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1440. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et pour se montrer plus journaliste encore, car si l’amusant est la visée du journaliste, l’idée commune est son véhicule et son moyen de succès, Pelletan s’est bien garde, sur Joseph de Maistre, d’un aperçu nouveau qui aurait déconcerté le public, cet ombrageux de médiocrité, et il a répétaillé encore une fois — une fois de plus — les idées sur le bourreau et sur l’Inquisition dont on fait une arme contre Joseph de Maistre, et qui traînent, comme pantoufles, à tout pied de grue qui veut les chausser !

1441. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille, qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi.

1442. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

un librettiste d’opéra-comique, lequel ne se doutait pas de son talent, mais qui pouvait avoir du succès si les princes du genre, bons comme des princes, lui venaient en aide et le tailladaient un peu..

1443. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Il en avait fait, ce Babin historique, un joli Rabbi pour les besoins d’attendrissement des femmes à qui il faut toujours une corde sentimentale à pincer, si on veut du succès, dans ce pays où la langue des femmes fait, de son petit bout rose, l’opinion.

1444. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Ces contes religieux, métaphysiques et flambant de mysticité, sans amour terrestre, sans les petites femmes qu’il faut fourrer partout dans ses livres, si l’on veut avoir du succès, sont bien virils et bien relevés pour la génération efféminée et abjecte des esprits modernes.

1445. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Et son succès a été dépravant.

1446. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

… Cette lecture est-elle un succès ?

1447. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

On est déjà au bout de l’édition ; et, en attendant le second volume, il en faut une seconde du premier… C’est un succès dont la fatuité d’Alphonse Lemerre, qui doit avoir la fatuité d’un homme heureux, pourrait cependant s’étonner.

1448. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Parmi les grands succès contemporains, — (et dans ce temps-là on aimait la poésie pour elle-même, on n’avait pas les ineptes dégoûts d’à présent,) — rien de plus prompt ne s’était produit.

1449. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Qu’on soit tenté par ce qui est la grande tentation des romanciers de ce temps, la nécessité de faire entrer l’élément physiologique dans le roman, et qu’on succombe parce qu’on l’y a mis à doses trop larges et mal gouvernées, c’est un malheur, sans doute, quant au résultat ; une autre fois, on trouvera peut-être le point juste qui fera le succès.

1450. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi.

1451. (1913) Poètes et critiques

Mais si un Grec du ive  siècle revivait, et qu’il me fallût lui donner une idée de notre art dramatique, j’hésiterais — il serait long d’expliquer le pourquoi — à lui montrer telle œuvre « à grand succès ». […] Le succès fut tel que les centres de lecture se multiplièrent ; il y en eut bientôt dans tout Paris. […] Ce que furent, pendant toute la durée des études classiques, les aptitudes, les efforts, les succès de l’écolier, nous le savons par les palmarès d’Avignon et de Louis-le-Grand, où son nom brille si souvent, et par celui du concours général des lycées de Paris, où il figure avec honneur. […] Le succès fut extraordinaire : il se renouvela. […] Il serait presque plus exact de déclarer qu’en quittant les vers pour la critique, le roman et le théâtre — quelque succès qui l’ait payé, d’ailleurs de cette désertion, — Paul Bourget a fait le sacrifice du poème philosophique de ce temps-ci.

1452. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais la vérité, c’est que la critique des ouvrages du passé et celle des ouvrages du présent ne mettent pas en jeu le même appareil, le même mécanisme, ne demandent pas les mêmes qualités, ne sont pas en général pratiquées avec succès par le même personnel. […] L’échec ou le succès d’un ouvrage lui sont unis comme un visage de sa destinée. […] Le Lycée, entretenu par des souscriptions particulières, eut un grand succès, vécut jusqu’à la Restauration, et inaugura cette tradition des cours éloquents et élégants, que nos universités et nos conférenciers de toute sorte ont prolongée jusqu’à nous. […] Faguet remarque que le succès de Madame Bovary a été fait par le public et non par la critique, à laquelle le public a fini par l’imposer. […] Mais quel ambitieux au comble des succès ne regrette ses amours de jeunesse ?

