Que le poëte qui va sortir de cette épreuve soit nouveau pour eux et tout autre que l’homme qu’ils ont connu, nous l’accordons. […] Là, comme un prisonnier qui ne doit plus sortir, Il fut pris dans son cœur d’un amer repentir ; L’éternelle patrie, à ses yeux pleins de larmes, Apparaissait alors belle de tous ses charmes ; Son ami le cherchait, en pleurant, dans les airs, Et sa place était vide aux célestes concerts ! […] Sa réputation, qui s’est faite lentement, mais qui s’est faite enfin dans son pays, mérite de sortir de ses vallées et d’arriver ou de revenir jusqu’à nous.
Ses plans sortaient des données habituelles à la timidité du règne de Louis XV, et il n’aurait pas même eu besoin d’être dans le royaume des timides pour paraître hardi ; il allait de lui-même à l’extraordinaire et semblait partout et toujours sûr de son fait : son étoile avait de bonne heure triomphé de tant d’influences contraires. […] Rousset, sans sortir de son sujet, a trouvé moyen de le fertiliser et de le nourrir. […] Il fit mine d’en vouloir sortir, il est vrai, mais il se laissa persuader assez aisément d’y rester sous couleur de patriotisme, et il y était encore quand il mourut en janvier 1761, à la veille, dit-on, d’être remercié par le roi.
Il fallait alors, renonçant à des habitudes recueillies et solitaires, dépouillant, pour ainsi dire, les bandelettes et les voiles antiques, se mêler aux flots de cette génération active, mouvante, orageuse, s’y plonger hardiment, et n’en sortir aux instants de méditation que pour bientôt s’y replonger encore. […] … plein de confiance dans le Dieu qui te guide, sillonne cette mer silencieuse… N’eût-il pas été créé, ce nouveau monde que tu cherches, il va sortir des flots. […] Delavigne, de sa plus spirituelle et de sa plus correcte exécution : elle touche à des travers tout à fait présents, à des passions hier encore flagrantes, avec une indépendance d’honnête homme, avec un honorable sentiment du bien qui est, certes, aussi quelque chose, et qui passe ici de l’intention de l’auteur dans l’effet littéraire et dramatique de la pièce : on est ému de sa conviction, on sort pénétré de cette sincérité.
Il y a dans lui une horrible angoisse nouvelle qui ne peut sortir de ses blondes moustaches toutes frissonnantes. […] Il résista un peu, puis céda, et, se levant pour sortir de la chambre avec moi, je le vis trébucher et aller tomber sur un fauteuil. […] Laissez-moi croire que le bon Flaubert préféra ce mode si simple, mais rare, de guérison, parce qu’il avait horreur de la trachéotomie. »19 Il en coûte donc à l’artiste de sortir brusquement des spectacles expurgés de la rue ou de la maison, pour scruter sans délais des nudités douloureuses, écouter des plaintes voilées, rauques ou lointains, flairer des relents de cadavre, se pénétrer enfin de tout ce cortège lamentable et mesquin de la souffrance vulgaire ; toutes choses auprès desquelles, avons-nous dit, le professionnel ne peut rester indifférent que parce qu’il les regarde mais ne les voit pas 20.
Il enseigne à la poésie que le monde et la vie lui appartiennent, et que des plus familières comme des attristantes réalités elle peut sortir en ses plus belles formes. […] Toute une littérature oratoire et polémique en sortit. […] Puis, comme l’éloquence politique, l’éloquence judiciaire, un instant soulevée au-dessus de la chicane journalière, eut les ailes coupées, et nous la verrons se traîner au xviie siècle sans pouvoir jamais sortir du pédantisme, tandis que l’éloquence religieuse, aidée des circonstances qui étouffent les deux autres genres, s’acheminera rapidement à sa perfection.
Rien n’est encore sorti de toute cette agitation, où l’avenir dira quelle fut la chimère et quelles les idées fécondes. […] Une forte, fine psychologie, vécue et sentie, non livresque et scénique, d’où l’émotion sortait d’elle-même sans violences et sans ficelles, voilà le mérite éminent des trois œuvres principales976 qu’il a écrites, où par surcroît il a mis toutes les grâces de son esprit et sa forme exquise de style : Révoltée, d’abord, où des parties supérieures semblaient réaliser soudain le théâtre qu’on cherchait, expression intense et simple de la vie intérieure : le Député Leveau (1891), étude vraie encore, peut-être plus facile et plus grosse ; le Mariage blanc (1891), hypothèse psychologique d’une infinie délicatesse et d’une profondeur morale qui ont été méconnues. […] Que sortira-t-il, cependant, de tout ce qui s’agite, et se prépare en tous les genres ?
