Ses drames de Fiesque et de l’Amour et l’Intrigue n’y eurent aucun succès. […] Schiller, quoique étranger au professorat et à l’histoire, ouvrit son cours en 1789 avec un succès qui prouvait son aptitude universelle. Goethe, aussi fier de ce succès que Schiller lui-même, ne manqua pas une occasion de faire valoir son nouvel ami à la cour de Weimar. […] Une plus tendre étreinte resserre le cœur des deux rivaux après ce succès monumental de Wallenstein ; les lettres deviennent plus pressées et plus confidentielles ; ils pensent, ils sentent, ils vivent à deux. […] Ces trois hommes ont eu des imitateurs trop tentés par les succès faciles du ricanement spirituel ; ils règnent aujourd’hui sur la jeunesse au cœur léger ; ils la mènent en chantant et en titubant, comme des ménétriers ivres dès le matin, aux fêtes d’un carnaval éternel de l’esprit.
Daunou reconnaît, avec son exactitude accoutumée, le grand et durable succès du Roman de la Rose. […] Mais cet excellent critique n’a-t-il pas manqué de pénétration en attribuant le succès de l’ouvrage aux censures qu’il a essuyées ? Sans doute les censures ajoutent au succès d’un livre et c’est une sage maxime qu’il faut se bien garder de censurer : les écrits qu’on ne veut pas faire lire. Mais le plus souvent le succès est la cause des censures, et c’est le succès qu’il faut d’abord expliquer. […] C’est ce qui fit le succès si universel de ce roman.
Horace et Virgile auraient eu peu de succès pendant les guerres civiles. […] Guerre, amour, succès d’autrefois, lieux où nous les avons eus, vous empoisonnez notre présent ! […] Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.
Ce n’est qu’après avoir vu les projets du vice-roi éventés et sans aucune chance de succès, que le gouvernement vénitien se serait décidé à sévir contre tous les agents plus ou moins compromis soit en connaissance de cause, soit à leur insu, dans cette vaste et ténébreuse intrigue. […] Daru publia en 1826 (3 volumes), eut moins de succès ; elle ne manque pourtant ni de mérite d’abord, ni d’intérêt. […] La facilité avec laquelle je travaillais m’a permis d’embrasser beaucoup d’objets à la fois, et de suffire à une assez lourde tâche ; de telle sorte que je suis peut-être redevable, en fin de compte, à mes études d’Horace et de Cicéron, du peu de succès que j’ai eu dans ma vie administrative et politique.
Ayant visité à Venise le quartier des Juifs, il était frappé de leur caractère de tête et de leur expression : J’ai admiré, écrivait-il à un ami, des têtes superbes qui pourraient servir avec beaucoup de succès pour faire des physionomies d’un grand cachet ; je voyais des grands sacrificateurs, des prophètes, des Joseph, et, parmi les femmes, des Judith, des Rébecca, et même des Vierges. […] Ce fut pour lui que le peintre se hâta de terminer une tête, de grandeur naturelle, d’une jeune fille en costume de l’île de Procida : « Comme le costume était assez pittoresque et la figure jolie, elle a plu au roi, et il me l’a prise. » Malgré ces premiers succès et les éloges qu’il recevait, malgré ceux qu’il espérait surtout de la France, qui fut toujours sa vraie patrie, il écrivait à Navez : Mais, mon cher, je suis quelquefois réellement à plaindre quand je me classe parmi les peintres, et je sens que je ne puis faire de grands progrès en traitant toujours les mêmes sujets et en ne faisant que de petites bamboches. […] On a remarqué qu’à cet égard, il est de l’école de Despréaux en peinture ; il efface, il corrige sans cesse, et n’est content que lorsqu’il a atteint, à force de retouches et de repentirs, l’expression longuement désirée : L’exécution, disait-il, est de beaucoup pour un succès complet dans les arts.
