Il s’en faut d’ailleurs que les éléments en lesquels une tendance se dissocie aient tous la même importance, et surtout la même puissance d’évoluer. […] Derrière ce qu’on voit il y a maintenant ce qu’on devine, deux puissances immanentes à la vie et d’abord confondues, qui ont dû se dissocier en grandissant. Pour définir ces puissances, il faut considérer, dans l’évolution des Arthropodes et dans celle des Vertébrés, les espèces qui marquent, de part et d’autre, le point culminant. […] Mais cet avantage de l’intelligence sur l’instinct n’apparaît que tard, et lorsque l’intelligence, ayant porté la fabrication à son degré supérieur de puissance, fabrique déjà des machines à fabriquer. […] Qu’il nous suffise de dire que l’intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer selon n’importe quelle loi et de recomposer en n’importe quel système.
. — Sa puissance et ses limites. — L’esprit prosaïque et positiviste […] On peut de la sorte échapper à la haine par la nullité de la perspective ou par la grandeur de la perspective, par l’impuissance de découvrir les contrastes ou par la puissance de découvrir l’accord des contrastes. […] Pareillement, la constitution anglaise ne fut jamais qu’une transaction entre des puissances distinctes, contraintes de se tolérer les unes les autres, disposées à empiéter les unes sur les autres, occupées à traiter les unes avec les autres. […] Telle fut la puissance de l’Examiner, qui changea en un an l’opinion de trois royaumes, et surtout du Drapier, qui fit reculer un gouvernement. […] Qu’est-ce que notre puissance, puisqu’un insecte, roi d’une fourmilière, peut se faire appeler comme nos princes « majesté sublime, délices et terreur de l’univers ?
J’obéissais aux nobles, qui eux-mêmes obéissaient au roi, et qui tenaient également leur puissance de leurs pères, mais, comme le roi, se soumettaient, dans la morale et la religion, à l’Église. […] Donc, s’il y a dans la société un inférieur en puissance, en richesse, en quoi que ce soit, il a droit de réclamer. […] Vous sentez que le mal est au-dessus de toute votre puissance, au-dessus de toutes vos lois. […] Va-t-elle donc réédifier le passé, et rendre à la tiare et aux sceptres leur puissance ? […] Ces talismans ont perdu à jamais leur puissance, et ce n’est pas ainsi que la société actuelle se régénérera.
Cette force de la matière est, sans aucune comparaison, la première de toutes les puissances : elle est, pour ainsi dire, le destin et la nécessité (155). […] Il appelle cette union un mauvais mariage, plus nuisible qu’une guerre ouverte entre les deux puissances. […] Il y fait également usage de la sélection naturelle, dont il croit que le résultat est d’augmenter sans cesse la puissance intellectuelle de l’homme. […] Mais c’est quand on entre en elle que sa puissance se fait sentir tout entière. […] Les points de contact furent ici les idées de maîtrise, de puissance, d’abondance, de richesse, d’éclat ; peut-être aussi les Cathédrales.
Il a marqué pourtant sa préférence pour le drame généreux de Charlotte Corday, et dans l’analyse qu’il a donnée de cette scène politique effrayante entre Danton, Robespierre et Marat, il a fait voir, par le burin qu’il a appliqué à la définition des trois caractères ainsi mis en présence et en contraste, que la critique aussi est une puissance : l’auditoire s’est senti tressaillir à des accents vertueux et éloquents.
La puissance du poète est faite d’indépendance.
Sa puissance m’étonne, son immensité me confond, sa justice… Il a fait l’homme faible ; puisqu’il est juste, il est clément.
Et sans doute ce sont des héros, ces martyrs, qui, domptant les passions de leur cœur et bravant la méchanceté des hommes, ont mérité par ces travaux de monter au rang des puissances célestes.
Le mot aristocrates répond en latin à optimates, pris pour les plus forts (ops, puissance) ; il répond en grec à Héraclides, c’est-à-dire, issus d’une race d’Hercule pour dire une race noble.