Si l’on envisage le sort matériel des littérateurs, il faut déplorer : 1º Que des sommes considérables soient détournées de leur noble destination. […] Les prix qu’elle accorde, malgré tous les noms qu’ils sortent, ne sont jamais que des prix Montyon : il faut pour les mériter trop de vertu ou trop de servilité. […] Par contre, des clameurs eussent très certainement couvert la voix de tout autre que Maurice Barrès, lorsque le subtil artiste lança dédaigneusement à Jaurès inquiet du sort des ministres accusés : « J’ai vu trop d’honnêtes gens en Haute-Cour.
En fait, on chargeait surtout la maison de Toulouse et la supérieure de deux accusations graves : 1º d’avoir donné asile à deux ecclésiastiques, poursuivis pour avoir résisté aux ordres du roi dans l’affaire dite de la Régale ; 2º d’avoir une imprimerie clandestine, d’où sortaient, au moment voulu, des placards, et même de petits pamphlets théologiques, qui se répandaient dans tout le midi de la France. […] Le 12 mai 1686, quand sortit l’arrêt du Conseil qui décrétait cette destruction, l’institut était en pleine prospérité : la maison de Toulouse avait des ramifications dans la province ; elle renfermait, je l’ai dit, plus de deux cents filles, tant maîtresses que postulantes et pensionnaires, et servantes. […] Là, détenue comme en prison au couvent des Religieuses hospitalières, elle n’en sortit plus, et mourut seulement en 1703 ou 1704.
La sordide saleté des mansardes, où rôde un solitaire, qu’empeste toute une famille, la puanteur des escaliers pauvres, la nourriture immangeable et rare, la nausée et la rage que met dans la tête le vide de l’estomac, l’existence farouche du déclassé dans l’étincellement des capitales, requièrent l’âpre insistance de son style ; et au-delà de ces choses physiques, il a vu les vices et les atroces indélicatesses auxquelles condamne l’inclémence de ce sort. […] Le mystère du sort de Nelly, entrevu dès le début, est maintenu sans alternative pendant tout le livre, comme le problème de la constance du prince Alexis ; les Possédés, L’Idiot, d’autres nouvelles sont de même des œuvres immobiles, d’inutile et morne agitation ; quant à Crime et châtiment, il est d’un bout à l’autre la description merveilleusement monotone et saisissante de la lutte d’un inaccusable criminel contre toute la société, sans que ce duel ait d’autres phases que de durs assauts sans cesse donnés et repoussés. […] Natacha au départ de son amant, Nelly au sortir d’un bouge, le prince Valkowski en ses rages contenues, Marmeladoff, Sonia, la sœur de Raskolnikoff, dans des crises cependant pour elles suprêmes, sentent jaillir en eux des pampres et des fusées de pensées, trépident et divaguent avec abondance et un désintéressement de fous.
C’est un sujet d’incidents, lorsque, d’acte en acte et presque de scène en scène, il arrive quelque chose de nouveau dans l’action ; c’est un sujet de passion, quand, d’un fonds simple en apparence, le poète a l’art de faire sortir des mouvements rapides et extraordinaires, qui portent l’épouvante ou l’admiration dans l’âme des spectateurs. […] Cette reconnaissance empêche le crime de se consommer ; mais le spectateur n’en a pas moins frémi sur le sort d’Égiste et d’Oreste ; et le but de la tragédie est également rempli dans ces fables. […] La fable de la comédie consiste dans l’exposition d’une action prise de la vie ordinaire, dans le choix des caractères, dans l’intrigue, les incidents, etc., au moyen desquels on parvient à faire sortir le ridicule d’un vice quelconque, si le sujet est vraiment comique, ou à développer, divers sentiments du cœur, si le sujet n’est pas véritablement comique.
Leurs cadets qui depuis une centaine d’années sont sortis du cerveau des peintres, sont des inconnus et des gens sans aveu, qui ne meritent pas qu’on en fasse aucune mention. […] La composition purement allegorique ne devroit donc être mise en oeuvre que dans une necessité urgente, et pour tirer le peintre d’un embarras dont il ne pourroit sortir par la route ordinaire. […] Jesus-Christ sort d’entre les deux autres personnes de la trinité, comme pour executer l’arrêt de condamnation, qu’elle viendroit de prononcer contre le monde, figuré par un globe placé dans le bas de ce tableau.
