femme laisse tomber sa tête [en devant], tous ses membres obéissent à ce poids ; qu’elle la relève et la tienne droite, même obéissance du reste de la machine. […] Tenez, regardez vos deux camarades qui disputent ; voyez comme c’est la dispute même qui dispose à leur insu de la position de leurs membres. […] Lorsque l’élève sait dessiner facilement d’après l’estampe et la bosse, je le tiens pendant deux ans devant le modèle académique de l’homme et de la femme.

29. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

— que nous tenons surtout à faire connaître dans cet article bien plus que les travaux de Hegel, qui sont connus8 et mis, par certaines gens, dans la gloire. […] Vera est tellement hégélien, qu’il pourrait bien rester tel par une de ces destinées qui tiennent à l’ordre hiérarchique des esprits dont les plus forts, dans un ordre d’idées, sont les plus fidèles ; mais s’il reste hégélien, nous lui devrons toujours Hegel, cet Hegel auquel il devra, lui, sa philosophie. […] Nous saurons enfin ce que c’est que l’hégélianisme et ce qu’il doit tenir de place dans l’histoire de l’esprit humain. […] Mais franchement, nous autres chrétiens, qui faisons notre philosophie avec nos Révélations et l’histoire, pouvons-nous tenir grand compte à Hegel et à sa doctrine de cette religion qu’il fait, lui, avec sa propre philosophie ?… Pouvons-nous admettre autrement que comme une précaution, — que certes Diderot, plus franc, n’aurait pas eue, et qui tient à l’hypocrisie de ce siècle, lequel a déplacé Tartuffe, — pouvons-nous admettre autrement que comme une précaution ce respect pour le christianisme, cette religion qui n’est pas la science et qu’Hegel a voulu montrer, en expliquant à sa manière le dogme de la Sainte-Trinité ?

30. (1933) De mon temps…

Au premier rang se tenait S. […] La nuit il était tenu éveillé par des bruits inexplicables, par des craquements insolites. […] Méry Laurent avait absolument tenu à m’en faire présent. […] Désormais, je savais à quoi m’en tenir. […] En vérité Edmond de Goncourt ne m’avait pas tenu rigueur d’être au service des Muses.

31. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Encore si elle s’en tenait là ! […] Là semble d’ailleurs s’en être tenu M.  […] Tenons donc cette notion pour acquise. […] Vous tiendriez le mot pour inexistant, comme la chose. […] Mais nous ne nous en tiendrons pas là.

32. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

S'étant attaché à la belle et célèbre tragédienne, mademoiselle Georges, il a exploité avec habileté divers théâtres, et pendant quinze ans on l’a vu toujours aventureux, toujours debout, ressemblant à un général qui, le plus souvent battu et sans troupes, trouve moyen de tenir le pays et de subsister par prodige. […] La littérature proprement dite y semble tenir moins de place, et ce n’est pas un mauvais point de vue peut-être quand il s’agit de Voltaire et que l’espace vous empêche de tout dire. […] Ce sera le moyen de le tenir en laisse par une correspondance suivie et qui soit de nature à pouvoir être publiée dans les journaux, afin qu’il soit presque toujours en scène. […] Par ce moyen nous fixerions l’inconstance de notre homme, et nous aurions en main un aiguillon qui le tiendrait toujours en haleine. » Grand homme ou du moins grand poëte, génie régnant, vous avez le manteau de pourpre et vous vous y drapez, et nul trône en effet, de nos jours, n’est plus légitime que le vôtre. […] Mais pour nous du dehors, habitués à vivre en plein air et qui tenons encore à la beauté des perspectives, l’effet, il faut l’avouer, est déplorable !

33. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il n’y a pas de vie plus unie que la sienne, ni qui se tienne mieux. […] M. de Caumartin, maître des requêtes, était nommé pour tenir les sceaux et représenter plus directement le pouvoir royal. […] Aussi, tiennent-ils la conquête de ses yeux sûre, et ne croient pas que les cœurs les plus sévères puissent tenir une demi-heure contre elle, lorsqu’elle a bien entrepris de les toucher. […] D’autres défauts pourtant tenaient à sa jeunesse, et ils disparaîtront avec l’âge. […] Mais, à ne nous en tenir ici qu’à la littérature, n’avons-nous pas aussi nos preuves ?

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