Baudelaire connut l’œuvre wagnérienne, l’illustra de belles pages, et Mendès très longtemps orna le wagnérisme. » On répondra que Baudelaire en 1862 — date de sa connaissance du Tannhauser et de son étude critique — était âgé de quarante ans, fatigué de son bel effort, qu’il pouvait éprouver des plaisirs esthétiques nouveaux, et les traduire, admirablement, sans que cela l’induisît à modifier une formule de vers qui était déjà une conquête sur le passé ; et si la même raison ne peut valoir pour Mendès, quoi d’étonnant à ce que celui-ci soit, car son éducation poétique, quoique moins avancée, était déjà faite, resté fidèle à un idéal technique, dont il ne pouvait encore percevoir la caducité, puisqu’elle n’existait pas encore, et qui lui laissait toute la place pour ses réalisations encore neuves. […] Je ne doute pas qu’avant que le romantisme eût régénéré le lyrisme, la poésie, auparavant dite légère, ne tirât sa minime raison d’être que de la difficulté vaincue ; ne pouvant être émouvant, ni poétique, on était ingénieux ; on jouait à un jeu de bague avec chances égalisées pour tous par la règle. Que Banville a raison dans son texte contre Malherbe et Boileau : les règles draconiennes édictées par le seul Boileau ne se fondent sur rien de sérieux, c’est du pur arbitraire, c’est la volonté d’un critique gâté, s’imposant sans raison ; et Banville dit encore mille fois plus juste quand il déclare, que seule la lâcheté humaine fit qu’on déféra à cette loi, que c’est de par cette lâcheté et cet amour de la servitude qu’après Lamartine, Hugo, Gautier, Leconte de l’Isle, on en discutait encore. […] Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque ne paraît nullement la période d’apogée du développement intellectuel. — Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie. […] Pour nous, qui considérons, non la finale rimée, mais les divers éléments assonancés et allitérés qui constituent le vers, nous n’avons aucune raison de ne pas le considérer comme final de chaque élément et de le scander alors, comme à la fin d’un vers régulier.
Une autre raison de la pauvreté de ce sallon-cy, c’est que plusieurs artistes de réputation ne sont plus, et que d’autres dont les bonnes et les mauvaises qualités m’auroient fourni une récolte d’observations, ne s’y sont pas montrés cette année. […] Ils ont dit pour leurs raisons qu’ils étoient las de s’exposer aux bêtes et d’être déchirés. […] Tu ne me réponds pas. écoute-moi donc, car je vais tâcher de t’expliquer comment les anciens, qui n’avoient pas d’antiques, s’y sont pris, comment tu es devenu ce que tu es, et la raison d’une routine bonne ou mauvaise que tu suis sans en avoir jamais recherché l’origine. […] Les innovateurs scrupuleux de l’antique ont sans cesse les yeux attachés sur le phénomène, mais aucun d’eux n’en a la raison. […] On a bien plutôt dit cela est beau ; cela est mauvais ; mais la raison du plaisir ou du dégoût se fait quelquefois attendre, et je suis commandé par un diable d’homme qui ne lui donne pas le tems de venir.
Ce ne peut pas être là une découverte du romantisme : c’est simplement un résultat des faits, reconnu et adopté par la raison. […] Je dirai seulement aux partisans du premier : Soyez vrais, soyez-le, s’il vous est possible, plus que vos maîtres et les nôtres ; mais n’exagérez pas même cette qualité que vous mettez avec raison au-dessus de toutes les autres. […] Ces vapeurs sont le délire de quelques orgueils adolescents, le vertige de quelques coteries enthousiastes, les sophismes de quelques esprits faux, et peut-être aussi les alarmes de quelques esprits timides, trop peu confiants dans la raison et le goût de notre nation. […] Pour y parvenir, on se crée des procédés, des artifices particuliers de diction, qui ont le double mérite d’outrager la grammaire et la raison. […] Peignez la nature avec vérité, mais avec choix, et sans marquer minutieusement ses moindres traits, comme cet artiste sans génie, qui trouve avec raison plus facile de tromper l’œil que de le charmer.
