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2150. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Rien ne manque, à la bassesse de cette époque et je me demande comment il peut se trouver encore des historiens assez dépourvus de clairvoyance pour en tenter la glorification.

2151. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Il est possible que ce sentiment d’horreur se trouve à l’origine de la pitié ; mais un élément nouveau ne tarde pas à s’y joindre, un besoin d’aider nos semblables et de soulager leur souffrance.

2152. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Fouillée fait la même remarque dans sa Philosophie de Platon (tome II, page 7) : « Si donc la beauté se trouve dans un principe supérieur à la vérité et à la science, il est inexact de l’appeler la splendeur du vrai, et il faut l’appeler plutôt la splendeur du bien. » 50.

2153. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Encouragé par le mauvais goût de son temps, — qui était effroyable, aux environs de 1645, et dont ni les pointes de sa Rodogune ni la déclamation de son Héraclius ne sauraient vous donner une idée, — il allait retourner aux errements de sa jeunesse, peindre vraiment … Caton galant et Brutus dameret ; non seulement Brutus et Caton, mais Attila, le roi des Huns ; entraîner à sa suite, pendant plus de vingt ans, toute une école d’imitateurs hors de la nature et de l’observation ; et vérifier enfin lui-même, en sa propre personne, ce que l’on a dit de tant de grands artistes, que leur longue carrière se divise en trois périodes, pendant la première desquelles ils se cherchent ; dans la seconde, ils se trouvent ; et dans la troisième, — ils se perdent. […] Il y en a plus d’une raison, dont la plus générale est sans doute celle-ci, que l’on n’approfondit pas les caractères, — celui du misanthrope, celui de l’avare, ou celui de l’hypocrite, — sans se trouver tôt ou tard en face de quelque chose de premier, d’essentiel, et comme qui dirait d’une force de la nature. […] Nous l’oserions à peine aujourd’hui… Et pourquoi reparaît-il, aussitôt après la déclaration échappée, sinon pour que Phèdre se trouve enfermée dans la situation dont elle ne sortira maintenant que par la calomnie et par l’assassinat ?

2154. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

L’Etat promettait le repos, la moralité, la sécurité par l’instruction, et dans chaque ville des milliers de femmes se trouvent sans espoir, à la merci de la lutte, incertaines de vivre, tentées par la galanterie, exclusive ressource d’une époque qui marche à la prostitution universelle, comme l’a osé dire M.  […] A moins de s’isoler comme un savant ou d’y vivre en provincial, c’est hors Paris que se trouvent les dilettanti, les liseurs consciencieux, ceux qui étudient par goût et s’intéressent par conviction, ceux pour qui la littérature n’est pas un passe-temps, mais un aliment qui fait le fond même de la vie. […] C’est dans les Mémoires d’Outre-tombe que nous apparaît le vrai Chateaubriand ; c’est dans les haines et les prédilections de ses Lettres que le talent de Flaubert se trouve expliqué. […] Faut-il rappeler enfin, pour résumer et compléter toutes ces preuves, l’inoubliable naufrage des Natchez, qui se trouve répété dans les Mémoires  ?

2155. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Je ne ferai point ici cependant cette expertise utile et sage : car peut-être se trouve-t-il, parmi ces marchandises, certaines œuvres d’artistes véritables, égarées là ; et je dois évoquer, devant elles, la théorie artistique de la peinture wagnérienne : condamné par leur présence à oublier les produits qui les avoisinent, et l’intéressante boutique où elles sont. […] La vraie critique ne se trouve plus guère que dans les journaux ; encore y est-elle en général d’une partialité trop visible, ce qui réduit à presque rien la portée de ses jugements. […] Tous les jours ils inventent quelque nouveau remède qui se trouve, en fin de compte, ne guérir personne ; et tous les jours ils inventent quelque nouvelle maladie, dont on dirait que le germe ensuite se répand avec le nom.

2156. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Lorsque Pascal écrivait aux jésuites : « Vous avez bien mis ceux qui suivent vos opinions probables en assurance du côté des confesseurs, mais vous ne les avez point mis en assurance du côté des juges, de sorte qu’ils se trouvent exposés au fouet et à la potence en suivant vos probabilités » ; lorsqu’il ajoutait : « Obligez les juges d’absoudre les criminels qui ont une opinion probable, à peine d’être exclus des sacrements, afin qu’il n’arrive pas, au grand mépris et scandale de la probabilité, que ceux que vous rendez innocents dans la théorie, soient Fouettés ou pendus dans la pratique9 » ; quand Pascal flagellait ainsi les jésuites, il s’armait d’une sanglante ironie, mais certes il n’y mettait pas de gaieté ; il n’y a donc point là de comique.

