Bernard l’a saisi par cette main armée ; Suger le retient de l’autre, parle, représente, prie, sollicite et sollicite en vain.
Nous n’avons trouvé ni en France, ni en Allemagne, ni ailleurs, de personnages réels pour représenter parfaitement ces deux écoles275, et nous avons emprunté à Molière deux personnages fictifs, fantastiques : le Chevalier Dorante et Monsieur Lysidas. […] Alors, par une application nouvelle du principe de contradiction, les choses que nous nous représentons avec netteté nous servent à reconstruire a priori quelques-unes de celles dont l’image est devenue confuse. […] Mais, comme l’homme est un animal à deux pieds sans plumes, il est nécessaire de nous représenter comme emplumé le singe, qui est son contraire : cette bête est donc un oiseau. […] L’un dit : la comédie se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée294, excluant par sa définition tout le théâtre d’Aristophane ; un autre : le comique exprime l’empire de l’instinct physique sur l’existence morale295, oubliant Philaminte, Armande, Bélise, Vadius, le docteur Pancrace, et Alceste. […] Vous avez sur l’Europe un avantage, vous goûtez Aristophane ; vous le goûtez à force d’intelligence et de science ; car j’ose dire que ce n’est plus un goût naturel, et si l’on représentait aujourd’hui ses pièces à Londres, à Paris ou même à Berlin, j’imagine que le public serait trop étonné pour songer à se divertir.
Un grand nombre de mystiques17 se sont représenté la passion de Jésus-Christ avec une telle force, qu’ils ont cru ressentir dans leur chair la déchirure et la douleur des cinq plaies du Sauveur. — Chacun connaît la puissance de l’image, surtout quand elle est étrange ou terrible, dans un esprit surexcité et prévenu : elle est prise pour une sensation, et l’illusion est complète. […] La même chose m’arrive quand je me représente un disque nuancé. […] J’ai été fort sujet à ce phénomène, mais j’ai contracté l’habitude, toutes les fois qu’il se représente, d’ouvrir les yeux sur-le-champ et de les diriger sur la muraille. […] De quelque côté qu’il regarde, les objets se transforment en spectres qui représentent tantôt des araignées monstrueuses qui se dirigent vers lui pour boire son sang, tantôt des militaires avec des hallebardes. […] Aussitôt je considérai cela comme le principe de l’explication cherchée, et j’essayai de me représenter aussi d’autres personnes, par la mémoire.
Un certain air de représentation caractérisait son attitude : après avoir représenté devant les cours il représentait encore dans sa famille. […] À l’époque de mon mariage, qui fut célébré à Chambéry, le comte Joseph de Maistre fut choisi par mon père absent pour le représenter au contrat et pour me servir ce jour-là de père. […] Quand un homme représente son souverain, l’homme disparaît sous le ministre. […] Et voilà l’homme que ses commentateurs de Turin d’aujourd’hui veulent représenter comme un ennemi implacable de l’Autriche et comme un zélateur de la conquête de l’Italie par le Piémont !
Le moment est-il bien choisi pour combattre, au nom de l’intelligence, un siècle qui, jusqu’ici, n’était maltraité que dans les manuels scolaires, et que les élites étrangères se représentent comme un des plus riches et des plus glorieux de notre histoire littéraire ? […] Le football et la boxe représentent l’art populaire. […] Ce sont précisément ceux-là que l’étranger lit et admire le plus, d’abord parce que les contemporains sont toujours plus accessibles à la majorité des lecteurs, et aussi parce qu’ils représentent cette France moderne qui a conquis les sympathies du monde. […] Et ce sont ces hommes, dont les traits, aux yeux de l’univers, représentent la France moderne, que l’on voudrait montrer aujourd’hui dans une sorte de fresque grotesque, brossée avec des fards et des tons cadavériques, à la Van Dongen, comme une troupe de bouffons noirs, de canailles emphatiques, de gâteux grandiloquents, de diaboliques gredins, je ne crains pas de le dire, ceux qui agissent ainsi font, au regard de la vérité critique, une œuvre impie et méprisable, et, si l’on se place au point de vue national, une besogne de malfaiteurs. […] Sa réponse vaut d’être étudiée et savourée, où l’éminent écrivain nous parle de « l’art anarchique du xixe siècle » et du « chaos intellectuel qu’il représente à notre esprit ».
