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46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

C’étaient les restes de cette école de mœurs italiennes fondées par la famille du cardinal Mazarin. C’étaient les restes de cette famille, qui, pendant la Fronde, fut si outrageusement rebutée par mademoiselle de Montpensier, par le prince de Condé, par la duchesse de Longueville, amis déclarés de l’hôtel de Rambouillet. […] Au reste, elle ajoute à son opinion sur les deux historiographes la citation de plusieurs louanges fort ridicules qu’on disait avoir été données par eux au roi en personne à l’armée, et elle finit avec beaucoup de raison par ces mots : Combien de pauvretés ! […] Benserade, au reste, était un bel esprit brillant et délicat. […] En parlant de l’absence de son fils qui est en Bretagne, elle se console par ces vers des deux Pigeons :          Il a tout ce qu’il veut, Bon soupé, bon gîte, et le reste.

47. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Au reste, ce défaut a ses compensations. […] Lorsque tous les pouvoirs intermédiaires ont été détruits, il ne reste plus que des individus dispersés et un corps immense. […] Lorsqu’un pouvoir est très-concentré, il n’est qu’un point où l’on puisse l’attaquer, et si l’on triomphe, tout le reste s’écroule. […] Au reste, pour bien comprendre la pensée de Tocqueville et ne pas confondre des choses très-distinctes, il faut remarquer qu’il peut y avoir deux sortes de despotisme dans les sociétés démocratiques : le despotisme politique, qui naît de l’omnipotence des majorités, et le despotisme administratif, qui vient de la centralisation. […] Les grands publicistes se bornent à donner des directions générales, c’est au législateur de faire le reste.

48. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Ne sait-on pas, au reste, que la tentative a échoué sans retour, et qu’il n’est personne, aujourd’hui, qui s’illusionne encore sur les promesses de ce démontage anatomique de l’âme humaine, dont les individualistes outranciers ont cordialement assumé l’ardue tâche, dans l’espoir manifeste qu’elle aboutirait au triomphe du moi, devenu la formule suprême de vérité. […] Et donc, aujourd’hui comme hier, pénétrer dans les replis les plus intimes de l’âme, atteindre à la formule de cette somme d’impressions monochromes et diverses, qui s’alignent en synchroniques théories de contrastes dans les vallées de notre for intérieur et en constituent l’ordre normal, reste une tâche inouïe. […] Bergeret suffirait, au reste, à nous en convaincre, si nous n’en étions depuis longtemps avertis. […] Quand on en a savouré lentement toute une page, il reste que l’épreuve doit être renouvelée. […] Au reste, il y a beau temps qu’à propos de scepticisme la pétition de principes est dénoncée.

49. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il ne reste, au milieu de beaucoup de redondance et d’une érudition indigeste et hâtive, uniquement suffisante pour l’instant de la tribune, il ne reste, dis-je, qu’un raisonnement assez suivi et assez vigoureux, des portions qui sont encore de bon sens, et d’autres qui ne peuvent jamais avoir été de bonne foi. […] « Il ne nous reste plus qu’à nous jeter entre vos bras », disait le marquis de Gouy d’Arsy à quelques nobles, en présence de l’abbé Maury […] » répliqua de sa place l’abbé Maury. — Comme il arrive à tous ceux qui disent volontiers de ces choses plaisantes, je crois bien, au reste, qu’on lui en prêtait aussi. […] Mais, en laissant la question théologique et canonique en dehors, la question morale ne reste pas un instant douteuse. […] Tout le reste de la conversation est de ce ton.

50. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Les élèves reçoivent dans l’une des leçons dont l’utilité devient de moins en moins générale ; les leçons qu’ils reçoivent dans l’autre sont d’une nature qui reste la même. […] L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses. […] Si cet abbé Millot était encouragé à fournir le reste de sa carrière, tous les livres classiques sur l’histoire seraient faits. […] Nous avons, au reste, annoncé d’avance que nous étions loin de partager toutes les opinions contenues dans ce morceau ; nous n’avons voulu que les faire connaître, autant que le permettent les convenances que nous nous sommes imposé de respecter. » (Note de M. 

51. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Mais la différence reste grande. […] Il reste soutenu par le mouvement d’une conversation. […] Mais elle y reste, elle y dure. […] Mais elle reste une ligne monumentale. […] La situation reste indestructible, monumentale.

52. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Quoiqu’il ait parcouru la plus brillante moitié de sa route, et qu’il ne doive point, selon toute apparence, se surpasser désormais, il n’a pas atteint cet âge où une critique sévère afflige en pure perte ; et, dès qu’elle peut encore lui être utile, elle reste suffisamment légitime. […] De la légèreté, de la précipitation, de l’ignorance, de la mauvaise foi, un reste de vieille rancune, pas un trait de talent, un ton et un goût détestables, en voilà le sincère et triste résumé. […] Qu’on ne croie pas, au reste, que nous songions à épuiser la matière. […] — Tome Ier, pages 53 et suivantes : « Reçus dans la société des nobles et des riches, à titre de tolérance, les gens de lettres du XVIIIe siècle n’y tenaient pas un rang beaucoup plus élevé que les musiciens ou les artistes dramatiques, parmi lesquels se sont trouvés souvent des hommes de talent et de réputation que les meilleures sociétés attirent à elles, pendant que la profession à laquelle ils appartiennent reste généralement exposée au mépris et à l’humiliation. » A quoi pensaient donc MM.  […] Parmi tant de graves découvertes, sir Walter Scott ne néglige pas les plus menus détails ; il affecte d’entremêler son style de locutions françaises y et n’est pas moins heureux investigateur sac ce point que dans le reste.

53. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

On l’a prise pour matière de programme, qu’il faut avoir parcourue, effleurée, dévorée, tant bien que mal, le plus vite possible, pour n’être pas « collé » : quitte ensuite, comme pour tout le reste, à n’y songer de la vie. […] Au reste, je ne me suis point inquiété d’être neuf, ni de faire des découvertes ; et je ne désirerais rien plus vivement, au contraire, que d’avoir en général rencontré les idées que la plupart de mes contemporains auraient à la lecture des mêmes ouvrages. […] Un petit nombre d’œuvres capitales viendront ainsi enrichir définitivement le trésor public de notre littérature : le reste demeurera la propriété et la curiosité des érudits. […] Au reste, j’ai essayé de simplifier l’exposition des progrès de la Littérature Française. […] Je ne veux point dire par là, comme quelques lecteurs l’ont cru, qu’il faut revenir à la méthode de Sainte-Beuve et constituer une galerie de portraits ; mais que, tous les moyens de déterminer l’œuvre étant épuisés, une fois qu’on a rendu à la race, au milieu, au moment, ce qui leur appartient, une fois qu’on a considéré la continuité de l’évolution du genre, il reste souvent quelque chose que nulle de ces explications n’atteint, que nulle de ces causes ne détermine : et c’est précisément dans ce résidu indéterminé, inexpliqué, qu’est l’originalité supérieure de l’œuvre ; c’est ce résidu qui est l’apport personnel de Corneille et de Hugo, et qui constitue leur individualité littéraire.

54. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Otez le style, que reste-t-il de ces grands hommes ? […] Les vues les plus contraires s’entre-choquent dans son ouvrage, où pas un mot n’est défini et où l’auteur reste suspendu entre deux antithèses, comme le cercueil de Mahomet entre le pavé et la voûte. […] que voulez-vous qui reste de l’histoire, si vous lui ôtez le droit du mépris ? […] Tant qu’on reste dans le vocabulaire des partis, on est la dupe de leurs mensonges. […] Il reste à dire un mot de sa valeur littéraire.

55. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Lorsque je lis le reste de cette Histoire de France qui n’a que le druidisme pour tout aperçu, M.  […] Il ne reste rien pour en juger, dit M. d’Arbois de Jubainville, de l’histoire des Gaulois écrite par Callisthènes ou de celle que, sous Auguste, avait composée Timagène, et ce qu’on en sait fait frémir. […] » Certes, voilà qui dispensait de tout le reste. […] M. de l’Espinois l’a percé à jour, déchiqueté, rongé, et ce qui en reste, s’il reste quelque chose, on peut l’abandonner au vent des Gaules, à l’esprit qui souffle de la Cambrie, et si peu qu’il souffle, il n’aura pas grand’peine à l’emporter !

56. (1774) Correspondance générale

Il est certain qu’il ne vous reste plus d’amis que moi ; mais il est certain que je vous reste. […] Je vous envoie le reste de la besogne que vous m’avez laissée. […] Au reste, ne manquez pas d’aller remercier M.  […] Soit en éloge, soit en blâme, le reste me regarde. […] Si je peux l’amener à quelque condition raisonnable, je reste.

57. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Regardons-le de près, et voyons comment il réagit à tout le reste. […] Il faut que chacun de ses membres reste attentif à ce qui l’environne, se modèle sur l’entourage, évite enfin de s’enfermer dans son caractère ainsi que dans une tour d’ivoire. […] Il lui reste seulement à se mettre en règle avec la société. […] Au contraire, dans l’émotion qui nous laisse indifférents et qui deviendra comique, il y a une raideur qui l’empêche d’entrer en relation avec le reste de l’âme où elle siège. […] Elle a beau s’installer dans l’âme, elle a beau être devenue maîtresse de la maison, elle n’en reste pas moins une étrangère.

58. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Si l’on connaissait bien la race physiologiquement, les ascendants et ancêtres, on aurait un grand jour sur la qualité secrète et essentielle des esprits ; mais le plus souvent cette racine profonde reste obscure et se dérobe. […] On connaît de reste le cercle critique du Globe vers 1827, le groupe tout poétique de la Muse française en 1824, le Cénacle en 1828. […] C’est entre les hommes du même âge et de la même heure, ou à peu près, que le talent volontiers se choisit pour le reste de sa carrière ou pour la plus longue moitié, ses compagnons, ses témoins, ses émules, ses rivaux aussi et ses adversaires. […] En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione. […] Son Éloge reste à faire, un Éloge littéraire, éloquent, élevé, brillant comme lui-même, animé d’un rayon qui lui a manqué depuis sa tombe, mais un Éloge qui, pour être juste et solide, devra pourtant supposer en dessous ce qui est dorénavant acquis et démontré 3.

59. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Autant que j’en puis juger, le reste est nouveau, méthodes et conclusions. […] Au-dessous et à côté des idées, images, sensations, impulsions éminentes dont nous avons conscience, il y en a des myriades et des millions qui jaillissent et se groupent en nous sans arriver jusqu’à nos regards, si bien que la plus grande partie de nous-mêmes reste hors de nos prises et que le moi visible est incomparablement plus petit que le moi obscur. […] Un écoulement universel, une succession intarissable de météores qui ne flamboient que pour s’éteindre et se rallumer et s’éteindre encore sans trêve ni fin, tels sont les caractères du monde ; du moins, tels sont les caractères du monde au premier moment de la contemplation, lorsqu’il se réfléchit dans le petit météore vivant qui est nous-mêmes, et que, pour concevoir les choses, nous n’avons que nos perceptions multiples indéfiniment ajoutées bout à bout. — Mais il nous reste un autre moyen de comprendre les choses, et, à ce second point de vue qui complète le premier, le monde prend un aspect différent. […] Au reste, la pure spéculation philosophique n’occupe guère ici que cinq ou six pages ; elle est une contemplation de voyageur, que l’on s’accorde pour quelques minutes lorsqu’on atteint un lieu élevé. Ce qui compose véritablement une science, ce sont des travaux de pionnier. — À cet égard, il reste beaucoup à faire en psychologie ; comme toutes les autres sciences expérimentales, elle ne peut avancer que par des monographies détaillées et précises.

60. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

La langue de l’improvisation poétique nous a été refusée, celle de l’improvisation oratoire se perfectionnera : elle est, au reste, plus conforme au génie de notre langue, qui, elle-même, ainsi que nous l’avons fait remarquer, est singulièrement appropriée à l’âge actuel de l’esprit humain. […] À présent, nous ne pouvons en douter, il faut chercher la poésie ailleurs que dans des embellissements ; au reste, elle n’a jamais été là que pour le vulgaire. […] Il reste encore des choses à deviner dans Homère, dans Eschyle, dans Platon ; mais le grec lui-même sera bientôt épuisé, bientôt il ne contiendra plus de mystère à deviner. […] J’ai peine à comprendre comment, avec le sentiment progressif qui travaille les esprits, on reste cependant attaché aux méthodes stationnaires. […] L’idéal, pour la peinture, doit se concentrer sur la noble figure de l’homme, et abandonner le reste du corps.

61. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Une transmission problématique de facultés d’ailleurs indéterminées et dont la genèse reste inconnue, voilà tout ce que l’anthropologie peut nous offrir pour l’explication du succès de l’égalitarisme ; n’est-il pas naturel que nous en cherchions autre part des raisons moins obscures et moins incertaines ? […] Nous en avons assez dit pour prouver que la race reste, jusqu’à nouvel ordre, une force occulte à laquelle il ne faut faire appel qu’en désespoir de cause ; mesures et statistiques ne doivent pas nous faire illusion : l’explication anthropologique n’est et ne sera pas longtemps, sinon toujours, qu’un pis-aller. […] On dira : du moment où vous accordez, comme expliquée, l’apparition d’une idée dans une conscience, le reste va de soi, la science l’explique aisément. […] L’imitation toute seule reste presque aussi mystérieuse, en somme, que l’invention, et n’est pas beaucoup plus explicative. […] Le succès de l’égalitarisme reste, après leurs tentatives, un phénomène surprenant, dont elles ne dévoilent pas la loi génératrice.

62. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Au reste, il nous semble que Zaïre, comme tragédie, est encore plus intéressante qu’Iphigénie, pour une raison que nous essayerons de développer : ceci nous oblige de remonter au principe de l’art. […] Son père et le Ciel ont parlé, il ne reste plus qu’à obéir. […] Au reste, c’est dans l’Écriture qu’on trouve l’histoire de Caïn et d’Abel, cette grande et première tragédie qu’ait vue le monde ; nous parlerons ailleurs de Joseph et de ses frères.

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