Baron y eut ses meilleurs succès. […] Mercredi 22 août, à Versailles. — J’appris que Saint-Ruth allait commander les troupes qu’on envoie dans les Cévennes et dans le Dauphiné, comme Asfeld commande celles qui sont en Poitou ; ce sera apparemment avec beaucoup de succès des deux côtés. […] Cela paraissait tout simple et au roi et aux courtisans, et à Dangeau qui enregistre ces succès avec une parfaite bonne foi, de telle sorte que lorsqu’il écrit dans son journal, à la date du 19 octobre de cette année 1685 : « Outre la cassation de l’Édit de Nantes de 1598, on casse l’édit de Nîmes de 1629, et tous les édits et déclarations donnés en faveur de ceux de la religion prétendue réformée ; ordre à tous les ministres de sortir du royaume dans quinze jours ; les enfants qui naîtront seront baptisés et élevés dans la religion catholique, etc., etc. » ; et que lorsqu’à la date du 22, il ajoute : « Ce jour-là on enregistra dans tout le royaume la cassation de l’Édit de Nantes, et l’on commença à raser tous les temples qui restaient » ; en prenant note de ces actes considérables, il semble ne faire que constater un fait accompli et que rendre compte d’une formalité dernière.
Mais que de précautions, que de compliments et de flatteries avant de risquer l’idée nouvelle qui lui est venue un matin, et qu’elle voudrait, de loin, insinuer et suggérer à ceux de qui le succès et, comme nous dirions aujourd’hui, la réalisation dépend. […] Du moment que la nouvelle reine d’Espagne est une princesse de Savoie, il est indispensable d’avoir pour soi le père, le duc de Savoie, de qui même la proposition, ce semble, doit venir : il ne s’agit que de la lui souffler, et, pour cela, voici la machine que Mme des Ursins arrange et construit (janvier 1701) : Il est certain que le succès de tout cela dépend de M. le duc de Savoie ; vous m’en avez assez écrit pour le comprendre, et, outre cela, la chose se dit elle-même. […] Nouvelle provocation indirecte, nouvelle insinuation (29 mars 1701) : Je ne dois, madame, vous laisser ignorer aucune des mesures que je prends pour faire réussir mon projet, puisque vos conseils me sont si nécessaires et que j’attends de votre activité la meilleure partie du succès de cette affaire.
Adolphe Dumas, homme d’imagination généreuse et d’essor aventureux, écrivit, à ce qu’il paraît, à M. de Lamartine une épître pour le consoler du peu de succès de son Ange : c’était lui signifier ce peu de succès, et j’imagine que le premier mouvement dut être une légère impatience contre le consolateur malencontreux. […] Mais c’est trop douter ; la conscience aussi, en pareil cas, dit non et se soulève ; je reviens à la règle sûre, déjà posée : l’art, comme la morale, comme tous les genres de vérités, existe indépendamment du succès même.
Ils ne se permettaient, pour aucun motif, pas même pour un succès présent, ce qui pouvait porter atteinte aux rapports durables de subordination, d’égards et de sagesse. […] Rien, car il ne s’y serait point livré dans un pays où elles ne lui auraient point valu de succès. […] Les Romains sont d’une nature ardente et sublime ; ils respirent le sentiment de la tragédie, et peuvent oser avec succès.
L’on est déjà parvenu, sous quelques rapports, à appliquer avec succès la méthode des mathématiques à la métaphysique de l’entendement humain. […] Lorsque, après une suite d’actions que votre opinion vous a d’abord inspirées, votre intérêt se trouve intimement uni avec le succès de cette opinion, et que cet intérêt vous engage toujours plus avant, il se passe dans les réflexions intérieures des combats que l’on se nie à soi-même, et que l’on parvient à étouffer. […] Mais la morale a pour but chaque homme en particulier, chaque fait, chaque circonstance ; et quoiqu’il soit vrai que la très grande majorité des exemples prouve qu’une conduite vertueuse est en même temps la meilleure conduite à tenir pour le succès des intérêts de la vie, on ne peut affirmer qu’il n’y ait point d’exception à cette règle générale.
