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1406. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Le public, qui se reconnaît dans ces élégances, s’applaudit, en ayant l’air d’applaudir l’auteur.

1407. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Et moi, adhérent de la « Patrie Française », si je suis assez magnanime pour reconnaître à mes compatriotes le droit de se grouper dans l’intention d’afficher et de propager des idées qui m’offensent, je trouve tout de même qu’on exigerait beaucoup de mon libéralisme, en me demandant, à cette minute, de m’allier avec la Société des Droits de l’Homme contre une législation d’ailleurs blâmable.‌

1408. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide reconnaît jusqu’à un certain point le prestige des héros purs. […] Les médecins reconnaissent que Gertrude est opérable ; on l’opère ; elle voit. […] Les défenseurs de la Sorbonne, même plus résolus que moi — car la Sorbonne ne m’enchante pas entièrement — peuvent reconnaître que Péguy et M.  […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. » Vous avez reconnu le célèbre début des Confessions. […] Il reconnaît qu’à cette époque il adorait la poésie.

1409. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il la parcourait avec une tendre inquiétude, cherchant en vain à ressaisir les traits des gens du voisinage: il ne reconnaissait personne, personne ne le reconnaissait. […] Ensuite elle ouvrit son coffre et en tira un verre ébréché, qu’elle posa doucement auprès de son hôte, en lui disant: « C’est celui de votre mère. » Il le reconnut en effet, et cette vue le remplit d’une telle émotion, qu’il ne pouvait manger et que des larmes involontaires venaient mouiller ses yeux. […] Oui, je reconnais sa voix: serions-nous si près d’arriver, et au pied de notre montagne ?  […] Elle avait reconnu son amant à son intrépidité. […] Elles la reconnurent dans Paul et Virginie et malgré l’engouement du moment pour la métaphysique révolutionnaire qui commençait à fanatiser la France, c’était tout.

1410. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Au fond, notre indépendance absolue de tout ce qui est officiel, consacré, académiquement reconnu, renverse les habitudes d’esprit, les religions, les superstitions de respect de Sainte-Beuve, et nous lui apparaissons comme de singuliers pistolets, comme des contempteurs un peu effrayants. […] « Non, lui répond justement Sainte-Beuve, non, en littérature, on ne voudrait point ne pas être soi… on voudrait bien s’approprier certaines qualités d’un autre… mais en restant toujours soi. » Et tout à coup un adoucissement se fait dans sa voix… et il reconnaît à Hugo un grand don d’initiation : « Oui, c’est lui qui m’a enseigné à faire des vers. […] Et tous deux en parlant de l’écrivain, et en ne tenant pas compte de son influence sociale et politique, nous contestons sa valeur littéraire, nous osons rapporter l’opinion de l’abbé Trublet, le définissant « la perfection de la médiocrité », nous ne lui reconnaissons que la valeur d’un vulgarisateur, d’un journaliste, rien de plus, joint à de l’esprit, si vous voulez, mais de l’esprit pas d’une plus haute volée que celui qu’avaient toutes les vieilles femmes spirituelles du temps… Son théâtre, ose-t-on en parler ? […] Nous représentions le mâchicoulis, voilà tout… Ç’a été une scission, quand j’ai chanté l’antiquité dans la préface de Mademoiselle de Maupin… Mâchicoulis et rien que mâchicoulis… L’oncle Beuve, je le reconnais, a toujours été libéral… Mais Hugo en ce temps-là était pour Louis XVII, oui, pour Louis XVII. […] » Là, un silence, et la causerie repart : « Avez-vous remarqué qu’aujourd’hui, les hommes célèbres n’ont pas la signification de leur physionomie… Voyez leurs portraits, leurs photographies… Il n’y a plus de beaux portraits… Les gens remarquables ne se distinguent plus… Balzac n’avait pas de caractéristique… Est-ce que vous reconnaîtriez, sur la vue, M. de Lamartine ?

1411. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

* * * — Une femme qui reconnaît avoir tort et qui n’est pas de mauvaise humeur… où la trouverez-vous ? […] — Oui, reprend Giraud, supposez des personnes qui descendraient de ces sociétés-là, et qui, à première vue, dans le monde se reconnaîtraient en s’abordant, et se comprendraient d’un clin d’œil. […] Sainte-Beuve a professé que la preuve qu’il n’en avait pas, c’est que ses contemporains ne lui en avaient pas reconnu. […] Il nous reconnaît. […] Je rencontre dans un corridor Delaunay, que tout d’abord je ne reconnais pas, tant il s’est bien rajeuni par je ne sais quelle préparation magique, et tant il semble n’avoir que les dix-sept ans de Paul de Bréville.

