Mais, si diminuées qu’on les fasse, les notions religieuses dont nous avons hérité sont encore trop pures pour ne pas ébranler profondément une société qui jette ses racines en dehors du christianisme. […] Á cette capacité d’intuition créatrice s’en joint une autre d’appréciation pure et de pur discernement ; à cette divination géniale s’ajoute un savoir acquis, triste héritage des civilisations extrêmes. […] Un enfant se trouve en chacun de nous, sorte de génie naïf et pur, dont les enthousiasmes faciles, les rêves candides et les illusions font le charme de l’existence et constituent peut-être le meilleur de nous-mêmes. […] Y a-t-il donc un aveuglement sur les hommes de cet âge, qu’un enfant que j’ai connu si pur en soit arrivé là en si peu de temps pour avoir seulement respiré la vapeur du siècle ? […] Car la fin secrète de toute théorie est de rattacher l’être particulier au grand être universel par un lien intelligible plus noble que celui du pur état défait.
En vain il essayerait de se racheter par de bonnes œuvres ; nos bonnes actions ne sont pas pures ; même pures, elles n’effacent pas la souillure des péchés antérieurs, et d’ailleurs elles n’ôtent point la corruption originelle du cœur ; elles ne sont que des rameaux et des fleurs, c’est dans la séve que gît le venin héréditaire. […] Un seul le peut, le Dieu pur, le Juste immolé, le Sauveur, le Réparateur, Jésus, mon Christ, en m’imputant sa justice, en versant sur moi ses mérites, en noyant mon péché sous son sacrifice. […] De loin en loin l’homme entrevoit cet au-delà et se relève du fond de son cloaque, comme s’il avait respiré soudainement un air fortifiant et pur. […] Rien ne peut sauver la misérable créature que la grâce, la grâce gratuite, pure faveur de Dieu, que Dieu n’accorde qu’à un petit nombre et qu’il distribue non d’après les efforts et les œuvres des hommes, mais d’après le choix arbitraire de son absolue et seule volonté. […] Les abus qui sont dans l’Église doivent être corrigés par le prince ; les ministres doivent prêcher contre les abus, et beaucoup de traditions humaines sont de purs abus. » Que fait donc le prince, et pourquoi laisse-t-il des abus dans l’Église ?
Il vous fait aimer ces actions généreuses : & l’homme qui résiste aux réflexions, qui s’aigrit par les leçons dogmatiques, chérit le pinceau naïf & pur qui met à profit la sensibilité du cœur humain, pour lui enseigner ce que l’intérêt personnel & farouche repousse ordinairement. […] Vois-tu au-delà de la vie les jours purs de la vérité ? […] C’est le trait simple & nu, libre & pur, qui s’éloigne le plus du rafinement & de l’étude, de l’art. […] Actes, Sçènes mesurées & coupées sur l’immuable patron de notre Melpomène artialisée ; caractères conçus & exprimés, non d’après le trait pur de l’antique, mais bien d’après les plâtres François déposés dans les boutiques où gissent tant de héros estropiés de la main lourde de nos Poètes. […] L’intention de Molière, dans cette, pièce a sûrement été pure ; mais on ne peut s’empêcher néanmoins d’avouer qu’elle paroît équivoque, à l’examen.
