Il incline vers l’eau morte du souvenir le songe mélancolique de ses yeux ; mais parfois, levant vers les horizons prochains sa jeune tète volontaire, il éperd des mots d’espoir, de matin et de soleil. […] Sa Maison d’exil est celle où l’on voudrait vivre, où on aimerait s’isoler avec ses espoirs, ses souvenirs, réalisés dans l’éternelle fiancée.
Ainsi je me féliciterais que la nature vous ait créé — non seulement narrateur, soit enclin à formuler, pour les sentir plus largement et mieux en détail, les légendes écloses en votre imagination — mais encore, et auparavant, et éminemment voyeur (pour ne pas dire sensuel ou sensible, mots dont la signification s’est trop épandue), oui, regardeur, écouteur, gourmet, nez fin, avec toutes ces particularités compliquées de mémoire (souvenir des paysages, gestes, odeurs, etc.), à seule fin que se manifestent en réalités immédiatement reconnaissables lesdites cérébrales éclosions. […] Je serai touché du souvenir.
Que de souvenirs ! […] Il ne fut question que de souvenirs et d’amitié. […] C’était peu confortable ; mais le souvenir a ses caprices. […] Pourquoi ce souvenir que j’emporte aujourd’hui ? […] Ces souvenirs amusèrent Rachel et l’attendrirent.
Réalisez l’œuvre plus essentielle que vous… » Istrati se mit alors à écrire d’après les souvenirs de sa vie errante et passionnée. […] Quel souvenir nous accablait le mieux ? […] En vérité, le Diable au corps, il le doit à ses seuls souvenirs et à son imagination personnelle. […] (Vous vous souvenez en effet que tous les hôtes du château sont sous le coup de la même accusation.) […] Vous vous souvenez de l’arrivée de Jean-Christophe en France ?
Le maestro ne trouve ces phrases que lorsqu’elles lui sont dictées par la présence de sa passion dans son cœur, ou par son souvenir. […] L’amante ne veut plus se souvenir du passé, dont le poison brûle ses veines. […] Parfois, la prière qu’elle adresse au soleil se fait mystique et semble se souvenir, s’inspirer de réminiscences religieuses. […] Mais lorsqu’on parlera de Renée Vivien, il faudra oublier ce blasphème des dernières heures, pour ne se souvenir que de la beauté de son chant d’amour. […] Orgues de la nuit, cloches du cœur qui battent aux artères le rythme des souvenirs et des peines : on entend le branle monotone d’une cloche mystérieuse qui sonne dans notre cœur, et au loin dans la forêt.
Ainsi la mélodie laisse dans l’esprit un souvenir profond. […] Delacroix, la nature est un vaste dictionnaire dont il roule et consulte les feuilles avec un œil sûr et profond ; et cette peinture, qui procède surtout du souvenir, parle surtout au souvenir. […] C’est pourquoi ses tableaux ne laissent pas de souvenir. […] J’ai déjà remarqué que le souvenir était le grand criterium de l’art ; l’art est une mnémotechnie du beau : or l’imitation exacte gâte le souvenir. […] L’œuvre d’un éclectique ne laisse pas de souvenir.
Le modèle est saisi, désormais imposé à notre souvenir, dans la plénitude et la beauté de sa vie intellectuelle. […] — Souvenirs et correspondances, par la même. […] Le poids de l’exil s’allégeait au souvenir des gais combats. […] Souvenez-vous en quel état Louis de Bourbon entre au combat ! […] Les gens se souviennent à peine.
Il nous a entretenus de Schiller, de leurs travaux communs, de ce que celui-ci voulait faire, de ce qu’il aurait fait, de ses intentions, de ses souvenirs : il est le plus intéressant et le plus aimable des hommes. […] Tout à coup Goethe se leva comme pour éviter le commencement d’une impression triste, et comme je m’approchais pour le saluer, il m’embrassa et me donna un livre en souvenir de lui. […] Peut-être il repassait cette journée ; peut-être il donnait un souvenir fugitif à cette heure où je lui ai dit adieu ! […] Ce premier cours, dans lequel il paraît avoir apporté plus d’entrain et de vivacité de parole qu’il ne fit plus tard dans les chaires de Paris, a laissé un long souvenir à Marseille, si j’en juge par une étude sur Ampère, publiée par M. […] Tous ceux qui passeront après lui là où il a passé se plairont à lui rendre justice et à le saluer d’un souvenir.