Ô puissance sublime des idées religieuses ! […] Sa figure même avait la puissance simple et douce des éléments, sa chevelure blonde et blanche tout à la fois lui faisait comprendre la jeunesse éternelle ou le phénomène de l’immortalité. […] Croyez-vous que cette même puissance, qui avait revêtu cette âme si noble d’une forme si belle, où vous sentiez un art divin, n’aurait pu la tirer des flots ? […] Si nous, qui ne nous sommes rien donné, osions assigner des bornes à la puissance de laquelle nous avons tout reçu, nous pourrions croire que nous sommes ici sur les limites de son empire, où la vie se débat avec la mort, et l’innocence avec la tyrannie ! […] Tout ce qu’une puissance infinie et une bonté céleste ont pu créer pour consoler un être malheureux ; tout ce que l’amitié d’une infinité d’êtres, réjouis de la même félicité, peut mettre d’harmonie dans des transports communs, nous l’éprouvons sans mélange.
Après comme avant les travaux de nos hellénistes, il demeure dans le christianisme quelque chose d’inexplicable par Aristote et par Platon, une vertu singulière, une puissance unique de propagation et de vie ; — et c’est ce que confirment les travaux des hébraïsants11. […] On les voit s’armer de la puissance des lois et sévir avec vigueur contre les perturbateurs du repos public. […] Tout au contraire, ils exagèrent la puissance et l’excellence de la nature, et mettant uniquement en elle le principe et la règle de la justice, ils ne peuvent pas même concevoir la nécessité de faire de constants efforts et de déployer un grand courage pour contenir et gouverner ses instincts désordonnés. » C’est ici la vérité même. […] Ainsi, ce qui est irrationnel est une puissance, tandis que ce qui est purement humain et raisonnable est stérile. » On ne saurait mieux dire. […] Le bon socialiste dit, lui, que c’est aussi une loi naturelle et scientifique, la loi de justice que le corps social, fait de la puissance de tous, a le devoir d’imposer aux plus forts.
Puis, créature d’un ordre plus rare, en toi fusionneront la délicatesse et la brutalité de la nature : tu écriras des sonnets mystiques, et tu feras sauvagement l’amour…” » Le poème étant posé avec cette puissance se développe merveilleusement. […] Les plus humbles ont en eux la puissance qui fait les héros. […] Je voudrais évidemment pouvoir en indiquer beaucoup, car Victor Hugo se faisait un légitime titre de gloire d’avoir inventé des strophes nouvelles ; mais si j’en connais encore très peu, je conçois que leur nombre ne puisse être limité que par la puissance créatrice de la vie même. […] La force seule existe et, par force, entendons ce mystérieux dynamisme qui, dans son essence, doit être psychique au moins en puissance, puisque ses manifestations conscientes le sont avec une si aveuglante évidence. […] Les vrais créateurs sont donc, comme l’affirme avec une puissance admirable Adam Mickiewicz, ce grand poète presque inconnu en France, des émules de Dieu.