1412. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il faut reconnaître que Villemain ne fut pas le premier à signaler cette prétendue filiation. […] À quoi reconnaît-on une amoureuse, si ce n’est à ce qu’elle vous fait des scènes ? […] À quoi reconnaissez-vous une amoureuse ? […] Et pour être sincère et complet, je reconnais qu’il y a même, dans Corneille, de beaux vers de poésie pure, de temps en temps. […] On reconnaît le Racine de Bérénice ; on applaudit, et l’on songe à autre chose.

1413. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Ceux qui ont été élevés par des femmes, se reconnaissent à quelque chose de plus fin, de plus naturellement distingué qui est en eux. […] La vie qui a reconnu pour son maître un pareil amour en subit la tyrannie et elle est en proie à une sorte de fléau. […] Pendant ces six heures, on passa le temps comme on put ; on chanta, on mangea, et lorsque la rampe commença à s’allumer, le lustre à descendre, la salle à se remplir, les deux partis purent s’observer, se mesurer et se reconnaître. C’était très facile de se reconnaître, entre classiques d’un côté et romantiques de l’autre. […] À quoi se reconnaît la poésie décadente ou symboliste ?

1414. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Au point où je me trouve aujourd’hui, je ne les reconnais plus comme une expression véritable de mon talent ; tout cela est fragmentaire. […] Or je reconnais à coup sur cette sincérité dans la manière dont Moréas traite ses sujets. […] Au milieu du boulevard désert, on le reconnaissait de loin. […] Quel auteur ne reconnaîtrait son livre entre mille, même à une lieue ? […] Ils cherchent un gîte et se dirigent vers une carrière qu’ils reconnaissent de loin à la lueur rouge des lanternes-au ras du sol.

1415. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cependant l’horizon politique vint à s’éclaircir ; fatigués de leurs excès divers, tous les partis parurent reconnaître le besoin de la paix et la nécessité du bon ordre ; Geoffroy revint alors à Paris pour y cacher sa vie dans le plus modeste pensionnat. […] Ce contraste entre deux guerriers, dont l’un abjure la nature, tandis que l’autre la reconnaît, est théâtral et pathétique, sans être ce qu’on appelle sublime. […] À ces petits défauts marqués dans sa peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature. […] Cette réflexion de Corneille est aussi juste que profonde, et c’est là qu’on le reconnaît. […] À ces petits défauts, marqués dans sa peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature.

1416. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Et, ceci reconnu, la conséquence qu’on en tire est curieuse. […] C’est que Louis XI avait en lui le trait distinctif où se reconnaît la force de l’intelligence. […] Et il faut reconnaître que de tous il n’a abandonné que celui à qui il était inutile d’essayer de se faire entendre. […] On se reconnaissait en Mnémosyne. […] Il reconnaissait à Calvin les qualités qui lui manquaient.

1417. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il faut reconnaître qu’il y avait en lui de la fatuité dans beaucoup de générosité et de grâce. […] Viens, reconnais la place où ta vie était fleuve. […] La Chute d’un ange est infiniment trop longue, il faut le reconnaître. […] Il faut reconnaître que de l’esprit véritable, celui qu’ont La Fontaine, Molière, Voltaire, Henri Heine, Victor Hugo n’en a aucune trace. […] Car il faut reconnaître qu’on a vu tout d’abord qu’Hugo aime l’antithèse.

1418. (1891) Esquisses contemporaines

L’élite de nos jeunes hommes se reconnaît en lui. […] On s’était reconnu frères, et d’un pays à l’autre on s’était compris et apprécié. […] L’auteur accorde que le sentiment du péché est un sentiment légitime ; il y reconnaît la substance du dogme chrétien. […] Reconnaissez à ce trait le doctrinaire inconverti, l’ancien et incorrigible théopneuste, qui a bien renié l’orthodoxie, mais qui n’a pas cessé d’employer sa méthode. […] Peut-être, en y réfléchissant, reconnaîtrez-vous que, pour être sèches ou amères, ces vérités ne sont pas sans un fruit d’apaisement.

1419. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

. — L'autre jour un barbier rasait un pair de France ; on parlait du Juif Errant ; le barbier, grand admirateur des Mystères de Paris, et qui l’est bien moins des derniers feuilletons, s’écria : « C'est bien mauvais, je ne reconnais pas mon Sue.

1420. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Tel est l’effet magique de ces petits chefs-d’œuvre venus à leur moment : ils sont comme un miroir où chacun se reconnaît et apprend, pour ainsi dire, à se nommer ; on se fût cherché sans cela vaguement, bien longtemps encore, sans se bien comprendre ; mais voilà qu’on se regarde à l’improviste dans un autre, dans le grand artiste de la génération dont on est, et l’on s’écrie tout à coup : C’est moi, c’est bien moi !

1421. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. » pp. 200-207

Ils ont la bonne foi de reconnaître la légitimité des appétits qu’ils flattent ou déchaînent.

1422. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

Bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style qu’il se fût moins permises auparavant et dont la trace se retrouve évidente chez lui, à dater de Louis XI.

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