. — Souvenirs d’un homme de lettres (1888). — La Lutte pour la vie (1889). — L’Obstacle (1890). — Port-Tarascon (1890). — L’Obstacle, pièce (1891). — L’Arrivée ; Mon tambourinaire (1891). — Rose et Ninette (1892). — La Menteuse, pièce avec Léon Hennique (1898). — Entre les frises et la rampe (1894). — L’Élixir du R. […] Gaucher (1894). — La Petite Paroisse (1895). — Trois souvenirs : Au fort de Montrouge ; à la Salpêtrière ; Une leçon (1896). — L’Enlèvement d’une étoile (1896). — La Fédor (1897). — Soutien de famille (1898). — Le Sous-Préfet aux champs, poème en prose (1898).
L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. […] En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.
Lorsque la veuve d’Hector dit à Céphise, dans Racine : Qu’il ait de ses aïeux un souvenir modeste : Il est du sang d’Hector, mais il en est le reste, qui ne reconnaît la chrétienne ? […] Hector ne conseille point à son fils d’avoir de ses aïeux un souvenir modeste ; en élevant Astyanax vers le Ciel, il s’écrie : Ζεῦ, ἄλλοι τε θεοὶ, δότε δὴ καὶ τόνδε γενέσθαι, Παῖδ’ ἐμόν, ὡς καὶ ἐγώ περ’ ἀριπρεπέα Τρώεσσιν, Ὧδε βίην τ’ ἀγαθὸν καὶ Ἰλίου ἶφι ἀνάσσειν.
Par ces deux premiers éléments de sa poésie aussi Béranger devait mourir ; par le troisième il devait durer autant que le souvenir et la reconnaissance du peuple. […] Efface, efface, en ta course nouvelle, Temples, palais, mœurs, souvenirs et lois. […] Les Souvenirs du peuple. […] Souvenez-vous du mot de Danton, appliqué à un crime ; appliquons-le à une vertu : Périsse notre nom et que la France soit sauvée ! […] Je vis que ce souvenir de l’immense influence de ses chansons impériales sur les suffrages de la multitude lui était importun devant moi.
Te souvient-il que j’ai dit dans le sénat qu’avant le 6 des calendes de novembre, Mallius, le ministre de tes forfaits, aurait pris les armes et levé l’étendard de la rébellion ? […] J’ai annoncé en plein sénat quel jour tu avais marqué pour le meurtre des sénateurs : te souviens-tu que ce jour-là même, où plusieurs de nos principaux citoyens sortirent de Rome, bien moins pour se dérober à tes coups que pour réunir contre toi les forces de la république, te souviens-tu que ce jour-là je sus prendre de telles précautions, qu’il ne te fut pas possible de rien tenter contre nous, quoique tu eusses dit publiquement que, malgré le départ de quelques-uns de tes ennemis, il te restait encore assez de victimes ? […] Il n’en est point de la reconnaissance comme de l’acquittement d’une dette : l’homme qui retient l’argent qu’il doit ne s’est pas acquitté ; s’il le rend, il ne le possède plus ; mais celui qui a témoigné sa reconnaissance conserve encore le souvenir du bienfait, et ce souvenir lui-même est un nouveau payement. […] « C’est là ce que j’éprouve moi-même en ce moment : le souvenir de Platon me vient assaillir l’esprit ; c’est ici qu’il s’entretenait avec ses disciples, et ses petits jardins, que vous voyez si près de nous, me rendent sa mémoire tellement présente qu’ils me le remettent presque devant les yeux. […] Alors Pison : — Puisque tout le monde, dit-il, a été frappé de quelque souvenir, je voudrais bien savoir ce qui a fait impression sur notre jeune Lucius ?