2157. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers dans ce jugement de l’administration et du génie du ministre anglais, quand le génie de ce ministre se trouve en opposition aux vues très antibritanniques du premier Consul.

2158. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Aussi à quel degré de contradiction avec sa nature et par conséquent de nullité d’influence dans le pays, le parti légitimiste se trouva-t-il à la fin de cette campagne de quinze ans, par la fausse stratégie de ses guides politiques !

2159. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

C’est ce côté que je n’avais qu’atteint et touché dans Joseph Delorme, qui se trouve développé dans les Consolations.

2160. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

S’il se trouvait dans la salle une mère plus tendre, une épouse plus fidèle, une femme d’un esprit plus délicat qu’Andromaque, c’est Racine qui aurait tort.

2161. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Dans la surdité verbale, en effet, le malade se trouve à l’égard de sa propre langue dans la même situation où nous nous trouvons nous-mêmes quand nous entendons parler une langue inconnue.

2162. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Je me suis baissé ; je l’ai frictionné ; je lui ai demandé comment il se trouvait là… « Il y a trois jours que je n’ai pas mangé, a-t-il balbutié, j’ai faim, j’ai si faim, — pas de travail. » Et, sans pouvoir en dire plus long, il est mort entre mes bras… Un de plus qui va errer dans les Limbes en criant justice. […] Les convives du banquet se trouvent au centre d’un carrefour à quelque distance de la ville qui se tasse, confuse et fumeuse, contre l’horizon.

2163. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais voici que cette Préface et la comédie de Molière, ont été en effet réfutées par le seul homme qui fût de force à jouter avec Molière, par un homme auquel on pense toujours, lorsque l’on se trouve en présence de l’une des grandes difficultés de cette histoire du xviie  siècle, par Bossuet, cet exilé de la politique, espèce de Richelieu condamné à n’être qu’un éloquent apôtre et à parler comme parlait saint Jean-Chrysostome, quand il n’eût pas mieux demandé que d’agir comme saint Paul. […] Alceste et cet avocat sont en présence, et ils s’étonnent de se trouver, si convenables l’un à l’autre, et si honnêtes gens !

2164. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Toutes trois concourent à la beauté des grands poèmes, et se trouvent réunies dans les plus parfaits, mais l’usage de la dernière doit y être rare et modéré.

2165. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Peut-être à cause de quelques phrases suspectes du bon Tronchin, qui n’hésite point à se vanter d’avoir, en une circonstance analogue à celle où se trouve la duchesse, « tiré la présidente d’un mauvais pas », phrases étranges, et qui, si on les étudiait avec insistance, révéleraient chez Alfred de Vigny, chaste mépriseur de la vie et pitoyable à ceux qui viennent au monde, un état d’esprit où Malthus rejoint Platon, peut-être aussi à cause de la future maternité inévitablement présente à l’esprit du spectateur à travers les joliesses du langage et les beautés de l’idée, on ne sait quelle gêne, quel froissement d’intime conscience, même quelle révolte de sain instinct s’oppose au total plaisir que nous devrait donner Quitte pour la peur. […] S’il se trouve quelques vers médiocres dans la Conjuration d’Amboise, il y a lieu de les pardonner à celui sans qui, peut-être, nous n’aurions eu ni Salammbô ni, lumineuse comme un vitrail, la Légende de saint Julien l’Hospitalier. […] De sorte que, en sa mélancolie bénigne, désillusionné de demain par tant de cruels hiers, cela lui était bien égal d’être ou de ne pas être ; en mourant, il regretterait les beaux vers sonores, aux belles épithètes ; mais il se trouvait dans l’assemblée le jour où Corinne triompha de Pindare !

2166. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il n’aurait pas dit, avec l’aisance égoïste de l’auteur des Essais : « N’est-ce pas quelque advantage, de de se trouver désengagé de la nécessité qui bride les autres ? […] Comme Jéhu se préoccupait des nombreux descendants de la famille d’Achab qui se trouvaient dans Samarie, il écrivit aux principaux de la ville une lettre hypocrite et ambiguë, que les notables comprirent fort clairement. […] Un littérateur, un psychologue, un artiste se trouve là hors de chez lui. » La critique ici serait trop facile.

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