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16. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 563-564

Prétendre égayer un Lecteur, en faisant dire par un Sultan à son premier Ministre : Taisez-vous, Visir, vous raisonnez comme un Abbé ; & en faisant répondre au Visir : Votre Hautesse me fait trop d’honneur ; peindre une Reine, en lui donnant des yeux qui ne finissoient pas, des yeux chargés de tendresse, des éternels bras dont elle ne savoit que faire;  ajouter à cela des gentillesses que la plume d’une femme ne devroit jamais laisser échapper ; c’est manquer tout à la fois au costume, à la Langue, & à la décence. Madame de Puisieux a composé un Livre de Caracteres, où l’on prétend qu’elle n’eût pas dû oublier celui de la Femme Bel-Esprit.

17. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

On prétend que l’auteur y gagna près de deux cent mille écus. […] Ils attaquèrent sa taille & sa figure, & prétendirent qu’il n’entendoit point le Grec, parce qu’il étoit puant, laid & bossu. […] « Il prétend règner seul sur le parnasse.

18. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

On prétend que je ne prouve rien quand j’affirme que ces corrections sont mauvaises, et on s’imagine prouver quelque chose quand on affirme qu’elles sont bonnes. […] Nous n’avons jamais prétendu que des chefs-d’œuvre comme les Provinciales, Sermons ou Tragédies n’ont pas eu de succès ; nous disons simplement que « la banalité est toujours applaudie ». […] Pour finir de réhabiliter Télémaque, on prétend que Fénelon a écrit comme on écrivait de son temps. « En prose et en vers, dit-on, les écrivains du dix-septième siècle évitaient soigneusement l’éclat, la violence, tout excès d’imagination. » Ceci est peut-être vrai en général, et encore pourrait-on discuter ; mais la preuve que tous les écrivains de son époque n’écrivaient pas comme Fénelon, c’est qu’il y a eu des gens comme Bossuet, qui incarne précisément la violence, l’éclat, l’imagination, qui ne recule devant aucune audace, crée son style et donne à sa langue l’originalité de la Bible et des meilleurs Pères de l’Eglise. […] Faguet plus qu’il n’a dit ; il prétend que rien dans le langage de M. 

19. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Elle prétend avoir démontré que les devoirs que la Religion impose, ne procurent aucun avantage à la Société, & ne sont utiles qu’aux Prêtres Recueil philos. probl. […] Soutenir que l’ame sentira, pensera, jouira, souffrira après la mort du corps, c’est prétendre qu’une horloge brisée en mille pieces peut continuer à sonner ou à marquer les heures Syst. de la Nat. tom.  […] Mais qu’on vienne nous donner pour les illustrateurs de notre Littérature, des Ecrivains pédantesques, bizarres, décousus, hyperboliques, lilencieux, qui la dégradent tous les jours ; mais qu’on prétende établir sur des Ecrits que la raison réprouve autant que le bon goût, cette haute idée, cette estime qui fait considérer un Peuple chez les autres Peuples : c’est le comble de l’extravagance ou de l’imbécillité. […] Palissot ; celui de la Lettre d’un pere à son fils, prétend, de son côté, que les Trois Siecles ont été fabriqués par une Société de Polissons. […] Les Philosophes s’arrogent non seulement le privilége de diffamer leurs adversaires, ils prétendent encore que c’est-là faire une action juste & louable.

20. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Le poëte le pensoit apparemment ainsi, répondent hardiment ceux qu’on prétend déconcerter par cette objection. […] On prétend que cette exactitude est de leur devoir : mauvaise raison cependant pour excuser les redites. […] On ne sçait ce qui blesse le plus dans le discours de ce prétendu sage, ou l’envie demesurée de parler, ou la vanité, ou l’imprudence. […] Que prétend-t-on dire par ce paradoxe ? […] Si ces corrections sont bonnes, je ne prétends pas en tirer vanité.

21. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Les sçavans d’audelà des monts, idolâtres de ce stile, prétendirent que, pour être bon Latiniste, il ne falloit écrire que dans le stile de Cicéron, & que tous les autres étoient barbares. […] L’auteur se propose d’y montrer le ridicule qu’il y a de prétendre bien écrire en latin, bien parler & bien entendre cette langue. […] La conclusion du signor Zambaldi est que chacun doit s’attacher uniquement à bien écrire en sa propre langue, sans prétendre enrichir de ses ouvrages celle des Romains, quelque diction qu’on imite, Cicéronienne ou anti-Cicéronienne : en user autrement, c’est apporter du métal vil dans une mine d’or.

22. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghéon, Henri (1875-1944) »

Henri Ghéon est l’un de ces poètes qui retournent ou prétendent retourner à la nature, et s’il mène à bien la série qu’il a commencée, il aura composé avec une méthode presque didactique quelque chose comme des Géorgiques françaises. […] Il paraît vraiment, et par ces citations mêmes, que l’âge du didactisme soit clos à jamais ; c’est une conception contradictoire que de prétendre en même temps à l’exactitude scientifique et à la beauté pittoresque qui est d’un autre ordre.

23. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 207-209

Sans s'inquiéter des regles de la Logique, il prétendit réfuter la Déification, en soutenant que Saint-Hyacinthe n'étoit pas l'Auteur du Chef-d'œuvre. […] On y voit la présomption & les extravagances, dont l'excès & le ridicule devroient corriger ceux qui prétendent s'élever au dessus des autres par leur savoir, & qui se mettent au dessous par leur déraison.

24. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Sibylle n’est pas seulement l’héroïne du roman qui porte son nom ; le livre tout entier, d’un bout à l’autre, prétend n’être que son histoire, sa vie, sa biographie. […] J’aime assez cette manière ; mais elle demande bien de la suite, de la consistance, une exacte vérité dans le détail ; car un lecteur à qui l’on prétend tout dire et ne rien dérober est exigeant. […] Un peu plus tard, quand elle sait parler, elle entre en colère contre sa gouvernante qui, au bord d’un étang, prétend l’empêcher de monter sur un cygne ; car Sibylle voulait absolument chevaucher l’un des cygnes qui voguaient sur la pièce d’eau, et faire ainsi le tour de l’étang. […] Si c’est une histoire, et comme elle prétend évidemment enseigner quelque chose, quel est cet enseignement qu’en veut tirer l’auteur ? […] Qu’avez-vous prétendu au juste dans ce portrait de pure et angélique enfant auquel vous vous êtes visiblement affectionné ?

25. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Cet Ecrivain eût donc mieux fait de ne jamais mettre au jour un prétendu Eloge de M. […] N’eût-il pas mieux fait de se rappeler que, dans la carriere du Théatre, il avoit suivi la route que son génie lui permettoit de suivre, & que M. de Crébillon, en se livrant au sien, étoit digne d’un genre de gloire, auquel il ne pouvoit prétendre lui-même, malgré ses efforts ?

26. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

C’est là une vérité d’ordre tellement extra-humain, qu’il serait téméraire de prétendre l’expliquer. […] Je parle du prêtre qui, en même temps que l’abstinence sexuelle, rejette les creuses formules qui lui furent imposées ; quant à celui qui prétend obéir à une règle qui lui prescrit la chasteté, tout en ne la pratiquant pas, son cas ne peut relever que de la tartuferie. […] Ce qui est passif par nécessité prétend animer ce qui est actif par essence. […] S’il demeure en toute tranquillité de conscience le ministre d’une religion, qui a érigé l’ignorance en principe moteur universel, il ne peut prétendre en imposer à d’autres qu’aux pauvres d’esprit : s’il n’a pas une absolue confiance dans la « vérité » de l’absurde qu’il prêche, il n’est plus alors qu’un comédien cynique.‌ […] Comment ceux qui se placent d’eux-mêmes en dehors de toute humanité, prétendraient-ils la conduire ?

27. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Prétendrait-on connaître la nature ou l’action d’une locomotive, parce qu’on saurait que, pour transporter une somme donnée de voyageurs, elle doit avoir tel poids déterminé, ou parce qu’on saurait encore qu’étant brisée, elle devient incapable de faire son service ? […] « Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.

28. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Tout le monde ne pourra pas prétendre à une place d’honneur : on distinguera jusqu’en cet olympe nouveau les grands dieux et les demi-dieux ; mais en tout cas, au noble banquet, ceux-là seuls seront admis à s’abreuver du nectar qui auront communié d’abord ici-bas dans la formule sacro-sainte de l’art nouveau. […] La porte qu’il prétend enfoncer est ouverte depuis longtemps. […] Il n’est sage à aucun d’eux de prétendre qu’il embrasse la réalité tout entière et que rien n’existe hormis ce qui l’attire et ce qu’il découvre. […] Quelques initiés prétendent que les deux auteurs dont je viens de parler ne possèdent pas, absolument pures de tout alliage, les vraies traditions du vrai naturalisme. […] Il a deux filles : la cadette va se marier avec un pharmacien de Clamart ; l’aînée, nature douce et triste, faite pour les sacrifices, aime en secret le prétendu de sa sœur.

29. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

Sans cela, on ne doit jamais prétendre au titre d’Historien. […] Et, dans un autre endroit, il prétend prouver, par l'exemple des Quakers, que les hommes seroient plus heureux sans Prêtres & sans Maîtres. « La Pensilvanie, ajoute-t-il, dément l'imposture & la flatterie, qui disent impudemment, dans les Cours & dans les Temples, que l'homme a besoin des Dieux & des Rois.

30. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

La société, en effet, commence par chanter ce qu’elle rêve, puis raconte ce qu’elle fait, et enfin se met à peindre ce qu’elle pense… Une observation importante : nous n’avons aucunement prétendu assigner aux trois époques de la poésie un domaine exclusif, mais seulement fixer leur caractère dominant. […] Je ne prétends pas avoir vu toutes les difficultés ; et pour plus d’un cas particulier on trouvera sans doute quelque solution différente de la mienne. […] Les genres, dit-il, sont des abstractions, non des réalités ; ce sont des mots, utiles dans la pratique pour certains groupements passagers et plus ou moins arbitraires, mais des mots dépourvus de toute valeur scientifique ; ils ne répondent à aucune fonction psychologique de l’artiste créateur ; c’est une erreur, et même une erreur ridicule, que de croire à l’existence de ces catégories, que de parler d’une évolution des genres, et que de prétendre en fixer les lois. — Or, nul ne saurait rester indifférent au jugement, aux idées de M.  […] — D’autre part, et a priori, il semble improbable que tant d’esprits pénétrants, depuis Aristote jusqu’à Brunetière, se soient trompés d’une manière aussi absolue, aussi irrémédiable, sur la valeur des genres littéraires… Il est certain que nos abstractions, nos groupements de faits, bien que nécessaires au raisonnement scientifique, ont quelque chose de brutal et de factice ; nous prétendons établir, en classifiant, des catégories aux cloisons étanches dans cet océan de la vie où tout se tient, où tout n’est que flux et reflux. […] Je ne prétends pas avoir évité toutes ces erreurs ; je sens combien sont tenaces les habitudes, combien perfide notre terminologie.

31. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Avant de pouvoir prétendre à aucune célébrité, à aucune importance dans son parti, il n’a pas craint les échafauds de la Restauration. […] C’est ainsi qu’il avait fait respecter par d’autres adversaires l’indépendance de l’écrivain, en leur portant le défi d’exercer sur lui le prétendu droit d’arrestation préalable.

32. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Et il y a une incontestable pose dans le goût des femmes qui prétendent n’aimer plus Bourget. […] Si Francis avait procédé avec la petite Adèle, etc. » Le prototype de ces phrases (un de mes amis prétend l’avoir découvert dans un roman de Bourget) serait : « Si quelqu’un avait voulu se rendre compte des étroits rapports qui lient le physique et le moral, il n’eût eu qu’à entrer, au five o’clock, dans le grand home de la petite Madame de… » Il est certain que ces préceptes tour à tour évangéliques et darwiniens étiquetant immanquablement l’anecdote à venir sont d’un comique à la longue irrésistible. […] Prévost ne saurait se documenter sur elles. — Remarque judicieuse ; mais aussi bien ne prétend-il pas connaître ces vierges.

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