elle avait été faite d’un métal solide ; car elle dura presque un siècle, en soupant, avec l’appétit d’un cormoran, tous les soirs.
Indépendamment des inventeurs d’un Alceste-Montausier, qui sont les radoteurs de la chose, du Boulan cite Théophile Gautier, qui a glosé sur l’Alceste, un soir de feuilleton.
C’est — viens voir — Pis qu’un soir De Norvège.
À l’émeute, entre Lamoricière et Changarnier, il était Lamartine, comme il l’était en veste grise et en pantoufles jaunes, le soir, dans son salon, où toute l’Europe venait encore lorsque la France républicaine, aux reins flexibles, redevenue le second Empire, n’y venait plus.
Celui qu’on ne croyait qu’un vieux théologien aveugle devient l’Homère de l’Angleterre, et la mémoire de ce puritain en habit gris, qui serait maintenant évaporée comme les sons de l’orgue dont il jouait, disent les Histoires, près de sa porte ouverte, aux derniers rayons du soir, se fixe en immortalité.
Réalisé comme l’a réalisé Diderot, Le Neveu de Rameau, qui a étonné nos pères comme un Paradoxe du Comédien de plus, n’est, à le bien prendre, qu’une conversation très-habilement menée, quoique bouillonnante, pleine d’esprit jusqu’à déborder ; plus pleine encore de verve, de bonhomie, de mordant, d’ironie profonde, mais si bouillonnante, rapide, interrompue, reprise ; cascade coupée de cascades qu’elle puisse être, ce n’est après tout qu’une violente dépense d’imagination et d’esprit d’une centaine de pages et le divertissement d’un soir qui ne dure guère plus que le temps d’une orgie, tandis que, sous les arabesques et les méandres d’un dialogue qui tarit moins vite et s’éparpille moins que celui de Diderot, le Neveu de Rameau de M.
Un soir, une troupe de comédiens embourbée à quelques pas des quatre tourelles de Sigognac, vient frapper à l’huis de ce château délabré pour demander l’hospitalité à la faim et à la soif qui l’habitent.
On raconte qu’un soir de bourrasque et de pluie, un aumônier, un pasteur, un rabbin, liés comme il arrive souvent par la vie en commun au poste divisionnaire, se trouvèrent sur une partie du champ de bataille où des soldats relevaient les cadavres.
C’était le temps où un jeune homme « ayant le tourment des choses divines », comme disait George Sand, pouvait se donner la joie d’entendre, dans la même journée, les appels splendides de Lacordaire à Notre-Dame, et, le soir, l’émouvante voix de Mlle Rachel au Théâtre-Français dans quelque grande tragédie, ou bien encore s’enivrer de la prose exquise et presque rythmée d’Alfred de Musset, révélé sur la même scène. […] De toutes ces inventions rustiques qu’elle recueillait avidement, de ces visions du soir qu’elle sollicitait dans la campagne, il y avait juste de quoi troubler un instant sa cervelle et lui ravir quelques heures de sommeil. […] Jean Valreg est monté, le soir, sur la petite terrasse du château de Mondragon, et là il recueille tous les bruits des collines et des vallées qui montent jusqu’à lui, il étudie cette musique produite par la rencontre des sons épars qui constitue en ce pays la musique naturelle, locale. […] Est-il possible de penser à Valentine sans se reporter à cette scène enchanteresse où son âme, vaguement impatiente d’amour, en pressent le mystérieux appel dans la campagne déserte, qu’elle traverse seule, le soir de la fête, au pas négligent de son cheval, quand tout à coup, aux murmures de l’eau voisine et de la brise qui s’élève, vient se joindre une voix pure, un chant jeune et vibrant ? […] « Quand vous partirez ce soir, me dit-elle, je me mettrai à l’ouvrage, et je ne me coucherai que quand j’aurai rempli douze de ces pages. » C’était la tâche quotidienne : le travail était ainsi réglé d’avance ; elle comptait sur l’exactitude de son inspiration, qui ne lui faisait presque jamais défaut.
Je me disais donc : laquelle des deux pièces que Mithridate contient, disparaîtra ce soir à mes yeux ? […] — Non ; mais s’ils ne sont pas épousés ce soir, ils s’épouseront demain. […] On la complimentait, un soir, très vivement, sur la manière dont elle avait « fait » Zaïre. — « Oh ! […] Lekain, ou Rougeot, aurait pu, ce soir-là, crier au parterre : « Applaudissez donc. […] On le retrouvera ce soir ou demain, et on lui fera son affaire.
