Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie, Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain, qui bouillonne et qui fume, Dans le rhythme profond, moule mystérieux, D’où sort la Strophe, ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire, et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore ! […] L’enfant l’y suivit et y demeura jusqu’à l’âge de trois ans. […] Une tendresse austère et réservée, une discipline régulière, impérieuse, peu de familiarité, nul mysticisme, des entretiens suivis, instructifs et plus sérieux que l’enfance, tels étaient les grands traits de cet amour maternel si profond, si dévoué, si vigilant, et de l’éducation qu’il lui dicta envers ses fils, envers le jeune Victor en particulier. […] Comme il les destinait à l’École polytechnique, il les plaça dans la pension Cordier et Decote, rue Sainte-Marguerite ; ils y restèrent jusqu’en 1818 et suivirent de là les cours de philosophie, de physique et de mathématiques au collége Louis-le-Grand.
Ampère est arrivé à dominer avec étendue et certitude les siècles plus connus qui suivent et qui ne font plus que collines ou plaines ; il faut voir comme, sans hasarder, sans faire d’irruption fougueuse, et toujours avec sa hardiesse régulière, il y porte des directions neuves et longues, ou les prend à la descente par des revers justes, mais inattendus. […] Ampère d’avoir un peu trop négligé la part directe de l’antiquité classique et païenne jusque dans le christianisme, de n’avoir pas assez suivi les coutumes, la légende, parfois les divinités même se glissant d’un monde à l’autre, à peine transformées. […] Un discours préliminaire expose l’état des sciences et des lettres dans les Gaules avant Jésus-Christ ; suivent par ordre de date, à partir de Pythéas, les divers savants et littérateurs ; on donne la biographie d’abord, puis la liste, l’analyse et la discussion des écrits. […] Quand j’étais malheureux, souvent, lassé du monde, Je m’abîmais au sein d’une extase profonde ; Dans un ciel de mon choix mes sens étaient ravis ; Indicibles plaisirs de longs regrets suivis !
Et il faut voir, dans tout le récit, de quel intérêt le sage maréchal de Champagne et Romanie suit, avec quel plaisir il relate les « aventures » de quelques-uns de ses compagnons : non les imprudences du champ de bataille, qu’il blâme, mais les pointes hardies en terre étrangère, les sauts dans l’inconnu, si l’on peut dire, comme les étranges chevauchées de son neveu Geoffroy qui lia partie avec quelques barons de conquérir la Morée et s’en alla faire souche de prince. […] Parla, il a convaincu tout le monde, et légitimé l’expédition : les croisés qui aimaient mieux aller à la croisade contre les Infidèles, ont tint par suivre ; les lecteurs, avant ces méticuleux critiques de nos jours, n’ont pas raisonné. […] La foi servant à la politique, les actes égoïstes sortant d’une volonté de sacrifice, la cruauté et l’intérêt se faisant ministres de la justice et vengeurs du crime, on voit apparaître ici, quand on lit bien, quelques-uns des éternels sophismes, des incessantes contradictions de la faible humanité qui ne peut renoncer ni à rêver le bien ni à suivre son bien. […] Garnier de Pont-Sainte-Maxence, ayant recueilli les témoignages des amis, des parents, de la sœur du saint, la composa dans les deux ou trois années qui suivirent le meurtre, en strophes de cinq alexandrins monorimes, et la récita plus d’une fois aux pèlerins venus pour visiter le tombeau63.
Vous réservez vos prix pour la femme dévouée, pour l’homme du peuple courageux, qui, sans se douter de l’existence de vos fondations, ont suivi l’inspiration spontanée de leur cœur. […] Parmi les quarante ou cinquante vies vertueuses dont les actes authentiques ont passé sous nos yeux, il n’y en a pas une qui, à n’envisager que les rémunérations mondaines, n’eût gagné à suivre une autre direction. […] Souvent on la voit assise sur une chaise, dans la salle du cabaret, attendant que son père veuille la suivre ; elle espère abréger ainsi la séance et diminuer des dépenses funestes à la famille. […] Elle n’a pas, comme les autres jeunes filles de la campagne, suivi le changement des modes ; elle a gardé son costume et sa coiffure de villageoise ; elle le porte avec une rare distinction ; car voici la silhouette exquise que M. le curé de Château-l’Évêque nous a envoyée d’elle : « Un trait vous fera comprendre l’impression profonde que l’on ressent en voyant Emmeline Nadaud.
Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi. […] Une particularité du caractère de Louis XIV était son respect pour la bienséance, que La Rochefoucauld appelle la moindre de toutes les lois et la plus suivie. […] Le roi, fort affligé, se retira à Marly : madame de Maintenon l’y suivit. […] Je n’ai pas eu le dessein d’écrire la vie entière de madame de Maintenon, et de la suivre dans son existence politique.
Gil Blas se publia successivement en quatre volumes, dont les derniers suivirent à des époques assez éloignées. […] Lesage était un philosophe pratique ; de bonne heure il aima mieux suivre son inclination et obéir à ses goûts que de se contraindre. […] Il suivit dans la composition de ce Bachelier son procédé ordinaire. […] [NdA] Sa surdité presque complète ne l’avait nullement empêché, durant des années, de suivre la représentation de ses pièces : il n’en perdait presque rien, et disait même qu’il n’avait jamais mieux jugé du jeu et de l’effet que depuis qu’il n’entendait plus les acteurs.
La pratique suivra : La révolution de Juillet ne nous a rendu ni plus ni moins ardents que nous ne l’étions sous le dernier gouvernement… L’obstacle est écarté… il n’y a plus qu’à marcher avec un juste sentiment de ce qu’il y a d’avenir dans ce seul fait : Plus de royauté ennemie des institutions ; et l’on arrivera à tous les biens que tant de systèmes successivement essayés ont promis sans jamais tenir. — Ce n’est pas là de l’optimisme, ajoute Carrel, c’est une juste confiance dans le principe essentiel de notre gouvernement : la souveraineté du peuple représentée par la souveraineté des majorités parlementaires. […] Il s’est arrêté quelques instants devant une des batteries d’artillerie de la Garde nationale… On s’est précipité autour du roi pour lui presser la main, comme le jour de son arrivée de Neuilly ; un canonnier lui a présenté un verre de vin qu’il a bu tout à cheval… Tel est le bulletin du 1er novembre (1830) de la plume de Carrel même, et rien n’annonce encore le duel personnel et la guerre à mort qui suivront. […] Il ne s’agit point pour nous de suivre Carrel dans cette série d’articles des premiers mois de 1831, ni dans le tous-les-jours de cette marche, où il se rencontrerait plus d’un accident et d’un retour : ce qui nous importe, c’est de noter les moments où la manœuvre change, et où il donne un coup au gouvernail. […] Voilà le nouveau champ où nous aurons à le suivre et à le caractériser.
Ayant acheté, sur l’invitation du cardinal-ministre, la charge de premier aumônier de Monsieur, frère de Louis XIV, il se trouva introduit plus qu’il n’aurait voulu dans une autre petite cour plus périlleuse encore et plus semée d’écueils que celle du prince de Conti ; il s’y conduisit bien et avec honneur ; il donna à Monsieur des conseils virils et dignes de sa royale naissance, que ce prince puéril ne suivait que par accès et faiblement. […] « Dans cette pensée, dit-il, je ne vis d’autre expédient que de m’insinuer dans l’esprit de mon maître, sans éclat et sans bruit, par mon zèle et par ma complaisance. » Quand le prince est malade, ce qui lui arrive souvent, Cosnac est assidu, et, par cette assiduité, il l’emporte aisément ces jours-là sur Sarasin et sur les autres domestiques qui ont au-dehors leurs plaisirs à suivre et leurs amours. […] Il (Sarasin) les avait suivis et soutenus dans le commencement à cause de moi ; mais alors, étant devenu amoureux de la Du Parc, il songea à se servir lui-même. […] Cette première surprise fut suivie presque aussitôt d’une si grande abondance de larmes, que je fus persuadé qu’elle aimait sincèrement ce prince ; mais, peu après, elle m’épargna toutes les paroles que je cherchais pour la consoler, et entra en conversation sur des choses indifférentes avec autant de tranquillité que s’il ne se fût rien passé dans son âme.