L’habitude de ce petit monde déshabitue du grand air ; on en vient à se défier de la nature humaine et à fonder l’espérance du succès sur des moyens factices, sur d’obscures manœuvres. […] Les succès de M. […] Quant à l’Orient, les Arabes font observer que la liste des prophètes n’est pas close, et les succès des wahhabites prouvent qu’un nouveau Mahomet n’est pas impossible.
Ces lectures du soir ont eu déjà de l’effet et un certain succès ; elles sont loin pourtant d’avoir atteint tout le développement dont elles seraient susceptibles et qu’elles méritent. […] Xavier de Maistre. — J’ai lu Le Lépreux avec succès. […] Les lieux assignés aux lectures sont un point très important, et qui peut influer non seulement sur leur succès, mais sur leur caractère.
Il continuait pour lui-même de former je ne sais quels projets dont il croyait le succès infaillible, et dont il se réservait de confier le secret à son ami. […] Pourtant, de telles grâces ressemblent trop à ces fausses beautés poétiques par lesquelles d’habiles versificateurs se piquaient d’éluder élégamment le mot propre ; elles ont l’air d’un jeu et ne survivent pas au petit succès du moment. […] L’écueil de tout temps, depuis qu’il y a eu lecture publique d’éloges, a donc été, pour celui qui les prononce, de chercher son succès dans des ornements étrangers et dans des digressions à l’ordre du jour.
La duchesse de Bourgogne y jouait un rôle : Cet amusement, dit l’auteur de la Notice, se renouvela souvent et avec succès… La vie de la duchesse de Bourgogne, jusqu’en 1705, fut donc une suite non interrompue de plaisirs choisis et d’instructions exquises. […] Du jour de son arrivée jusqu’à celui qui l’enleva à la France, elle ne fit, pour ainsi dire, que marcher de succès en succès.
Dans ce volume de Carrel, au premier rang, on n’aurait garde d’omettre une simple colonne qu’il a écrite sur Zumalacárregui, ce jeune et victorieux héros des provinces basques, enlevé au milieu de ses succès. […] Durant ces années 1831-1832, Carrel s’était fait une belle existence, et la première dans la presse de l’opposition ; il jouissait à cet égard par le talent, par le succès dans l’opinion, par l’ascendant marqué qu’il prenait chaque jour, et par la contradiction même qui allait à sa nature amie de la lutte. […] Disons-le donc en concluant, et sans craindre d’offenser ses mânes, il a fait fausse route à un certain moment ; il s’est trompé, non pas tant en manquant le succès, ce qui peut arriver à tout homme noble et sensé, mais en s’obstinant dans une voie sans issue et dans une cause pleine de pièges et de ténèbres.
Je jetai d’abord la vue sur les agitations de ma vie passée, les desseins sans exécution, les résolutions sans suite et les entreprises sans succès. […] Le Légataire, représenté en janvier 1708, eut un succès complet, et si complet même que la critique sérieuse s’en émut. […] Un chevalier bel esprit y fait solennellement appel au bon sens du siècle à venir et à la postérité ; le comédien répond humblement : « Quelque succès qu’ait notre pièce, nous n’espérons pas, monsieur, qu’elle passe aux siècles futurs ; il nous suffit qu’elle plaise présentement à quantité de gens d’esprit, et que la peine de nos acteurs ne soit pas infructueuse. » Et encore, à toutes les minauderies et aux scrupules grimaciers d’une comtesse très équivoque, M.
Sa Muse, depuis quelques années, garde le silence ; & cependant, après les Amazones, & sur-tout après la Colombiade, elle auroit pu se promettre des succès, sinon dans la Tragédie & le Poëme épique, du moins dans des genres qui ne demandent que le jeu d’une versification facile & quelquefois animée.