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1067. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

III Après avoir déterminé l’objet et la méthode de la psychologie, il nous reste à chercher s’il n’y a pas un art auquel cette science puisse servir de base ; s’il n’y a pas quelque science dérivée, applicable à la vie pratique, qui suppose, comme science première, la connaissance générale des phénomènes de l’esprit.

1068. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Les Oreilles ont été suivies d’une Lettre, supposée écrite par un pere à son fils, faisant l’Auteur & le Bel-esprit à Paris ; rapsodie où le Bon-homme qui sermone, auroit besoin, pour premier avis, de celui de ne pas si platement extravaguer.

1069. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Je suppose donc que M. 

1070. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Elle suppose chez celui qui l’exerce, de la lecture, de la mémoire, un esprit ouvert aux impressions artistiques, des penchants décidés mais ordinaires, une certaine modération d’âme qui rend ses appréciations conformes à celles du public et qui fait qu’il les adopte.

1071. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Supposez que tout se passe dans l’histoire de Joseph comme il est marqué dans la Genèse ; admettez que le fils de Jacob soit aussi bon, aussi sensible qu’il l’est, mais qu’il soit philosophe ; et qu’ainsi, au lieu de dire, je suis ici par la volonté du Seigneur, il dise, la fortune m’a été favorable, les objets diminuent, le cercle se rétrécit, et le pathétique s’en va avec les larmes.

1072. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Je ne demande à un maître que de bonnes mœurs qu’on exige de tout citoyen, que les lumières que l’enseignement de son école suppose, et qu’un peu de patience qu’il aura, s’il veut bien se rappeler qu’il fut autrefois ignorant.

1073. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Rien n’est plus raisonnable que de supposer que l’objet feroit sur nous la même impression qu’il fait sur elles, si nous étions susceptibles de cette impression autant qu’elles le sont. écouteroit-on un homme qui voudroit prouver par de beaux raisonnemens que le tableau des nôces de Cana de Paul Veronese qu’il n’auroit pas vû, ne sçauroit plaire autant que le disent ceux qui l’ont vû, parce qu’il est impossible qu’un tableau plaise lorsqu’il y a dans la composition poëtique de l’ouvrage autant de défauts qu’on en peut compter dans le tableau de Paul Veronese ?

1074. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Il ne faut pas cesser de le répéter, parce qu’il ne faut pas cesser d’entourer de respect ce qui a été : venir en son propre nom, pour employer une expression heureuse de Bacon, suppose une haute vanité, une présomption condamnable, un orgueil qui doit être réprimé.

1075. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

— ou que la Portinari ne fût pas morte à douze ans, mais qu’elle eût vécu sur le cœur du Dante, — et supposez qu’on vînt vous dire, tout à coup, ce matin, que toutes les deux ont écrit, — l’une sur Pétrarque, l’autre sur Dante, — avec quelle violence d’intérêt ne vous jetteriez-vous pas sur le livre qu’elles auraient laissé !

1076. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Double vie, qui suppose la plus puissante tranquillité de corps et d’âme, ou quelque chose de bien plus étonnant encore que cette tranquillité… Il est évident que, pour elle, les lois humaines sont renversées, et que la meilleure manière de la comprendre, c’est de dire qu’on ne comprend plus !

1077. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Bientôt cet honneur devint commun ; la flatterie et le mensonge ne tardèrent point à le corrompre ; on exagéra le bien, on fit disparaître le mal, on supposa des actions qui n’avaient point été faites, on créa de fausses généalogies ; enfin, à l’aide de la ressemblance des noms, on se glissa dans des familles étrangères, tant la fureur d’exister par ce qui n’est plus, et de prendre un nom pour du mérite, a été commune à tous les siècles.

1078. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

. — Bien que vraisemblablement elle ne soit jamais destinée à devenir populaire, on peut supposer qu’en fin de compte les préventions injustes, qui l’ont assaillie dès le début, tomberont devant la postérité. […] C’est par elles qu’il a affirmé sa personnalité et on peut supposer qu’il en eut conscience en lisant les huit derniers vers qui ferment le volume des Fleurs du Mal, et qui semblent placés là en forme de conclusion et de résumé. […] Ce sera l’amour du mal pour le mal, sentiment rare sans doute, mais non pas si exceptionnel ni si inexplicable qu’on le suppose. […] Un rhéteur, si prestigieuse que nous supposions sa rhétorique, ne tient guère contre un examen quelque peu approfondi ; sans conviction véritable, grâce à une certaine dextérité de main, il arrive à emprunter les procédés de forme ; il n’empruntera jamais, sans y croire, le fonds même d’une doctrine. […] Dans les faits de l’espèce que nous citons, il est permis de supposer des défaillances momentanées et exceptionnelles, sans qu’il soit besoin de recourir à des théories philosophiques assez subtiles et imparfaitement démontrées.