L’intérêt pour les lettres étrangères se confirme avec l’article de Pol Michels sur l’expressionnisme allemand suivi de poèmes et d’un article du yougoslave Boško Tokin sur le futurisme, tandis que l’article de Follin rappelle l’ancrage politique de la revue. […] J’ai constaté combien il est facile à la foule spectatrice de suivre et de comprendre les moindres nuances des différents états d’âme de l’aviateur Etant donnée l’identification du pilote et de son aéroplane, celui-ci devient le prolongement de son corps : les os, les tendons, les muscles et les nerfs se prolongent dans les fils et les câbles. […] Les arrêts soudains suivis de spirales plus ou moins prolongées, les cabrements, les plongeons, et toutes les combinaisons infinies de ces manœuvres donnent la représentation exacte et claire d’une suite d’état d’âme. […] Le texte de Pol Michels est suivi de poèmes de Jakob van Hoddis, Gottfried Benn, Albert Ehrenstein, Wilhelm Klemm et Pier Vanaichen, extraits de l’anthologie dirigée par Kurt Pinthus, Menschheits Dämmerung.
Ratisbonne est trop jeune pour avoir suivi et connu M. de Vigny dans la plus grande partie de sa carrière, et il ne se pose point cette question : M. de Vigny, nature de tout temps élevée et digne, n’a-t-il pas lui-même changé avec les années, et n’a-t-il pas cessé, à un certain moment, d’être ce qu’on appelle aimable ? […] Peu importait en ce moment, l’essentiel était fait ; Alfred de Vigny était entré dans notre galerie ; sans être satisfait en tout, il n’était point fâché, il ne nous en voulait pas : il m’écrivait à cette occasion en son style poétique : « Je vois que de toutes les Constellations que j’ai suivies, c’est encore à la Lyre que vous donnez la préférence. » Il avait raison.
L’un des maîtres de l’humanisme français, Budé, enfermé dans son grec et sa philologie, donne déjà des exemples de prudence et d’abstention, que tous ses successeurs ne suivront pas : pendant tout le siècle on rencontrera des natures réfractaires à la spécialisation, ou qui mêleront toutes les passions du temps dans leur activité scientifique ; mais le mouvement se fait en sens contraire. […] Au milieu de toutes ces témérités, Robert Estienne, suivi plus tard par son fils Henri, énonce le principe à qui l’avenir appartient : la souveraineté de l’usage.
Madame Jurieu se trouva dans la nécessité de suivre son mari hors du royaume. […] On ajoute que, dans cette conversation, ne répondant le plus souvent à l’abbé de Polignac que par des vers de Lucrèce, cet abbé conçut dès-lors le dessein de donner une réfutation philosophique & suivie de l’ouvrage entier du poëte latin, ce qu’il a fait dans son Anti-Lucrèce.
Sur les épreuves l’écriture s’accentue : plus accusée que dans le manuscrit, elle suit le bouillonnement de la pensée. […] La notice qui suivra contiendra le fac-simile d’une page de l’exemplaire de Louis Lambert corrigé, dont M.
Mais le goût s’accroissant avec la richesse et le luxe, bientôt l’architecture des temples, des palais, des hôtels, des maisons, deviendra meilleure ; et la sculpture et la peinture suivront ses progrès. […] Si nous rencontrions dans la rue une seule des figures de femmes de Raphael, elle nous arrêterait tout à coup, nous tomberions dans l’admiration la plus profonde, nous nous attacherions à ses pas, et nous la suivrions jusqu’à ce qu’elle nous fût dérobée.
S’il a suivi l’histoire de la même famille ? […] Médite-t-il un sujet, il en est obsédé, suivi partout.
qu’ils ne s’en vont pas tous finir à la Morgue et à Bicêtre, mais qu’il en est qui se décident à emboîter le pas… gymnastique, pour aller plus vite, derrière cette société en marche qu’ils ne voulaient ni servir ni suivre, et même à avoir avec elle de ces manières très peu sauvages à l’aide desquelles on prend le succès à Paris. […] Ce que je lui reproche, c’est de ne traîner dans tout son livre, qui commence par cette eau-forte des Réfractaires suivie de l’eau faible des Irréguliers de Paris, qui sont encore des réfractaires, mais des clairs de lune de réfractaires, et qui finit par ce roman de pitres et de monstres, qui sont des réfractaires encore, mais, ceux-là, descendus à la plus basse puissance du dégoût ; oui !
Il nous reste à suivre, avant cette époque, le jeu de la lyre dans les soins, les passions, les plaisirs familiers de la vie. […] Ces pièces, cependant, d’un tour simple et délicat, étaient aussi des odes et doivent être comptées parmi les modèles que suivit Horace.