1453. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Cette quantité se trouve perdue maintenant dans une masse confuse et incohérente, à peine affinée par une instruction superficielle, qui juge d’après son goût, et qui fait le succès du moment, mais dont on ne peut dire en conscience qu’elle représente la force intellectuelle d’une nation. […] Par une conséquence fatale, et pour correspondre aux besoins de chacun des ordres intellectuels, deux genres inférieurs, qui auparavant existaient à peine dans la littérature à l’état d’informes embryons, se sont brusquement épanouis avec la toute-puissance du succès numérique. […] Elle porterait surtout s’il était possible de démontrer que leur succès incontestable a bien eu pour origine la valeur réelle de leurs écrits, au lieu de s’appuyer sur des causes multiples, qui, d’ordinaire, n’ont rien à voir avec la littérature. […] Le théâtre agonise en tant que forme d’art, et, comme les exigences matérielles lui imposent désormais le succès immédiat et continu, il est vraisemblable que sa résurrection demeurera indéfiniment ajournée. […] Mais n’est-ce pas en somme un jugement bien osé porté sur l’écrivain qui fut peut-être de tous ceux de notre siècle le moins occupé de la réclame et le plus dédaigneux du succès ?

1454. (1910) Rousseau contre Molière

  On sait que sur le sommaire, je dirais presque sur le scénario que Rousseau a tracé du Misanthrope tel qu’il aurait dû être fait, Fabre d’Eglantine en a écrit un, qui a été joué, non sans succès, à la Comédie-Française, le 22 février 1790. […] Elle vient des réflexions qu’a inspirées à Fabre d’Eglantine la comédie l’Optimiste de Collin d’Harleville, jouée en 1788 sur le Théâtre-Français avec un succès unanime. […] Tout simplement Don Juan, le Misanthrope et les Femmes savantes ; seul Tartuffe, à cause de l’irréligion nationale et à cause de l’immense curiosité que quatre ou cinq ans d’interdiction et de furieuses attaques avaient suscitée, eut un grand succès. […] « J’aurais trop d’avantages si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ces successeurs qui, n’ayant ni son génie ni sa probité, n’en ont que mieux suivi ses vues intéressées [le désir du succès à tout prix], en s’attachant à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs. […] 2° Il semble bien dire que cette scène aurait fait un vif plaisir au public comme flattant son impiété secrète, puisqu’il dit de la scène telle qu’il la donne et telle qu’il l’a dans la tête, et c’est-à-dire ne contenant que le raisonnement de Don Juan sur Dieu se moquant des âmes pieuses, que le retranchement de cette scène a nui au succès.

1455. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Faut-il rappeler le succès de la pathétique biographie de Balzac, écrite dernièrement par M.  […] Il est certain que le poète de Joseph Delorme et des Consolations n’a pas été mis à son rang de mérite par ses contemporains et qu’il en a souffert ; certain aussi que Volupté n’a pas connu le succès de vogue des premiers romans de Balzac, et que l’auteur en a été peiné. […] La vie d’études que nous avons vu Renan mener, si simple, si sévère, malgré le prodigieux succès de ses dernières, années, n’est certes pas celle du port-royaliste portant un cilice sous ses vêtements, mais elle en est bien plus voisine que de celle d’un enfant du siècle. […] Puisse-t-il, malgré ses succès de critique et déjà de dramatiste, persévérer dans cet art du roman, — le plus riche, le plus noble, le plus complet de tous ! […] Jules Ferry, dont je viens de rappeler le succès contre Augustin Cochin, nous en est un exemple bien significatif.

1456. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Caro : c’est le talent qu’il déploie surtout dans son dernier livre l’Idée de Dieu et ses nouveaux critiques, ouvrage qui a obtenu dans le monde philosophique un succès brillant et mérité1. […] Cependant il eut un assez grand succès : d’une part, il satisfaisait certaines rancunes qu’une puissance trop prolongée finit toujours par provoquer contre soi ; en second lieu, il levait le drapeau contre une école que les uns jugeaient rétrograde, et que les autres commençaient à trouver un peu immobile. […] Vous expliquez cela par la réaction monarchique et religieuse de la restauration ; mais avec ces procédés d’interprétation ne pourra-t-on pas expliquer le succès actuel de vos idées par une recrudescence du mouvement athée et révolutionnaire ? […] Il faut donc louer sans réserve la nouvelle disposition qui se manifeste aujourd’hui de toutes parts, et au succès de laquelle M.  […] Plus la science est élevée et sérieuse, moins elle est accessible à la foule ; mais si le mérite philosophique consiste dans la recherche sévère, abstraite, entièrement désintéressée des principes et des causes, si le philosophe doit étudier les questions en elles-mêmes et ne s’élever à la solution que par un lent et laborieux enfantement, si, évitant de parler aux passions, ne cherchant pas le succès, ne songeant ni à plaire ni à déplaire, il n’a d’autre ambition que de se satisfaire soi-même (au risque de ne pas satisfaire tout le monde), si ce sont là les rares qualités du métaphysicien, on ne saurait contester ce titre à un philosophe dont nous ne partageons pas toutes les doctrines, mais qui mérite plus qu’aucun autre le respect et l’examen, M. 

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