1079. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Haussmann… Eh bien, supposez une chambre : à la fenêtre un balcon, dans une encoignure un canapé. […] Il suppose toutes, les règles établies, tous les cas éclaircis. […] Zola suppose résolue la question des rapports du physique et du moral. […] Cette méthode suppose d’abord qu’on a des yeux et qu’on s’en sert pour voir. […] Elle suppose qu’on sait mettre en valeur les traits qu’on a recueillis.

1080. (1924) Critiques et romanciers

Et Veuillot n’a pas tort de supposer que Molière n’aurait pas donné au Roi cette leçon ; mais il a ton de le regretter. […] » Et il disait que les morts sont plus indifférents qu’on ne feint de le supposer. […] Il se flatte de ne vous offrir que des « impressions » ; les jugements supposent une décision qu’il redoute. […] Les choses voient : si l’on suppose qu’elles voient, comme elles gardent le souvenir des êtres qui les ont eues pour compagnes de leurs journées, on peut supposer aussi que leur vision dépasse les apparences qui sont la limite de nos regards ; et l’on peut leur prêter une aptitude singulière à pénétrer jusqu’au tréfonds de la vie secrète. […] Un long roman supposerait qu’on a su attraper une grande étendue de réalité : quelle ambition, souvent déçue !

1081. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Supposez un aveugle-né, doué du sens artiste ; il caressera de même un morceau de sculpture et ce sera bien sa sensation de tact qui sera belle. Inutile de supposer un aveugle. […] Herckenrath en propose une : « Il faut supposer que nous avons affaire à un penchant qui est sorti de ses limites primitives. […] Rien dans toute la théorie évolutionniste ne suppose ou implique l’idée de progrès. […] Mais cette page, qu’il faut supposer copiée par Sainte-Beuve sur un manuscrit avant l’impression et gardée par lui dans ses archives, comment l’a-t-il eue ?

1082. (1923) Nouvelles études et autres figures

Mais l’Islam supposait toujours que les âmes des Justes, de la mort à la résurrection, résidaient dans des lieux de délices dont la félicité ne pouvait encore se comparer à la gloire éternelle. […] Les Arabes supposaient que la montagne dont il couronnait la cime était le pic de Ceylan, où Adam a laissé sur le roc la trace de son pied. […] Supposons que nous en ignorions les dates : on les daterait de cinq ou six ans plus tard, et l’on y reconnaîtrait, à travers toutes les extravagances, le souvenir des aventures de l’auteur. […] Tout le talent du monde ne peut empêcher que, si divers qu’on les suppose, les spectacles de la nature, où l’homme ne joue qu’un rôle intermittent de comparse, ne nous lassent et ne s’affaiblissent ou ne se brouillent dans notre mémoire. […] Alors, pour peu qu’on ait le goût des rêves et des conjectures, il est possible de recomposer toute une société morte et permis de supposer beaucoup de choses qui n’existent plus, en fait d’art comme en fait de galanterie.

1083. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Qu’il suffise de demander à nos critiques si nous sommes seuls comptables du tort que nous avons — soit supposé — de nous complaire dans ces ténèbres formelles ? […] s’il n’y aurait pas de la noblesse en ce parti-pris — supposé encore qu’il y ait parti-pris — d’éviter la faveur des gens qui fêtent tant d’odieuses turpitudes ? […] S’il n’a formellement dit que la Beauté suppose la Vérité, qu’un jour l’homme se laissera guider par celle-là vers celle-ci, je ne le crois pas très hostile à cette pensée. […] On peut supposer qu’un amour trop soigneux des détails, pourtant tous graves et desquels chacun reflète l’ensemble, efface en lui ce besoin supérieur de coaliser pour un seul but tous les efforts de la pensée. […] Bourget, où l’induisit, je suppose, sa nature délicatement sensuelle, trop dolente et, dirais-je, douillette, fut de laisser dans ses romans d’âme s’insinuer la tristesse animale des romans de chair.

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