Il ne pourrait que constater l’universelle antithèse du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres, sans éprouver ce besoin d’unité qui n’est si impérieux que quand il est moral, que quand il s’agit de l’unité du bien. « Unité du bien » et, en contraste, « ubiquité du mal », voilà ce qui a frappé Victor Hugo ; et c’est ce qui, à chaque instant, dans le domaine de la pensée pure, le fait pencher vers le manichéisme. […] La pure science en effet, alors qu’elle paraissait éclairer les choses, n’a fait que les assombrir pour les yeux de l’âme ; et cependant elle est le premier et nécessaire degré de toute ascension vers l’infini : Vous savez bien que l’âme affronte Ce noir degré. […] 191. » On pourrait ainsi parodier et ramener à de pures banalités bien des pages célèbres non seulement de Bossuet, qui a en effet la sublime éloquence du lieu commun, mais de Pascal et de maint philosophe. — L’infiniment petit n’est pas moins insondable que l’infiniment grand (le Double Infini) ; L’homme est faible par le corps, mais puissant par la pensée (le Roseau pensant) ; Si la pensée est plus grande que la matière, l’amour est plus grand encore que la pensée (les Trois Ordres), etc. […] Sans chercher un but extérieur à elle, sans prétendre à l’utilité proprement dite, la grande poésie ne saurait pourtant être indifférente au fond des idées et des sentiments, elle ne saurait être une forme pure : elle doit être l’indivisible union du fond et de la forme dans une beauté qui est en même temps vérité. […] Dans Magnitudo parvi, vers adressés à un enfant, et qu’on représente comme un pur lieu commun, nous lisons cette description du penseur : Il sent que l’humaine aventure N’est rien qu’une apparition ; Il se dit : « Chaque créature Est toute la création. » Il se dit : « Mourir c’est connaître ; Nous cherchons l’issue à tâtons.
C’est un exemple surprenant de pure écholalie. […] Quand celles-ci affirment pouvoir expliquer le phénomène cosmique, la science montre que ces prétendues explications sont du pur bavardage. […] Gabriel Vicaire traite « leurs… proclamations de pures fumisteries de collégiens ». […] Les mots qui composent la phrase forment une écholalie pure ; c’est un alignement de sons similaires qui s’appellent l’un l’autre comme des échos. […] Ils emploient avec défi le « vers libre » de longueur et de rythmes arbitraires et la rime qui n’est pas pure.
C’est à tort que l’on croit ici quelque influence à la pure opposition. […] On retrouve ici Ossian dans Virgile ; mais c’est Ossian sous le ciel de Naples, sous un ciel où la lumière est plus pure et les vapeurs plus transparentes. […] Jamais je n’ai vu de nuit plus belle et plus pure. […] On est un grand homme dans un journal et un misérable écrivain dans un autre : ici un génie brillant, là un pur déclamateur. […] On y reconnaîtra, j’espère, un amour pur du vrai.
C’est que là elle a entrepris de décrire les sentiments les plus purs, les plus élevés du cœur humain, et qu’elle y a merveilleusement réussi. […] Les grands et purs génies sont devenus sans peine maîtres de notre pensée, parce qu’ils étaient maîtres de la leur. […] En lui a disparu un des narrateurs les plus dramatiques, un des écrivains les plus purs de notre langue. […] Son onde claire et pure reflète les mêmes arbres qui toujours penchent sur elle et y baignent leurs rameaux. […] Si, au sentiment très vif de la beauté, il joignait un goût tout à fait pur, il léguerait des modèles.
Il est vrai que le jugement pur, sans mélange d’imagination et d’esprit, comme chez les bons Hollandais et chez les Allemands et les Suisses, produit des effets plus corrects et plus sages. […] En cessant d’être un homme d’État et un ministre possible, d’Argenson tournait de plus en plus aux idées de réforme sociale et de pure philanthropie.
C’est moins encore quand il fait de la mode pure que dans tout l’ensemble de son œuvre de jeunesse, que Gavarni mérite cet éloge pour la grâce des costumes. […] le crayon de Gavarni est innocent, il est pur et innocent de toute attaque et injure personnelle ; cet homme, si habile à saisir le ridicule, ne fit jamais de caricature Contre personne.
Viollet-Le-Duc ; et s’il a, comme je crois l’avoir vu, le portrait du premier Mansart, du seul digne de renom, dans son cabinet et sur sa cheminée, il faut même que ce soit un pinceau bien habile et bien cher qui le lui ait fait accepter : autrement il eût préféré, sans nul doute, un maître de la pure Renaissance. […] C’est encore une tactique à leur usage, de le représenter comme un homme instruit, il est vrai, mais un architecte de livres et de cabinet, un pur archéologue : c’est ainsi que d’un général instruit on dira, pour le déprécier aux yeux des troupes, qu’il a fait son chemin dans les bureaux, ou d’un médecin, pour dégoûter de lui les malades, que c’est un érudit et non un praticien.
