Il paraît avoir une connaissance profonde des hommes ; partout il les juge en philosophe, et les peint en orateur. […] Il faut admirer l’orateur qui, à force d’art, d’esprit, de peinture de mœurs et de philosophie, tantôt délicate et tantôt profonde, vient à bout de suppléer à ce que son sujet lui refuse72, et il ne faudrait pas condamner ceux qui ont eu moins de succès.
À l’origine, et au plus profond dans la région des causes, apparaît la race. […] Avec le renouvellement universel de la pensée et de l’imagination humaine, la profonde source poétique qui avait coulé au seizième siècle s’épanche de nouveau au dix-neuvième, et une nouvelle littérature jaillit à la lumière ; la philosophie et l’histoire infiltrent leurs doctrines dans le vieil établissement ; le plus grand poëte du temps le heurte incessamment de ses malédictions et de ses sarcasmes ; de toutes parts, aujourd’hui encore, dans les sciences et dans les lettres, dans la pratique et la théorie, dans la vie privée et dans la vie publique, les plus puissants esprits essayent d’ouvrir une entrée au flot des idées continentales. […] La lumière s’abat par nappes éblouissantes ; les pétales lustrés, dorés, éclatent avec un coloris trop fort ; les plus magnifiques broderies, le velours constellé de diamants, la soie chatoyante couturée de perles n’approchent pas de cette teinte profonde ; la joie déborde comme d’une coupe trop pleine. […] Il n’y a pas de danger non plus que cette élite tourne à la coterie ; elle se renouvelle ; un grand médecin, un profond légiste, un général illustre reçoivent la noblesse et fondent des familles. […] Poëmes sérieux et grandioses qui, ouvrant une échappée sur l’infini, laissent entrer un rayon de lumière dans l’obscurité sans limites et contentent les profonds instincts poétiques, le vague besoin de sublimité et de mélancolie que cette race a manifestés dès l’origine et qu’elle a conservés jusqu’au bout.
Le cours à sec d’une avalanche de neige y creusait devant nous un lit large et profond de pierres roulées, de rochers croulants, d’arbres déracinés, d’arbustes couchés à terre, espèce de vallée du Dante qui allait s’engouffrer dans la nuit de la forêt inférieure. […] Il y trouva un homme vêtu simplement, appuyé contre un arbre et plongé dans une profonde méditation. […] Quelles peuvent être maintenant vos occupations, dans une solitude aussi profonde ? […] Je m’assis moi-même auprès d’elle, et, dans l’obscurité la plus profonde, nous eûmes ensemble notre dernier entretien. […] Il avait une sœur, il la perd : comme son deuil est profond !
Je ne regrette pas non plus de trouver Joinville touché, au départ, d’un autre sentiment que la joie simple et profonde du maréchal de Champagne, à la vue de cette belle flotte, qui semblait destinée à conquérir le monde. […] L’enthousiasme profond et sévère de Villehardouin ce vaste espoir qui se montre dans la description de la flotte, l’oubli de tout ce qu’il quitte dans son entraînement vers ce qu’il va chercher, ne sont pas moins propres à l’esprit français que le sens rassis de Joinville réfléchissant sur le danger qu’il brave, et se rendant bon témoignage à lui-même dans cette crainte qu’il exprime pour l’homme qui s’embarquerait avec une conscience mauvaise. […] De profondes différences sont à remarquer entre ces deux monuments, et ces différences sont de nouveaux traits de l’esprit français, de nouveaux progrès de la langue. […] On ne s’attend guère à rencontrer, à cette date, un sentiment si vrai et si profond, exprimé avec la grâce du style de Montaigne. […] Le premier jugement porté sur leurs écrits si admirés de leur vivant leur a été mortel et cette incertitude de leurs idées et de leur langue, cette invention grossière et excessive dans les mots, qui paraît bien plus venir de la mémoire échauffée par l’érudition que d’un instinct sur et profond des analogies des deux langues, leur ont été comptées comme des fautes que ne rachètent pas leurs bonnes intentions.
Tristan et Isolde, est, entre tous les drames, le plus humain : une profonde émotion poignait tous les cœurs, lorsque l’orchestre de M. […] Tandis que, pleine d’images charmantes, de plaisanteries, se déroule l’amusante intrigue, sur la scène, l’orchestre, au lieu d’expliquer les profondes intimités psychologiques des personnages, dispose les spectateurs à être joyeux, doucement, tranquillement, comme il convient, pour qu’ils donnent intérêt à l’action générale. […] Les gens épris du théâtre et de la musique connaîtront alors la puissance de son génie ; ils verront que l’œuvre wagnérienne est exclusivement une analyse psychique exprimée par des procédés nouveaux, parfaits ; et la différence alors sera manifeste à tous, entre ce drame profond, logique, vivant, et les vides sonorités conservatoriennes des compositeurs qui injurient Wagner, et profitent du wagnérisme qu’on suppose à leurs œuvres. […] Un calme profond enveloppe la cité endormie, et l’orchestre, assoupi tout à coup, susurre des notes vagues et moelleuses. […] Avouons que le poète a merveilleusement saisi le sens profond de l’époque et supérieurement concentré ses vues.
