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816. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Et les dieux mieux révérés peut-être que quand ils sortirent de dessous le ciseau des plus grands maîtres, comment les y voyez-vous ? […] Les premiers citoyens, émules des Grands, en feront autant ; et dans l’intervalle de moins d’un siècle, il faudra sortir de l’enceinte des sept collines pour retrouver une chaumière.

817. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Eh bien, tu veux aussi remuer un jour l’urne qui contient le sort de tes concitoyens ; tu la remueras. […] Si vous n’avez pas une âme de bronze, dites donc avec moi ; élevez votre voix, dites : maudit soit le premier qui rendit les fonctions publiques vénales ; maudit soit celui qui rendit l’or l’idole de la nation ; maudit soit celui qui créa la race détestable des grands exacteurs ; maudit soit celui qui engendra ce foyer d’où sortirent cette ostentation insolente de richesse dans les uns, et cette hypocrisie épidémique de fortune dans les autres ; maudit soit celui qui condamna par contre-coup le mérite à l’obscurité, et qui dévoua la vertu et les mœurs au mépris.

818. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

En plusieurs cantons les religieux sont obligez à sortir de leurs convents pour aller passer ailleurs la saison de la canicule. […] Durant les chaleurs il en sort des exhalaisons qui s’allument d’elles-mêmes et qui forment de longs sillons de feu ou des colonnes de flâme dont la terre est la base.

819. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Il était sorti du sein d’un peuple dédaigné, et celui de qui il tenait sa mission avait été attaché à une croix, supplice alors infâme. […] Les vieillards de Troie ne pouvaient trouver mauvais que les peuples se fussent armés pour la querelle de la beauté : et Homère faisait sortir de cette pensée une poésie tout entière.

820. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Une indignation générale qui n’est point apaisée a succédé à la curiosité inspirée par son livre, et certainement le silence du tombeau aurait mieux valu pour garder sa mémoire que la voix qui vient d’en sortir. […] Rapetti, qui ne se contente pas de discuter le fait unique de cette défection dans laquelle tous les autres actes plus ou moins glorieux de la vie de Marmont se sont perdus comme dans un abîme, nous a résumé, en quelques pages fermes et profondes, cette existence que le maréchal nous a fastueusement étalée dans plusieurs volumes de Mémoires, et c’est de l’ensemble étreint de toute cette vie que le vigoureux et habile critique a déduit et fait sortir la défection.

821. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Là aussi l’humidité surabonde ; même en été, le brouillard monte ; même dans les jours clairs, on le sent qui va venir de la grande ceinture maritime, ou sortir de l’immense prairie toujours abreuvée, qui, dans les bas-fonds, sur les hauteurs, ondule, coupée de haies, jusqu’au bout de l’horizon. […] Chacun de leurs petits vers est une acclamation, et sort comme un grondement ; leurs puissantes poitrines se soulèvent avec un frémissement de colère ou d’enthousiasme, et une phrase, un mot obscur, véhément, malgré eux, tout d’un coup, leur vient aux lèvres. […] Il y a tel chant, un chant de funérailles, où c’est la Mort qui parle, l’un des derniers composés en saxon, d’un christianisme terrible, et qui en même temps semble sortir des plus noires profondeurs de l’Edda. […] si j’avais — le libre pouvoir de mes mains,  — et si je pouvais, pour un temps,  — sortir !  […] Il en sortira dans cinq cents ans.

822. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Soudain, d’un des petits carrés de fer treillissé, sort au bout d’un bâton une pochette en loques, avec une voix d’imploration qui me jette : Monsu, Monsu…. […] Un individu, que nous avons pris à Civita Vecchia, sort de la voiture des prisonniers, des menottes de fer aux mains. […] Des figures qui ont l’air de sortir d’un suaire de basalte, qui les moule d’un jet coulant et sans pli. […] Il me dit qu’il a l’habitude de sortir à quatre heures, et me donne rendez-vous pour une de ces promenades péripatéticiennes à la Poussin, à travers la vieille Rome. […] Feydeau a toujours une vanité ingénue qui lui sort de tous les pores, mais tout à fait inoffensive.

823. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

On y lit de lui une pièce composée à seize ans, qui a pour titre le Cri de mon Cœur, et un fragment d’un Poëme sur la Nature et sur l’Homme, qui sort déjà des simples essais juvéniles. […] Une célébrité plus active, l’influence politique surtout, et l’expression métaphysique, le révoltaient chez une femme, et lui paraissaient tellement sortir du sexe, qu’à lui-même il lui arriva, cette fois, de l’oublier. […] C’est une vérité indubitable « qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez « cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui « seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples « et les temps. […] Mais, telle qu’elle est, cette époque inachevée renouvelle le sort et le naufrage de tant d’autres. […] Ici, rêvant sur ma terrasse, Je n’ai pas un sort plus heureux : J’invoque la muse d’Horace, La muse est rebelle à mes vœux.

824. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

L’artiste, d’après cette théorie religieuse, recherchait en tout le plus beau, au risque de sortir de la nature et de manquer à la réalité. […] Au sortir au collège, M.  […] Courbet a voulu tenter de sortir cette fois du domaine de la réalité pure : allégorie réelle, dit-il dans son catalogue. […] Proudhon lui annonçait-il son sort en 1853. […] , de critiques, il ne sort que des mots. » Vous pensez que M. 

825. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Je n’indique qu’à peine l’art, parce que, bien que sorti d’un mouvement parallèle, il appartient à une génération un peu plus récente, et, à d’autres égards, trop différente de celle que nous voulons ici caractériser. […] On les voit ingénieux, distingués, remarquables ; mais aucun jusqu’ici qui semble devoir sortir de ligne et grandir à distance, comme certains de nos pères, auteurs du premier mouvement : aucun dont le nom menace d’absorber les autres et puisse devenir le signe représentatif, par excellence, de sa génération : soit que, dans ces partages des grandes renommées aux dépens des moyennes, il se glisse toujours trop de mensonge et d’oubli de la réalité pour que les contemporains très-rapprochés s’y prêtent ; soit qu’en effet parmi ces natures si diversement douées il n’y ait pas, à proprement parler, un génie supérieur ; soit qu’il y ait dans les circonstances et dans l’atmosphère de cette période du siècle quelque chose qui intercepte et atténue ce qui, en d’autres temps, eût été du vrai génie. […] Jouffroy s’étant adressé au pâtre pour le choix d’un certain sentier, le pâtre, sans sortir de son silence, fit signe du bâton et rentra dans son immobilité. […] Le jour qui baissait agrandissait la scène ; on ne sortait que croyant et pénétré, et en se félicitant des germes reçus. […] Mais il y a tout aussitôt et très-habituellement le côté bon, plébéien, condescendant, explicatif et affectueux, qui s’accommode aux intelligences, qui, au sortir d’un paradoxe presque outrageux, vous démontre au long des clartés et sait y démêler de nouvelles finesses ; une disposition humaine et morale, une bienveillance qui prend intérêt, qui ne se dégoûte ni ne s’émousse plus.

826. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Cette tête était ornée par derrière et voilée par-devant d’une belle chevelure indécise entre le brun et le blond, qui ruisselait jusque sur ses épaules, et d’où sortait, au mouvement de sa main, un front limpide, mais déjà plein de je ne sais quoi, pensées ou rêves, poésie future ou sagesse prématurée. […] Puisse-t-il savourer jusqu’au terme une coupe qu’aucun coup du sort ne brise jamais entre ses lèvres ! […] L’envie et l’impuissance s’étant accouplées comme le Péché et la Mort dans Milton, il en est sorti ce monstre de décomposition humaine, ce Polyphème qui n’a qu’un œil et des mains, l’homme spécial. […] Ici le poète change de ton, et, saisi de ces frissons lyriques qui sortent des sources et des bois sur les hauts lieux, il fait chanter un hymne à son cœur de philosophe de l’espérance. […] Quel rayonnement ne sortira pas d’une telle étoile ?

827. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Ovide, peignant le chaos d’où devait sortir le monde, le représente comme une grande confusion d’éléments qui se heurtent, mais sous un même voile et, pour ainsi dire, sous un même visage : Unus erat toto naturæ vultus in orbe. La littérature de notre époque, symbole du chaos où nous nous agitons, et d’où sortira un monde, est presque uniformément couverte d’un grand voile de mélancolie. […] Il raconte donc une multitude de faits personnels pour montrer comment de toute son existence sortit un jour Werther, écrit (ce sont ses expressions) dans une sorte de somnambulisme. […] Rousseau, l’initiateur de ce mouvement, Rousseau, qui fit sortir l’art des maisons et des palais pour l’introduire sur une plus grande scène, et dont la poésie, sous ce rapport, est à la poésie de ses devanciers comme le lac de Genève est aux jardins de Versailles ; Rousseau, dis-je, avait en même temps, à un degré supérieur, l’idée générale, l’idée philosophique, l’idée sociale. […] Qui ne voit, en effet, qu’il faudrait à Werther une religion, pour remplacer dans son cœur et dans son intelligence la vieille religion dont il est à jamais sorti, et pour le retenir ainsi sur le bord de l’abîme, au nom du devoir ?

828. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Le sort lui refusa les rôles éclatants et, comme il n’était pas un caractère, il se réfugia, à demi-satisfait, dans les consolations douces. […] C’est que — l’obscure clarté d’un entresol réjouit au sortir d’une cave — il rappelle en mieux une si plate rapsodie, le plus triomphant feuilleton de je ne sais quel Dumas polonais. […] Quel intérêt offriront-elles quand, au lieu de venir d’un contemporain, elles sortiront d’un professeur, vague apparence qui n’appartient à aucun temps et qui ne saurait néanmoins sans s’évanouir, fantôme dispersé par la lumière, être considéré sous un aspect d’éternité ? […] Il en sort un Cyrano aussi héroïque et plus rarement violent, mélange curieux de bravoure et de douceur. […] [Camille Mauclair] Sortons des salles de soutenance et des odeurs universitaires.

829. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

La vérité est qu’on ne sort jamais de soi-même. […] Il sortait du collège, le front assombri de métaphysique sous sa chevelure d’adolescent. […] Il laissa la petite personne chez lui et sortit comme il avait coutume. […] Les moines qui la traversaient étaient vraiment sortis du monde. […] Sorti de sa stupeur, il vit une, femme à son chevet.

830. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Le spectacle commençait alors à quatre heures, et l’on en sortait à sept. […] Quel est le spectateur qui ne frissonne pas, lorsqu’il entend Roxane prononcer ce mot terrible : Sortez , et qu’il sait que ce mot est l’arrêt de mort de Bajazet ? […] Ce sont là de grandes incongruités dramatiques pour des Français, qui n’imaginent rien de plus héroïque, rien de plus digne d’un guerrier et d’un conquérant, que de faire dépendre son sort des sentiments d’une jeune fille ; mais on n’aurait jamais pu faire entrer une pareille idée dans la tête des Athéniens. […] Ce n’est pas un grand effort de faire éclore quelques beautés d’un amas de sottises : la palme est à celui qui sait créer une foule de beautés, sans sortir du cercle étroit que l’art et la raison tracent autour de lui. […] Le sort d’Athalie est un mystère de la littérature ; il faut le croire, sans chercher à le comprendre : il est beaucoup plus étonnant que le prodigieux succès de quelques mauvaises pièces, aujourd’hui oubliées et méprisées.

831. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

À l’ouverture de chaque âge, il est d’une certaine façon ; son corps, son cœur et son esprit ont une structure et une disposition distinctes ; et de cet agencement durable que tous les siècles précédents ont contribué à consolider ou à construire sortent des désirs ou des aptitudes permanentes, selon lesquelles il veut et il agit. […] Sortir, c’est faire effort, ne plus se soucier de l’humidité ni du froid, braver le malaise et les sensations désagréables. […] Lorsque, par un jour demi-serein, on sort dans la campagne et qu’on arrive sur une hauteur, les yeux éprouvent une sensation unique et un plaisir qu’ils ne connaissaient pas. […] Chez nous le paysan, le dimanche, sort de sa cabane pour aller voir sa terre ; ce qu’il souhaite, c’est la possession ; ce que ceux-ci aiment, c’est le confortable. […] De ce corps de vérités envahissantes sort aussi une conception originale du bien et de l’utile, et, partant, une nouvelle idée de l’État et de l’Église, de l’art et de l’industrie, de la philosophie et de la religion.

832. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

C’est ainsi que la mère et le fils parlaient, quand les sanglots du brahmane et les plaintes de sa femme éclatent avec un cri déchirant ; aussitôt Kounti s’élance dans l’appartement d’où sortent les voix : ainsi la génisse accourt aux cris de son nourrisson. […] L’ermite était absent ; sa fille adoptive, la belle Sacountala, sort à la voix de l’étranger ; elle reconnaît le roi. […] Le cri qui sort du cœur torturé de l’homme ou de la femme retentit dans le ciel plus que sur la terre : la nature s’absorbe dans la religion. […] (Le brahmane sort avec son disciple.) […] (Il sort.)

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