Mais de telles combinaisons sans la volonté qui les surveille de près, et sans le bras qui les exécute, ne sont que des lueurs et restent à l’état d’idées pures ; Louvois, tout absolu qu’il était, dut bientôt céder aux objections. […] Il n’y a pas de système absolu ; la défensive n’est bonne qu’autant qu’elle peut se convertir, à un moment donné, en offensive rapide, et l’un des plus grands talents d’un général est de savoir saisir à point l’initiative, même dans une lutte de pure défense.
Tous les conseils énergiques de Maurice furent en pure perte : l’ascendant de Frédéric l’emporta. […] Le mot de Napoléon : « Le maréchal de Villars sauva la France à Denain », serait une pure erreur historique.
Ces Annexes, que le présent biographe n’a pas dédaigné de joindre à son travail d’archives, sont curieuses ; je dirai presque qu’elles sont dignes de ce temps-ci où l’on n’oublie rien et où l’on attache une importance, parfois bien disproportionnée, à de pures vétilles, pourvu qu’elles commencent à vieillir. […] Saint-René Taillandier) nous montre en conséquence Mme Favart « se moquant des menaces aussi bien que des promesses, en butte à de lâches intrigues, poursuivie, jetée au fond d’un cachot, gardant purs et intacts la dignité de son art et l’honneur de son nom : rare leçon donnée par une comédienne à une société corrompue !
Puis à défaut de Saint-Domingue, se voyant chaque jour menacé en France et en pure perte, il songe à passer en Angleterre. […] Malouet a là-dessus un délicieux petit récit qui fait la dernière page de ses Mémoires, et qui est un jour ouvert sur ce monde le plus pur de l’émigration ; « MM. de La Tour du Pin et Gilbert de Voisins, nous dit-il, qui demandaient des passeports au ministère anglais, se virent renvoyés à l’évêque d’Arras.
Regarde-toi au milieu de ces secrètes et intérieures insinuations qui stimulent si souvent ton âme, au milieu de toutes les pensées pures et lumineuses qui dardent si souvent sur ton esprit, au milieu de tous les faits et de tous les tableaux des êtres pensants, visibles et invisibles, au milieu de tous les merveilleux phénomènes de la nature physique, au milieu de tes propres œuvres et de tes propres productions ; regarde-toi comme au milieu d’autant de religions ou au milieu d’autant d’objets qui tendent à se rallier à l’immuable vérité. […] Depuis les premières Méditations jusqu’aux Harmonies, Lamartine est allé se développant avec progrès, dérivant de plus en plus de l’élégie à l’hymne, au poëme pur, à la méditation véritable.
C’est plaisir et douce surprise que de retrouver ces théories et ces œuvres nouvelles analysées, exposées, justifiées parfois, dans un langage courant et pur, avec accompagnement des réminiscences, des citations classiques que le critique y entremêle, et par lesquelles il les rattache sans effort à ce que souvent elles oubliaient. […] voilà bien du La Harpe tout pur, lorsqu’il causait en se laissant aller à sa morgue.
Je travaillerai auprès de Bernardin de Saint-Pierre, de Chateaubriand, d’une foule d’étrangers de ma connaissance, et nous réussirons, car les intentions pures réussissent toujours. » Là est surtout ce qui me choque, le jargon de pureté et de piété qui se mêle à de tels manèges. […] Oui, mon amie, le Ciel a voulu que ces idées, que cette morale plus pure se répandissent en France, où ces idées sont moins connues… » En écrivant ainsi, elle avait déjà oublié ses propres ressorts humains, et elle rendait grâce de tout à Dieu.