Il vient bien moins de la supériorité d’un homme d’un talent, trop fier pour plaire au grand nombre, qu’à l’abaissement de sa raison quand il s’abaisse et qu’il se rapproche de nous tous. […] Nos raisons d’abaisser ou de diminuer Louis XIV, le roi absolu, ressemblent plus qu’on ne croit à celles du due de Saint-Simon, car des aristocrates comme lui sont des démocrates par en haut et entre eux, comme nous sommes, nous, des aristocrates par en bas. […] Pour une raison d’intelligence, et peut-être de moralité, Saint-Simon a été le plus injuste historien d’un homme et d’un système qui représentent ce que nos individualités déchaînées haïssent naturellement le plus, — le despotisme individuel. […] L’auteur des Mémoires eu chercha laborieusement la raison avec cet art des inductions et des interprétations qu’il possédait mieux que personne et qui le rend un historien si séduisant, si éblouissant et si dangereux, et il la trouva, nous dit-il, dans l’opposition et l’influence de Mme de Maintenon, la vieille fée, — de Mme de Maintenon, sa seconde haine ; la seconde raison de la popularité actuelle de son livre, et pour nous la seconde tache de ces admirables et adorables Mémoires, que nous voudrions effacer. […] Pour cette raison, Saint-Simon fut pour elle ce qu’il avait été pour Louis XIV.
C’est le fruit d’une raison lumineuse qui sait se revêtir de toutes les richesses de l’imagination, & employer, quand il le faut, les armes de la plaisanterie & du ridicule. […] Le Public peut être dupe quelque temps du charlatanisme, mais enfin il ouvre les yeux dès que la vérité se montre ; ses erreurs ne sont qu’un sommeil, & le réveil de la raison est une juste condamnation du prestige qui l’avoit séduite.
Ses Odes sur-tout, qui forment la principale partie de son Recueil, ne sont, pour la plupart, qu'un amas de grands mots, vides de pensées & de raison. […] Si la verification n'en est pas continuement agréable, si le style est quelquefois emphatique, les principes en sont du moins conformes à la raison & au bon goût.
Ce n'est pas que Saumaise n'eût des talens, mais il a trop écrit, & par cette raison trop mal écrit, pour que les défauts de ses Ouvrages méritent quelque indulgence, en faveur des bonnes choses qu'on peut y rencontrer. […] Peteau un homme qui sut lui rendre injures pour injures, en les accompagnant toutefois de meilleurs raisons.
En écrivant pour les jeunes filles, j’ai écrit pour tout le monde, car je me suis adressé au jugement, à la raison, qui sont en elles comme en nous. […] Le but que j’ai poursuivi est le but général de toute l’éducation : former la raison et le jugement. Mais je n’ai dû considérer ici la raison et le jugement que dans une de leurs applications particulières, lorsqu’on les emploie à la composition littéraire.
L’Univers astronomique est formé de masses, très grandes sans doute, mais séparées par des distances tellement immenses qu’elles ne nous apparaissent que comme des points matériels ; ces points s’attirent en raison inverse du carré des distances et cette attraction est la seule force qui influe sur leurs mouvements. […] Plus récemment, Briot croit avoir pénétré le dernier secret de l’Optique quand il a démontré que les atomes d’éther s’attirent en raison inverse de la 6e puissance de la distance ; et Maxwell, Maxwell lui-même, ne dit-il pas quelque part que les atomes des gaz se repoussent en raison inverse de la 5e puissance de la distance.
Ce n’est pas que la Poésie ne puisse & ne doive accorder son langage avec celui de la raison ; mais la gêne du raisonnement & des preuves énerve son activité, & fait avorter les traits de lumiere & de sentiment, propres à frapper & à convaincre plus vivement que toutes les pensées, les sentences, ou les démonstrations géométriques. […] Il paroît, sur-tout dans son Abus de la critique en matiere de Religion, qu’il s’attache plus aux raisons, ou, pour mieux dire, à couvrir ses raisons, qu’aux graces de style.