Mais la douleur elle-même est complexe ; elle est représentée dans ses différents aspects par différents personnages. […] Il rétablit le phénomène suivant : « La souffrance, sentie immédiatement, revient à la perception comme représentée étrangère (comme si elle arrivait à un autre), on y compatit comme telle et on la sent soudain redevenir sienne, et c’est de cette répercussion de la réflexion que proviennent les larmes, qui représentent donc la pitié qu’on a pour soi-même (Mitleid fur sich selbst) ». […] En résumé, Wagner et son Parsifal sont chrétiens, mais la légende de Parsifal, tout cet appareil religieux n’est, pour nous servir de l’expression de Schopenhauer, qu’« un véhicule mystique » qui nous représente la religion de la Pitié. […] Parsifal représente pour nous, au commencement de l’œuvre, l’homme ignorant l’essence de la vie, se contentant de satisfaire ses désirs (Wille zum Leben) ne sachant ce qui est bon ou mauvais. « Wer ist gut ?
on ne la représente plus avec un enfant ; maintenant on ôte auprès d’elle, autant qu’on peut, le symbole de la maternité. […] Le Morny qu’il a eu la bonne fortune de connaître, de jauger, doit être à mon sens l’objet d’une étude spéciale, étude où il pourra mettre en scène une des figures qui représentent le mieux le temps. […] Il faut qu’il représente le grand diplomate des secrètes œuvres de l’intérieur, avec ses côtés de brocante et de littérature des Bouffes. […] Il parle du pape, du concile futur, de Garibaldi qui, pour lui, représente le summum de puissance qu’a une vraie royauté : la foi d’une population dans un homme. […] Et même dans ce salon, les curieuses notes qu’y apporterait l’anecdote racontant les choses représentées, ce que j’appellerai le mobilier de la couleur.
Dans un petit récit, dont l’intention philosophique importe peu ici, Stendhal a assez bien représenté l’imprévu du dictamen moral. […] De même le premier orateur qui employa la prosopopée 27 fut, en quelque mesure, sincère ; il représenta à sa manière le phénomène qu’Homère avait décrit en poète, et le même instinct esthétique lui suggéra de placer à tort dans la bouche du conseiller imaginaire la démonstration du précepte après son énoncé. […] Donnons quelques exemples de cette marche de la parole vers l’extériorité ; les uns ont été observés sur le vif ; d’autres, que nous emprunterons à des œuvres d’imagination, nous paraissent représenter assez fidèlement la réalité. […] Il rêve éveillé ; entre son rêve et ceux qu’il fait endormi, il n’y a d’autre différence que la vraisemblance ; les rêves du sommeil sont toujours incohérents, ils n’imitent pas vraiment la réalité, car, pendant la durée du sommeil, les lois de la nature sont suspendues ; tandis que les rêves de l’homme éveillé sont des drames analogues à ceux que le roman raconte ou que le théâtre représente aux yeux, avec cette différence que l’auteur même du drame y joue toujours le rôle principal. […] Parfois l’imagination développe à sa manière le thème fourni par la passion, de façon à occuper presque seule toute la scène de l’âme et à rejeter dans l’ombre le sentiment même qu’elle exprime ; d’autres fois, l’image évoquée est simple : elle représente soit l’objet direct de l’émotion, soit, quand la passion est surtout intellectuelle, un interlocuteur destiné à nous entendre bien parler du sujet qui nous anime et à se laisser convaincre sans résistance.