. — Souvenirs d’Antony, nouvelles (1835). — Don Juan de Marana ou La Chute d’un ange, drame en cinq actes (1836). — Kean, drame en cinq actes et en prose (1836). — Piquillo, opéra-comique en trois actes, en collaboration avec Gérard de Nerval (1837). — Caligula, tragédie en cinq actes et en vers (1837). — Paul Jones, drame en cinq actes (1838). — Mademoiselle de Belle-Isle, drame en cinq actes et en prose (1839). — L’Alchimiste, drame en cinq actes, en vers (1839). — Bathilde, pièce en trois actes, en prose (1839). — Quinze jours au Sinaï (1839). — À clé, suivi de Monseigneur Gaston de Phébus (1839). — Une année à Florence (1840) […] — Le Pasteur d’Ashbourn (1853). — Et Salteador (1853). — Conscience d’innocent (1853). — Souvenirs de 1830 à 1842 (1854). — Catherine Blum (1854). — Ingénue (1854). — Les Mohicans de Paris (1854-1858). — Romulus, comédie en un acte, en prose (1854). — L’Arabie heureuse (1855). — L’Orestie, tragédie en trois actes et en vers (1856). — Le Verrou de la reine, trois actes (1856). — L’Invitation à la valse, comédie en un acte (1857). — Les Compagnons de Jéhu (1857). — Les Grands hommes en robe de chambre (1857). — L’Honneur est satisfait, un acte (1858). — Salvator (1855-1859). — Les Louves de Machecoul (1869). — Le Caucase (1869). — La Dame de Montsoreau, drame en cinq actes (1860). — De Paris à Astrakan (1860). — La Route de Varennes (1860). — Le Père Gigogne (1860). — Les Baleiniers, journal d’un voyage aux antipodes (1861). — Madame de Chambly (1863). — La Jeunesse de Louis XIV, comédie en cinq actes et en prose (1864). — Les Mohicans de Paris, drame en cinq actes (1864). — La San-Felice (1864-1865). — Les Blancs et les Bleus (1867-1868). […] Alexandre Dumas fils Il y a dans mon enfance un souvenir qui secrètement battait en brèche mes jeunes vanités.
Aurelia quitta le théâtre en 1683 : elle vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans et mourut en 1703, époque où Mademoiselle Belmont, femme de son petit-fils, se souvenait d’avoir vu, dans son lit, toujours et extrêmement parée, l’ancienne favorite de la reine Anne d’Autriche. […] Ces deux piquantes actrices ont laissé, elles aussi, un souvenir qui n’est pas encore effacé. Mentionnons encore Angelo Costantini (Mezzetin) admis en 1683 ; Giuseppe Tortoriti (Pasquariel) admis en 1685 ; Évarista Gherardi, fils de Flautin, qui débuta, le 1er octobre 1689, dans l’emploi d’Arlequin, et s’y maintint avec succès malgré l’écrasant souvenir de son prédécesseur.
Mémoires et Souvenirs [Le Pays, 31 août 1858.] […] Son livre sur la Rivalité de la France et de l’Angleterre, très peu connu du gros public, mais très estimé et très invoqué au Ministère des affaires étrangères, finira peut-être par être lu, comme ses Souvenirs et ses Mémoires, restés, jusqu’ici, dans une espèce d’oubli que l’on peut très bien expliquer. […] Comme un homme qui se promènerait dans une longue galerie, au tomber du jour, Vaublanc se promène pour lui-même dans le souvenir de toute sa vie, et il ne se retourne pas une seule fois pour voir si quelqu’un le suit et profite de la lumière de son flambeau.
Ses amis de ce temps-là, devenus maintenant ce que Balzac, qui agrandissait tout, appelait des maréchaux littéraires, se sont souvenus et ont parlé de lui comme de vieux maréchaux de l’Empire auraient pu parler du jeune Marceau, quoiqu’il ne fût, ni par le mérite ni par la jeunesse, un Marceau littéraire quand il mourut. […] Son érudition, ses goûts d’antiquaire, son instinct de connaisseur et d’artiste, ses souvenirs rapportés de voyage, tout était le bois sculpté, comme un autel, du lit dressé par lui à la grande Inspiration qu’il attendait, et qu’on ne vit jamais y monter ni en descendre ! […] Il s’associait encore par le souvenir, et son imagination était surtout de la mémoire.