Cette audace me vaudra la qualification de Jeune-France, et vous ne manquerez pas de dire que je suis sorti hier soir de la première représentation d’Hernani. […] Si Henry… Schaunard ne sort point de l’École normale, il n’est jamais entré au bagne. […] Il n’y a pas la moindre illusion à se faire : tout ce qui est atteint et convaincu de romantisme partagera le sort néfaste de Banville-l’Ingénu et de Louis Bouilhet le bon jeune homme.
Baudelaire est ressuscité, et un second volume des Fleurs du mal sort avec lui de son tombeau. » Eh bien, c’est une erreur ! […] Bien avant, en effet, que Maurice Rollinat se débattit dans cette pénombre d’obscurité dont un poète encore plus fier que lui ne serait pas pressé de sortir et qu’il épaissirait autour de lui comme un mystère, plus beau que l’indiscrétion de la gloire, c’était Baudelaire et Edgar Poe qui partageaient à eux seuls l’empire de l’imagination de ces derniers temps. […] Quand il dit ses vers ou qu’il les chante, avec cette voix stridente qui semble ne plus sortir d’entrailles humaines, il a ce que Voltaire exigeait qu’on eût quand on jouait la tragédie : il a, positivement, le diable au corps.
Jusqu’ici nous ne connaissions Babou que comme un écrivain qui avait travaillé en s’éparpillant ici et là, et avait combattu sous ces tranchées couvertes qui existent aussi en littérature, et d’où le travail le plus héroïque ne sort pas toujours victorieux. […] Hippolyte Babou, fils de ces contrées, ayant été bercé de légendes païennes, a été ramené, par la rêverie de son talent, vers les impressions de ses premières années, et les Païens innocents sont sortis, un soir ou un matin, de cette rêverie. […] heureusement, l’homme d’idées dans Babou n’a point fait tort à l’artiste, et l’artiste n’est point sorti de la nuance harmonieuse hors de laquelle il n’y a ni vérité ni charme.
Ce sont leurs livres qui nous guident au sortir du collège. […] Quittons le domaine qui leur est propre ; sortons de ces vérités moyennes où elles s’exercent ; voyons ce qu’elles deviendront sur un autre terrain. […] Plus que jamais, fidèle à la méthode psychologique, au lieu de sortir de l’observation, je m’y enfonçai davantage, et c’est par l’observation que, dans l’intimité de la conscience et à un degré où Kant n’avait pas pénétré, sous la relativité et la subjectivité apparentes des principes nécessaires, j’atteignis et démêlai le fait instantané, mais réel, de l’aperception spontanée de la vérité, aperception qui, ne se réfléchissant point elle-même, passe inaperçue dans les profondeurs de la conscience, mais y est la base véritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la réflexion, devient une conception nécessaire.
« Il ne serait pas sans intérêt de savoir quel était ce bal où Mlle de Bourbon fut traînée en victime, où elle parut en conquérante, et d’où elle sortit enivrée. […] Vous sortez d’un commentaire docte et aride, ayant pour but d’établir, d’après Stobée, Diogène de Laërte et d’autres, le système probable de Xénophane, et, parmi des arguments de commentateur, vous tombez sur la phrase suivante : La partie du système de Xénophane qui porte l’empreinte de l’esprit ionien est et devait être sa partie cosmologique et physique. […] Il ne sort jamais du ton imposant, et il peut entrer quand il veut dans le sublime.
La Commission de l’année dernière pas plus que celle de cette année ne se l’était dissimulé : la grande difficulté littéraire que rencontre l’institution présente, c’est que le but moral qu’elle réclame avant tout puisse tomber d’accord, dans les ouvrages dramatiques d’un ordre élevé, avec toutes les autres conditions de grâce, d’élégance, d’émotion, de divertissement et de distinction légère que le monde proprement dit a droit de son côté d’exiger ; c’est que le but moral, si on l’y introduit, ne s’y affiche pas d’une manière contraire à la vérité des choses ni au goût, et qu’un genre prétendu honnête mais faux, comme en d’autres temps, n’aille pas en sortir. […] Le résumé de ce qui s’est dit à ce sujet dans plusieurs séances formerait assurément la critique littéraire la plus complète de la pièce, et l’auteur n’aurait pas à s’en plaindre puisque son ouvrage en est sorti triomphant.