Avec une merveilleuse puissance lyrique, il en exprime et il en représente tous les rêves, toutes les épreuves, toutes les grandeurs. lien a rythmé l’âme inquiète et le généreux tumulte. […] Synthétise-t-il cette époque d’élégie et de sentimentalité, représente-t-il à lui seul ces divers tempéraments ? […] Si vous nous appeliez à énoncer une simple préférence, ce serait peut-être différent, mais il n’est question, n’est-ce pas, que de savoir qui a le plus souverainement représenté la descendance, soit d’Orphée, soit d’Ézéchiel, soit de Jean de Pathmos ? […] C’est dans ce sens purement extérieur qu’on peut dire d’Hugo qu’il représente une valeur esthétique plus variée, plus féconde et plus dense, de nature donc à lui assurer une suprématie où tendirent avec des énergies inégales ceux qui vécurent dans son temps. […] Je crois bien en effet que Hugo représente à peu près la pensée humaine au xixe siècle, en ce sens qu’il a fait vibrer toutes les cordes d’une lyre ; mais cette lyre était la sienne.
André Thérive se révèle opposé au cubisme, trop intellectuel, et promeut le compromis entre sensation et construction que représente par excellence à ses yeux la peinture de Derain. […] L’Atlante qui raisonne avec le Cruel et fait sans cesse choir dans l’absurde le soi-disant pragmatisme de ce radical-socialiste-national représente une sagesse avertie, logicienne et rigoureuse dont il serait pourtant bon qu’elle ne restât point vouée à l’oubli facile des adolescents. […] En outre, la conversion de Max Jacob ne représente nullement un accident, une rupture, ni dans sa vie, ni dans son œuvre. […] Songez qu’il va nous donner Le Cinématomaai qui fera saillir les vérités suprêmes, c’est-à-dire les vérités hypothétiques, des plus humbles passants anecdotes, au gré d’une fantaisie lucide et sans défaut, va représenter de lui des pièces dont on ne saurait dire qu’elles appartiennent à la tragédie, à la comédie, au vaudeville, à l’opérette, ou au mélodrame. […] Jacques Copeau cependant représentait au Vieux-Colombier La Nuit des Rois en 1914 (repris en 1917) et Le Conte d’hiver en 1920.
Un Dieu infini et unique, l’Absolu, en un mot, ne se représente pas : rien de ce qui est au ciel, sur la terre ou dans la mer ne saurait le figurer, dit l’Hébreu Moïse. […] L’idée, en tant qu’idée, n’existe que dans l’entendement ; elle est représentée, réalisée avec plus ou moins de fidélité et de perfection par la nature et l’art. […] Vous n’avez su peindre que des dieux ; il faut représenter aussi des démons. […] En musique, le violoncelle leur représente le gris. […] Courbet est un factieux pour avoir représenté de bonne foi des bourgeois, des paysans, des femmes de village de grandeur naturelle.
Je me représente Daphnis et Chloé comme un bas-relief païen ciselé non dans le pur marbre, mais dans l’albâtre le plus fin. […] Dans une si vaste épopée, toutes les classes furent représentées et toutes les transformations politiques trouvèrent en lui un peintre fidèle. […] S’il dit allait au lieu de fut, ce n’est pas par hasard ou par négligence ; c’est parce qu’il veut que nous nous représentions l’action de plus près. […] Mais laissons-là les hypothèses et venons-en aux romanciers qui représentent en Espagne le réalisme. […] Peut-être le public est-il indifférent à la littérature ; surtout à la littérature imprimée ; celle qui se représente lui produit plus d’effet.
C’est ce côté toujours noble, toujours héroïque du type romain que madame Allart a voulu nous représenter dans Sextus, favori d’un cardinal, peut-être son fils, intendant de ses troupeaux dans les Maremmes, et l’un des hommes les plus distingués et les plus inutiles, hélas !
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
On voit d’abord à la tête une estampe qui représente le théatre d’Arlequin, la chaire d’un ministre, & l’échelle d’un pendu qui harangue la populace pour la derniere fois.
Le meilleur ouvrage pour l’enseignement de l’architecture militaire ou civile, ce serait, à mon avis, un grand plan qui représenterait le terrain ou d’une maison, ou d’un hôtel, ou d’un palais ou d’une église.