Elle empêche les sens de voir, la raison de juger. […] Enfin, la raison l’emporta. […] Sainte-Beuve trouve cette raison mauvaise. […] La raison et le cœur sont divisés. […] À cela, il y a bien des raisons.
On a donc bien raison de l’admirer et de l’aimer. […] Angélique est charmante et même fort honnête fille ; la petite Louison est délicieuse ; Toinette a raison, Cléante a raison, Béralde a raison, Molière a raison. […] » Et les premiers avaient raison, et les seconds n’avaient pas tort. […] Mais ce sont peut-être les deux premiers qui ont raison. […] On en peut donner plus d’une raison.
» S’il n’y avait dans l’homme qu’un contemplateur, une « raison spéculative », non un être agissant et une « raison pratique », l’homme serait sans doute manichéen. […] L’idée, pour lui, pénètre la matière et en constitue la raison d’être… Son Dieu est l’abîme des gnostiques. » Cette interprétation ne fait pas honneur à l’exégèse de Renan. […] Kantien sans le savoir, il admet en philosophie la souveraineté de la raison pratique. […] La raison n’a raison qu’après avoir eu tort. […] On a reproché à Victor Hugo, non sans raison, son naïf amour de l’antithèse.
Une raison prématurée lui ayant fait connoître de bonne heure, que rien ne contribuoit plus que les Belles-Lettres & les Sciences à rendre la vie douce & agréable, il a consacré à l’étude un temps que les personnes de son âge & de son rang donnent ordinairement aux plaisirs & à la dissipation. […] Dans son Dialogue entre Alexandre & Titus, il plaide la cause de l’humanité contre ceux qui, sous le titre superbe de Conquérans, en sont les plus terribles fléaux, & il le fait avec une supériorité de raison & d’éloquence digne de nos premiers Ecrivains.
Les raisons de M. de Foncemagne sont si claires, si solides, si bien appuyées sur l’Histoire, sur la vraisemblance, qu’il est impossible de ne pas abandonner le sentiment de l’Historien du Siecle de Louis XIV, qui n’a paru le soutenir depuis avec tant d’acharnement, que pour s’épargner la honte d’une rétractation. […] « Plus il imprime de force à ses raisons, dit son successeur à l’Académie, plus il les expose avec modestie ; on diroit qu’en voulant faire triompher sa cause, il a peur de triompher lui-même, il se défie de son jugement au moment même où il établit la supériorité de son opinion ».
Toutes les Nations connoissent son Anti-Lucrece, Ouvrage où la saine raison est embellie de toutes les graces de la Poésie. […] Non seulement ce Poëte, aussi élégant que lumineux, détruit, par des raisonnemens simples & convaincans, le systême du Partisan d’Epicure, en se servant de tout ce que la Physique, la Morale & la Métaphysique ont de plus positif & de moins contesté ; mais encore sa touche, également vive, pénétrante, ingénieuse, & fleurie, ajoute à ses raisons un charme secret, qui porte dans les ames raisonnables le plaisir avec la conviction.
Et nous avons raison de le faire, tant que l’action est seule en cause. […] Comme nous le faisions pressentir, nous n’aurons définitivement raison de cette erreur que si nous la prenons corps à corps. […] En quoi nous avons à la fois tort et raison : tort, puisque la négation ne saurait s’objectiver dans ce qu’elle a de négatif ; raison cependant, en ce que la négation d’une chose implique l’affirmation latente de son remplacement par une autre chose, qu’on laisse de côté systématiquement. […] Mais, justement pour cette raison, la connaissance scientifique devrait en appeler une autre, qui la complétât. […] Il a raison d’y voir le terme d’une évolution.