» Non seulement Hazlitt ne s’est pas rappelé le vieux lieu commun sur l’éternelle jeunesse des poètes, mais il a oublié bien plus : il a oublié que les poètes n’ont jamais plus de jeunesse et de puissance dans le talent que quand ils n’ont plus ce qu’ils chantent, que ce soit la force de la vie, l’amour, la beauté ou la lumière ; qu’ils aient les yeux crevés ou le cœur percé de la flèche de l’irréparable, — de la flèche qu’on n’en retire plus ! […] François-Victor Hugo, en nous traduisant Peines d’amour et Comme il vous plaira, ces comédies si raffinées, nous avait donné une idée de sa puissance de traducteur par l’aisance avec laquelle il se coulait dans chacune des métamorphoses de son Protée. […] Seulement, entre la moralité de la pensée et la moralité de la vie, entre la moralité des œuvres et la moralité des actes, il y a l’abîme qui sépare la volonté de l’homme de son esprit, lesquels sont des puissances d’un ordre différent et incommutable. […] Au fond, toutes ces divisions ne sont que des noms… Cette nature spirituelle de l’homme, cette force vitale qui habite en lui, est essentiellement une et indivisible, et ce que nous nommons imagination, compréhension, fantaisie, ne sont que les différentes figures de la puissance de Vision intérieure (Power of insight), qui est tout l’homme et qui donne rigoureusement sa mesure (a correct measure ofman). » Et Carlyle ne s’arrête pas là. […] On y trouve le pathétique dans les situations, la puissance de conception dans les caractères, la beauté idéale dans les sentiments, l’énergie ou la grâce dans le langage qu’il faut admirer partout dans Shakespeare ; en d’autres termes, l’identité du même génie, dans des sujets différents.
Ainsi elle choisit la plus belle fleur du monde, non par haine, mais pour montrer plus clairement sa puissance dans les choses élevées. […] La modération même de son langage ajoute à la puissance de ses railleries. […] Les révélations les plus inattendues, qui nous offriraient un vif intérêt, si le rang qui leur est assigné était réglé par la logique, perdent la moitié de leur puissance, grâce au caprice de l’auteur. […] Or, jusqu’à présent la puissance de Winfried n’avait pas encore été mise en pleine lumière. […] Ses adversaires mêmes, tout en niant la valeur des idées sur lesquelles il s’appuie, sont obligés de proclamer sa puissance.
S’il joignait à une certaine sécheresse de cœur une intelligence souveraine, une extraordinaire puissance d’imagination, il pourrait encore écrire de très beaux vers, magnifiques d’images, superbes de pensée ; mais il y manquerait toujours quelque chose, cette puissance d’émotion sans laquelle il n’y a pas de complète poésie. […] De là l’incohérence, l’illogisme, le caractère presque délirant des images ; de là leur puissance d’expression et leur incomparable lyrisme. […] En général, on pourrait poser cette loi, que l’aisance du style est plutôt en raison inverse de sa puissance d’évocation. […] Le vocabulaire gagne en richesse, en puissance de suggestion. […] Sa puissance d’expression pathétique est incomparable.
Quand la puissance humaine se manifeste si clairement en œuvres si grandes, rien d’étonnant si le modèle idéal change et si l’antique idée païenne reparaît. […] Il est tiré éternellement et invinciblement par la même pensée, et les comparaisons qui semblent lointaines ne font qu’exprimer la présence incessante et la puissance souveraine de l’image dont il est obsédé. […] En présence de la force insaisissable qui fait geler les liquides, il se demande si les apoplexies et les cataractes ne sont pas l’effet d’une puissance semblable et n’indiquent pas aussi la présence d’un esprit congélateur. […] Le sentiment de la puissance et de la prospérité humaine a fourni à la Renaissance son premier ressort, son modèle idéal, sa matière poétique, son caractère propre, et maintenant il lui fournit son expression définitive, sa doctrine scientifique et son objet final. […] Le monde, qui paraissait un amas de puissances instinctives, ne semble plus qu’une machine de rouages engrenés.
Si ces combats se déroulent dans une âme royale, ils prennent une incomparable puissance tragique. […] Des êtres d’un tel relief ne le cèdent, ni par la puissance, ni par la qualité de l’émotion qu’ils suggèrent, aux chefs-d’œuvre de l’art. […] Il ne soupçonne pas que le bien naît de l’établissement d’un équilibre difficile, et que la raison doit composer avec les puissances diverses de l’humaine nature. […] La sagesse qu’il enseignerait consisterait à n’accomplir que les mouvements nécessaires pour résister aux assauts de l’anarchie, aux puissances de la mort. […] Elles en prennent une incomparable puissance suggestive.