Un assassinat L’autre soir, sur le boulevard Saint-Germain, vers huit heures, un camelot criait la deuxième édition d’un grand journal du soir, en ajoutant : « L’assassinat de M. […] Autrefois, quand ils avaient pleine liberté d’appréciation, la rue était assez gaie à partir de cinq heures du soir. […] Ne leur demandez pas, le soir, ce qu’ils ont vu dans la journée. […] Il était à peu près neuf heures et demie du soir et la dame, quand j’arrivai là, entamait sa troisième absinthe « avec beaucoup de glace », ajouta-t-elle avec un rien de pudeur et aucune minauderie.
Il suffit d’un arbre qui se mire sur l’eau ; il suffit des chaumières qui, le soir, s’endorment ; il suffit des labours qui boivent la pluie. […] Il désirait d’entrer au service des ponts et chaussées : pour cela, il étudiait, le soir, les mathématiques. […] Un soir, il prit du café noir. […] N’a-t-il pas écrit encore cette parole désolée, que « les plaisirs du soir attristent le matin » ? […] Il y a, parmi eux, des objets qui viennent de très loin et qui attestent les voyages dont, le soir, on parle encore.
Dans cette occurrence, il n’y avait véritablement que le roi en personne qui pût tirer d’affaire son poète ; mais le roi était dans son camp, tout occupé de batailles le matin, et de fêtes le soir ; partageant sa vie entre M. de Vauban et mademoiselle de Lavallière. […] — Heureusement que Louis XIV fut l’ami de Molière ; il lui parlait souvent des choses de son art ; il lui permit de faire son lit, trois fois par an ; même un soir il l’invita à souper, avec lui, en pleine cour. — Honneur au roi ! […] » Monsieur est pris d’un mal subit. — Lisez « Monsieur se promène » ; il fait beau, le public ne viendra pas ce soir, ma foi ! […] Ce soir-là, madame Menjaud, jeune encore, prenait congé du Théâtre-Français, après vingt années d’un bon et fidèle service. […] — C’est une fille qui lui plaît et qu’il aime de tout son cœur. — Il l’a demandée à son père. — Le mariage doit se conclure ce soir. — Et il a donné sa parole.
Il ne juge pas Shakespeare sur les innombrables quolibets dont il assaisonne ses pièces pour complaire à la populace de ses auditeurs de tous les soirs, sur les tréteaux de son théâtre ambulant de New-Market ; il ne dénigre pas Molière sur les farces du Médecin malgré lui ou de M. de Pourceaugnac ; mais il prend l’œuvre entière de ces deux grands hommes, et il décide, comme Voltaire, que Shakespeare est le génie inculte d’une époque barbare, et que Molière est le génie cultivé d’un âge éclairé. […] Madame eut avant-hier la fièvre jusqu’au soir. […] Le soir, elle eut un grand dégoût, Et ne put, au souper, toucher à rien du tout. […] Un soir, pendant la campagne de 1662, comme Louis XIV allait se mettre à table, il lui arriva de dire à Péréfixe, évêque de Rodez, son ancien précepteur, qu’il lui conseillait d’en aller faire autant. « Je ne ferai qu’une légère collation, dit le prélat en se retirant ; c’est aujourd’hui vigile et jeûne. » Cette réponse fit sourire un courtisan, qui, interrogé par Louis XIV, répondit que Sa Majesté pouvait se tranquilliser sur le compte de M. de Rodez: après quoi il fit un récit exact du dîner de S.
Ainsi l’art du poète fut, au début, descriptif ; et, alors, soit qu’il esquissât, avec une maîtrise d’expression toujours croissante, les portraits de ses Moines ascétiques, figés dans leur rigide et tombale stature, soit qu’il s’essayât à évoquer les vieux cloîtres féodaux et gothiques, ou à chanter, en fresques d’un sombre éclat, les tragiques aspects de ses Soirs, le souci qui le dominait fut, sans cesse, celui-ci : limiter la poésie à la peinture, à la stricte impression, par l’artifice du verbe, des formes et des couleurs. […] « Je voudrais rencontrer, dit-il, une brute, un être primitif et sensitif, frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris sans le savoir, de quelque Ève, apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules. […] Mais un soir nous avons éprouvé combien il était vain de marcher, enivrés, vers la mort. […] D’autres sont nobles comme un laboureur qui vers le soir, avec un sourire, essuie son front mouillé et caresse le flanc des bœufs.
La vague en a paru rouge et comme enflammée : Ce soir ma robe encore en est tout embaumée… Respire-s-en sur moi l’odorant souvenir.
si Lamartine avait pu disparaître et s’évanouir dans les airs comme Romulus, le lendemain ou le soir même de cette triomphante journée du 16 avril, qui fut sa dernière grande journée politique, quelle idée il aurait laissée de lui !