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259. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Il arrivera, je le crois, une époque quelconque, où des législateurs philosophes donneront une attention sérieuse à l’éducation que les femmes doivent recevoir, aux lois civiles qui les protègent, aux devoirs qu’il faut leur imposer, au bonheur qui peut leur être garanti ; mais, dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la société. […] On permettait bien aux femmes de sacrifier les occupations de leur intérieur au goût du monde et de ses amusements ; mais on accusait de pédantisme toute étude sérieuse ; et si l’on ne s’élevait pas, dès les premiers pas, au-dessus des plaisanteries qui assaillaient de toutes parts, ces plaisanteries parvenaient à décourager le talent, à tarir la source même de la confiance et de l’exaltation.

260. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Plus sérieux étaient les amis de Ninon et Saint-Evremond. […] L’impression qu’on garde du livre, c’est qu’il faut n’accepter le merveilleux qu’à bon escient, que le merveilleux, en réalité, doit s’évanouir par un contrôle sérieux des faits.

261. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Légères malgré leur sérieux, gracieuses comme le monde l’entend et presque mystiques comme l’Église l’approuve, elles s’étaient lestement envolées de chez l’éditeur. […] Mme Swetchine, qui n’est pas auteur, — qui en a un jour couru le danger, mais qui y a échappé par cette conversion qui la jeta dans le grand sérieux de la vie et qu’elle n’a jamais racontée (trait caractéristique de la discrétion sur elle-même de cette sympathique femme du monde), Mme Swetchine, ne peut avoir eu que deux buts en écrivant sa pensée : — ou la fixer mieux en la parlant, pour la connaître et lui donner sa forme, pour qu’elle cessât d’être une rêverie et fût bien une pensée, — ou entrer par là dans la pratique morale, dans le conseil, dans le soulagement.

262. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

On le sait, et nous avons eu l’occasion de le dire souvent, Léouzon-Leduc est un chroniqueur de journal, mais un chroniqueur dans le genre sérieux, diplomatique, cravaté de blanc, constellé même un peu, je crois, qui a pris depuis longtemps les royaumes du Nord pour son simple département, et c’est ainsi qu’il nous a raconté autrefois la Russie, comme il nous raconte maintenant la Suède. […] Eh bien, c’est dans ce ton qu’il va, qu’il va droit devant lui, comme s’il revenait de… Stockholm ou de Pontoise, ne faisant jaillir sur sa route ni aperçu nouveau, ni opinion nette dont l’esprit du lecteur puisse être reconnaissant au sien, sur ce règne brillant et délabré qui commença si bien et finit si mal, plus semblable à un carrousel ou à une représentation théâtrale qu’au règne d’un roi sérieux qui sent sa fonction jusque dans le plus profond de sa conscience !

263. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

. — Dans l’intention la plus sérieuse de leur auteur, les Lettres d’une mère à son fils sont évidemment un traité d’éducation mis sous une forme romanesque, comme, par exemple, l’Adèle et Théodore de madame de Genlis, à la différence près que le livre de madame de Genlis, esprit balourd, mais non sans puissance, a de vastes et imposantes proportions, tandis que celui de Corne en a d’un exigu et d’un grêle ! […] C’est un esprit qui a l’honorable désir de se montrer sérieux, lorsque tant d’autres, assez lourds pour l’être, sont affolés de se montrer frivoles.

264. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Évidemment, si nous en croyons son histoire : L’Empereur Soulouque et son Empire 21, il y a, dans l’extravagance cruelle de cette caricature d’empereur et la faculté de tout souffrir de cette caricature de peuple, des choses qui rappellent à leur façon les folies et les furies des vieux monstres connus, solennels et sérieux, et la patience ou l’enthousiasme plus incompréhensible encore, du monde qui les acclama. […] Comme tous les pouvoirs politiques qui durent deux jours, — et le pouvoir de Faustin Ier peut durer davantage, — Soulouque représente une force qui n’est pas en lui, et qui donne à sa marionnette, si ridicule ou si stupide qu’elle puisse être, un sérieux avec lequel l’Histoire doit compter.

265. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Comparez seulement les vivants, si violemment vivants et vrais, des Contes drôlatiques, aux pâles et exsangues momies habillées du Capitaine Fracasse, lesquelles font l’amour du même air, du même ton, avec la même phrase qu’elles se plaisantent ou qu’elles se battent, le long de ce fatigant roman, sans que l’auteur lui-même se départe un moment de l’emphase suspecte de son récit, dans laquelle le plaisant et le sérieux se confondent au point qu’on ne sait plus si l’auteur est réellement un romancier sincère, qui croit à ses héros et qui les aime, ou un humouriste en pointe d’ironie, qui se moque également de ses personnages et de son lecteur ! […] Seulement, c’est un Scarron sérieux et solennel, qui n’aurait jamais trouvé Ragotin !

266. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Franchement, je ne sais trop comment m’y prendre pour vous parler convenablement d’un livre dont le caractère est la platitude, — une platitude comme je n’en ai jamais vu, — une platitude ineffable, qui ne ressort ni de la critique sérieuse ni même de la plaisanterie, et dans lequel, si par hasard le Diable y était pour quelque chose, je le tiendrais, lui qu’on a toujours regardé comme une personne d’esprit, pour complètement déshonoré ! […] Le Maudit, ce livre qui crève de sérieux, est écrit par un Prudhomme pédantesque et dissertateur qui irait à la messe chez l’abbé Châtel, si l’abbé Châtel la disait encore en français dans son hangar de roulage du faubourg du Temple !

267. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le vers qu’il a choisi est de tous les vers anglais le plus sérieux et le plus difficile. […] Pour les esprits sérieux qui prennent en pitié toutes les émotions, c’est peut-être un mérite. […] Et, qu’on ne s’y trompe pas, les paroles que j’écris sont des paroles sérieuses. […] C’est à ce prix seulement que l’école naïve obtiendra une attention sérieuse. […] Stéphane ne peut être accepté comme un amant sérieux.

268. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

L’existence des chaires publiques amène dans un cercle plus étendu un effet semblable et plus sérieux. […] Mais je m’empresse d’ajouter le correctif sérieux, et de redire que ce mariage de raison fut aussi un mariage d’honneur : il fut donné à Malherbe d’ennoblir celle qu’il épousa. […] Aussi ne prenons de cet exemple que ce qui convient au genre littéraire sérieux, à la Poésie lyrique élevée dont je parle. […] Il faut, pour avoir son jugement sérieux, corriger cet endroit badin par les meilleures et belles paroles, souvent citées, de sa lettre latine à Silhon. […] Dans le sérieux, dans le tendre, en toute occasion, Malherbe a de ces beaux débuts : A ce coup nos frayeurs n’auront plus de raison, etc.

269. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Son sérieux et sa raison. —  Ses études solides et son observation exacte. —  Sa connaissance des hommes et sa pratique des affaires. —  Noblesse de son caractère et de sa conduite. —  Élévation de sa morale et de sa religion. —  Comment sa vie et son caractère ont contribué à l’agrément et à l’utilité de ses écrits. […] La plaisanterie grave. —  L’humour. —  L’imagination sérieuse et féconde. —  Sir Roger de Coverley. […] Votre interlocuteur est aussi grave que poli ; il veut et peut vous instruire autant que vous amuser ; son éducation a été aussi solide qu’élégante ; il avoue même dans son Spectator qu’il aime mieux le ton sérieux que le ton plaisant. […] On jouit avec une complaisance entière de la rare alliance qui assemble pour la première fois la tenue sérieuse et la bonne humeur. […] Elle part de l’imagination sérieuse et féconde qui ne peut se contenter que par la vue de l’au-delà.

270. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Bref, les Transatlantiques sont pleins de fragments de comédie sérieuse et quelquefois profonde. […] Si bien que, lorsqu’il sort de l’opérette pour rentrer dans la comédie et redevient sérieux pour réconcilier tant bien que mal le duc et la duchesse, nous n’y sommes plus du tout. […] On m’aimait bien, on me prenait très au sérieux. […] Il m’a paru qu’une âme comme celle de Lia, sérieuse et de forte vie intérieure, devait plus vraisemblablement se rencontrer dans le monde protestant. […] Et pour Lia, ses coreligionnaires ne devraient pas oublier que, l’ayant voulue sérieuse et exquise, je l’ai faite protestante, afin de lui pouvoir prêter une vie morale plus attentive, plus profonde, plus consciente.

271. (1925) La fin de l’art

Appellera-t-on cela des valeurs sérieuses ? […] Il est impossible de faire de sérieuses histoires littéraires, si l’on ne connaît pas directement les vieux livres, même sans grande valeur, qui sont comme le fond sur lequel se détachent de belles œuvres de la littérature. […] L’invention de la plume métallique a porté un coup à la littérature sérieuse. […] » Il n’apparaît pas, dois-je dire, qu’on la prenne désormais au sérieux, mais c’est peut-être trop de la laisser revivre, même pour un instant. […] Si l’histoire était une chose sérieuse et scientifiquement comprise, on dirait que Napoléon était corse, et on ne dirait jamais qu’il était français, car la race corse a complètement évolué en dehors de la race française.

272. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Beauvoir, Roger de (1809-1866) »

Ses vers, diront les amis d’une littérature difficile, ne sauraient que gagner à des veilles plus sérieuses.

273. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 515-516

Le sacré & le profane, la dévotion & la galanterie, le sérieux & le comique, l’histoire & la fiction, les traits d’esprit & les platitudes, la raison & la folie, y forment un tissu bizarre qui amuse toutefois le Lecteur, même le plus difficile, par des saillies toujours variées & toujours imprévues.

274. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

C’est une tentative fort sérieuse ; mais faites donc qu’une pareille pensée soit entrée dans la tête d’une génération de sensualistes et de libertins ! […] Non, le sensualisme n’est pas le défaut d’une si sérieuse époque. […] Je tins mon sérieux superbement devant cette farce impériale, attendu qu’il n’y avait point de glace dans la salle du trône, et que je ne voyais de ma mascarade que mes grandes jambes en pantalon noir sortant de dessous ma robe de chambre turque. […] Aussi ne cesse-t-il, dans sa correspondance, de combattre par des raisonnements moitié sérieux, moitié plaisants, les inquiétudes de sa famille et de ses amis. […] Aussi bien, c’était le système de Jacquemont partout ailleurs que dans ses lettres ; il était trop sérieux pour compromettre follement sa vie ; et sa confiance, si vivement exprimée, tenait au soin même qu’il prenait de sa santé.

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Auriac, Victor d’ (1858-1925) »

Ce livre est une sérieuse promesse.

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