Pour la partie de l’antiquité que nous connaissons le mieux, on sait de reste les dissemblances profondes de caractère qui séparaient les Doriens des Éoliens, ceux-ci des Ioniens, ces derniers des Attiques et, parmi ceux-ci, les habitants de la côte des habitants de la montagne, les citadins proprement dits des faubouriens, certains aristocrates de certains démagogues, Périclès de Cléon et Cléon de ses rivaux. A Rome de même, — il est presque oiseux de le dire, — il existait tout un peuple divers, des antagonismes profonds de clan, de famille, de partis, d’individus, qui font que l’on peut concevoir du « Romain » les idées les plus diverses, selon qu’on songe à tel ou tel parmi ceux qui portaient ce nom, à Appius ou à Gracehus, à Scipion ou à Caton, à Sylla ou Marius, à César ou à Cicéron. […] Par suite d’une profonde révolution théologique et morale, l’Angleterre cesse peu à peu d’être le pays rapace, rogue et violent qu’elle semblait encore il y a cinquante ans. […] Ces différences physiques correspondent à des différences morales plus profondes encore et se joignent à de grandes variations dans le temps. […] Cette distinction intéressante entre « homme public » et « homme intérieur » — cette dernière formule renvoyant à une tradition spiritualiste ou mystique revue et corrigée par la psychologie positiviste — annonce la dichotomie proustienne séparant le moi social du « moi profond », comme les travaux des sociologues modernes consacrés aux différents « rôles sociaux » qui constituent notre identité multiple.
Ils sont de profonds fétichistes. […] Aux impressions rapides et profondes, M. […] De là leur mélancolie profonde. […] Je ne pardonne point aux symbolistes leur obscurité profonde. […] Ils ont la beauté profonde qui vient de l’harmonie.
Son Traité des libertés de l’Eglise Gallicane est un de ces Ouvrages qui supposent les connoissances les plus profondes, mais qui ont quelquefois besoin de commentaire.
Ils valent par une sincérité profonde qui atteint à l’émotion.
, mais les quelques gouttes qui ne sont pas tombées de cette coupe du pauvre ne lui ont jamais échauffé le front, pour lui communiquer la chaleur profonde, la vraie vie et la fécondité.
Cet Ouvrage a eu tant d’éditions, qu’il seroit difficile de le confondre avec les Ouvrages médiocres, quand il ne réuniroit pas, dans un degré éminent, une profonde connoissance de l’Histoire, un saine critique, la clarté & la vigueur du style, à un ton de modération & d’honnêteté qui le met bien au dessus de l’Essai de l’Histoire générale, dont il a relevé supérieurement les bévues, confondu les impostures, & réfuté les impiétés.
Le meilleur Ouvrage de l'Abbé de Vertot est, sans contredit, l'Histoire des Révolutions Romaines ; le style en est noble, élégant ; la narration rapide, & pleine de chaleur ; les portraits en sont intéressans, quoique tracés, la plupart, d'imagination ; les réflexions, naturelles, mais peu profondes.
Il est véridique et profond. […] Cette âme profonde ne conçoit point de milieu. […] C’est une âme bonne et simple ; il a des sentiments profonds et un parler naïf et lent. […] Ce sont des âmes très peu compliquées, et pourtant très profondes. […] Ce n’est qu’une main, mais une main que dirige presque toujours un profond sentiment de la grâce.
Dans chacun de ces vers d’une couleur ardente, dont l’envolée fait saigner, dans l’air, l’aile des ibis, on sent l’amour profond de la vieille race disparue et de ses superstitions admirables.
Nous avons de Brebeuf d’autres Poésies qui ne sont point à dédaigner, tels que ses Entretiens solitaires, où la piété, la morale profonde, la poésie, les pensées énergiques, font éprouver au Lecteur des sentimens aussi favorables à l’esprit du Poëte, qu’à ses bonnes mœurs & à sa Religion.
Mais au plus profond de nous-mêmes, si nous savons le chercher, nous découvrirons peut-être un équilibre d’un autre genre, plus désirable encore que l’équilibre superficiel. […] Nous découvrirons aux sentiments moraux des sources plus profondes. […] Elle ne se révèle impérieuse, comme toute habitude profonde, que si nous nous écartons d’elle. […] Il s’agit, bien entendu, de la sensibilité profonde, et non pas de l’agitation en surface 2. […] Des forces profondes sont là, l’une d’impulsion et l’autre d’attraction : nous ne pouvons nous reporter directement à elles chaque fois qu’il y a une décision à prendre.
« Vauvenargues comprit alors les ennuis de l’oisiveté, les charmes du travail, et même du travail douloureux ; il conçut un mépris profond pour l’oisiveté, une estime extrême pour les actions fortes. […] » Certes la conviction, le sentiment profond de ce que j’appellerai la vérité sociale, éclate dans ces pages où le jeune écrivain, si prononcé pour les choses, ne se montre guère disposé à de grandes illusions sur les hommes. […] Je crois volontiers à une loi supérieure des événements, mais aussi à la profonde insuffisance des hommes pour la saisir, et il y a trop de source d’erreur à ne faire que l’entrevoir : la clef qu’on croit tenir nous échappe à tout moment. […] Guizot), que ce qu’il avait appris de ce matin, il avait l’air de le savoir de toute éternité, tant sa haute réflexion donnait vite à chaque connaissance une teinte profonde et comme reculée. […] Aucun n’est sacrifié, et Sieyès n’a jamais paru plus profond, plus sagace qu’au sortir de cet échec qu’il essuie dans son système.